- DODO62Niveau 5
Comme beaucoup de néos qui ont témoigné sur ce fil, même si je passe encore de bons moments avec certaines classes, je suis usée de plus en plus tôt dans l'année scolaire. J'ai commencé comme MA à 21 ans, je vais avoir 51 ans la semaine prochaine. Donc de nombreuses années à enseigner l'Histoire et la Géographie. Mon "rêve" serait de pouvoir financièrement travailler à mi-temps.
L'apathie de certaines classes, leur manque d'intérêt, je m'y fais plus ou moins et cela ne concerne pas tous mes élèves (il y a toujours une classe qui ne fonctionne pas bien chaque année, c'est ainsi. Et cela permet de se réjouir de heures passées avec les groupes qui jouent le jeu). Ce que je ne supporte plus, c'est de lire des copies mal écrites, des torchons (phrases même pas rédigées sur les lignes), des phrases sans queue ni tête (pas de verbe, le sujet est toujours "il" ou "ils"..). Toute une scolarité pour en arriver, en fin de lycée, à moins bien maîtriser sa langue maternelle que certains étrangers! (J'ai eu en classe une élève japonaise, en échange, avec un maigre bagage en français, et qui, à la fin de l'année scolaire, rédigeait mieux que les élèves français...).
Et me fader les évaluations pix et compagnie, les ateliers truc bidule, alors que nous manquons d'heures de classe pour réaliser un travail de qualité.
Je ne veux plus lire/entendre "enseignement hybride" et me sentir jugée par ce que je ne souhaite pas être filmée.
J'aimerais pouvoir rentrer chez moi en sachant que je n'ai plus rien à préparer, corriger jusqu'au lendemain, pas de messages à lire etc.
L'apathie de certaines classes, leur manque d'intérêt, je m'y fais plus ou moins et cela ne concerne pas tous mes élèves (il y a toujours une classe qui ne fonctionne pas bien chaque année, c'est ainsi. Et cela permet de se réjouir de heures passées avec les groupes qui jouent le jeu). Ce que je ne supporte plus, c'est de lire des copies mal écrites, des torchons (phrases même pas rédigées sur les lignes), des phrases sans queue ni tête (pas de verbe, le sujet est toujours "il" ou "ils"..). Toute une scolarité pour en arriver, en fin de lycée, à moins bien maîtriser sa langue maternelle que certains étrangers! (J'ai eu en classe une élève japonaise, en échange, avec un maigre bagage en français, et qui, à la fin de l'année scolaire, rédigeait mieux que les élèves français...).
Et me fader les évaluations pix et compagnie, les ateliers truc bidule, alors que nous manquons d'heures de classe pour réaliser un travail de qualité.
Je ne veux plus lire/entendre "enseignement hybride" et me sentir jugée par ce que je ne souhaite pas être filmée.
J'aimerais pouvoir rentrer chez moi en sachant que je n'ai plus rien à préparer, corriger jusqu'au lendemain, pas de messages à lire etc.
- BalthazaardVénérable
De toute façon l'épanouissement dans l'enseignement est un leurre à 99%, l'esprit humain est ce qu'il est et on aura toujours des gens qui raconteront que "c'est génial, c'est toujours nouveau...on voit des yeux qui pétillent et autres fadaises..." mais la réalité est ailleurs j'ai trois amis/ connaissances, l'un prof d'équitation, je peux te dire que les cours de débutants où il faut expliquer 100 fois comment tenir les rênes, qu'il ne faut pas tirer sur la bouche, éviter les coups de talons...etc...etc il en a soupé et il faut subir parce que sinon les parents retirent les mômes et à la fin du mois les factures sont encore là....si il n'y avait que du haut niveau ce serait bien pour sur. L'autre fonctionnaire reconverti en moniteur de vol libre, là aussi génial au début, sauf que quand tu dois enchainer les stages de débutants, les blagues de début des "clients" (parce que c'est comme ça qu'on appelle les stagiaires) il commence vraiment à en avoir marre, du reste il n'a jamais aussi peu volé que depuis qu'il enseigne. Le dernier, prof de piano, la c'est le pire, je crois, devoir subir les gosses qui ne travaillent pas leurs morceaux avec la pression des parents derrière ou les adultes qui ont "leurs" idées et ne veulent rien entendre d'autre en ne comprenant pas pourquoi ils n'avancent pas..
- lisa81Habitué du forum
Bonsoir,
Pour prendre conscience de ce qu'est la réalité du métier quand on vieillit, je conseille la lecture de cet article sur la fin de carrière des enseignants:
https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2014-7-page-149.htm
Quant à la sécurité de l'emploi....Oui, certes
Mais pas de rupture conventionnelle possible à 60 ans ( enfin si...en théorie )
Pour prendre conscience de ce qu'est la réalité du métier quand on vieillit, je conseille la lecture de cet article sur la fin de carrière des enseignants:
https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2014-7-page-149.htm
Quel que soit le niveau scolaire étudié, l’étude du travail enseignant révèle un travail exigeant, difficile, une activité multifonctionnelle qui suppose une mobilisation physique, cognitive, affective et subjective permanente. Les enseignants soulignent le cumul des contraintes et des exigences dont les effets combinés peuvent générer des phénomènes d’usure sur le long terme, dans un contexte où les marges de manœuvres sont relativement limitées : « Il n’y a pas de stratégie d’évitement possible, d’échappatoire quand on est face à la classe » (H, 2°d, 58 ans).
Quel que soit le niveau scolaire, les enseignants deviennent plus intolérants au bruit dans la classe, comme si leur seuil de tolérance s’abaissait avec l’âge. Il en ressort une charge mentale accrue, facteur de fatigue. Le supportant moins bien, ils essaient de construire des stratégies pour le contenir, le moduler. Ceux-ci diffèrent selon le niveau scolaire.
