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Vinsmoke
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Déconstruisez ma vision du métier de professeur Empty Déconstruisez ma vision du métier de professeur

par Vinsmoke Mar 27 Oct 2020 - 17:54
Bonjour à toutes et à tous.
Après avoir passé l'après-midi à consulter des sujets plus ou moins anciens que j'ai déniché sur ce forum, je prends mon courage pour vous écrire.

Sans être trop dans le détail, après le baccalauréat, je me suis lancé dans des études supérieures qui malheureusement, n'ont pas abouti, notamment à cause de problèmes personnels. Ainsi, je me retrouve 3 ans plus tard, après avoir enchaîné petits boulots sur petits boulots enfin prêt à me ré-inserer dans un cursus universitaire.

J'aimerais poursuivre une licence LLCER Anglais, celle là même que j'ai dû abandonner par le passé, afin de devenir ... (faux suspense au vu du nom du site) Professeur d'Anglais!
C'est une vocation qui m'est venue relativement jeune, et qui m'a été transmise par l'une de mes professeurs au collège. Depuis, ça ne m'a jamais lâché.
Cependant, au plus j'essaie d'approfondir ma vision du métier, au plus j'ai l'impression de déchanter totalement.
En effet, j'ai eu des professeurs dans mon entourage qui m'ont toujours déconseillé le métier, mais étant jeune, je n'étais sûrement pas en mesure de comprendre pourquoi. En lisant vos messages et plus particulièrement de certains sujets abordant la charge mentale couplée à la charge de travail demandée, cela devient plus clair.

C'est pourquoi je m'en remets directement à vous afin d'avoir une vision encore plus nette.
Je me doute que c'est un métier prenant, là n'est pas le problème, bien au contraire. Cependant pour la grande majorité des publications, j'ai eu l'impression que ceux qui écrivaient ces messages n'étaient pas épanouis dans ce métier. Entre les cours face à des élèves difficiles et le travail qui continue en dehors des horaires fixes, parvenez-vous à avoir du temps libre ? A avoir une vie de famille ?

En conciliant beaucoup de recherches, le bilan que j'ai pu noter s'élèverait à 40-45h/semaine, est-ce applicable à chaque domaine ? Car je me doute que les copies de Lettres doivent être plus longues à corriger que d'autres matières.

Enfin bref, je divague trop. Si je pouvais synthétiser mes interrogations de manière simple et concise, cela se résumerait à : Êtes-vous heureux dans votre métier, et encourageriez-vous quelqu'un à poursuivre dans cette voie ?

Merci beaucoup ! Smile
Jenny
Jenny
Médiateur

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par Jenny Mar 27 Oct 2020 - 18:06
Mon métier me plait toujours au bout de quelques années.
J’aime faire cours, lire beaucoup même si c’est pour la préparation des cours.
Je tourne effectivement autour de 40-45h par semaine en comptant tout y compris les lectures disciplinaires. Les corrections de copies sont longues en HG et en spé. Et je change souvent de niveaux, de type d’établissements vu que je suis TZR (titulaire mais remplaçante) Au lycée, mes collègues de langues sont très pris par les E3C et ont beaucoup de classes. Je ne sais pas si c’est moins lourd.
Le vrai problème pour moi reste le salaire. Si je n’ai pas l’agrégation, je finirais sans doute par me reconvertir à contre cœur pour cette raison.

Si le métier te tente, fonce. Wink N’hésite pas à aller observer des cours avant le concours.
Mathador
Mathador
Empereur

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par Mathador Mar 27 Oct 2020 - 18:20
Vinsmoke a écrit:Enfin bref, je divague trop. Si je pouvais synthétiser mes interrogations de manière simple et concise, cela se résumerait à : Êtes-vous heureux dans votre métier, et encourageriez-vous quelqu'un à poursuivre dans cette voie ?
Non.
Oui, si tu as la volonté de faire beaucoup de garderie sans forcément pouvoir compter sur autre que toi-même.
Personnellement, ce n'est pas tellement la quantité de travail (qui n'a, en dehors des cours, que l'ampleur qu'on veut bien lui donner) ni la paye (agrégé, peu dépensier et provincial ça passe large) mais ce sabotage hiérarchique qui a fini par me pousser vers la sortie.

