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- *Ombre*Grand sage
Amaliah a écrit:Pour ma part, je n'ai jamais réussi à faire la dictée quotidienne, ça me fait perdre du temps pour un bénéfice quasiment nul, j'ai dû mal m'y prendre.
Amaliah, je dis "phrase du jour" pour désigner l'exercice que tous les professeurs de Lettres connaissent, mais personnellement, je la pratique seulement en début des séances de langue. C'est donc plutôt une "phrase bi-hebdomadaire" mais cela suffit pour instaurer certaines habitudes.
- NLM76Grand Maître
En fait, je pense qu'il est bon de repartir de ce qu'est par nature une dictée. La dictée, c'est un travail d'articulation entre l'oral et l'écrit. En quelque sorte, c'est l'autre face de la lecture expressive.
Est-ce que, par nature, l'exercice qui consiste à faire passer une ou des phrases de l'oral à l'écrit est un exercice utile et intéressant ? Est-ce que travailler ce passage d'un texte qu'on entend à un texte qu'on écrit est un exercice qui peut être utile ?
Vous l'avez deviné : pour moi, la réponse est dans la question.
Mais il ne s'agit pas d'une lapalissade. Il me semble que pour savoir à quelles conditions cet exercice peut être pratiqué utilement, il est bon de s'interroger sur les rapportes entre l'oral et l'écrit en général, et dans la langue française en particulier. Subsidiairement, il est bon aussi de se demander ce qui se passe du fait de l'organisation humaine de cette affaire : la parole d'un humain (l'auteur) passe à un autre humain (le professeur), puis à un autre (l'élève). Qu'est-ce qu'il y a d'intéressant dans ce passage ?
Est-ce que, par nature, l'exercice qui consiste à faire passer une ou des phrases de l'oral à l'écrit est un exercice utile et intéressant ? Est-ce que travailler ce passage d'un texte qu'on entend à un texte qu'on écrit est un exercice qui peut être utile ?
Vous l'avez deviné : pour moi, la réponse est dans la question.
Mais il ne s'agit pas d'une lapalissade. Il me semble que pour savoir à quelles conditions cet exercice peut être pratiqué utilement, il est bon de s'interroger sur les rapportes entre l'oral et l'écrit en général, et dans la langue française en particulier. Subsidiairement, il est bon aussi de se demander ce qui se passe du fait de l'organisation humaine de cette affaire : la parole d'un humain (l'auteur) passe à un autre humain (le professeur), puis à un autre (l'élève). Qu'est-ce qu'il y a d'intéressant dans ce passage ?
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- TornadoNiveau 6
Pour ma part, la dictée présente un grand intérêt, et pour avoir fait des années avec des dictées de manière régulière et d'autres sans en faire vraiment, j'ai tout de même noté une différence.
A noter que suivant comment l'exercice est fait, il peut avoir entre beaucoup et pas du tout d'intérêt.
La dictée n'est pas le moment de découvrir les règles, elles s'accompagnent nécessairement pour moi:
- de la lecture pour fixer l'orthographe lexicale et le travail en classe ne peut suffire. Entre ceux qui lisent et ceux qui ne lisent pas, c'est le jour et la nuit
- de leçons de grammaire: nature des mots et stratégies pour les repérer (bien gentil de dire qu'il faut accorder mais si on ne sait pas reconnaitre un verbe, un nom, un adverbe ou un adjectif...), fonction des groupes pour les accords.
- de leçons de vocabulaire : grâce à la notion de familles de mots et à un peu d'étymologie, on peut deviner le sens et l'orthographe d'un nombre conséquent de mots
- de leçons d'orthographe spécifiques: conjugaisons, homophones grammaticaux, correspondances graphie phonie (ex: doublement du s entre deux voyelles , formation des adverbes à partir des adjectif en ent/ant, etc)
Une fois ce travail préalable fait, je me lance alors dans des dictées non préparées (aucun intérêt pour moi de les préparer, mais je travaille avec de "grands" cm2, partant du principe que quand il faudra écrire, ça ne sera jamais préparé et que c'est donc à ça qu'il faut s'entrainer. Les dictées préparées pour les petits, c'est sans doute pas mal pour commencer à se poser les questions, charge à eux ensuite de refaire les raisonnements)
L'intérêt est alors:
- de bénéficier d'un temps dédié à l'orthographe, car en production d'écrit/ etude de documents, si on rajoute l'orthographe, ils sont en pleine surcharge cognitive
- de s'entrainer à se poser les bonnes questions pour la relecture orthographique qui seront ensuite (je l'espère!) transférées dans le cadre d'autres exercices
- de s'entrainer à réfléchir au sens (ex: Les élèves, après bien des heures, ont fini leur travail ou les élèves, après bien des heures, on finit leur travail?)
- de doser la difficulté, contrairement à des textes qu'ils écrivent eux-mêmes et où ils vont rencontrer toutes les difficultés d'un coup. Ex: je viens de voir la conjugaison au présent, je mets plein de présents. Je viens de voir la formation de l'adverbe a partir de l'adjectif en ent/ ant, j'en mets plein également.
L'intérêt est ici aussi de mélanger les notions vues avec d'autres, dans des phrases: à eux de les reconnaitre.
