- MarxouHabitué du forum
Un très bon article sur l'acception très pernicieuse du terme "vocation" toujours brandie lorsqu'on évoque les enseignants et les infirmières (je trouve que la problématique est très semblable pour les deux professions). Sincèrement, est-ce qu'on parle de "vocation" pour les comptables, les managers, etc?
" j'ai toujours eu la vocation d'être gestionnaire dans le service des contentieux"...lol.
Tous ces termes, "vocation", ,"le plus beau métier du monde", "mission chevillée au corps", " feu sacré" gnan gnan gnan pour nous caractériser impliquent qu'on soit constamment maltraités, sous-payés et in fine, complètement déconsidérés : normal puisqu'on a choisi ce boulot par VOCATION, n'est ce pas? La VOCATION, avec un grand V, impliquerait l'abnégation, une mission quasiment mystique, un dévouement corps et âme au métier et autres niaiseries semblables sur notre boulot.
https://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2021/11/13/la-crise-des-vocations-cest-bien-pratique-mais-hors-sujet.html
" j'ai toujours eu la vocation d'être gestionnaire dans le service des contentieux"...lol.
Tous ces termes, "vocation", ,"le plus beau métier du monde", "mission chevillée au corps", " feu sacré" gnan gnan gnan pour nous caractériser impliquent qu'on soit constamment maltraités, sous-payés et in fine, complètement déconsidérés : normal puisqu'on a choisi ce boulot par VOCATION, n'est ce pas? La VOCATION, avec un grand V, impliquerait l'abnégation, une mission quasiment mystique, un dévouement corps et âme au métier et autres niaiseries semblables sur notre boulot.
https://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2021/11/13/la-crise-des-vocations-cest-bien-pratique-mais-hors-sujet.html
Derrière le mot vocation, il y a l’idée d’une attraction supérieure, d’une attirance inexplicable, quasi magique, pour le métier de prof. Quelque chose de plus fort que moi, des raisons de vouloir exercer ce métier que je ne trouverais pas ailleurs, le sentiment intime que je ne pourrais faire que cela, que je suis appelé, que c’est ma voie, aussi impénétrable que celles du Seigneur.
Car il y a une mystique de la vocation : on entrerait en enseignement comme on entre en religion, enfilant la soutane noire de Hussard. Cette mystique renvoie à une vision idéalisée du professeur, qui a toujours senti au plus profond de son âme qu’il voulait être enseignant, qu’il ne peut être pleinement épanoui que là, qu’il a une mission, que c’est son rôle sur Terre.
C’est bien pratique, la « crise des vocations », pour les gouvernants. D'abord, comme le dit Philippe Watrelot, "c'est un alibi bien facile pour justifier l'austérité. Pourquoi bien payer des curés ? Un moine demande-t-il une augmentation". D'autre part, cela laisse penser au grand public que les gouvernants n’y sont pour rien, que ce qui est en réalité une crise du recrutement est un phénomène un peu mystérieux sur lequel ils n’ont pas de prise. Et il y a aussi, en creux, cette autre idée bien commode : « la crise des vocations », ce n’est pas seulement qu’on a du mal à trouver des profs, c’est que ceux qu’on trouve n’ont plus la vocation, n’ont plus le feu sacré comme ceux d’avant, ceux du temps jadis qu’on regrette tant. La « crise des vocations » se transforme alors en « crise de la vocation » et sert à décrire un ensemble d’enseignants d’un nouveau genre, qui n’auraient pas la vocation et seraient de simples exécutants, moins engagés et moins intéressés par leur métier : un prof qui n’a pas la vocation est forcément un moins bon prof, peut-être même n’est-il pas tout à fait un vrai prof.
Ça tombe bien, pour ma part, je n’ai jamais eu la vocation.
- zigmag17Guide spirituel
C'est pour ça qu'en bac pro GA ( Gestion Administration) on a des soucis. Je dis toujours à mes élèves, " je suis sûre qu'à 8 ans vous disiez toujours à vos parents, moi plus tard je serai comptable!". MDR. Crise des vocations en filières pro!!!
- User20159Esprit éclairé
zigmag17 a écrit:C'est pour ça qu'en bac pro GA ( Gestion Administration)
Je croyais qu'on disait Agora maintenant...
Ok je sors.
