Professeur de maths, un métier qui peine à attirer

Le Monde sous la plume de Sophie Viguier-Vinson a écrit:A l’université, les étudiants spécialisés dans cette discipline sont aspirés vers d’autres carrières. Le nombre de candidats au Capes de mathématiques a chuté de 17% en quatre ans.
[...]
Et si l’on payait mieux les profs, dont le salaire ne permet souvent pas de s’installer en centre-ville ? « C’est l’attente forte de tous mes camarades de promotion hésitant à enseigner, les autres métiers liés aux maths étant tellement plus rémunérateurs, prévient Camille. Même si les enseignants français ne sont pas les plus mal lotis d’Europe, ils sont perdants en termes de niveau de vie. » La prime d’attractivité d’une centaine d’euros, promise à certains en novembre 2020, ne suffira probablement pas.

https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/02/21/professeur-de-maths-un-metier-qui-peine-a-attirer_6070703_4401467.html

Heureusement, l'article se termine par la proposition d'une chercheuse : "Il faut revoir l’enseignement de la matière elle-même pour en faire découvrir la réalité et l’aimer davantage, peut-être plus par le jeu, l’initiation précoce à la recherche et un enseignement différencié adapté au rythme de chacun afin de n’abandonner aucun élève. On trouverait sûrement plus facilement des enseignants si le temps partagé en classe était plus agréable."

Il y a quand même une lueur de lucidité chez le président du Capes "le niveau global a baissé" mais ne vous inquiétez pas, il trouve du positif.

Marrant comme donner une série d'exos arides sur les tableaux de signes, pas ludiques, avec aucune recherche, un temps contraint et les mêmes exos pour tout le monde m'a permis d'arriver à n'abandonner aucun élève le tout dans une excellente ambiance.

Ce ne serait pas précisément le contraire des propositions que tu cites ?

C'est qui la chercheuse en question ?

Plus on s'enfonce, plus certains continuent de nous "bassiner" avec leurs bonnes idées pour transformer l'enseignement en quelque chose qui n'enseigne rien ou si peu et qui soit "agréable surtout!

ben2510 a écrit:Marrant comme donner une série d'exos arides sur les tableaux de signes, pas ludiques, avec aucune recherche, un temps contraint et les mêmes exos pour tout le monde m'a permis d'arriver à n'abandonner aucun élève le tout dans une excellente ambiance.

Ce ne serait pas précisément le contraire des propositions que tu cites ?

C'est qui la chercheuse en question ?

Laure Saint-Raymond, qui a effectivement un parcours d'excellence scientifique, intervient souvent sur les questions d'enseignement et de vulgarisation, et n'a selon toute probabilité aucune idée d'à quoi ressemble la gestion d'une classe dans l'enseignement secondaire.

Tu as les moyens d'être diplômé à bac+5 dans un domaine valorisable dans le privée ? Tu trouves que prof c'est pas payé terrible ? Tu crains une première affectation dans un établissement difficile et la confrontation avec un public qui a depuis longtemps abandonné ?

Oui, mais en enseignant de manière plus ludique, tu pourras passer du temps de classe agréable avec des jeunes, et ça n'a pas de prix.

Ah, une autre citation intéressante.

Au lycée, « avec la suppression des maths du tronc commun, dans le cadre de la réforme du bac, les besoins ont baissé et 400 postes ont même été supprimés l’an dernier en France », explique Sébastien Planchenault, président de l’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public (Apmep).

Même l'APMEP a fini de se rendre compte qu'un des buts cachés de la réforme était de réduire les besoins en profs de maths. Ensuite, si sa réponse est "maintenir les maths dans le tronc commun" en groupe hétérogène à 35, sans se demander s'il n'y a pas d'abord comme un problème à ce qu'un nombre croissant d'élèves débarquent au lycée sans avoir le niveau fin de cinquième...

Laure Saint-Raymond est effectivement quelqu'un d'intéressant, pour l'avoir vue en conférence elle sait faire dans le ludique sans sacrifier le fond scientifique.
Par contre elle ne doit pas avoir une perception exacte du métier d'enseignant dans le secondaire, c'est probable.

Disons qu'entretenir la motivation en faisant un peu de ludique peut être pertinent avec des élèves qui ont un niveau cohérent avec le niveau attendu dans leur classe,
ce qui est rarement le cas malheureusement.

Il me semble que le plaisir vient du fait de maîtriser les contenus, tout particulièrement en Maths.

