Neo défi lecture 2021 - Ici, on papote !

Une 2e lecture pour l'auteur de l'est (défi 29), en lien avec le défi mensuel proposé par Ombre ; convient aussi pour le défi 28 (deux histoires sur trois se passent l'hiver) : Récits ultimes d’Olga Tokarczuk (2004), Pologne. Le roman est composé de trois parties dévolues à trois femmes d'une même famille : Ida, la cinquantaine ; sa vieille mère ; sa fille, qui est elle-même mère d'un petit garçon.
   Dans le premier tiers, Ida, après un accident de voiture dans la neige, trouve refuge chez un couple âgé chez qui elle passe quelques jours. J'ai trouvé cette lecture agréable. On est constamment dans les pensées du personnage principal, ce qui mêle des réflexions ou des souvenirs au récit des instants présents, mais c'est fait de manière très simple et fluide et permet de nourrir un certain suspense, en tout cas des interrogations sur la situation du personnage dont on devient familier.
   Dans la 1re partie était brièvement évoquée la mère décédée d’Ida. Dans la 2e partie, c’est elle la narratrice, des années auparavant ; c’est une vieille femme dont le mari vient de mourir alors que leur maison en surplomb du village est isolée par la neige comme tous les hivers. Tandis que jour après jour elle trace dans la neige un message pour les habitants du village, elle évoque ses souvenirs dans lesquels se mêle aussi l’Histoire : Ukrainienne exilée en Pologne, elle a subi l’occupation russe, puis allemande. J’ai bien aimé son récit un peu décousu mais néanmoins chronologique, entrecoupé de pages sur le présent mais aussi de réflexions, le tout dans un certain franc-parler. On entre dans l'intimité, dans la conscience du personnage.
   En revanche je n’ai pas du tout accroché à la dernière partie qui relate le séjour de Maya, fille et petite-fille des deux personnages précédents, en Malaisie avec son fils de onze ans. Il y est aussi question du rapport à la mort, mais je m’y suis ennuyée. C’est dommage, cela me fait terminer sur une impression mitigée.

Une 3e lecture aussi pour le défi 50 (le Sud) [et convient également pour le 16 (un secret)] : un roman policier, Les poupées de Nijar de Gilles Vincent (2020).
Dans le sud de l’Espagne, des enfants sont enlevés et retrouvés suspendus à des arbres. La police piétine ; un journaliste français en reportage sur un autre sujet a cette intuition : «Tuer les enfants, c’est anéantir les pères et les mères. Les grands-parents, aussi. Alors, de quoi veut-on les punir ?». Un bon roman, bien construit, qui m’a fait découvrir une page du franquisme que j’ignorais.

J'intercale, j'intercale, mais avec tout ça il me reste encore quatre lectures pour finir le défi et la période n'est pas propice à l'efficacité...

Bon, après ces deux lectures, il ne m'en reste plus qu'une pour terminer le défi ! https://www.neoprofs.org/t131534p25-neo-defi-lecture-2021-les-listes-des-participants#5121268

Pour le défi 17 (un livre du mouvement Harlem Renaissance ou dont le personnage est un Noir américain) : Darktown de Thomas Mullen (2016), roman policier.
    Atlanta, 1948. Le département de police recrute ses huit premiers agents noirs. Mais ceux-ci doivent se déplacer à pied et ne peuvent pas arrêter un suspect ni entrer dans le commissariat… Des « sous policiers » qui subissent le mépris et la haine de leurs collègues blancs. Deux de ces recrues, outrées de l’absence d’enquête concernant une jeune femme noire retrouvée dans un dépotoir, se mettent à chercher de leur côté malgré les risques encourus. Un roman sombre qui fait état de la violence de cette époque ségrégationniste et de la difficulté à changer les choses.

Pour le défi 9 (un roman qui se passe dans l'empire colonial de la France avant la décolonisation) : L’amant de Marguerite Duras (1984), déjà lu il y a longtemps mais redécouvert.
     L’écriture de Duras est vraiment très particulière. Voici ce qu’elle en dit concernant ce récit (roman autobiographique paru alors qu’elle a 70 ans) : « Je l’ai écrit mesure par mesure, temps par temps, sans jamais essayer de trouver une correspondance plus ou moins profonde entre eux, les temps. J’ai laissé opérer cette correspondance à mon insu. » Cela donne des paragraphes qui sautent parfois d’un sujet à l’autre par le biais d’une image, d’une émotion ; une sorte de kaléidoscope dont la cohérence est celle de l’introspection et de l’écriture même, car c’est de cela qu’il s’agit : écrire, revenir sur le passé pour dire ce qui a été tu d’une part des relations au sein de sa famille résidant alors à Saïgon, et d’autre part de cette liaison qu’elle eut à quinze ans avec un Chinois de douze ans son aîné, fou amoureux d’elle. Le regard porté sur soi et les autres est d'une grande honnêteté et l'écriture a un aspect direct, simple ; Duras cherche la justesse et la trouve.