- AlcyoneFidèle du forum
Bonjour,
J'ai un élève gravement malade dans ma classe (leucémie). Dans mon programme, à plusieurs reprises, le thème de la mort sera abordé (mort de Tristan et Iseut, mort violente des chiens dans L'Appel de la forêt, et là, très bientôt, au détour d'une vidéo, la mort des guerriers vikings). Je ne sais pas comment appréhender cela, d'autant que c'est un élève dont la scolarité est chaotique, qui est soumis à de nombreuses phases de traitement. Il vient en classe lorsque son état le permet pour garder "un lien" avec la classe, les camarades. Je me dis que l'école lui change peut-être les idées également. Comment parler de la mort du coup ? Je suis très gênée, peinée. Je ne sais pas comment faire.
J'ai un élève gravement malade dans ma classe (leucémie). Dans mon programme, à plusieurs reprises, le thème de la mort sera abordé (mort de Tristan et Iseut, mort violente des chiens dans L'Appel de la forêt, et là, très bientôt, au détour d'une vidéo, la mort des guerriers vikings). Je ne sais pas comment appréhender cela, d'autant que c'est un élève dont la scolarité est chaotique, qui est soumis à de nombreuses phases de traitement. Il vient en classe lorsque son état le permet pour garder "un lien" avec la classe, les camarades. Je me dis que l'école lui change peut-être les idées également. Comment parler de la mort du coup ? Je suis très gênée, peinée. Je ne sais pas comment faire.
- TailleventFidèle du forum
Je ne connais pas ton élève, donc c'est très délicat de se prononcer. Le plus simple serait peut-être de lui en parler directement.
J'ai vécu quelque chose d'assez similaire : cancer à 14-15 ans, une année de scolarité totalement mise de côté, je n'allais au cours que de manière épisodique, strictement pour garder le contact. La question de la mort de me gênait pas plus que ça : je vivais avec et je gérais la question avec un sens du sarcasme et de l'humour noir qui mettait (oublions l'imparfait, ça arrive toujours) beaucoup de gens mal à l'aise. En fait, si un sujet comme ça était arrivé sur le tapis en cours à ce moment-là, j'aurais sans doute été la cause du malaise ;-)
Ceci dit, j'ai connu des gens qui avaient vécu des situations similaires et dont le vécu était très différent. J'en reviens donc à mon idée : si ça semble faisable, en parler avec l'élève concerné. Aborder d'abord le sujet de manière franche mais délicate et se tenir prêt à s'arrêter si ça semble ne pas passer, sans pour autant surprotéger la personne.
J'ai vécu quelque chose d'assez similaire : cancer à 14-15 ans, une année de scolarité totalement mise de côté, je n'allais au cours que de manière épisodique, strictement pour garder le contact. La question de la mort de me gênait pas plus que ça : je vivais avec et je gérais la question avec un sens du sarcasme et de l'humour noir qui mettait (oublions l'imparfait, ça arrive toujours) beaucoup de gens mal à l'aise. En fait, si un sujet comme ça était arrivé sur le tapis en cours à ce moment-là, j'aurais sans doute été la cause du malaise ;-)
Ceci dit, j'ai connu des gens qui avaient vécu des situations similaires et dont le vécu était très différent. J'en reviens donc à mon idée : si ça semble faisable, en parler avec l'élève concerné. Aborder d'abord le sujet de manière franche mais délicate et se tenir prêt à s'arrêter si ça semble ne pas passer, sans pour autant surprotéger la personne.
- LombalgiaNiveau 10
Heu... apostropher un jeune cancéreux pour lui demander, comme ça, comment il se sent par rapport à l'idée de la mort, pour le coup c'est ça que je trouve choquant et même stigmatisant. J'imagine bien que la question ne serait pas aussi directe, mais quand même...
Je pense que tu dois traiter ton programme comme convenu. Il faut envoyer de la force et de l'envie de vivre et de se battre et d'apprendre à ce jeune homme qui n'en manque sans doute pas, et surtout pas de la gêne ou de la peine, pour le dire autrement de la pitié. C'est toi qui projettes trop de choses et c'est ça qui pourrait être malsain. Ton questionnement part d'un bon sentiment, mais il faut continuer ton travail normalement, au contraire.
