- PabloPEExpert
J'y vois même le contraireSphinx a écrit:Guermantes729 a écrit:Charlie n'a pas été en reste non plus avec ses caricatures gay... ceux (élèves ou adultes) qui disent qu'on ne peut plus rien dire, confondent la satire avec l'insulte. Sale musulman n'a pas plus sa place que sale homo, dans le droit français.
Et une satire gay a autant sa place qu'une satire religieuse. On peut même cumuler
En spoiler :
- Spoiler:
Cette caricature ne vise pas les homosexuels.
- CassandrineNiveau 10
Fesseur Pro a écrit:Je reste surpris de la réaction de beaucoup de collègues qui ne "sauraient pas" parler simplement et clairement de ce drame et de ce qui tourne autour de la laïcité à leurs élèves, surtout après avoir déjà vécu les attentats à Charlie Hebdo entre autres.
Ne nous étonnons pas ensuite si la réponse de notre ministre est qu'il faut former les enseignants.
edit : Pardon,je n'avais pas vu le fil ad hoc : https://www.neoprofs.org/t130832-la-laicite-un-concept-ardu
@Fesseur Pro,
Je fais parti de ces professeurs qui ne "sauraient pas " parler simplement et clairement de ce drame... ET cela n'a rien à voir avec les compétences disciplinaires sur la laïcité...
- Guermantes729Neoprof expérimenté
Sphinx a écrit:Guermantes729 a écrit:Charlie n'a pas été en reste non plus avec ses caricatures gay... ceux (élèves ou adultes) qui disent qu'on ne peut plus rien dire, confondent la satire avec l'insulte. Sale musulman n'a pas plus sa place que sale homo, dans le droit français.
Et une satire gay a autant sa place qu'une satire religieuse. On peut même cumuler
En spoiler :
- Spoiler:
Cette caricature ne vise pas les homosexuels.
Tout comme les caricatures religieuses ne "visent" pas les musulmans! c'est bien ça mon propos
Ici le personnage est très caricatural, et je pense que , si on reste dans le débat de l'offense, des homosexuels qui ne comprendraient pas le sens de la satire, pourraient être heurtés d'être représentés de façon si efféminée. (entre autres) C'était juste le sens de mon exemple.
- eldarNiveau 3
Fesseur Pro a écrit:Je reste surpris de la réaction de beaucoup de collègues qui ne "sauraient pas" parler simplement et clairement de ce drame et de ce qui tourne autour de la laïcité à leurs élèves, surtout après avoir déjà vécu les attentats à Charlie Hebdo entre autres.
Ne nous étonnons pas ensuite si la réponse de notre ministre est qu'il faut former les enseignants.
edit : Pardon,je n'avais pas vu le fil ad hoc : https://www.neoprofs.org/t130832-la-laicite-un-concept-ardu
Certains collègues savent qu'ils ne seront pas soutenus s'il y a des contestations violentes. Je n'ai jamais autant fait de rapports que lors de la minute de silence pour "Charlie Hebdo". Rapports pour lesquels il n'y a eu aucune suite. Cela n'aura servi qu'à une chose "Passer la pire année de ma carrière". Je frisonne encore de tout ce que j'ai pu entendre cette journée-là.
Cette année, j'ai eu droit "Pourquoi le blasphème n'est pas interdit, on ne peut pas attaquer ma religion. La France est contre nous".
Je bataille avec une élève pour qu'elle enlève son voile lorsqu'elle entre dans mon cours. J'ai eu droit "Oui, mais dans le cours de Madame Machin on me laisse le porter car il est discret". J'en ai parlé au CPE qui a juste demandé à l'élève d'enlever son voile lorsqu'elle entrait dans mon cours, sans rappeler la loi ni les principes de la laïcité. Désormais, la jeune fille qui se balade dans l'établissement et les couloirs avec son voile, pense que je lui demande de l'enlever dans mon cours car je suis contre sa religion ... Et je passe sur les propos de certains élèves, adeptes du complotisme et de sites qui devraient être interdits en France. Tout ce qu'il y a de pire sur les réseaux sociaux ressort lorsque nous étudions l'esclavage, le colonialisme, la Shoah, la laïcité, la liberté d'expression ...
Donc, ce n'est pas forcément qu'on "ne saurait pas parler simplement et clairement de ce drame". C'est juste que nous sommes de moins en moins nombreux à rappeler certains principes (certains collègues en 2015 n'avaient pas fait la minute de silence car ils avaient peur de la réaction de leurs élèves) et que moins nous sommes à le faire, plus nous passons pour de "méchants enseignants qui détestent l'Islam". S'il y avait un discours unique - enseignants - surveillants - CPE - proviseur - comme je l'ai connu sous une autre direction, il n'y aurait pas de problème avec Monsieur Truc ou Madame Machin, les élèves comprendraient les règles, la loi, la notion de laïcité, mais dès qu'il y a des personnes qui transgressent la loi dans leur classe, on commence à se demander si en continuant on ne devient pas des cibles.
Alors, certains - comme moi - on va continuer à le faire, mais désormais, on ne regagnera pas le parking du lycée sans une certaine appréhension.
- chmarmottineGuide spirituel
Communiqué de presse des collègues de Samuel :
"Nous tenons tout d'abord à exprimer notre immense tristesse et tout notre soutien à la famille de Samuel.
Nous savons que le drame qui touche notre collège bouleverse l'ensemble de la profession.
Nous avons été, comme vous tous, sous le choc de cet acte odieux qui dépasse l'entendement. La décence envers la famille de notre collègue, le respect des procédures de l'enquête, la prise en compte du traumatisme de l'ensemble de la communauté éducative nous ont amenés à différer notre prise de parole.
Samuel était un collègue investi dans sa mission auprès des élèves. Nous garderons en mémoire tous les bons moments partagés avec lui.
Le socle de l'école publique repose sur les valeurs républicaines et laïques. Ce sont bien ces valeurs que défendait Samuel dans son enseignement sur la liberté d'expression. A travers lui, c'est toute l'école républicaine qui est visée. Aujourd'hui, nous réaffirmons, plus fort que jamais, notre attachement à ces valeurs et notre détermination à les transmettre au quotidien dans l'intérêt des élèves.
Par ailleurs, nous exprimons notre vive inquiétude face à l'impact des réseaux sociaux. La rapidité avec laquelle l'information est diffusée au plus grand nombre, et son aspect irréversible, sont un véritable fléau dans l'exercice de notre métier.
Aussi, nous réclamons le droit d'exercer notre profession dans le respect de la liberté pédagogique et en toute sécurité. Enfin, nous tenons à remercier chaleureusement tous ceux qui nous ont témoigné leur soutien au cours de ces derniers jours."
- Fesseur ProGuide spirituel
Je suis d'accord avec ce que tu dis.eldar a écrit:Fesseur Pro a écrit:Je reste surpris de la réaction de beaucoup de collègues qui ne "sauraient pas" parler simplement et clairement de ce drame et de ce qui tourne autour de la laïcité à leurs élèves, surtout après avoir déjà vécu les attentats à Charlie Hebdo entre autres.
Ne nous étonnons pas ensuite si la réponse de notre ministre est qu'il faut former les enseignants.
edit : Pardon,je n'avais pas vu le fil ad hoc : https://www.neoprofs.org/t130832-la-laicite-un-concept-ardu
Certains collègues savent qu'ils ne seront pas soutenus s'il y a des contestations violentes. Je n'ai jamais autant fait de rapports que lors de la minute de silence pour "Charlie Hebdo". Rapports pour lesquels il n'y a eu aucune suite. Cela n'aura servi qu'à une chose "Passer la pire année de ma carrière". Je frisonne encore de tout ce que j'ai pu entendre cette journée-là.
Cette année, j'ai eu droit "Pourquoi le blasphème n'est pas interdit, on ne peut pas attaquer ma religion. La France est contre nous".
Je bataille avec une élève pour qu'elle enlève son voile lorsqu'elle entre dans mon cours. J'ai eu droit "Oui, mais dans le cours de Madame Machin on me laisse le porter car il est discret". J'en ai parlé au CPE qui a juste demandé à l'élève d'enlever son voile lorsqu'elle entrait dans mon cours, sans rappeler la loi ni les principes de la laïcité. Désormais, la jeune fille qui se balade dans l'établissement et les couloirs avec son voile, pense que je lui demande de l'enlever dans mon cours car je suis contre sa religion ... Et je passe sur les propos de certains élèves, adeptes du complotisme et de sites qui devraient être interdits en France. Tout ce qu'il y a de pire sur les réseaux sociaux ressort lorsque nous étudions l'esclavage, le colonialisme, la Shoah, la laïcité, la liberté d'expression ...
Donc, ce n'est pas forcément qu'on "ne saurait pas parler simplement et clairement de ce drame". C'est juste que nous sommes de moins en moins nombreux à rappeler certains principes (certains collègues en 2015 n'avaient pas fait la minute de silence car ils avaient peur de la réaction de leurs élèves) et que moins nous sommes à le faire, plus nous passons pour de "méchants enseignants qui détestent l'Islam". S'il y avait un discours unique - enseignants - surveillants - CPE - proviseur - comme je l'ai connu sous une autre direction, il n'y aurait pas de problème avec Monsieur Truc ou Madame Machin, les élèves comprendraient les règles, la loi, la notion de laïcité, mais dès qu'il y a des personnes qui transgressent la loi dans leur classe, on commence à se demander si en continuant on ne devient pas des cibles.
Alors, certains - comme moi - on va continuer à le faire, mais désormais, on ne regagnera pas le parking du lycée sans une certaine appréhension.
Mais ce n'était pas mon propos initial.
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Pourvu que ça dure...
- henrietteMédiateur
Reçu sur la boite mail académique Aix-Marseille, un long et très riche message du Recteur Beignier, adressé à tous les personnels de l'académie.
Je le mets en spoiler.
Je le mets en spoiler.
- Spoiler:
Le drame noué, le vendredi 16 octobre, à Conflans-Sainte-Honorine, nous a saisi d’effroi. Non seulement, il constitue un assassinat mais encore, au sens précis du terme, un « acte de barbarie ». La mort infligée se double, par son mode de perpétration, d’une volonté marquée et calculée d’une effroyable négation de la civilisation : un acte, d’une sauvagerie et d’une cruauté délibérées, qui engendre l’horreur.
L’effroi. C’est un sentiment de frayeur, d’épouvante, de terreur et de grande peur dont on attend qu’il annihile toute réaction. Il y a donc un lien précis entre l’acte de barbarie et le désir de « terroriser » au sens plein de ce terme.
Tous, nous avons ressenti cet effroi. Puisqu’il s’agit d’un acte de violation de la civilisation et de l’humanité et parce que nous sommes des êtres humains avec la sensibilité inhérente à notre nature, nous avons violemment vécu un tel acte criminel, dans notre propre chair, car c’est bien une « atteinte grave et délibérée à la dignité de la personne humaine ». Ce n’est pas une formule facile de rhétorique que de dire que nous nous sommes tous, instinctivement associés à la victime, en un instant nous étions tous « professeurs à Conflans » : tel était bien l’intention surdimensionnée du criminel. « Compassion » : dans son étymologie, c’est le mot précis qui convient.
Mais nous devons, maintenant, nous délivrer de cet effroi et regarder avec lucidité, donc sérénité, où est notre devoir commun : avoir le discernement de ce que nous devons faire et ayant compris ce que requiert notre devoir, trouver en nous et ensemble, la force de l’accomplir.
Nos pensées rejoignent celles exprimées par le président de la République et notre ministre, pour la mémoire du professeur « martyr de la liberté », de ses proches, mais aussi de toute l’équipe, dirigeante et enseignante du collège du Bois d’Aulne. Sans oublier les élèves profondément marqués par ce crime : leur vie, vendredi soir, a définitivement changé. Au-delà nous devons veiller à tous les élèves de notre académie, placés dans des situations proches sinon similaires, qui eux aussi, ressentiront les mêmes sentiments de peur, d’incertitude et d’interrogation. L’onde de choc se répandra partout.
Il conviendra d’aider les élèves à analyser ce drame et les accompagner dans leur réflexion, celle-ci ne manquera pas de se heurter à ce qu’ils peuvent entendre, dans certains milieux, dans leur entourage, sans compter sur les effets dévastateurs des réseaux sociaux, pour éviter les raisonnements simplistes qui dénaturent et conduisent vers une lecture téléologique des événements.