Quant à la sécurité de l'emploi....Oui, certes
Mais pas de rupture conventionnelle possible à 60 ans ( enfin si...en théorie )
- scot69Modérateur
Question: y'a t-il légalement un âge limite pour se présenter au CAPES?
- MathadorEmpereur
Le statut des certifiés ne précise aucune condition d'âge.
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- olive-in-oilSage
scot69 a écrit:Question: y'a t-il légalement un âge limite pour se présenter au CAPES?
C'était le cas à une époque. Du coup, certains pensent que c'est toujours effectif. Mais c'était discriminant et cette condition a été abandonnée.
- LefterisEsprit sacré
Je dirais que l'épanouissement professionnel tout court, qui relève de l'injonction sociale moderne, est un leurre. Mais dans certains métiers, on peut changer de fonction, ça permet de se relancer. Dans l'EN, ce n'est pas le cas, et malgré les fadaises et le cliché neuneu que tu cites, qui ont la peau dure, malgré le code implicite qui invite à ne pas toucher à ce tabou, on sombre plus vite dans l'ennui. Peu osent l'avouer, même si beaucoup plus qu'il n'y paraît le ressentent. Je n'ai pas honte de dire que ce boulot ne m'intéresse plus guère, et que je ne vois d'autre raison d'y aller qu'alimentaire. Ce qui me permet d'ailleurs de le vivre mieux que ceux qui ont fondé de grands espoirs de développement personnel et "d'étoiles dans les yeux des gamins". Les lectures à la guimauve sur l'école fabriquent des Mme Bovary en puissance.Balthazaard a écrit:De toute façon l'épanouissement dans l'enseignement est un leurre à 99%, l'esprit humain est ce qu'il est et on aura toujours des gens qui raconteront que "c'est génial, c'est toujours nouveau...on voit des yeux qui pétillent et autres fadaises..." mais la réalité est ailleurs
Ce n'est pas une affaire de discrimination, c'st parce que récemment encore, il fallait avoir 15 ans de services publics pour toucher une pension, et la limite d'âge extrême était 65 ans. C'était pur toute la FP. Maintenant, les conditions sont abaissées, et de toute manière les services insuffisants sont reversés au régime général.olive-in-oil a écrit:C'était le cas à une époque. Du coup, certains pensent que c'est toujours effectif. Mais c'était discriminant et cette condition a été abandonnée.scot69 a écrit:Question: y'a t-il légalement un âge limite pour se présenter au CAPES?
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- SphinxProphète
De ce qu'a pu observer mon père qui a fini sa carrière en IUT où il a pu côtoyer de nombreux intervenants extérieurs "professionnels", je dirais qu'intervenir dans le supérieur en tant que vacataire, éventuellement en gardant une activité dans le privé à temps partiel à côté, peut être une excellente façon d'assouvir la soif d'enseigner qui te travaille au corps sans te lancer dans une situation-piège (sur le chapitre des mutations notamment ; il y a de nombreux membres sur le forum qui pourront témoigner à quel point c'est la plaie d'essayer de rejoindre une région en particulier quand on enseigne dans une matière rare et/ou déficitaire, comme il me semble que c'est le cas de la tienne).
En revanche, je ne crois pas qu'aller faire quelques vacations dans le supérieur dans le but de voir à quoi ça ressemble, pour ensuite se lancer, passer le concours et se retrouver en lycée avec des STMG, soit une bonne idée, indépendamment même des problèmes du statut de prof certifié dont tout le monde a déjà parlé : ce n'est pas du tout le même métier et je ne crois pas que ça te donne une idée de quoi que ce soit.
Les vacations dans le supérieur, oui, mais seulement si c'est un but en soi. Pour voir à quoi ça ressemble en lycée, il faut aller comme contractuel en lycée.
(Moi aussi j'ai assisté à la valse des profs de maths qui pensaient trouver dans l'EN un job mal payé mais facile après des CDD enchaînés dans le privé et qui ne tenaient pas un mois. Collège facile pourtant. Je ne sais pas ce que les gens s'imaginent au juste avant de venir )
En revanche, je ne crois pas qu'aller faire quelques vacations dans le supérieur dans le but de voir à quoi ça ressemble, pour ensuite se lancer, passer le concours et se retrouver en lycée avec des STMG, soit une bonne idée, indépendamment même des problèmes du statut de prof certifié dont tout le monde a déjà parlé : ce n'est pas du tout le même métier et je ne crois pas que ça te donne une idée de quoi que ce soit.
Les vacations dans le supérieur, oui, mais seulement si c'est un but en soi. Pour voir à quoi ça ressemble en lycée, il faut aller comme contractuel en lycée.
(Moi aussi j'ai assisté à la valse des profs de maths qui pensaient trouver dans l'EN un job mal payé mais facile après des CDD enchaînés dans le privé et qui ne tenaient pas un mois. Collège facile pourtant. Je ne sais pas ce que les gens s'imaginent au juste avant de venir )
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- ElaïnaDevin
*Sphinx a écrit:
(Moi aussi j'ai assisté à la valse des profs de maths qui pensaient trouver dans l'EN un job mal payé mais facile après des CDD enchaînés dans le privé et qui ne tenaient pas un mois. Collège facile pourtant. Je ne sais pas ce que les gens s'imaginent au juste avant de venir )
Je suis entièrement d'accord avec toi sur tout le reste, je rebondis seulement là-dessus.
J'ai vu les mêmes (et pas qu'en maths : en SES, par exemple... des anciens cadres qui se reconvertissaient, parfois un peu contraints et forcés, parce que c'était ça ou le chômage, et qui ont voulu tenter).