- Clecle78Bon génie
J'ai grandement choqué ma famille en leur disant que non je n'avais pas la vocation de professeur ni d'ailleurs vocation à être mal payée. Ni mon neveu, ingénieur, ni sa femme, comptable, n'ont de vocation mais pour eux un prof ça a forcément la vocation (et de toutes façons c'est normal d'être sous payé vu qu'on est toujours en vacances). Il y a 35 ans je m'étais déjà attirée la réprobation de ma conseillère pédagogique en lui affirmant que je n'avais pas de vocation. Ça lui paraissait incompréhensible. Mais c'est la stricte vérité. J'ai fait ce métier pour gagner ma vie au plus vite et parce que j'aime les lettres classiques. J'aime enseigner mais c'est venu bien plus tard.Marxou a écrit:Un très bon article sur l'acception très pernicieuse du terme "vocation" toujours brandie lorsqu'on évoque les enseignants et les infirmières (je trouve que la problématique est très semblable pour les deux professions). Sincèrement, est-ce qu'on parle de "vocation" pour les comptables, les managers, etc?
" j'ai toujours eu la vocation d'être gestionnaire dans le service des contentieux"...lol.
Tous ces termes, "vocation", ,"le plus beau métier du monde", "mission chevillée au corps", " feu sacré" gnan gnan gnan pour nous caractériser impliquent qu'on soit constamment maltraités, sous-payés et in fine, complètement déconsidérés : normal puisqu'on a choisi ce boulot par VOCATION, n'est ce pas? La VOCATION, avec un grand V, impliquerait l'abnégation, une mission quasiment mystique, un dévouement corps et âme au métier et autres niaiseries semblables sur notre boulot.
https://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2021/11/13/la-crise-des-vocations-cest-bien-pratique-mais-hors-sujet.html
Derrière le mot vocation, il y a l’idée d’une attraction supérieure, d’une attirance inexplicable, quasi magique, pour le métier de prof. Quelque chose de plus fort que moi, des raisons de vouloir exercer ce métier que je ne trouverais pas ailleurs, le sentiment intime que je ne pourrais faire que cela, que je suis appelé, que c’est ma voie, aussi impénétrable que celles du Seigneur.
Car il y a une mystique de la vocation : on entrerait en enseignement comme on entre en religion, enfilant la soutane noire de Hussard. Cette mystique renvoie à une vision idéalisée du professeur, qui a toujours senti au plus profond de son âme qu’il voulait être enseignant, qu’il ne peut être pleinement épanoui que là, qu’il a une mission, que c’est son rôle sur Terre.
C’est bien pratique, la « crise des vocations », pour les gouvernants. D'abord, comme le dit Philippe Watrelot, "c'est un alibi bien facile pour justifier l'austérité. Pourquoi bien payer des curés ? Un moine demande-t-il une augmentation". D'autre part, cela laisse penser au grand public que les gouvernants n’y sont pour rien, que ce qui est en réalité une crise du recrutement est un phénomène un peu mystérieux sur lequel ils n’ont pas de prise. Et il y a aussi, en creux, cette autre idée bien commode : « la crise des vocations », ce n’est pas seulement qu’on a du mal à trouver des profs, c’est que ceux qu’on trouve n’ont plus la vocation, n’ont plus le feu sacré comme ceux d’avant, ceux du temps jadis qu’on regrette tant. La « crise des vocations » se transforme alors en « crise de la vocation » et sert à décrire un ensemble d’enseignants d’un nouveau genre, qui n’auraient pas la vocation et seraient de simples exécutants, moins engagés et moins intéressés par leur métier : un prof qui n’a pas la vocation est forcément un moins bon prof, peut-être même n’est-il pas tout à fait un vrai prof.
Ça tombe bien, pour ma part, je n’ai jamais eu la vocation.
- Mélusine2Niveau 10
C'est très juste : ce lexique religieux m'exaspère depuis des lustres. Je n'ai jamais non plus été appelée par Dieu ni même Jules Ferry, c'est seulement un métier. Plus exactement, un métier que j'ai finalement et contre toute attente beaucoup aimé jadis, à présent un emploi qui finit par peser.
- chmarmottineGuide spirituel
Mélusine2 a écrit:C'est très juste : ce lexique religieux m'exaspère depuis des lustres. Je n'ai jamais non plus été appelée par Dieu ni même Jules Ferry, c'est seulement un métier. Plus exactement, un métier que j'ai finalement et contre toute attente beaucoup aimé jadis, à présent un emploi qui finit par peser.
