- ernyaFidèle du forum
Bonjour à tous et bonne année !
Avec mes collègues de lettres, nous organisons un devoir commun avec de la grammaire et une partie de compréhension. Nous voulons travailler sur l'implicite pour la partie de compréhension. Ce serait pour des quatrièmes (globalement faibles cette année). Auriez-vous un texte court (une page grand max!) à me proposer qui jouerait sur l'implicite ?
Merci d'avance pour vos idées !
Avec mes collègues de lettres, nous organisons un devoir commun avec de la grammaire et une partie de compréhension. Nous voulons travailler sur l'implicite pour la partie de compréhension. Ce serait pour des quatrièmes (globalement faibles cette année). Auriez-vous un texte court (une page grand max!) à me proposer qui jouerait sur l'implicite ?
Merci d'avance pour vos idées !
- trompettemarineMonarque
L'implicite, c'est difficile pour des élèves faibles.
Peut-être un extrait de Pour un oui, pour un non de Nathalie Sarraute ? (Mais c'est plutôt une réflexion sur le non-dit, le sous-entendu.)
Peut-être un extrait de Pour un oui, pour un non de Nathalie Sarraute ? (Mais c'est plutôt une réflexion sur le non-dit, le sous-entendu.)
N. Sarraute a écrit:
H.1 : Des mots ? Entre nous ? Ne me dis pas qu’on a eu des mots… ce n’est pas possible… et je m’en serais souvenu…
H.2 : Non, pas des mots comme ça… d’autres mots… pas ceux dont on dit qu’on les a « eus »… Des mots qu’on n’a pas « eus », justement… On ne sait pas comment ils nous viennent…
H.1 : Lesquels ? Quels mots ? Tu me fais languir… tu me taquines…
H.2 : Mais non, je ne te taquine pas… Mais si je te les dis…
H.1 : Alors ? Qu’est-ce qui se passera ? Tu me dis que ce n’est rien…
H.2 : Mais justement, ce n’est rien… Et c’est à cause de ce rien…
H.1 : Ah on y arrive… C’est à cause de ce rien que tu t’es éloigné ? Que tu as voulu rompre avec moi ?
H.2, soupire : Oui… c’est à cause de ça… Tu ne comprendras jamais… Personne, du reste, ne pourra comprendre…
H.1 : Essaie toujours… Je ne suis pas si obtus…
H.2 : Oh si… pour ça, tu l’es. Vous l’êtes tous, du reste.
H.1 : Alors, chiche… on verra…
H.2 : Eh bien… tu m’as dit il y a quelques temps… tu m’as dit… quand je me suis vanté de je ne sais plus quoi… de je ne sais plus quel succès… oui… dérisoire… quand je t’en ai parlé… tu m’as dit : « C’est bien… ça… »
H.1 : Répète-le, je t’en prie… j’ai dû mal entendre.
H.2, prenant courage : Tu m’as dit : « C’est bien…ça… »Juste avec ce suspens… cet accent…
H.1 : Ce n’est pas vrai. Ça ne peut pas être ça… ce n’est pas possible…
H.2 : Tu vois, je te l’avais bien dit… à quoi bon ?…
H.1 : Non mais vraiment, ce n’est pas une plaisanterie ? Tu parles sérieusement ?
H.2 : Oui. Très. Très sérieusement.
H.1 : Ecoute, dis-moi si je rêve… si je me trompe… Tu m’aurais fait part d’une réussite… quelle réussite d’ailleurs…
H.2 : Oh peu importe… une réussite quelconque…
H.1 : Et alors je t’aurais dit : « C’est bien ça ? »
H.2, soupire : Pas tout à fait ainsi… il y avait entre « C’est bien » et « ça » un intervalle plus grand : « C’est biiien… ça… » Un accent mis sur « bien »… un étirement : « biiien… » et un suspens avant que « ça » arrive… ce n’est pas sans importance.
H.1 : Et ça… oui, c’est le cas de le dire… ce « ça » précédé d'un suspens qui t’a poussé à rompre…
- zinzinuleNiveau 8
En littérature jeunesse, l'incipit du roman Peur sur la ferme de Dieuaide est pratique : la narrateur est un chien et c'est implicite. Cela convient peut-être mieux à des 6e - 5e. Par contre je ne l'ai pas ici. Bonne recherche.
- PonocratesExpert spécialisé
Peut-être un peu difficile en entier pour des quatrième, mais il y a la lettre-nouvelle d'Un Printemps froid de Danièle Sallenave qui commence par " Mon cher Petit."
- "Mon cher petit":
- « Mon cher petit,
Cela ne fait rien, je comprends bien. Vois-tu, je ne m’y attendais pas trop : c’est comme à Noël dernier, vous avez si peu de vacances ! Et je suis bien ici, très bien même. Sais-tu que, pour mon anniversaire, les sœurs (je dis les sœurs mais ce ne sont pas des religieuses, même pas des infirmières non plus, ce sont « les jeunes filles » comme on les appelle ici, deux d’entre elles sont mariées et la petite est fiancée, je l’ai rencontrée l’autre jour avec le jeune homme, il est venu me dire bonjour très poliment), donc les petites ont fait un grand gâteau. Sans les bougies, heureusement, car à mon âge, il y en aurait, hélas ! trop. Et au dessert, le champagne, enfin, du mousseux, mais deux ou trois étaient légèrement pompettes. Enfin, c’est encore un bon moment de passé.