J'ai eu l'impression qu'il y avait des cas de figures assez bien identifiés :
- l'ancien bon élève qui n'a pas trop conscience du fait qu'une bonne part des élèves n'est pas comme lui a été.
- l'ancien élève lambda qui a été dans une boîte stricte il y a quelques décennies, et qui pense, naïvement, que ça va être pareil.
- l'ancien mauvais élève, qui fait l'erreur de croire que lui, puisqu'il a été en échec, sait ce qu'il faut dire, donc que ça ne va moufter avec lui puisqu'il SAIT.
- et puis toute la cohorte de ceux qui ne se rendent pas bien compte que, comme n'importe quel job, ça s'apprend, ce n'est pas inné.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- CarmenLRNeoprof expérimenté
Pour le cas présent, à dix ans de prendre sa retraite, il est bon aussi de prendre sa calculatrice et de vérifier si le passage du concours ne va pas induire une énorme perte de ce côté-là aussi... Un temps partiel avec la possibilité de faire de la formation ne serait-il pas beaucoup plus avantageux ?
Il y a deux questions distinctes : - enseigner (pourquoi pas, mais pas en perdant tout ce qu'on a) - entrer dans l'éducation nationale (à vos risques et périls).
Il y a deux questions distinctes : - enseigner (pourquoi pas, mais pas en perdant tout ce qu'on a) - entrer dans l'éducation nationale (à vos risques et périls).
- JeancelNiveau 3
Sphinx a écrit:De ce qu'a pu observer mon père qui a fini sa carrière en IUT où il a pu côtoyer de nombreux intervenants extérieurs "professionnels", je dirais qu'intervenir dans le supérieur en tant que vacataire, éventuellement en gardant une activité dans le privé à temps partiel à côté, peut être une excellente façon d'assouvir la soif d'enseigner qui te travaille au corps sans te lancer dans une situation-piège (sur le chapitre des mutations notamment ; il y a de nombreux membres sur le forum qui pourront témoigner à quel point c'est la plaie d'essayer de rejoindre une région en particulier quand on enseigne dans une matière rare et/ou déficitaire, comme il me semble que c'est le cas de la tienne).
En revanche, je ne crois pas qu'aller faire quelques vacations dans le supérieur dans le but de voir à quoi ça ressemble, pour ensuite se lancer, passer le concours et se retrouver en lycée avec des STMG, soit une bonne idée, indépendamment même des problèmes du statut de prof certifié dont tout le monde a déjà parlé : ce n'est pas du tout le même métier et je ne crois pas que ça te donne une idée de quoi que ce soit.
Les vacations dans le supérieur, oui, mais seulement si c'est un but en soi. Pour voir à quoi ça ressemble en lycée, il faut aller comme contractuel en lycée.
(Moi aussi j'ai assisté à la valse des profs de maths qui pensaient trouver dans l'EN un job mal payé mais facile après des CDD enchaînés dans le privé et qui ne tenaient pas un mois. Collège facile pourtant. Je ne sais pas ce que les gens s'imaginent au juste avant de venir )
Merci pour cette réponse qui fait réfléchir
- JeancelNiveau 3
CarmenLR a écrit:Pour le cas présent, à dix ans de prendre sa retraite, il est bon aussi de prendre sa calculatrice et de vérifier si le passage du concours ne va pas induire une énorme perte de ce côté-là aussi... Un temps partiel avec la possibilité de faire de la formation ne serait-il pas beaucoup plus avantageux ?
Il y a deux questions distinctes : - enseigner (pourquoi pas, mais pas en perdant tout ce qu'on a) - entrer dans l'éducation nationale (à vos risques et périls).
Merci pour cette réponse
C’est vrai qu’il ne vaut mieux pas prendre la calculatrice ...
L’aspect transmission de savoirs en part Time peut en effet constituer une solution à mes envies de former/enseigner
- Ramanujan974Érudit
Quand je vois le niveau et l'attitude de ma classe de STMG, je me demande comment font mes collègues qui n'ont que ces classes là dans leur emploi du temps.
Je ne les vois que 4h par semaine, mais c'est 4h d'espérance de vie en moins.
Je ne les vois que 4h par semaine, mais c'est 4h d'espérance de vie en moins.
- VoltaireNiveau 10
Beaucoup s'imaginent trouver l'enseignement tel qu'ils l'ont quitté. Et plus ils sont restés longtemps loin de l'enseignement, plus dure est la chute.Sphinx a écrit: Je ne sais pas ce que les gens s'imaginent au juste avant de venir )
Sinon, je plussoie : tester dans le supérieur si on aime enseigner pour ensuite se retrouver en lycée à temps plein, c'est une très mauvaise idée.
Les vacations dans le supérieur pour assouvir sa soif d'enseigner, pourquoi pas ? Ou les cours particuliers, le CNED, les autres sites d'enseignement à distance ... il y a plein de façons de transmettre son savoir.