Vous savez que le mensonge s’enclenche d’autant plus aisément quand il prend la figure de la corruption de la vérité. On part d’une parcelle de vérité, on la présente sous un jour faussé, puis on extrapole. De fil en aiguille en instillant le doute, on quitte une démarche intellectuelle honnête pour aboutir inexorablement à une falsification complète de tout.
Le « complotisme » n’est pas nouveau, il est même très ancien, mais il dispose aujourd’hui de formidables caisses de résonance pour discréditer les institutions qui constituent l’armature de la démocratie. Il nous faudra être les « ostéopathes de la vérité ».
Nous prévoirons, selon les prochaines instructions ministérielles à ce sujet, à la rentrée (le lundi 2 novembre) de nous unir dans un moment de recueillement et de souvenir. Au-delà (durant les jours qui suivront), nous consacrerons le temps nécessaire pour faire comprendre aux élèves, l’ampleur de ce drame, mais aussi les leçons à en tirer pour faire face à d’autres défis potentiels. Je vais proposer, prochainement, en concertation avec les personnels de direction et les organisations syndicales, ainsi que les fédérations de parents d’élèves, une « journée citoyenne » allant en ce sens. Nous le ferons en étroite collaboration avec la Fondation du Camp des Milles, partenaire fort de notre académie (la quasi-totalité des collégiens du département des Bouches-du-Rhône a la possibilité, par le soutien du conseil départemental, de pouvoir visiter ce lieu au cours de leur scolarité).
Face à la barbarie, la raison doit, en premier lieu, demeurer ; en second, se reconstituer, enfin se fortifier.
En tout premier, à tous les enseignants, je veux témoigner de mon soutien en ces moments d’ébranlement intérieur.
Qu’il me soit permis de le faire avec une attention toute particulière pour les professeurs d’histoire-géographie, dont je me sens instinctivement proche pour avoir suivi un même parcours d’études qu’eux. Chaque professeur d’histoire, plus encore lorsqu’il est affecté dans une zone d’éducation prioritaire n’a pu que s’interroger sur sa sécurité et voir monter en lui ses craintes sinon ses angoisses. Il ne s’agit pas d’abstraction ou d’interrogation vague, mais bien d’un questionnement intime. Que ces professeurs sachent combien nous sommes tous avec eux, mais aussi que nous nous donnerons tous les moyens pour prévenir des mises en cause de leur posture pédagogique et les conséquences qui pourraient en découler quant à leur sécurité (la leur ou celle de leurs proches), en lien avec les autorités compétentes en ce domaine.
Dans un pays si passionné par l’histoire (ce qui n’est pas si fréquent : il y a même quelques pays où l’enseignement de l’histoire est marginal, voire même inexistant), créateur de « la journée du patrimoine » devenue mondiale par son succès en France, le professeur d’histoire remplit une mission forte et déterminante. Il lui incombe de faire découvrir aux élèves les racines, les fondements, le substrat du présent, avec tous les aléas que comporte nécessairement l’histoire d’une nation. Enseignant de surcroît la géographie, il est au fond celui qui fait découvrir aux élèves le peuple et le territoire, la nation et l’espace : bref, celui qui explique le pays, partant de là il est aussi celui qui les aide à ouvrir leur curiosité vers l’extérieur et l’altérité, pour mieux les comprendre et ne pas en avoir peur.
S’attaquer à un professeur d’histoire, c’est donc s’en prendre à celui qui dans son cours donne aux jeunes les deux clés essentielles pour comprendre la France, la France dans l’Europe et l’Europe dans le Monde. C’est prétendre nier ce long temps qu’est l’histoire et cette longue permanence qu’est la géographie. Le professeur d’histoire par son regard sur le passé ouvre les yeux de ses élèves sur le présent qui est le sien et l’avenir qui sera celui de ceux qui l’écoutent. Plus qu’un autre, il est un « passeur », un relais.
Au-delà, il est fréquent que ce professeur soit en charge du cours d’enseignement moral et civique(EMC) : c’était le cas de Samuel Paty. Ce qui souligne le lien étroit entre l’histoire et la valeurs morales et civiques de notre pays. Lors du cours, objet de la part de certains d’une polémique absolument infondée, Samuel Paty n’a fait qu’appliquer le programme d’enseignement moral et civique , en particulier sur l’éducation relative à la liberté d’expression. Je vous invite à vous y reporter pour répondre à qui mettrait en cause cela.
De manière plus générale, s’agissant de la sécurité des professeurs, j’écoute avec attention ceux d’entre vous (spécialement les chefs d’établissement et plus encore les directrices et directeurs des écoles) qui me disent que trop souvent les plaintes déposées pour agression ou menace sont classées « sans suite ». Je le sais et je fais d’ores et déjà des propositions d’un travail coordonné entre nos services et ceux des parquets.
L’émotion et l’action. Ayant ressenti l’effroi, nous devons le dominer, en faire une émotion intérieure de nos cœurs et de nos esprits.
Dans un premier temps, l’effroi peut subvertir notre intelligence, annihiler notre énergie, broyer notre volonté. C’est le but de tout terroriste. Il a touché notre esprit et il veut rompre notre cœur. Aussi, devons-nous nous ressaisir. Dans un second temps, maîtriser et métamorphoser cela en un sentiment puissant, pour y trouver force et détermination au service de la raison qui doit toujours l’emporter.
Il nous faut, une nouvelle fois depuis 2015 analyser, partout où nous sommes, établissement par établissement, les risques et les périls. Nous devons avec vigilance détecter les fissures invisibles, les zones de fragilité inconnues, les silences suspects. Concrètement, mieux vaut une alerte qui se révèlera infondée qu’une alerte trop tardive : la prudence est dans la réaction à l’alerte qui doit être examinée avec soin, non dans l’alerte elle-même. Une fumée dans une pinède : on appelle les pompiers. Il doit en être de même pour les établissements scolaires.
Le silence. En lui-même il peut être un signe. Un élève en classe doit, naturellement, écouter mais il n’est pas là que pour cela. Nous le savons tous. Mais nous devons prêter une grande attention à ce que conforter la « démocratie scolaire » pour éduquer vers la citoyenneté suppose impérativement de poursuivre le travail qui vise à permettre aux élèves de parler, de s’exprimer avec les risques inhérents à cette pratique. Car c’est à partir des propos dits, plutôt que tus, que la tâche ardue de déconstruction des représentations et de reconstruction peut s’opérer.
C’est bien là, l’un des enjeux majeurs du cours d’EMC et sa grande différence avec ce que fut « l’instruction » civique d’antan (dont, au surplus, je conserve un bon et précieux souvenir). L’objectif de ce cours (mis en place à la rentrée 2015) réside dans sa finalité qui doit concourir à l’appropriation, pas à pas, chaque jour, par les élèves des valeurs de la République. Ils ne doivent pas simplement connaître les fondements de la République, mais se préparer à en être les citoyens au sens entier de ce mot, depuis les racines grecques et latines de ce mode de gouvernement.
La République n’est pas une abstraction, elle est le corps vivant de la Nation. Les élèves doivent s’en sentir déjà participants et monter vers l’âge de la majorité (correspondant le plus souvent à l’année du baccalauréat ou d’autres formations de même valeur), où ils seront conviés à exercer pleinement leurs droits civils et civiques.
Il n’y a pas de démocratie sans décision fondée sur le principe majoritaire, mais ce principe pour sa légitimité suppose le débat. La démocratie, c’est le forum et l’agora. L’école est cela aussi.
Pressentir et avertir. La prudence est une vertu ; la pusillanimité, une carence du caractère.
Suivant en cela les prescriptions claires du ministère, notre académie a déjà mis en place, depuis des années, des processus de vigilance et de remédiation. Il faut que chacun prenne le soin de se les approprier, mais aussi de suggérer comment, sans cesse, ils doivent se perfectionner et (plus encore) s’adapter à des situations mouvantes : tout change en peu de temps, voire en un an, dans ce domaine. Il n’en demeure pas moins que les réponses ne sauraient être isolées, pour éviter d’être maladroites. Elles doivent d’appuyer, tant pour le conseil que pour l’accompagnement, sur l’expérience de la cellule académique « Valeurs de la République » (au rectorat sous la conduite du Conseiller Technique Établissements et Vie Scolaire, Éric Rusterholtz) et sur l’expertise des différents référents académiques. Dès que nécessaire, il faut y avoir recours.L'équipe académique valeurs de la République demeure à votre disposition et n’hésitez pas à la saisir.
Informations et coordonnées : http://www.ac-aix-marseille.fr/cid126527/l-equipe-academique-laicite-fait-religieux.html
Je me dois de souligner le travail déjà remarquable effectué dans notre académie, grâce à l’impulsion décisive de Rodrigue Coutouly, qui s’est emparé de la question de l’esprit critique pour en faire un moteur du travail de promotion de la laïcité. L’équipe académique « laïcité et faits religieux », depuis des années, accompagne et soutient les équipes pédagogiques sur le terrain grâce à neuf groupes de travail qui réfléchissent et produisent de la ressource, autour de neuf thèmes reliés à l’esprit critique. Cela a donné un ouvrage, premier de son genre, Esprit critique : outils et méthodes pour le second degré, sous la direction de Gérald Attali et Abdenour Bidar, publié par Canopé en 2019. Cet ouvrage doit être entre les mains de tous, s’il ne l’est déjà.
Le DAFIP, Vincent Valéry, a notablement fait évoluer le PAF, qui désormais s’enrichit de formations « à la demande » de la part des divers réseaux scolaires de l’académie. Il se tient à votre disposition pour élaborer toute formation que vous pourriez suggérer. N’hésitez pas à faire des propositions ou des sollicitations.
Notre académie possède une véritable compétence en la matière pour avoir été, par la force des choses, une des premières à réagir à de tels défis. Enfin, je ne saurais oublier la promptitude et l’efficacité des équipes mobiles académiques de sécurité (EMAS) dont la réaction est toujours exemplaire, en tant que de besoin.
En amont, il nous incombe aussi de renforcer, dans le parcours de formation initiale, l’outillage et la vigilance des jeunes enseignants pour les aider à se construire des armes intellectuelles solides. Très prochainement, je ferai le point sur ce sujet avec la directrice de l’INSPE, dont je sais l’attention à tout cela, mais aussi avec le président de l’Université, dont cet institut est une composante.
Une telle formation doit revêtir deux aspects. Une solide doctrine et une pratique éprouvée : les deux vont de pair. Une pratique sans théorie est un empirisme sans boussole, mais une théorie non assortie de dispositions pratiques n’est qu’une dilution intellectuelle. Un professeur doit savoir « pourquoi », mais aussi « comment ». La très récente nouvelle édition du « vade-mecum de la laïcité à l’école » (octobre 2020) est un instrument probant à cet effet.
Au-delà de tout, l’École de la République doit être l’endroit où l’on comprend la célèbre formule de Renan dans sa conférence Qu’est-ce qu’une nation ? : un plébiscite de tous les jours. Je vous invite à découvrir ou redécouvrir ce texte tenu pour classique. Si l’on ne veut pas que le « vivre ensemble » soit un simple thème de discours mais d’action, nous devons enseigner le sens profond du terme de « contrat social ».
Qui ne l’accepte pas ne peut véritablement être membre de la Nation. Le mot de « contrat » a un sens. Il implique que les parties contractantes s’engagent et se respectent. Notre « contrat social » c’est notre constitution (4 octobre 1958) dont les piliers porteurs sont les deux déclarations des droits de 1789 et 1946.
Faut-il rappeler qu’à la suite d’une décision du Conseil constitutionnel en date du 21 février 2013, ayant explicitement énoncé que le principe de laïcité, garant de la neutralité de l’État, est un principe de valeur constitutionnelle, a fait ainsi muer la qualité des articles 1er et 2 de la loi du 9 décembre 1905, désormais inclus dans le « bloc de constitutionnalité », en « annexes » (en quelque sorte) de l’article premier ? Relire, commenter et vivre cet article premier, ainsi enrichi des deux autres textes, serait un bel et instructif exercice, devant tous les élèves.
L’article premier de la constitution donne les traits vitaux de la République ; l’article premier de la loi de 1905 énonce, sobrement, ce que la République doit faire en matière de liberté de conscience et de respect des diverses croyances et l’article deux, ce dont elle doit s’abstenir. Les trois textes s’imbriquent d’une manière parfaite et cohérente. Redisons que la rime naturelle de « laïcité » est « liberté ».
