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angelxxx
Érudit

Ce que nous réserve Blanquer : la mort de notre métier ! - Page 4 Empty Re: Ce que nous réserve Blanquer : la mort de notre métier !

par angelxxx Ven 5 Mar - 10:30
Et ? Cela doit s'équilibrer sur une carrière, et au pire, qu'est ce que cela change ?
Maintenant tu peux faire comme certains de mes collègues : faire les voeux d'edt en fonction des jours fériés !
Lord Steven
Lord Steven
Expert

Ce que nous réserve Blanquer : la mort de notre métier ! - Page 4 Empty Re: Ce que nous réserve Blanquer : la mort de notre métier !

par Lord Steven Ven 5 Mar - 10:32
Ramanujan974 a écrit:Vous pensez vraiment qu'un établissement (collège par exemple) qui indiquerait dans sa brochure :
- 6h de cours, avec renforcement en français et maths, plus 2h d'études surveillées par jour.
- 3h de DS tous les samedis matin
- classements avec remise de prix tous les semaines, trimestres et année
- pas de sortie, voyages, etc.. On est là pour travailler. Toute heure perdue (jour férié, prof absent, etc) sera rattrapée : c'est un dû à l'élève.

n'aura pas des dizaines de candidatures ?

Je propose également de rattraper les vacances, tout aussi inutiles que 1er mai, lundi de Pâques etc
Vos premières suggestions me semblent tout à fait aptes à rassurer les parents, la dernière risquerait d'avoir l'effet inverse.
Il faut savoir équilibre trouver.

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Pontorson50
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Ce que nous réserve Blanquer : la mort de notre métier ! - Page 4 Empty Re: Ce que nous réserve Blanquer : la mort de notre métier !

par Pontorson50 Ven 5 Mar - 10:37
uneodyssée a écrit:Je veux bien construire la journée idéale et que l'emploi du temps soit rigoureux et régulier.
Dans ta journée de 8h, je mettrais tout de même au moins 1h d'activité physique quelle qu'elle soit.

En revanche, je suis d'autant plus d'accord avec Clecle sur les voyages que j'enseigne la même matière… et que je sais précisément ce que cela nous apporte (et ce ne sont pas seulement des candidats).

De même pour tout ce qui n'est pas le cours traditionnel. Tout dépend des objectifs et de la place qu'on réserve à ces approches, dans quel cadre on les intègre. Évidemment, il nous faudrait plus d'heures (ou des programmes plus réalistes) pour pouvoir tout mener confortablement. Mais condamner en bloc tout ce qui ne ressemble pas à une heure de cours c'est jeter le bébé avec l'eau du bain. Se priver de certaines approches me semble vraiment dommageable (je pense notamment aux ateliers d'écriture, qui permettent vraiment d'éveiller à une lecture fine des textes en littérature, ou d'engager véritablement les élèves dans le travail en grammaire). Le point important me semble en fait de ne rien imposer : car on ne transmet efficacement que ce à quoi l'on croit (comme on le disait sur le fil des œuvres à faire lire). Liberté pédagogique, j'écris ton nom ! Wink (qu'Éluard me pardonne !)

Quant aux classements, je les ai en horreur. Donc je ne viendrai pas dans ton collège, ni en tant qu'enseignante ni en tant qu'élève/parent ! Wink

Et les jours fériés, ce n'est pas très rationnel je l'admets, mais c'est la seule respiration que nous avons dans le déroulement ordinaire des semaines. Qui n'a jamais savouré ces journées hors du temps, ces cadeaux hérités de notre histoire, la gratuité de ces heures-là ? La preuve que c'est devenu éminemment subversif, ce sont les tentatives d'en supprimer Smile. Donc là aussi, je les garde ! Si ce sont les seuls cours qui sautent, cela reste gérable… (on pourrait simplement les réorganiser pour que ça ne tombe pas tout le temps sur les mêmes jours de la semaine).

(c'était ma modeste contribution au collège idéal… vous croyez que je peux organiser un grenelle avec ça ?)

Je suis d'accord la nuance s'impose.