- ShajarVénérable
Plus que l'enseignement "tel qu'ils l'ont quitté", c'est l'enseignement tels qu'ils le fantasment, je crois. Les souvenirs d'école ne sont que des souvenirs, nécessairement embellis et soumis à une bonne part d'oubli. Et ils sont confortés par l'image de l'école véhiculée par les médias (sans même parler des 2 jours de cours/semaine et 6 mois de vacances, simplement le fait qu'on ne parle que de sujets complètements mineurs par rapport au cœur du métier - mais qui peuvent bien nous pourrir la vie - tels que le numérique, la marseillaise..., ou qu'on donne un poids énorme à des syndicats qui n'en ont quasiment aucun) ou la fiction (connaissez-vous un film où un professeur a plus qu'une seule classe ? fait autre chose que lancer des débats creux ? Suit le programme ? n'est pas follement intéressé par les stupidités des élèves sur les copies ? et ce mythe du professeur génial qui "intéresse les élèves", alors que tous ses collègues sont beaucoup trop rétrogrades...).Voltaire a écrit:Beaucoup s'imaginent trouver l'enseignement tel qu'ils l'ont quitté. Et plus ils sont restés longtemps loin de l'enseignement, plus dure est la chute.Sphinx a écrit: Je ne sais pas ce que les gens s'imaginent au juste avant de venir )
Arriver dans un établissement pour enseigner, c'est se retrouver face à des classes d'élèves, pas complètement déjantés comme certains les imaginent, mais qui vous signalent à chaque heure que ça va sonner, tentent toutes les 3 minutes de regarder leur portable ou de discuter d'autre chose, trichent, bâillent, s'ennuient... C'est aussi se fader les copies où vous vous apercevez qu'ils n'ont rien capté. Bref, c'est un bon gros coup à l'égo : vous vous rendez compte que vous n'êtes pas génial, en fait, ni meilleur ni pire que des générations de professeurs avant vous. Voire un peu plus mauvais, puisque vous n'avez pas d'expérience.
Et que vous avez des montagnes de boulot, aussi.
- Lisak40Expert spécialisé
Shajar a écrit:Plus que l'enseignement "tel qu'ils l'ont quitté", c'est l'enseignement tels qu'ils le fantasment, je crois. Les souvenirs d'école ne sont que des souvenirs, nécessairement embellis et soumis à une bonne part d'oubli. Et ils sont confortés par l'image de l'école véhiculée par les médias (sans même parler des 2 jours de cours/semaine et 6 mois de vacances, simplement le fait qu'on ne parle que de sujets complètements mineurs par rapport au cœur du métier - mais qui peuvent bien nous pourrir la vie - tels que le numérique, la marseillaise..., ou qu'on donne un poids énorme à des syndicats qui n'en ont quasiment aucun) ou la fiction (connaissez-vous un film où un professeur a plus qu'une seule classe ? fait autre chose que lancer des débats creux ? Suit le programme ? n'est pas follement intéressé par les stupidités des élèves sur les copies ? et ce mythe du professeur génial qui "intéresse les élèves", alors que tous ses collègues sont beaucoup trop rétrogrades...).Voltaire a écrit:Beaucoup s'imaginent trouver l'enseignement tel qu'ils l'ont quitté. Et plus ils sont restés longtemps loin de l'enseignement, plus dure est la chute.Sphinx a écrit: Je ne sais pas ce que les gens s'imaginent au juste avant de venir )
Arriver dans un établissement pour enseigner, c'est se retrouver face à des classes d'élèves, pas complètement déjantés comme certains les imaginent, mais qui vous signalent à chaque heure que ça va sonner, tentent toutes les 3 minutes de regarder leur portable ou de discuter d'autre chose, trichent, bâillent, s'ennuient... C'est aussi se fader les copies où vous vous apercevez qu'ils n'ont rien capté. Bref, c'est un bon gros coup à l'égo : vous vous rendez compte que vous n'êtes pas génial, en fait, ni meilleur ni pire que des générations de professeurs avant vous. Voire un peu plus mauvais, puisque vous n'avez pas d'expérience.
Et que vous avez des montagnes de boulot, aussi.
+1000 ! En effet, je pense que les gens fantasment le métier d'enseignant par rapport aux souvenirs qu'ils en ont en tant qu'anciens élèves ! Parce que "dans le passé", les élèves durs et odieux, les élèves complètement largués, les parents relous existaient aussi. Et les enseignants avaient également beaucoup de travail. Bien sûr les problèmes n'ont fait que s'amplifier depuis plusieurs années, mais enseignant n'était pas non plus un boulot de rêve il y a 30 ans (une amie fille de prof a vu toute son enfance son père travailler tous les soirs et les week ends, pour un salaire vraiment trop bas pour acheter des vêtements neufs par exemple). En fait c'est surtout que tout élève a cru (et c'est pire aujourd'hui en effet), tout comme une bonne partie des adultes aujourd'hui que le travail d'un prof c'est faire cours 18h par semaine devant des angelots, avec 16 semaines de vacances par an, point. On a tous cru étant élèves (consciemment ou pas) que c'étaient les petits lutins qui créaient les cours, les devoirs, faisaient les photocopies, corrigeaient les évaluations, remplissaient le cahier de texte, assistaient aux réunions, faisaient tout le boulot admin nécessaire, etc. Et donc le souvenir d'enfance qu'on a de ce en quoi consiste le métier de prof est le même que celui qu'ont certains "néo-adultes" qui tombent des nues quand ils comprennent que la lessive, le ménage, les courses, etc. ne se font pas tout seuls, que ça prend du temps, et qu'en outre le salaire reçu n'est pas de l'argent de poche fait uniquement pour s'acheter un nouveau téléphone, parce qu'ils ont cru que leur vision enfantine d'une vie d'adulte / parent correspondait à la réalité..
- ElaïnaDevin
C'est assez vrai ce que tu dis à la fin. Il est très courant (parler avec ses collègues ayant des enfants adultes est parfois édifiant...) de voir des jeunes qui découvrent du jour au lendemain ce que c'est qu'un budget. Et aussi qu'un travail... ben, c'est exigeant. Que si tu te lèves pas le matin pour aller bosser, il y a de fortes chances que tu sois viré. Que si le boulot n'est pas fait, un simple mot d'excuse de ta mère voire un "oh, ça va" balancé sur un ton désagréable, ne suffira pas. Les sociologues évoquent de plus en plus la montée des burn-out chez les jeunes travailleurs. Certes, la pression est forte dans le monde de l'entreprise (et partout ailleurs) et il faut dénoncer les pratiques managériales honteuses, mais à force d'envelopper de coton les jeunes en ne les poussant surtout pas à se sortir les doigts, ce n'est pas étonnant qu'ils soient en burn-out dès qu'on leur donne une deadline pour traiter un dossier.