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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
Sphinx
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Prophète

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par Sphinx Mar 27 Oct 2020 - 18:54
J'ai aimé mon métier pendant les 8 ans que je l'ai exercé. Ce qui m'en a peu à peu détournée, c'est tout ce qui est autour :
- la relation avec les élèves, être en classe, j'aimais ça (bon, avec certaines classes plus que d'autres, c'est sûr)
- préparer les cours, j'aimais ça
- corriger les copies, c'est la plaie, surtout en français et surtout que j'ai l'impression que le quasi-illettrisme d'une bonne partie des élèves progresse à grands bonds, mais on ne peut pas toujours tout aimer à 100% dans un travail, même quand c'est une passion.
Mais il y avait aussi :
- l'inflation des réunions et tâches annexes inutiles et chronophages (les trente mille trucs à remplir pour l'évaluation du brevet par compétences et les points travaillés sur le bulletin par exemple, le tout sur des logiciels mal foutus)
- le fait d'avoir été lâchée pendant trois ans avec tous mes collègues en pâture à un personnel de direction toxique, et plus encore le fait que la hiérarchie au-dessus, tout en reconnaissant ouvertement les faits, n'en ait jamais rien eu à faire
- le salaire qui n'augmente pas et qui n'augmentera pas
- ma matière (les lettres classiques) vouée à disparaître à petit feu, les parents qui font le forcing pour que leur gamin arrête quand l'adolescence arrive, les horaires mal placés, le fait de récupérer les refusés de l'option euro, de sentir les tentatives de grignotages d'horaires chaque année
- le prof bashing général dans les médias (heureusement il n'y a personne comme ça parmi mes proches mais malheureusement la tendance générale à la télé, sur internet, etc, n'est pas à nous laisser tranquilles...)

Bref, oui j'aime ce métier mais plus ses conditions d'exercice, et à un moment donné la balance a commencé à pencher du mauvais côté. Mes petits latinistes choupis de cinquième me manquent, mais je crois que pour ce qui concerne ma santé à moi c'est une très bonne chose que je ne sois pas là cette année. Mais je crois que le point de bascule peut se situer à un endroit très différent selon la personnalité, selon ce que tu attends de ce travail et selon l'endroit où tu vas travailler.

_________________
An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."


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Jenny
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Médiateur

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par Jenny Mar 27 Oct 2020 - 18:56
Je rejoins Sphinx et ça fait partie des raisons pour lesquelles je ne me précipite pas sur un poste fixe.
Plus que le profil des élèves, la direction change beaucoup les conditions de travail au quotidien. Je peux être ravie de travailler avec un chef, une autre direction fera que je vais aller travailler en trainant les pieds (et être ravie de partir à la fin de l´année).
Balthazaard
Balthazaard
Vénérable

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par Balthazaard Mar 27 Oct 2020 - 19:27
Mathador a écrit:
Vinsmoke a écrit:Enfin bref, je divague trop. Si je pouvais synthétiser mes interrogations de manière simple et concise, cela se résumerait à : Êtes-vous heureux dans votre métier, et encourageriez-vous quelqu'un à poursuivre dans cette voie ?
Non.
Oui, si tu as la volonté de faire beaucoup de garderie sans forcément pouvoir compter sur autre que toi-même.
Personnellement, ce n'est pas tellement la quantité de travail (qui n'a, en dehors des cours, que l'ampleur qu'on veut bien lui donner) ni la paye (agrégé, peu dépensier et provincial ça passe large) mais ce sabotage hiérarchique qui a fini par me pousser vers la sortie.

Garderie...c'est bien ce qui caractérise ce métier....des élèves en spé maths qui auront leur bac (c'est décidé ailleurs, quelques profs croient encore qu'ils y ont un rôle à jouer, comme ceux qui pensent que leurs prières peuvent influer sur l'ordre du monde...les mêmes?..je ne suis pas croyant) , qui maitrisent mal les opérations de base (dont ils ignorent d'ailleurs le nom...somme ...produit...c'est pareil)  et écrivent phonétiquement . Les autres je n'en parle même pas. Oui vraiment un beau métier!

