Salaires, retraite : le jour où Macron a enterré les espoirs enseignants

dita a écrit:Ce que je vois, c'est que Macron est prêt à reculer pour les cheminots, les soignants à l'hôpital, les policiers. Nous, non n'aura rien, c'est normal, on ne dit rien.

C'est on ne peut plus clair. Cette infamie va permettre de transformer les enseignants en chasseurs d'hsa, histoire d'avoir eux aussi quelques "primes" pour limiter la casse. Et comme une hsa est moins payée qu'une heure ordinaire dans le monde merveilleux de l'eduk nationale... Et comme les enseignants du primaire n'ont aucune hs payée...
Si on ne bloque pas le pays en cessant toute garderie, ce sera marche et crève, pour pas un rond.

Tu as tellement raison Hora, prendre des hsa et accepter le poste pp permet de vivre correctement dans certaines situations: quand on a suffisamment d'échelons ou qu'on ne vit pas en rp par exemple. Le ministre et Delevoye reconnaissent ne pas pouvoir ou plutôt ne veulent pas augmenter les salaires pour des raisons impossibles à changer: leur vision néo-libérale en fait. Toute augmentation est conditionnée par l'acceptation des conditions de travail dégradées: hsa qui sont moins bien payées , exemple de la prime seine-saint-denis où on accepte les conditions  de travail telles quel pendant 5 ans pour 10000 euros en une fois. Après, on dira qu'il vaut mieux en rire qu'en pleurer mais j'ai du mal à accepter d'être mené à l'abattoir avec le sourire.

Spoiler:

Puisque vous évoquez les HSA qu'il faut faire pour tirer un salaire décent...
Les HSA ne sont pas la préoccupation principale lors des discussions entre gouvernement et syndicats mais avec le basculement souhaité vers la retraite à points, j'aimerais bien connaître le projet de calcul de Bercy sur les HSA :
- on reste au misérable net actuel (il faut donc sacrément renchérir le brut car il devra prendre en compte la cotisation retraite)
- on reste au misérable brut actuel et on en retire la cotisation retraite et là...

Il y aurait bien une troisième solution : on harmonise avec le droit du travail dans le privé et on paie une Heure Sup 10% ou 25% de plus qu'une heure normale. Mais évidemment, avec des syndicats qui ont applaudi la suppression de la prime pour la 3ème HSA, c'est exclu ...

mathmax a écrit:Il y aurait bien une troisième solution : on harmonise avec le droit du travail dans le privé et on paie une Heure Sup 10% ou 25% de plus qu'une heure normale. Mais évidemment, avec des syndicats qui ont applaudi la suppression de la prime pour la 3ème HSA, c'est exclu ...

Ils n'ont pas tous applaudi mais oui, j'ai exclu cette possibilité vu la façon de négocier des syndicats majoritaires.
"L'heure sup c'est le mal, ça prive d'autres du statut de fonctionnaire", c'est un positionnement (qui n'est pas payant depuis 20 ans...).

Euh mathmax, j'aimerais être payée correctement sans pour autant m'ajouter des heures de préparation de cours, de cours, de corrections avec des classes en plus.

Un montant des heures sup conforme au Code du travail permettrait surtout de rendre rentable la conversion d'heures sup en heures poste.

C'est sûr, mais ce n'est pas intéressant pour ceux qui payent, et comme il me semble qu'ils sont assez copain avec ceux qui font les lois...

Mathador a écrit:Un montant des heures sup conforme au Code du travail permettrait surtout de rendre rentable la conversion d'heures sup en heures poste.

C'est ce que je défends depuis longtemps comme tactique...
Celle adoptée a donné deux HSA non refusables sous-payées et le traitement de base a été mangé lui aussi.

Madame_Prof a écrit:Euh mathmax, j'aimerais être payée correctement sans pour autant m'ajouter des heures de préparation de cours, de cours, de corrections avec des classes en plus.

Et ? Tu es mieux payée depuis que cette prime pour la 3ème HSA a été supprimée ? C'est une chimère de penser que le salaire de base va être revalorisé si les HSA sont moins payées.  En revanche, moins les HSA sont rémunérées, plus l'état y a recours, et moins il est  incité à créer des postes, c'est logique de sa part. De plus les syndicats qui ont entériné cette mesure ont laissé entendre que ce n'est pas bien fatigant de faire des heures sup, puisque plus on en fait moins on a besoin de les payer cher.

ar_angar a écrit:C'est sûr, mais ce n'est pas intéressant pour ceux qui payent, et comme il me semble qu'ils sont assez copain avec ceux qui font les lois...

Cherchons ensemble les anciens chefs syndicaux désormais membres du Conseil Economique et Social :

https://www.lecese.fr/decouvrir-cese/conseillers?page=1

Les membres du CESE touchent une indemnité égale au tiers de l’indemnité parlementaire soit 1 838,23 €. En y ajoutant 1 893,38 € d'indemnité représentative de frais et 55,15 € d'indemnité de résidence, le total est de 3 786,76 € bruts mensuels.