Je pense que tu dois traiter ton programme comme convenu. Il faut envoyer de la force et de l'envie de vivre et de se battre et d'apprendre à ce jeune homme qui n'en manque sans doute pas, et surtout pas de la gêne ou de la peine, pour le dire autrement de la pitié. C'est toi qui projettes trop de choses et c'est ça qui pourrait être malsain. Ton questionnement part d'un bon sentiment, mais il faut continuer ton travail normalement, au contraire.
- gregforeverGrand sage
L'an passé un seconde a perdu sa mère; deux mois après..."aujourd'hui maman est morte", j'avais prévu l'étude de Camus. Il n'a pas beaucoup réagi (je le surveillais) et dans sa copie a dit avoir apprécié l'oeuvre.
- TailleventFidèle du forum
Lombalgia a écrit:Heu... apostropher un jeune cancéreux pour lui demander, comme ça, comment il se sent par rapport à l'idée de la mort, pour le coup c'est ça que je trouve choquant et même stigmatisant. J'imagine bien que la question ne serait pas aussi directe, mais quand même...
Je pense que tu dois traiter ton programme comme convenu. Il faut envoyer de la force et de l'envie de vivre et de se battre et d'apprendre à ce jeune homme qui n'en manque sans doute pas, et surtout pas de la gêne ou de la peine, pour le dire autrement de la pitié. C'est toi qui projettes trop de choses et c'est ça qui pourrait être malsain. Ton questionnement part d'un bon sentiment, mais il faut continuer ton travail normalement, au contraire.
Je ne parle pas de l’apostropher, seulement d'aborder le sujet, en privé, avec lui, de manière délicate. Je n'y vois rien de stigmatisant, juste une attention montrant qu'on comprend qu'une situation peut être particulière. Je crois qu'il ne faut pas sous-estimer une chose : quand on est dans cette situation, l'idée de mort est là, qu'on le veuille ou non et c'est quasiment à coup sûr une question qu'il se sera posée (sauf s'il est dans une forme de fuite, auquel cas poser la question de manière délicate serait d'autant plus important).
Je ne pense pas non plus qu'il faille trop infléchir le programme, plutôt par moment se demander comment amener les choses en fonction du vécu de l'élève.
- LombalgiaNiveau 10
Taillevent a écrit:Je ne parle pas de l’apostropher, seulement d'aborder le sujet, en privé, avec lui, de manière délicate.
J'avais bien compris. Mais oui ça reste une forme d'apostrophe "Ah tiens, Machin, j'aimerais bien qu'on parle un peu, tu pourras venir me voir à telle heure". Si c'est seulement pour prendre de ses nouvelles, de la façon dont il a vécu les derniers mois, du temps qu'il arrive à dégager pour se mettre au travail, de sa fatigue, de ce qui l'intéresse, de ses projets, de son découragement peut-être, etc. ok. Mais de son rapport à la mort ? "Tu y penses que peut-être la maladie aura le dessus ?", "Est-ce que tu as peur ?", "Tu veux en parler ?". Perso je n'apprécierais pas du tout du tout du tout, en tant que parent pas davantage. Sous couvert de délicatesse, oui je trouve ça terriblement stigmatisant, intrusif et voyeur. Malgré toutes les bonnes intentions il s'agit d'une attitude surplombante et malvenue. On n'est pas prêtre, on n'est pas psy, on n'est pas médecin, on n'a pas à prendre l'initiative de se mêler du rapport à la mort d'un élève bien vivant qui ne nous a rien demandé. D'ailleurs il nous enterrera peut-être :sourit:
Si l'élève vient de lui-même parler c'est totalement différent. Mais prendre l'initiative d'un échange sur ce sujet, ben beurk quoi. D'où on se permet ? Qu'est-ce qu'on y connaît en mort d'abord ?
J'ai bien noté Taillevent, que tu es passé par là en tant que malade et que tu es partisan d'aborder l'élève sur le sujet. Je veux juste dire que je ne partage pas du tout cet avis.
