Doctorat en lycée

Bonjour à tous,

Il se peut que ma question ait déjà été posée, dans ce cas je vous prie de m'en excuser. Mais jusqu'à présent, je n'ai pas trouvé de réponse précise à ma question. Elle est simple. J'enseigne l'Histoire-Géo en lycée. Tout en enseignant, je prépare une thèse. Je me demandais si le doctorat, une fois la thèse soutenue, apportait une (petite) bonification de salaire.

Merci de bien vouloir m'éclairer.

Bonne journée !

Non, absolument rien.

Bonjour,

Non, rien du tout, tu as juste droite à l'admiration béate de ta maman et au soulagement de ton chien qui en avait un peu marre, de manger tes feuilles ratées.

Hadrien R. a écrit:Bonjour à tous,

Il se peut que ma question ait déjà été posée, dans ce cas je vous prie de m'en excuser. Mais jusqu'à présent, je n'ai pas trouvé de réponse précise à ma question. Elle est simple. J'enseigne l'Histoire-Géo en lycée. Tout en enseignant, je prépare une thèse. Je me demandais si le doctorat, une fois la thèse soutenue, apportait une (petite) bonification de salaire.

Merci de bien vouloir m'éclairer.

Bonne journée !

Je répondrai en trois mots :

Ah. Ah. Ah.

Pas si tu es titulaire, mais peut-être si tu es contractuel dans certaines académies.

Merci beaucoup, au moins c'est plus clair ainsi. Mais nous avons l'habitude de travailler pour des prunes, n'est-ce pas ? :|

Plus sérieusement : avoir soutenu (ou être en train de faire ton doctorat) t'ouvrira peut-être des portes pour faire des vacations à la fac, des colles en prépa, être jury de concours... ce qui rapporte un peu de thunes. Mais tu vas bosser plus, aussi !

Et quand je dis un peu de thunes, faut pas s'attendre non plus au Pérou hein.
Pour te donner une idée : une heure de vacations dans l'établissement où j'exerce depuis dix ans, c'est 50 euros bruts, 40 euros nets.
Les colles en prépa : j'ai fait un petit compte à l'emporte-pièce, c'était relativement facile de compter cette année vu que j'ai reçu ma paie en une seule fois (hum... j'adore être payée en juin pour du boulot fait en octobre...). En moyenne, ça me rapporte 30 euros de l'heure.

De tout cela, je déduis les frais de transports (tu es vacataire, donc on ne prend pas en charge tes frais) et bien sûr les frais de garde de mes enfants qui sont jeunes - ça, ce sera différent l'an prochain, car ils commencent à être assez autonomes, donc ils resteront à la maison avec mon mari en télétravail. Mais niveau colles, jusqu'à cette année, en déduisant tous ces frais, je tombais à 15 euros de l'heure.

Conclusion : si tu veux des thunes, prends des heures sup' dans ton bahut.

Merci bien Elaïna pour ces différentes précisions. En fait, j'accomplis déjà des vacations à la fac. Et, comme tu le dis, ce n'est pas grassement rémunéré. D'ailleurs, je n'ai été payé de mon premier semestre que le mois dernier... Quant à la bonification doctorale, je l'oublie. Je n'attendais pas grand chose de l'EN, mais je suis quand même déçu. :sourit:

Et ajoute à ça toutes les petites mesquineries des administrations pour lesquelles tu vas bosser.
Un exemple tout frais : je suis jury de concours (écrit). Cette année, comme les corrections sont décalées sur les vacances, les établissements qui participent à la banque des épreuves littéraires versent une prime de pénibilité de 200 euros à leurs correcteurs (chaque établissement "fournit" des correcteurs, même si ça n'a aucun impact sur la provenance des copies quand on corrige) en plus du paiement habituel à la copie. Tous, sauf celui pour lequel je bosse. C'est mesquin mais très courant.
Autre exemple : j'ai corrigé des copies pour une boîte à concours à distance bien connue. Quand tu es titulaire chez eux, ils te remboursent les frais d'expédition du paquet de copies (en suivi, pesant lourd, donc facilement 10 euros). Quand tu es vacataire, c'est à ta charge. Et hop tu déduis 10 euros par paquet.
Des mesquineries comme ça, j'en ai une liste longue comme le bras.

Cléopatra2 a écrit:Pas si tu es titulaire, mais peut-être si tu es contractuel dans certaines académies.

Oui c'est juste, je me souviens qu'à Créteil, j'avais une bonification de rémunération en tant que contractuel qui n'était pas négligeable. En revanche, quand j'ai été titularisé, et malgré le reclassement, j'y ai beaucoup perdu en termes de salaire. Il m'a fallu plusieurs années pour retrouver le même niveau de rémunération.