Si nous voulons prendre plus de champ avec l’actualité éprouvante, puisque nous parlons d’histoire du pays, dans quelques jours, le 9 novembre, le pays fera mémoire du cinquantième anniversaire de la mort de Charles de Gaulle (puis le 22 du même mois, du 130e anniversaire de sa naissance). Les circonstances de l’année qui s’achève n’auront guère permis le déroulé prévu des diverses commémorations initiales programmées à travers tout le pays.
Dans un passage bien connu de Vers l’armée de métier, il écrivait : La véritable école du commandement, c’est la culture générale. Nous pourrions extrapoler et dire qu’au bout de tout, la véritable éducation c’est la culture. Les deux sont inséparables parce que consubstantielles. La culture permet une meilleure éducation et l’éducation conduit à la culture. L’éducation structure et éveille l’esprit ; la culture, le nourrit et l’épanouit. La culture est un questionnement permanent, une découverte de tous les jours et une mise en perspective de la propre vie de chacun au regard de celles des autres. C’est ce que font, précisément, tous les enseignants, dans leur discipline, lesquelles se rencontrent comme des lignes convergentes vers un même horizon.
J’ai souvent répété que, depuis 1932, notre ministère n’est plus celui de l’Instruction Publique mais de l’Éducation nationale. Dans ces jours d’épreuve méditons ensemble sur l’attribut et le qualificatif : qu’est-ce que l’éducation ? Est-ce se contenter de « traiter les programmes » ? En quoi est-elle nationale ? N’est-ce pas, au-delà de la Nation, s’ouvrir à l’universel ? De la réponse à ces deux interrogations dépend l’accomplissement de notre devoir que la République attend de nous, avec la confiance qu’elle nous a toujours accordée.
Il faut toujours puiser courage dans l’héroïsme des autres qui éclaire nos vies par la leur, aussi terminerai-je en renvoyant à un auteur insuffisamment connu : Jacques Lusseyran (auquel Jérôme Garcin consacra son roman Le voyant) :
Devenu accidentellement aveugle à huit ans, il releva ce défi. Face à l’effondrement de notre pays en 1940, il entra en résistance et fut déporté à Buchenwald en 1944, dont il put revenir. Dans l’un de ses livres Et la lumière fut (Folio, n° 6119, chap. 4, in fine) il écrit (au sujet de sa brusque cécité) : Tout enfant encore, je comprenais que notre liberté n’est pas dans le refus de ce qui nous frappe. Être libre, je le voyais, c’était, acceptant les faits, de renverser l’ordre de leurs conséquences.
Bernard Beignier
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- zigmag17Guide spirituel
eldar a écrit:Fesseur Pro a écrit:Je reste surpris de la réaction de beaucoup de collègues qui ne "sauraient pas" parler simplement et clairement de ce drame et de ce qui tourne autour de la laïcité à leurs élèves, surtout après avoir déjà vécu les attentats à Charlie Hebdo entre autres.
Ne nous étonnons pas ensuite si la réponse de notre ministre est qu'il faut former les enseignants.
edit : Pardon,je n'avais pas vu le fil ad hoc : https://www.neoprofs.org/t130832-la-laicite-un-concept-ardu
Certains collègues savent qu'ils ne seront pas soutenus s'il y a des contestations violentes. Je n'ai jamais autant fait de rapports que lors de la minute de silence pour "Charlie Hebdo". Rapports pour lesquels il n'y a eu aucune suite. Cela n'aura servi qu'à une chose "Passer la pire année de ma carrière". Je frisonne encore de tout ce que j'ai pu entendre cette journée-là.
Cette année, j'ai eu droit "Pourquoi le blasphème n'est pas interdit, on ne peut pas attaquer ma religion. La France est contre nous".
Je bataille avec une élève pour qu'elle enlève son voile lorsqu'elle entre dans mon cours. J'ai eu droit "Oui, mais dans le cours de Madame Machin on me laisse le porter car il est discret". J'en ai parlé au CPE qui a juste demandé à l'élève d'enlever son voile lorsqu'elle entrait dans mon cours, sans rappeler la loi ni les principes de la laïcité. Désormais, la jeune fille qui se balade dans l'établissement et les couloirs avec son voile, pense que je lui demande de l'enlever dans mon cours car je suis contre sa religion ... Et je passe sur les propos de certains élèves, adeptes du complotisme et de sites qui devraient être interdits en France. Tout ce qu'il y a de pire sur les réseaux sociaux ressort lorsque nous étudions l'esclavage, le colonialisme, la Shoah, la laïcité, la liberté d'expression ...
Donc, ce n'est pas forcément qu'on "ne saurait pas parler simplement et clairement de ce drame". C'est juste que nous sommes de moins en moins nombreux à rappeler certains principes (certains collègues en 2015 n'avaient pas fait la minute de silence car ils avaient peur de la réaction de leurs élèves) et que moins nous sommes à le faire, plus nous passons pour de "méchants enseignants qui détestent l'Islam". S'il y avait un discours unique - enseignants - surveillants - CPE - proviseur - comme je l'ai connu sous une autre direction, il n'y aura pas de problème avec Monsieur Truc ou Madame Machin, les élèves comprendraient les règles, la loi, la notion de laïcité, mais dès qu'il y a des personnes qui transgressent la loi dans leur classe, on commence à se demander si en continuant on ne devient pas des cibles.
Alors, certains - comme moi - on va continuer à le faire, mais désormais, on ne regagnera pas le parking du lycée sans une certaine appréhension.
Je rebondis sur tes propos Eldar, je rejoins ce que tu dis.
La seule différence consiste dans le fait que je m'aperçois traîner cette appréhension depuis des années. Je pense souvent à ce qu'il peut advenir après avoir traité tel point du programme en classe, dit telle chose aux élèves... et ma représentation mentale est minée par toutes les invectives envers la France, ses lois, ses représentants d'Etat... entendues par exemple dans les classes après les attentats contre Charlie-Hebdo. J'ai découvert des élèves certains visages que j'aurais voulu ne jamais avoir vus. Propos rapportés à la hiérarchie, action non suivie d'effets.
Malheureusement je me fais peur parce que ma première réaction après l'annonce de l'assassinat de Samuel Paty a été "impossible" puis deux secondes après "c'était dans l'ordre des choses". Le déni et le fatalisme ne sont pas de bons conseillers, je sais. J'espère ne pas être blasée de cette violence mais force est de constater que je l'ai très longtemps côtoyée dans mon quotidien professionnel, sans jamais en être protégée (au même titre que mes collègues: victimes du "pasdevague" dont on connaît bien les ravages), que j'ai pas mal lu là-dessus et que plus rien en peut m'étonner (même si évidemment tout continue à m'émouvoir voire à me rendre malade) mais disons que j'ai la conscience aiguë d'être une cible, dans l'exercice de ma profession, mais aussi dans la rue et pas forcément avec la casquette "prof" cette fois. Et ça ne date pas d'hier.
Depuis quelques jours certaines vérités éclatent enfin au grand jour, le fait de ne pas pouvoir enseigner ce que l'on doit enseigner, où l'on veut en toute sérénité. Si cette cruauté sans nom et ce carnage de vendredi permettent au moins de lever le couvercle de la marmite et de laisser sortir tout ce qui bouillonne depuis des décennies sans que rien ne bouge, ce serait une victoire de l'intelligence sur la sauvagerie. Parce que l'intelligence, pour les gouvernements successifs, serait de reconnaître que l'école part à vau-l'eau et est en très très grand danger, à tous niveaux.
J'aimerais être sûre de l'"Ecole de la confiance"
- TangledingGrand Maître
Merci chmarmottine.
Très beau communiqué de ses collègues, je les remercie et leur adresse mes pauvres pensées. Je suis en chemin pour Conflans, pour joindre mes pas aux leurs, à ceux des élèves et des parents d'élèves de ce collège, tous ceux qui peuvent le faire, et ceux de ses proches qui en auraient la force, en mémoire de Samuel Paty et en soutien malheureusement bien dérisoire de ses proches et amis.
Très beau communiqué de ses collègues, je les remercie et leur adresse mes pauvres pensées. Je suis en chemin pour Conflans, pour joindre mes pas aux leurs, à ceux des élèves et des parents d'élèves de ce collège, tous ceux qui peuvent le faire, et ceux de ses proches qui en auraient la force, en mémoire de Samuel Paty et en soutien malheureusement bien dérisoire de ses proches et amis.
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"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
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- Isis39Enchanteur
eldar a écrit:Fesseur Pro a écrit:Je reste surpris de la réaction de beaucoup de collègues qui ne "sauraient pas" parler simplement et clairement de ce drame et de ce qui tourne autour de la laïcité à leurs élèves, surtout après avoir déjà vécu les attentats à Charlie Hebdo entre autres.
Ne nous étonnons pas ensuite si la réponse de notre ministre est qu'il faut former les enseignants.
edit : Pardon,je n'avais pas vu le fil ad hoc : https://www.neoprofs.org/t130832-la-laicite-un-concept-ardu
Certains collègues savent qu'ils ne seront pas soutenus s'il y a des contestations violentes. Je n'ai jamais autant fait de rapports que lors de la minute de silence pour "Charlie Hebdo". Rapports pour lesquels il n'y a eu aucune suite. Cela n'aura servi qu'à une chose "Passer la pire année de ma carrière". Je frisonne encore de tout ce que j'ai pu entendre cette journée-là.
Cette année, j'ai eu droit "Pourquoi le blasphème n'est pas interdit, on ne peut pas attaquer ma religion. La France est contre nous".
Je bataille avec une élève pour qu'elle enlève son voile lorsqu'elle entre dans mon cours. J'ai eu droit "Oui, mais dans le cours de Madame Machin on me laisse le porter car il est discret". J'en ai parlé au CPE qui a juste demandé à l'élève d'enlever son voile lorsqu'elle entrait dans mon cours, sans rappeler la loi ni les principes de la laïcité. Désormais, la jeune fille qui se balade dans l'établissement et les couloirs avec son voile, pense que je lui demande de l'enlever dans mon cours car je suis contre sa religion ... Et je passe sur les propos de certains élèves, adeptes du complotisme et de sites qui devraient être interdits en France. Tout ce qu'il y a de pire sur les réseaux sociaux ressort lorsque nous étudions l'esclavage, le colonialisme, la Shoah, la laïcité, la liberté d'expression ...
Donc, ce n'est pas forcément qu'on "ne saurait pas parler simplement et clairement de ce drame". C'est juste que nous sommes de moins en moins nombreux à rappeler certains principes (certains collègues en 2015 n'avaient pas fait la minute de silence car ils avaient peur de la réaction de leurs élèves) et que moins nous sommes à le faire, plus nous passons pour de "méchants enseignants qui détestent l'Islam". S'il y avait un discours unique - enseignants - surveillants - CPE - proviseur - comme je l'ai connu sous une autre direction, il n'y aurait pas de problème avec Monsieur Truc ou Madame Machin, les élèves comprendraient les règles, la loi, la notion de laïcité, mais dès qu'il y a des personnes qui transgressent la loi dans leur classe, on commence à se demander si en continuant on ne devient pas des cibles.
Alors, certains - comme moi - on va continuer à le faire, mais désormais, on ne regagnera pas le parking du lycée sans une certaine appréhension.
Si ton CPE ou ta direction ne réagissent pas à une atteinte à la laïcité (le port du voile en fait partie), tu peux signaler ça ici :
https://eduscol.education.fr/cid129894/le-formulaire-atteinte-a-la-laicite.html
- fanetteFidèle du forum
Ce que tu écris est touchant... et révoltant. Ce texte devrait parvenir à la Direction Académique, au Rectorat, voire plus haut : la situation actuelle ouvrira peut-être quelques oreilles...eldar a écrit:
Cette année, j'ai eu droit "Pourquoi le blasphème n'est pas interdit, on ne peut pas attaquer ma religion. La France est contre nous".