- ysabelDevin
Cette année en 1ère techno, 1ère EL, "Le Petit Malade" de Courteline, où l'enfant serait paralysé... j'ai une élève en fauteuil dans cette classe, ben tant pis, je l'ai fait quand même ; tout était hyper cadré (surtout pour la 1ère de l'année), je n'allais pas changer.
Je pense que ces personnes malades ont l'habitude de gérer ce genre de situation... Comme on peut dire à quelqu'un d'aveugle : tu vois ce que je veux dire.
Je pense que ces personnes malades ont l'habitude de gérer ce genre de situation... Comme on peut dire à quelqu'un d'aveugle : tu vois ce que je veux dire.
_________________
« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- ProflambdadaHabitué du forum
Tu étudierais des œuvres qui traitent de la maladie, je comprendrais davantage ta démarche... Là il s'agit de la mort... Même malade, ce jeune homme ne se sent peut être pas concerné (plus qu'un autre) par ce sujet là, précisément parce qu'il est malade... Il est tout à fait possible qu'il ne veuille pas envisager cette issue et ce serait très indélicat de la confronter à tes propres questionnements et inquiétudes...
- Nina68Niveau 9
Lombalgia a écrit:Je ne parle pas de l’apostropher, seulement d'aborder le sujet, en privé, avec lui, de manière délicate.
J'avais bien compris. Mais oui ça reste une forme d'apostrophe "Ah tiens, Machin, j'aimerais bien qu'on parle un peu, tu pourras venir me voir à telle heure". Si c'est seulement pour prendre de ses nouvelles, de la façon dont il a vécu les derniers mois, du temps qu'il arrive à dégager pour se mettre au travail, de sa fatigue, de ce qui l'intéresse, de ses projets, de son découragement peut-être, etc. ok. Mais de son rapport à la mort ? "Tu y penses que peut-être la maladie aura le dessus ?", "Est-ce que tu as peur ?", "Tu veux en parler ?". Perso je n'apprécierais pas du tout du tout du tout, en tant que parent pas davantage. Sous couvert de délicatesse, oui je trouve ça terriblement stigmatisant, intrusif et voyeur. Malgré toutes les bonnes intentions il s'agit d'une attitude surplombante et malvenue. On n'est pas prêtre, on n'est pas psy, on n'est pas médecin, on n'a pas à prendre l'initiative de se mêler du rapport à la mort d'un élève bien vivant qui ne nous a rien demandé. D'ailleurs il nous enterrera peut-être :sourit:
Si l'élève vient de lui-même parler c'est totalement différent. Mais prendre l'initiative d'un échange sur ce sujet, ben beurk quoi. D'où on se permet ?
J'ai bien noté Taillevent, que tu es passé par là et que tu es partisan d'aborder l'élève sur le sujet. Je veux juste dire que je ne partage pas du tout cet avis.
Je suis tout à fait d'accord avec le message que je cite. C'est extrêmement délicat et je pense qu'une telle conversation est à proscrire, pour toutes les raisons énoncées. De plus, même quand une personne est condamnée à brève échéance, il arrive qu'elle fasse du déni, pour se protéger justement. Avez-vous ce type de conversation avec les personnes très âgées de votre famille ?
- lene75Prophète
Même position que celle de Lombalgia.
D'autant que les situations que tu comptes évoquer sont quand même très très éloignées de la sienne.
Je rajouterais aussi qu'il n'est peut-être pas le seul à être concerné par la question de la mort, d'autres dans la classe le sont peut-être de façon encore plus proche sans que tu le saches. Je pense par exemple à plusieurs élèves que j'ai eus dont le frère ou la sœur s'était suicidé plus ou moins récemment : ce sont des informations qui ne nous sont en général pas communiquées en début d'année et qu'on apprend un peu par hasard dans l'année, quand on les apprend. Mais ça peut très bien aussi être tout simplement un élève qui vient de perdre un grand-parent et qui le vit mal.
D'autant que les situations que tu comptes évoquer sont quand même très très éloignées de la sienne.