Un point important, c'est de voir quand est-ce que ma liberté pédagogique dans la construction de mon enseignement va demander aux collègues de mordre sur leur temps d'enseignement ou leur liberté à eux. Je ne souhaite en aucun cas voir quelque pédagogie que ce soit l'emporter, nous souffrons tous des modes dans ce domaine, qu'elles soient réacs (rares) ou post-modernes (fréquent). Donc oui, le post revendiquant du classement et des devoirs à gogo sans sortie a un aspect lapidaire. Ceci dit, il montre que des clivages forts existent dans la profession ; pour ma part, le classement me pose problème, mais son absence autant, je suis agacé car les arguments favorables ou défavorables me semblent également solides (un gros favorable : un quart des emplois dépend de concours où il faut sortir classé, pas avoir la moyenne ou la compétence niveau 3 ; un gros défavorable : l'humiliation, la peur de rater en public, est un inhibiteur puissant pour les plus fragiles, quels profs favorables au classement se l'appliqueraient à eux-mêmes ou plus encore à leur enfant sans boule au ventre?)

Ce qui me gêne dans la logique de projets, c'est quand elle modifie le rythme ordinaire, la routine, trop souvent, au point que la sortie devient elle-même une figure banale. Une certaine routine assez lourde au quotidien est impérative pour permettre aux élèves les moins réactifs de se mettre à l'effort de long terme qu'est un apprentissage fondamental.

Dit autrement, mes élèves les plus matures, on peut leur coller n'importe quel emploi du temps ou n'importe quelle pédagogie, ils vont s'en sortir car ils prendront du recul sur n'importe quelle pratique. Mais parmi les moins bons élèves, beaucoup ne verront dans une sortie ou un projet qu'une preuve que le travail routinier n'est pas bon en soi, qu'ils ont raison de ne rien faire sans vision, sans résultat, récompense à court terme. Que l'absence de projet est coupable. Or ils sont partis pour des études fort longues avant d'être insérés dans l'emploi alimentairement suffisant ou gratifiant, donc des objectifs de long terme.

Nous sommes donc obligés d'en passer par un compromis, dont à mon sens seul le curseur fait débat.

PS : la hausse du temps consacrée à l'EPS en collège est une des bonnes mesures prises ces dernières décennies. Cette pratique fait partie de la routine des apprentissages. Mens  sana et tout ça...
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Cath
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par Cath Ven 5 Mar - 11:24
Résultat,  en LP, il y a plus d'heures d'EPS que de français. Bonne idée.
nc33
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Niveau 10

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par nc33 Ven 5 Mar - 11:48
Il y a toujours des collègues qui viennent défendre leurs projets. Le souci c'est qu'on leur confie les élèves X heures par semaine, puis qu'ils s'arrogent le droit de les prendre plus avec l'aimable autorisation de la direction, qui n'en a rien à faire qu'on doivent torcher le programme avec moins d'heures.
ysabel
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Devin

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par ysabel Ven 5 Mar - 11:53
Clecle78 a écrit:Oui c'est ce que je critique plus haut dans mon ancien lycée. Mais pour les langues les voyages c'est super important. Dans ma matière, lettres classiques, c'est une condition de survie si on n'est pas à H4 ou LlG.

C'est à la fois bien triste et grave... On voit bien dans quel type de société nous vivons.

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« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
Clecle78
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par Clecle78 Ven 5 Mar - 13:32
Non ce n'est pas si triste . Un voyage ouvre l'esprit . Ça fait partie de la matière, nous avons les grands sites archéologiques et les villes méditerranéennes au programme de lycée. J'ai d'ailleurs voyagé moi aussi quand j'étais élève il y a quarante ans et ça ne m'empêchait pas de bosser !
Ptit_PImousse
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Ce que nous réserve Blanquer : la mort de notre métier ! - Page 4 Empty Re: Ce que nous réserve Blanquer : la mort de notre métier !

par Ptit_PImousse Ven 5 Mar - 13:38
Je vous remercie d'avoir pris le temps de répondre à mes impressions et interrogations.
Ça me semble important étant donné que je suis à un croisement professionnel. Je ne voudrais pas devenir prisonnière d'une vision qui n'est pas la mienne.

Le problème est bien plus général que l'éducation nationale. C'est un des enjeux sociétaux, mais n'oubliez pas,"le mouvement est en marche" comme dirait l'autre ! Ca on l'a pas vraiment choisi, et ça fait beaucoup plus que 20 ans que ça dure. L'un d'entre vous a parlé de capitalisme étendu à tous les pans de la société, mais oui, je ne suis pas naîve au point de ne pas l'avoir compris. L'aspect de la "rentabilité" s'exprime aussi au niveau du social, du sanitaire.... la logique du chiffre, de l'efficience, du bas coût, tout cela s'observe dans les sphères qui jusqu'à présent étaient du socle commun des dépenses.
Qu'elles soient dépenses pour elles-même, ou investissement social (éduquer-former = futurs instruits = emploi = participation sociale = pérennité du système)
Dans tous les cas on ne peut pas retirer cette fonction qui va au delà de l'aspect idéal du "instruire pour apporter humanité, sagesse, connaissances du monde, développement personnel...."
On est pas duduches non plus ! Alors oui, je me dis que les professeurs quel que soit le niveau, doivent gérer cette ambivalence qui sera toujours au coeur du métier. Et en étant ballotés ça je l'ai bien compris, exactement où les pouvoirs publics veulent nous diriger.

