Enseignement facultatif "Français et Culture Antique" en 6e

L'enseignement "Français et culture antique" qui pourrait être proposé dès la rentrée prochaine aux élèves de 6ème fait l'objet d'un sondage de la part d'un syndicat (le SNALC) dans un courriel réservé semble-t-il à ses seuls adhérents. Voilà pourquoi je ne le reproduis pas ici.

Rappel des faits sur Eduscol :
"Les élèves intéressés par les langues et cultures de l’Antiquité (LCA) bénéficient aujourd’hui d’un parcours pouvant être suivi depuis la classe de cinquième jusqu’à la classe terminale. Afin de reconnaître davantage l’apport des LCA dans les apprentissages des élèves, le ministre a souhaité étendre ce parcours et mettre en place un nouvel enseignement facultatif de "Français et culture antique" pour la classe de sixième. Celui-ci sera proposé à la rentrée 2021 à titre expérimental.

Dans ce cadre et par une lettre de saisine en date du 24 décembre 2020, le ministre a demandé au Conseil supérieur des programmes (CSP) d’élaborer un projet de programme pour ce nouvel enseignement facultatif de la classe de sixième et de formuler des recommandations pour sa mise en œuvre.

Afin de répondre à cette demande, le CSP a missionné, dès le début de l’année 2021, un groupe d’experts chargés d’élaborer ce projet de programme."

Lien vers eduscol :
https://www.education.gouv.fr/nouvel-enseignement-facultatif-de-francais-et-culture-antique-pour-la-classe-de-sixieme-308426

Lien vers le site collaboratif "arrête ton char" bien connu des professeurs de lettres, qui a publié un article très récent sur le sujet et apporte des précisions utiles :
https://www.arretetonchar.fr/quid-de-loption-francais-et-culture-antique-en-6e/

En ce qui me concerne, professeur de LCA en collège depuis toujours et ardent défenseur des langues anciennes (triste, au passage, d'apprendre sur un autre fil du forum le décès de Philippe Jaccottet dont j'ai proposé un extrait de sa traduction de L'Odyssée à mes sixièmes avant le départ pour les vacances d'hiver) je réserve un accueil mitigé à cette proposition sans vouloir froisser les esprits susceptibles de ce forum et même si toute tentative de redorer le blason d'une discipline moribonde dans le secondaire est à considérer :

- trop grande dispersion des savoirs, de manière générale, pour des élèves de 6ème déjà à la peine et très occupés par 8 ou 9 enseignements différents
- le programme d’histoire géographie et de français fait déjà la part belle à l’antiquité
- trop d’inconnues à ce stade : qui va assurer ces heures de cours et cette nouvelle « matière » serait instaurée au détriment de quelle autre ?

Les chefs d'établissement ne semblent pas au courant pour l’instant et les DHG sont diffusées.

D’une manière générale, l’information a été noyée par la crise sanitaire qui occupe les médias.

Dernier argument : commençons par redonner aux latinistes/hellénistes ainsi qu’aux professeurs de LCA, deux heures en cinquième et au minium, autant aux autres niveaux.

Ne nous emballons pas. C'est une expérimentation (qui me rappelle vaguement "les classes sans note(s)"...).

Votre opinion ?

Merci Césarion, je n'avais pas vu passer cela.

Césarion a écrit:
- trop d’inconnues à ce stade : qui va assurer ces heures de cours et cette nouvelle « matière » serait instaurée au détriment de quelle autre ?

C'est exactement cela :
- si c'est encore une "non matière" comme l'histoire des arts, que n'importe qui peut enseigner sans formation particulière, cela finira en bouche-trou pour ceux qui veulent une HSA ou ont besoin de compléter leur service. On la refusera donc aux collègues de lettres classiques s'il faut pour les besoins du service la confier à n'importe qui (lequel ne sera pas forcément ravi d'ailleurs)... non merci...
- si c'est encore une matière sans horaire, autrement dit quelque chose qu'il faut enseigner à moyens constants - comme l'histoire des arts (coucou, la revoilà) ou la "demi-heure d'éloquence" en 3ème pour laquelle les moyens n'ont jamais été dispensés, encore une fois, non merci...

Pour ma part, je suis complètement désabusée et scandalisée que le Ministre, dans sa lettre de saisine adressée à la Présidente du CSP, se glorifie d'avoir "rendu aux langues anciennes leur place légitime". Je m'intéresserai donc à cet "enseignement expérimental" quand il aura pris de vraies mesures pour soutenir les Humanités: horaire national (et pas le "7h maxi "qui se prête à toutes les interprétations) sur des heures fléchées (pas sur la marge) serait déjà un bon début. Si on pouvait avoir aussi un parcours cohérent du collège au lycée (horaires, programmes), ce serait pas mal non plus. Si le Ministre voulait vraiment rendre à ces disciplines leur crédibilité perdue depuis un petit moment, il ne proposerait pas ce type de gadget (bien pratique pour faire croire à moindre frais qu'on favorise à donf les langues anciennes). Mais bon, on commence à être habitué à ce que la comm tienne lieu de politique. En tous cas, ce sera sans moi, j'ai pas envie de cautionner.

musa a écrit:Pour ma part, je suis complètement désabusée et scandalisée que le Ministre, dans sa lettre de saisine adressée à la Présidente du CSP, se glorifie d'avoir "rendu aux langues anciennes leur place légitime". Je m'intéresserai donc à cet "enseignement expérimental" quand il aura pris de vraies mesures pour soutenir les Humanités: horaire national (et pas le "7h maxi "qui se prête à toutes les interprétations) sur des heures fléchées (pas sur la marge) serait déjà un bon début. Si on pouvait avoir aussi un parcours cohérent du collège au lycée (horaires, programmes), ce serait pas mal non plus. Si le Ministre voulait vraiment rendre à ces disciplines leur crédibilité perdue depuis un petit moment, il ne proposerait pas ce type de gadget (bien pratique pour faire croire à moindre frais qu'on favorise à donf les langues anciennes). Mais bon, on commence à être habitué à ce que la comm tienne lieu de politique. En tous cas, ce sera sans moi, j'ai pas envie de cautionner.

