Être tuteur pour un stagiaire : comment faire ?

Bonjour,
Comment devient-on tuteur pour un stagiaire?
Mon inspecteur avait mis un avis favorable pour que je sois tutrice. Mais est-ce l'inspection ou le chef d'établissement qui choisit? Ou autre?
Pour ceux qui ont déjà été tuteur, est-ce aussi chronophage qu'on le dit? Pourquoi tous les gens que je connais autour de moi n'ont plus voulu être tuteur après l'avoir été?

Salsepareille a écrit:Pourquoi tous les gens que je connais autour de moi n'ont plus voulu être tuteur après l'avoir été?

Parce que l'institution est infecte avec les stagiaires et que beaucoup de profs ne veulent pas participer à ce carnage ?

Ben justement, les stagiaires n'ont-ils pas besoin d'un tuteur pour adoucir un peu le grand bain?

L'IPR te place sur la liste des tuteurs. Ensuite, si ton établissement a des postes de stagiaires, tu es choisie sauf s'il y a d'autres collègues sur cette même liste que les IPR préfèrent. Je l'ai été dès que j'ai figuré sur cette fameuse liste et systématiquement pendant plusieurs années. Maintenant, ce sont d'autres collègues suite à une inspection plus récente et parce que j'ai souhaité me désengager. Parfois, le CDE essaye de proposer tel ou tel collègue mais c'est l'IPR qui a le dernier mot.

Eliam, as-tu aimé cette expérience?

Ça a dependu des années. J'ai toujours eu des stagiaires avec lesquels je me suis bien entendue mais, d'après mon expérience, soit tu as des gens qui n'ont pas de problème de positionnement et tu passes une année intéressante à échanger sur des pratiques, à observer des façons de faire différentes de la tienne, à tester des choses, voir ce qui marche ou pas etc. C'est une sorte de compagnonnage sympa. Soit, tu as quelqu'un qui a une problème de posture, tu t'en rends compte presque dès le départ et tu mesures à chaque cours ton impuissance à l'aider et l'année est terrible, tu te sens impuissante. J'ai eu les deux cas. Pour moi, ce sont les limites de l'exercice, quand le problème est psychologique, tu es vite renvoyée à ta propre incompétence.

C'est exactement ça. Mais même dans ce cas, c'est très enrichissant. Bon, pas pécuniairement, surtout vu le temps énorme passé, il faut être généreux de sa disponibilité, même si je me répète que je ne suis toujours pas tenu de me donner autant : ça dépend souvent de notre personnalité et des facilités ou des difficultés rencontrées par le stagiaire. Il n'y a pas de règles. Mais entre les périodes d'observation, les réunions de débriefing, de conseils divers, de préparation de cours, de progressions, de discussions pédagogiques, ça prend nécessairement un temps conséquent, même si chacun met le curseur un peu où il veut/peut.

Il y a eu un fil cette année sur des collègues tuteurs qui avaient de gros soucis avec leur stagiaires ( et vice versa).

Cela n’engage que moi, mais si tous les tuteurs refusaient cette très lourde charge en mettant en avant la ridicule voire insultante rémunération de la tâche, peut-être que JMB mettrait la main au porte-monnaie! La prime a déjà été diminuée. Aucune réaction. Bientôt ce sera du bénévolat voire pourquoi pas une obligation. Un peu comme les 2 HSA. vous verrez qu’on finira bien par nous les mettre dans nos ORS. Jusqu’à 64 ans minimum, sinon c’est pas rigolo….

eliam a écrit:soit tu as des gens qui n'ont pas de problème de positionnement et tu passes une année intéressante à échanger sur des pratiques, à observer des façons de faire différentes de la tienne, à tester des choses, voir ce qui marche ou pas etc. C'est une sorte de compagnonnage sympa. Soit, tu as quelqu'un qui a une problème de posture, tu t'en rends compte presque dès le départ et tu mesures à chaque cours ton impuissance à l'aider et l'année est terrible, tu te sens impuissante.

C'est pareil du point de vue du stagiaire : soit tu tombes sur une personne qui va te laisser tenter des choses, quitte à te planter, et qui va véritablement t'aider à t'affirmer en tant que professeur, soit tu vas tomber sur quelqu'un qui a un problème de posture, qui va se prendre pour ton chef, te réclamer des choses qu'il ne pourrait pas faire lui-même en si peu de temps, qui se révèle désagréable, etc. Tu peux aussi tomber sur un tuteur qui veut voir en toi un mini-lui (et quand les personnalités et caractères sont radicalement différents...).

Tu te rends alors compte très vite que tu vas marcher sur des œufs pendant toute l'année de stage.

Et tu ne veux plus être tutrice quand l'inspecteur te remplace au bout de plusieurs années de bons et loyaux services sans même daigner te prévenir! J'ai eu 6 stagiaires, et excepté une stagiaire catastrophique, cela se passait plutôt bien. Nous devions avoir deux stagiaires cette année, et j'ai eu la surprise de découvrir fin août qu'un collègue de mon établissement avait été nommé tuteur à ma place : il avait passé la certification théâtre, avait rencontré l'inspecteur, et voilà! J'ai été mise au placard sans un message de l'inspecteur...

J'ai été contactée pendant l'été par mon IPR qui me demandait d'être tutrice (c'était l'été dernier et c'est moi qui ai ensuite appris la nouvelle à mon CDE). Est-ce chronophage ? Je ne peux pas le dire car j'ai demandé à partager cette fonction avec l'un de mes collègues et j'ai trouvé cette solution très intéressante (je n'ai pas eu l'impression d'être débordée puisque nous nous répartissions le travail de suivi).