Quelles seraient les solutions si ce n'est pas une refonte du système ? J'entends bien que la voie prise n'est pas forcément la meilleure, j'essaie juste de critiquer avec les pours et contres de ces énièmes réformes, tout en étant encore extérieure. Et de mon point de vue ce n'est pas simple. De l'extérieur, en lisant les programmes scolaires des cycles 1,2 3 par exemple, je remarque aussi une ambivalence : objectifs très larges avec liberté pédagogique (je trouve qu'il s'agit de guidance, de référentiel de bonnes pratiques, mais cela reste encore à apprécier par l'individu qui fait la classe, le professeur, peut être que dans un futur proche cela sera-t-il plus strict ?), et d'un autre côté, la réalité de l'application qu'on imagine bien délicate entre toutes les transversalités et les ouvertures que cela demande, tout en gardant et favorisant l'acquis des notions élémentaires...

Bref, tout ça pour dire, qu'ok on peut raler, critiquer, dire qu'on ne prend pas la bonne route pour une école juste, mais alors quoi de mieux que de la changer de l'intérieur avec ce qu'on y apporte, et en la reformant encore et encore ? Le principe des essais-erreurs aussi justement. Je n'ai pas d'autre solutions... j'aimerais pourtant !

musa
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par musa Ven 5 Mar - 13:55
Clecle78 a écrit:Non ce n'est pas si triste . Un voyage ouvre l'esprit . Ça fait partie de la matière,  nous avons les grands sites archéologiques et les villes méditerranéennes  au programme de lycée. J'ai d'ailleurs voyagé moi aussi quand j'étais élève il y a  quarante ans et ça ne m'empêchait pas de bosser !

Ce qui est triste, ce n'est pas d'emmener les élèves en voyage... C'est que ce soit une condition de survie de la matière. J'ai emmené beaucoup d'élèves et c'est effectivement très sympa et formateur. Mais on ne peut pas toujours le faire (en fonction de la situation familiale notamment); on peut aussi avoir envie de lever le pied quand on a beaucoup donné et qu'on a l'impression qu'on en a peu de retour. Il n'est pas normal que cela soit considéré comme un dû pour avoir le droit d'exister et ça en dit long sur la considération qu'on accorde à la matière et à ceux qui l'enseignent.
Clecle78
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par Clecle78 Ven 5 Mar - 14:07
Oui j'entends bien ! Effectivement c'est devenu très difficile pour nous. Le voyage n'est pas un dû mais que faire ? Je crois que je mourrai ( en tant qu'enseignante) les armes à la main... Heureusement je suis au bout de ma carrière !
Leclochard
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par Leclochard Ven 5 Mar - 14:07
Clecle78 a écrit:Non ce n'est pas si triste . Un voyage ouvre l'esprit . Ça fait partie de la matière,  nous avons les grands sites archéologiques et les villes méditerranéennes  au programme de lycée. J'ai d'ailleurs voyagé moi aussi quand j'étais élève il y a  quarante ans et ça ne m'empêchait pas de bosser !

Un voyage en soi, ce n'est pas la fin du monde. C'est même une ouverture sur le monde, une expérience qui marque et qu'on souhaite pour ses enfants. Le problème, c'est le cumul. Par exemple, sans les restrictions imposées par la crise sanitaire, les cinquièmes de mon collège seraient partis une semaine au ski et trois jours au Mont Saint-Michel. C'est presque deux semaines de cours qui auraient disparu. Il était aussi question d'un voyage en Angleterre suspendu forcément... Ajoute les sorties ponctuelles (collège au Cinéma), les interventions diverses (formation sécurité routière, la santé...).. ça commence à faire beaucoup d'heures qui s'envolent sur une année.

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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
Clecle78
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par Clecle78 Ven 5 Mar - 14:09
Au lycée nous sommes moins concernée. A part les voyages linguistiques il y a peu de projets chez nous.
Leclochard
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Empereur

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par Leclochard Ven 5 Mar - 14:12
Ta réflexion qui lie "survie de la matière" et "voyage" est intéressante. Est-ce que si les collègues d'allemand proposaient systématiquement un voyage, cela encouragerait les élèves à choisir cette langue vivante ?