Même chose.
Je rajoute qu'il me semble que beaucoup d'enseignants ont choisi ce métier un peu par hasard ...
- piescoModérateur
Beaucoup de personnes pensent en effet que pour être infirmier ou enseignant il faut de l vocation car ils trouvent ces métiers fort pénibles et que sans vocation il serait impossible de les faire.
_________________
Nos han quitado tanto, nos quitaron el miedo.
https://www.youtube.com/watch?v=oeU7rb-dBow&t=277s
- TailleventFidèle du forum
Ça n'est pas par hasard que ce terme est utilisé pour des professions comme l'enseignement ou les soins. J'ai l'impression que cet usage rejoint le regard que le regretté David Graeber portait sur les métiers de ce qu'il appelle le "care" (en général le terme est gardé en anglais car il est difficile à traduire dans toutes ses acceptions anglaises).
Il s'agit de l'idée que les métiers tournés vers l'attention, le soin (et voilà le problème de traduction ) sont moins valorisés dans notre société, ce qui aboutit à moins les payer. Selon Graeber, il y a un rapport de proportion inverse entre l'utilité sociale d'un métier (mesurée en gros par le principe "Si ce métier disparaît, comment le monde va-t-il se porter ?" ; résultat : les éboueurs tout en haut, les démarcheurs téléphoniques et les avocats d'affaire tout en bas) et le salaire versé. Son hypothèse d'explication serait que comme justement ces métiers sont utiles (et apportent donc un sentiment positif à ceux qui les exercent), il n'y aurait donc pas besoin d'en plus les récompenser financièrement. (Raisonnement qu'il n'approuve évidement pas.)
Il s'agit de l'idée que les métiers tournés vers l'attention, le soin (et voilà le problème de traduction ) sont moins valorisés dans notre société, ce qui aboutit à moins les payer. Selon Graeber, il y a un rapport de proportion inverse entre l'utilité sociale d'un métier (mesurée en gros par le principe "Si ce métier disparaît, comment le monde va-t-il se porter ?" ; résultat : les éboueurs tout en haut, les démarcheurs téléphoniques et les avocats d'affaire tout en bas) et le salaire versé. Son hypothèse d'explication serait que comme justement ces métiers sont utiles (et apportent donc un sentiment positif à ceux qui les exercent), il n'y aurait donc pas besoin d'en plus les récompenser financièrement. (Raisonnement qu'il n'approuve évidement pas.)
- TangledingGrand Maître
Oui. D'ailleurs nos syndicats parlent d'une crise du recrutement, pas des vocations. Crise de l'attractivité du métier.
Et les "solutions" envisagées par le gouvernement ne sont pas spécialement adaptées (litote). C'est plutôt l'exacte continuité de tout ce qui dégrade les conditions d'exercice du métier depuis des années.
Et les "solutions" envisagées par le gouvernement ne sont pas spécialement adaptées (litote). C'est plutôt l'exacte continuité de tout ce qui dégrade les conditions d'exercice du métier depuis des années.
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"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
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- zigmag17Guide spirituel
Ha@_x a écrit:zigmag17 a écrit:C'est pour ça qu'en bac pro GA ( Gestion Administration)
Je croyais qu'on disait Agora maintenant...
Ok je sors.
J'ai de vieux réflexes. J'ai des 1 Agora d'ailleurs cette année, je continue de les appeler"GA", ça ne les choque pas!(savent-ils seulement en quoi ils sont inscrits??? )
De toute manière l'appellation change tous les ans.
- MarxouHabitué du forum
chmarmottine a écrit:Mélusine2 a écrit:C'est très juste : ce lexique religieux m'exaspère depuis des lustres. Je n'ai jamais non plus été appelée par Dieu ni même Jules Ferry, c'est seulement un métier. Plus exactement, un métier que j'ai finalement et contre toute attente beaucoup aimé jadis, à présent un emploi qui finit par peser.
Même chose.
Je rajoute qu'il me semble que beaucoup d'enseignants ont choisi ce métier un peu par hasard ...