Elaïna a écrit:Les colles en prépa : j'ai fait un petit compte à l'emporte-pièce, c'était relativement facile de compter cette année vu que j'ai reçu ma paie en une seule fois (hum... j'adore être payée en juin pour du boulot fait en octobre...). En moyenne, ça me rapporte 30 euros de l'heure.

Ce sont des classes à petits effectifs, je suppose ? Car autrement, c'est plutôt 45/50€ par heure, dans mon souvenir ?
De même, certains lycées payent bien plus régulièrement les colles. J'ai l'impression que ça dépend des administrations.

Ce qui n'enlève rien au fait que ce n'est pas le Pérou ni Golconde.

(Désolé pour le double message).

Faire un doctorat au lycée, ça coûte plutôt que ça ne rapporte. Surtout depuis l'augmentation des frais d'inscription et l'ajout de 90€ de CVEC, ça coûte presque 500€ de réinscription chaque année...

bobdom a écrit:

Elaïna a écrit:Les colles en prépa : j'ai fait un petit compte à l'emporte-pièce, c'était relativement facile de compter cette année vu que j'ai reçu ma paie en une seule fois (hum... j'adore être payée en juin pour du boulot fait en octobre...). En moyenne, ça me rapporte 30 euros de l'heure.

Ce sont des classes à petits effectifs, je suppose ? Car autrement, c'est plutôt 45/50€ par heure, dans mon souvenir ?
De même, certains lycées payent bien plus régulièrement les colles. J'ai l'impression que ça dépend des administrations.

Ce qui n'enlève rien au fait que ce n'est pas le Pérou ni Golconde.

Non, gros effectifs (55 élèves en 2e année et 45 en hypo). Dans un gros lycée parisien du quartier latin.
Je pourrais gagner plus en pratiquant les colles en trinôme (je ferais alors passer trois élèves par heure au lieu de deux) mais la colle en trinôme en histoire me paraît une aberration sans nom (et le prof pour qui je colle fait pareil).

Je suis d'accord pour la colle en trinôme, ça n'aurait pas grand sens. Mais quand même, tu te retrouves à faire plus d'heures au même tarif...
N'est-il pas possible de réduire la durée de passage à 20 minutes pour faire passer 3 élèves par heure ?
Dans l'idéal, il faudrait que le lycée abonde en heures de colles. Mais bon, on peut rêver !

De toute façon, l'EN, c'est pas le bon plan pour s'enrichir, c'est clair !!

bobdom a écrit:Je suis d'accord pour la colle en trinôme, ça n'aurait pas grand sens. Mais quand même, tu te retrouves à faire plus d'heures au même tarif...
N'est-il pas possible de réduire la durée de passage à 20 minutes pour faire passer 3 élèves par heure ?
Dans l'idéal, il faudrait que le lycée abonde en heures de colles. Mais bon, on peut rêver !

De toute façon, l'EN, c'est pas le bon plan pour s'enrichir, c'est clair !!

Certains le font, en histoire... moi je n'aime pas du tout et je trouve que ça met inutilement en concurrence des élèves qui le sont déjà bien assez comme ça.
La secrétaire des CPGE fait quand même une savante péréquation pour qu'on s'y retrouve un peu, mais le fait est qu'en pratiquant ainsi, j'y perds quand même. Réduire à 20 minutes, c'est faisable mais compliqué : les élèves doivent présenter un exposé de 15 minutes, donc ne laisser que 5 minutes de reprise/questions, c'est pas beaucoup.

Je vois. En effet. Pas de solution idéale !

bobdom a écrit:(Désolé pour le double message).

Faire un doctorat au lycée, ça coûte plutôt que ça ne rapporte. Surtout depuis l'augmentation des frais d'inscription et l'ajout de 90€ de CVEC, ça coûte presque 500€ de réinscription chaque année...

Les joies de l'impression de la thèse non pris en charge par le labo (j'ai payé la mienne de ma poche, 500 balles environ de mémoire, une amie n'a rien déboursé car tout a été financé par la fac). La retenue sur salaire si tu t'absentes et que ton chef a décidé d'être pénible (pas mon cas, mais je connais quelqu'un qui s'est vu imposer une journée sans solde pour sa soutenance...)

En tant que suppléant normalement ça rapporte un peu plus oui, tu es MA1 au lieu de MA2, mais dernièrement je crois qu'ils ont mis tout le monde au même salaire (celui des MA1).
Enfin ça c'est dans le privé, dans le public il y a peut-être toujours une différence (de 100 euros environ).