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Clecle78
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par Clecle78 Ven 5 Mar - 14:17
Nous sommes des langues anciennes, zller sur les sites est une façon de découvrir l'antiquité. Mais bien sûr que les langues vivantes voyagent beaucoup aussi.
Iphigénie
Iphigénie
Prophète

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par Iphigénie Ven 5 Mar - 14:27
Clecle78 a écrit:Au lycée nous sommes moins concernée. A part les voyages linguistiques il y a peu de projets chez nous.
Vous avez de la chance : chez nous dès le printemps il était rare d’avoir une classe entière...
Personnellement surtout après que les voyages sont devenus le nec plus ultra de l’enseignement des langues anciennes je les ai toujours évités. Certes les voyages forment la jeunesse mais bon, je n’ai jamais voulu donner au consommateur en fonction de ses desiderata....
Mais je comprends que d’autres y trouvent un sens, je dis juste que moi pas...
Rubik
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par Rubik Ven 5 Mar - 14:43
Dans mon collège, il n'y a jamais de voyage en langues anciennes, mais nous remplissons deux groupes de 30 latinistes par niveau sans aucun problème ! Nous avons un groupe de grec aussi (mais moins plein). Il y a encore un peu d'espoir...
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User12958
Niveau 5

Ce que nous réserve Blanquer : la mort de notre métier ! - Page 4 Empty Re: Ce que nous réserve Blanquer : la mort de notre métier !

par User12958 Ven 5 Mar - 14:58
AD_Moivre a écrit:
HORA a écrit:
stench a écrit:Gouvernements après gouvernements, toujours les mensonges, les promesses non tenues, la langue de bois et l'arrogance. J'ai l'impression, tous bords politiques confondus, de me faire avoir année après année depuis 20 ans que j'enseigne. Comment continuer à donner nos voix à ces gens, et surtout, à qui ?

Je me pose les mêmes questions depuis la programmation d'une réforme des retraites qui condamne les enseignants en France. Existe-t-il un seul pays qui maltraite autant ses enseignants ? Salaires réduits d'un tiers si on les compare aux autres fonctionnaires bac +3, chaque jour mépris et mensonges, avec un paroxysme durant la crise sanitaire. En tout cas, s'agissant de notre ministère, je n'arrive plus à raisonner autrement qu'en termes de dégagisme.

Je pense exactement la même chose. La dégradation des conditions de travail est voulue pour éliminer les brebis galeuses protégées par le statut. Les réformettes ont pour but d'augmenter la productivité et d'éliminer les moins performants. La charge salariale des enseignants est trop lourde. Les vraies réformes viendront plus tard lorsque le système sera assaini avec du personnel docile. En attendant il faut choisir son camp:  Soit partir soit accepter les évolutions en serrant les dents.

Cleroli a écrit:
AD_Moivre a écrit:En attendant il faut choisir son camp:  Soit partir soit accepter les évolutions en serrant les dents.
Heureusement, on peut encore faire grève, manifester et lutter, après tout, tous ceux qui parmi nous râlent mais ne bougent pas, vont peut-être finir par se réveiller ? Ils ne vont pas tous serrer les dents, non ? Je veux croire encore en la lutte et j'en serai.

AD_Moivre a écrit:
Cleroli a écrit:
AD_Moivre a écrit:En attendant il faut choisir son camp:  Soit partir soit accepter les évolutions en serrant les dents.
Heureusement, on peut encore faire grève, manifester et lutter, après tout, tous ceux qui parmi nous râlent mais ne bougent pas, vont peut-être finir par se réveiller ? Ils ne vont pas tous serrer les dents, non ? Je veux croire encore en la lutte et j'en serai.

Le corps enseignant est presque docile avec le syndrome du bon élève de la classe. Nous avons porté à bout de bras l'institution pendant le premier confinement. En retour nous avons eu du mépris. C'était l'occasion de faire plier le ministère en refusant la continuité pédagogique avec nos conditions de travail. On ne s'improvise pas enseignant à distance du jour au lendemain sans outils. Maintenant la porte est grande ouverte à toutes les réformes pour dégrader encore plus les conditions de travail. La prochaine étape sera la réforme du statut. Quel intérêt de recruter des enseignants pour 40 ans avec retraite incluse?