@Chmarmottine. C'est tout à fait mon cas. J'ai eu ce concours par hasard alors que j'en bossais d'autres qui m'intéressaient beaucoup plus. Et mer.de, rétrospectivement. Je n'ai JAMAIS eu la vocation. Je me souviens même que lycéen, je me disais, surtout ne pas devenir prof.
Bon, j'ai parfois aimé ce boulot, mais sans plus. En revanche, j'ai toujours trouvé très lourde (voire inhumaine) cette représentation quotidienne devant un public pas toujours conquis. ( doux euphémisme). Et je trouve ce boulot de plus en plus usant.
@ Mélusine. Oui, ce "lexique religieux" est horripilant, déplacé, pernicieux et justifie toutes les dégradations et attaques contre le soi-disant "plus beau métier du monde".
- Tir_NoviceNiveau 4
Ce lexique religieux a peut-être aussi pour mérite de montrer que nous sommes d'une essence un peu supérieure au vulgaire.
Beaucoup d'entre nous agissent encore en véritables hussards noirs.
Beaucoup d'entre nous agissent encore en véritables hussards noirs.
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Dire oui, toujours et à tout le monde, et n’en faire qu’à sa tête. — (Jean Giono, Voyage en Italie)
- TangledingGrand Maître
Ça va tes chevilles essentielles, collègue ?Tir_Novice a écrit:Ce lexique religieux a peut-être aussi pour mérite de montrer que nous sommes d'une essence un peu supérieure au vulgaire.
Beaucoup d'entre nous agissent encore en véritables hussards noirs.
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- BaldredSage
@Marxou,
Tu as raison de remettre en lumière les pièges de l'enseignement "par vocation", souvent dénoncés, ici en particulier dans les fils concernant les stagiaires dont la fameuse " vocation" vole en éclats dans les premières semaines de stage avec les autres représentations que l'ancien bon élève plaque sur le métier.
La "professionnalisation" a aussi ses excès, mais elle a l'intérêt de nous penser comme métier.
C'est par exemple sur le métier que devrait porter l'inspection, et non sur ce qui tient lieu de critères pour distinguer le bon du mauvais.
Cependant les derniers ministres ont bien contribués à démolir ces représentations. Comme le souligne @Tangleding, il s'agit bien d'une crise de recrutement de plus en plus reconnue comme telle.
Reste que le mot vocation dit aussi quelque chose sur nos motivations pour devenir profs. @Elyas avait eu une intervention intéressante sur le malentendu qui a fait choisir ce métier à des gens qui ne pouvaient pas y trouver ce qu'ils cherchaient. il n'est donc pas inutile de nous interroger sur nos représentations du métier, par exemple en tenant compte de ce que dit @taillevent.
Cette question a sûrement déjà donné lieu à des travaux de recherches, mais il nous manque sans doute une bonne diffusion et/ou vulgarisation professionnelle.
Tu as raison de remettre en lumière les pièges de l'enseignement "par vocation", souvent dénoncés, ici en particulier dans les fils concernant les stagiaires dont la fameuse " vocation" vole en éclats dans les premières semaines de stage avec les autres représentations que l'ancien bon élève plaque sur le métier.
La "professionnalisation" a aussi ses excès, mais elle a l'intérêt de nous penser comme métier.
C'est par exemple sur le métier que devrait porter l'inspection, et non sur ce qui tient lieu de critères pour distinguer le bon du mauvais.
Cependant les derniers ministres ont bien contribués à démolir ces représentations. Comme le souligne @Tangleding, il s'agit bien d'une crise de recrutement de plus en plus reconnue comme telle.
Reste que le mot vocation dit aussi quelque chose sur nos motivations pour devenir profs. @Elyas avait eu une intervention intéressante sur le malentendu qui a fait choisir ce métier à des gens qui ne pouvaient pas y trouver ce qu'ils cherchaient. il n'est donc pas inutile de nous interroger sur nos représentations du métier, par exemple en tenant compte de ce que dit @taillevent.
Cette question a sûrement déjà donné lieu à des travaux de recherches, mais il nous manque sans doute une bonne diffusion et/ou vulgarisation professionnelle.
- HORAHabitué du forum
Taillevent a écrit:Ça n'est pas par hasard que ce terme est utilisé pour des professions comme l'enseignement ou les soins. J'ai l'impression que cet usage rejoint le regard que le regretté David Graeber portait sur les métiers de ce qu'il appelle le "care" (en général le terme est gardé en anglais car il est difficile à traduire dans toutes ses acceptions anglaises).