Et si l’on payait mieux les profs, dont le salaire ne permet souvent pas de s’installer en centre-ville ? « C’est l’attente forte de tous mes camarades de promotion hésitant à enseigner, les autres métiers liés aux maths étant tellement plus rémunérateurs, prévient Camille. Même si les enseignants français ne sont pas les plus mal lotis d’Europe, ils sont perdants en termes de niveau de vie. » La prime d’attractivité d’une centaine d’euros, promise à certains en novembre 2020, ne suffira probablement pas.

Est-ce que quelqu'un comprend la phrase en gras ? Moi non.

Heureusement, l'article se termine par la proposition d'une chercheuse : "Il faut revoir l’enseignement de la matière elle-même pour en faire découvrir la réalité et l’aimer davantage, peut-être plus par le jeu, l’initiation précoce à la recherche et un enseignement différencié adapté au rythme de chacun afin de n’abandonner aucun élève. On trouverait sûrement plus facilement des enseignants si le temps partagé en classe était plus agréable."

Si je comprends bien le raisonnement de cette chercheuse, les étudiants qui suivent des études en mathématiques ont (dans leur grand majorité) souffert en cours de maths et ont une image négative de cette discipline ? Mais pourquoi alors ont-ils choisi ces filières s'ils les maths les font tant souffrir ? Cette explication ne tient pas la route.

ben2510 a écrit:Laure Saint-Raymond est effectivement quelqu'un d'intéressant, pour l'avoir vue en conférence elle sait faire dans le ludique sans sacrifier le fond scientifique.
Par contre elle ne doit pas avoir une perception exacte du métier d'enseignant dans le secondaire, c'est probable.

Disons qu'entretenir la motivation en faisant un peu de ludique peut être pertinent avec des élèves qui ont un niveau cohérent avec le niveau attendu dans leur classe,
ce qui est rarement le cas malheureusement.

Il me semble que le plaisir vient du fait de maîtriser les contenus, tout particulièrement en Maths.

Est-ce qu'on ne prend pas encore une fois l'effet pour la cause? Le ludique, dans quelque domaine que ce soit n'intéresse que les gens qui ont un goût ou des dispositions pour ce domaine, je n'ai jamais vu où que ce soit quelqu'un dire "je n'aimais pas mais maintenant cela me plaît" en étant honnête. La curiosité ou l'attrait de la nouveauté font illusion un temps. Je souligne, en étant honnête, car nous avons tous en notre fors intérieur cette étincelle qui nous fait croire aux belles histoires, que nous ramèneront la brebis égarée...dans la vraie vie, elles finissent en bas des barres rocheuses ou sous la dent des loups.

Bouboule a écrit:

Heureusement, l'article se termine par la proposition d'une chercheuse : "Il faut revoir l’enseignement de la matière elle-même pour en faire découvrir la réalité et l’aimer davantage, peut-être plus par le jeu, l’initiation précoce à la recherche et un enseignement différencié adapté au rythme de chacun afin de n’abandonner aucun élève. On trouverait sûrement plus facilement des enseignants si le temps partagé en classe était plus agréable."

Il y a quand même une lueur de lucidité chez le président du Capes "le niveau global a baissé" mais ne vous inquiétez pas, il trouve du positif.

Il y a un truc qui m'interpelle, c'est que la phrase de citation .... C'est exactement ce que j'entends depuis 20 ans et mes années d'IUFM

Je suis peut-être un peu naïve, je ne suis pas prof de maths, mais est-ce qu'il n'y a pas un moment où on ne peut plus faire de maths "ludiques" ? Peut-on faire des maths ludiques à chaque niveau du collège (je ne sais pas, je demande....)

Par ailleurs, tous les élèves ont-ils envie du "ludique" ? (En hist-géo, tous les élèves n'aiment pas travailler par groupe, ou seulement de temps en temps. Tous n'aiment pas "construire leur savoir" à chaque cours. )

Les mathématiques ludiques, c'est quoi et pour qui ? Effectivement c'est la même chose que dans les autres disciplines, ce que je trouverai ludique ne sera pas du tout apprécié par le voisin, qui ne sera peut-être même pas capable de donner un exemple de mathématiques ludiques.

Peps Mccrea dans «Motivated teaching» (sur la motivation) consacre une double page pour réfuter l'argument du ludique pour motiver les élèves: pour lui, c'est non, parce qu'au mieux ça n'a pas d'effet à part sur le moment et au pire sur le long terme ça peut faire baisser la motivation.

(Lecture recommandée: ce n'est pas très long mais c'est très clair).

Les maths peuvent se greffer sur un projet et se révéler « concrètes » voire « ludiques » . J’avais monté un projet « fusées à eau » avec mon collègue de physique en 3ème : parfait pour la mécanique et les notions de fonctions (trajectoires) mais bon cela doit rester exceptionnel et un temps fort de l’année.

