- ernyaFidèle du forum
Bonsoir à tous,
Je réfléchis à ce thème "dire l'amour" et je remets mon ouvrage sur le métier car mes précédentes tentatives ne me plaisent pas.
J'aimerais m'intéresser à cette question du "dire" à travers les différents genres littéraires.
Pour le genre poétique, j'avais pensé montrer que le poète exprime son amour en mettant en avant les manifestations physiques que ce sentiment produit chez lui (Ronsard, Labé, surtout les poètes renaissants finalement) mais aussi en glorifiant l'être aimé au travers de figures de style (là, il y a l'embarras du choix).
Pour le genre théâtral, je pensais montrer que l'aveu passe souvent par des détours (parole labyrinthique de Phèdre à Hippolyte, aveu dissimulé de Cyrano...).
Pour le roman, j'hésite car j'aimerais montrer le rôle du narrateur pour faire comprendre aux lecteurs que les personnages s'aiment avant même qu'ils ne se l'avouent eux-mêmes.
L'idéal serait de montrer que chaque genre permet d'interroger cette question du dire et que chacun use de moyens propres ou du moins différents pour le faire.
Avez-vous des textes ou d'autres idées à me suggérer pour m'aider à construire mon GT ?
Merci d'avance
Je réfléchis à ce thème "dire l'amour" et je remets mon ouvrage sur le métier car mes précédentes tentatives ne me plaisent pas.
J'aimerais m'intéresser à cette question du "dire" à travers les différents genres littéraires.
Pour le genre poétique, j'avais pensé montrer que le poète exprime son amour en mettant en avant les manifestations physiques que ce sentiment produit chez lui (Ronsard, Labé, surtout les poètes renaissants finalement) mais aussi en glorifiant l'être aimé au travers de figures de style (là, il y a l'embarras du choix).
Pour le genre théâtral, je pensais montrer que l'aveu passe souvent par des détours (parole labyrinthique de Phèdre à Hippolyte, aveu dissimulé de Cyrano...).
Pour le roman, j'hésite car j'aimerais montrer le rôle du narrateur pour faire comprendre aux lecteurs que les personnages s'aiment avant même qu'ils ne se l'avouent eux-mêmes.
L'idéal serait de montrer que chaque genre permet d'interroger cette question du dire et que chacun use de moyens propres ou du moins différents pour le faire.
Avez-vous des textes ou d'autres idées à me suggérer pour m'aider à construire mon GT ?
Merci d'avance
- TangledingGrand Maître
Pas totalement convaincu par ton approche, @Ernya , car cela suppose d'assigner un mode de "dire" en fonction du genre et non de la poétique des oeuvres, ce que je trouve très contestable.
Ceci dit pour l'aspect labyrinthique, au théâtre il y a le dénouement d'On ne badine pas avec l'amour de Musset, par exemple. La scénographie même de cette dernière scène souligne cet aspect labyrinthique du sentiment (et ses conséquences tragiques).
S'agissant du roman il y a le "ne pas dire" l'amour, chez Flaubert. La rencontre entre Charles et Emma, dans Madame Bovary, par exemple. Dans l'Education sentimentale aussi tu en trouveras quelques exemples intéressants.
Mais encore une fois je ne suis pas tout à fait convaincu par l'orientation générique que tu envisages.
Un contre exemple s'agissant de "dire l'amour" au théâtre : la scène de déclaration d'amour chantée par Cléante et Angélique dans le Malade imaginaire de Molière. Ca illustre bien à mon sens que les choses sont plus complexes que l'approche strictement générique que tu postules.
Ceci dit pour l'aspect labyrinthique, au théâtre il y a le dénouement d'On ne badine pas avec l'amour de Musset, par exemple. La scénographie même de cette dernière scène souligne cet aspect labyrinthique du sentiment (et ses conséquences tragiques).
