- e-mietteNiveau 7
En comparant les différentes éditions scolaires, je viens de découvrir cette "nouveauté" qui me décroche la mâchoire : une collection "Lire en une heure" Quelqu'un connaît ? C'est le retour du bon vieux "Reader's Digest" de mon enfance ? Mes parents avaient toute une collection !
Si mes élèves découvrent ça, je pense qu'ils ne vont pas hésiter longtemps... même si le bouquin est un peu plus cher que les éditions en texte intégral. En plus, la couverture affiche bien, en très gros, "Classe de Première, Bac 2023", c'est trompeur, c'est comme les autres éditions scolaires...
Et je vois qu'il y a la même chose avec Manon Lescaut...
J'hésite un peu entre me réjouir pour les "petits lecteurs" qui y trouveront leur compte et pleurer à gros sanglots en me tapant la tête contre le mur !!!
Si mes élèves découvrent ça, je pense qu'ils ne vont pas hésiter longtemps... même si le bouquin est un peu plus cher que les éditions en texte intégral. En plus, la couverture affiche bien, en très gros, "Classe de Première, Bac 2023", c'est trompeur, c'est comme les autres éditions scolaires...
Et je vois qu'il y a la même chose avec Manon Lescaut...
J'hésite un peu entre me réjouir pour les "petits lecteurs" qui y trouveront leur compte et pleurer à gros sanglots en me tapant la tête contre le mur !!!
- beloteHabitué du forum
J'imagine qu'ils n'en ont pas fait pour Olympe
Ou alors ça s'appelle lire la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 3 mn.
Ou alors ça s'appelle lire la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 3 mn.
- CasparProphète
N'oublions pas la fameuse citation de Woody Allen (?): "J'ai utilisé la méthode de lecture rapide pour lire Guerre et Paix: ça parle de la Russie."
- InvitéInvité
Caspar a écrit:N'oublions pas la fameuse citation de Woody Allen (?): "J'ai utilisé la méthode de lecture rapide pour lire Guerre et Paix: ça parle de la Russie."
Et celle de Céline sur Proust (que je n'ose pas reproduire ici...)
- LaugarithmeFidèle du forum
Ça me fait penser à "l'homme surnuméraire" de Patrice Jean.
Un des personnages est recruté par une maison d'édition pour "arranger" des classiques de manière à les rendre plus " modernes et compréhensibles".
Un des personnages est recruté par une maison d'édition pour "arranger" des classiques de manière à les rendre plus " modernes et compréhensibles".
- gregforeverGrand sage
L'année où j'avais étudié La Peau de chagrin dans une bonne seconde l'un des élèves m'avait dit "il tenait une super histoire fantastique et il l'a gâchée avec toutes ces descriptions et autres" et il m'avait expliqué qu'en enlevant 200 pages grosso modo ça aurait fait l'affaire! C'est peut-être lui qui s'est lancé dans le business des livres abrégés!!
- A TuinVénérable
gregforever a écrit:L'année où j'avais étudié La Peau de chagrin dans une bonne seconde l'un des élèves m'avait dit "il tenait une super histoire fantastique et il l'a gâchée avec toutes ces descriptions et autres" et il m'avait expliqué qu'en enlevant 200 pages grosso modo ça aurait fait l'affaire! C'est peut-être lui qui s'est lancé dans le business des livres abrégés!!
L'élève a-t'il tort ? J'avais lu cette oeuvre avec plaisir au lycée, j'ai voulu le relire l'an dernier et la première partie me tombait des mains. C'est bavard, bavard, bavard. L'histoire condensée est géniale en effet, si on l'imagine dans sa tête..
Les gens d'aujourd'hui ne vont pas forcément se mettre à la place du personnage avec toutes ses compromissions pour plaire au père, sa tendance au masochisme.
On touche là un des écueils des grandes œuvres littéraires, qui versent souvent dans le dolorisme.
La vraie vie ce n'est pas ça, souvent les personnages dépeints sont très introvertis, vivent la vie dans leur tête au lieu de la vivre. Ce n'est vraiment pas en phase avec les aspirations des gens à l'heure actuelle, sans jugement de valeur. Le fait de rêver sa vie n'est vraiment plus à l'ordre du jour à l'heure actuelle, tout est injonction à l'action incessante face à la peur du lendemain.c'est aussi une des raisons pouvant expliquer la difficulté d'aller vers ces oeuvres.