Vous croyez vraiment que les profs vont se lever, faire grève massivement et bloquer le système, en fermant les collèges et lycées, ou en refusant de noter, ou en refusant de faire cours, ou que sais-je encore... non : les attaques contre les profs sont de plus en plus dures, de plus en plus évidentes, de plus en plus injustifiables, ils ne bougent pas. Les syndicats proposent-ils le blocage des établissements ou tout autre action qui marquerait les esprits et secouerait les parents et les médias ? non : une marche peinard en semaine dans le centre-ville en scandant "Les-profs-pas-contents ! Blan-quer-est-méchant !" et c'est tout. Ouhlala ! je serais le gouvernement mais comment qu' jaurais peeeeeeuuur !!! Tous les profs que je croise depuis 3 ans en lycée général sont malheureux (et pour le LP et certaines filières technos et BTS ça fait depuis 2010 qu'ils sont malheureux). Est-ce que quelque chose a changé ? Non : ils ont tout accepté. Tout ! C'est juste qu'ils sont malheureux en plus de bosser plus dur.

Je vais être franc : je n'ai plus envie de venir sur le forum Néoprofs, malgré la qualité des intervenants et les conseils que l'on peut y trouver, qui aident réellement ceux qui en ont besoin. Je n'ai plus envie parce que chaque attaque contre notre métier, donc contre l'institution, contre les élèves, contre l'avenir, contre l'intelligence, ne suscite que des débats de salon et cris scandalisés qui n'aboutissent à rien de concret. L'immobilisme des syndicats me met hors de moi, le syndrome du bon élève me désespère, et aujourd'hui, en vous écrivant, j'en suis venu à penser que si les profs trinquent c'est bien fait pour eux, ils ont ce qu'ils méritent. Et en même temps je pense à ces personnes sous emprise psychologique de leur boureau pervers narcissique, qui n'arrivent pas à s'en éloigner ou à le dénoncer ou à le combattre, et dont on se dit "mais pourquoi il/elle ne fait rien ?". Les profs sont-ils dans cette situation de détresse mentale qui les sidère ou est-ce du fatalisme mélangé à une optimiste ignorance ? Je ne sais plus quoi dire, faire, ou penser. Les profs vont râler et rien ne se fera. C'est comme ça.

[EDIT] c'est probablement mon dernier message, je pense que je ne viendrai plus poster sur ce forum. Je viendrai le lire, c'est utile, instructif et intéressant. Mais je ne veux plus participer au débat, ça ne sert à rien.
Clecle78
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Ce que nous réserve Blanquer : la mort de notre métier ! - Page 4 Empty Re: Ce que nous réserve Blanquer : la mort de notre métier !

par Clecle78 Ven 5 Mar - 15:45
Iphigénie a écrit:
Clecle78 a écrit:Au lycée nous sommes moins concernée. A part les voyages linguistiques il y a peu de projets chez nous.
Vous avez de la chance : chez nous dès le printemps il était rare d’avoir une classe entière...
Personnellement surtout après que les voyages sont devenus le nec plus ultra de l’enseignement des langues anciennes je les ai toujours évités. Certes les voyages forment la jeunesse mais bon, je n’ai jamais voulu donner au consommateur en fonction de ses desiderata....
Mais je comprends que d’autres y trouvent un sens, je dis juste que moi pas...
Pourquoi dénigrer les élèves participant aux voyages en les traitant de consommateurs et indirectement les professeurs qui les organisent ? Ce n'est pas le cas de la grande majorité d'entre eux, en tout cas pas des miens, qui travaillent très bien. Que certains collègues ne souhaitent pas en faire je le respecte tout à fait mais je ne vois pas pourquoi on devrait s'en glorifier particulièrement. Franchement tant mieux pour vous si ça ne vous dit rien et que vous vous en passez dans vos supers établissements bourrés de latinistes et hellénistes mais dans mon lycée ce n'est pas le cas avec 12 langues vivantes et arts plastique en concurrence et tous les moyens sont bons pour sauver ma matière et accessoirement mon poste. Certes on peut le déplorer mais c'est comme ça malheureusement.
zigmag17
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par zigmag17 Ven 5 Mar - 15:47
Hugues666 a écrit:
AD_Moivre a écrit:
HORA a écrit:
stench a écrit:Gouvernements après gouvernements, toujours les mensonges, les promesses non tenues, la langue de bois et l'arrogance. J'ai l'impression, tous bords politiques confondus, de me faire avoir année après année depuis 20 ans que j'enseigne. Comment continuer à donner nos voix à ces gens, et surtout, à qui ?