S'agissant du roman il y a le "ne pas dire" l'amour, chez Flaubert. La rencontre entre Charles et Emma, dans Madame Bovary, par exemple. Dans l'Education sentimentale aussi tu en trouveras quelques exemples intéressants.
Mais encore une fois je ne suis pas tout à fait convaincu par l'orientation générique que tu envisages.
Un contre exemple s'agissant de "dire l'amour" au théâtre : la scène de déclaration d'amour chantée par Cléante et Angélique dans le Malade imaginaire de Molière. Ca illustre bien à mon sens que les choses sont plus complexes que l'approche strictement générique que tu postules.
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"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
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- nounoussNiveau 5
Bonsoir,
Pour le récit je prends toujours un passage de Notre Coeur de Maupassant.
C’est la sincérité de la nature de sa maîtresse qu’il s’efforçait de pénétrer à travers les lignes qu’elle écrivait. C’était aimable et fin. Mais comment ne trouvait-elle pas autre chose pour lui ? Ah ! il en avait trouvé pour elle, des mots vrais et brûlants comme des charbons, lui !
Quand son valet de chambre apportait son courrier, il cherchait d’un coup d’œil l’écriture désirée sur une enveloppe, et lorsqu’il l’avait reconnue, une involontaire émotion surgissait en lui, suivie par un battement de cœur. Il avançait la main et prenait le papier. De nouveau il regardait l’adresse, puis déchirait. Qu’allait-elle lui dire ? Le mot « aimer » y serait-il ? Jamais elle ne l’avait écrit, jamais elle ne l’avait prononcé sans le faire suivre du mot « bien ».
_ « Je vous aime bien. » _ « Je vous aime beaucoup. »_ « Est-ce que je ne vous aime pas ? » Il les connaissait, ces formules qui ne disent rien par ce qu’elles ajoutent. Peut-il exister des proportions quand on subit l’amour ? Peut-on juger si on aime bien ou mal ? Aimer beaucoup, comme c’est aimer peu ! On aime, rien de plus, rien de moins. On ne peut pas compléter cela. On ne peut rien imaginer, on ne peut rien dire au-delà de ce mot. Il est court, il est tout. Il devient le corps, l’âme, la vie, l’être entier. On le sent comme la chaleur du sang, on le respire comme l’air, on le porte en soi comme la Pensée, car il se fait l’unique Pensée. Rien n’existe plus que lui. Ce n’est pas un mot, c’est un inexprimable état, figuré par quelques lettres. Quoi qu’on fasse, on ne fait rien, on ne voit rien, on n’éprouve rien, on ne goûte rien, on ne souffre de rien comme avant. Mariolle était devenu la proie de ce petit verbe ; et son œil courait sur les lignes, y cherchant la révélation d’une tendresse pareille à la sienne. Il y trouvait en effet de quoi se dire : « Elle m’aime bien », jamais de quoi s’écrier : « Elle m’aime ! » Elle continuait dans sa correspondance le joli et poétique roman commencé au Mont-Saint-Michel. C’était de la littérature d’amour, pas de l’amour.
Pour le récit je prends toujours un passage de Notre Coeur de Maupassant.
C’est la sincérité de la nature de sa maîtresse qu’il s’efforçait de pénétrer à travers les lignes qu’elle écrivait. C’était aimable et fin. Mais comment ne trouvait-elle pas autre chose pour lui ? Ah ! il en avait trouvé pour elle, des mots vrais et brûlants comme des charbons, lui !
Quand son valet de chambre apportait son courrier, il cherchait d’un coup d’œil l’écriture désirée sur une enveloppe, et lorsqu’il l’avait reconnue, une involontaire émotion surgissait en lui, suivie par un battement de cœur. Il avançait la main et prenait le papier. De nouveau il regardait l’adresse, puis déchirait. Qu’allait-elle lui dire ? Le mot « aimer » y serait-il ? Jamais elle ne l’avait écrit, jamais elle ne l’avait prononcé sans le faire suivre du mot « bien ».