Donc dans la même veine, celui qui "fait prof" en pensait que ça va être pépère, risque de prendre bien cher. ça PEUT être pépère, si t'es expérimenté, que ton établissement n'est pas loin, que les élèves sont à peu près câblés, que tu es rapide en préparation de cours et en correction, que tu es bien organisé, que tu n'as pas besoin d'accumuler les HSA, etc. Mais ça peut vite tourner au cauchemar, comme n'importe quel job.
Après, il y a 20 ans, et même plus, mes parents étaient profs et nous achetaient des vêtements neufs, hein (moches, parce que les années 90 c'est quand même la mort du bon goût en termes de fringues, mais neufs).
Donc dans la même veine, celui qui "fait prof" en pensait que ça va être pépère, risque de prendre bien cher. ça PEUT être pépère, si t'es expérimenté, que ton établissement n'est pas loin, que les élèves sont à peu près câblés, que tu es rapide en préparation de cours et en correction, que tu es bien organisé, que tu n'as pas besoin d'accumuler les HSA, etc. Mais ça peut vite tourner au cauchemar, comme n'importe quel job.
Après, il y a 20 ans, et même plus, mes parents étaient profs et nous achetaient des vêtements neufs, hein (moches, parce que les années 90 c'est quand même la mort du bon goût en termes de fringues, mais neufs).
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Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- Lisak40Expert spécialisé
Elaïna a écrit:C'est assez vrai ce que tu dis à la fin. Il est très courant (parler avec ses collègues ayant des enfants adultes est parfois édifiant...) de voir des jeunes qui découvrent du jour au lendemain ce que c'est qu'un budget. Et aussi qu'un travail... ben, c'est exigeant. Que si tu te lèves pas le matin pour aller bosser, il y a de fortes chances que tu sois viré. Que si le boulot n'est pas fait, un simple mot d'excuse de ta mère voire un "oh, ça va" balancé sur un ton désagréable, ne suffira pas. Les sociologues évoquent de plus en plus la montée des burn-out chez les jeunes travailleurs. Certes, la pression est forte dans le monde de l'entreprise (et partout ailleurs) et il faut dénoncer les pratiques managériales honteuses, mais à force d'envelopper de coton les jeunes en ne les poussant surtout pas à se sortir les doigts, ce n'est pas étonnant qu'ils soient en burn-out dès qu'on leur donne une deadline pour traiter un dossier.
Donc dans la même veine, celui qui "fait prof" en pensait que ça va être pépère, risque de prendre bien cher. ça PEUT être pépère, si t'es expérimenté, que ton établissement n'est pas loin, que les élèves sont à peu près câblés, que tu es rapide en préparation de cours et en correction, que tu es bien organisé, que tu n'as pas besoin d'accumuler les HSA, etc. Mais ça peut vite tourner au cauchemar, comme n'importe quel job.
Après, il y a 20 ans, et même plus, mes parents étaient profs et nous achetaient des vêtements neufs, hein (moches, parce que les années 90 c'est quand même la mort du bon goût en termes de fringues, mais neufs).
Je suis d'accord avec tout ce que tu dis Elaïna (comme quoi, on peut changer, hein ). Par contre, pour ce que j'ai graissé, dans le cas de ma copine, père prof, mère au foyer, 3 enfants ça a quand même été très dur. Pour les vêtements neuf ce n'était pas impossible, sauf à ne pouvoir acheter que des trucs moches de supermarché (les marques cheap, de mauvaise qualité mais à la mode n'existaient pas encore, et le revival de Prisunic, pardon Monoprix de la Redoute et autres n'avait pas encore eu lieu).
- nash06Niveau 7
Lisak40 a écrit:
On a tous cru étant élèves (consciemment ou pas) que c'étaient les petits lutins qui créaient les cours, les devoirs, faisaient les photocopies, corrigeaient les évaluations, remplissaient le cahier de texte, assistaient aux réunions, faisaient tout le boulot admin nécessaire, etc. Et donc le souvenir d'enfance qu'on a de ce en quoi consiste le métier de prof est le même que celui qu'ont certains "néo-adultes" qui tombent des nues quand ils comprennent que la lessive, le ménage, les courses, etc. ne se font pas tout seuls, que ça prend du temps, et qu'en outre le salaire reçu n'est pas de l'argent de poche fait uniquement pour s'acheter un nouveau téléphone, parce qu'ils ont cru que leur vision enfantine d'une vie d'adulte / parent correspondait à la réalité..
Je reviens sur les deux éléments que j'ai mis en gras :
- Concernant les évaluations, je pense que c'était plus rapide avant la mode de l'évaluation par compétences. Que ce soit pour la correction ou la conception d'ailleurs. J'ai expérimenté les deux (au début de mon année de stage je ne faisais que du barème à la vieille école) et j'ai constaté que le contrôle-barème me prenait environ 3 à 4 fois moins de temps à concevoir et au moins deux fois moins de temps à corriger que les évaluations par compétences. Or quand j'étais en collège et lycée, je n'ai jamais eu d'évaluation par compétence (c'était dans les années 2000). Je pense vraiment que ce n'est donc pas qu'une fausse impression, mais qu'il y a eu une vraie augmentation de la charge de travail de ce côté. D'ailleurs, puisque avec l'évaluation par compétence on a naturellement plus de facilité à cerner les difficultés et facilités des élèves, on attend de nous qu'on soit plus exhaustifs dans les appréciations sur les bulletins. Donc ça prend également plus de temps qu'avant de rédiger les appréciations (quand j'étais élève, c'était rarement plus de 5-6 mots par appréciation, des appréciations souvent bateau et recyclées).
