Tsundoku ou comment cumuler des piles de livres

Bonjour,

J'ouvre ce topic puisque, après recherche, il ne me semble pas d'en avoir trouvé un déjà ouvert sur le sujet.

Vous arrive-t-il, disons souvent, d'acheter d'autres livres même si vous n'avez pas lu tous ceux qui sont en attente sur les étagères de votre bibliothèque (ou cumulés en piles sur vos bureaux/sols)?

Disons que je lis environ 30-50% des livres que j'achète à chaque fois et que je range comme "non lus" ceux que je prévois de lire plus tard (ou même jamais) ; à votre avis est-ce grave de vouloir en acheter d'autres? Est-ce un signe de superficialité ou bien de curiosité intellectuelle?

J'ai beaucoup de livres non lus, mais j'ai envie de faire une commande à mon libraire de confiance (qui livre en France d'Italie) pour acheter des classiques, est-ce déraisonnable (sachant que j'ai un peu plus qu'une vingtaine de livres non lus)?

Si quelqu'un d'autre souffre de Tsunodku, terme japonais qui désigne cette "bibliomanie" à distinguer de la bibliophilie, à savoir donc lire moins de livres qu'on n'en achète, pourrait-il apporter son témoignage?

Je les accumule. J'ai des phases où j'achète beaucoup plus que je ne lis, typiquement pendant les rentrées littéraires.
Et des phases où je me dis qu'il faut diminuer les piles de livres (mais pendant lesquelles je continue à en recevoir, donc ce n'est pas toujours hyper efficace).

Pendant le confinement, je n'en achète pas et je suis bien contente d'en avoir accumulé autant, mais je fais une liste d'ouvrages à acheter à la réouverture des librairies.

"Vous arrive-t-il de... ?" : je pense que la formulation n'est pas tout à fait adaptée.

"Vous arrive-t-il de ne pas... ?"
Oui, il m'arrive, parfois, quand je n'ai pas le temps de sortir (ou pas le droit, comme en ce moment) de ne pas acheter de nouveaux livres alors que je suis loin d'avoir lu tous ceux que j'ai déjà. Et il m'arrive, parfois, de ne pas ajouter de l'empilement à l'empilement.

Mais sincèrement, c'est rare.

Mon arrière-grand père entassait dans son garage, entre autres choses, les chocolats (et saucissons) offerts années après années. A sa mort, quarante ans de chocolats (et de saucissons) retrouvés. C'était la peur de manquer.

Ben nous avons la peur de manquer, c'est tout. Y'a pas de honte.

Les livres se conservent mieux que le chocolat. :lol:

Merci de me réconforter : je ne suis pas le seul et ne suis pas fou!
Et merci aussi de vos témoignages (en particulier tendre et très vrai dans sa puissance d'image celui de @Dalva)!

Cela me paraît tout à fait normal.

(Je connais quelqu'un qui ne lira jamais tout ce qu'il achète et qui en plus achète en plein d'exemplaires ce qu'il a lu et aimé pour les prêter ou les donner.)

Theriakos96 a écrit:Bonjour,
Vous arrive-t-il, disons souvent, d'acheter d'autres livres même si vous n'avez pas lu tous ceux qui sont en attente sur les étagères de votre bibliothèque (ou cumulés en piles sur vos bureaux/sols)?

Toujours !

Je crois que je passerai ma commande à mon libraire, de ce pas...

Merci pour ces retours intéressants!

J'ai au moins 200 livres en attente sur ma liseuses. Ça compte ?

Oui bien sûr, j'achète beaucoup (essentiellement d'occasion, surtout maintenant que Vinted a un onglet livres), et on m'en prête aussi pas mal. Généralement les livres non lus sont en pile (et en équilibre précaire) sur ma table de nuit, sauf les polars entassés dans une étagère à part dans mon garage. J'aime bien avoir un stock de trucs à lire pour avoir le choix.