Le bon côté...pour moi de moins en moins de travail, un exo de seconde de 1990 peut me faire deux heures aujourd'hui en spé maths. Les copies sont toujours aussi longues à corriger, pas par le contenu (vide) mais par le travail de déchiffrage d'un français mal maitrisé, d'une absence de soin et d'une mise en page au delà du concevable.
EnglishTidsear
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Niveau 9

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par EnglishTidsear Mar 27 Oct 2020 - 23:23
J'aime mon métier, la relation avec les élèves surtout. J'ai la chance d'enseigner dans un lycée tranquille, ils sont en général agréables, mais quand ce n'est pas le cas ça peut vite devenir insupportable. J'aime préparer les cours et apprendre de nouvelles connaissances quand je fais des recherches en amont. En revanche, la correction des copies et des audio, je trouve çà inintéressant au possible. Je prépare tous mes cours en juillet ou août pour être tranquille durant l'année car sinon pas le temps de vivre. J'ai ainsi du temps pour mes loisirs et la famille. Nous avons cette liberté de travailler quand nous le voulons, mais cela implique d'être organisé et de choisir entre vacances, soirées ou week-ends. Il faut savoir qu'en anglais on peut avoir 6 niveaux différents avec des classes qui n'ont que 2h ou 3h d'anglais par semaine, donc autant de préparations. Et les réformes nous obligent à refaire nos cours régulièrement. Mais je ne regrette en rien mon choix de carrière 😊
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eleonore69
Érudit

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par eleonore69 Mer 28 Oct 2020 - 1:03
En ce moment j(aime mon métier parce que je l'exerce dans de bonnes conditions : élèves corrects, collèges agréables.. Mais on est tous différents.. A titre perso, j(aime les établissements tranquilles où l'on peut réellement enseigner.D'autres sont très heureux d'enseigner en REp+
J'ai eu des moments de découragement lorsque justement je l'exerçais dans des bahuts difficiles avec des équipes pas top...
egomet
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Doyen

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par egomet Mer 28 Oct 2020 - 3:17
Le métier est beau. C'est le contexte qui s'est dégradé en France. Pour ma part, j'ai préféré changer de pays plutôt que de changer de métier. C'est un choix que je ne recommande pas forcément. Il reste de bons postes en France, mais c'est un peu la loterie.
Ne pas négliger de se renseigner sur le système des affectations et sur le cadre réglementaire. C'est ennuyant, mais il est bon de se protéger. Bien connaître ses obligations légales et ses attributions permet de résister aux injonctions absurdes ou d'exiger des mesures quand c'est nécessaire. Malheureusement, je dois dire que c'est le cadre bureaucratique qui est absurde. Et ce cadre est national. Les procédures sont lourdes et limitent considérablement les décisions que peuvent prendre les équipes éducatives. Ce n'est pas un hasard si les classes sont particulièrement difficiles à gérer en France. C'est l'effet des lois, notamment celles qui concernent les sanctions applicables ou le redoublement.

Sur la charge de travail, c'est très variable, selon la matière et le style d'enseignement. Il est bon de compter 40 à 45 heures au début. Mais avec le temps, il est possible de réduire la charge considérablement dans certains domaines. Bon, une dissertation reste une dissertation. Le temps de correction reste important. Mais lorsqu'on dispose d'un bon manuel, la plupart des préparations peuvent se faire très vite, une fois qu'on a pris le pli. Pour les cours de langue étrangère (j'ai enseigné en FLE en plus des lettres) j'arrive à descendre jusqu'à 5 minutes par heure de cours. Bien sûr, ça dépend de votre maîtrise de la matière. Si vous avez besoin de vérifier toutes les connaissances, c'est très long. Si vous enseignez une langue que vous parlez parfaitement sans efforts, vous pouvez presque improviser. Presque. L'improvisation est en fait l'utilisation de routines bien rodées.

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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.


Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
skindiver
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Érudit

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par skindiver Mer 28 Oct 2020 - 6:25
Pour moi le seul soucis est le salaire bien bas. Quand je compare mes amis qui à niveau d'études égal gagnent entre x2 et x4 ce que je gagne...
sand
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Guide spirituel

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par sand Mer 28 Oct 2020 - 6:44
J'aime mon métier, que j'exerce dans un collège bien tenu (grâce à un CDE extra), avec des élèves globalement intéressés et sympas. Mais c'est un travail fatigant, comme ailleurs il y a des élèves difficiles, et sans une direction et une vie scolaire cohérentes, cela pourrait rapidement devenir l'enfer. Et ça a failli le devenir, il y a quelques années, avec une direction qui était systématiquement du côté des élèves.
Si les parents sont dans l'ensemble agréables et respectueux à notre égard,  il est insupportable d'être méprisés et régulièrement étrillés dans les media.
Enfin, renseigne-toi bien sur le système des mutations : peu d'entre nous enseignent dans leur région d'origine.
Lokomazout
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Niveau 9

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par Lokomazout Mer 28 Oct 2020 - 7:28
Vinsmoke a écrit:Enfin bref, je divague trop. Si je pouvais synthétiser mes interrogations de manière simple et concise, cela se résumerait à : Êtes-vous heureux dans votre métier, et encourageriez-vous quelqu'un à poursuivre dans cette voie ?