(Après, je ne nie pas qu'il peut y avoir un vrai intérêt à l'évaluation par compétence, à partir du moment où ce n'est pas un prétexte pour éviter de dire aux élèves en difficulté que ça ne va pas du tout.)
- Concernant le cahier de texte : là encore je vais parler de l'époque où j'étais élève : le cahier de texte, c'était un gros cahier que des élèves de la classe trimballaient d'un cours à l'autre. Donc par la force des choses, c'était pendant le cours que les profs le remplissaient. Souvent juste une ou deux lignes pour décrire ce qui avait été fait dans la séance, et les devoirs à faire. Donc à cette époque, ça ne représentait pas une charge de travail supplémentaire, ce n'était pas de longues minutes pour chaque cours consacrées à remplir quelque chose en ligne, ajouter les documents distribués en cours, s'assurer qu'un élève absent pourrait récupérer le travail tout seul... non, rien de tout ça.
Bref, au moins sur ces deux points-là, ce n'est pas qu'une fausse impression acquise pendant qu'on était élèves, mais il y a vraiment eu une augmentation de la charge de travail.
- BalthazaardVénérable
Shajar a écrit:Plus que l'enseignement "tel qu'ils l'ont quitté", c'est l'enseignement tels qu'ils le fantasment, je crois. Les souvenirs d'école ne sont que des souvenirs, nécessairement embellis et soumis à une bonne part d'oubli. Et ils sont confortés par l'image de l'école véhiculée par les médias (sans même parler des 2 jours de cours/semaine et 6 mois de vacances, simplement le fait qu'on ne parle que de sujets complètements mineurs par rapport au cœur du métier - mais qui peuvent bien nous pourrir la vie - tels que le numérique, la marseillaise..., ou qu'on donne un poids énorme à des syndicats qui n'en ont quasiment aucun) ou la fiction (connaissez-vous un film où un professeur a plus qu'une seule classe ? fait autre chose que lancer des débats creux ? Suit le programme ? n'est pas follement intéressé par les stupidités des élèves sur les copies ? et ce mythe du professeur génial qui "intéresse les élèves", alors que tous ses collègues sont beaucoup trop rétrogrades...).Voltaire a écrit:Beaucoup s'imaginent trouver l'enseignement tel qu'ils l'ont quitté. Et plus ils sont restés longtemps loin de l'enseignement, plus dure est la chute.Sphinx a écrit: Je ne sais pas ce que les gens s'imaginent au juste avant de venir )
Arriver dans un établissement pour enseigner, c'est se retrouver face à des classes d'élèves, pas complètement déjantés comme certains les imaginent, mais qui vous signalent à chaque heure que ça va sonner, tentent toutes les 3 minutes de regarder leur portable ou de discuter d'autre chose, trichent, bâillent, s'ennuient... C'est aussi se fader les copies où vous vous apercevez qu'ils n'ont rien capté. Bref, c'est un bon gros coup à l'égo : vous vous rendez compte que vous n'êtes pas génial, en fait, ni meilleur ni pire que des générations de professeurs avant vous. Voire un peu plus mauvais, puisque vous n'avez pas d'expérience.
Et que vous avez des montagnes de boulot, aussi.
Parfaitement dit...cette banalité du quotidien, l'impression que ce que l'on fait ne sert en définitive pas à grand chose. En fait cela sert sans doute mais pas du tout à ce que l'on croyait...nous entrons dans notre métier pour enseigner ce qui nous plaît et ce que nous avons peiné pour maitriser et on nous renvoie à un rôle purement social, la connaissance que nous avons de notre discipline et qui contribue à l'image que nous avons de nous même (sinon on est bon à quoi?) est tout à fait accessoire (voire superflue si elle est trop pointue car on pourrait discuter les ordres), en effet, sacré claque sur l'amour propre.Du reste la com sur le covid est claire, on ne ferme pas les écoles pour ne pas rompre le lien social, pas pour que les élèves continuent à apprendre.
Faire du social a sans doute sa noblesse mais ce n'est pas pour ça que j'ai signé!
- CasparProphète
Je remplis le cahier de textes de façon assez succincteet he ne joins pas de documents: il y a le manuel et en général toujours un camarade de classe qui se charge de récupérer les documents pour les copains ou copines absents.
- CeladonDemi-dieu
Que sont des "services insuffisants", alors, aujourd'hui ?Lefteris a écrit:Je dirais que l'épanouissement professionnel tout court, qui relève de l'injonction sociale moderne, est un leurre. Mais dans certains métiers, on peut changer de fonction, ça permet de se relancer. Dans l'EN, ce n'est pas le cas, et malgré les fadaises et le cliché neuneu que tu cites, qui ont la peau dure, malgré le code implicite qui invite à ne pas toucher à ce tabou, on sombre plus vite dans l'ennui. Peu osent l'avouer, même si beaucoup plus qu'il n'y paraît le ressentent. Je n'ai pas honte de dire que ce boulot ne m'intéresse plus guère, et que je ne vois d'autre raison d'y aller qu'alimentaire. Ce qui me permet d'ailleurs de le vivre mieux que ceux qui ont fondé de grands espoirs de développement personnel et "d'étoiles dans les yeux des gamins". Les lectures à la guimauve sur l'école fabriquent des Mme Bovary en puissance.Balthazaard a écrit:De toute façon l'épanouissement dans l'enseignement est un leurre à 99%, l'esprit humain est ce qu'il est et on aura toujours des gens qui raconteront que "c'est génial, c'est toujours nouveau...on voit des yeux qui pétillent et autres fadaises..." mais la réalité est ailleursCe n'est pas une affaire de discrimination, c'st parce que récemment encore, il fallait avoir 15 ans de services publics pour toucher une pension, et la limite d'âge extrême était 65 ans. C'était pur toute la FP. Maintenant, les conditions sont abaissées, et de toute manière les services insuffisants sont reversés au régime général.olive-in-oil a écrit:C'était le cas à une époque. Du coup, certains pensent que c'est toujours effectif. Mais c'était discriminant et cette condition a été abandonnée.scot69 a écrit:Question: y'a t-il légalement un âge limite pour se présenter au CAPES?
