- LDRNiveau 6
Bonjour à vous, chères et chers collègues.
Depuis plusieurs semaines, je navigue difficilement dans un métier que j'aime pourtant profondément - étrange besoin de le rappeler. Le contact avec les élèves, devenu fragile et particulier à cause du protocole sanitaire, me redonne une énergie de fou. Mais ce n'est pas pour ça que je vous écris et demande vos avis éclairés.
J'ai obtenu le CAPES en 2016 (classé 29e - je le dis non pour me la jouer, mais pour souligner ma volonté farouche d'avoir ce concours après une année de préparation qui m'a épuisé), ai été titularisé après une année de stage en lycée où j'ai mené un projet théâtre sans aucun moyen, ai validé mon MEEF avec une mention Très bien grâce à un mémoire portant sur l'enseignement du théâtre en lycée avant d'obtenir dans une autre académie un poste fixe en collège REP voulu et espéré. En 2018, j'ai obtenu une mutation dans le lycée de la même ville, avec un public semblable mais surtout une option théâtre (3h Seconde et 3h Première-Terminale). En 2019, j'ai été admis à la certification théâtre et ai pu récupérer le niveau Seconde.
J'ai toutefois le sentiment, depuis que j'y suis, de difficilement trouver ma place. Je vous ai détaillé mon parcours pour signifier que j'ai construit mon début de carrière pour être là où je suis actuellement (mémoire sur le théâtre puis certification théâtre). Pour des moyens comptables, depuis deux ans, l'administration de mon lycée nous fait une pression de dingue, à ma collègue et moi, et nous annonce régulièrement qu'il faudra regrouper toutes les classes si les effectifs sont bas. Hier, alors que ma collègue répondait que je serais en sous-service, l'adjointe a répondu que les trois heures d'option pourraient facilement être utilisées pour de l'AP Seconde – et je n'ai alors pas pu m'empêcher de répondre que ce n'était pas pour faire de l'AP que j'avais passé la certification théâtre.
Depuis plusieurs semaines, cette politique me met en colère parce que:
-nous sommes un lycée de secteur de trois collèges REP/+ et qu'encore plus qu'ailleurs je crois profondément qu'un enseignement artistique est vecteur d'une immense richesse chez nos élèves;
-d'une manière générale, je peine à justifier l'évident tant pour moi l'art a un sens chez toute personne qui se construit, tant pis si ça ne brasse que vingt élèves d'un établissement - c'est dans l'exception que se crée la richesse des parcours;
-en dix ans, de seize heures de théâtre (spés L 10h, Seconde 3h, option 3H), nous sommes passés à 6h puisque la réforme nous a fait perdre la spécialité (nous avons préféré soutenir la spécialité Arts plastiques et le poste fixe de notre collègue) ; ce serait à compter de Septembre plus que trois heures;
-je suis jeune enseignant, j'ai rêvé de ce métier, j'adore le contact avec les élèves, mais j'ai le sentiment de n'avoir aucun avenir dans cet établissement. J'ai 26 ans, et je suis épuisé moralement et nerveusement de subir cette pression constante, d'avoir le sentiment d'être dans un poste Lettres-Théâtre toujours à justifier.
Plusieurs sentiments mêlés, qui me perdent un peu. Alors je viens à vos conseils, surtout celles et ceux qui enseignent dans des options. Je suis parfois stupéfait de voir qu'on propose ces options à des collègues qui n'ont pas la certification - c'est une chance et profitez-en !- tandis que dans d'autres endroits les directions cherchent à récupérer des heures sur ces options malgré la présence d'un voire deux enseignants certifiés théâtre.
Quelques questions:
-pensez-vous que je doive partir et construire ailleurs?
-ou me battre?
-combien d'élèves avez-vous dans vos options proportionnellement au nombre d'élèves dans votre établissement?
-subissez-vous, vous aussi, des pressions en tout genre ou sentez-vous davantage une politique d'établissement qui s'appuie sur les options pour rayonner?
Merci de guider le jeune prof un peu perdu que je suis.
Depuis plusieurs semaines, je navigue difficilement dans un métier que j'aime pourtant profondément - étrange besoin de le rappeler. Le contact avec les élèves, devenu fragile et particulier à cause du protocole sanitaire, me redonne une énergie de fou. Mais ce n'est pas pour ça que je vous écris et demande vos avis éclairés.
J'ai obtenu le CAPES en 2016 (classé 29e - je le dis non pour me la jouer, mais pour souligner ma volonté farouche d'avoir ce concours après une année de préparation qui m'a épuisé), ai été titularisé après une année de stage en lycée où j'ai mené un projet théâtre sans aucun moyen, ai validé mon MEEF avec une mention Très bien grâce à un mémoire portant sur l'enseignement du théâtre en lycée avant d'obtenir dans une autre académie un poste fixe en collège REP voulu et espéré. En 2018, j'ai obtenu une mutation dans le lycée de la même ville, avec un public semblable mais surtout une option théâtre (3h Seconde et 3h Première-Terminale). En 2019, j'ai été admis à la certification théâtre et ai pu récupérer le niveau Seconde.
J'ai toutefois le sentiment, depuis que j'y suis, de difficilement trouver ma place. Je vous ai détaillé mon parcours pour signifier que j'ai construit mon début de carrière pour être là où je suis actuellement (mémoire sur le théâtre puis certification théâtre). Pour des moyens comptables, depuis deux ans, l'administration de mon lycée nous fait une pression de dingue, à ma collègue et moi, et nous annonce régulièrement qu'il faudra regrouper toutes les classes si les effectifs sont bas. Hier, alors que ma collègue répondait que je serais en sous-service, l'adjointe a répondu que les trois heures d'option pourraient facilement être utilisées pour de l'AP Seconde – et je n'ai alors pas pu m'empêcher de répondre que ce n'était pas pour faire de l'AP que j'avais passé la certification théâtre.
Depuis plusieurs semaines, cette politique me met en colère parce que:
-nous sommes un lycée de secteur de trois collèges REP/+ et qu'encore plus qu'ailleurs je crois profondément qu'un enseignement artistique est vecteur d'une immense richesse chez nos élèves;
-d'une manière générale, je peine à justifier l'évident tant pour moi l'art a un sens chez toute personne qui se construit, tant pis si ça ne brasse que vingt élèves d'un établissement - c'est dans l'exception que se crée la richesse des parcours;
-en dix ans, de seize heures de théâtre (spés L 10h, Seconde 3h, option 3H), nous sommes passés à 6h puisque la réforme nous a fait perdre la spécialité (nous avons préféré soutenir la spécialité Arts plastiques et le poste fixe de notre collègue) ; ce serait à compter de Septembre plus que trois heures;
-je suis jeune enseignant, j'ai rêvé de ce métier, j'adore le contact avec les élèves, mais j'ai le sentiment de n'avoir aucun avenir dans cet établissement. J'ai 26 ans, et je suis épuisé moralement et nerveusement de subir cette pression constante, d'avoir le sentiment d'être dans un poste Lettres-Théâtre toujours à justifier.
Plusieurs sentiments mêlés, qui me perdent un peu. Alors je viens à vos conseils, surtout celles et ceux qui enseignent dans des options. Je suis parfois stupéfait de voir qu'on propose ces options à des collègues qui n'ont pas la certification - c'est une chance et profitez-en !- tandis que dans d'autres endroits les directions cherchent à récupérer des heures sur ces options malgré la présence d'un voire deux enseignants certifiés théâtre.
Quelques questions:
-pensez-vous que je doive partir et construire ailleurs?
-ou me battre?
-combien d'élèves avez-vous dans vos options proportionnellement au nombre d'élèves dans votre établissement?
-subissez-vous, vous aussi, des pressions en tout genre ou sentez-vous davantage une politique d'établissement qui s'appuie sur les options pour rayonner?
Merci de guider le jeune prof un peu perdu que je suis.
- trompettemarineMonarque
Va lire tous les fils de lettres classiques pour savoir ce qui t'attend. Ce ne sont que les premières désillusions. Dis-toi aussi que l'EN ne te doit rien et fera que ce que ses sous lui diront. N'attends jamais de gratitude. Fais de ton mieux là où tu es. Tu peux prier aussi.
Bon courage. Dans tous les cas, si globalement tu es bien dans ton établissement, n'en change pas sauf si tu trouves un poste spécifique fléché. Mais il y en a peu.
Un professeur ne construit pas sa carrière. Il faut saisir des opportunités. C'est en dehors du métier d'enseignant qu'une carrière se construit (caffa, concours d'ipr, etc).
Sinon, il y a la prépa, mais là, il faut un sacré bagage, des opportunités, un IG qui t'apprécie.
Voilà, fais au mieux. Ne construis pas de châteaux en Espagne.
Édit : C'est un métier qu'on finit plus par subir qu'autre chose, surtout si on le pense en termes de carrière.
Mon post n'est pas ironique.
Je laisse les collègues avec ta certification te conseiller mieux que moi.
Bon courage. Dans tous les cas, si globalement tu es bien dans ton établissement, n'en change pas sauf si tu trouves un poste spécifique fléché. Mais il y en a peu.
Un professeur ne construit pas sa carrière. Il faut saisir des opportunités. C'est en dehors du métier d'enseignant qu'une carrière se construit (caffa, concours d'ipr, etc).
Sinon, il y a la prépa, mais là, il faut un sacré bagage, des opportunités, un IG qui t'apprécie.
Voilà, fais au mieux. Ne construis pas de châteaux en Espagne.
Édit : C'est un métier qu'on finit plus par subir qu'autre chose, surtout si on le pense en termes de carrière.
Mon post n'est pas ironique.
Je laisse les collègues avec ta certification te conseiller mieux que moi.
- cannelle21Grand Maître
Tous les ans c'est la même "pression". Je suis sur une cité scolaire avec des classes HAT au collège et option et spécialité au lycée.
Nous essayons, tous les ans, de promouvoir le théâtre, dans les écoles du secteur, en passant dans les classes du collège, en passant dans les classes du lycée.
Comme nous n'avons pas pu le faire cette année, nous avons peur que les effectifs soient très bas en option première et en option terminale. J'espère que nous n'aurons pas à regrouper les deux classes, car ce ne sera pas facile à récupérer ensuite.
Je dirais que toi et ta collègue avez dix jours pour aller dans les collèges et faire la promotion de l'option.
Nous essayons, tous les ans, de promouvoir le théâtre, dans les écoles du secteur, en passant dans les classes du collège, en passant dans les classes du lycée.
Comme nous n'avons pas pu le faire cette année, nous avons peur que les effectifs soient très bas en option première et en option terminale. J'espère que nous n'aurons pas à regrouper les deux classes, car ce ne sera pas facile à récupérer ensuite.
Je dirais que toi et ta collègue avez dix jours pour aller dans les collèges et faire la promotion de l'option.
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- LDRNiveau 6
cannelle21 a écrit:
Je dirais que toi et ta collègue avez dix jours pour aller dans les collèges et faire la promotion de l'option.
Nous l'avons fait à distance, pour le latin et le théâtre (ma collègue étant LC)mais le CIO a mis son nez dedans et a exigé que tout passe par lui. Un moyen pour d'autres options d'autres lycées qui ne souffrent pas des baisses d'effectifs de faire leur publicité également, à coups de mensonges du style: "il n'y a que chez nous que vous pourrez faire un EDS LLCE Anglais et il faut vous y inscrire dès la Seconde" alors que notre établissement est, pour cet EDS, placé en réseau avec cet autre lycée.
Bref. J'étais plus au calme en collège du point de vue de la compétition entre établissements.
Du reste, merci pour votre retour ! Ça fait plaisir.
- PoupoutchModérateur
Bonjour LDR. C'est l'objet même de la réforme (et de l'augmentation à venir de l'autonomie des établissements) que de limiter au maximum les heures dévolues aux matières jugées superflues.
Cela signifie effectivement qu'il faut sortir les bas résille tous les ans pour aller séduire les élèves (métaphoriquement, évidemment). Cette année est très particulière de ce point de vue, il faut bien l'avouer.
Les heures de théâtre étant généralement des heures prises sur la marge, ton chef a le droit d'organiser des regroupements et de réaffecter les heures ainsi récupérées à autre chose. Ceci étant, tu peux aussi essayer de te battre pour qu'il n'en soit pas ainsi : tu pourrais commencer par contacter l'IPR en charge du dossier Théâtre dans ton académie afin de lui parler de votre situation (à défaut d'intervenir, il serait au moins au courant de ce qui se passe chez vous. De plus, il saura que tu as envie d'enseigner le théâtre et tu pourras ainsi poser les premiers jalons pour un poste spécifique national dans un lycée proposant option et spé).
Je dirais, vue la période, qu'il faut commencer par essayer de se battre sur le terrain : chez nous, options de 1ère et terminale sont peu fournies cette année. J'ai donc pris les listes des élèves s'étant prononcés pour l'option, et ai contacté tous les autres élèves que je connais via l'ENT pour essayer d'étoffer les groupes et sauvegarder les heures. Bon l'avantage c'est que, ayant 2 HSA, même si je perds un groupe de théâtre, je ne serais pas en sous-service. Le PA a donc accepté de laisser ces 3h dans mon service pour l'instant, afin que nous puissions recruter à la rentrée et éventuellement faire 2 groupes.
Ensuite, je pense vu ton parcours que tu as vocation à briguer un poste spécifique national. Pour ce faire, il faut entrer en contact avec l'ipr théâtre de ton académie et lui parler de ton projet. Puisque ta certif n'est pas vieille il est fort possible qu'il se souvienne encore de toi. Fais valoir tes atouts et ta motivation, demande une inspection en théâtre. Et, en novembre, fais ta demande de mutation (demande tous les postes qui t'intéressent, même s'ils ne sont pas affichés vacants, il se peut bien qu'un collègue parte. Et, le mouvement étant national, tu peux aussi demander d'autres académies que la tienne, parfois il y a des postes qui peuvent dépendre d'une autre académie et être aussi voire plus proches que des postes de ta propre academie. Si tu es à Reims même, par exemple, tu as aussi vite fait d'aller dans l'Aisne que dans certains coins de Haute Marne ou des Ardennes).
Même si Trompettemarine est très désabusée, elle n'a pas tort. Nous nous dirigeons vers un système de plus en plus concurrentiel, où toutes les disciplines doivent faire valoir leurs atouts par rapport au marché du travail. Malheureusement, cela laisse peu de place aux disciplines comme le latin ou le théâtre, qui reposent avant tout sur l'ouverture à une culture différente et ne "servent à rien".
Je me console de cela en pensant que, malgré tout, les élèves qui nous suivent en ressortent avec un petit truc en plus. Mais je partage tes inquiétudes pour l'avenir.
Cela signifie effectivement qu'il faut sortir les bas résille tous les ans pour aller séduire les élèves (métaphoriquement, évidemment). Cette année est très particulière de ce point de vue, il faut bien l'avouer.
Les heures de théâtre étant généralement des heures prises sur la marge, ton chef a le droit d'organiser des regroupements et de réaffecter les heures ainsi récupérées à autre chose. Ceci étant, tu peux aussi essayer de te battre pour qu'il n'en soit pas ainsi : tu pourrais commencer par contacter l'IPR en charge du dossier Théâtre dans ton académie afin de lui parler de votre situation (à défaut d'intervenir, il serait au moins au courant de ce qui se passe chez vous. De plus, il saura que tu as envie d'enseigner le théâtre et tu pourras ainsi poser les premiers jalons pour un poste spécifique national dans un lycée proposant option et spé).
Je dirais, vue la période, qu'il faut commencer par essayer de se battre sur le terrain : chez nous, options de 1ère et terminale sont peu fournies cette année. J'ai donc pris les listes des élèves s'étant prononcés pour l'option, et ai contacté tous les autres élèves que je connais via l'ENT pour essayer d'étoffer les groupes et sauvegarder les heures. Bon l'avantage c'est que, ayant 2 HSA, même si je perds un groupe de théâtre, je ne serais pas en sous-service. Le PA a donc accepté de laisser ces 3h dans mon service pour l'instant, afin que nous puissions recruter à la rentrée et éventuellement faire 2 groupes.
Ensuite, je pense vu ton parcours que tu as vocation à briguer un poste spécifique national. Pour ce faire, il faut entrer en contact avec l'ipr théâtre de ton académie et lui parler de ton projet. Puisque ta certif n'est pas vieille il est fort possible qu'il se souvienne encore de toi. Fais valoir tes atouts et ta motivation, demande une inspection en théâtre. Et, en novembre, fais ta demande de mutation (demande tous les postes qui t'intéressent, même s'ils ne sont pas affichés vacants, il se peut bien qu'un collègue parte. Et, le mouvement étant national, tu peux aussi demander d'autres académies que la tienne, parfois il y a des postes qui peuvent dépendre d'une autre académie et être aussi voire plus proches que des postes de ta propre academie. Si tu es à Reims même, par exemple, tu as aussi vite fait d'aller dans l'Aisne que dans certains coins de Haute Marne ou des Ardennes).
Même si Trompettemarine est très désabusée, elle n'a pas tort. Nous nous dirigeons vers un système de plus en plus concurrentiel, où toutes les disciplines doivent faire valoir leurs atouts par rapport au marché du travail. Malheureusement, cela laisse peu de place aux disciplines comme le latin ou le théâtre, qui reposent avant tout sur l'ouverture à une culture différente et ne "servent à rien".
Je me console de cela en pensant que, malgré tout, les élèves qui nous suivent en ressortent avec un petit truc en plus. Mais je partage tes inquiétudes pour l'avenir.
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Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- RaptorWillNiveau 9
LDR a écrit:et je n'ai alors pas pu m'empêcher de répondre que ce n'était pas pour faire de l'AP que j'avais passé la certification théâtre.
Moi non plus, mais c'est quelque chose qu'on doit tous se partager dans un lycée, c'est comme cela.
Dans un autre registre, je dois faire de la SNT alors que je n'ai absolument pas les compétences pour. Il faut parfois descendre de son piédestal.
_________________
"Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature, et cet homme, ce sera moi. " Rousseau
- LDRNiveau 6
Merci @Poupoutch pour ta réponse complète, rassurante et motivante. Ton expérience m'aiguille beaucoup sur le forum et une fois encore je te suis redevable de tes conseils !
De quel piédestal parles-tu? Le Théâtre est une discipline comme une autre, ni plus prestigieuse, ni moins. Il n'y a aucune gloire à l'enseigner plus qu'il n'y en aurait à en enseigner une autre.
Je suis dans un lycée classé vingt ans ZEP. Comme je l'ai dit, il est établissement de secteur de trois collèges REP. J'ai de l'AP, j'ai deux Seconde à 35, j'aurai des BTS recrutés en STMG/Bac Pro, j'ai eu des STMG, j'ai bossé en REP... Bref. Aucune volonté de m'élever sur un piédestal, mais d'enseigner une discipline pour laquelle j'ai passé deux concours. Ce qui, je le crois, est la volonté de tout professeur, qu'importe la discipline enseignée.
Ta remarque, donc, je l'ajoute à la centaine déjà reçue des collègues qui croient que quelques-uns d'entre nous enseignent une discipline plus prestigieuse que d'autres et qui s'auto-persuadent de cette étrange vision des choses.
RaptorWill a écrit:LDR a écrit:et je n'ai alors pas pu m'empêcher de répondre que ce n'était pas pour faire de l'AP que j'avais passé la certification théâtre.
Moi non plus, mais c'est quelque chose qu'on doit tous se partager dans un lycée, c'est comme cela.
Dans un autre registre, je dois faire de la SNT alors que je n'ai absolument pas les compétences pour. Il faut parfois descendre de son piédestal.
De quel piédestal parles-tu? Le Théâtre est une discipline comme une autre, ni plus prestigieuse, ni moins. Il n'y a aucune gloire à l'enseigner plus qu'il n'y en aurait à en enseigner une autre.
Je suis dans un lycée classé vingt ans ZEP. Comme je l'ai dit, il est établissement de secteur de trois collèges REP. J'ai de l'AP, j'ai deux Seconde à 35, j'aurai des BTS recrutés en STMG/Bac Pro, j'ai eu des STMG, j'ai bossé en REP... Bref. Aucune volonté de m'élever sur un piédestal, mais d'enseigner une discipline pour laquelle j'ai passé deux concours. Ce qui, je le crois, est la volonté de tout professeur, qu'importe la discipline enseignée.
Ta remarque, donc, je l'ajoute à la centaine déjà reçue des collègues qui croient que quelques-uns d'entre nous enseignent une discipline plus prestigieuse que d'autres et qui s'auto-persuadent de cette étrange vision des choses.
- trompettemarineMonarque
La certification théâtre n'est pas un concours. Ton capes ou ton agrégation de Lettres le sont. Tu es avant tout professeur de Lettres.
Tu te trouves confronté au problème des options que le ministère juge superflues.
Le seul moyen de te trouver dans une situation pérenne, c'est d'obtenir un poste spécifique. Le mouvement a lieu en même temps que l'inter. Je te conseille de postuler.
Chacun a sa discipline vissée au cœur et au corps. C'est toujours très douloureux de la voir fragilisée. En Lettres Classiques, je me prépare à voir disparaître le latin et le grec. Les soutiens des CDE et des IPR ou IG existent mais sont rares ou inopérants.
Pour RaptorWill, si je peux me permettre de parler pour lui, c'est peut-être la SNT qui va dénaturer sa discipline (mais je connais peu l'état de sa discipline).
Tu découvres amèrement les dégâts d'une politique éducative uniquement gestionnaire.
Moi, je suis effectivement très désabusée. Tu n'es pas obligé d'être dans le même état. Mais, comme tu l'as dit toi-même, tu es jeune dans le métier. On peut rêver d'une embellie un jour. Pour le moment, les perspectives sont plutôt sombres. Nous ne pouvons pas te mentir.
ÉDIT : Suis les conseils de ceux qui ont la certification pour t'aider, mais reste bien lucide sur la fragilité de certaines options. Cela ne veut pas dire que tout espoir est perdu pour le théâtre.
En outre, depuis Châtel et NVB, la disparité entre les établissements est un point à prendre en considération.
Un conseil concret : tant que le théâtre ne disparaît pas de ton lycée, tout reste possible. Ce qu'il faut, c'est qu'il ne disparaisse pas du tout, car alors le retour à une situation antérieure sera quasiment impossible.
Bon courage.
Tu te trouves confronté au problème des options que le ministère juge superflues.
Le seul moyen de te trouver dans une situation pérenne, c'est d'obtenir un poste spécifique. Le mouvement a lieu en même temps que l'inter. Je te conseille de postuler.
Chacun a sa discipline vissée au cœur et au corps. C'est toujours très douloureux de la voir fragilisée. En Lettres Classiques, je me prépare à voir disparaître le latin et le grec. Les soutiens des CDE et des IPR ou IG existent mais sont rares ou inopérants.
Pour RaptorWill, si je peux me permettre de parler pour lui, c'est peut-être la SNT qui va dénaturer sa discipline (mais je connais peu l'état de sa discipline).
Tu découvres amèrement les dégâts d'une politique éducative uniquement gestionnaire.
Moi, je suis effectivement très désabusée. Tu n'es pas obligé d'être dans le même état. Mais, comme tu l'as dit toi-même, tu es jeune dans le métier. On peut rêver d'une embellie un jour. Pour le moment, les perspectives sont plutôt sombres. Nous ne pouvons pas te mentir.
ÉDIT : Suis les conseils de ceux qui ont la certification pour t'aider, mais reste bien lucide sur la fragilité de certaines options. Cela ne veut pas dire que tout espoir est perdu pour le théâtre.
En outre, depuis Châtel et NVB, la disparité entre les établissements est un point à prendre en considération.
Un conseil concret : tant que le théâtre ne disparaît pas de ton lycée, tout reste possible. Ce qu'il faut, c'est qu'il ne disparaisse pas du tout, car alors le retour à une situation antérieure sera quasiment impossible.
Bon courage.
- Une passanteEsprit éclairé
Je pense que ce que voulait dire RaptorWill, c'est que tu ne peux pas choisir les cours que tu fais. Tu as passé un capes de Lettres avant tout, donc on t'attribue les cours qui relèvent de cette discipline (AP, BTS, séries technologiques, on peut aussi te faire faire de l'ECJS...) ta certification théâtre ne te donne pas le droit d'avoir des heures de théâtre mais te permet d'y enseigner si ces heures existent. Cette certification ne constitue cependant pas l'essentiel de ton poste.
C'est malheureux, nous sommes d'accord, et ce que cette réforme fait aux options (en poursuivant la destruction entamée en 2010 avec la précédente réforme) est scandaleux.
Mais les scandales sont légions, et touchent souvent un peu toutes les disciplines, toutes aussi maltraitées...
La seule chose à faire est de lutter au niveau local, se battre pour récupérer des heures pour la DGH, donc s'investir dans la vie syndicale / élective de l'établissement. (il est trop tard pour se battre contre la réforme du lycée, j'espère que tu l'avais fait, pour avoir un peu moins de regrets).
Ton argumentaire, je l'ai malheureusement lu et répété de nombreuses fois, lors des rendez-vous annuels au rectorat pour quémander quelques heures de plus à la DGH afin de permettre aux options de survivre tant bien que mal, même si c'est plus souvent mal que bien...
C'est malheureux, nous sommes d'accord, et ce que cette réforme fait aux options (en poursuivant la destruction entamée en 2010 avec la précédente réforme) est scandaleux.
Mais les scandales sont légions, et touchent souvent un peu toutes les disciplines, toutes aussi maltraitées...
La seule chose à faire est de lutter au niveau local, se battre pour récupérer des heures pour la DGH, donc s'investir dans la vie syndicale / élective de l'établissement. (il est trop tard pour se battre contre la réforme du lycée, j'espère que tu l'avais fait, pour avoir un peu moins de regrets).
Ton argumentaire, je l'ai malheureusement lu et répété de nombreuses fois, lors des rendez-vous annuels au rectorat pour quémander quelques heures de plus à la DGH afin de permettre aux options de survivre tant bien que mal, même si c'est plus souvent mal que bien...
- LDRNiveau 6
Merci beaucoup à vous deux pour vos conseils.
En effet, la certification ne me donne aucun droit à dotation horaire. En revanche, je ne la considère pas comme un piédestal.
En effet, la certification ne me donne aucun droit à dotation horaire. En revanche, je ne la considère pas comme un piédestal.
- CécédilleNiveau 3
Je mets des affiches en début d'année pour que les élèves de seconde connaissent l'existence de l'option. Le plus souvent, on oublie de la mentionner sur les documents d'inscription :-)
Il y a peut-être une carte à jouer avec la réforme. Ce fameux Grand Oral ! Tu peux mettre en avant que le théâtre permet d'acquérir des compétences pour l'oral. Volume, rythme, gestuelle, occupation de l'espace...
Une représentation en fin d'année peut aussi aider à faire rayonner l'option, donner envie de s'y inscrire, faire prendre conscience à certains (si, si) que finalement c'est du boulot.
Pour faire connaître l'option aux collégiens, n'hésite pas à entrer directement en contact avec les collègues de français, à te déplacer au collège, à rencontrer les élèves.
Un truc qui a bien marché aussi: faire une représentation à destination des collégiens sur les créneaux de l'option (après-midi). Quelques-uns de ces spectateurs sont devenus des élèves de l'option une fois au lycée.
Nous avons aussi joué pour les élèves du primaire. Ça permet aux lycéens de s'essayer à différents publics et les primaires sont faciles à séduire Et puis ça entretient la fameuse liaison collège/lycée et le parcours artistique et culturel du primaire à la Term.
Cette option est énergivore, demande un investissement, une créativité, du temps et du travail supplémentaires, un accompagnement des élèves plus intense.
Vu le profil de l'établissement, cet enseignement aurait dû être développé, valorisé davantage comme moyen de raccrocher les élèves.
Bon courage et ne lâche rien
Il y a peut-être une carte à jouer avec la réforme. Ce fameux Grand Oral ! Tu peux mettre en avant que le théâtre permet d'acquérir des compétences pour l'oral. Volume, rythme, gestuelle, occupation de l'espace...
Une représentation en fin d'année peut aussi aider à faire rayonner l'option, donner envie de s'y inscrire, faire prendre conscience à certains (si, si) que finalement c'est du boulot.
Pour faire connaître l'option aux collégiens, n'hésite pas à entrer directement en contact avec les collègues de français, à te déplacer au collège, à rencontrer les élèves.
Un truc qui a bien marché aussi: faire une représentation à destination des collégiens sur les créneaux de l'option (après-midi). Quelques-uns de ces spectateurs sont devenus des élèves de l'option une fois au lycée.
Nous avons aussi joué pour les élèves du primaire. Ça permet aux lycéens de s'essayer à différents publics et les primaires sont faciles à séduire Et puis ça entretient la fameuse liaison collège/lycée et le parcours artistique et culturel du primaire à la Term.
Cette option est énergivore, demande un investissement, une créativité, du temps et du travail supplémentaires, un accompagnement des élèves plus intense.
- Spoiler:
- Tel exercice de théâtre, telle impro aura permis à l'élève d'extérioriser un mal être, un complexe, une situation familiale tendue...
Vu le profil de l'établissement, cet enseignement aurait dû être développé, valorisé davantage comme moyen de raccrocher les élèves.
Bon courage et ne lâche rien
_________________
Ecrire est le véritable plaisir; être lu n'est qu'un plaisir superficiel. Virginia WOOLF
- LDRNiveau 6
Merci beaucoup pour tous ces conseils et encouragements.
Le confinement a bloqué ce que tu évoques ici puisque nous le faisons habituellement.
La très bonne nouvelle du jour, en revanche, c'est qu'après m'être rendu aux inscriptions des futurs Secondes pendant trois jours, nous avons pu recruter onze élèves en option théâtre. Une belle revanche !
Belles vacances à toutes et tous.
Le confinement a bloqué ce que tu évoques ici puisque nous le faisons habituellement.
La très bonne nouvelle du jour, en revanche, c'est qu'après m'être rendu aux inscriptions des futurs Secondes pendant trois jours, nous avons pu recruter onze élèves en option théâtre. Une belle revanche !
Belles vacances à toutes et tous.
- HélipsProphète
Euh... quelle discipline ? SNT, ça peut tomber sur n'importe quelle discipline, merci de ne pas l'oublier. Donc sur LDR si il lui manque des heures.trompettemarine a écrit:
Pour RaptorWill, si je peux me permettre de parler pour lui, c'est peut-être la SNT qui va dénaturer sa discipline (mais je connais peu l'état de sa discipline).
_________________
Un jour, je serai prof, comme ça je serai toujours en vacances.
- CécédilleNiveau 3
Tant mieux LDR ! Bonnes vacances à toi aussi
_________________
Ecrire est le véritable plaisir; être lu n'est qu'un plaisir superficiel. Virginia WOOLF
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