Je me pose les mêmes questions depuis la programmation d'une réforme des retraites qui condamne les enseignants en France. Existe-t-il un seul pays qui maltraite autant ses enseignants ? Salaires réduits d'un tiers si on les compare aux autres fonctionnaires bac +3, chaque jour mépris et mensonges, avec un paroxysme durant la crise sanitaire. En tout cas, s'agissant de notre ministère, je n'arrive plus à raisonner autrement qu'en termes de dégagisme.

Je pense exactement la même chose. La dégradation des conditions de travail est voulue pour éliminer les brebis galeuses protégées par le statut. Les réformettes ont pour but d'augmenter la productivité et d'éliminer les moins performants. La charge salariale des enseignants est trop lourde. Les vraies réformes viendront plus tard lorsque le système sera assaini avec du personnel docile. En attendant il faut choisir son camp:  Soit partir soit accepter les évolutions en serrant les dents.

Cleroli a écrit:
AD_Moivre a écrit:En attendant il faut choisir son camp:  Soit partir soit accepter les évolutions en serrant les dents.
Heureusement, on peut encore faire grève, manifester et lutter, après tout, tous ceux qui parmi nous râlent mais ne bougent pas, vont peut-être finir par se réveiller ? Ils ne vont pas tous serrer les dents, non ? Je veux croire encore en la lutte et j'en serai.

AD_Moivre a écrit:
Cleroli a écrit:
AD_Moivre a écrit:En attendant il faut choisir son camp:  Soit partir soit accepter les évolutions en serrant les dents.
Heureusement, on peut encore faire grève, manifester et lutter, après tout, tous ceux qui parmi nous râlent mais ne bougent pas, vont peut-être finir par se réveiller ? Ils ne vont pas tous serrer les dents, non ? Je veux croire encore en la lutte et j'en serai.

Le corps enseignant est presque docile avec le syndrome du bon élève de la classe. Nous avons porté à bout de bras l'institution pendant le premier confinement. En retour nous avons eu du mépris. C'était l'occasion de faire plier le ministère en refusant la continuité pédagogique avec nos conditions de travail. On ne s'improvise pas enseignant à distance du jour au lendemain sans outils. Maintenant la porte est grande ouverte à toutes les réformes pour dégrader encore plus les conditions de travail. La prochaine étape sera la réforme du statut. Quel intérêt de recruter des enseignants pour 40 ans avec retraite incluse?

Vous croyez vraiment que les profs vont se lever, faire grève massivement et bloquer le système, en fermant les collèges et lycées, ou en refusant de noter, ou en refusant de faire cours, ou que sais-je encore... non : les attaques contre les profs sont de plus en plus dures, de plus en plus évidentes, de plus en plus injustifiables, ils ne bougent pas. Les syndicats proposent-ils le blocage des établissements ou tout autre action qui marquerait les esprits et secouerait les parents et les médias ? non : une marche peinard en semaine dans le centre-ville en scandant "Les-profs-pas-contents ! Blan-quer-est-méchant !" et c'est tout. Ouhlala ! je serais le gouvernement mais comment qu' jaurais peeeeeeuuur !!! Tous les profs que je croise depuis 3 ans en lycée général sont malheureux (et pour le LP et certaines filières technos et BTS ça fait depuis 2010 qu'ils sont malheureux). Est-ce que quelque chose a changé ? Non : ils ont tout accepté. Tout ! C'est juste qu'ils sont malheureux en plus de bosser plus dur.

Je vais être franc : je n'ai plus envie de venir sur le forum Néoprofs, malgré la qualité des intervenants et les conseils que l'on peut y trouver, qui aident réellement ceux qui en ont besoin. Je n'ai plus envie parce que chaque attaque contre notre métier, donc contre l'institution, contre les élèves, contre l'avenir, contre l'intelligence, ne suscite que des débats de salon et cris scandalisés qui n'aboutissent à rien de concret. L'immobilisme des syndicats me met hors de moi, le syndrome du bon élève me désespère, et aujourd'hui, en vous écrivant, j'en suis venu à penser que si les profs trinquent c'est bien fait pour eux, ils ont ce qu'ils méritent. Et en même temps je pense à ces personnes sous emprise psychologique de leur boureau pervers narcissique, qui n'arrivent pas à s'en éloigner ou à le dénoncer ou à le combattre, et dont on se dit "mais pourquoi il/elle ne fait rien ?". Les profs sont-ils dans cette situation de détresse mentale qui les sidère ou est-ce du fatalisme mélangé à une optimiste ignorance ? Je ne sais plus quoi dire, faire, ou penser. Les profs vont râler et rien ne se fera. C'est comme ça.