- CasparProphète
Je ne sais pas pour Balzac mais certains écrivains célèbres d'aujourd'hui auraient besoin d'un éditeur plus ferme. On est très loin de la Comédie Humaine mais les Harry Potter sont devenus de plus en plus longs et indigestes...sans doute parce que personne n'osait dire à J.K Rowling de raccourcir et élaguer.
- A TuinVénérable
Je trouve aussi que certains auteurs actuels sont trop relâchés ou bavards dans leurs récits. Chaque époque son souci. Il est difficile de trouver des auteurs fétiches.Caspar a écrit:Je ne sais pas pour Balzac mais certains écrivains célèbres d'aujourd'hui auraient besoin d'un éditeur plus ferme. On est très loin de la Comédie Humaine mais les Harry Potter sont devenus de plus en plus longs et indigestes...sans doute parce que personne n'osait dire à J.K Rowling de raccourcir et élaguer.
- CasparProphète
Je ne sais pas si c'est dû à l'âge ou aux effets du téléphone portable sur mon cerveau mais je n'ai plus guère le courage de me lancer dans de gros pavés, je préfère les romans courts ef concis, autour de 200 pages disons.
- A TuinVénérable
Caspar a écrit:Je ne sais pas si c'est dû à l'âge ou aux effets du téléphone portable sur mon cerveau mais je n'ai plus guère le courage de me lancer dans de gros pavés, je préfère les romans courts ef concis, autour de 200 pages disons.
Je ne saurais dire, concernant la taille. J'ai besoin d'un livre auquel je vais penser la journée en ayant envie de le reprendre le soir pour connaître la suite. Quelque chose qui va me rester dans la tête dans le sens, suffisamment passionnant par son thème et la façon dont il amène le suspense.
Balzac, c'est tellement mou qu'on est loin de ce type de tension narrative ! On se demande juste quand Raphaël va arrêter les frais.. il n'y a que le moment du duel qui a su attirer mon attention à la relecture. Ces passages étaient bien menés.
- KihyaNiveau 6
Je suis mitigée ...
Pour, dans le sens où, si grâce à cette édition, les petits lecteurs et élèves en difficultés arrivent à lire et comprendre l’œuvre, et pourquoi pas leur donner le goût de recommencer, c'est un vrai bénéfice !
Contre, quand je repense à mon expérience personnelle... Quand j'ai cru bon, pour le bac français, de compléter la lecture de Germinal par le visionnage du film ... Et que j'ai tout mélangé le jour du bac ... Que l'examinateur a tiqué sur un détail qui était dans le film, mais non présent dans le livre.
Aucun résumé, film, aucune astuce ne peut réellement remplacer la lecture d'une œuvre !
Et quand on voit la médiocrité narrative de certains résumés, se priver de la lecture intégrale du texte c'est passer à côté de sa beauté littéraire ...
L’œuvre peut-elle être résumée à la trame narrative, à son intrigue uniquement ?
Pour, dans le sens où, si grâce à cette édition, les petits lecteurs et élèves en difficultés arrivent à lire et comprendre l’œuvre, et pourquoi pas leur donner le goût de recommencer, c'est un vrai bénéfice !
Contre, quand je repense à mon expérience personnelle... Quand j'ai cru bon, pour le bac français, de compléter la lecture de Germinal par le visionnage du film ... Et que j'ai tout mélangé le jour du bac ... Que l'examinateur a tiqué sur un détail qui était dans le film, mais non présent dans le livre.
Aucun résumé, film, aucune astuce ne peut réellement remplacer la lecture d'une œuvre !
Et quand on voit la médiocrité narrative de certains résumés, se priver de la lecture intégrale du texte c'est passer à côté de sa beauté littéraire ...
L’œuvre peut-elle être résumée à la trame narrative, à son intrigue uniquement ?
- DeliaEsprit éclairé
M'enfin... que faites-vous du droit de sauter des pages ? et de la technique de la lecture en diagonale ?
_________________
Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- trompettemarineMonarque
Pour la lecture rapide, il existe la méthode Richaudeau.
- HocamSage
Oui, c'est une de mes citations préférées. Je pense aussi au Summarize Proust Competition des Monty Python, où Graham Chapman arrive tout juste à résumer Swann's Way dans le temps imparti.Caspar a écrit:N'oublions pas la fameuse citation de Woody Allen (?): "J'ai utilisé la méthode de lecture rapide pour lire Guerre et Paix: ça parle de la Russie."