Heureux, globalement oui, mais je l'ai été bien plus (j'en suis à ma 25ème rentrée)... A une époque où on était bien moins sur notre dos !
PPCR m'a tuer !!! Et cette "nouveauté" est à prendre en ligne de compte. Quand on a été habitué à une belle progression qui se trouve stoppée net depuis environ quatre ans, on l'a franchement mauvaise.
On ne faisait pas ce métier pour l'argent. Par la force des choses, c'est encore plus vrai maintenant...
Le management type entreprise privée s'introduit en douce, mais sans les avantages qui vont avec (intéressement, participation, tickets-resto, C.E., etc.)
Voilà, il nous reste encore notre statut protecteur, mais pour combien de temps ?

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DerMax
Habitué du forum

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par DerMax Mer 28 Oct 2020 - 9:26
En soit le métier varie énormément selon les établissements, les filières, les collègues, le fait d'être en lycée/collège...
Au final la constante reste la faiblesse de la rémunération par rapport au diplôme.

Deux exemples:
j'ai fait un lycée, élèves décrocheurs intérêt pour ma matière quasi inexistant, je n'aimais pas faire cours, mais les corrections allaient super vites, les collègues étaient sympa mais je n'étais pas heureux dans mon boulot, je devais bosser 25h/semaine
autre lycée, bons élèves, intéressés dans l'ensemble mais trop de copies/corrections, collègues sympa, globalement heureux je devais bosser 40/50h semaine

Pourquoi 3,14159
Pourquoi 3,14159
Expert

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par Pourquoi 3,14159 Mer 28 Oct 2020 - 9:45
Sincèrement, seuls mes 53 ans me font rester. J'espère tenir encore 3 ou 4 ans puis démissionner. Depuis un peu moins de 8 ans je mets de coté pour pouvoir quitter ce "métier" et me reposer avant de mourir. Je ne veux pas mourir sur "estrade".

Tu as donc mon avis.

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"Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez vous auprès d'une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C'est ça la relativité. " (Albert Einstein).
Elaïna
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par Elaïna Mer 28 Oct 2020 - 11:12
En fait le problème c'est que tu auras autant de réponses que de personnes.

Il y a ceux qui sont en poste fixe et ceux qui enchaînent les postes de TZR non souhaités. Il y a ceux qui sont très contents d'être TZR comme l'explique Jenny. Il y a celui qui est à dix minutes à pieds, celui qui fait 1h30 en bus et celui qui fait 45 minutes d'embouteillages le matin.
Il y a ceux qui ont la fibre sociale et ont les reins assez solides pour tenir un public difficile (ce n'est pas mon cas : je n'aurais pas supporté, je pense, un collège REP... les terminales ST2S du Val d'Oise ont déjà été une grande souffrance, parce que je suis une petite nature, je le reconnais sans peine, et je suis bien contente d'avoir eu mon poste chez les bourges : ceux là, je sais leur répondre quand je suis en clash). Il y a ceux qui sont très attachés à leur région du Sud et voient s'ouvrir devant eux le Mordor quand ils découvrent leur affectation dans l'académie de Créteil, dont d'autres se satisferont parfaitement.

Niveau charge de travail, là encore, c'est très variable selon les matières et l'expérience. Si préparer un cours de lycée en histoire ne me prend que quelques minutes, le nouveau programme de géo en terminale me prend des plombes. Et que dire de la spé histoire géo... Corriger des copies, là encore, c'est très variable.