Il y a plusieurs choses qu’il faudrait que je te demande, ça n’a d’ailleurs pas beaucoup d’importance, ce sont des questions relatives à la maison de Saint-Julien. Je ne sais plus bien s’il y avait des poiriers, au fond du jardin. Oui, n’est-ce pas ? Ou bien est-ce que ton père les avait fait arracher après la guerre ? Mais je ne vais pas t’ennuyer maintenant avec ça, j’ai tout noté sur un papier. Depuis fin juin (ce n’est pas un reproche) la liste commence à être longue. Dis aussi à Madeleine de m’envoyer les mesures exactes de Jean-François : sans quoi je ne peux pas terminer son pull. Remarque, je ne m’y tiens guère, j’ai pris l’habitude de regarder la télévision l’après-midi, il n’y a personne (elles dorment !) au petit parloir. Le parloir ! Tu te souviens, quand tu nous attendais au parloir, et si nous avions un peu de retard, comme tu étais nerveux. Dans la voiture, je disais à ton père : doucement, ne va pas si vite, et lui : mais tu sais bien qu’il va s’énerver. Ah oui, pour être nerveux, tu étais nerveux.
Ta dernière lettre a mis neuf jours à me parvenir : il faut dire qu’elle était d’abord allée à Nyons, on se demande pourquoi ! J’ai beaucoup lu ces temps derniers, malgré mes pauvres yeux, et pourtant la bibliothèque laisse bien à désirer, aussi ton envoi a-t-il été le bienvenu. J’ai surtout aimé les nouvelles, et le roman de Thomas Hardy, du fait qu’il se passe à la campagne, c’est tout à fait les sentiments d’autrefois. Je le passerai à Mme Christian ; les autres, n’en parlons pas.
Sais-tu qui m’a écrit ? Mme Larue ! Je n’en croyais pas mes yeux. Elle ne va pas fort, la pauvre, enfin elle est toujours chez elle. Pour combien de temps encore ? m’écrit-elle. Ses deux fils sont aux États-Unis ; tu vois que je ne suis pas seule à être seule, si j’ose dire. Je suis beaucoup mieux depuis que j’ai une chambre pour moi, à l’étage. J’ai mis la table devant la fenêtre, j’ai repoussé le lit de l’autre côté (il est vrai que tu n’as jamais vu la chambre, mais cela ne fait rien, je t’explique) ce qui fait que, quand je suis dans mon fauteuil, j’ai vue sur la Mayenne – quoiqu’en ce moment, la nature ne soit pas bien gaie. Il paraît qu’au printemps on va raccorder la route à celle de Laval : bien des tracas en perspective, et pourvu qu’on ne coupe pas ma belle rangée de peupliers ! Quand tu étais petit et que nous t’emmenions à la pêche, je te faisais toujours dormir à l’ombre des peupliers, c’est une ombre qui n’est pas dangereuse.
Si la fille de Mme Christian vient la semaine prochaine, je lui dirai de m’acheter du carton, et une vitre pour encadrer la jolie gravure de Madeleine, je n’ai pas le courage de prendre le car pour aller à Laval. Remercie Madeleine pour moi, et dis-lui que j’ai coupé le titre : La maison aveugle, c’est trop triste pour une vieille femme comme moi. Allez, je vous quitte. Soyez bien prudents sur la route, et je ne veux pas que vous me rapportiez un cadeau, comme à chaque fois. Sur mon étagère, c’est une véritable exposition, j’en ai presque honte. « Vos enfants voyagent beaucoup » m’a dit la doctoresse. Des bonbons, à la rigueur, des « Quality street », la boîte est bien pratique pour ma couture.
Je vous embrasse tous les trois. »
Danièle SALLENAVE, Un Printemps froid, 1983.
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"If you think education is too expensive, try ignorance ! "
"As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? "
- NuitsFidèle du forum
Il y a peut-être la nouvelle « La maison verte » de M. Ollivier.
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C'est dans l'intérêt de l'enfant.
- *Ombre*Grand sage
Bonjour, Ernya,
Quand j'évalue le travail sur la nouvelle réaliste en 4e, c'est justement la compréhension que j'évalue : la compréhension de l'explicite, la connaissance du vocabulaire étudié, et la compréhension de l'implicite. Comme j'étudie en général La Parure en classe (pas original, mais ça marche tellement bien), je donne en évaluation Les Bijoux, toujours de Maupassant, qui fait un beau pendant à cette nouvelle, et qui est parfait pour vérifier la compréhension de l'implicite. Mais le texte fait deux pages. Si cela t'intéresse néanmoins, je peux te l'envoyer.
Quand j'évalue le travail sur la nouvelle réaliste en 4e, c'est justement la compréhension que j'évalue : la compréhension de l'explicite, la connaissance du vocabulaire étudié, et la compréhension de l'implicite. Comme j'étudie en général La Parure en classe (pas original, mais ça marche tellement bien), je donne en évaluation Les Bijoux, toujours de Maupassant, qui fait un beau pendant à cette nouvelle, et qui est parfait pour vérifier la compréhension de l'implicite. Mais le texte fait deux pages. Si cela t'intéresse néanmoins, je peux te l'envoyer.
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