latin ENT

Chers collègues!

Je me tourne vers vous car j'ai besoin d'aide : je viens d'être nommée tutrice du pallier de troisième de latin. Je m'explique : les effectifs de latinistes étant très réduits, je vais mettre en ligne mes cours pour les élèves de plusieurs établissements. Leur niveau reste pour moi une énigme, d'autant plus que, contrairement à mes élèves, ils n'ont pas bénéficié de la totalité de l'horaire réglementaire. Je pensais mener le programme de civilisation et d'histoire de troisième normalement, en reprenant par contre les bases en grammaire. Qu'en pensez-vous? Avez-vous des suggestions?

Alors, je commencerais par... ahem ... houla ... je ne savais même pas que ça existait ça, "tutrice du palier" (on dirait un titre de noblesse un peu désuet - ça en dit long sur la considération dont jouissent les langues anciennes... allez, hop, on ferme des sections, et on met les cours en ligne (le 2ème effet kiss cool/ grippe A : on n'a même plus besoin de mettre des vrais gens devant les élèves, finalement!)...

Comment ça se passe exactement? Tu te contentes de proposer des supports ou il y a un échange?

Diantre, c'est quoi ce truc? Ca fait peur..

Aîe, j'ai un copain qui pensait exactement que la grippe A était un super moyen pour réduire les frais à l'éduc nat: genre "tiens, on met des cours en ligne et ça marche, vous voyez, on n'a plus besoin de profs!". Finalement il n'est peut-être pas si parano qu'il n'y paraît...

Vous avez bien compris: le rectorat du Languedoc Roussillon ne veut plus payer de prof de latin pour des petits groupes d'élèves. Je précise que je travaille dans le privé, mais qu'on met en place la même chose dans le public, avec pour but ultime un travail coopératif (ce qui à mon avis serait une très bonne chose!)
Par exemple, j'ai 5 élèves latinistes en 4° et 4 en 3°. Donc, si je ne suis pas celle qui met ses cours en ligne, on ferme mon poste... comme tous les autres d'ailleurs...
Alors, après grand remue-méninges, mon chef et moi avons décidé de nous porter candidats. En gros, sur 5 établissement, j'ai 27 élèves latinistes. Je mets mes cours en ligne, je suis joignable par mail, je vérifie les exercices et corrige les copies des évaluations que j'aurai envoyées par courrier. Tout ça en espérant sauver l'enseignement du latin en Lozère, même si c'est en ligne. Et je me demande encore si j'ai raison
Enfin, c'est une année pilote et je voudrais réussir pour convertir de nouveaux élèves...
Bref, je suis confuse et demande votre avis, et votre aide

Désolé d'être un peu brutal, mais tu scies complètement la branche sur laquelle tu es assise.

Il y a des compromis acceptable, mais celui-là revient finalement non pas à entériner une rationalisation de l'offre de formation (avec un établissement par secteur qui propose le latin (en même temps, en Lozère, cela ne doit pas être évident)), mais à transformer la nature même de l'enseignement des langues anciennes en enseignement à distance avec les implications humaines et pédagogiques qui vont avec.

Il faudrait arriver à organiser un refus collectif de la mesure... On verrait alors bien vite les parents monter au créneau.

Je suis de ton avis, Ruthven.

Quel compromis proposes-tu alors? j'ai essayé de prendre la meilleure décision et c'était difficile. Quoi qu'il arrive, ces petites classes vont fermer. Nous avions le choix entre la disparition du latin et l'enseignement à distance. Un dispositif similaire existe en Lorraine et a permis une forte croissance du nombre des latinistes : tous les établissements, même les plus petits, peuvent proposer le latin ; un élève seul peut suivre l'option, ce qui n'est pas le cas en présentiel. Je précise qu'il y a sur place un professeur référent pour accompagner les élèves. Je pense que l'enseignement "à distance" ressemble à ce qu'on veut bien en faire, et j'ai envie qu'il soit humain. Je rencontre mes nouveaux élèves vendredi. Nous avons tous été pris au dépourvu. Mon collège est en sursis grâce à ça, alors... un refus collectif!!!

Et si tous les profs de LC refusent l'enseignement à distance ? et si les parents de Kevin et Cindy veulent que leurs chéris fassent du latin ? qui c'est qui va réouvrir les classes ?

C'est un problème difficile, c'est vrai. Disons que, de mon point de vue, le problème est que de nombreuses menaces pèsent d'ores et déjà sur les cours de latin (promotion de nouvelles options correspondant à des "modes" ministérielles, valeurs utilitaristes qui se développent, horaires bien pourris...) ; je me dis que si on fait le jeu du rectorat en acceptant ce que tu décris comme une forme de chantage à la fermeture, ce sera un argument dans leur besace pour multiplier ces dernières... "meuh non ce n'est pas grave de fermer des sections, puisqu'on obtient de meilleurs résultats avec les cours en ligne"...

Bref, tu demandais de l'aide et personne ne semble en capacité (en volonté?) de t'en donner ; je comprends que la décision que tu as prise n'ait pas été aisée, j'imagine très bien quelles sincères et latinophiles motivations t'ont incitée à conclure ce marché de dupes... mais il est difficile de t'aider à réfléchir à un truc auquel on n'a tout bonnement pas envie de réfléchir!

Allez, courage!

+1 violet...

c'est une aberration d'accepter une tel dispositif à mon sens...
Mais merde les collègues! résistez! protestez, rameutez les parents! rencontrez vos collègues de bassin!

VOUS N'ETES PAS SEULS! Mais chaque action que le plus petit d'entre nous fait dans son coin peut avoir de grandes conséquences sur les autres....