Je rajouterais aussi qu'il n'est peut-être pas le seul à être concerné par la question de la mort, d'autres dans la classe le sont peut-être de façon encore plus proche sans que tu le saches. Je pense par exemple à plusieurs élèves que j'ai eus dont le frère ou la sœur s'était suicidé plus ou moins récemment : ce sont des informations qui ne nous sont en général pas communiquées en début d'année et qu'on apprend un peu par hasard dans l'année, quand on les apprend. Mais ça peut très bien aussi être tout simplement un élève qui vient de perdre un grand-parent et qui le vit mal.
_________________
Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- zeprofGrand sage
gregforever a écrit:L'an passé un seconde a perdu sa mère; deux mois après..."aujourd'hui maman est morte", j'avais prévu l'étude de Camus. Il n'a pas beaucoup réagi (je le surveillais) et dans sa copie a dit avoir apprécié l'oeuvre.
situation un peu similaire : je rentrais de congé maternité, c'était après les vacances de la Toussaint, je ne connais pas la classe : je commence par des extraits de "la vie devant soi" où Gary évoque sa maman. Un des élèves se met à pleurer, demande à sortir.... consternation de mon coté, les autres m'expliquent que sa maman est décédée pendant les vacances...
j'en ai été malade, je me sentais tellement stupide. On en a discuté longuement... il ne m'en a jamais tenu rigueur, il m'a même dit qu'il avait trouvé les extraits particulièrement émouvants et ils lui ont permis d'exprimer une peine qu'il n'avait jamais pu exprimer auparavant, s'interdisant de pleurer au chevet de sa mère.
ce jeune homme a aujourd'hui 30 ans, il m'écrit encore régulièrement pour me donner des nouvelles.
_________________
"La peur est le chemin vers le côté obscur: la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine… mène à la souffrance."
- scot69Modérateur
J'essaie de me mettre à leur place (vraiment j'essaie, car c'est impossible), peut-être en ont ils justement assez que l'on prenne trop de pincettes avec eux? c'est juste une supposition.
- A reboursEsprit éclairé
Je me permets d'intervenir en tant que maman d'une petite fille de bientôt 5 ans et qui justement subit des traitements pour une leucémie depuis un an.
J'ai envie de dire que cela dépend de beaucoup de choses : l'âge de l'élève, son rapport à la maladie, la conscience qu'il a - ou non - de sa gravité, de son avancée dans les traitements.
Au début, ma fille voulait tout savoir sur sa maladie (mais trop jeune pour avoir conscience de la possibilité d'en mourir), lorsqu'elle est brièvement retournée à l'école fin juin, c'est elle qui a voulu en parler à sa classe.
En revanche, maintenant, elle demande juste à être une élève comme les autres, ne souhaite pas spécialement en parler, s'en agace même parfois (tout en n'étant ni dans le déni ni dans le rejet). Elle veut juste vivre sa vie avec ses copines et apprendre comme elles à l'école.
Si sa PE venait à insister sur sa maladie, à lui en parler particulièrement, je serais très contrariée qu'elle ne prenne pas l'avis des parents au préalable.
Le sujet est sensible, et nous ne sommes qu'enseignants.
Alors je dirais, voir avec la famille si l'idée de la mort peut perturber l'élève, le cas échéant avec l'infirmière scolaire.
Côté hôpital, le SASAD a des psychologues qui interviennent au besoin en milieu scolaire, devant la classe, ou autre.
Ce n'est qu'un témoignage personnel
J'ai envie de dire que cela dépend de beaucoup de choses : l'âge de l'élève, son rapport à la maladie, la conscience qu'il a - ou non - de sa gravité, de son avancée dans les traitements.
Au début, ma fille voulait tout savoir sur sa maladie (mais trop jeune pour avoir conscience de la possibilité d'en mourir), lorsqu'elle est brièvement retournée à l'école fin juin, c'est elle qui a voulu en parler à sa classe.
En revanche, maintenant, elle demande juste à être une élève comme les autres, ne souhaite pas spécialement en parler, s'en agace même parfois (tout en n'étant ni dans le déni ni dans le rejet). Elle veut juste vivre sa vie avec ses copines et apprendre comme elles à l'école.