Combien est rémunéré un tuteur ?

1250 euros il me semble.

Je suis surprise par la disparité de l'indemnisation. En primaire, c'est moins de 150 euros par stagiaire mais ils ne viennent qu'un jour sur un peu plus d'une période.
Pour les stagiaires alternants, ce serait 300 euros.
Vos missions sont beaucoup plus complètes et variées ? (Aucune ironie, juste de la curiosité).

clo74 a écrit:Et tu ne veux plus être tutrice quand l'inspecteur te remplace au bout de plusieurs années de bons et loyaux services sans même daigner te prévenir! J'ai eu 6 stagiaires, et excepté une stagiaire catastrophique, cela se passait plutôt bien. Nous devions avoir deux stagiaires cette année, et j'ai eu la surprise de découvrir fin août qu'un collègue de mon établissement avait été nommé tuteur à ma place : il avait passé la certification théâtre, avait rencontré l'inspecteur, et voilà! J'ai été mise au placard sans un message de l'inspecteur...

Je trouve plutôt bien que cela tourne. Techniquement ce n'est pas une mise au placard puisque tuteur n'est pas ton métier mais une mission. Il me semble pas normal que certains monopolisent la fonction de tuteur notamment depuis que cela fait parti des missions prises en compte pour la classe exceptionnelle. Cela permet ainsi à plus de monde de pouvoir y prétendre.

Bonjour,
Je rebondis sur le post initial de Salsepareille.
Je serai pour la première fois tutrice à la rentrée, on m’a également avertie qu’un rendez-vous de carrière m’attendait l’année prochaine (je suis à l’échelon 8), donc une inspection en plus... je me demande si je dois m’inquiéter ou s’il y a une carte à jouer. Merci de vos retours.

Pas de lien entre le rôle de tuteur et le RDV de carrière, mais ce sera un point positif à mettre en avant.

ETeacher a écrit:Bonjour,
Je rebondis sur le post initial de Salsepareille.
Je serai pour la première fois tutrice à la rentrée, on m’a également avertie qu’un rendez-vous de carrière m’attendait l’année prochaine (je suis à l’échelon 8), donc une inspection en plus... je me demande si je dois m’inquiéter ou s’il y a une carte à jouer. Merci de vos retours.

C'est plutôt une bonne chose, les IPR sont en général plutôt reconnaissants envers ceux qui acceptent la fonction même s'il n'y a rien d'automatique. Quitte à être tuteur/tutrice un jour ou l'autre, autant l'être l'année où tu vas faire l'objet d'un rendez-vous PPCR.

Tout cela est encourageant, d’autant plus que j’ai accepté d’être tutrice à la place d’un collègue déjà chargé de plusieurs missions ; j’espère que la CDE et l’IPR s’en souviendront.

Sinon, tu le rappelleras pendant l’entretien.

Oui je n’y manquerai pas.

Bonsoir,
J'ai été 12 fois tuteur, j'ai toujours considéré que cela faisait partie du métier. Pas  de mauvaises expériences, quelques moments difficiles qui ont déjà été signalés : quand le problème du stagiaire n'est pas pédagogique mais personnel, il vaut mieux alors bien fonctionner avec le CDE et l'inspecteur. Beaucoup de très belles rencontres.
Comme la plupart des profs, j'ai tendance à penser qu'un cours supporte mal un regard tiers. En réalité, le cours le supporte très bien, c'est le prof qui a du mal. Pour lutter contre ce sentiment inutile, j'ai essayé d'accepter le plus possible les regards extérieurs.
La mission est en général peu recherchée, même quand elle était payée le double. J'en comprends les raisons mais je ne les partage pas. Elle l'est peut-être davantage maintenant qu'elle est reconnue pour le vivier 1 de la CE.
Et puis, contrarier L'Inspé est un plaisir sans cesse renouvelé...

ETeacher a écrit: Oui je n’y manquerai pas.

Tu peux même montrer que tu as cette charge à cœur dès le document préparatoire à l'entretien.
Ici sur ce forum, tu peux également te présenter dans cette section. Bienvenue !

maikreeeesse a écrit:Je suis surprise par la disparité de l'indemnisation. En primaire, c'est moins de 150 euros par stagiaire mais ils ne viennent qu'un jour sur un peu plus d'une période.
Pour les stagiaires alternants, ce serait 300 euros.
Vos missions sont beaucoup plus complètes et variées ? (Aucune ironie, juste de la curiosité).

Ça dépend du type de stagiaire.
La rémunération mentionnée correspond au "vrai" tuteur, lorsque le stagiaire est fonctionnaire stagiaire. Tu le suis toute l'année, c'est quand même une grosse charge, quand je repense à toutes les soirées passées au téléphone avec ma tutrice. Tu fais des rapports etc.
Alors que tuteur pour les M1, c'est très très peu payé, de l'ordre de ce que tu avances, puisque les stagiaires viennent (dans mon cas) 2 fois deux semaines complètes (ou une semaine? Je ne sais plus) et tu n'as rien à écrire, c'est assez bâclé je trouve. Quand j'étais moi-même en M1, ma tutrice avait plus de choses à faire, notamment un ou deux rapports suite aux deux stages, c'était la naissance des ESPÉ et à Paris. Quand ça a été mon tour de l'être, à part le travail avec les stagiaires et organiser leur venue, je n'ai eu aucun contact avec l'ESPÉ qui avait l'air dépassée. Donc même si j'avais un stagiaire hyper dilettante qui était très absent par exemple, ça n'avait aucune conséquence.
Bref, il y a tuteur et tuteur.