Niveau salaire, là encore, chacun voit midi à sa porte. Si je compare avec mes confrères passés par les Chartes, les salaires sont à peu près comparables pour tous ceux qui sont restés dans la fonction publique (ceux qui sont partis dans la banque, ça ne compte pas !). Certains ont un peu plus (primes etc) mais pas les mêmes vacances, ni la même pression : honnêtement, il y a huit ans, on m'a proposé un détachement pour aller bosser aux archives nationales : j'ai refusé, entre autres car je savais que niveau ambiance, j'y perdrais énormément. Si je compare avec mes amis de fac, compagnons de misère du doctorat et autres potes d'amphi de licence, je m'en sors plutôt bien - parce qu'avec un master 2 en histoire et même un doctorat, c'est rare de trouver le boulot à 4000 balles mensuelles. Par contre c'est sûr que par rapport à ma petite soeur qui a dix ans de moins que moi et a fait une école de commerce, eh bien... elle gagne déjà plus que moi (et que dire de ma soeur ingénieur et de son salaire à six chiffres annuels...). Oui, je suis la plus diplômée et la moins bien payée de la fratrie, maintenant, celle qui a le temps d'avoir un cheval en demi pension, c'est moi.

Niveau pression, là encore, il y a ceux qui supportent très mal une hiérarchie pourrie, un chef relou, des collègues pas très sympas etc, et il y a ceux sur qui ça glisse comme sur les plumes d'un canard. De fait, ce que j'apprécie par-dessus tout, c'est ma grande liberté et le fait de n'avoir aucun compte à rendre à aucun petit chef. Je n'envie absolument pas le boulot de mon mari, cadre de multinationale; sa notation par les chefs, les entretiens d'objectifs, le chantage au variable, les collègues qui tirent dans les pattes, la course à l'échalote du plus "proactif" de la boîte, la culture de l'entreprise en général. Ce n'est pas la venue d'un inspecteur trois fois dans ma carrière qui me met la pression.

Bien sûr, il y a des aspects pourris : rien que la gestion du coronavirus par l'EN donne un aspect de la déliquescence de l'institution. Mais tout dépend de ce que tu es prêt à encaisser et de ce que tu veux avoir. Si tu veux une stabilité financière (pas un très gros salaire, mais un revenu fixe assuré), que tu n'as pas de problème à bouger en fonction des mutations, et que tu te vois face à des classes (là encore, l'idéal, c'est de faire quelques vacations pour voir si tu te plais dans le boulot avant de te lancer), si ta seule perspective actuelle est d'enchaîner les petits boulots et que cela ne te satisfait pas, c'est une idée qui se tient.

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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.

Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered

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Nestya
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Esprit sacré

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par Nestya Mer 28 Oct 2020 - 11:50
Comme ça a été dit, tout dépend où on enseigne. Le métier au quotidien peut être très agréable quand l'établissement est bien tenu et le public accueilli sympa. Mais ça peut véritablement devenir un cauchemar quand le public est difficile et/ou quand la direction est absente ou toxique.
Sans compter le manque de soutien, les nuisances ou les incohérences de l'institution qui s'accentuent de plus en plus depuis quelques années.

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"Attendre et espérer."
Alexandre Dumas
pg73
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Niveau 8

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par pg73 Mer 28 Oct 2020 - 12:07
Encore heureux qu'il reste quelques avantages dans ce boulot !

Après 7 ans de TZR en zone rurale du 76 où je n'ai vraiment souffert que quelques semaines en ZEP, je suis maintenant dans un poste fixe dans un des lycée les plus paisibles de savoie, et franchement c'est supportable de faire cours le matin à des bisounours (sauf peut-être en filière techno) et de faire du ski ou du vélo l'après-midi quand on l'a de libre 3 fois par semaine...

Ce qui fatigue le plus ce sont les injonctions officielles, les grands discours pompeux des IPR qui nous donnent des conseils pour progresser, de notre infantilisation permanente de l'institution qui ne se met jamais à notre place. L'envahissement progressif de nos moments de tranquillité et la charge mentale augmente avec les tâches administratives (cahier de texte, messagerie pro...).

ça devient vraiment casse pied quand on a 60 messages par semaine à trier, ou des élèves ou des parents d'élèves qui réclament des cours pdf en ligne à monchéri-moncoeur qui a manqué le cours, ou qui souhaite rattraper le contrôle et il convient de mettre des limites strictes à cette nouvelle forme d'esclavage moderne où on nours demande d'être au four et au moulin en même temps...

Mais une fois la porte de la classe fermée, on fait bien à peu près ce qu'on veut avec les élèves quand ils sont tranquilles, et peu de personnes nous demandent des comptes si tout se passe normalement en classe.

Le salaire, je m'en satisfais fort bien, et ça augmente vite les 10 dernières années avec la hors classe attribuée avec les mêmes critères que l'école des fans... Je dois toutefois reconnaitre que je serai bien incapable de tenir les classes que je réussissais à tenir en début de carrière par une énergie et une foi que j'ai perdu depuis bien longtemps !