[EDIT] c'est probablement mon dernier message, je pense que je ne viendrai plus poster sur ce forum. Je viendrai le lire, c'est utile, instructif et intéressant. Mais je ne veux plus participer au débat, ça ne sert à rien.

D'accord avec toi à 1000% Affligeant mais lucide constat :|
musa
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Neoprof expérimenté

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par musa Ven 5 Mar - 16:15
Je suis d'accord en gros sur le constat. Un peu moins d'accord en ce qui concerne les syndicats. Lorsque des actions un peu musclées sont proposées (grève du brevet, grève du bac), ça suit vraiment très mollement. A force, je comprends que les syndicats hésitent. S'ils proposent une grève massive et qu'il y a deux pelés trois tondus qui suivent, ça fait désordre. Moi aussi ça me désole.
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User20159
Esprit éclairé

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par User20159 Ven 5 Mar - 16:32
musa a écrit:Je suis d'accord en gros sur le constat. Un peu moins d'accord en ce qui concerne les syndicats. Lorsque des actions un peu musclées sont proposées (grève du brevet, grève du bac), ça suit vraiment très mollement. A force, je comprends que les syndicats hésitent. S'ils proposent une grève massive et qu'il y a deux pelés trois tondus qui suivent, ça fait désordre. Moi aussi ça me désole.

Pas mieux. Surtout que lors des grèves/examens on s'est vite retrouvés bien seuls.... Ce que nous réserve Blanquer : la mort de notre métier ! - Page 4 1665347707

Ils sont gentils les collègues qui crachent sur les syndicats, sauf que bon, quand on ne se syndique que pour sa mutation (c'est comme pour néoprofs, certains ne s'y inscrivent que pour leur mutation), et qu'on n'investit pas davantage le champ syndical, on évite de leur cracher dessus......( sauf certaines orga' s , je ne citerai pas lesquelles, mais allez y c'est prix libre Very Happy )

Si nous étions autant syndiqués que les flics, ce ne serait pas la même chose professeur
LadyOlenna
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par LadyOlenna Ven 5 Mar - 16:38
J'ai plutôt l'impression que les professeurs ne croient plus en la grève et en la mobilisation. Et malheureusement l'expérience leur donne raison. Je me souviens de mobilisations de plusieurs semaines contre les Itinéraires de Découverte au début des années 2000 par exemple, mobilisations qui n'ont absolument rien donné. Comment jeter la pierre aux enseignants qui ont fini par se résigner ?
Cleroli
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Doyen

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par Cleroli Ven 5 Mar - 16:42
LadyOlenna a écrit:J'ai plutôt l'impression que les professeurs ne croient plus en la grève et en la mobilisation. Et malheureusement l'expérience leur donne raison. Je me souviens de mobilisations de plusieurs semaines contre les Itinéraires de Découverte au début des années 2000 par exemple, mobilisations qui n'ont absolument rien donné. Comment jeter la pierre aux enseignants qui ont fini par se résigner ?
Courber l'échine ne permet pas non plus d'obtenir gain de cause, c'est juste une mort lente et douloureuse.
Il ne s'agit pas de jeter la pierre mais de motiver ceux qui hésitent Wink Moi, j'aime bien les manifs, ça me redonne espoir en l'être humain, même lorsque le combat ne donne pas les résultats escomptés.
musa
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par musa Ven 5 Mar - 16:43
Pour ma part, je ne jette pas la pierre aux enseignants et je suis d'ailleurs en voie de me résigner après avoir été de toutes les mobilisations. Je me souviens de cette mobilisation contre les IDD; j'étais jeune prof à l'époque et c'est lors des manifs que j'ai rencontré des militants du syndicat auquel j'ai adhéré et milité plus tard. Cela dit, c'était quand même assez gentil comme mobilisation. Je pense qu'on aurait dû passer plus vite à la vitesse supérieure (grève des examens notamment).
Iphigénie
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par Iphigénie Ven 5 Mar - 16:45
Clecle78 a écrit:
Iphigénie a écrit:
Clecle78 a écrit:Au lycée nous sommes moins concernée. A part les voyages linguistiques il y a peu de projets chez nous.
Vous avez de la chance : chez nous dès le printemps il était rare d’avoir une classe entière...
Personnellement surtout après que les voyages sont devenus le nec plus ultra de l’enseignement des langues anciennes je les ai toujours évités. Certes les voyages forment la jeunesse mais bon, je n’ai jamais voulu donner au consommateur en fonction de ses desiderata....
Mais je comprends que d’autres y trouvent un sens, je dis juste que moi pas...
Pourquoi dénigrer les élèves participant aux voyages en les traitant de consommateurs et indirectement les professeurs qui les organisent ? Ce n'est pas le cas de la grande majorité d'entre eux, en tout cas pas des miens, qui travaillent très bien. Que certains collègues ne souhaitent pas en faire je le respecte tout à fait mais je ne vois pas pourquoi on devrait s'en glorifier particulièrement. Franchement tant mieux pour vous si ça ne vous dit rien et que vous vous en passez dans vos supers établissements bourrés de latinistes et hellénistes mais dans mon lycée ce n'est pas le cas avec 12 langues vivantes et arts plastique en concurrence et tous les moyens sont bons pour sauver ma matière et accessoirement mon poste. Certes on peut le déplorer mais c'est comme ça malheureusement.
Mais il ne s'agit pas de distribuer de bons ou mauvais points ou de denigrer je ne sais qui ou quoi . Je parle juste de consommateurs par rapport à l'idée que c'est cela qui attire vers les options de LA: si c'est le cas c'est que les LA sont mortes, pas envie de faire de l'acharnement therapeutique. Mais chacu fait comme il veut et comme il sent.
Pontorson50
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par Pontorson50 Ven 5 Mar - 17:17
Je suis surpris que la majorité des intervenants expliquent l'apathie des enseignants d'abord par la résignation fataliste. C'est oublier un peu vite les très grandes fractures dans le métier. Même s'ils n'interviennent guère dans des fils où ils pourraient craindre des réactions un peu vives, il existe certainement des collègues que au moins certaines évolutions du métier satisfont.