Si sa PE venait à insister sur sa maladie, à lui en parler particulièrement, je serais très contrariée qu'elle ne prenne pas l'avis des parents au préalable.
Le sujet est sensible, et nous ne sommes qu'enseignants.
Alors je dirais, voir avec la famille si l'idée de la mort peut perturber l'élève, le cas échéant avec l'infirmière scolaire.
Côté hôpital, le SASAD a des psychologues qui interviennent au besoin en milieu scolaire, devant la classe, ou autre.
Ce n'est qu'un témoignage personnel
- lene75Prophète
scot69 a écrit:J'essaie de me mettre à leur place (vraiment j'essaie, car c'est impossible), peut-être en ont ils justement assez que l'on prenne trop de pincettes avec eux? c'est juste une supposition.
Je ne suis pas directement concernée, puisque seulement maman d'une petite fille dont le pronostic vital était engagé, mais clairement, c'est une des choses qui a été le plus difficile à vivre pour moi, d'être traitée comme une pestiférée au boulot. Les conversations qui s'arrêtent, les sujets tabous devant moi...
En tout cas, à l'hôpital, dans les services pour enfants et ados, ça ne semble pas être la politique adoptée, ni par les médecins, ni par les bénévoles. Ils traitent les gamins comme n'importe quel autre gamin, même si après en off il se dit d'autres choses. Et je crois vraiment que c'est salutaire : ne pas être poussé vers la tombe avant d'y être, et alors que pour la plupart d'entre eux c'est hors de propos puisqu'ils guériront.
_________________
Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- A reboursEsprit éclairé
lene75 a écrit:scot69 a écrit:J'essaie de me mettre à leur place (vraiment j'essaie, car c'est impossible), peut-être en ont ils justement assez que l'on prenne trop de pincettes avec eux? c'est juste une supposition.
Je ne suis pas directement concernée, puisque seulement maman d'une petite fille dont le pronostic vital était engagé, mais clairement, c'est une des choses qui a été le plus difficile à vivre pour moi, d'être traitée comme une pestiférée au boulot. Les conversations qui s'arrêtent, les sujets tabous devant moi...
En tout cas, à l'hôpital, dans les services pour enfants et ados, ça ne semble pas être la politique adoptée, ni par les médecins, ni par les bénévoles. Ils traitent les gamins comme n'importe quel autre gamin, même si après en off il se dit d'autres choses. Et je crois vraiment que c'est salutaire : ne pas être poussé vers la tombe avant d'y être, et alors que pour la plupart d'entre eux c'est hors de propos puisqu'ils guériront.
Complètement d'accord avec toi. Vivre, se soigner, guérir, sans penser au-delà (philosophiquement, il y a quelque chose d'intéressant, non ?).
- TailleventFidèle du forum
Je trouve tout vos conseils très intéressant et je souhaite ajouter une chose à mes conseils précédents : je suis largement d'accord avec vous. Cet élève veut sans doute une forme de normalité, même si je pense qu'elle est en partie illusoire : s'il ne vient qu'occasionnellement, les moments où il est présent ne sont sans doute pas totalement "normaux" (à quel point, je ne sais pas).
Mon conseil d'en parler venait avant tout de l'appréhension de notre collègue, qui se demandait comment gérer le sujet. En absolu, je ne suis, comme vous, pas certain qu'une discussion soit indispensable, néanmoins si notre collègue s'interroge sur la manière de procéder, je persiste à me dire qu'aller à la source peut être une solution.
Un dernier détail, pour répondre à @nina68 : en fait, oui, c'est un sujet que j'aborde assez facilement. Après, c'est sans doute lié au fait d'être passé par là (et aussi d'être dans un pays où le débat sur la fin de vie est nettement différent de celui qu'on trouve en France, mais c'est un autre sujet). De plus, je ne nie absolument pas la question du déni, je l'ai même évoquée dans une de mes réponses comme une des choses qui pouvait faire qu'il vaudrait mieux ne pas aborder le sujet.