Et la tentation de partir si ça continue de se dégrader existe, pour l'instant je la contiens, jusqu'à quand ? (car intérieurement je bous, je bous...)

_________________
In tartiflette i trust...
Provence
Provence
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par Provence Mer 28 Oct 2020 - 13:28
Pour le salaire, être certifié ou agrégé ne fait pas voir les choses de la même façon.
Bob80
Bob80
Niveau 1

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par Bob80 Sam 7 Nov 2020 - 4:33
Je vais répéter un peu ce qu'on dit des collègues:
- le travail en soi (enseigner) me plaît toujours,
- le problème est que les conditions sont de plus en plus mauvaises,
- avec de grandes variables que nous ne maîtrisons pas (équipe de direction, collègues de la même discipline, réformes); tout peut aller très bien et tout d'un coup devenir pourri à cause du changement de l'un de ces paramètres.

La réforme a considérablement alourdi le travail: à partir de maintenant (sauf évidemment cette année, depuis Jeudi soir), des épreuves sans arrêt en 1ère et T, de Février à Juin.

En Anglais, en Spécialité LLCER, le travail est colossal, surtout dans un petit établissement (plus il est grand, plus il y aura d'élèves choisissant la Spécialité; s'il y a 2 groupes, avoir les 2 en T permet de faire une préparation pour 12h de cours, soit la quasi totalité du service d'Agrégé ou les 2/3 de service de Certifié).
Ce ne peut être beaucoup plus facile en Anglais Monde Contemporain, car il faut trouver et préparer plein d'articles et videos sur des thèmes d'actualité; le faire pour un cours d'LV 1 prend déjà du temps; le faire pour 4h (1ère) ou 6h (T) de cours est tout autre chose; on peut heureusement évidemment faire d'autres choses durant ces 6h (dans l'intérêt des élèves comme le sien), mais cela représente tout de même un gros travail, certainement proche de celui pour les Colles en Classes Préparatoires (ce dont j'ai l'expérience).

Préparation de cours: énormément de temps au début (de carrière ou de cycle de réforme); après, il "suffit" d'ajuster (améliorer, corriger, remplacer, adapter), ce qui laisse du temps libre.

Cette année, j'ai très peu de temps libre, et mon très mauvais emploi du temps me complique les choses car il ne correspond pas à mon rythme (un aspect important).
Je viens de passer une bonne heure à remplir les Cahier de Texte (d'abord dans un fichier Word, afin de conserver la trace de ce que j'ai fait), faire de la correspondance (question concernant une élève), et relire le courrier du Ministre.

Corrections: du relativement rapide au pénible.
Vocabulaire, verbes: facile (surtout en faisant un quiz court), mais avec une trentaine d'élèves, même un petit quiz prend du temps; il ne faut pas oublier qu'il faut ensuite mettre les notes en ligne (avec une version du logiciel qui empêche maintenant d'utiliser la touche de retour pour corriger une faute, on perd du temps), ce qui ajoute du temps, sans en avoir l'air.
Questions de compréhension & Expression écrite: le plus long; en principe, pour une rédaction, 6-7 minutes par copie. Lire des horreurs, notamment sur des points auxquels on a consacré des heures, est pénible. J'aime bien annoter les copies, expliquer comment améliorer la réflexion ou sa présentation, mais les horreurs linguistiques (en Français comme en Anglais, puisque la Compréhension de l'oral est en Français) sont épuisantes intellectuellement et nécessitent des pauses fréquentes, allongeant le temps de correction.

Caractéristique spécifique à l'Anglais, surtout dans certains endroits: "je suis bilingue", "mon enfant est bilingue" parce qu'un parent est anglophone (native) ou parle Anglais ou vit dans un pays anglophone. Avec une direction intelligente, ça va; avec une direction qui préfère les parents aux profs, c'est plus dur.

Inspection: les visites n'ont plus le même impact, mais peuvent tout de même être embêtantes.
Beaucoup cherchent clairement à démolir, par vice et/ou parce que c'est leur manière de se sentir supérieurs. La dernière fois, l'Inspectrice a commencé par un excellent compliment, puis l'a atténué deux minutes après (s'étant rendue compte de sa grave "faute"), et deux minutes après a fini par dire un truc parfaitement débile (à une collègue aussi, mais pas en ayant démarré par ce compliment) lui permettant de se contredire totalement.
La plupart sont totalement déconnectés de la réalité.