Un seul exemple, dans mon collège, nous cumulons l'évaluation par compétences et l'évaluation sur 20, ce qui est à la fois fort fatiguant pour nous et le seul point qui a été critiqué (avec tact) lors de l'évaluation de l'établissement, tout simplement pour avoir la paix sociale tant nous ne parvenons pas à un consensus sur la question.

On se tromperait donc lourdement en croyant que les mouvements de grève ne marchent pas uniquement parce que les mécontents n'y croient plus.

Certes, l'effondrement progressif du revenu de la profession rend la grève longue complexe à un nombre croissant de collègues, mais il a toujours existé aussi des collègues hostiles par principe à la grève dans la fonction publique pour eux en tout cas, parce qu'ils croient sincèrement que les élèves en seraient des victimes. D'autres pensent réellement que les conditions budgétaires du pays ou de l'État ne permettent pas la moindre revendication matérielle ou pécuniaire.

Il y a aussi des enseignants qui feraient grève sur tel ou tel dossier, mais il suffit qu'un des mots d'ordre ne soient pas leur combat pour qu'ils s'abstiennent totalement, et ce sera d'autant plus vrai qu'il s'agit d'un mouvement à revendications multiples. Le temps de l'affiliation à un syndicat dont on applique les mots d'ordre sans discuter y compris sur des points qui fâchent est passé, l'exigence que le collectif soit totalement aligné sur la revendication de chacun progresse. C'est un des paramètres de l'abstention d'ailleurs en général ou du renforcement du vote négatif ou blanc.

Il y a des enseignants qui croient réellement que les savoirs sont dépassés, plus exactement que mettre le paquet sur les savoir-faire permettra aux élèves ayant acquis le bloc de compétences de parvenir ensuite à développer rapidement les connaissances nécessaires uniquement à leur activité tant il est devenu vain de maîtriser tout.

Enfin, la diversité d'un métier de près de un million de praticiens s'est forcément accrue, cet effet de la massification scolaire n'a peut-être pas été suffisamment anticipé. Les profils idéologiques des enseignants sont bien plus variés. Et cela ne facilite pas un mouvement revendicatif de masse. Quand bien même des majorités existent sans doute (sur la revalorisation salariale par exemple), on est sûrement loin d'un accord sur les moyens d'y parvenir. Quand bien même des critiques sont majoritaires, l'accord sur ce qu'il faut en lieu et place de ce qu'on critique reste à trouver.

Ce qui pose problème avec les projets ministériels à mon sens pour toute la profession, c'est l'excès d'homogénéisation des pratiques qu'elle va renforcer alors même que la diversité des points de vue sur l'art et les buts de l'enseignement n'a jamais été aussi forte au sein même de la profession. C'est peut-être sur ce point qu'une convergence serait possible : défendre une liberté pédagogique que la généralisation de l'évaluation entre pairs va ou détruire ou rendre insupportable tant elle suscitera de rancoeurs. C'est pour moi l'aspect le plus inquiétant dans les discussions de ces derniers mois.
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