Il s'agit de l'idée que les métiers tournés vers l'attention, le soin (et voilà le problème de traduction ) sont moins valorisés dans notre société, ce qui aboutit à moins les payer. Selon Graeber, il y a un rapport de proportion inverse entre l'utilité sociale d'un métier (mesurée en gros par le principe "Si ce métier disparaît, comment le monde va-t-il se porter ?" ; résultat : les éboueurs tout en haut, les démarcheurs téléphoniques et les avocats d'affaire tout en bas) et le salaire versé. Son hypothèse d'explication serait que comme justement ces métiers sont utiles (et apportent donc un sentiment positif à ceux qui les exercent), il n'y aurait donc pas besoin d'en plus les récompenser financièrement. (Raisonnement qu'il n'approuve évidement pas.)
Depuis le confinement je me demande si ça ne tient pas à autre chose : tous les métiers indispensables au fonctionnement économique réel de la société (production) sont humiliés politiquement car si leurs employés s'avisaient de prendre conscience de leur pouvoir et d'en user, ce serait les rois de la fête. Il faut par exemple maintenir les enseignants dans une image très dévalorisée d'eux-mêmes pour qu'ils aient peur de redresser la tête (le salaire insultant et l'idéal de bonne soeur, aussi dévouée que prête à se sentir coupable des conséquences de décisions budgétaires prises par des planqués grassement payés, font partie des vexations).
- MarxouHabitué du forum
Taillevent a écrit:Ça n'est pas par hasard que ce terme est utilisé pour des professions comme l'enseignement ou les soins. J'ai l'impression que cet usage rejoint le regard que le regretté David Graeber portait sur les métiers de ce qu'il appelle le "care" (en général le terme est gardé en anglais car il est difficile à traduire dans toutes ses acceptions anglaises).
Il s'agit de l'idée que les métiers tournés vers l'attention, le soin (et voilà le problème de traduction ) sont moins valorisés dans notre société, ce qui aboutit à moins les payer. Selon Graeber, il y a un rapport de proportion inverse entre l'utilité sociale d'un métier (mesurée en gros par le principe "Si ce métier disparaît, comment le monde va-t-il se porter ?" ; résultat : les éboueurs tout en haut, les démarcheurs téléphoniques et les avocats d'affaire tout en bas) et le salaire versé. Son hypothèse d'explication serait que comme justement ces métiers sont utiles (et apportent donc un sentiment positif à ceux qui les exercent), il n'y aurait donc pas besoin d'en plus les récompenser financièrement. (Raisonnement qu'il n'approuve évidement pas.)
Absolument d'accord avec toi. L'analyse de Graeberg est très juste.
Mais une "petite" nuance: la destruction en oeuvre des services publics et le manque délibéré de moyens (hôpital, enseignement, ...) rendent plus ou moins fous les personnels concernés : injonctions contradictoires, impossibilité de faire correctement le travail assigné, d'où perte croissante de "sens", de ce sentiment d'utilité justement, désarroi immense, usure, sentiment de foutage de gueule de la part des décideurs, et à la fin, le sentiment "positif " censé découler de ces professions dites du "care" s'écroule.
Voir la crise du recrutement (et non des vocations, on est bien d'accord) dans l'EN et le système hospitalier. Démission massive des infirmières et croissante des profs.
- TailleventFidèle du forum
Je ne sais pas si je serais allé aussi loin que @HORA mais c'est intéressant.
Je ne saurais trop te conseiller la lecture de Bullshit jobs de Graeber, c'est très stimulant.
Pour revenir au sujet, je ne peux pas dire que ce métier soit un vocation pour moi non plus. Je me suis lancé dans mes études sans trop savoir ce que j'allais en faire. J'ai fait des remplacements comme boulot d'étudiant, parce que ça payait bien et que ça me permettait de tâter le terrain. J'ai eu de la chance, j'ai découvert un boulot que j'adorais et que j'adore toujours !
Je ne saurais trop te conseiller la lecture de Bullshit jobs de Graeber, c'est très stimulant.
Pour revenir au sujet, je ne peux pas dire que ce métier soit un vocation pour moi non plus. Je me suis lancé dans mes études sans trop savoir ce que j'allais en faire. J'ai fait des remplacements comme boulot d'étudiant, parce que ça payait bien et que ça me permettait de tâter le terrain. J'ai eu de la chance, j'ai découvert un boulot que j'adorais et que j'adore toujours !