Est-ce encore agréable?
Non, pas autant.
Préparer certains cours, expliquer , constater des progrès, être apprécié, sont des choses agréables.
Les contraintes croissantes (réforme actuelle), l'environnement selon le lieu ou l'année (direction, collègues), gâchent tout.

Tu as ce rêve mais es déjà conscient des difficultés, ce qui est extrêmement important et t'aideras énormément.
Dans le pire des cas, il est évidemment plus facile de changer totalement, d'arrêter et faire autre chose, en tout début de carrière; au bout même d'une vingtaine d'années seulement, c'est bien plus dur; l'Anglais offre certaines possibilités par rapport à d'autres disciplines, mais cela dépend des goûts (par exemple ne faire que de la traduction) et des opportunités.

Quoi qu'il en soit,
bon courage!
pseudo-intello
pseudo-intello
Sage

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par pseudo-intello Sam 7 Nov 2020 - 15:44
Je suis d'accord avec Elaïna, ou en tout cas le serais si elle précisait qu'elle est agrégée, et l'agrégation est un sésame assez rare dans le métier (bravo aux agrégés, sincèrement).

Salaire horaire :
Au début, tu y perds. Après, je pense qu'un certifié se fait toujours avoir, mais un agrégé, pas forcément (disons que ça dépend de ton cursus universitaire. Certains profils ouvrent bien plus de portes que d'autres dans le privé).
Ça dépend aussi des matières ! mes collègues de lettres modernes me semblent les grandes "perdantes" niveau temps de travail. En lycée, on peut probablement ajouter philo et histoire-géo (estimation à la louche).

Ça dépend aussi de toi : certains d'entre nous sont poursuivis toute leur vie par le syndrome "bon élève" qui les mène à toujorus penser qu'ils n'nt pas assez travaillé, et ceux-ci ne s'en sortent pas. Il y a le maniaque des projets, celui qui suit chaque élève comme si c'était son propre môme, mais aussi les collègues qui savent réfléchir la tête plus froide à cela, et s'économisent raisonnablement.

Agrégés, les collègues ont un meilleur salaire, et moins d'heures de cours. Personnellement, si j'avais eu le niveau ou la capacité de travail qui m'aurait permis d'obtenir l'agrégation, je m'estimerais très probablement mon salaire correct.

L’affectation joue aussi énormément ; quand au collège, tu dis à une classe de coller une feuil et que tu dois le répéter, t'énerver puis ridiculiser les élèves en leur montrant comment faire pour qu'ils le fassent, quand tu dois enchaîner les copies écrites phonétiquement, c'est désespérant. Tu te demandes vraiment comment c'est possible que des crus entiers de mômes peuvent être à ce point abîmés.

Si tu trouves un établissement tranquille avec des élèves gentils, c'est déjà un peu différent. J'ai une classe avec laquelle je ne fais pas la police, et qu'est-ce que ça fait du bien !

Le temps de trajet est déterminant également ; je ne sais pas comment font certains collègues de RP qui commencent par amener chaque matin leurs enfants à la garderie à 10 minutes de chez ex, pour repartir ensuite à leur étab à 3/4 d'heure dans l'autre sens.

Moi, j'ai 2 minutes de voiture pour les amener chez nounou, 3 en voiture pour l'école (20 à pieds si je suis avec les enfants), un quart d'heure de voiture pour aller au collège.

J'habite un secteur où le logement 'nest pas cher, ce qui fait paraître mon salaire moins riquiqui que si j'habitais en RP (quoique riquiqui quand même).

J'ai fait un ou deux années de bahuts vraiment rudes, au début de ma carrière (quoique pas les pires), et j'aurais démissionné si ça avait dû s’éterniser. Je parle pour moi. Je sais que tous les enfants méritent d'être éduqués et instruits dans la mesure de leurs propres moyens, mais dans l'état actuel de l'EN, ça me semble quasi impossible, et souvent douloureux pour l'enseignant.

Je ne suis pas sensible au prof-bashing (que je relève, que je déplore, mais qui ne m'atteint pas) et peu sensible aux pressions hiérarchiques, car je connais mes droits, je sais me défendre et je suis dans un collège plutôt résistant, avec des collègues qui ne se laissent pas trop marcher dessus.

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