Je bataille avec une élève pour qu'elle enlève son voile lorsqu'elle entre dans mon cours. J'ai eu droit "Oui, mais dans le cours de Madame Machin on me laisse le porter car il est discret". J'en ai parlé au CPE qui a juste demandé à l'élève d'enlever son voile lorsqu'elle entrait dans mon cours, sans rappeler la loi ni les principes de la laïcité. Désormais, la jeune fille qui se balade dans l'établissement et les couloirs avec son voile, pense que je lui demande de l'enlever dans mon cours car je suis contre sa religion ... Et je passe sur les propos de certains élèves, adeptes du complotisme et de sites qui devraient être interdits en France. Tout ce qu'il y a de pire sur les réseaux sociaux ressort lorsque nous étudions l'esclavage, le colonialisme, la Shoah, la laïcité, la liberté d'expression ...
Donc, ce n'est pas forcément qu'on "ne saurait pas parler simplement et clairement de ce drame". C'est juste que nous sommes de moins en moins nombreux à rappeler certains principes (certains collègues en 2015 n'avaient pas fait la minute de silence car ils avaient peur de la réaction de leurs élèves) et que moins nous sommes à le faire, plus nous passons pour de "méchants enseignants qui détestent l'Islam". S'il y avait un discours unique - enseignants - surveillants - CPE - proviseur - comme je l'ai connu sous une autre direction, il n'y aurait pas de problème avec Monsieur Truc ou Madame Machin, les élèves comprendraient les règles, la loi, la notion de laïcité, mais dès qu'il y a des personnes qui transgressent la loi dans leur classe, on commence à se demander si en continuant on ne devient pas des cibles.
Alors, certains - comme moi - on va continuer à le faire, mais désormais, on ne regagnera pas le parking du lycée sans une certaine appréhension.
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L'école nuit gravement à l'obscurantisme !
- micaschisteMonarque
Je me joins par la pensée à ceux qui peuvent être à la marche blanche en hommage à notre collègue Samuel Paty.
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"Il ne sert à rien à l'homme de gagner la Lune s'il vient à perdre la Terre". François Mauriac
"Pick a star in the dark horizon and follow the light "
- fanetteFidèle du forum
micaschiste a écrit:Je me joins par la pensée à ceux qui peuvent être à la marche blanche en hommage à notre collègue Samuel Paty.
Je vais y aller aussi. Nous emporterons vos pensées avec nous...
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L'école nuit gravement à l'obscurantisme !
- Night OwlNiveau 10
Choquée et sidérée après avoir regardé les vidéos mises en lien ici. "Situation en voie d'apaisement" alors que notre collègue devait changer de parcours tous les jours et se cacher sous une capuche?!? Quel cauchemar!
- ErgoDevin
Merci henriette. Merci à celles et ceux qui ont pris le temps de rédiger ces messages, d'y réfléchir et d'en dérouler la réflexion.henriette a écrit:Reçu sur la boite mail académique Aix-Marseille, un long et très riche message du Recteur Beignier, adressé à tous les personnels de l'académie.
Je le mets en spoiler.
- Spoiler:
Le drame noué, le vendredi 16 octobre, à Conflans-Sainte-Honorine, nous a saisi d’effroi. Non seulement, il constitue un assassinat mais encore, au sens précis du terme, un « acte de barbarie ». La mort infligée se double, par son mode de perpétration, d’une volonté marquée et calculée d’une effroyable négation de la civilisation : un acte, d’une sauvagerie et d’une cruauté délibérées, qui engendre l’horreur.
L’effroi. C’est un sentiment de frayeur, d’épouvante, de terreur et de grande peur dont on attend qu’il annihile toute réaction. Il y a donc un lien précis entre l’acte de barbarie et le désir de « terroriser » au sens plein de ce terme.
Tous, nous avons ressenti cet effroi. Puisqu’il s’agit d’un acte de violation de la civilisation et de l’humanité et parce que nous sommes des êtres humains avec la sensibilité inhérente à notre nature, nous avons violemment vécu un tel acte criminel, dans notre propre chair, car c’est bien une « atteinte grave et délibérée à la dignité de la personne humaine ». Ce n’est pas une formule facile de rhétorique que de dire que nous nous sommes tous, instinctivement associés à la victime, en un instant nous étions tous « professeurs à Conflans » : tel était bien l’intention surdimensionnée du criminel. « Compassion » : dans son étymologie, c’est le mot précis qui convient.
Mais nous devons, maintenant, nous délivrer de cet effroi et regarder avec lucidité, donc sérénité, où est notre devoir commun : avoir le discernement de ce que nous devons faire et ayant compris ce que requiert notre devoir, trouver en nous et ensemble, la force de l’accomplir.
Nos pensées rejoignent celles exprimées par le président de la République et notre ministre, pour la mémoire du professeur « martyr de la liberté », de ses proches, mais aussi de toute l’équipe, dirigeante et enseignante du collège du Bois d’Aulne. Sans oublier les élèves profondément marqués par ce crime : leur vie, vendredi soir, a définitivement changé. Au-delà nous devons veiller à tous les élèves de notre académie, placés dans des situations proches sinon similaires, qui eux aussi, ressentiront les mêmes sentiments de peur, d’incertitude et d’interrogation. L’onde de choc se répandra partout.
Il conviendra d’aider les élèves à analyser ce drame et les accompagner dans leur réflexion, celle-ci ne manquera pas de se heurter à ce qu’ils peuvent entendre, dans certains milieux, dans leur entourage, sans compter sur les effets dévastateurs des réseaux sociaux, pour éviter les raisonnements simplistes qui dénaturent et conduisent vers une lecture téléologique des événements.
Vous savez que le mensonge s’enclenche d’autant plus aisément quand il prend la figure de la corruption de la vérité. On part d’une parcelle de vérité, on la présente sous un jour faussé, puis on extrapole. De fil en aiguille en instillant le doute, on quitte une démarche intellectuelle honnête pour aboutir inexorablement à une falsification complète de tout.
Le « complotisme » n’est pas nouveau, il est même très ancien, mais il dispose aujourd’hui de formidables caisses de résonance pour discréditer les institutions qui constituent l’armature de la démocratie. Il nous faudra être les « ostéopathes de la vérité ».
Nous prévoirons, selon les prochaines instructions ministérielles à ce sujet, à la rentrée (le lundi 2 novembre) de nous unir dans un moment de recueillement et de souvenir. Au-delà (durant les jours qui suivront), nous consacrerons le temps nécessaire pour faire comprendre aux élèves, l’ampleur de ce drame, mais aussi les leçons à en tirer pour faire face à d’autres défis potentiels. Je vais proposer, prochainement, en concertation avec les personnels de direction et les organisations syndicales, ainsi que les fédérations de parents d’élèves, une « journée citoyenne » allant en ce sens. Nous le ferons en étroite collaboration avec la Fondation du Camp des Milles, partenaire fort de notre académie (la quasi-totalité des collégiens du département des Bouches-du-Rhône a la possibilité, par le soutien du conseil départemental, de pouvoir visiter ce lieu au cours de leur scolarité).
Face à la barbarie, la raison doit, en premier lieu, demeurer ; en second, se reconstituer, enfin se fortifier.
En tout premier, à tous les enseignants, je veux témoigner de mon soutien en ces moments d’ébranlement intérieur.
Qu’il me soit permis de le faire avec une attention toute particulière pour les professeurs d’histoire-géographie, dont je me sens instinctivement proche pour avoir suivi un même parcours d’études qu’eux. Chaque professeur d’histoire, plus encore lorsqu’il est affecté dans une zone d’éducation prioritaire n’a pu que s’interroger sur sa sécurité et voir monter en lui ses craintes sinon ses angoisses. Il ne s’agit pas d’abstraction ou d’interrogation vague, mais bien d’un questionnement intime. Que ces professeurs sachent combien nous sommes tous avec eux, mais aussi que nous nous donnerons tous les moyens pour prévenir des mises en cause de leur posture pédagogique et les conséquences qui pourraient en découler quant à leur sécurité (la leur ou celle de leurs proches), en lien avec les autorités compétentes en ce domaine.
Dans un pays si passionné par l’histoire (ce qui n’est pas si fréquent : il y a même quelques pays où l’enseignement de l’histoire est marginal, voire même inexistant), créateur de « la journée du patrimoine » devenue mondiale par son succès en France, le professeur d’histoire remplit une mission forte et déterminante. Il lui incombe de faire découvrir aux élèves les racines, les fondements, le substrat du présent, avec tous les aléas que comporte nécessairement l’histoire d’une nation. Enseignant de surcroît la géographie, il est au fond celui qui fait découvrir aux élèves le peuple et le territoire, la nation et l’espace : bref, celui qui explique le pays, partant de là il est aussi celui qui les aide à ouvrir leur curiosité vers l’extérieur et l’altérité, pour mieux les comprendre et ne pas en avoir peur.
S’attaquer à un professeur d’histoire, c’est donc s’en prendre à celui qui dans son cours donne aux jeunes les deux clés essentielles pour comprendre la France, la France dans l’Europe et l’Europe dans le Monde. C’est prétendre nier ce long temps qu’est l’histoire et cette longue permanence qu’est la géographie. Le professeur d’histoire par son regard sur le passé ouvre les yeux de ses élèves sur le présent qui est le sien et l’avenir qui sera celui de ceux qui l’écoutent. Plus qu’un autre, il est un « passeur », un relais.
Au-delà, il est fréquent que ce professeur soit en charge du cours d’enseignement moral et civique(EMC) : c’était le cas de Samuel Paty. Ce qui souligne le lien étroit entre l’histoire et la valeurs morales et civiques de notre pays. Lors du cours, objet de la part de certains d’une polémique absolument infondée, Samuel Paty n’a fait qu’appliquer le programme d’enseignement moral et civique , en particulier sur l’éducation relative à la liberté d’expression. Je vous invite à vous y reporter pour répondre à qui mettrait en cause cela.
De manière plus générale, s’agissant de la sécurité des professeurs, j’écoute avec attention ceux d’entre vous (spécialement les chefs d’établissement et plus encore les directrices et directeurs des écoles) qui me disent que trop souvent les plaintes déposées pour agression ou menace sont classées « sans suite ». Je le sais et je fais d’ores et déjà des propositions d’un travail coordonné entre nos services et ceux des parquets.
L’émotion et l’action. Ayant ressenti l’effroi, nous devons le dominer, en faire une émotion intérieure de nos cœurs et de nos esprits.
Dans un premier temps, l’effroi peut subvertir notre intelligence, annihiler notre énergie, broyer notre volonté. C’est le but de tout terroriste. Il a touché notre esprit et il veut rompre notre cœur. Aussi, devons-nous nous ressaisir. Dans un second temps, maîtriser et métamorphoser cela en un sentiment puissant, pour y trouver force et détermination au service de la raison qui doit toujours l’emporter.
Il nous faut, une nouvelle fois depuis 2015 analyser, partout où nous sommes, établissement par établissement, les risques et les périls. Nous devons avec vigilance détecter les fissures invisibles, les zones de fragilité inconnues, les silences suspects. Concrètement, mieux vaut une alerte qui se révèlera infondée qu’une alerte trop tardive : la prudence est dans la réaction à l’alerte qui doit être examinée avec soin, non dans l’alerte elle-même. Une fumée dans une pinède : on appelle les pompiers. Il doit en être de même pour les établissements scolaires.
Le silence. En lui-même il peut être un signe. Un élève en classe doit, naturellement, écouter mais il n’est pas là que pour cela. Nous le savons tous. Mais nous devons prêter une grande attention à ce que conforter la « démocratie scolaire » pour éduquer vers la citoyenneté suppose impérativement de poursuivre le travail qui vise à permettre aux élèves de parler, de s’exprimer avec les risques inhérents à cette pratique. Car c’est à partir des propos dits, plutôt que tus, que la tâche ardue de déconstruction des représentations et de reconstruction peut s’opérer.
C’est bien là, l’un des enjeux majeurs du cours d’EMC et sa grande différence avec ce que fut « l’instruction » civique d’antan (dont, au surplus, je conserve un bon et précieux souvenir). L’objectif de ce cours (mis en place à la rentrée 2015) réside dans sa finalité qui doit concourir à l’appropriation, pas à pas, chaque jour, par les élèves des valeurs de la République. Ils ne doivent pas simplement connaître les fondements de la République, mais se préparer à en être les citoyens au sens entier de ce mot, depuis les racines grecques et latines de ce mode de gouvernement.
La République n’est pas une abstraction, elle est le corps vivant de la Nation. Les élèves doivent s’en sentir déjà participants et monter vers l’âge de la majorité (correspondant le plus souvent à l’année du baccalauréat ou d’autres formations de même valeur), où ils seront conviés à exercer pleinement leurs droits civils et civiques.