Complètement d'accord. Dans mon collège, alors qu'on a une très forte demande (deux groupes par niveau, pleins : entre 24 et 30 élèves), on n'a pourtant que les horaires plancher : 1/2/2. Je voulais une deuxième heure en 5e, impossible de négocier (et ma collègue de LC n'avait pas l'air prête à se bouger...). Qu'on nous rende les horaires qui existaient avant la réforme, et on n'aura pas besoin de cette option.

Etant au SNALC, j'ai reçu ce mail, et je viens d'ailleurs d'y répondre.

marjolie.june a écrit:

musa a écrit:Pour ma part, je suis complètement désabusée et scandalisée que le Ministre, dans sa lettre de saisine adressée à la Présidente du CSP, se glorifie d'avoir "rendu aux langues anciennes leur place légitime". Je m'intéresserai donc à cet "enseignement expérimental" quand il aura pris de vraies mesures pour soutenir les Humanités: horaire national (et pas le "7h maxi "qui se prête à toutes les interprétations) sur des heures fléchées (pas sur la marge) serait déjà un bon début. Si on pouvait avoir aussi un parcours cohérent du collège au lycée (horaires, programmes), ce serait pas mal non plus. Si le Ministre voulait vraiment rendre à ces disciplines leur crédibilité perdue depuis un petit moment, il ne proposerait pas ce type de gadget (bien pratique pour faire croire à moindre frais qu'on favorise à donf les langues anciennes). Mais bon, on commence à être habitué à ce que la comm tienne lieu de politique. En tous cas, ce sera sans moi, j'ai pas envie de cautionner.

Complètement d'accord. Dans mon collège, alors qu'on a une très forte demande (deux groupes par niveau, pleins : entre 24 et 30 élèves), on n'a pourtant que les horaires plancher : 1/2/2. Je voulais une deuxième heure en 5e, impossible de négocier (et ma collègue de LC n'avait pas l'air prête à se bouger...). Qu'on nous rende les horaires qui existaient avant la réforme, et on n'aura pas besoin de cette option.

Etant au SNALC, j'ai reçu ce mail, et je viens d'ailleurs d'y répondre.

Complétement d'accord avec vous.
Nous devons nous battre tous les ans pour "justifier" ces heures prises sur la marge. Que les horaires soient à nouveau fléchés et indépendants , cela représenterait un vrai soulagement !
On peut rêver..

Je ne suis plus ni au SNALC ni au collège mais je me permets quand même de donner mon avis : c'est effectivement une blague. Pourquoi pas un club sur le temps du midi pendant qu'on y est ? Après quoi on pourra proclamer qu'on a rendu aux langues anciennes leur juste place

J’ai reçu le mail du Snalc et j’y ai répondu. Qu’on flèche les horaires de latin-grec, qu’on puisse à nouveau faire latin et grec sur de vraies dotations horaires ! Voilà ce qu’il faut !
Je crains 2 choses avec cette option : une foire d’empoigne lors de la DHG, qui est larvée déjà avec les horaires de LA, et que finalement les programmes de français de 6e voient sortir les textes de l’Antiquité au profit de cette option.

Pour info, ATC a envoyé un sondage sur la question à ses adhérents, pour appui dans ses discussions avec l'IG.

Disons que si c'est en plus, avec une rallonge de la marge ou, rêvons, un fléchage dans la DGH, pourquoi pas.
Le truc que je vois arriver gros comme une maison, c'est que ce soit le bon gros prétexte pour diminuer encore le vrai enseignement des LCA en disant que les élèves ont ainsi tous eu accès au latin et au grec...

henriette a écrit:Disons que si c'est en plus, avec une rallonge de la marge ou, rêvons, un fléchage dans la DGH, pourquoi pas.

Et comme on a connu la réforme du collège, on sait que non seulement il n'y aura pas de rallonge de la marge, mais que s'il devait y en avoir une ce serait pour la supprimer l'année d'après ou la suivante un fois le truc lancé.

AsarteLilith a écrit:Pour info, ATC a envoyé un sondage sur la question à ses adhérents, pour appui dans ses discussions avec l'IG.

Oui, j'y ai répondu à l'instant en faisant part de mon scepticisme sur les conditions de mise en place de cette nouvelle option. J'en ai profité également pour formuler mon (doux) rêve de retrouver de vraies conditions pour enseigner les LCA.

Oui. Ça me déprime plutôt qu'autre chose. Je n'y crois pas du tout.

Maintenant tout est à prendre sur la marge. « Autonomie » des établissements qu’ils disent. Économies de moyens surtout. Dans mon petit collège la marge passe dans les LV2 et le latin. Et il ne reste plus rien ensuite.

J'en ai marre d'être prof de lettres classiques ce soir. Le dinosaure s'épuise. Dire que j'ai débuté il y a 35 ans un règne sans partage sur les options et jamais remis en question. Quelle chute !