Mon conseil d'en parler venait avant tout de l'appréhension de notre collègue, qui se demandait comment gérer le sujet. En absolu, je ne suis, comme vous, pas certain qu'une discussion soit indispensable, néanmoins si notre collègue s'interroge sur la manière de procéder, je persiste à me dire qu'aller à la source peut être une solution.
Un dernier détail, pour répondre à @nina68 : en fait, oui, c'est un sujet que j'aborde assez facilement. Après, c'est sans doute lié au fait d'être passé par là (et aussi d'être dans un pays où le débat sur la fin de vie est nettement différent de celui qu'on trouve en France, mais c'est un autre sujet). De plus, je ne nie absolument pas la question du déni, je l'ai même évoquée dans une de mes réponses comme une des choses qui pouvait faire qu'il vaudrait mieux ne pas aborder le sujet.
- ElaïnaDevin
D'accord avec les autres, pourquoi aller lui parler ou le traiter à part, genre "hey, ça va, t'as pas trop les boules de risquer de mourir ?" (Je ne dis pas que tu vas le dire ainsi, mais c'est un peu à ça que ça revient). D'une, la mort de Tristan et yseult n'a rien à voir avec une leucémie, de deux, le pronostic vital de l'élève n'est peut-être absolument pas engagé, de trois, même si le pronostic est sombre, il n'a peut-être pas pas super envie qu'on le lui rappelle, il doit être suffisamment au courant tout seul de ce qu'est la mort.
_________________
It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- AlcyoneFidèle du forum
Elaïna a écrit:D'accord avec les autres, pourquoi aller lui parler ou le traiter à part, genre "hey, ça va, t'as pas trop les boules de risquer de mourir ?" (Je ne dis pas que tu vas le dire ainsi, mais c'est un peu à ça que ça revient). D'une, la mort de Tristan et yseult n'a rien à voir avec une leucémie, de deux, le pronostic vital de l'élève n'est peut-être absolument pas engagé, de trois, même si le pronostic est sombre, il n'a peut-être pas pas super envie qu'on le lui rappelle, il doit être suffisamment au courant tout seul de ce qu'est la mort.
Merci beaucoup pour vos réponses. Rassurez-vous, je pense absolument la même chose que vous et ne souhaite pas du tout aller voir l'élève en question pour lui dire quoi que ce soit sur sa maladie ou sur autre chose! Dans ma classe, il est très effacé, il est là. Je ne lui ai pas parlé davantage qu'aux autres. Je fais cours, et ça s'arrête là. Je m'interrogeais seulement sur le ressenti d'un enfant malade sur ce thème qu'on aborde, mais vous avez tout à fait raison de dire que cela concerne n'importe quel enfant malade ou pas, qui a pu être confronté de près ou de loin à la mort d'un proche. Je ne compte pas changer mon programme. Je serai seulement attentive s'il souhaite aborder sa maladie, s'il pleure ou se sent mal dans la classe. Cela ne semble pas être le cas pour l'instant.
- ElaïnaDevin
Eh bien ça m'a l'air parfait dit ainsi !
_________________
It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- A TuinVénérable
Nina68 a écrit:Lombalgia a écrit:Je ne parle pas de l’apostropher, seulement d'aborder le sujet, en privé, avec lui, de manière délicate.
J'avais bien compris. Mais oui ça reste une forme d'apostrophe "Ah tiens, Machin, j'aimerais bien qu'on parle un peu, tu pourras venir me voir à telle heure". Si c'est seulement pour prendre de ses nouvelles, de la façon dont il a vécu les derniers mois, du temps qu'il arrive à dégager pour se mettre au travail, de sa fatigue, de ce qui l'intéresse, de ses projets, de son découragement peut-être, etc. ok. Mais de son rapport à la mort ? "Tu y penses que peut-être la maladie aura le dessus ?", "Est-ce que tu as peur ?", "Tu veux en parler ?". Perso je n'apprécierais pas du tout du tout du tout, en tant que parent pas davantage. Sous couvert de délicatesse, oui je trouve ça terriblement stigmatisant, intrusif et voyeur. Malgré toutes les bonnes intentions il s'agit d'une attitude surplombante et malvenue. On n'est pas prêtre, on n'est pas psy, on n'est pas médecin, on n'a pas à prendre l'initiative de se mêler du rapport à la mort d'un élève bien vivant qui ne nous a rien demandé. D'ailleurs il nous enterrera peut-être :sourit:
Si l'élève vient de lui-même parler c'est totalement différent. Mais prendre l'initiative d'un échange sur ce sujet, ben beurk quoi. D'où on se permet ?