En tant que titulaire je crois que ça ne change rien (c'est ce que semblent confirmer les messages des collègues)

Mais il y a le savoir et la gloire

Si al repro de mon UFR ne l'avait pas imprimée ma thèse, je crois que j'aurais envoyé aux jury une version numérique avec un petit mot explicatif. C'est une aberration.

Je mesure chaque jour un peu plus ma chance d'avoir été thésard dans un labo mené par une chouette directrice...
Certaines académie classent un peu mieux les titulaires d'un doctorat contractuels, mais ce n'est pas toujours le cas.

Je fais partie des gens qui ont fait une thèse, dans de très bonnes conditions (contrat doctoral, contrats d'ATER) et qui déboulent ensuite en campagne de recrutement MCF dans un contexte de raréfaction des postes. Je viens d'être muté dans un collège rural du Nord, et mes proches hallucinent de voir que la thèse n'apporte rien en termes de points sur les lycées par exemple (sans même parler du salaire). Mais c'est comme ça, je ne dirai pas que ça ne sert à rien, puisque c'est ça permet d'être "peut-être" MCF un jour, ou prof de prépa apparemment selon les disciplines.

Le problème est que l'investissement est énorme et les résultats plus qu'incertains. Ce que je retiens de mon parcours c'est qu'il faut être très au clair sur les raisons pour lesquelles on fait ça, vraiment conscient du fait que le retour sur investissement sera potentiellement dur à obtenir. D'autant que si tu publies pas à côté de ta thèse, si t'organises pas des colloques, des journées d'études, des congrès, si t'enseignes pas à la fac en parallèle, tu seras mal barré pour un poste de MCF. Bref, je crois qu'on fait la thèse d'abord par passion, en tout cas en SHS, mais que la passion ne justifie pas tout et qu'on peut aussi faire autre chose de ses week-ends ! Et clairement, ça peut rapporter, mais pas de manière proportionnelle à l'investissement (et je ne parle pas du capital symbolique, là c'est autre chose). Comme le dit Elaïna, si on veut "rentabiliser" son temps, mieux vaut faire des heures supp.

Peut-être MCF, sous réserve de continuer à publier pour satisfaire le CNU et être qualifié... À côté de sa charge de prof.. .

Mais c'est possible de faire une thèse tout en exerçantau collège ou au lycée ? Vous n'êtes pas limités dans le temps ? Je ne connais que le système en sciences.
Même si cela peut paraître ingrat par rapport à l'investissement, cela ne me choque pas vraiment que cela ne soit pas pris en compte au collège et lycée. L'enseignement et la recherche bien que s'enrichissant sûrement réciproquement sont deux domaines différents lenfin  de ce que je connais toujours en sciences. On ne tient pas compte du fait d'être ingénieur ou médecin ou pharmacien...non plus.

Il y a toujours eu, en lettres, des professeurs doctorants. La temporalité n'est pas la même qu'en sciences. En lettres et sciences humaines, c'est souvent 5 ans, une thèse, voire plus. Il n'y a pas de contradiction à faire une thèse en enseignant, mais il faut faire une croix sur beaucoup de week-ends et vacances, même en étant bien organisé...

La thèse est un titre lié à une discipline : thèse de lettres modernes pour un enseignant de lettres modernes, ça atteste normalement de qualités disciplinaires. Le fait qu'il n'y ait aucune prise en compte de tout ce travail, que ce soit financièrement ou par l'intermédiaire de points pour avoir un lycée, est tout de même désolant. Mais guère surprenant !

Je me rends compte que je le concevais pas du tout ainsi. Pour moi thèse=recherche donc demande des compétences vraiment particulières et pointues mais qui ne recouvrent pas celles nécessaires à l'enseignement. C'est peut être une vision biaisée due aux sciences ou simplement erronée.
(Comme je pense toujours these rémunérée).

Sans doute les choses sont-elles différentes en sciences.

Pour ce qui est des lettres, c'est sûr que le contenu d'une thèse n'a pas grand chose à voir avec le contenu de l'enseignement au quotidien. Mais l'exigence et la curiosité intellectuelle liés à une thèse peuvent constituer un apport intéressant pour un enseignant, même si bien sûr elle ne font pas le pédagogue. Il y a aussi la perspective (très très incertaine) de devenir MCF : en lettres, une bonne partie passe par quelques années de secondaire pour attendre leur tour, tant les postes sont rares. Bien sûr, il y a toujours quelques uns qui obtiennent très vite un poste sans passer par la case EN, tout dépend du réseau, du sujet de thèse, de l'alignement des planètes...

C'est pour ça que privilégier une affectation en lycée pour les thésards paraît logique par rapport au collège, par exemple. Le gouffre serait alors (un peu) moins grand, et les compétences un peu moins mal employées. Après, ce que j'en dis...