Fermetures de librairies dans le quartier latin

La place Saint-Michel sans les devantures jaunes et les étalages de Gibert Jeune ce n'est plus vraiment la place Saint-Michel.

Ce n’est pas le quartier latin et désolée pour le hs, mais à Aix la fermeture de Vents du Sud et de la Librairie de Provence a été un crève-cœur pour moi.

C’est drôle (si on peut dire) ce fil à côté de l’autre sur la censure au XVIIe : aujourd’hui plus n’est besoin de censure il suffit de l’économie.
C’est la grande erreur des anticipations telles Big Brother: ce n’est pas le pouvoir politique( phagocyté par les intérêts économiques) qui est aujourd’hui dictature dans nos démocraties qui n’en sont plus vraiment ou plutôt dont le système n’est pas adapté à l’économie contemporaine. . La dictature aujourd'hui c’est le flicage à fins économiques  : big brother s’appelle réseaux, Amazon et Google...

Vents du Sud a fermé ????

Iphigénie, je serais plus nuancée : la multiplication des petits éditeurs est plutôt une bonne chose et Amazon permet un accès extrêmement facile aux livres (neufs et d'occasion), de même que les plateformes diverses, là aussi pour le neuf comme pour l'occasion. A titre personnel je n'ai jamais eu le moindre souci pour me fournir en livres depuis presque 20 ans que j'ai découvert Amazon et que j'habite en région parisienne. L'accès au livre y est plus que facile (trois clics sur Amazon, un tour dans la librairie du coin). Quand je vivais encore chez mes parents avant 2002, l'accès au livre, c'était
- la petite bibliothèque municipale (qui là encore peut être facilement contrôlée, il suffit d'un bibliothécaire un peu étroit)
- la permission d'aller en ville seule (rarement accordée) ou être emmenée par les parents à la librairie (la Librairie de Provence ou Goulard, justement, ou éventuellement Vents du Sud).
- ou demander à mon père de me commander, par le CDI de son bahut, une liste de livres.

Mes parents n'étaient absolument pas contre le fait de m'acheter des livres (en même temps, ils étaient profs de lettres, ça aurait été un comble) mais il est clair que l'accès au livre n'était pas libre et devait passer sous leur regard. Aujourd'hui, quelqu'un qui vit dans leur village, sans internet, doit soit aller en ville (donc avoir une voiture ou se taper une heure de bus, avec un bus toutes les deux heures), soit compter sur la bibliothèque municipale. Avec Amazon et autres trucs du genre, on a une étendue infinie de livres à portée de main.

Amazon n'a aucun intérêt à limiter son catalogue, au contraire, plus il vend, mieux c'est. Je serais tentée de ne pas voir Amazon comme un "flicage". En revanche Amazon pose d'autres problèmes (emploi, modèle économique catastrophique écologiquement etc) évidemment.

De la nuance en toutes choses oui bien sûr .
Disons que je suis excédée par les recommandations débiles de lecture au motif que tu as cliqué une fois, et encore parfois  par erreur sur un truc ou que tu as acheté une fois des élastiques et qu’on te propose tout ce qui contient le mot élastique dans le truc : je vois ça comme un harcèlement insupportable...
Bon je ne faisais pas une thèse non plus je réagissais juste sur la fermeture de ces lieux si emblématiques du quartier latin illo tempore...
Et pas que: à Nice il y avait face au lycée Massena une grande librairie( plusieurs en fait) qui s’appelait La Sorbonne, où tu trouvais tout, du budé méconnu aux bouquins d’anciens français et autres: la dernière fois que j’y suis passée non seulement elle avait réduit me semble t- il de surface mais à part les guides touristiques et culinaires plus grand chose...

Ah oui mais ça ce sont les joies du e-commerce... c'est horripilant en effet. Le pompon c'est quand tu as acheté un truc quelconque (des tuteurs pour tes tomates, que sais-je encore) et que tu reçois des pubs pour... racheter des tuteurs pour tes tomates. Non mais c'est bon là, j'en ai déjà acheté, je vais pas faire collection non plus hein !
Il faut toujours penser à désactiver les notifications, c'est pénible mais il faut prendre le réflexe pour être tranquille ensuite.

Iphigénie a écrit:De la nuance en toutes choses oui bien sûr .
Disons que je suis excédée par les recommandations débiles de lecture au motif que tu as cliqué une fois, et encore parfois  par erreur sur un truc ou que tu as acheté une fois des élastiques et qu’on te propose tout ce qui contient le mot élastique dans le truc : je vois ça comme un harcèlement insupportable...

C'est plutôt rassurant sur les limites des pouvoirs de l'IA ; je suppose qu'Amazon doit avoir quand même un programme puissant pour ses suggestions ... et d'expérience, c'est rarement pertinent.

L'inflation du prix du livre, en tout cas en LSH, pousse aussi à passer par l'occasion sur le net.

Iphigénie a écrit:C’est drôle (si on peut dire) ce fil à côté de l’autre sur la censure au XVIIe : aujourd’hui plus n’est besoin de censure il suffit de l’économie.
C’est la grande erreur des anticipations telles Big Brother: ce n’est pas le pouvoir politique( phagocyté par les intérêts économiques) qui est aujourd’hui dictature dans nos démocraties qui n’en sont plus vraiment ou plutôt dont le système n’est pas adapté à l’économie contemporaine. . La dictature aujourd'hui c’est le flicage à fins économiques  : big brother s’appelle réseaux, Amazon et Google...

La disparition des librairies s'expliquent par des changements culturels (moins de jeunes lisent le livre "classique" et préfèrent le manga, quand ils lisent ?), des causes économiques (hausses vertigineuses des loyers à Paris, marges trop réduites -échec de la politique du prix unique ?), des modifications de consommation (accroissement des ventes de livres neufs ou d'occasion sur internet, développement du livre numérique) et des raisons locales (dispersion des étudiants du Quartier Latin, si j'ai bien compris). Il n'est pas besoin d'un Big Brother: une conjonction de facteurs parfois sans liens suffisent à éliminer les revendeurs traditionnels.
Malheureusement, Elaïna, je ne crois que ce soit une illusion créée par des souvenirs idéalisés. En une génération (25 ans), le Quartier Latin aura perdu son âme. Jamais je n'aurais pensé voir cette grande enseigne fermer. Elle s'était vraiment diversifiée. Qui la remplacera ?

Ruthven a écrit:
L'inflation du prix du livre, en tout cas en LSH, pousse aussi à passer par l'occasion sur le net.

En ce qui concerne les livres de mathématiques, si on excepte les manuels pour les prépas, la licence ou l'agrégation, prix et difficulté d'accès vont de pair.

Leclochard a écrit:

Iphigénie a écrit:C’est drôle (si on peut dire) ce fil à côté de l’autre sur la censure au XVIIe : aujourd’hui plus n’est besoin de censure il suffit de l’économie.
C’est la grande erreur des anticipations telles Big Brother: ce n’est pas le pouvoir politique( phagocyté par les intérêts économiques) qui est aujourd’hui dictature dans nos démocraties qui n’en sont plus vraiment ou plutôt dont le système n’est pas adapté à l’économie contemporaine. . La dictature aujourd'hui c’est le flicage à fins économiques  : big brother s’appelle réseaux, Amazon et Google...

La disparition des librairies s'expliquent par des changements culturels (moins de jeunes lisent le livre "classique" et préfèrent le manga, quand ils lisent ?), des causes économiques (hausses vertigineuses des loyers à Paris, marges trop réduites -échec de la politique du prix unique ?), des modifications de consommation (accroissement des ventes de livres neufs ou d'occasion sur internet, développement du livre numérique) et des raisons locales (dispersion des étudiants du Quartier Latin, si j'ai bien compris). Il n'est pas besoin d'un Big Brother: une conjonction de facteurs parfois sans liens suffisent à éliminer les revendeurs traditionnels.
Malheureusement, Elaïna, je ne crois que ce soit une illusion créée par des souvenirs idéalisés. En une génération (25 ans), le Quartier Latin aura perdu son âme.  Jamais je n'aurais pensé voir cette grande enseigne fermer. Elle s'était vraiment diversifiée. Qui la remplacera ?  

Ben oui c’est ce que je dis!...sans liens, quoique , toutefois : c’est plus un enchaînement....sans tomber dans l’obsession ça a un peu commencé dans les librairies mêmes avec la diminution rapide des rayons de lettres, d’abord classiques, puis les autres...

Concernant les algorithmes sur les sites de vente : l'achat n'est pas forcément pris en compte dans le système, mais même lorsqu'il est pris en compte, ça ne distingue pas les situations entre les achats forcément ponctuels et non répétables (je ne vais pas acheter deux sur-matelas pour mon unique lit par exemple, ni racheter un ordinateur quand je viens d'en acheter un) et les autres (si j'ai acheté Le Seigneur des Anneaux, il se peut que je sois intéressé par le Silmarillion ou Game of Thrones). Amazon me semble pas mal du tout du côté des recommandations au-delà de cet aspect. Pour moi, Amazon, c'est surtout intéressant pour trouver, voir directement la disponibilité, et acheter sans difficulté et rapidement des livres étrangers, notamment universitaires ou rares. Ensuite il y a aussi les CD, les films (je suis ringard, j'achète des CD, des DVD et des Blu-ray). Il faut dire qu'en dehors de Paris et des métropoles, à part s'il y a un magasin spécialisé, la musique classique, par exemple, c'est sur commande. Mais une chose est sûre, ce n'est pas la même chose de devoir traîner sur les sites et de parcourir des librairies et des boutiques d'occasion.