- d'imposer un rythme de graphie, obligeant sur un temps imposé également à une très grande concentration
Je n'en fais pas tous les jours, pas le temps et y'a tellement de choses à voir, mais j'essaie d'en faire régulièrement, au moins une fois tous les quinze jours, si possible une par semaine. Elles sont dans ce cas évidemment complétées par des exercices plus ciblés d'orthographe, relatifs à la notion orthographique abordée pendant la semaine en fonction de mes progressions. J'augmente la fréquence des dictées quand on a vu toutes les notions au programme et qu'on ne fait plus ce type d'exercices dédiés.
A noter que suivant comment l'exercice est fait, il peut avoir entre beaucoup et pas du tout d'intérêt.
La dictée n'est pas le moment de découvrir les règles, elles s'accompagnent nécessairement pour moi:
- de la lecture pour fixer l'orthographe lexicale et le travail en classe ne peut suffire. Entre ceux qui lisent et ceux qui ne lisent pas, c'est le jour et la nuit
- de leçons de grammaire: nature des mots et stratégies pour les repérer (bien gentil de dire qu'il faut accorder mais si on ne sait pas reconnaitre un verbe, un nom, un adverbe ou un adjectif...), fonction des groupes pour les accords.
- de leçons de vocabulaire : grâce à la notion de familles de mots et à un peu d'étymologie, on peut deviner le sens et l'orthographe d'un nombre conséquent de mots
- de leçons d'orthographe spécifiques: conjugaisons, homophones grammaticaux, correspondances graphie phonie (ex: doublement du s entre deux voyelles , formation des adverbes à partir des adjectif en ent/ant, etc)
Une fois ce travail préalable fait, je me lance alors dans des dictées non préparées (aucun intérêt pour moi de les préparer, mais je travaille avec de "grands" cm2, partant du principe que quand il faudra écrire, ça ne sera jamais préparé et que c'est donc à ça qu'il faut s'entrainer. Les dictées préparées pour les petits, c'est sans doute pas mal pour commencer à se poser les questions, charge à eux ensuite de refaire les raisonnements)
L'intérêt est alors:
- de bénéficier d'un temps dédié à l'orthographe, car en production d'écrit/ etude de documents, si on rajoute l'orthographe, ils sont en pleine surcharge cognitive
- de s'entrainer à se poser les bonnes questions pour la relecture orthographique qui seront ensuite (je l'espère!) transférées dans le cadre d'autres exercices
- de s'entrainer à réfléchir au sens (ex: Les élèves, après bien des heures, ont fini leur travail ou les élèves, après bien des heures, on finit leur travail?)
- de doser la difficulté, contrairement à des textes qu'ils écrivent eux-mêmes et où ils vont rencontrer toutes les difficultés d'un coup. Ex: je viens de voir la conjugaison au présent, je mets plein de présents. Je viens de voir la formation de l'adverbe a partir de l'adjectif en ent/ ant, j'en mets plein également.
L'intérêt est ici aussi de mélanger les notions vues avec d'autres, dans des phrases: à eux de les reconnaitre.
- d'imposer un rythme de graphie, obligeant sur un temps imposé également à une très grande concentration
Je n'en fais pas tous les jours, pas le temps et y'a tellement de choses à voir, mais j'essaie d'en faire régulièrement, au moins une fois tous les quinze jours, si possible une par semaine. Elles sont dans ce cas évidemment complétées par des exercices plus ciblés d'orthographe, relatifs à la notion orthographique abordée pendant la semaine en fonction de mes progressions. J'augmente la fréquence des dictées quand on a vu toutes les notions au programme et qu'on ne fait plus ce type d'exercices dédiés.
- Pat BÉrudit
J'ai adoré les dictées quand j'étais élève (et je faisais même les concours d'orthographe). J'ai toujours considéré que c'est un bon travail d'entraînement pour améliorer son orthographe, pour automatiser les règles, plus efficace que des exercices de conjugaison ou autres exercices répétitif ne travaillant qu'une seule règle, parce que justement on doit travailler toutes les règles, réinvestir toutes les connaissances de grammaire et orthographe lexicale.
Le côté score pousse à s'améliorer d'une fois sur l'autre (et j'avais la concurrence de ma mère qui ne faisait qu'une ou deux fautes à la dictée de Pivot, il fallait que je réussisse à atteindre son niveau... ça m'a pris des années!).
Mais bon, je ne suis pas prof de français et ce n'est que mon ressenti d'ancienne élève. Je déplore les fautes de plus en plus nombreuses qu'on lit partout, et je regrette qu'on ait, finalement, laissé tomber l'orthographe...
Le côté score pousse à s'améliorer d'une fois sur l'autre (et j'avais la concurrence de ma mère qui ne faisait qu'une ou deux fautes à la dictée de Pivot, il fallait que je réussisse à atteindre son niveau... ça m'a pris des années!).
Mais bon, je ne suis pas prof de français et ce n'est que mon ressenti d'ancienne élève. Je déplore les fautes de plus en plus nombreuses qu'on lit partout, et je regrette qu'on ait, finalement, laissé tomber l'orthographe...