J'ai bien noté Taillevent, que tu es passé par là et que tu es partisan d'aborder l'élève sur le sujet. Je veux juste dire que je ne partage pas du tout cet avis.
Je suis tout à fait d'accord avec le message que je cite. C'est extrêmement délicat et je pense qu'une telle conversation est à proscrire, pour toutes les raisons énoncées. De plus, même quand une personne est condamnée à brève échéance, il arrive qu'elle fasse du déni, pour se protéger justement. Avez-vous ce type de conversation avec les personnes très âgées de votre famille ?
Tout à fait d'accord. De plus pour les personnes intimement concernées en général, et qui en veulent, l'objectif suprême est de vivre, se projeter, utiliser son énergie en la tournant dans le sens positif pour avancer. Les moments d'introspection se font seuls avec soi même, ou avec autrui initiés par la personne concernée, mais en aucun cas de façon verbalisée, forcée par une personne exterieure détour d'une conversation qui se voudrait banale sous motif de tact. La chose fuite par excellence c'est le misérabilisme, la pitié, le regard de pitié d'autrui...
Quant aux personnes très âgées, c'est encore autre chose. On a aussi de ces personnes qui en parlent volontiers pour dire aussi qu'en fait elles estiment avoir fait leur temps, fait leur part, fait leur vie, accompli ce qu'elles avaient à faire et maintenant aléa jacta est. Une sérénité. Tout dépend de l'âge et du type de vécu.
- Nina68Niveau 9
A Tuin a écrit:Nina68 a écrit:Lombalgia a écrit:Je ne parle pas de l’apostropher, seulement d'aborder le sujet, en privé, avec lui, de manière délicate.
J'avais bien compris. Mais oui ça reste une forme d'apostrophe "Ah tiens, Machin, j'aimerais bien qu'on parle un peu, tu pourras venir me voir à telle heure". Si c'est seulement pour prendre de ses nouvelles, de la façon dont il a vécu les derniers mois, du temps qu'il arrive à dégager pour se mettre au travail, de sa fatigue, de ce qui l'intéresse, de ses projets, de son découragement peut-être, etc. ok. Mais de son rapport à la mort ? "Tu y penses que peut-être la maladie aura le dessus ?", "Est-ce que tu as peur ?", "Tu veux en parler ?". Perso je n'apprécierais pas du tout du tout du tout, en tant que parent pas davantage. Sous couvert de délicatesse, oui je trouve ça terriblement stigmatisant, intrusif et voyeur. Malgré toutes les bonnes intentions il s'agit d'une attitude surplombante et malvenue. On n'est pas prêtre, on n'est pas psy, on n'est pas médecin, on n'a pas à prendre l'initiative de se mêler du rapport à la mort d'un élève bien vivant qui ne nous a rien demandé. D'ailleurs il nous enterrera peut-être :sourit:
Si l'élève vient de lui-même parler c'est totalement différent. Mais prendre l'initiative d'un échange sur ce sujet, ben beurk quoi. D'où on se permet ?
J'ai bien noté Taillevent, que tu es passé par là et que tu es partisan d'aborder l'élève sur le sujet. Je veux juste dire que je ne partage pas du tout cet avis.
Je suis tout à fait d'accord avec le message que je cite. C'est extrêmement délicat et je pense qu'une telle conversation est à proscrire, pour toutes les raisons énoncées. De plus, même quand une personne est condamnée à brève échéance, il arrive qu'elle fasse du déni, pour se protéger justement. Avez-vous ce type de conversation avec les personnes très âgées de votre famille ?