Rien qu'en anglais, j'ai une bonne centaine de livres achetés et pas encore lus (mais ils sont tout de même sur des étagères, pas empilés par terre). En français, je n'ai pas compté mais j'ai de quoi lire pendant un bon moment. Il y en aussi plusieurs (une dizaine ?) sur ma liseuse et une bonne centaine "mis de côté" dans mon panier amazon (beaucoup ne sont pas disponibles en ce moment à cause du confinement car ils sont vendus par des libraires indépendants via amazon) et je suis abonné à une newsletter du Guardian: "bookmarks". Chaque semaine je reçois un email qui recense tous leurs articles sur les livres publiées pendant la semaine écoulée, ce qui me donne en général envie d'en acheter un ou deux (je fais des captures d"écran pour me souvenir des titres), j'écoute également chaque semaine deux émissions anglaises consacrées aux livres (et bien évidemment je note des titres).

Mais en fin de compte je lis assez peu depuis quelques années, merci Internet, et depuis le début du confinement j'ai du mal à décrocher des infos, mais hier j'ai lu un peu sur mon balcon en fin d'après-midi. Ma PAL ne diminue donc que très, très lentement.

J'apprends un mot! Et découvre que je suis tsundokiste à mort. Toujours des livres en attente, ce qui n'empêche aucunement des achats d'autres livres. Mon bonheur: des piles de livres partout, des bibliothèques partout, des étagères partout. Le cocooning livresque c'est royal. J'ai plein de livres encore non lus, pourtant je viens de craquer pour le dernier Murakami. C'est comme ça, c'est puissant. Et encore, je suis restée sage: un seul roman c'est peu (mais dans le supermarché du coin aussi je ne me suis pas attardée et j'ai un peu flippé mais après tout je portais des gants et le roman est encore en confinement dans le garage!).
Je suis capable d'entrer dans une librairie, de la traverser en titubant parce que trop de livres à porter et chargée comme un sherpa, puis de m'affaler près de la caisse les cheveux en pétard et cramoisie par l'effort. En général c'est là que l'on me propose des exemplaires gratuits, que j'ai déjà lus, qui ne m'intéressent pas, ou qui me chargent encore plus  :sourit:
Je valide la peur de manquer évoquée par Dalva.
J'ajoute, pour rester dans des tons orientaux, que je qualifierais cela à la façon d'un titre des Rita Mitsouko, c'est-à-dire pour moi: cool frénésie!!

C'est une maladie assez répandue et encore plus sur un forum de professeurs j'imagine. Mais pour citer imparfaitement Umberto Eco: imaginons l'horreur d'une bibliothèque où tous les livres auraient été lus ? Savourons aussi notre chance de vivre dans une société d'abondance livresques, en nombres de titres et en facilité d'accès (même si je dois avouer que ça procure aussi du stress et de l'anxiété: quand vais-je réussir à lire tous ces livres ?)

C'est pareil pour mes listes Netflix et Amazon prime Video: à voir plus tard. Oui, mais quand ?

Caspar a écrit:C'est une maladie assez répandue et encore plus sur un forum de professeurs j'imagine. Mais pour citer imparfaitement Umberto Eco: imaginons l'horreur d'une bibliothèque où tous les livres auraient été lus ? Savourons aussi notre chance de vivre dans une société d'abondance livresques, en nombres de titres et en facilité d'accès (même si je dois avouer que ça procure aussi du stress et de l'anxiété: quand vais-je réussir à lire tous ces livres ?)

C'est pareil pour mes listes Netflix et Amazon prime Video: à voir plus tard. Oui, mais quand ?

C'est le tonneau des Danaïdes: une vie n'y suffit pas, c'est ce qui rend l'entreprise à la fois précieuse, belle et cruelle

Oui... En tout cas, la peur de manquer de lecture ne passera pas par moi pendant ce confinement.

Moi non plus!!

La peur de manquer, non ! Mais le livre universitaire inaccessible alors que c'est MAINTENANT que j'en ai besoin parce qu'il vient compléter le cours, l'article que j'étudie, OUI ! Et pourtant j'ai de quoi lire et relire pour le restant de mes jours.

J'ai des livres appartenant à mes parents, des livres que je dois lire récupérés en vide-grenier / brocantes / succession.....j'évite d'acheter pour ne pas lire mais c'est a regret ! La médiathèque aide beaucoup pour ça !