- NLM76Grand Maître
Bon; je suis le seul à penser que cette affaire d'articulation entre l'oral et l'écrit est importante ?
C'est très étonnant.
C'est très étonnant.
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- SphinxProphète
scot69 a écrit:Question les collègues: avez-vous encore le temps de faire des dictées "pour s'entraîner", c'est à dire qui ne sont pas notées?
Je l'ai pris (peut-être pas toutes les semaines, mais au maximum), évidemment ça prend du temps sur autre chose, mais parfois il faut ce qu'il faut... Je me dis qu'en ayant des classes où absolument plus personne n'écrit sans fautes, il vaut peut-être mieux travailler un texte de moins par chapitre et mettre le paquet là-dessus. Je ne le faisais pas avec toutes les classes cela dit, surtout avec les 3e : c'était peut-être une illusion dû aux classes qu'on me donnait mais j'avais l'impression que le niveau baissait entre le début et la fin du collège...
Serge a écrit:
En revanche, je trouve que des dictées juste rendues avec une note et du rouge privent les élèves de l'essentiel des bienfaits qu'ils pourraient en retirer.
En général
1) j'exigeais qu'ils travaillent au crayon sur la copie (relier le verbe au sujet, ou bien faire les tracés correspondant à l'accord du participe si c'est sur ça qu'on bossait, par exemple) pour avoir une relecture active et pas juste fixer la feuille vaguement pendant cinq minutes
2) j'essayais d'indiquer en appréciation ce qui était à travailler en priorité, en calculant vite fait combien l'élève avait perdu sur les terminaisons verbales (revoir la conjugaison, donc, ou pour d'autres l'accord sujet-verbe), ou sur l'orthographe lexicale (c'est rare, mais j'en ai eu qui ne maîtrisaient pas trop mal les accords mais manquaient vraiment de vocabulaire), ou sur la distinction é/er, etc. Je n'ai fait ça que mes deux dernières années au collège mais on voyait très souvent se dégager un item qui faisait perdre beaucoup plus de points que les autres. L'élève savait donc sur quoi il devait être particulièrement attentif sur la dictée suivante, parce que je pense qu'on peut facilement se sentir dépassé quand on a l'impression que tout est à revoir, et que se concentrer sur une seule chose à la fois permet des progrès plus tangibles. (Ou pour les moins mauvais, parce qu'ils ne font réellement qu'un ou deux types de fautes, sans toujours en avoir conscience.)
NLM76 a écrit:Bon; je suis le seul à penser que cette affaire d'articulation entre l'oral et l'écrit est importante ?
C'est très étonnant.
Eh bien je ne suis pas certaine de comprendre où tu veux en venir
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- NLM76Grand Maître
Bah euh... quand on s'efforce de rédiger sans fautes, quand on fait des exercices d'orthographe type Bled, la relation à l'oral est moins importante, non ? Quand on écrit sous la dictée, on transforme de l'oral en écrit, non ?
Quand on fait de la lecture expressive, on passe de l'écrit à l'oral, non ? Et la dictée constitue bien l'exact symétrique de la lecture expressive ?
Ecrire sous la dictée, c'est d'abord être attentif aux sons et leur rapport avec l'écrit, en relation avec la signification, non ? Quand j'écris sous la dictée je transforme les sons que j'entends en lettres. Non ?
Autrement dit, je travaille à articuler les lettres et les sons, en passant par le sens. Autrement dit, si la dictée est si importante, c'est parce qu'elle établit, elle structure le lien oral-sens-écrit. Comme le disait @trompettemarine, la dictée est un exercice de structuration de ma langue, un exercice qui apprend à lire. Quī scrīpsit bis lēgit.
Et en l'espèce, la question de savoir s'il faut topazifier ou pas est très importante.
Quand on fait de la lecture expressive, on passe de l'écrit à l'oral, non ? Et la dictée constitue bien l'exact symétrique de la lecture expressive ?
Ecrire sous la dictée, c'est d'abord être attentif aux sons et leur rapport avec l'écrit, en relation avec la signification, non ? Quand j'écris sous la dictée je transforme les sons que j'entends en lettres. Non ?
Autrement dit, je travaille à articuler les lettres et les sons, en passant par le sens. Autrement dit, si la dictée est si importante, c'est parce qu'elle établit, elle structure le lien oral-sens-écrit. Comme le disait @trompettemarine, la dictée est un exercice de structuration de ma langue, un exercice qui apprend à lire. Quī scrīpsit bis lēgit.
Et en l'espèce, la question de savoir s'il faut topazifier ou pas est très importante.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- IphigénieProphète
L’exercice qui consiste à écrire une phrase avec pour seule contrainte ( puisqu’on leur dicte, le contenu est donné) de bien l’écrire ( et donc comme le dit Trompette je crois, de bien l’interpréter) est sans doute l’unique exercice où les élèves doivent mobiliser leur cerveau sur leur main: soit l’exact contraire de ce qu’ils font tout le temps lorsqu’ils écrivent, soit qu’ils pensent en même temps à ce qu’ils veulent dire, soit qu’ils écrivent sans réfléchir en comptant sur les corrections intuitives du mobile….C’est d’ailleurs pour ça aussi qu’écrire à la main est fort different d’écrire sur un clavier. Je pense qu’écrire sans faute n’est pas une donnée naturelle: ça s’exerce. En dictée d’abord puis tout le temps après . Des dictées justes corrigées en rouge avec une note, je ne vois pas: il y en a vraiment qui font cela et rien que cela?
- maikreeeesseGrand sage
J'ai lu et lis un livre par jour, mais n'arrivais pas à mémoriser l'orthographe des mots. Un seul de mes 3 enfants a le même problème. Lui est suivi par un orthophoniste. L'énergie à réfléchir à chaque son est telle que l'application des règles de grammaire pourtant sues pouvait devenir plus ou moins effective.
NLM, je n'avais jamais réfléchi sous cet angle oral/passage à l'écrit. Selon ma modeste expérience la diction de la dictée me paraissait tellement artificielle : débit, articulation qu'il ne s'agissait pas vraiment du passage d'un message oral à un message écrit. En revanche cette traduction correspondrait plus au passage des idées qui se déroulent plus ou moins de manière ordonnée (en rédaction) au papier avec la difficulté supplémentaire du geste graphique qu'il faut coordonner avec le débit de ses idées.
NLM, je n'avais jamais réfléchi sous cet angle oral/passage à l'écrit. Selon ma modeste expérience la diction de la dictée me paraissait tellement artificielle : débit, articulation qu'il ne s'agissait pas vraiment du passage d'un message oral à un message écrit. En revanche cette traduction correspondrait plus au passage des idées qui se déroulent plus ou moins de manière ordonnée (en rédaction) au papier avec la difficulté supplémentaire du geste graphique qu'il faut coordonner avec le débit de ses idées.
- SphinxProphète
NLM76 a écrit:Bah euh... quand on s'efforce de rédiger sans fautes, quand on fait des exercices d'orthographe type Bled, la relation à l'oral est moins importante, non ? Quand on écrit sous la dictée, on transforme de l'oral en écrit, non ?
Quand on fait de la lecture expressive, on passe de l'écrit à l'oral, non ? Et la dictée constitue bien l'exact symétrique de la lecture expressive ?
Ecrire sous la dictée, c'est d'abord être attentif aux sons et leur rapport avec l'écrit, en relation avec la signification, non ? Quand j'écris sous la dictée je transforme les sons que j'entends en lettres. Non ?
Autrement dit, je travaille à articuler les lettres et les sons, en passant par le sens. Autrement dit, si la dictée est si importante, c'est parce qu'elle établit, elle structure le lien oral-sens-écrit. Comme le disait @trompettemarine, la dictée est un exercice de structuration de ma langue, un exercice qui apprend à lire. Quī scrīpsit bis lēgit.
Et en l'espèce, la question de savoir s'il faut topazifier ou pas est très importante.
Du coup, je ne suis pas complètement d'accord avec cet angle d'approche qui me semble un peu artificiel.
- Il existe d'autres exercices où tu passes de l'oral à l'écrit et ils n'ont pas tous le même objectif : compréhension orale en langues étrangères, dictée d'un cours où le cours doit être écrit tel quel (5e., 4e), dictée d'un cours avec prise de notes (à partir de la 3e, en gros) où on doit restituer un sens à partir de ce qu'on entend, ne pas louper d'informations, etc. Là, oui, ce sont bien des exercices dont le but est précisément l'articulation entre l'oral et l'écrit, la transformation de l'un en l'autre en passant par le sens. Dans le cas de la dictée, cette articulation est simplement un moyen, ce n'est pas un objectif.
- Il existe d'autres formes de dictées qui ne passent pas par l'oral (même si perso je ne pratique pas, elles ont une importance croissante, en tout cas au collège) : autodictée (écrit - mémoire - écrit), copie de texte (écrit - vue - écrit). À l'inverse, il y a aussi les dictées spécifiques dys, qui sollicitent l'oral mais pas l'écrit : ils lisent un texte à choix multiple et se contentent d'entourer.
- Je ne crois pas que la lecture expressive constitue l'exact symétrique de la dictée. Dans la dictée, je dois faire attention au sens en ce qu'il est constitutif de la construction de la phrase et du choix des mots (seau - sot - sceau etc). Dans la lecture expressive, je dois aussi ressortir le style, le sentiment, etc. Je ne vois pas de symétrique strict à la dictée : j'allais écrire les exercices de fluence à la rigueur, mais même pas - j'ai eu plein d'élèves bons en lecture et pas en dictée, ce qui veut bien dire que les mêmes savoirs ne sont pas mobilisés.
Bien sûr le rapport à l'oral est important parce que c'est le seul sens qui permet de transmettre la chose à copier en supprimant totalement le lien au visuel, i.e. en obligeant les élèves, dans une langue comme la nôtre où il y a tellement de lettres muettes et de sons distincts de la façon dont ils s'orthographient, à réfléchir à ce qui doit être écrit plutôt qu'à recopier bêtement (en Italie par exemple, où tout se prononce, on ne fait jamais de dictée). En résumé, je dirais que faire du passage oral -> écrit l'élément primordial de la dictée, c'est se focaliser sur l'outil plutôt que sur le but de l'exercice, sur les connaissances travaillées et sur les mécanismes intellectuels mis en oeuvre (entre la partie écouter et la partie retranscrire, il y a la partie réfléchir, qui est quand même la plus importante).
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- IphigénieProphète
Je pense que le cas des dys- est vraiment specifique, même s’ils semblent devenus très nombreux.
Sur ce point:
Pour ce qui est dés auto-dictées fort à la monde depuis les années 80 je ne crois pas du tout à leur efficacité: elles ne sont pas un exercice d’orthographe mais de mémoire, ce qui peut être intéressant mais pas vraiment pour améliorer l’orthographe surtout grammaticale, peut-être ponctuellement sur un mot de vocabulaire ignoré.
Sur ce point:
Je ne suis pas tout à fait d’accord: dans une dictée on s’applique à la forme même des mots alors que dans une prise de notes on pense au sens ( et on écrit en abréviations, voire +/- n’importe comment…- Il existe d'autres exercices où tu passes de l'oral à l'écrit et ils n'ont pas tous le même objectif : compréhension orale en langues étrangères, dictée d'un cours où le cours doit être écrit tel quel (5e., 4e), dictée d'un cours avec prise de notes (à partir de la 3e, en gros) où on doit restituer un sens à partir de ce qu'on entend, ne pas louper d'informations, etc. Là, oui, ce sont bien des exercices dont le but est précisément l'articulation entre l'oral et l'écrit, la transformation de l'un en l'autre en passant par le sens. Dans le cas de la dictée, cette articulation est simplement un moyen, ce n'est pas un objectif.
Pour ce qui est dés auto-dictées fort à la monde depuis les années 80 je ne crois pas du tout à leur efficacité: elles ne sont pas un exercice d’orthographe mais de mémoire, ce qui peut être intéressant mais pas vraiment pour améliorer l’orthographe surtout grammaticale, peut-être ponctuellement sur un mot de vocabulaire ignoré.
- SphinxProphète
Ben oui, Iphigénie, c'est exactement ce que je dis : ce sont d'autres exercices de passage de l'oral à l'écrit mais avec un objectif totalement différent
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- IphigénieProphète
Ben oui mais donc leur intérêt pour la dictée est spécifique, non ? Cela n’enlève pas l’intérêt dans la dictée du passage de l’oral à l’écrit justement : i.é un exercice de transcription.
- IphigénieProphète
Bon mon téléphone met des accents sur tous les é aujourd’hui…../)
- NicétasNiveau 9
Oui, la dictée est dénigrée partout, et j'ai déjà eu des collègues de français qui m'ont dit que ça ne servait à rien. Une ou deux fois dans l'année, certainement. Mais pratiquée régulièrement et associée à une solide progression grammaticale, elle m'a semblé porter de beaux fruits... Ce que j'aimais bien faire, c'était fonctionner en diptyque ou en triptyque : une dictée d'auteur, puis une dictée à partir de cet auteur pour retravailler les points à améliorer (et éventuellement une troisième). Cela aide les élèves plus en difficulté à prendre confiance. Au bout de quelques dictées, une dictée bilan qui reprend l'ensemble des points travaillés. Pour ceux qui étaient vraiment très très en difficulté, je pratiquais la pédagogie de la petite victoire : objectif, écrire une phrase sans faute... Généralement j'associais à la dictée une petite question de compréhension et éventuellement une question de langue, pour les forcer à comprendre vraiment ce qu'ils écrivent (le ton que je pouvais mettre ne suffisant pas toujours...). Je n'ai pour l'instant fait que deux ans au collège, j'imagine que j'y retournerai bientôt, et je compte reprendre ce système tout en l'améliorant.
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« Quand un discours naturel peint une passion ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu'on entend, laquelle on ne savait pas qu'elle y fût, en sorte qu'on est porté à aimer celui qui nous le fait sentir ; car il ne nous a pas fait montre de son bien, mais du nôtre ; et ainsi ce bienfait nous le rend aimable, outre que cette communauté d'intelligence que nous avons avec lui incline nécessairement le cœur à l'aimer. »
Pascal, Pensées
- NLM76Grand Maître
@Sphinx. Je reprendrai plus précisément ce que tu dis, mais pour l'essentiel : oui, bien sûr, l'articulation entre la voix du professeur qu'on écoute et la main de l'élève qui écrit, c'est la réflexion, la pensée, comme tu le dis à la fin de ton message. C'est exactement ce que je dis; mais la grande affaire c'est que cette pensée touche à ces deux bouts de la chaîne.
Comme le disait *Ombre*, il faut travailler le passage de la voix à la pensée, et le travail de la pensée à la transcription. Et au total, tout cela doit s'amalgamer.
Le passage de l'oral à l'écrit, ce n'est pas un truc mécanique. Ça ne doit pas l'être.
L'une des conséquences fondamentales de ceci, c'est que l'art de dicter n'est pas donné à tout le monde — en tout cas pas à tout le monde sans travail. Autrement dit, quand on dicte (la première fois, tout le texte, la deuxième fois, au rythme des mains qui écrivent, puis la troisième fois, pour la relecture), il y a énormément d'enjeux.
Et l'un des enjeux les plus important, c'est d'articuler encore plus nettement le rapport entre l'oral et l'écrit. Entre autres, la question des liaisons est très importante; la question des -e- caducs n'est pas accessoire, comme celle de la distinction entre le -ai du futur et du passé simple d'un côté et le -ais/-ait... de l'imparfait et du conditionnel de l'autre ; même la question de la distinction entre -un- et -in- n'est pas tout à fait négligeable, surtout si l'on enseigne dans le midi.
Comme le disait *Ombre*, il faut travailler le passage de la voix à la pensée, et le travail de la pensée à la transcription. Et au total, tout cela doit s'amalgamer.
Le passage de l'oral à l'écrit, ce n'est pas un truc mécanique. Ça ne doit pas l'être.
L'une des conséquences fondamentales de ceci, c'est que l'art de dicter n'est pas donné à tout le monde — en tout cas pas à tout le monde sans travail. Autrement dit, quand on dicte (la première fois, tout le texte, la deuxième fois, au rythme des mains qui écrivent, puis la troisième fois, pour la relecture), il y a énormément d'enjeux.
Et l'un des enjeux les plus important, c'est d'articuler encore plus nettement le rapport entre l'oral et l'écrit. Entre autres, la question des liaisons est très importante; la question des -e- caducs n'est pas accessoire, comme celle de la distinction entre le -ai du futur et du passé simple d'un côté et le -ais/-ait... de l'imparfait et du conditionnel de l'autre ; même la question de la distinction entre -un- et -in- n'est pas tout à fait négligeable, surtout si l'on enseigne dans le midi.
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- illiziaEsprit éclairé
En 6e notamment (aussi en 4e, mais sans trouver le temps d'être aussi systématique) je pratique la dictée de façon très régulière, une semaine sur deux au moins, mais avec des modalités particulières que je précise ci-dessous, et les progrès, ainsi que l'adhésion des élèves et de leurs parents, sont évidents.
Ces dictées ne sont notées que sur un point précis: une fois sur deux, une liste de 20 mots invariables, à réviser avant, l'autre fois, un point de grammaire ou de conjugaison (l'accord S-V ou adjectif-nom ou le présent...), avec là aussi, 20 éléments présents dans la dictée.
Chaque élément juste est noté 0,5 points : ça donne donc une note sur 10 et ça doit correspondre à ce qu'on désigne par "notation positive" puisque je ne retire pas de points mais additionne ce qui est écrit correctement.
Les élèves ne redoutent pas l'exercice au contraire puisqu'avec du travail personnel, ils récoltent en général de bonnes notes, au bout de deux ou trois fois, ils réclament même ces "dictées" qui peuvent compenser les notes aux devoirs plus compliqués pour eux pour eux (rédaction, grammaire, et interrogations diverses).
Les points "positifs" et "qui comptent" sont soulignés d'une couleur sur leur devoir et toutes les autres fautes, qui ne comptent pas donc, d'une autre couleur: en échange de cette notation bienveillante, au-delà d'un certain nombre de fautes (10 en tout, sur le point révisé + toutes les autres), ils doivent, en plus de la correction faite en classe, recopier chez eux tout le texte, en corrigeant tout et rendre ce second travail la semaine suivante. Leur note d'origine n'est validée que s'ils le font et ils ont un "non rendu", donc un 0, si ce n'est pas fait.
Les avantages que j'y vois sont qu'ils travaillent régulièrement leur orthographe, sans angoisse de la mauvaise note (il reste des cas de dysorthographie sévère pour lesquels ça ne fonctionne pas très bien, mais s'ils ont un PAP, je donne une dictée à trous avec seulement les éléments évalués à remplir pour cibler encore plus et sinon, de toute façon, il me semble qu'on est au-delà de ce qui est traitable par aucun exercice classique), qu'ils écrivent quand même sous la dictée des textes, parfois complexes (comme tout n'est pas noté, je n'hésite pas à augmenter la difficulté, la longueur des phrases, peu à peu) , qu'ils s'appliquent malgré tout sur les éléments non notés pour ne pas avoir à tout refaire, et, pour les moins à l'aise, refont ce travail de copie chez eux: j'ai l'impression que cela fixe peu à peu certains réflexes chez eux et je constate chaque année (j'ai des 6e depuis 5 ou 6 ans) les progrès.
Ces dictées ne sont notées que sur un point précis: une fois sur deux, une liste de 20 mots invariables, à réviser avant, l'autre fois, un point de grammaire ou de conjugaison (l'accord S-V ou adjectif-nom ou le présent...), avec là aussi, 20 éléments présents dans la dictée.
Chaque élément juste est noté 0,5 points : ça donne donc une note sur 10 et ça doit correspondre à ce qu'on désigne par "notation positive" puisque je ne retire pas de points mais additionne ce qui est écrit correctement.
Les élèves ne redoutent pas l'exercice au contraire puisqu'avec du travail personnel, ils récoltent en général de bonnes notes, au bout de deux ou trois fois, ils réclament même ces "dictées" qui peuvent compenser les notes aux devoirs plus compliqués pour eux pour eux (rédaction, grammaire, et interrogations diverses).
Les points "positifs" et "qui comptent" sont soulignés d'une couleur sur leur devoir et toutes les autres fautes, qui ne comptent pas donc, d'une autre couleur: en échange de cette notation bienveillante, au-delà d'un certain nombre de fautes (10 en tout, sur le point révisé + toutes les autres), ils doivent, en plus de la correction faite en classe, recopier chez eux tout le texte, en corrigeant tout et rendre ce second travail la semaine suivante. Leur note d'origine n'est validée que s'ils le font et ils ont un "non rendu", donc un 0, si ce n'est pas fait.
Les avantages que j'y vois sont qu'ils travaillent régulièrement leur orthographe, sans angoisse de la mauvaise note (il reste des cas de dysorthographie sévère pour lesquels ça ne fonctionne pas très bien, mais s'ils ont un PAP, je donne une dictée à trous avec seulement les éléments évalués à remplir pour cibler encore plus et sinon, de toute façon, il me semble qu'on est au-delà de ce qui est traitable par aucun exercice classique), qu'ils écrivent quand même sous la dictée des textes, parfois complexes (comme tout n'est pas noté, je n'hésite pas à augmenter la difficulté, la longueur des phrases, peu à peu) , qu'ils s'appliquent malgré tout sur les éléments non notés pour ne pas avoir à tout refaire, et, pour les moins à l'aise, refont ce travail de copie chez eux: j'ai l'impression que cela fixe peu à peu certains réflexes chez eux et je constate chaque année (j'ai des 6e depuis 5 ou 6 ans) les progrès.
- maikreeeesseGrand sage
Dictée au CP = essentiellement codage. Il me semble indispensable d'avoir une diction la plus claire possible. Je discrimine les é/è, les in /in, ai/ais, je m'efforce de n'omettre aucune négation, jamais de y'a pour il y a. Mon débit est légèrement ralenti. (D'ailleurs je me suis déjà posé sérieusement la question sur un ralentissement possible des idées...) J'espère que cela ne devient pas trop artificiel, je ne le crois pas. Forcément je dois commettre quelques erreurs nul n'est parfait mais je me souviens également qu'ici on m'avait moquée. Inutile, tout le monde dit y'a, tout le monde a un accent ou on doit le revendiquer... mais je persiste.
- frecheGrand sage
C'est une super idée je trouve, je ne suis pas en français, mais je vois tout de suite ou je pourrais appliquer cette méthode dans ma matière. Merci, merci. Comme quoi c'est utile de lire les messages des autres disciplines.Amaliah a écrit: ils ont un post-it sur lequel je note les fautes à éviter. Si les fautes sont évitées dans la dictée suivante, je rajoute entre 0,5 et 2 points à la note de dictée, selon le nombre et le type de fautes évitées. Presque personne ne perd son post-it et ils l'ont sous les yeux pendant la dictée.
- NLM76Grand Maître
C'est très important ce que dit @maikreeeesse ici.maikreeeesse a écrit:Dictée au CP = essentiellement codage. Il me semble indispensable d'avoir une diction la plus claire possible. Je discrimine les é/è, les in /in, ai/ais, je m'efforce de n'omettre aucune négation, jamais de y'a pour il y a. Mon débit est légèrement ralenti. (D'ailleurs je me suis déjà posé sérieusement la question sur un ralentissement possible des idées...) J'espère que cela ne devient pas trop artificiel, je ne le crois pas. Forcément je dois commettre quelques erreurs nul n'est parfait mais je me souviens également qu'ici on m'avait moquée. Inutile, tout le monde dit y'a, tout le monde a un accent ou on doit le revendiquer... mais je persiste.
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- NLM76Grand Maître
Je reprends donc une chose sur cette relation entre la voix et l'écriture. Une grande affaire, c'est que de larges tendances de la linguistique au XXe siècle ont, sous l'étiquette "oral", mis en réalité "conversation courante, improvisation" et "langue relâchée". La schize qui s'est creusée là entre la voix et l'écriture est l'un des plus grands malheurs de notre temps.
Mais je continuerai à revenir sur cette affaire, inlassablement.
Mais je continuerai à revenir sur cette affaire, inlassablement.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- henrietteMédiateur
Heu, oui, c'est même le b-a-ba de la dictée, ne crois-tu pas ?NLM76 a écrit:C'est très important ce que dit @maikreeeesse ici.maikreeeesse a écrit:Dictée au CP = essentiellement codage. Il me semble indispensable d'avoir une diction la plus claire possible. Je discrimine les é/è, les in /in, ai/ais, je m'efforce de n'omettre aucune négation, jamais de y'a pour il y a. Mon débit est légèrement ralenti. (D'ailleurs je me suis déjà posé sérieusement la question sur un ralentissement possible des idées...) J'espère que cela ne devient pas trop artificiel, je ne le crois pas. Forcément je dois commettre quelques erreurs nul n'est parfait mais je me souviens également qu'ici on m'avait moquée. Inutile, tout le monde dit y'a, tout le monde a un accent ou on doit le revendiquer... mais je persiste.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, au DNB, il est préférable que ce soit un professeur de français qui dicte le texte plutôt qu'un enseignant d'une discipline éloignée de la pratique du texte dicté.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- dansesNiveau 9
Bonsoir,
Ce fil m'intéresse tout particulièrement, ainsi que vos trouvailles.
A ceux qui m'expliquent très doctement que la dictée ne sert à rien (et qu'elle constitue un archaïsme bourgeois visant à écraser le petit peuple , entendu par certains collègues un peu anar sur les bords), je rétorque qu'il y a une dictée au DNB, et que la question n'est pas de discuter de son utilité, puisqu'elle existe à l'examen, mais bien de trouver la meilleure façon de s'y préparer, et ce dès la 6ème, voire bien avant. En général, ça coupe court.
Par ailleurs, cet exercice me paraît crucial en ce sens où - pendant un court moment - on ne considère plus la langue comme un outil de communication, mais comme un objet dont on observe les rouages, l'organisation, la beauté aussi. Ca a un petit côté dissection qui peut séduire, lorsqu'on apprend à se relire.
Enfin la dictée est un vrai luxe : celui de prendre le temps de réfléchir (individuellement ou ensemble) à ce qu'on écrit, à une époque où l'urgence est le mot d'ordre absolu.
Ce fil m'intéresse tout particulièrement, ainsi que vos trouvailles.
A ceux qui m'expliquent très doctement que la dictée ne sert à rien (et qu'elle constitue un archaïsme bourgeois visant à écraser le petit peuple , entendu par certains collègues un peu anar sur les bords), je rétorque qu'il y a une dictée au DNB, et que la question n'est pas de discuter de son utilité, puisqu'elle existe à l'examen, mais bien de trouver la meilleure façon de s'y préparer, et ce dès la 6ème, voire bien avant. En général, ça coupe court.
Par ailleurs, cet exercice me paraît crucial en ce sens où - pendant un court moment - on ne considère plus la langue comme un outil de communication, mais comme un objet dont on observe les rouages, l'organisation, la beauté aussi. Ca a un petit côté dissection qui peut séduire, lorsqu'on apprend à se relire.
Enfin la dictée est un vrai luxe : celui de prendre le temps de réfléchir (individuellement ou ensemble) à ce qu'on écrit, à une époque où l'urgence est le mot d'ordre absolu.
- maikreeeesseGrand sage
Henriette je mentionnais ma manière de m'adresser à mes élèves tout au long de la journer en dehors de la dictée même.
- henrietteMédiateur
Ah oui, d'accord. Je trouve que c'est une excellente chose.maikreeeesse a écrit:Henriette je mentionnais ma manière de m'adresser à mes élèves tout au long de la journer en dehors de la dictée même.
Dans mon coin, les élèves ne font pour ainsi dire pas de différence entre le son o de la pomme et celui de la paume, entre "é" et "è". Il faut une vraie rééducation de l'oreille. En tout début d'année en 6e ou 5e, je fais une dictée de ces sons pour évaluer leur capacité à les distinguer.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- TournesolÉrudit
illizia a écrit:En 6e notamment (aussi en 4e, mais sans trouver le temps d'être aussi systématique) je pratique la dictée de façon très régulière, une semaine sur deux au moins, mais avec des modalités particulières que je précise ci-dessous, et les progrès, ainsi que l'adhésion des élèves et de leurs parents, sont évidents.
Ces dictées ne sont notées que sur un point précis: une fois sur deux, une liste de 20 mots invariables, à réviser avant, l'autre fois, un point de grammaire ou de conjugaison (l'accord S-V ou adjectif-nom ou le présent...), avec là aussi, 20 éléments présents dans la dictée.
Chaque élément juste est noté 0,5 points : ça donne donc une note sur 10 et ça doit correspondre à ce qu'on désigne par "notation positive" puisque je ne retire pas de points mais additionne ce qui est écrit correctement.
Les élèves ne redoutent pas l'exercice au contraire puisqu'avec du travail personnel, ils récoltent en général de bonnes notes, au bout de deux ou trois fois, ils réclament même ces "dictées" qui peuvent compenser les notes aux devoirs plus compliqués pour eux pour eux (rédaction, grammaire, et interrogations diverses).
Les points "positifs" et "qui comptent" sont soulignés d'une couleur sur leur devoir et toutes les autres fautes, qui ne comptent pas donc, d'une autre couleur: en échange de cette notation bienveillante, au-delà d'un certain nombre de fautes (10 en tout, sur le point révisé + toutes les autres), ils doivent, en plus de la correction faite en classe, recopier chez eux tout le texte, en corrigeant tout et rendre ce second travail la semaine suivante. Leur note d'origine n'est validée que s'ils le font et ils ont un "non rendu", donc un 0, si ce n'est pas fait.
Illizia, ta pratique m’intéresse… Est-ce que tu pourrais proposer un exemple de ce que donne ta correction sur un court texte ?
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J'habite près de mon silence
à deux pas du puits et les mots
morts d'amour doutant que je pense
y viennent boire en gros sabots
comme fantômes de l'automne
mais toute la mèche est à vendre
il est tari le puits, tari.
(G. Perros)
Vis comme si tu devais mourir demain, apprends comme si tu devais vivre toujours. (Gandhi)
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