- e-mietteNiveau 7
Bien sûr, mais ce que je trouve gênant c'est que ce soit quelqu'un d'autre qui impose les passages "sautés". Quand on lit un livre un peu bavard, un peu pénible, et c'est vrai que La Peau de chagrin l'est !, hé bien on accélère, on diagonalise, on tourne vite les pages, oui, mais en fonction de son humeur, de son état d'esprit, de fatigue, en fonction aussi des passages qu'on aime, qui nous intéressent... ou pas, bref c'est une lecture personnelle.Delia a écrit:M'enfin... que faites-vous du droit de sauter des pages ? et de la technique de la lecture en diagonale ?
Je préfère sensibiliser mes élèves à ce type d'appropriation personnelle du roman, et je leur dis même qu'ils peuvent en parler lors de l'entretien sur l'oeuvre, à l'EAF, plutôt que leur donner accès à une version édulcorée imposée, la même pour tous.
Enfin... attention, pas de malentendu, je ne vais absolument pas leur donner cette version à lire, hein !
- ditaNeoprof expérimenté
Je suis pour le moins étonné de vos jugements sévères sur Balzac. Les élèves pensent ainsi, soit, mais des professeurs ?
- CasparProphète
dita a écrit:Je suis pour le moins étonné de vos jugements sévères sur Balzac. Les élèves pensent ainsi, soit, mais des professeurs ?
Si j'ai bien compris il ne s'agit pas de tout Balzac mais de CE Balzac (que j'ai lu, sans sauter de pages, mais il y a très longtemps et je ne me souviens que du début).
- beloteHabitué du forum
J'adore ce Balzac. Il sort un peu de sa verve réaliste (c'est un de ses premiers romans, ce qui explique peut-être cela). Je lui trouve une ironie presque flaubertienne. J'admets cependant volontiers que certains passages sont d'une longueur assommante (lorsqu'à la fin il essaye d'aller voir les scientifiques pour allonger la peau par exemple). N'oublions pas qu'il publiait en feuilleton et qu'il était payé à la page pour beaucoup de ses romans.
- TartempionNiveau 2
Il me semble qu'il était payé à la page pour la publication en journal, mais pas pour le volume complet. Pourtant la version en volume est souvent plus longue, avec des descriptions plus détaillées, alors que cela ne lui rapportait pas plus, lui prenait du temps et de l'énergie qu'il aurait pu utiliser pour un autre titre.belote a écrit:J'adore ce Balzac. Il sort un peu de sa verve réaliste (c'est un de ses premiers romans, ce qui explique peut-être cela). Je lui trouve une ironie presque flaubertienne. J'admets cependant volontiers que certains passages sont d'une longueur assommante (lorsqu'à la fin il essaye d'aller voir les scientifiques pour allonger la peau par exemple). N'oublions pas qu'il publiait en feuilleton et qu'il était payé à la page pour beaucoup de ses romans.
- roxanneOracle
Ceci dit, vous n'avez sauté quelques descriptions chez Balzac ou Zola? Mais, c'était notre choix. Mes STI2D m'avaient dit un peu la même chose à propos de Voyage au centre de la Terre :3Bon, c'est pas mal mais ils y arrivent quand au centre de la Terre? "gregforever a écrit:L'année où j'avais étudié La Peau de chagrin dans une bonne seconde l'un des élèves m'avait dit "il tenait une super histoire fantastique et il l'a gâchée avec toutes ces descriptions et autres" et il m'avait expliqué qu'en enlevant 200 pages grosso modo ça aurait fait l'affaire! C'est peut-être lui qui s'est lancé dans le business des livres abrégés!!
- TailleventFidèle du forum
Globalement, je n'aime pas les œuvres abrégées. C'est une des limitations que je me suis posé : ou j’estime que le livre peut passer auprès des élèves tel qu'il a été écrit, ou je choisis autre chose ; il y a bien assez de choix dans la littérature francophone. (C'est un choix personnel, je respecte absolument qu'on fasse autrement.)
Maintenant, je ne m’aventurerai pas à dire que "la vraie vie ce n'est pas ça". Certes le dolorisme est un travers fréquent de la littérature mais certains vivent vraiment les difficultés comme ça.
Et j'avoue avoir un peu de mal avec l'argument de l'heure actuelle, de "notre temps". Un des intérêts de l'enseignement littéraire ou historique, c'est justement d'amener les élèves à se décentrer de l'immédiat, à comprendre qu'il y a d'autres manière de faire, de voir, de penser. Donc si "les gens d'aujourd'hui" ne se mettent pas à la place du personnage, je dirais tant pis pour eux, il perdent une occasion de découvrir un autre regard sur l'existence.