- MalavitaÉrudit
zigmag17 a écrit:Ha@_x a écrit:zigmag17 a écrit:C'est pour ça qu'en bac pro GA ( Gestion Administration)
Je croyais qu'on disait Agora maintenant...
Ok je sors.
J'ai de vieux réflexes. J'ai des 1 Agora d'ailleurs cette année, je continue de les appeler"GA", ça ne les choque pas!(savent-ils seulement en quoi ils sont inscrits??? )
De toute manière l'appellation change tous les ans.
Non, mais il faut être précis : GATL en seconde, et en 1e et Terminale, AGORA, OTM ou logistique ! Et si vous avez une classe mixte, vous ne savez pas comment les appeler !
- User20159Esprit éclairé
Malavita a écrit:Non, mais il faut être précis : GATL en seconde, et en 1e et Terminale, AGORA, OTM ou logistique ! Et si vous avez une classe mixte, vous ne savez pas comment les appeler !
Rien que pour ça, je suis heureux de ne plus être PP de 3e
- Tir_NoviceNiveau 4
Tangleding a écrit:Ça va tes chevilles essentielles, collègue ?Tir_Novice a écrit:Ce lexique religieux a peut-être aussi pour mérite de montrer que nous sommes d'une essence un peu supérieure au vulgaire.
Beaucoup d'entre nous agissent encore en véritables hussards noirs.
Je ne parle pas de moi : je ne suis pas plus essentiel qu'un autre (quoiqu'en disent mes élèves). D'ailleurs, bientôt, je ne serai plus professeur. L'aigreur et le malaise de mes collègues ont déjà détruit mes maigres espoirs. N'est-ce pas là immensément regrettable ?
Tu ne peux nier que notre métier ait un côté aristocratique. Dans de très nombreuses sociétés qui nous ont précédées, savants et intellectuels et professeurs représentaient le plus haut degré du genre humain (je pense à l'Inde des brahmanes, par exemple). Les professeurs doivent peut-être réapprendre à se distinguer par leurs pratiques culturelles et leur mode de vie et aspirer à retrouver l'otium (ce que je crois possible, bien que délicat). Méfions-nous des problématiques existentielles vulgaires, même si notre précarité matérielle nous y conduit insensiblement.
Je comprends néanmoins si ma formulation dérange à l'ère égalitaire et démocratique. Désolé si j'ai pu paraître présomptueux.
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Dire oui, toujours et à tout le monde, et n’en faire qu’à sa tête. — (Jean Giono, Voyage en Italie)
- A TuinVénérable
HORA a écrit:Taillevent a écrit:Ça n'est pas par hasard que ce terme est utilisé pour des professions comme l'enseignement ou les soins. J'ai l'impression que cet usage rejoint le regard que le regretté David Graeber portait sur les métiers de ce qu'il appelle le "care" (en général le terme est gardé en anglais car il est difficile à traduire dans toutes ses acceptions anglaises).
Il s'agit de l'idée que les métiers tournés vers l'attention, le soin (et voilà le problème de traduction ) sont moins valorisés dans notre société, ce qui aboutit à moins les payer. Selon Graeber, il y a un rapport de proportion inverse entre l'utilité sociale d'un métier (mesurée en gros par le principe "Si ce métier disparaît, comment le monde va-t-il se porter ?" ; résultat : les éboueurs tout en haut, les démarcheurs téléphoniques et les avocats d'affaire tout en bas) et le salaire versé. Son hypothèse d'explication serait que comme justement ces métiers sont utiles (et apportent donc un sentiment positif à ceux qui les exercent), il n'y aurait donc pas besoin d'en plus les récompenser financièrement. (Raisonnement qu'il n'approuve évidement pas.)
Depuis le confinement je me demande si ça ne tient pas à autre chose : tous les métiers indispensables au fonctionnement économique réel de la société (production) sont humiliés politiquement car si leurs employés s'avisaient de prendre conscience de leur pouvoir et d'en user, ce serait les rois de la fête. Il faut par exemple maintenir les enseignants dans une image très dévalorisée d'eux-mêmes pour qu'ils aient peur de redresser la tête (le salaire insultant et l'idéal de bonne soeur, aussi dévouée que prête à se sentir coupable des conséquences de décisions budgétaires prises par des planqués grassement payés, font partie des vexations).
