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- Sissi d'AutricheNiveau 5
En pleine rupture avec mon ex-conjoint avec lequel j'étais pacsée depuis 6 ans (rupture difficile avec des menaces de sa part, etc...), mes deux chefs d'établissement m'ont dit en entretien que "je n'avais pas l'air de vivre une période difficile" et qu'ils ne me croyaient pas. J'ai dû leur demander s'ils voulaient que je leur raconte des détails intimes (chose à laquelle je répugne mais j'ai quand même posé la question pour voir.) Visiblement c'est ce qu'ils attendaient.
Depuis, je n'ai que mépris pour un des deux.
Depuis, je n'ai que mépris pour un des deux.
- piescoModérateur
Tu n'en fais pas partie ?Sissi d'Autriche a écrit:Fires of Pompeii a écrit:Ah ben si c’est la faute des femmes alors. Merci pour le sexisme, on avait bien besoin de ça
Je suis une femme et je n’accepte pas. Mais bon puisque c’est la faute de la féminisation hein c’est bien pratique…
Désolée si c'est sexiste, mais je trouve vraiment que l'argument "faut vous fatiguer à la tâche et faire une croix sur votre vie personnelle car c'est dans l'intérêt des élèves" beaucoup plus efficace chez les femmes que chez les hommes.
Mais si les femmes en prennent conscience, elles peuvent faire changer la donne.
- ThalieGrand sage
Sisi a déjà dit plusieurs fois plus haut qu'elle ne se laisse pas influencer par ce genre de chantage.
- CléopâtreNiveau 4
Lefteris a écrit:Non, ni brillant ni fou. Pas fou d'abord : je n'ai pas choisi, j'ai été choisi : quand j'ai été pris à la gorge, j'ai fait le boulot le plus immédiatement accessible ne sachant rien faire d'autre que ce qui était un violon d'Ingres, et comme j'avais déjà eu le concours (mais laissé tomber , donc pas si fou), je savais que je pouvais récidiver au pied levé, et en plus j'avais quand même un boulot mieux , donc au pire je mangeais quand-même. Pas spécialement brillant non plus, je me suis contenté de copier-coller ce que j'avais déjà fait. En outre la situation était différente : ce n'était certes pas radieux, mais c'était quelque temps avant le Marchand de Shampoing ( suivi par la Marchande de sable) et la situation a encore constamment et vertigineusement dégringolé depuis. Le décrochage complet de la profession, qui avait commencé, mais pas de manière aussi flagrante, date à peu près de là.Cléopâtre a écrit:
Haha, oui, tu t'es trompé de sens...
Je t'ai toujours lu avec un grand intérêt. Je me suis toujours dit: cet homme est brillant et... Fou. Que n'a-t-il choisi autre chose?
Avantages que je ne peux nier : j'étais sûr et certain d'avoir un poste à côté de chez moi (points de reclassements d'un fonctionnaire d'Etat), et d'avoir un concours immédiatement sans me pourrir la vie (le capes hein, l'agreg a été une autre paire de manches, donc pas "brillant").
En revanche, j'ai été reçu comme un chien dans un jeu de quilles, et à chaque étape de ma vie administrative, la déesse Malveillance, qui règne sur l'EN, a frappé : "on" a essayé de ne pas me reclasser, puis "on" n"a pas harmonisé ma note et on m'a produit un arrêté erroné, puis "on" a recommencé à m'enlever de l'ancienneté dans mon second reclassement. J'ai gagné tout ça à force recours sauf un que j'ai laissé tomber (ça occupe un tiroir, et merci le médiateur de l'époque, très efficace et critique sur l'EN d'ailleurs) , puis "on" m'a fait traîner dans tous les derniers échelons de chaque corps et de chaque grade, quand d'autres bondissaient, du 9e ou 10e à la HC, puis du début de la HC à la CE. Comme la tortue de la fable, heureusement que je suis parti à temps, c'est-à-dire haut (grâce aux recours) , et que même en traînant, en prenant l'omnibus, j'ai un statut de "privilégié" dans cette Cour des Miracles.Coup de bol aussi , je suis tombé sur un vieil inspecteur, adepte des connaissances, de la mémorisation, des cours faits par le professeur, et je ne me suis jamais fait tailler en pièces comme des malheureux que j'ai connus et à la place desquels j'aurais pu être, quoique déjà faisandé et obsolète à mon entrée dans le métier. J'ai discuté avec une jeune stagiaire que je prends dans mes cours (pas la mienne, je n'en veux plus vu ce que je pense du métier) , et je lui ai dit mon salaire. Elle me dit "ça va, pas mal", mais je lui ai répondu que je représentais moins de 5% des enseignants, que je pouvais être son père, qu'elle passerait vingt ans environ en gagnant la moitié, que les conditions allaient encore se durcir ( on va rire, après CAP 2022 ...) et que moi -même je n'arrivais à peine qu'à mon traitement antérieur de catégorie A.
Franchement, vu le sort de ma discipline, la régression sociale des enseignants, les conditions de travail détériorées à la vitesse grand V, la difficulté à partir, je ne peux décemment conseiller ce projet à quelqu'un. Et encore je n'ai pas eu droit aux réflexions hallucinantes, que l'on dirait sorties d'une dystopie, que je viens de lire sur le conjoint superflu, ou la grossesse. Faites des lettres oui , mais pour le plaisir...
Pas si fou?... D'accord. Comme tu le dis, les choses se sont beaucoup dégradées entre temps. J'ai du mal à le voir car je suis restée 7 ans et demi dans l'EN, mais de nombreux témoignages de collègues allaient dans ce sens.