Il n’y a pas de démocratie sans décision fondée sur le principe majoritaire, mais ce principe pour sa légitimité suppose le débat. La démocratie, c’est le forum et l’agora. L’école est cela aussi.
Pressentir et avertir. La prudence est une vertu ; la pusillanimité, une carence du caractère.
Suivant en cela les prescriptions claires du ministère, notre académie a déjà mis en place, depuis des années, des processus de vigilance et de remédiation. Il faut que chacun prenne le soin de se les approprier, mais aussi de suggérer comment, sans cesse, ils doivent se perfectionner et (plus encore) s’adapter à des situations mouvantes : tout change en peu de temps, voire en un an, dans ce domaine. Il n’en demeure pas moins que les réponses ne sauraient être isolées, pour éviter d’être maladroites. Elles doivent d’appuyer, tant pour le conseil que pour l’accompagnement, sur l’expérience de la cellule académique « Valeurs de la République » (au rectorat sous la conduite du Conseiller Technique Établissements et Vie Scolaire, Éric Rusterholtz) et sur l’expertise des différents référents académiques. Dès que nécessaire, il faut y avoir recours.L'équipe académique valeurs de la République demeure à votre disposition et n’hésitez pas à la saisir.
Informations et coordonnées : http://www.ac-aix-marseille.fr/cid126527/l-equipe-academique-laicite-fait-religieux.html
Je me dois de souligner le travail déjà remarquable effectué dans notre académie, grâce à l’impulsion décisive de Rodrigue Coutouly, qui s’est emparé de la question de l’esprit critique pour en faire un moteur du travail de promotion de la laïcité. L’équipe académique « laïcité et faits religieux », depuis des années, accompagne et soutient les équipes pédagogiques sur le terrain grâce à neuf groupes de travail qui réfléchissent et produisent de la ressource, autour de neuf thèmes reliés à l’esprit critique. Cela a donné un ouvrage, premier de son genre, Esprit critique : outils et méthodes pour le second degré, sous la direction de Gérald Attali et Abdenour Bidar, publié par Canopé en 2019. Cet ouvrage doit être entre les mains de tous, s’il ne l’est déjà.
Le DAFIP, Vincent Valéry, a notablement fait évoluer le PAF, qui désormais s’enrichit de formations « à la demande » de la part des divers réseaux scolaires de l’académie. Il se tient à votre disposition pour élaborer toute formation que vous pourriez suggérer. N’hésitez pas à faire des propositions ou des sollicitations.
Notre académie possède une véritable compétence en la matière pour avoir été, par la force des choses, une des premières à réagir à de tels défis. Enfin, je ne saurais oublier la promptitude et l’efficacité des équipes mobiles académiques de sécurité (EMAS) dont la réaction est toujours exemplaire, en tant que de besoin.
En amont, il nous incombe aussi de renforcer, dans le parcours de formation initiale, l’outillage et la vigilance des jeunes enseignants pour les aider à se construire des armes intellectuelles solides. Très prochainement, je ferai le point sur ce sujet avec la directrice de l’INSPE, dont je sais l’attention à tout cela, mais aussi avec le président de l’Université, dont cet institut est une composante.
Une telle formation doit revêtir deux aspects. Une solide doctrine et une pratique éprouvée : les deux vont de pair. Une pratique sans théorie est un empirisme sans boussole, mais une théorie non assortie de dispositions pratiques n’est qu’une dilution intellectuelle. Un professeur doit savoir « pourquoi », mais aussi « comment ». La très récente nouvelle édition du « vade-mecum de la laïcité à l’école » (octobre 2020) est un instrument probant à cet effet.
Au-delà de tout, l’École de la République doit être l’endroit où l’on comprend la célèbre formule de Renan dans sa conférence Qu’est-ce qu’une nation ? : un plébiscite de tous les jours. Je vous invite à découvrir ou redécouvrir ce texte tenu pour classique. Si l’on ne veut pas que le « vivre ensemble » soit un simple thème de discours mais d’action, nous devons enseigner le sens profond du terme de « contrat social ».
Qui ne l’accepte pas ne peut véritablement être membre de la Nation. Le mot de « contrat » a un sens. Il implique que les parties contractantes s’engagent et se respectent. Notre « contrat social » c’est notre constitution (4 octobre 1958) dont les piliers porteurs sont les deux déclarations des droits de 1789 et 1946.
Faut-il rappeler qu’à la suite d’une décision du Conseil constitutionnel en date du 21 février 2013, ayant explicitement énoncé que le principe de laïcité, garant de la neutralité de l’État, est un principe de valeur constitutionnelle, a fait ainsi muer la qualité des articles 1er et 2 de la loi du 9 décembre 1905, désormais inclus dans le « bloc de constitutionnalité », en « annexes » (en quelque sorte) de l’article premier ? Relire, commenter et vivre cet article premier, ainsi enrichi des deux autres textes, serait un bel et instructif exercice, devant tous les élèves.
L’article premier de la constitution donne les traits vitaux de la République ; l’article premier de la loi de 1905 énonce, sobrement, ce que la République doit faire en matière de liberté de conscience et de respect des diverses croyances et l’article deux, ce dont elle doit s’abstenir. Les trois textes s’imbriquent d’une manière parfaite et cohérente. Redisons que la rime naturelle de « laïcité » est « liberté ».
Si nous voulons prendre plus de champ avec l’actualité éprouvante, puisque nous parlons d’histoire du pays, dans quelques jours, le 9 novembre, le pays fera mémoire du cinquantième anniversaire de la mort de Charles de Gaulle (puis le 22 du même mois, du 130e anniversaire de sa naissance). Les circonstances de l’année qui s’achève n’auront guère permis le déroulé prévu des diverses commémorations initiales programmées à travers tout le pays.
Dans un passage bien connu de Vers l’armée de métier, il écrivait : La véritable école du commandement, c’est la culture générale. Nous pourrions extrapoler et dire qu’au bout de tout, la véritable éducation c’est la culture. Les deux sont inséparables parce que consubstantielles. La culture permet une meilleure éducation et l’éducation conduit à la culture. L’éducation structure et éveille l’esprit ; la culture, le nourrit et l’épanouit. La culture est un questionnement permanent, une découverte de tous les jours et une mise en perspective de la propre vie de chacun au regard de celles des autres. C’est ce que font, précisément, tous les enseignants, dans leur discipline, lesquelles se rencontrent comme des lignes convergentes vers un même horizon.
J’ai souvent répété que, depuis 1932, notre ministère n’est plus celui de l’Instruction Publique mais de l’Éducation nationale. Dans ces jours d’épreuve méditons ensemble sur l’attribut et le qualificatif : qu’est-ce que l’éducation ? Est-ce se contenter de « traiter les programmes » ? En quoi est-elle nationale ? N’est-ce pas, au-delà de la Nation, s’ouvrir à l’universel ? De la réponse à ces deux interrogations dépend l’accomplissement de notre devoir que la République attend de nous, avec la confiance qu’elle nous a toujours accordée.
Il faut toujours puiser courage dans l’héroïsme des autres qui éclaire nos vies par la leur, aussi terminerai-je en renvoyant à un auteur insuffisamment connu : Jacques Lusseyran (auquel Jérôme Garcin consacra son roman Le voyant) :
Devenu accidentellement aveugle à huit ans, il releva ce défi. Face à l’effondrement de notre pays en 1940, il entra en résistance et fut déporté à Buchenwald en 1944, dont il put revenir. Dans l’un de ses livres Et la lumière fut (Folio, n° 6119, chap. 4, in fine) il écrit (au sujet de sa brusque cécité) : Tout enfant encore, je comprenais que notre liberté n’est pas dans le refus de ce qui nous frappe. Être libre, je le voyais, c’était, acceptant les faits, de renverser l’ordre de leurs conséquences.
Bernard Beignier
- chmarmottineGuide spirituel
Ergo a écrit:Merci henriette. Merci à celles et ceux qui ont pris le temps de rédiger ces messages, d'y réfléchir et d'en dérouler la réflexion.henriette a écrit:Reçu sur la boite mail académique Aix-Marseille, un long et très riche message du Recteur Beignier, adressé à tous les personnels de l'académie.
Je le mets en spoiler.
- Spoiler:
Le drame noué, le vendredi 16 octobre, à Conflans-Sainte-Honorine, nous a saisi d’effroi. Non seulement, il constitue un assassinat mais encore, au sens précis du terme, un « acte de barbarie ». La mort infligée se double, par son mode de perpétration, d’une volonté marquée et calculée d’une effroyable négation de la civilisation : un acte, d’une sauvagerie et d’une cruauté délibérées, qui engendre l’horreur.
L’effroi. C’est un sentiment de frayeur, d’épouvante, de terreur et de grande peur dont on attend qu’il annihile toute réaction. Il y a donc un lien précis entre l’acte de barbarie et le désir de « terroriser » au sens plein de ce terme.
Tous, nous avons ressenti cet effroi. Puisqu’il s’agit d’un acte de violation de la civilisation et de l’humanité et parce que nous sommes des êtres humains avec la sensibilité inhérente à notre nature, nous avons violemment vécu un tel acte criminel, dans notre propre chair, car c’est bien une « atteinte grave et délibérée à la dignité de la personne humaine ». Ce n’est pas une formule facile de rhétorique que de dire que nous nous sommes tous, instinctivement associés à la victime, en un instant nous étions tous « professeurs à Conflans » : tel était bien l’intention surdimensionnée du criminel. « Compassion » : dans son étymologie, c’est le mot précis qui convient.
Mais nous devons, maintenant, nous délivrer de cet effroi et regarder avec lucidité, donc sérénité, où est notre devoir commun : avoir le discernement de ce que nous devons faire et ayant compris ce que requiert notre devoir, trouver en nous et ensemble, la force de l’accomplir.
Nos pensées rejoignent celles exprimées par le président de la République et notre ministre, pour la mémoire du professeur « martyr de la liberté », de ses proches, mais aussi de toute l’équipe, dirigeante et enseignante du collège du Bois d’Aulne. Sans oublier les élèves profondément marqués par ce crime : leur vie, vendredi soir, a définitivement changé. Au-delà nous devons veiller à tous les élèves de notre académie, placés dans des situations proches sinon similaires, qui eux aussi, ressentiront les mêmes sentiments de peur, d’incertitude et d’interrogation. L’onde de choc se répandra partout.
Il conviendra d’aider les élèves à analyser ce drame et les accompagner dans leur réflexion, celle-ci ne manquera pas de se heurter à ce qu’ils peuvent entendre, dans certains milieux, dans leur entourage, sans compter sur les effets dévastateurs des réseaux sociaux, pour éviter les raisonnements simplistes qui dénaturent et conduisent vers une lecture téléologique des événements.
Vous savez que le mensonge s’enclenche d’autant plus aisément quand il prend la figure de la corruption de la vérité. On part d’une parcelle de vérité, on la présente sous un jour faussé, puis on extrapole. De fil en aiguille en instillant le doute, on quitte une démarche intellectuelle honnête pour aboutir inexorablement à une falsification complète de tout.
Le « complotisme » n’est pas nouveau, il est même très ancien, mais il dispose aujourd’hui de formidables caisses de résonance pour discréditer les institutions qui constituent l’armature de la démocratie. Il nous faudra être les « ostéopathes de la vérité ».
Nous prévoirons, selon les prochaines instructions ministérielles à ce sujet, à la rentrée (le lundi 2 novembre) de nous unir dans un moment de recueillement et de souvenir. Au-delà (durant les jours qui suivront), nous consacrerons le temps nécessaire pour faire comprendre aux élèves, l’ampleur de ce drame, mais aussi les leçons à en tirer pour faire face à d’autres défis potentiels. Je vais proposer, prochainement, en concertation avec les personnels de direction et les organisations syndicales, ainsi que les fédérations de parents d’élèves, une « journée citoyenne » allant en ce sens. Nous le ferons en étroite collaboration avec la Fondation du Camp des Milles, partenaire fort de notre académie (la quasi-totalité des collégiens du département des Bouches-du-Rhône a la possibilité, par le soutien du conseil départemental, de pouvoir visiter ce lieu au cours de leur scolarité).
Face à la barbarie, la raison doit, en premier lieu, demeurer ; en second, se reconstituer, enfin se fortifier.
En tout premier, à tous les enseignants, je veux témoigner de mon soutien en ces moments d’ébranlement intérieur.