Dernièrement notre supérieur a dit à une collègue qui demandait combien d'heures supp' elle toucherait - pour un travail en plus qui était demandé - qu'il s'agissait là d'une vision mercantile et intéressée de son travail. Après je pense qu'ils étaient dans leurs humours respectifs, je n'en suis pas fan, mais on retrouve bien l'idée qu'il faudrait travailler gratuitement, et si on réclame, c'est qu'on est cupide.
- TangledingGrand Maître
Ah oui, la démocratie, l'égalité, ces machins has-been...
L'aristocratie du métier, rien que ça.
Bon. Bonne reconversion mais je trouve ta vision du métier assez curieuse.
L'aristocratie du métier, rien que ça.
Bon. Bonne reconversion mais je trouve ta vision du métier assez curieuse.
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- AscagneGrand sage
Officiellement parlant, on parle en effet d'un métier, avec son recrutement, ses règles, sont traitement. La République doit se préoccuper que les postes soient occupés, que le métier attire. Qu'elle gagne beaucoup à ce qu'il y ait le plus possible de professeurs ayant telle ou telle vocation particulière, c'est à mon avis très vrai, maintenant, ce n'est pas un prétexte pour qu'elle utilise démesurément l'argument de la vocation pour attirer, sans se préoccuper autant que nécessaire des bonnes conditions du métier lui-même. En tout cas, même des collègues qui ont particulièrement la vocation d'être enseignant du secondaire, sentent bien où se trouvent les problèmes actuellement, et c'est un signe. Pour moi qui n'ai pas cette vocation-là, c'est encore plus parlant.
- NicétasNiveau 9
Ascagne a écrit:Officiellement parlant, on parle en effet d'un métier, avec son recrutement, ses règles, sont traitement. La République doit se préoccuper que les postes soient occupés, que le métier attire. Qu'elle gagne beaucoup à ce qu'il y ait le plus possible de professeurs ayant telle ou telle vocation particulière, c'est à mon avis très vrai, maintenant, ce n'est pas un prétexte pour qu'elle utilise démesurément l'argument de la vocation pour attirer, sans se préoccuper autant que nécessaire des bonnes conditions du métier lui-même. En tout cas, même des collègues qui ont particulièrement la vocation d'être enseignant du secondaire, sentent bien où se trouvent les problèmes actuellement, et c'est un signe. Pour moi qui n'ai pas cette vocation-là, c'est encore plus parlant.
Tu parles d'or !
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« Quand un discours naturel peint une passion ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu'on entend, laquelle on ne savait pas qu'elle y fût, en sorte qu'on est porté à aimer celui qui nous le fait sentir ; car il ne nous a pas fait montre de son bien, mais du nôtre ; et ainsi ce bienfait nous le rend aimable, outre que cette communauté d'intelligence que nous avons avec lui incline nécessairement le cœur à l'aimer. »
Pascal, Pensées
- Tir_NoviceNiveau 4
Tangleding a écrit:Ah oui, la démocratie, l'égalité, ces machins has-been...
L'aristocratie du métier, rien que ça.
Bon. Bonne reconversion mais je trouve ta vision du métier assez curieuse.
Nous avons un métier d'intellectuel et relativement désintéressé. Nous transmettons des savoirs (parfois) complexes. Nous faisons grandir nos jeunes et les rendons un peu plus libres. Nous ne sommes quand même pas des traders chez BlackRock ou des vendeurs d'armes, mince !
Je te rappelle que la IIIe République donnait les moyens symboliques et matériels pour faire de nous de tels aristocrates. Thomas Piketty dans son Capital au XXIe siècle rappelle que les professeurs appartenaient alors systématiquement au dernier décile de revenus.
Peut-être peux-tu expliquer plus en détail le fond de ta pensée, plutôt que la suggérer ? Ce n'est pas assez clair pour moi. D'ailleurs, je n'ai pas dit que la démocratie et l'égalité étaient périmées. Tu dois aussi admettre que la démocratie actuelle s'accommode très bien d'inégalités fortes et de privilèges.
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Dire oui, toujours et à tout le monde, et n’en faire qu’à sa tête. — (Jean Giono, Voyage en Italie)
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