Les LM qui prennent les postes de LC, les LC qui acceptent de se transformer en prof virtuel...où va-t-on bon sang????

J'ai eu tort de lancer ce sujet... Merci de votre "soutien"! Nous sommes deux LC en Lozère... Mais ne vous inquiétez pas, je vais ma flageller d'être une traîtresse

susannah_283 a écrit:J'ai eu tort de lancer ce sujet... Merci de votre "soutien"! Nous sommes deux LC en Lozère... Mais ne vous inquiétez pas, je vais ma flageller d'être une traîtresse

Raison de plus pour vous mettre en réseau avec d'autres collègues! ne restez pas isolés, c'est le sens de mon message...c'est comme ça qu'on est acculé à tout accepter sans broncher...

susannah_283 a écrit:J'ai eu tort de lancer ce sujet... Merci de votre "soutien"! Nous sommes deux LC en Lozère... Mais ne vous inquiétez pas, je vais ma flageller d'être une traîtresse

Tu n'as pas eu tort ; tout d'abord, cela nous a permis de savoir ce qui se passait dans des académies peu peuplées, et puis cela t'a permis d'avoir un autre regard sur ton choix. On se doute bien que tu as choisi cette solution dans la perspective de sauver le latin.

susannah_283 a écrit:J'ai eu tort de lancer ce sujet... Merci de votre "soutien"! Nous sommes deux LC en Lozère... Mais ne vous inquiétez pas, je vais ma flageller d'être une traîtresse

Susannah, il ne s'agit pas de t'inciter à la pénitence, tu comprends bien que ton message fasse réagir, quand même? Surtout que tu évoques tes propres doutes. Je ne suis pas sûre que tu aurais davantage apprécié que ton message reste sans réponse, si? On n'est pas bcp de LC à poster sur ce forum, et au bout de plusieurs heures, tu n'avais aucune réponse. L'idée, c'était juste de te dire pourquoi. Voilà. Sur le mode "Ben ma pauvre, tu t'es mise dans une sacrée merde", plutôt que "bouh la vilaine".

C'était une boutade! J'ai essayé de vous expliquer que c'était une décision longuement pesée. C'est juste que je trouve que certains d'entre vous se montrent très virulents (je le comprends très bien, je me suis moi-même posé beaucoup de questions) sans forcément maîtriser les tenants et les aboutissants de notre situation ici. C'est brutal de se voir condamner sans appel . Je ne considère pas ça comme une reddition mais comme une opportunité. C'est mon point de vue, sans doute ne le partagez-vous pas. Mais ne doutez jamais du fait que j'aime mon métier, ma matière et mes élèves, et c'est ce qui a motivé mon choix. J'ai juste choisi une autre façon de "combattre" pour sauver les langues anciennes. Considéreriez-vous cela comme un échec si je parvenais à amener l'option grec en Lozère, fut-elle à distance???

je comprends ta situation et ça me fait un peu peur: je suis aussi dans une zone rurale, avec des petits collèges (certains sont d'ailleurs en train de fermer) entre 100 et 200 élèves (qq'uns moins de 100!) et chaque année on se bat pour motiver nos troupes... certaines collègues n'ont que 4/5 élèves par niveau... je me maintiens entre 15 et 25 latinistes par niveau (je suis dans un gros bahut de 200, moi!) , mais je comprends encore mieux pourquoi je fais mon one-man-show... c'est vrai que les cours par internet, quelle que soit la matière, ça fait trèèèèèèès froid dans le dos

Il y a 47 élèves dans mon collège : j'ai 5 latinistes en 4° (sur 12 élèves) et 4 latinistes en 3° (sur 10 élèves), comprenez que ce soit une aberration pour le rectorat...

En fait, Susannah, ça ne devrait pas être une aberration pour le Rectorat dans la mesure où justement tu es dans un tout petit établissement!
C'est donc normal que tu aies peu d'élèves. Les cours d'enseignement à distance existe ailleurs: le Cned par exemple. J'ai une copine qui a fait du Grec à distance par le Cned, car sa mère enseignait aux Comores.
Supprimer des postes parce qu'il y a peu d'élèves: là voilà l'aberration.
C'est la porte ouverte à la disparition des langues rares comme l'arabe ou le chinois, et même le grec ancien. J'ai fait toute ma scolarité de grec dans un groupe de 6 à 9 élèves maxi. Il n'y a qu'à Henri IV qu'ils ont des classes de 30.

nevermore a écrit:En fait, Susannah, ça ne devrait pas être une aberration pour le Rectorat dans la mesure où justement tu es dans un tout petit établissement!
C'est donc normal que tu aies peu d'élèves. Les cours d'enseignement à distance existe ailleurs: le Cned par exemple. J'ai une copine qui a fait du Grec à distance par le Cned, car sa mère enseignait aux Comores.
Supprimer des postes parce qu'il y a peu d'élèves: là voilà l'aberration.
C'est la porte ouverte à la disparition des langues rares comme l'arabe ou le chinois, et même le grec ancien. J'ai fait toute ma scolarité de grec dans un groupe de 6 à 9 élèves maxi. Il n'y a qu'à Henri IV qu'ils ont des classes de 30.

J'avis un groupe de 23 élèves en grec il y a deux ans..sur un effectif total de 120 3èmes (bon, c'était exceptionnel...). Donc, non, il n'y a pas qu'à Henri IV que le potentiel existe... mais il n'y a qu'à H4 ou dans le privé que les potentialités soient vraiment soutenues..j'ai fait ma scolarité dna sle privé, et tant en collège qu'en lycée, les langues anciennes ne manquaient jamais d'élèves...ni de moyens financiers.