Je fais partie de ceux qui n'aiment pas Balzac (seulement en partie à cause des descriptions). Je n'exclus pas d'en trouver un jour un qui me plaise mais ça n'est pas encore arrivé. Il me semble qu'il n'y a pas de vache sacrée en littérature. Il n'y a pas d'examen de foi pour devenir professeur. Ça ne m'empêche pas d'en reconnaître l'importance dans l'histoire littéraire et d'y faire occasionnellement référence dans mes cours.dita a écrit:Je suis pour le moins étonné de vos jugements sévères sur Balzac. Les élèves pensent ainsi, soit, mais des professeurs ?
C'est amusant : depuis quelques jours, mes élèves présentent des livres (classiques étrangers) qu'ils ont choisi avant l'été. C'est une des critiques qui revient souvent : trop long, trop de descriptions. Je respecte leur avis (c'est une des choses qu'ils ont à donner dans leur présentation) mais j'ai profité hier d'une occurrence de cette remarque pour entrer en discussion avec la classe et essayer de leur faire comprendre pourquoi l'auteur fait ce choix (d'autant que l'élève avait noté comme point positif qu'on entrait bien dans l'ambiance et le contexte, ce qui passe en partie par les définitions).gregforever a écrit:L'année où j'avais étudié La Peau de chagrin dans une bonne seconde l'un des élèves m'avait dit "il tenait une super histoire fantastique et il l'a gâchée avec toutes ces descriptions et autres" et il m'avait expliqué qu'en enlevant 200 pages grosso modo ça aurait fait l'affaire! C'est peut-être lui qui s'est lancé dans le business des livres abrégés!!
Je ne suis pas sûr qu'on puisse parler d'avoir tort ou raison : c'est un jugement personnel sur une œuvre, qui plus qui correspond à une réalité du texte, donc c'est respectable sans qu'on ait besoin de le partager.A Tuin a écrit:L'élève a-t'il tort ? J'avais lu cette oeuvre avec plaisir au lycée, j'ai voulu le relire l'an dernier et la première partie me tombait des mains. C'est bavard, bavard, bavard. L'histoire condensée est géniale en effet, si on l'imagine dans sa tête..
Les gens d'aujourd'hui ne vont pas forcément se mettre à la place du personnage avec toutes ses compromissions pour plaire au père, sa tendance au masochisme.
On touche là un des écueils des grandes œuvres littéraires, qui versent souvent dans le dolorisme.
La vraie vie ce n'est pas ça, souvent les personnages dépeints sont très introvertis, vivent la vie dans leur tête au lieu de la vivre. Ce n'est vraiment pas en phase avec les aspirations des gens à l'heure actuelle, sans jugement de valeur. Le fait de rêver sa vie n'est vraiment plus à l'ordre du jour à l'heure actuelle, tout est injonction à l'action incessante face à la peur du lendemain.c'est aussi une des raisons pouvant expliquer la difficulté d'aller vers ces oeuvres.
Maintenant, je ne m’aventurerai pas à dire que "la vraie vie ce n'est pas ça". Certes le dolorisme est un travers fréquent de la littérature mais certains vivent vraiment les difficultés comme ça.
Et j'avoue avoir un peu de mal avec l'argument de l'heure actuelle, de "notre temps". Un des intérêts de l'enseignement littéraire ou historique, c'est justement d'amener les élèves à se décentrer de l'immédiat, à comprendre qu'il y a d'autres manière de faire, de voir, de penser. Donc si "les gens d'aujourd'hui" ne se mettent pas à la place du personnage, je dirais tant pis pour eux, il perdent une occasion de découvrir un autre regard sur l'existence.
- TailleventFidèle du forum
En cherchant un peu, parce que ça m'avait rendu curieux, je réalise que c'est vraiment du bizarre. C'est de l'auto-édition, d'ailleurs même si la BNF évoque un "broché", l'édition papier ne semble être disponible nulle part. Le supposé "éditeur" est un absolu inconnu. Le plus beau, c'est l'inscription en bas de la couverture :e-miette a écrit:En plus, la couverture affiche bien, en très gros, "Classe de Première, Bac 2023", c'est trompeur, c'est comme les autres éditions scolaires...
C'est vraiment un appel aux flemmards. J'oserai dire que c'est comme beaucoup de ces "aides" qui traînent sur internet moyennant un petit prix : il y aura du retour de karma pour ceux qui s'y risqueront vu la qualité souvent douteuse de ces trucs.Oubliez films et résumés incomplets.
Lisez l'œuvre efficacement à partir de morceaux choisis et de passages synthétisés avec précision.
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