- Lowpow29Neoprof expérimenté
Shajar a écrit:Plus que l'enseignement "tel qu'ils l'ont quitté", c'est l'enseignement tels qu'ils le fantasment, je crois. Les souvenirs d'école ne sont que des souvenirs, nécessairement embellis et soumis à une bonne part d'oubli. Et ils sont confortés par l'image de l'école véhiculée par les médias (sans même parler des 2 jours de cours/semaine et 6 mois de vacances, simplement le fait qu'on ne parle que de sujets complètements mineurs par rapport au cœur du métier - mais qui peuvent bien nous pourrir la vie - tels que le numérique, la marseillaise..., ou qu'on donne un poids énorme à des syndicats qui n'en ont quasiment aucun) ou la fiction (connaissez-vous un film où un professeur a plus qu'une seule classe ? fait autre chose que lancer des débats creux ? Suit le programme ? n'est pas follement intéressé par les stupidités des élèves sur les copies ? et ce mythe du professeur génial qui "intéresse les élèves", alors que tous ses collègues sont beaucoup trop rétrogrades...).Voltaire a écrit:Beaucoup s'imaginent trouver l'enseignement tel qu'ils l'ont quitté. Et plus ils sont restés longtemps loin de l'enseignement, plus dure est la chute.Sphinx a écrit: Je ne sais pas ce que les gens s'imaginent au juste avant de venir )
Arriver dans un établissement pour enseigner, c'est se retrouver face à des classes d'élèves, pas complètement déjantés comme certains les imaginent, mais qui vous signalent à chaque heure que ça va sonner, tentent toutes les 3 minutes de regarder leur portable ou de discuter d'autre chose, trichent, bâillent, s'ennuient... C'est aussi se fader les copies où vous vous apercevez qu'ils n'ont rien capté. Bref, c'est un bon gros coup à l'égo : vous vous rendez compte que vous n'êtes pas génial, en fait, ni meilleur ni pire que des générations de professeurs avant vous. Voire un peu plus mauvais, puisque vous n'avez pas d'expérience.
Et que vous avez des montagnes de boulot, aussi.
Shajar présidente ! En gros tu as plutôt résumé pourquoi je ne reviendrai pas dans le métier après ma dispo
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La vie est courte, l'art est long, l'occasion fugitive, l'expérience trompeuse, le jugement difficile. Hippocrate
- MathadorEmpereur
Celadon a écrit:Que sont des "services insuffisants", alors, aujourd'hui ?Lefteris a écrit:Je dirais que l'épanouissement professionnel tout court, qui relève de l'injonction sociale moderne, est un leurre. Mais dans certains métiers, on peut changer de fonction, ça permet de se relancer. Dans l'EN, ce n'est pas le cas, et malgré les fadaises et le cliché neuneu que tu cites, qui ont la peau dure, malgré le code implicite qui invite à ne pas toucher à ce tabou, on sombre plus vite dans l'ennui. Peu osent l'avouer, même si beaucoup plus qu'il n'y paraît le ressentent. Je n'ai pas honte de dire que ce boulot ne m'intéresse plus guère, et que je ne vois d'autre raison d'y aller qu'alimentaire. Ce qui me permet d'ailleurs de le vivre mieux que ceux qui ont fondé de grands espoirs de développement personnel et "d'étoiles dans les yeux des gamins". Les lectures à la guimauve sur l'école fabriquent des Mme Bovary en puissance.Balthazaard a écrit:De toute façon l'épanouissement dans l'enseignement est un leurre à 99%, l'esprit humain est ce qu'il est et on aura toujours des gens qui raconteront que "c'est génial, c'est toujours nouveau...on voit des yeux qui pétillent et autres fadaises..." mais la réalité est ailleursCe n'est pas une affaire de discrimination, c'st parce que récemment encore, il fallait avoir 15 ans de services publics pour toucher une pension, et la limite d'âge extrême était 65 ans. C'était pur toute la FP. Maintenant, les conditions sont abaissées, et de toute manière les services insuffisants sont reversés au régime général.olive-in-oil a écrit:C'était le cas à une époque. Du coup, certains pensent que c'est toujours effectif. Mais c'était discriminant et cette condition a été abandonnée.scot69 a écrit:Question: y'a t-il légalement un âge limite pour se présenter au CAPES?
Des services totalisant moins de deux ans (art. R4-1 du Code des pensions civiles et militaires de retraite).