Tout à fait d'accord. De plus pour les personnes intimement concernées en général, et qui en veulent, l'objectif suprême est de vivre, se projeter, utiliser son énergie en la tournant dans le sens positif pour avancer. Les moments d'introspection se font seuls avec soi même, ou avec autrui initiés par la personne concernée, mais en aucun cas de façon verbalisée, forcée par une personne exterieure détour d'une conversation qui se voudrait banale sous motif de tact. La chose fuite par excellence c'est le misérabilisme, la pitié, le regard de pitié d'autrui...
Quant aux personnes très âgées, c'est encore autre chose. On a aussi de ces personnes qui en parlent volontiers pour dire aussi qu'en fait elles estiment avoir fait leur temps, fait leur part, fait leur vie, accompli ce qu'elles avaient à faire et maintenant aléa jacta est. Une sérénité. Tout dépend de l'âge et du type de vécu.
Comme tu le dis, tout dépend de l'âge et du vécu. Nous professeurs, ne savons rien du vécu intime de nos élèves et il faut accepter le fait que nous sommes extérieurs, même si nous sommes bienveillants.
Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas accepter d'écouter si un élève souhaite en parler.
- A reboursEsprit éclairé
Envisages-tu d'expliquer aux parents la séquence que tu vas aborder ? Cela te permettrait déjà de savoir si l'élève est dans l'évitement, le besoin de vivre comme les autres, l'hypersensibilité... Et puis, cela te rendrait plus confiante.
En tant que parent, j'ai beaucoup aimé préparer le retour à l'école de ma fille avec sa maîtresse, cela m'a beaucoup rassurée (certains parents ont besoin de parler), l'a rassurée quant à la petite fille qu'elle allait retrouver.
Si j'étais à ta place, je serais aussi hésitante que toi. Il y a quelques années, j'ai eu un élève atteint de leucémie. Lorsqu'il est revenu, je l'ai considéré comme les autres, lui, en revanche, avait besoin de revenir régulièrement sur le fait qu'il avait été longtemps absent, il avait acquis beaucoup d'assurance, voire une certaine arrogance (maintenant que je connais les traitements, je sais que certaines périodes peuvent être très délicates...)
C'est si difficile et différent pour chacun, bon courage.
En tant que parent, j'ai beaucoup aimé préparer le retour à l'école de ma fille avec sa maîtresse, cela m'a beaucoup rassurée (certains parents ont besoin de parler), l'a rassurée quant à la petite fille qu'elle allait retrouver.
Si j'étais à ta place, je serais aussi hésitante que toi. Il y a quelques années, j'ai eu un élève atteint de leucémie. Lorsqu'il est revenu, je l'ai considéré comme les autres, lui, en revanche, avait besoin de revenir régulièrement sur le fait qu'il avait été longtemps absent, il avait acquis beaucoup d'assurance, voire une certaine arrogance (maintenant que je connais les traitements, je sais que certaines périodes peuvent être très délicates...)
C'est si difficile et différent pour chacun, bon courage.
- mimileDoyen
Je passe un certain nombre d'heures à faire cours sur des maladies, des examens médicaux. On sait que certains élèves sont touchés directement mais ça leur parle, ça les intéresse aussi.
La question de départ est légitime. Néanmoins, on ne peut pas totalement arrêter de parler de maladie ou de mort parce qu'un élève est touché de près ou de loin.
La question de départ est légitime. Néanmoins, on ne peut pas totalement arrêter de parler de maladie ou de mort parce qu'un élève est touché de près ou de loin.
_________________
Mon vide dressing fille du 2 au 7 ans.
- Écusette de NoireuilEsprit éclairé
Tout à fait d'accord avec ça. De plus précisément, l'approche littéraire permet une mise à distance. Elle peut aussi permettre pourquoi pas, à la personne concernée une sorte de partage de ses sentiments, si elle ressent des échos avec sa situation -ce qui ne serait pas forcément le cas avec les textes évoqués initialement.
Une certaine vigilance aux réactions me paraît la meilleure solution.
Une certaine vigilance aux réactions me paraît la meilleure solution.
_________________
" Celui qui ne lit pas ne vit qu'une seule vie " (Umberto Eco )
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum