[Université] "Supprimer 100.000 fonctionnaires. Les fonctionnaires en question [...], c’est nous."

Cette année, une fois encore la baisse généralisée des recrutements pérennes frappe l’enseignement supérieur – et le CNRS. Ce fait s’explique parfaitement par le programme annoncé du président Macron en 2017 : supprimer 100.000 fonctionnaires. Les fonctionnaires en question, inutile de chercher plus loin, c’est nous. Cette idée devrait éclairer les opérations de réduction qui sont mises en place depuis le vote de la LRU et qui participent de la « clarification » de l’offre de formation et surtout de l’austérité pour limiter le déficit public.

Il faut donc voir cette politique similaire à celle qui frappe l’hôpital public et auparavant qui a frappé France Telecom : un plan social à échelle nationale. Ne pas regarder la situation froidement et avec lucidité a de lourdes implications : penser que la situation va s’améliorer (spoiler : non) et qu’il y aura un jour des recrutements, à nouveau, entraîne de mauvais choix, qui mettent en péril et la structure qui les encadre, et les personnels qui les appliquent. Ces mauvais choix quels sont-ils ? le premier est de continuer comme avant en espérant que la situation se rétablisse. Elle ne se rétablira pas. Qu’on parte de ce postulat, et l’on clarifie les choses. Ensuite, croire en l’autonomie de l’université. C’est une illusion : c’est le Ministère qui pilote et attribue les dotations de fonctionnement, notamment pour la masse salariale.

"De la stratégie du boa constrictor à l’université : le plan social que nous refusons de voir", Publié le 09/03/2022 par Magali Nachtergael, professeure en études françaises et francophones
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Un peu d’aigreur ce matin : en 2007, la loi LRU a été adoptée pendant l’été et le monde universitaire ronflait du sommeil du juste. Il s’est agité durant le premier trimestre 2009 lorsque la publication des décrets de la LRU a été annoncée. Il y a eu des manifestations, grèves, blocage de sites, assemblées générales, ronde des obstinés et puis… rien. Pourquoi cet échec militant ? Et pourquoi « de la maternelle à l’université » n’a-t-il pas eu valeur inclusive ? En 2003, un mouvement de grève contre la réforme des retraites (loi Fillon) a embrasé notamment le primaire et le secondaire (mais pas que). Dans son ensemble, le monde universitaire a regardé ailleurs, feint de ne rien voir. En 2007, le primaire et le secondaire qui avaient beaucoup perdu financièrement, structurellement et idéologiquement en 2003, se sont rappelé du mutisme universitaire et ont considéré que la LRU était somme toutes une affaire d’universitaires, traduire de nantis de la caste. Aujourd’hui, avec le recul du temps, nous apparaissent ravages de la dissension, les limites du barrage républicain, la sagesse de Sartre expliquant que le vote et la lutte se conçoivent de concert, l’abstention pour l’abstention et le vote pour le vote n’ayant pas grand intérêt.
En 2022, nous n’avons plus que nos yeux pour pleurer (pour ceux qui ont résisté aux lacrymogènes et autres) ou plutôt nous avons notre esprit pour concevoir le vote et la lutte comme un ensemble indissociable (et oui, je contreviens à la Charte d’Amiens). S’il reste au monde universitaire de la dignité, il saura soutenir pour sa propre survie les mouvements militants comme Bourdieu le fit en son temps.

Au sujet de l'Université et des projets en cours, je viens de tomber là-dessus :  https://amp.lefigaro.fr/story/mckinsey-on-a-favorise-le-prive-et-oublie-lexcellence-universitaire-14992

N.B. : je n'ai pas d'actions pour ce journal en ligne, je ne suis pas abonné et j'essaye de lire plusieurs presses différentes, même si ça devient difficile de nos jours.

Si vous n'êtes pas connecté : cf ci-dessous en ajoutant [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] et en supprimant toutes les espaces :
amp . lefigaro.fr / story / mckinsey-on-a-favorise-le-prive-et-oublie-lexcellence-universitaire-14992

Résumé : Rapport du Sénat. Ce n'est pas 1 milliard, mais  AU MOINS 1 Milliard dont il s'agit. On ne s'appuie pas assez sur l'expertise Universitaire, indépendante et riche, et respectant l'intérêt général.

Quelques mots clés : conflits d'intérêt, intérêt général vs bénéfices privés, évasion fiscale avérée, volonté de dissimuler, externalisation des compétences


                                                        Dimanche prochain : n'oubliez pas de voter !

Le “monde universitaire”, c'est, à mon avis, tout sauf homogène… Entre les accointances (pour dire le moins) de la CPU, d'un côté, et la multitude de statuts divers et variés, plus ou moins maltraités (et plutôt plus que moins), de l'autre, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a comme des différences. 2003, 2007, et la suite: de mémoire, à chaque grève on s'est fait avoir — même si je n'ai nul regret de les avoir faites…

Oui c'est vague et trop englobant mais le moins que l'on puisse dire est que l'intelligence collective ne l'a pas emporté loin de là. Je revois encore les présidents d'université nous expliquer combien la LRU serait bénéfique à tous.

On est tout de même quelques-uns à dire que la CPU trahit sinon toujours, du moins massivement les universitaires… Franchement, pour ma part, je le vis plutôt comme une sorte de raz-de-marée incontrôlable.