_ « Je vous aime bien. » _ « Je vous aime beaucoup. »_ « Est-ce que je ne vous aime pas ? » Il les connaissait, ces formules qui ne disent rien par ce qu’elles ajoutent. Peut-il exister des proportions quand on subit l’amour ? Peut-on juger si on aime bien ou mal ? Aimer beaucoup, comme c’est aimer peu ! On aime, rien de plus, rien de moins. On ne peut pas compléter cela. On ne peut rien imaginer, on ne peut rien dire au-delà de ce mot. Il est court, il est tout. Il devient le corps, l’âme, la vie, l’être entier. On le sent comme la chaleur du sang, on le respire comme l’air, on le porte en soi comme la Pensée, car il se fait l’unique Pensée. Rien n’existe plus que lui. Ce n’est pas un mot, c’est un inexprimable état, figuré par quelques lettres. Quoi qu’on fasse, on ne fait rien, on ne voit rien, on n’éprouve rien, on ne goûte rien, on ne souffre de rien comme avant. Mariolle était devenu la proie de ce petit verbe ; et son œil courait sur les lignes, y cherchant la révélation d’une tendresse pareille à la sienne. Il y trouvait en effet de quoi se dire : « Elle m’aime bien », jamais de quoi s’écrier : « Elle m’aime ! » Elle continuait dans sa correspondance le joli et poétique roman commencé au Mont-Saint-Michel. C’était de la littérature d’amour, pas de l’amour.
- ernyaFidèle du forum
On peut trouver des tas de contre-exemples car on ne peut pas résumer l'amour au théâtre à l'aveu dissimulé ou détourné, il y a plusieurs déclarations franches bien sûr !Tangleding a écrit:Pas totalement convaincu par ton approche, @Ernya , car cela suppose d'assigner un mode de "dire" en fonction du genre et non de la poétique des oeuvres, ce que je trouve très contestable.
Ceci dit pour l'aspect labyrinthique, au théâtre il y a le dénouement d'On ne badine pas avec l'amour de Musset, par exemple. La scénographie même de cette dernière scène souligne cet aspect labyrinthique du sentiment (et ses conséquences tragiques).
S'agissant du roman il y a le "ne pas dire" l'amour, chez Flaubert. La rencontre entre Charles et Emma, dans Madame Bovary, par exemple. Dans l'Education sentimentale aussi tu en trouveras quelques exemples intéressants.
Mais encore une fois je ne suis pas tout à fait convaincu par l'orientation générique que tu envisages.
Un contre exemple s'agissant de "dire l'amour" au théâtre : la scène de déclaration d'amour chantée par Cléante et Angélique dans le Malade imaginaire de Molière. Ca illustre bien à mon sens que les choses sont plus complexes que l'approche strictement générique que tu postules.
Et c'est pareil pour la poésie, chaque oeuvre possède sa propre spécificité de dire l'amour. On ne peut pas enfermer un genre dans une façon de dire l'amour, on est complètement d'accord là-dessus.
Je n'avais pas envie de limiter ce thème à la poésie et je trouvais intéressant d'amener les élèves à traiter ce thème en comparant les genres et les possibilités qu'ils offrent. Mais pour ne pas me perdre dans la multiplicité des textes, des genres, des façons de dire "je t'aime", oui, j'ai pris des angles qui réduisent, c'est vrai. C'est un choix pour mieux faire ressortir les façons de dire l'amour et les faire réfléchir à ce que peut permettre tel ou tel genre. Ce n'est pas une thèse universitaire, mais une simplification, un peu abusive, certes, à destination de collégiens plutôt faibles.
Ceci posé, je vais aller lire les extraits que tu proposes pour continuer à cogiter.
- TangledingGrand Maître
D'accord, je comprends. C'est peut-être que l'approche classifiante qui semblait sous-tendue par ton projet m'a évoqué les lointains programmes "types de discours" qu'aucun d'entre nous ne regrette.
Bonne journée à toi.
Bonne journée à toi.
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