Ne confondons pas "concret" et "ludique"....le concret est d'ailleurs souvent, si on veut le faire sérieusement, plus difficile d'accès que l'abstrait, sauf si la modélisation est assénée au préalable, mais-est-ce encore du "concret"? Je n'ai d'ailleurs jamais entendu l'argument "à quoi ça sert" dans la bouche d'un bon élève. Du reste quand la question est posée, la réponse peut être n'importe quoi, l'auteur ne l'écoute en général pas.

Alors pour info, il y a 3 ans je me suis fait aligner par l'inspecteur lors du PPCR, parce que j'avais osé proposer en AP à mes TES (à leur demande ...) une fiche d'exercices sur les bases calculatoires de collège. Quelques calculs, de l'application des priorités de calcul, jusqu'à un exercices type brevet factorisation/développement/résolution d'équation produit, ça tenait sur un A4. " Pas assez ludique".

Mrs Hobie a écrit:Alors pour info, il y a 3 ans je me suis fait aligner par l'inspecteur lors du PPCR, parce que j'avais osé proposer en AP à mes TES (à leur demande ...) une fiche d'exercices sur les bases calculatoires de collège. Quelques calculs,  de l'application des priorités de calcul, jusqu'à un exercices type brevet factorisation/développement/résolution d'équation produit, ça tenait sur un A4. " Pas assez ludique".

Le gag serait que tu revois le même maintenant et qu'il insiste sur l'importance de travailler à chaque séance les automatismes. (Ce n'est pas la girouette qui tourne.)

Balthazaard a écrit:Ne confondons pas "concret" et "ludique"....le concret est d'ailleurs souvent, si on veut le faire sérieusement, plus difficile d'accès que l'abstrait, sauf si la modélisation est assénée au préalable, mais-est-ce encore du "concret"? Je n'ai d'ailleurs jamais entendu l'argument "à quoi ça sert" dans la bouche d'un bon élève. Du reste quand la question est posée, la réponse peut être n'importe quoi, l'auteur ne l'écoute en général pas.

Alors contre le concret, et ses variations (exercices tirés de la vie réelle, basés sur la vie des élèves, etc...) c'est un autre livre que je recommande: le dernier de Greg Ashman
http://us.sagepub.com/en-us/nam/the-power-of-explicit-teaching-and-direct-instruction/book273757

(Je ne l'ai pas encore fini mais je le trouve encore mieux que son précédent.)

(Vous avez tous vu la vidéo sur le partage des boites de raviolis ? Voilà du concret !)

Prezbo a écrit:

Mrs Hobie a écrit:Alors pour info, il y a 3 ans je me suis fait aligner par l'inspecteur lors du PPCR, parce que j'avais osé proposer en AP à mes TES (à leur demande ...) une fiche d'exercices sur les bases calculatoires de collège. Quelques calculs,  de l'application des priorités de calcul, jusqu'à un exercices type brevet factorisation/développement/résolution d'équation produit, ça tenait sur un A4. " Pas assez ludique".

Le gag serait que tu revois le même maintenant et qu'il insiste sur l'importance de travailler à chaque séance les automatismes. (Ce n'est pas la girouette qui tourne.)

Ah mais c'était déjà la mode des "questions flash" à ce moment là : tu comprends, le rituel en début d'heure, c'est ludique !!!

Mrs Hobie a écrit:

Prezbo a écrit:

Mrs Hobie a écrit:Alors pour info, il y a 3 ans je me suis fait aligner par l'inspecteur lors du PPCR, parce que j'avais osé proposer en AP à mes TES (à leur demande ...) une fiche d'exercices sur les bases calculatoires de collège. Quelques calculs,  de l'application des priorités de calcul, jusqu'à un exercices type brevet factorisation/développement/résolution d'équation produit, ça tenait sur un A4. " Pas assez ludique".

Le gag serait que tu revois le même maintenant et qu'il insiste sur l'importance de travailler à chaque séance les automatismes. (Ce n'est pas la girouette qui tourne.)

Ah mais c'était déjà la mode des "questions flash" à ce moment là : tu comprends, le rituel en début d'heure, c'est ludique !!!

Les questions flash mais sans reposer les bases supposées être entretenues par les questions flash, évidemment. Il ne faudrait pas quand même pas que nos élèves progressent.

Quand je vois les yeux rouges de certains élèves, je me demande si c'est si bien que ça les questions flash

VinZT a écrit:Quand je vois les yeux rouges de certains élèves, je me demande si c'est si bien que ça les questions flash