Qu’il me soit permis de le faire avec une attention toute particulière pour les professeurs d’histoire-géographie, dont je me sens instinctivement proche pour avoir suivi un même parcours d’études qu’eux. Chaque professeur d’histoire, plus encore lorsqu’il est affecté dans une zone d’éducation prioritaire n’a pu que s’interroger sur sa sécurité et voir monter en lui ses craintes sinon ses angoisses. Il ne s’agit pas d’abstraction ou d’interrogation vague, mais bien d’un questionnement intime. Que ces professeurs sachent combien nous sommes tous avec eux, mais aussi que nous nous donnerons tous les moyens pour prévenir des mises en cause de leur posture pédagogique et les conséquences qui pourraient en découler quant à leur sécurité (la leur ou celle de leurs proches), en lien avec les autorités compétentes en ce domaine.
Dans un pays si passionné par l’histoire (ce qui n’est pas si fréquent : il y a même quelques pays où l’enseignement de l’histoire est marginal, voire même inexistant), créateur de « la journée du patrimoine » devenue mondiale par son succès en France, le professeur d’histoire remplit une mission forte et déterminante. Il lui incombe de faire découvrir aux élèves les racines, les fondements, le substrat du présent, avec tous les aléas que comporte nécessairement l’histoire d’une nation. Enseignant de surcroît la géographie, il est au fond celui qui fait découvrir aux élèves le peuple et le territoire, la nation et l’espace : bref, celui qui explique le pays, partant de là il est aussi celui qui les aide à ouvrir leur curiosité vers l’extérieur et l’altérité, pour mieux les comprendre et ne pas en avoir peur.
S’attaquer à un professeur d’histoire, c’est donc s’en prendre à celui qui dans son cours donne aux jeunes les deux clés essentielles pour comprendre la France, la France dans l’Europe et l’Europe dans le Monde. C’est prétendre nier ce long temps qu’est l’histoire et cette longue permanence qu’est la géographie. Le professeur d’histoire par son regard sur le passé ouvre les yeux de ses élèves sur le présent qui est le sien et l’avenir qui sera celui de ceux qui l’écoutent. Plus qu’un autre, il est un « passeur », un relais.
Au-delà, il est fréquent que ce professeur soit en charge du cours d’enseignement moral et civique(EMC) : c’était le cas de Samuel Paty. Ce qui souligne le lien étroit entre l’histoire et la valeurs morales et civiques de notre pays. Lors du cours, objet de la part de certains d’une polémique absolument infondée, Samuel Paty n’a fait qu’appliquer le programme d’enseignement moral et civique , en particulier sur l’éducation relative à la liberté d’expression. Je vous invite à vous y reporter pour répondre à qui mettrait en cause cela.
De manière plus générale, s’agissant de la sécurité des professeurs, j’écoute avec attention ceux d’entre vous (spécialement les chefs d’établissement et plus encore les directrices et directeurs des écoles) qui me disent que trop souvent les plaintes déposées pour agression ou menace sont classées « sans suite ». Je le sais et je fais d’ores et déjà des propositions d’un travail coordonné entre nos services et ceux des parquets.
L’émotion et l’action. Ayant ressenti l’effroi, nous devons le dominer, en faire une émotion intérieure de nos cœurs et de nos esprits.
Dans un premier temps, l’effroi peut subvertir notre intelligence, annihiler notre énergie, broyer notre volonté. C’est le but de tout terroriste. Il a touché notre esprit et il veut rompre notre cœur. Aussi, devons-nous nous ressaisir. Dans un second temps, maîtriser et métamorphoser cela en un sentiment puissant, pour y trouver force et détermination au service de la raison qui doit toujours l’emporter.
Il nous faut, une nouvelle fois depuis 2015 analyser, partout où nous sommes, établissement par établissement, les risques et les périls. Nous devons avec vigilance détecter les fissures invisibles, les zones de fragilité inconnues, les silences suspects. Concrètement, mieux vaut une alerte qui se révèlera infondée qu’une alerte trop tardive : la prudence est dans la réaction à l’alerte qui doit être examinée avec soin, non dans l’alerte elle-même. Une fumée dans une pinède : on appelle les pompiers. Il doit en être de même pour les établissements scolaires.
Le silence. En lui-même il peut être un signe. Un élève en classe doit, naturellement, écouter mais il n’est pas là que pour cela. Nous le savons tous. Mais nous devons prêter une grande attention à ce que conforter la « démocratie scolaire » pour éduquer vers la citoyenneté suppose impérativement de poursuivre le travail qui vise à permettre aux élèves de parler, de s’exprimer avec les risques inhérents à cette pratique. Car c’est à partir des propos dits, plutôt que tus, que la tâche ardue de déconstruction des représentations et de reconstruction peut s’opérer.
C’est bien là, l’un des enjeux majeurs du cours d’EMC et sa grande différence avec ce que fut « l’instruction » civique d’antan (dont, au surplus, je conserve un bon et précieux souvenir). L’objectif de ce cours (mis en place à la rentrée 2015) réside dans sa finalité qui doit concourir à l’appropriation, pas à pas, chaque jour, par les élèves des valeurs de la République. Ils ne doivent pas simplement connaître les fondements de la République, mais se préparer à en être les citoyens au sens entier de ce mot, depuis les racines grecques et latines de ce mode de gouvernement.
La République n’est pas une abstraction, elle est le corps vivant de la Nation. Les élèves doivent s’en sentir déjà participants et monter vers l’âge de la majorité (correspondant le plus souvent à l’année du baccalauréat ou d’autres formations de même valeur), où ils seront conviés à exercer pleinement leurs droits civils et civiques.
Il n’y a pas de démocratie sans décision fondée sur le principe majoritaire, mais ce principe pour sa légitimité suppose le débat. La démocratie, c’est le forum et l’agora. L’école est cela aussi.
Pressentir et avertir. La prudence est une vertu ; la pusillanimité, une carence du caractère.
Suivant en cela les prescriptions claires du ministère, notre académie a déjà mis en place, depuis des années, des processus de vigilance et de remédiation. Il faut que chacun prenne le soin de se les approprier, mais aussi de suggérer comment, sans cesse, ils doivent se perfectionner et (plus encore) s’adapter à des situations mouvantes : tout change en peu de temps, voire en un an, dans ce domaine. Il n’en demeure pas moins que les réponses ne sauraient être isolées, pour éviter d’être maladroites. Elles doivent d’appuyer, tant pour le conseil que pour l’accompagnement, sur l’expérience de la cellule académique « Valeurs de la République » (au rectorat sous la conduite du Conseiller Technique Établissements et Vie Scolaire, Éric Rusterholtz) et sur l’expertise des différents référents académiques. Dès que nécessaire, il faut y avoir recours.L'équipe académique valeurs de la République demeure à votre disposition et n’hésitez pas à la saisir.
Informations et coordonnées : http://www.ac-aix-marseille.fr/cid126527/l-equipe-academique-laicite-fait-religieux.html
Je me dois de souligner le travail déjà remarquable effectué dans notre académie, grâce à l’impulsion décisive de Rodrigue Coutouly, qui s’est emparé de la question de l’esprit critique pour en faire un moteur du travail de promotion de la laïcité. L’équipe académique « laïcité et faits religieux », depuis des années, accompagne et soutient les équipes pédagogiques sur le terrain grâce à neuf groupes de travail qui réfléchissent et produisent de la ressource, autour de neuf thèmes reliés à l’esprit critique. Cela a donné un ouvrage, premier de son genre, Esprit critique : outils et méthodes pour le second degré, sous la direction de Gérald Attali et Abdenour Bidar, publié par Canopé en 2019. Cet ouvrage doit être entre les mains de tous, s’il ne l’est déjà.
Le DAFIP, Vincent Valéry, a notablement fait évoluer le PAF, qui désormais s’enrichit de formations « à la demande » de la part des divers réseaux scolaires de l’académie. Il se tient à votre disposition pour élaborer toute formation que vous pourriez suggérer. N’hésitez pas à faire des propositions ou des sollicitations.
Notre académie possède une véritable compétence en la matière pour avoir été, par la force des choses, une des premières à réagir à de tels défis. Enfin, je ne saurais oublier la promptitude et l’efficacité des équipes mobiles académiques de sécurité (EMAS) dont la réaction est toujours exemplaire, en tant que de besoin.
En amont, il nous incombe aussi de renforcer, dans le parcours de formation initiale, l’outillage et la vigilance des jeunes enseignants pour les aider à se construire des armes intellectuelles solides. Très prochainement, je ferai le point sur ce sujet avec la directrice de l’INSPE, dont je sais l’attention à tout cela, mais aussi avec le président de l’Université, dont cet institut est une composante.
Une telle formation doit revêtir deux aspects. Une solide doctrine et une pratique éprouvée : les deux vont de pair. Une pratique sans théorie est un empirisme sans boussole, mais une théorie non assortie de dispositions pratiques n’est qu’une dilution intellectuelle. Un professeur doit savoir « pourquoi », mais aussi « comment ». La très récente nouvelle édition du « vade-mecum de la laïcité à l’école » (octobre 2020) est un instrument probant à cet effet.
Au-delà de tout, l’École de la République doit être l’endroit où l’on comprend la célèbre formule de Renan dans sa conférence Qu’est-ce qu’une nation ? : un plébiscite de tous les jours. Je vous invite à découvrir ou redécouvrir ce texte tenu pour classique. Si l’on ne veut pas que le « vivre ensemble » soit un simple thème de discours mais d’action, nous devons enseigner le sens profond du terme de « contrat social ».
Qui ne l’accepte pas ne peut véritablement être membre de la Nation. Le mot de « contrat » a un sens. Il implique que les parties contractantes s’engagent et se respectent. Notre « contrat social » c’est notre constitution (4 octobre 1958) dont les piliers porteurs sont les deux déclarations des droits de 1789 et 1946.
Faut-il rappeler qu’à la suite d’une décision du Conseil constitutionnel en date du 21 février 2013, ayant explicitement énoncé que le principe de laïcité, garant de la neutralité de l’État, est un principe de valeur constitutionnelle, a fait ainsi muer la qualité des articles 1er et 2 de la loi du 9 décembre 1905, désormais inclus dans le « bloc de constitutionnalité », en « annexes » (en quelque sorte) de l’article premier ? Relire, commenter et vivre cet article premier, ainsi enrichi des deux autres textes, serait un bel et instructif exercice, devant tous les élèves.
L’article premier de la constitution donne les traits vitaux de la République ; l’article premier de la loi de 1905 énonce, sobrement, ce que la République doit faire en matière de liberté de conscience et de respect des diverses croyances et l’article deux, ce dont elle doit s’abstenir. Les trois textes s’imbriquent d’une manière parfaite et cohérente. Redisons que la rime naturelle de « laïcité » est « liberté ».
Si nous voulons prendre plus de champ avec l’actualité éprouvante, puisque nous parlons d’histoire du pays, dans quelques jours, le 9 novembre, le pays fera mémoire du cinquantième anniversaire de la mort de Charles de Gaulle (puis le 22 du même mois, du 130e anniversaire de sa naissance). Les circonstances de l’année qui s’achève n’auront guère permis le déroulé prévu des diverses commémorations initiales programmées à travers tout le pays.
Dans un passage bien connu de Vers l’armée de métier, il écrivait : La véritable école du commandement, c’est la culture générale. Nous pourrions extrapoler et dire qu’au bout de tout, la véritable éducation c’est la culture. Les deux sont inséparables parce que consubstantielles. La culture permet une meilleure éducation et l’éducation conduit à la culture. L’éducation structure et éveille l’esprit ; la culture, le nourrit et l’épanouit. La culture est un questionnement permanent, une découverte de tous les jours et une mise en perspective de la propre vie de chacun au regard de celles des autres. C’est ce que font, précisément, tous les enseignants, dans leur discipline, lesquelles se rencontrent comme des lignes convergentes vers un même horizon.
J’ai souvent répété que, depuis 1932, notre ministère n’est plus celui de l’Instruction Publique mais de l’Éducation nationale. Dans ces jours d’épreuve méditons ensemble sur l’attribut et le qualificatif : qu’est-ce que l’éducation ? Est-ce se contenter de « traiter les programmes » ? En quoi est-elle nationale ? N’est-ce pas, au-delà de la Nation, s’ouvrir à l’universel ? De la réponse à ces deux interrogations dépend l’accomplissement de notre devoir que la République attend de nous, avec la confiance qu’elle nous a toujours accordée.