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- LefterisEsprit sacré
Oui, c'est la réalité du métier bien décrite. Pour autant, il faut admettre que la situation, objectivement, se dégrade dans plusieurs domaines. J'ai maintenant du recul comme salarié de la FP, comme professeur, et comme tout le monde d'ancien élève et ayant ou ayant eu des enseignants dans ma famille.Shajar a écrit:Plus que l'enseignement "tel qu'ils l'ont quitté", c'est l'enseignement tels qu'ils le fantasment, je crois. Les souvenirs d'école ne sont que des souvenirs, nécessairement embellis et soumis à une bonne part d'oubli. Et ils sont confortés par l'image de l'école véhiculée par les médias (sans même parler des 2 jours de cours/semaine et 6 mois de vacances, simplement le fait qu'on ne parle que de sujets complètements mineurs par rapport au cœur du métier - mais qui peuvent bien nous pourrir la vie - tels que le numérique, la marseillaise..., ou qu'on donne un poids énorme à des syndicats qui n'en ont quasiment aucun) ou la fiction (connaissez-vous un film où un professeur a plus qu'une seule classe ? fait autre chose que lancer des débats creux ? Suit le programme ? n'est pas follement intéressé par les stupidités des élèves sur les copies ? et ce mythe du professeur génial qui "intéresse les élèves", alors que tous ses collègues sont beaucoup trop rétrogrades...).Voltaire a écrit:Beaucoup s'imaginent trouver l'enseignement tel qu'ils l'ont quitté. Et plus ils sont restés longtemps loin de l'enseignement, plus dure est la chute.Sphinx a écrit: Je ne sais pas ce que les gens s'imaginent au juste avant de venir )
Arriver dans un établissement pour enseigner, c'est se retrouver face à des classes d'élèves, pas complètement déjantés comme certains les imaginent, mais qui vous signalent à chaque heure que ça va sonner, tentent toutes les 3 minutes de regarder leur portable ou de discuter d'autre chose, trichent, bâillent, s'ennuient... C'est aussi se fader les copies où vous vous apercevez qu'ils n'ont rien capté. Bref, c'est un bon gros coup à l'égo : vous vous rendez compte que vous n'êtes pas génial, en fait, ni meilleur ni pire que des générations de professeurs avant vous. Voire un peu plus mauvais, puisque vous n'avez pas d'expérience.
Et que vous avez des montagnes de boulot, aussi.
- la discipline dans les établissements : oui, ça dégringole sans arrêt. L'air du temps, mais sans doute aussi l'absence de tout risque -ou du moins de tout risque perçu- puisque l'on passe d'année en année quoi qu'on fasse, et qu'on ne sort pas du système si l'on est odieux. Ayant connu les dernières années de "1err cycle" avant que le collège unique ne soit imposé, j'affirme clairement que les classes silencieuses, ça existait, que les orientations chaque année, ça existait aussi. Que la paresse, naturelle à tout ado, on se la gardait pour soi, on ne négociait pas les devoirs.
-la masse de travail : les enseignants enseignaient essentiellement. Il y avait certes déjà les copies,mais pas la foule d'activités extra-pro qu'on tente d'imposer aujourd'hui. Des gens de ma famille aujourd'hui retraités me disent que la réunionite, passion absolue de l'EN, a enflé au fil des années, la culture de l'agitation permanente, du projet aussi. Les réformes incessantes , qui se sont accélérées, ont aussi pesé. En lettres, les classes se multiplient. Naguère, un certifié en lettres ne dépassait pas trois classes.
-le statut : dans les années 90, les enseignants ont commencé à décrocher du reste de la catégorie A. Je l'ai vu en direct, puisque j'étais dans ces années syndicaliste mais pas dans l'EN. Jusqu'au début des années 90 , les enseignants s'en sortaient assez bien : ils n'avaient certes pas le régime indemnitaire de certains catégories , mais une carrière assez linéaire, et non tronçonnée en trois grades , qui imposait des mutations , et pouvait ne pas aller à son terme. Il y a même eu des cadeaux, des largesses extraordinaires, pour les PEGC par exemple. Grosso modo , c'était intéressant et dans ces années là, les concours faisaient le plein, largement. Désormais, chaque année marque un nouveau palier dans la pénurie.
Dans des familles où il y avait des enseignants, où c'était parfois presque une tradition, comme les militaires, la génération qui suit rejette souvent totalement l'idée. Plus on descend dans les tranches d'âge, moins il y en a. C'est vraiment un signe.
- le "management" : de plus en plus, le métier est dégradé dans la pensée même de ceux qui dirigent l'EN. L'idée de transmission du savoir est remplacée par celle de "conformité aux besoins de l'employeur", c'est-à-dire, en creux, faire une garderie éducative pour la plupart des établissements (en gros ce que dit Balthazaard) . Cette dérive -reflétée dans les "items" du PPCR, mène d'ailleurs à l'autonomie des établissements, et bientôt peut-être au recrutement local. Tout une conception de l'école républicaine tombe sous les coups de ce néo-management qui transforme insidieusement les établissements en petites entreprises et les fonctionnaires nationaux en employés locaux.
-Il y a évidemment le contexte politico-économique, qui fait que les ministres sont là non pour faire tourner le système, s'en sentir garants, mais pour obéir à des injonctions économiques qui guident leurs "réformes", et qui pour les faire passer, utilisent les coups bas, lancent des boules puantes, organisent le dénigrement pour couper l'herbe sous le pied aux contestations. Ca a été flagrant avec les deux derniers , NVB jouant les parents contre les enseignants, invectivant les contradicteurs, et Blanquer dont il serait trop long d'énumérer les coups au -dessous de la ceinture, comme les "profs décrocheurs".
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- CatalunyaExpert spécialisé
Oui, j'aurais vraiment du mal si je n'avais que des STMG. Tu n'as aucune respiration pendant ta semaine.Ramanujan974 a écrit:Quand je vois le niveau et l'attitude de ma classe de STMG, je me demande comment font mes collègues qui n'ont que ces classes là dans leur emploi du temps.
Je ne les vois que 4h par semaine, mais c'est 4h d'espérance de vie en moins.
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