Même chose: je ne peux conseiller ce projet, et en même temps, je n'arrive pas à le déconseiller franchement (j'essaie de ne pas dégoûter les autres du métier, même si l'envie de dire aux aspirants professeurs de fuir me brûlent souvent les lèvres). Mais je n'ai pas d'enfant, et si j'en avais un, sans doute le ferais-je sans prendre de gants.
J'ai appris beaucoup de choses dans ton post alors merci! Ainsi, il y en a qui usent des voies de recours... Je pensais que personne n'avait le courage, ou la foi, ou le temps, ou...
- CléopâtreNiveau 4
Crapaud a écrit:@Cléopâtre : merci !
J'ai moi même mis assez longtemps à comprendre que j'étais capable de faire autre chose qu'enseigner. Je suppose que ce cheminement prend plus ou moins de temps selon les personnes.
Oh, moi aussi, j'ai mis du temps...
- A TuinVénérable
Sissi d'Autriche a écrit:En pleine rupture avec mon ex-conjoint avec lequel j'étais pacsée depuis 6 ans (rupture difficile avec des menaces de sa part, etc...), mes deux chefs d'établissement m'ont dit en entretien que "je n'avais pas l'air de vivre une période difficile" et qu'ils ne me croyaient pas. J'ai dû leur demander s'ils voulaient que je leur raconte des détails intimes (chose à laquelle je répugne mais j'ai quand même posé la question pour voir.) Visiblement c'est ce qu'ils attendaient.
Depuis, je n'ai que mépris pour un des deux.
Cela me fait penser à ce que m'avait raconté une amie, à l'époque où elle venait d'avoir une chimio pour combattre son cancer. Elle devait se rentre à un rendez-vous médical du rectorat où un médecin devait juger de la "pertinence" du maintien de son arrêt longue durée. Elle s'était préparée, maquillée, bien présentée sur le plan vestimentaire pour montrer qu'elle voulait rebondir et se battait. Il lui a été reproché de "ne pas avoir l'air bien malade". Elle était dégoûtée et avait dû se rendre à un nouveau rendez-vous fixé plus tard. Cette fois -la pour avoir la paix elle m'avait raconté y être allée comme au saut du lit, décoiffée, pas maquillée, habillée quelconque.
Elle n'est plus là pour pourvoir en parler. La malveillance de certains peut atteindre des sommets dans le milieu professionnel.
- LefterisEsprit sacré
Tu soulèves un point important avec ces recours : l'administration, en la personne de ceux qui gèrent, joue sur le fait que beaucoup se découragent, laissent tomber. Cela n'est pas propre à l'EN, je l'ai entendu cyniquement d'un DRH dans une autre administration. En plus, ils jouent sur le temps, n'ayant pas de responsabilité personnelle. Quand les recours aboutissent, ils ne sont parfois plus là. Même moi, j'en ai laissé tomber un , trop de choses en même temps (trois recours dans mon second reclassement en changeant de corps), et j'ai privilégié le plus important et là où j'étais certain de gagner, puisque c'était en partie les conséquences non totalement réparées du premier que j'avais gagné.Cléopâtre a écrit:
J'ai appris beaucoup de choses dans ton post alors merci! Ainsi, il y en a qui usent des voies de recours... Je pensais que personne n'avait le courage, ou la foi, ou le temps, ou...
De plus, et c'est là que le bât blesse, il y a de moins en moins de recours possibles parce qu'il y a de moins en moins de repères, de droits, de barèmes. On commence à le voir dans les syndicats avec les recours PPCR, puisqu'il n'y a plus de barème national ni de CAP. Même chose pour les avancements à la HC , la CE, les mutations, on ne connaît plus le rang ou les barèmes des autres. Exemple très concret : un de mes recours portait sur la mise à niveau de ma note, j'étais en retard sur tout le monde parce que suite au premier reclassement, où l'on m'avait repris mon ancienneté, mis au bon échelon, mais on avait oublié d'harmoniser certaines choses, dont la note correspondante. Je risquais de rater la HC qui se jouait au 10e de points. Là je jouais sur du velours ( bon le rectorat a bien entendu commencé par refuser immédiatement...) parce qu'il y avait une erreur matérielle évidente au départ, ainsi que des grilles de notation qui servaient de garde-fous. Mais aujourd'hui, je ne vois pas sur quelle base je pourrais contester un avis, une éviction de l'avancement. En ce moment, on se retrouve avec des collègues dans l'incompréhension quant à l'obtention d'un poste en intra. Ils voient des moins anciens leur passer devant, chose qu'ils apprennent par le bouche à oreille puisqu'il n'y a plus le fameux tableau nominatif des points sur les 20 choix, et dont les syndicats étaient destinataires.
Bref, l'arbitraire grandissant et le retrait progressif des droits statutaires vont fortement contribuer à durcir le métier, et ce n'est pas un mince argument. Oui, la situation s'est fortement dégradée, même depuis que j'y suis (je m'en suis certes tiré à peu près sur le plan administratif -j'ai quand même traînaillé, mais j'ai vu quasiment disparaître ma discipline, mon travail s'est transformé et dégradé), et comme plusieurs intervenants ici je place l'accélération de la chute aux années 2010-2011, où se sont enchaînés les mauvais coups : non remplacement de 80 000 postes, puis coups dans le statut, réforme 1 du lycée, puis du lycée pro et du collège, démolition du bac, nouveaux coups dans le statut prévus à partir de 2022 (cf. Grenelle). Les "auto-évaluations" locales qui commencent sont en réalité des audits qui préparent le terrain...
_________________
"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
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