Il faut toujours puiser courage dans l’héroïsme des autres qui éclaire nos vies par la leur, aussi terminerai-je en renvoyant à un auteur insuffisamment connu : Jacques Lusseyran (auquel Jérôme Garcin consacra son roman Le voyant) :
Devenu accidentellement aveugle à huit ans, il releva ce défi. Face à l’effondrement de notre pays en 1940, il entra en résistance et fut déporté à Buchenwald en 1944, dont il put revenir. Dans l’un de ses livres Et la lumière fut (Folio, n° 6119, chap. 4, in fine) il écrit (au sujet de sa brusque cécité) : Tout enfant encore, je comprenais que notre liberté n’est pas dans le refus de ce qui nous frappe. Être libre, je le voyais, c’était, acceptant les faits, de renverser l’ordre de leurs conséquences.
Bernard Beignier
On peut dire que ça n'a pas grand chose à voir avec le message du recteur de Toulouse :
- Spoiler:
- Mesdames, Messieurs les personnels de l’académie de Toulouse,
A la suite des évènements tragiques survenus vendredi soir à Conflans Sainte-Honorine, je tiens à exprimer toute ma compassion à la famille de Samuel PATY, à ses proches et à tous les enseignants. Je souhaite également, dans le prolongement du message adressé par M. le Ministre, assurer l’ensemble de la communauté éducative de mon soutien indéfectible et réaffirmer que l’ensemble des forces de notre académie seront mises au service des valeurs de la République.
Eveiller l’esprit critique des jeunes, les former à devenir des citoyens libres et éclairés, telles sont les missions fondamentales de l’Ecole auxquelles nous ne renoncerons jamais. Vous pouvez compter sur mon engagement et ma détermination afin de vous accompagner dans l’accomplissement de votre métier.
Dans les prochains jours, des orientations nationales seront précisées afin de préparer l’accueil des élèves et des personnels à la rentrée des vacances de la Toussaint.
L’académie de Toulouse est d’ores et déjà mobilisée. L’équipe académique Valeurs de la République est à la disposition des personnels pour apporter soutien et accompagnement en cas de difficultés. En appui aux DASEN, aux chefs d’établissement et directeurs d’école, les corps d’inspection se tiennent aux côtés des professeurs afin de les guider dans leurs pratiques et de les accompagner dans leurs séquences pédagogiques. Un certain nombre de dispositifs et ressources sont disponibles, mentionnés en pièce jointe.
Avec tout mon soutien,
Mostafa FOURAR
Recteur de l’académie de Toulouse
- ErgoDevin
Le recteur de Rennes a écrit:Je propose à l’ensemble des représentants au sein des organisations d’élèves et de personnels de participer à une assemblée générale extraordinaire de toutes nos instances académiques à l’issue de l’hommage national qui sera rendu à Samuel Paty le mercredi 21 octobre selon des modalités que mon cabinet précisera dans les prochaines heures.
_________________
"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- pseudo-intelloSage
Night Owl a écrit:Choquée et sidérée après avoir regardé les vidéos mises en lien ici. "Situation en voie d'apaisement" alors que notre collègue devait changer de parcours tous les jours et se cacher sous une capuche?!? Quel cauchemar!
J'en reviens à ma question : comment se fait-il que notre collègue soit resté en service tout ce temps ? Je ne sais pas, mais si on estime que je suis assez en danger pour devoir "changer d'itinéraire ou me planquer sous une capuche", je n'ai pas à remettre les pieds au collège, en tout cas pas sans escorte policière.
Peut-être d'ailleurs que c'est moi qui suis particulièrement couarde, mais je me casse même chez mes parents à 300 bornes avec mes mômes et mon mari s'il y consent) jusqu'à obtenir des garanties d'apaisement au moins relatif.
En l'occurrence, d'ailleurs, les mensonges étaient tellement grossiers (fille exclue et appartenant d'ailleurs à une autre classe, etc.) que quelques jours d'enquête auraient déjà permis de dégonfler une partie de l'ignoble et mortelle baudruche.
- PointàlaligneExpert
henriette a écrit:Reçu sur la boite mail académique Aix-Marseille, un long et très riche message du Recteur Beignier, adressé à tous les personnels de l'académie.
Je le mets en spoiler.
- Spoiler:
Le drame noué, le vendredi 16 octobre, à Conflans-Sainte-Honorine, nous a saisi d’effroi. Non seulement, il constitue un assassinat mais encore, au sens précis du terme, un « acte de barbarie ». La mort infligée se double, par son mode de perpétration, d’une volonté marquée et calculée d’une effroyable négation de la civilisation : un acte, d’une sauvagerie et d’une cruauté délibérées, qui engendre l’horreur.
L’effroi. C’est un sentiment de frayeur, d’épouvante, de terreur et de grande peur dont on attend qu’il annihile toute réaction. Il y a donc un lien précis entre l’acte de barbarie et le désir de « terroriser » au sens plein de ce terme.
Tous, nous avons ressenti cet effroi. Puisqu’il s’agit d’un acte de violation de la civilisation et de l’humanité et parce que nous sommes des êtres humains avec la sensibilité inhérente à notre nature, nous avons violemment vécu un tel acte criminel, dans notre propre chair, car c’est bien une « atteinte grave et délibérée à la dignité de la personne humaine ». Ce n’est pas une formule facile de rhétorique que de dire que nous nous sommes tous, instinctivement associés à la victime, en un instant nous étions tous « professeurs à Conflans » : tel était bien l’intention surdimensionnée du criminel. « Compassion » : dans son étymologie, c’est le mot précis qui convient.
Mais nous devons, maintenant, nous délivrer de cet effroi et regarder avec lucidité, donc sérénité, où est notre devoir commun : avoir le discernement de ce que nous devons faire et ayant compris ce que requiert notre devoir, trouver en nous et ensemble, la force de l’accomplir.
Nos pensées rejoignent celles exprimées par le président de la République et notre ministre, pour la mémoire du professeur « martyr de la liberté », de ses proches, mais aussi de toute l’équipe, dirigeante et enseignante du collège du Bois d’Aulne. Sans oublier les élèves profondément marqués par ce crime : leur vie, vendredi soir, a définitivement changé. Au-delà nous devons veiller à tous les élèves de notre académie, placés dans des situations proches sinon similaires, qui eux aussi, ressentiront les mêmes sentiments de peur, d’incertitude et d’interrogation. L’onde de choc se répandra partout.
Il conviendra d’aider les élèves à analyser ce drame et les accompagner dans leur réflexion, celle-ci ne manquera pas de se heurter à ce qu’ils peuvent entendre, dans certains milieux, dans leur entourage, sans compter sur les effets dévastateurs des réseaux sociaux, pour éviter les raisonnements simplistes qui dénaturent et conduisent vers une lecture téléologique des événements.
Vous savez que le mensonge s’enclenche d’autant plus aisément quand il prend la figure de la corruption de la vérité. On part d’une parcelle de vérité, on la présente sous un jour faussé, puis on extrapole. De fil en aiguille en instillant le doute, on quitte une démarche intellectuelle honnête pour aboutir inexorablement à une falsification complète de tout.
Le « complotisme » n’est pas nouveau, il est même très ancien, mais il dispose aujourd’hui de formidables caisses de résonance pour discréditer les institutions qui constituent l’armature de la démocratie. Il nous faudra être les « ostéopathes de la vérité ».
Nous prévoirons, selon les prochaines instructions ministérielles à ce sujet, à la rentrée (le lundi 2 novembre) de nous unir dans un moment de recueillement et de souvenir. Au-delà (durant les jours qui suivront), nous consacrerons le temps nécessaire pour faire comprendre aux élèves, l’ampleur de ce drame, mais aussi les leçons à en tirer pour faire face à d’autres défis potentiels. Je vais proposer, prochainement, en concertation avec les personnels de direction et les organisations syndicales, ainsi que les fédérations de parents d’élèves, une « journée citoyenne » allant en ce sens. Nous le ferons en étroite collaboration avec la Fondation du Camp des Milles, partenaire fort de notre académie (la quasi-totalité des collégiens du département des Bouches-du-Rhône a la possibilité, par le soutien du conseil départemental, de pouvoir visiter ce lieu au cours de leur scolarité).
Face à la barbarie, la raison doit, en premier lieu, demeurer ; en second, se reconstituer, enfin se fortifier.
En tout premier, à tous les enseignants, je veux témoigner de mon soutien en ces moments d’ébranlement intérieur.
Qu’il me soit permis de le faire avec une attention toute particulière pour les professeurs d’histoire-géographie, dont je me sens instinctivement proche pour avoir suivi un même parcours d’études qu’eux. Chaque professeur d’histoire, plus encore lorsqu’il est affecté dans une zone d’éducation prioritaire n’a pu que s’interroger sur sa sécurité et voir monter en lui ses craintes sinon ses angoisses. Il ne s’agit pas d’abstraction ou d’interrogation vague, mais bien d’un questionnement intime. Que ces professeurs sachent combien nous sommes tous avec eux, mais aussi que nous nous donnerons tous les moyens pour prévenir des mises en cause de leur posture pédagogique et les conséquences qui pourraient en découler quant à leur sécurité (la leur ou celle de leurs proches), en lien avec les autorités compétentes en ce domaine.
Dans un pays si passionné par l’histoire (ce qui n’est pas si fréquent : il y a même quelques pays où l’enseignement de l’histoire est marginal, voire même inexistant), créateur de « la journée du patrimoine » devenue mondiale par son succès en France, le professeur d’histoire remplit une mission forte et déterminante. Il lui incombe de faire découvrir aux élèves les racines, les fondements, le substrat du présent, avec tous les aléas que comporte nécessairement l’histoire d’une nation. Enseignant de surcroît la géographie, il est au fond celui qui fait découvrir aux élèves le peuple et le territoire, la nation et l’espace : bref, celui qui explique le pays, partant de là il est aussi celui qui les aide à ouvrir leur curiosité vers l’extérieur et l’altérité, pour mieux les comprendre et ne pas en avoir peur.
S’attaquer à un professeur d’histoire, c’est donc s’en prendre à celui qui dans son cours donne aux jeunes les deux clés essentielles pour comprendre la France, la France dans l’Europe et l’Europe dans le Monde. C’est prétendre nier ce long temps qu’est l’histoire et cette longue permanence qu’est la géographie. Le professeur d’histoire par son regard sur le passé ouvre les yeux de ses élèves sur le présent qui est le sien et l’avenir qui sera celui de ceux qui l’écoutent. Plus qu’un autre, il est un « passeur », un relais.
Au-delà, il est fréquent que ce professeur soit en charge du cours d’enseignement moral et civique(EMC) : c’était le cas de Samuel Paty. Ce qui souligne le lien étroit entre l’histoire et la valeurs morales et civiques de notre pays. Lors du cours, objet de la part de certains d’une polémique absolument infondée, Samuel Paty n’a fait qu’appliquer le programme d’enseignement moral et civique , en particulier sur l’éducation relative à la liberté d’expression. Je vous invite à vous y reporter pour répondre à qui mettrait en cause cela.
De manière plus générale, s’agissant de la sécurité des professeurs, j’écoute avec attention ceux d’entre vous (spécialement les chefs d’établissement et plus encore les directrices et directeurs des écoles) qui me disent que trop souvent les plaintes déposées pour agression ou menace sont classées « sans suite ». Je le sais et je fais d’ores et déjà des propositions d’un travail coordonné entre nos services et ceux des parquets.
L’émotion et l’action. Ayant ressenti l’effroi, nous devons le dominer, en faire une émotion intérieure de nos cœurs et de nos esprits.
Dans un premier temps, l’effroi peut subvertir notre intelligence, annihiler notre énergie, broyer notre volonté. C’est le but de tout terroriste. Il a touché notre esprit et il veut rompre notre cœur. Aussi, devons-nous nous ressaisir. Dans un second temps, maîtriser et métamorphoser cela en un sentiment puissant, pour y trouver force et détermination au service de la raison qui doit toujours l’emporter.
Il nous faut, une nouvelle fois depuis 2015 analyser, partout où nous sommes, établissement par établissement, les risques et les périls. Nous devons avec vigilance détecter les fissures invisibles, les zones de fragilité inconnues, les silences suspects. Concrètement, mieux vaut une alerte qui se révèlera infondée qu’une alerte trop tardive : la prudence est dans la réaction à l’alerte qui doit être examinée avec soin, non dans l’alerte elle-même. Une fumée dans une pinède : on appelle les pompiers. Il doit en être de même pour les établissements scolaires.