Par contre, donner un livre m'est difficile. Prêter même. J'ai aussi un carnet pour noter d'éventuelles lectures / achats et je viens juste de dépoussiérer + ranger mes étagères de bureau.

Theriakos96 a écrit:Vous arrive-t-il, disons souvent, d'acheter d'autres livres même si vous n'avez pas lu tous ceux qui sont en attente sur les étagères de votre bibliothèque (ou cumulés en piles sur vos bureaux/sols)?

Oui. Déjà chaque fois que je rentre dans une bouquinerie je ressors avec plusieurs livres. À la louche je dirais que j'ai une centaine de livres dans ma bibliothèque que je n'ai pas lu.

Bon ben … Moi aussi je suis ça alors. C’est toujours rassurant de voir qu’il y a un mot pour parler de quelque chose « dont on souffre » ! Ça veut dire que le prochain qui me fait une remarque je peux lui montrer que ce n’est pas un comportement qui m’est réservé.
Chez moi cela entraîne parfois une forme de culpabilité … Mais bon, je me suis aperçue en fait que les périodes où je n’avais aucune idée / envie de livres à acheter étaient en fait mes périodes les plus tristes. Quand je trouve un titre, c’est une promesse de moment de bonheur à venir. Et Dieu sait du coup qu’il y a des promesses chez moi…

Vous me soulagez ! A votre avis, pourquoi?

lagoulue a écrit:Chez moi cela entraîne parfois une forme de culpabilité …

C'est le même sentiment chez moi, je souffre pour cela mais je ne peux pas m'en empêcher...ce serait intéressant d'enquêter en profondeur la chose.

Moi je crois que souvent je m’ennuie, notamment dans les conversations et la vie de tous les jours… Dans un livre je trouve une compensation : la richesse des mots, des idées, des histoires. Et comme dit avant, quand j’entends parler d’un titre qui pourrait me plaire, je ne résiste pas, car c’est une promesse de bon moment à venir : il me le faut là, chez moi. C’est quand même un peu pathologique je sais ! Et la culpabilité vient de là. Je sens bien qu’il y a quand même un truc un peu compulsif. Après je me dis que si on cherchait bien, on trouverait chez tous un petit « vice » caché …  Et que celui-là n’est pas le pire qui soit…

Theriakos96 a écrit:Vous me soulagez ! A votre avis, pourquoi?

Chez moi cela entraîne parfois une forme de culpabilité …

C'est le même sentiment chez moi, je souffre pour cela mais je ne peux pas m'en empêcher...ce serait intéressant d'enquêter en profondeur la chose.

Je ne comprends pas pourquoi cela vous fait souffrir de posséder des objets agréables à manipuler (perso je kiffe l'odeur du papier et le livre numérique n'est pas pour moi), parfois magnifiques, qui plus est qui contiennent des tonnes d'informations susceptibles de nous faire rêver ou réfléchir, de nous ouvrir à d'autres mondes, qui sont des marqueurs de vie (comme les chansons, on se souvient des moments forts, ce sont de vraies rencontres) et qui cerise sur le gâteau contribuent à forger notre univers à la fois mental et esthétique (ah les rayonnages des grandes bibiothèques! les gens qui n'ont pas de livres chez eux me paraissent toujours suspects).
Si on les lit, s'ils nous font du bien, s'ils nous entourent comme il faut, pourquoi se demander si c'est bien ou mal?
Il s'agit certainement d'une forme d'addiction mais pour moi une chose est sûre: mes livres, c'est moi. Pas touche!! Je n'aime pas les prêter, et j'aime les posséder. C'est une forme de mono-manie mais c'est tellement ancré en moi que si l'on m'enlevait les livres je me sentirais bien démunie (même si ojectivement si je devais subir un incendie par exemple, je n'emporterais que les "Lettres à un jeune poète" ce serait suffisant je crois).
Entrer dans une librairie pour moi c'est comme entrer dans une pâtisserie, la culpabilité en moins Dévorer, mais autrement! Aucune souffrance là-dedans!!

Je ne culpabilise pas non plus, il y a pire comme addiction.

En période de confinement, l'intérêt d'avoir une plie de livres n'attendant qu'à être lus se révèle parfaitement.