Le silence. En lui-même il peut être un signe. Un élève en classe doit, naturellement, écouter mais il n’est pas là que pour cela. Nous le savons tous. Mais nous devons prêter une grande attention à ce que conforter la « démocratie scolaire » pour éduquer vers la citoyenneté suppose impérativement de poursuivre le travail qui vise à permettre aux élèves de parler, de s’exprimer avec les risques inhérents à cette pratique. Car c’est à partir des propos dits, plutôt que tus, que la tâche ardue de déconstruction des représentations et de reconstruction peut s’opérer.
C’est bien là, l’un des enjeux majeurs du cours d’EMC et sa grande différence avec ce que fut « l’instruction » civique d’antan (dont, au surplus, je conserve un bon et précieux souvenir). L’objectif de ce cours (mis en place à la rentrée 2015) réside dans sa finalité qui doit concourir à l’appropriation, pas à pas, chaque jour, par les élèves des valeurs de la République. Ils ne doivent pas simplement connaître les fondements de la République, mais se préparer à en être les citoyens au sens entier de ce mot, depuis les racines grecques et latines de ce mode de gouvernement.
La République n’est pas une abstraction, elle est le corps vivant de la Nation. Les élèves doivent s’en sentir déjà participants et monter vers l’âge de la majorité (correspondant le plus souvent à l’année du baccalauréat ou d’autres formations de même valeur), où ils seront conviés à exercer pleinement leurs droits civils et civiques.
Il n’y a pas de démocratie sans décision fondée sur le principe majoritaire, mais ce principe pour sa légitimité suppose le débat. La démocratie, c’est le forum et l’agora. L’école est cela aussi.
Pressentir et avertir. La prudence est une vertu ; la pusillanimité, une carence du caractère.
Suivant en cela les prescriptions claires du ministère, notre académie a déjà mis en place, depuis des années, des processus de vigilance et de remédiation. Il faut que chacun prenne le soin de se les approprier, mais aussi de suggérer comment, sans cesse, ils doivent se perfectionner et (plus encore) s’adapter à des situations mouvantes : tout change en peu de temps, voire en un an, dans ce domaine. Il n’en demeure pas moins que les réponses ne sauraient être isolées, pour éviter d’être maladroites. Elles doivent d’appuyer, tant pour le conseil que pour l’accompagnement, sur l’expérience de la cellule académique « Valeurs de la République » (au rectorat sous la conduite du Conseiller Technique Établissements et Vie Scolaire, Éric Rusterholtz) et sur l’expertise des différents référents académiques. Dès que nécessaire, il faut y avoir recours.L'équipe académique valeurs de la République demeure à votre disposition et n’hésitez pas à la saisir.
Informations et coordonnées : http://www.ac-aix-marseille.fr/cid126527/l-equipe-academique-laicite-fait-religieux.html
Je me dois de souligner le travail déjà remarquable effectué dans notre académie, grâce à l’impulsion décisive de Rodrigue Coutouly, qui s’est emparé de la question de l’esprit critique pour en faire un moteur du travail de promotion de la laïcité. L’équipe académique « laïcité et faits religieux », depuis des années, accompagne et soutient les équipes pédagogiques sur le terrain grâce à neuf groupes de travail qui réfléchissent et produisent de la ressource, autour de neuf thèmes reliés à l’esprit critique. Cela a donné un ouvrage, premier de son genre, Esprit critique : outils et méthodes pour le second degré, sous la direction de Gérald Attali et Abdenour Bidar, publié par Canopé en 2019. Cet ouvrage doit être entre les mains de tous, s’il ne l’est déjà.
Le DAFIP, Vincent Valéry, a notablement fait évoluer le PAF, qui désormais s’enrichit de formations « à la demande » de la part des divers réseaux scolaires de l’académie. Il se tient à votre disposition pour élaborer toute formation que vous pourriez suggérer. N’hésitez pas à faire des propositions ou des sollicitations.
Notre académie possède une véritable compétence en la matière pour avoir été, par la force des choses, une des premières à réagir à de tels défis. Enfin, je ne saurais oublier la promptitude et l’efficacité des équipes mobiles académiques de sécurité (EMAS) dont la réaction est toujours exemplaire, en tant que de besoin.
En amont, il nous incombe aussi de renforcer, dans le parcours de formation initiale, l’outillage et la vigilance des jeunes enseignants pour les aider à se construire des armes intellectuelles solides. Très prochainement, je ferai le point sur ce sujet avec la directrice de l’INSPE, dont je sais l’attention à tout cela, mais aussi avec le président de l’Université, dont cet institut est une composante.
Une telle formation doit revêtir deux aspects. Une solide doctrine et une pratique éprouvée : les deux vont de pair. Une pratique sans théorie est un empirisme sans boussole, mais une théorie non assortie de dispositions pratiques n’est qu’une dilution intellectuelle. Un professeur doit savoir « pourquoi », mais aussi « comment ». La très récente nouvelle édition du « vade-mecum de la laïcité à l’école » (octobre 2020) est un instrument probant à cet effet.
Au-delà de tout, l’École de la République doit être l’endroit où l’on comprend la célèbre formule de Renan dans sa conférence Qu’est-ce qu’une nation ? : un plébiscite de tous les jours. Je vous invite à découvrir ou redécouvrir ce texte tenu pour classique. Si l’on ne veut pas que le « vivre ensemble » soit un simple thème de discours mais d’action, nous devons enseigner le sens profond du terme de « contrat social ».
Qui ne l’accepte pas ne peut véritablement être membre de la Nation. Le mot de « contrat » a un sens. Il implique que les parties contractantes s’engagent et se respectent. Notre « contrat social » c’est notre constitution (4 octobre 1958) dont les piliers porteurs sont les deux déclarations des droits de 1789 et 1946.
Faut-il rappeler qu’à la suite d’une décision du Conseil constitutionnel en date du 21 février 2013, ayant explicitement énoncé que le principe de laïcité, garant de la neutralité de l’État, est un principe de valeur constitutionnelle, a fait ainsi muer la qualité des articles 1er et 2 de la loi du 9 décembre 1905, désormais inclus dans le « bloc de constitutionnalité », en « annexes » (en quelque sorte) de l’article premier ? Relire, commenter et vivre cet article premier, ainsi enrichi des deux autres textes, serait un bel et instructif exercice, devant tous les élèves.
L’article premier de la constitution donne les traits vitaux de la République ; l’article premier de la loi de 1905 énonce, sobrement, ce que la République doit faire en matière de liberté de conscience et de respect des diverses croyances et l’article deux, ce dont elle doit s’abstenir. Les trois textes s’imbriquent d’une manière parfaite et cohérente. Redisons que la rime naturelle de « laïcité » est « liberté ».
Si nous voulons prendre plus de champ avec l’actualité éprouvante, puisque nous parlons d’histoire du pays, dans quelques jours, le 9 novembre, le pays fera mémoire du cinquantième anniversaire de la mort de Charles de Gaulle (puis le 22 du même mois, du 130e anniversaire de sa naissance). Les circonstances de l’année qui s’achève n’auront guère permis le déroulé prévu des diverses commémorations initiales programmées à travers tout le pays.
Dans un passage bien connu de Vers l’armée de métier, il écrivait : La véritable école du commandement, c’est la culture générale. Nous pourrions extrapoler et dire qu’au bout de tout, la véritable éducation c’est la culture. Les deux sont inséparables parce que consubstantielles. La culture permet une meilleure éducation et l’éducation conduit à la culture. L’éducation structure et éveille l’esprit ; la culture, le nourrit et l’épanouit. La culture est un questionnement permanent, une découverte de tous les jours et une mise en perspective de la propre vie de chacun au regard de celles des autres. C’est ce que font, précisément, tous les enseignants, dans leur discipline, lesquelles se rencontrent comme des lignes convergentes vers un même horizon.
J’ai souvent répété que, depuis 1932, notre ministère n’est plus celui de l’Instruction Publique mais de l’Éducation nationale. Dans ces jours d’épreuve méditons ensemble sur l’attribut et le qualificatif : qu’est-ce que l’éducation ? Est-ce se contenter de « traiter les programmes » ? En quoi est-elle nationale ? N’est-ce pas, au-delà de la Nation, s’ouvrir à l’universel ? De la réponse à ces deux interrogations dépend l’accomplissement de notre devoir que la République attend de nous, avec la confiance qu’elle nous a toujours accordée.
Il faut toujours puiser courage dans l’héroïsme des autres qui éclaire nos vies par la leur, aussi terminerai-je en renvoyant à un auteur insuffisamment connu : Jacques Lusseyran (auquel Jérôme Garcin consacra son roman Le voyant) :
Devenu accidentellement aveugle à huit ans, il releva ce défi. Face à l’effondrement de notre pays en 1940, il entra en résistance et fut déporté à Buchenwald en 1944, dont il put revenir. Dans l’un de ses livres Et la lumière fut (Folio, n° 6119, chap. 4, in fine) il écrit (au sujet de sa brusque cécité) : Tout enfant encore, je comprenais que notre liberté n’est pas dans le refus de ce qui nous frappe. Être libre, je le voyais, c’était, acceptant les faits, de renverser l’ordre de leurs conséquences.
Bernard Beignier
Merci Henriette pour la communication de ce beau texte.
- TangledingGrand Maître
D'où sort cett histoire de changement de parcours quotidien de notre collègue face aux menaces svp ? Des sources quand vous affirmez ce genre de choses, de grâce.
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"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
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- BOU74Niveau 9
Kea a écrit:Hermione0908 a écrit:Sirène a écrit:Près de quatre jours après l'assassinat de Samuel, c'est toujours le grand silence au rectorat de Paris ...Clecle78 a écrit:Rectorat de Bordeaux aussi. C'est incompréhensible. Petit mot du principal et c'est tout...
Le rectorat de Nancy-Metz brille aussi par son silence assourdissant, de même que nos IPR, alors que le recteur était présent à l'hommage rendu par les officiels à Nancy dimanche soir.
Ce silence institutionnel me choque beaucoup.Dans l'académie de Rennes, nous avons reçu un message du recteur ; les IPR d'HG ont eux aussi envoyé un mail. Ces deux messages datent de dimanche.Marie Laetitia a écrit:Clecle78 a écrit:Rectorat de Bordeaux aussi. C'est incompréhensible. Petit mot du principal et c'est tout...
Alors que le président de l'université de Bordeaux a écrit, lui, un beau texte de soutien...
Par contre, dans mon établissement, rien. Les mails du CDE et de collègues continuent à arriver, sans une seule allusion à l'attentat. Des infos à noter et des messages de bonnes vacances.
Le collège de ma commune affiche une grande banderole #Noussommesprofesseurs. A la porte du mien, tout est comme vendredi, 17h : RAS.
Dans l'académie de Grenoble, message reçu hier de la part de l'IPR de Lettres.
Sur L'ENT de mon établissement les messages continuent aussi d'affluer, sans aucune allusion à l'attentat. Effarant...
- amethysteDoyen
iciTangleding a écrit:D'où sort cett histoire de changement de parcours quotidien de notre collègue face aux menaces svp ? Des sources quand vous affirmez ce genre de choses, de grâce.
- TangledingGrand Maître
Merci améthyste , je ne peux regarder de vidéo présentement, y a t il une source écrite ? Merci.
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- OlympiasProphète
Chers tous et toutes,
Demain soir, je serai à la Sorbonne pour l'hommage rendu à notre collègue Samuel Paty assassiné de la plus abjecte façon.
Je vous emmène tous avec moi. Vous serez là en pensée.
Demain soir, je serai à la Sorbonne pour l'hommage rendu à notre collègue Samuel Paty assassiné de la plus abjecte façon.
Je vous emmène tous avec moi. Vous serez là en pensée.
- chmarmottineGuide spirituel
Merci.Olympias a écrit:Chers tous et toutes,
Demain soir, je serai à la Sorbonne pour l'hommage rendu à notre collègue Samuel Paty assassiné de la plus abjecte façon.
Je vous emmène tous avec moi. Vous serez là en pensée.
- amethysteDoyen
Oui, Olympias, on pensera à Samuel Paty demain soir, encore et encore.
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