Faut être gentil pour cumuler cette prébende avec sa pension de retraite.

D'accord avec Mathmax.

Il faut aussi tenir compte du fait que les concours ne font plus le plein, ce qui est flagrant depuis la réforme Chatel. On peut transformer les heures supplémentaires en heures postes, mais si c'est pour pourvoir ces postes à coups de vacataires recrutés au petit bonheur la chance via Pôle emploi ou Le Bon Coin, je ne vois pas bien l'intérêt. Il serait temps que le logiciel de certains collègues et syndicats évolue, au lieu de rester bloqué il y a 10 ou 15 ans.

Quand j'ai commencé à enseigner à l'université, le cours de CAPES avait lieu en amphi et il y avait entre 80 et 100 étudiants. Cette année, j'en ai seulement 18 (LC + LM). Il y a une autre prépa CAPES dans l'académie, qui tourne à… 4 étudiants. Donc 22 futurs profs, LM et LC confondus, pour une académie qui couvre 5 départements – sans compter la ponction habituelle sur les nouveaux contingents afin de parer au plus pressé à Créteil. L'an dernier, la semaine de la rentrée de septembre, le rectorat de notre académie avait 140 classes sans professeur de français (je n'ai pas les chiffres pour cette année, mais ça ne doit pas être beaucoup plus glorieux).

En conséquence, refuser que les heures supplémentaires soient mieux payées ou refuser la prime pour les 3 heures supplémentaires, ça revient juste à s'auto-flageller. Le gouvernement n'en demande pas tant !

Tes chiffres sont effrayants.

@e-Wanderer : les effectifs étaient du même ordre l'an passé ? Combien de temps une prépa à 4 étudiants peut-elle rester ouverte ?

Cath a écrit:Tes chiffres sont effrayants.

Moi je dirais  plutôt rassurants. Les jeunes ont bien compris qu'exercer 42 ou 43 ans ce boulot dénigré, mal payé, dans des conditions souvent difficiles,  avec au bout une future retraite misérable, ben ça vend pas du rêve et il y a plein de jobs qui seront plus intéressants.  Peut-être faudrait-il qu'il n'y ait plus du tout de candidats au concours pour une éventuelle réaction de nos dirigeants, mais ne rêvons pas.

muon a écrit:

Cath a écrit:Tes chiffres sont effrayants.

Moi je dirais  plutôt rassurants. Les jeunes ont bien compris qu'exercer 42 ou 43 ans ce boulot dénigré, mal payé, dans des conditions souvent difficiles,  avec au bout une future retraite misérable, ben ça vend pas du rêve et il y a plein de jobs qui seront plus intéressants.  Peut-être faudrait-il qu'il n'y ait plus du tout de candidats au concours pour une éventuelle réaction de nos dirigeants, mais ne rêvons pas.

Le principe même du concours sera aboli avant ! Nous ne faisons pas partie des fonctions régaliennes, certains politiques (de droite) le rappellent régulièrement depuis plus de 10 ans.

Bouboule a écrit:@e-Wanderer : les effectifs étaient du même ordre l'an passé ? Combien de temps une prépa à 4 étudiants peut-elle rester ouverte ?

L'an dernier, j'avais 25 étudiants, il y a eu 2 abandons en cours de route et tout le monde a eu son concours, même les très mauvais. Cette année, le niveau me semble beaucoup plus satisfaisant. Le pire, c'était il y a deux ans, un groupe vraiment très très faible…

Pour la prépa CAPES à 4 étudiants, c'est un choix de l'université en question : on peut choisir de sanctuariser une filière aussi importante, quitte à faire des coupes ailleurs (options etc.). Le ministère, qui a un besoin cruel de chair à canon, couvre sans doute assez facilement ce genre de choix, d'autant que la formation des futurs professeurs reste quand même dans l'ADN des facs de lettres. Dans mon université, nous avons fait la même chose pour certains cours de lettres classiques afin de préserver coûte que coûte un parcours disciplinaire digne de ce nom (c'est un vrai atout pour l'avenir car les filières LC ferment en France les unes après les autres), ou pour la prépa agreg qui tire l'ensemble du système vers le haut (on a entre 6 et 10 étudiants, et cette formation mobilise deux postes et demi d'enseignants-chercheurs : ça fait hurler les autres départements, type sciences du langage, mais eux aussi ont des spécialités coûteuses, type lange des signes etc.). Tout ceci est un rapport de forces, il faut apprendre à négocier, parfois à taper du poing sur la table, ou bien on mutualise certains cours avec le master, ou les cours de version avec la prépa CAPES de l'UFR de langues vivantes. On développe aussi des échanges avec des pays comme la Chine : quand on fait payer 5000 ou 6000 € de droits d'inscription au lieu de 350, ça permet de faire valoir qu'on a des ressources propres et de sauver des postes et des formations menacées.

Si je compte bien, il y aura donc encore moins de reçus dans votre académie cette année :-(

(OK pour la politique de filières.)

Cleroli a écrit:

muon a écrit:

Cath a écrit:Tes chiffres sont effrayants.

Moi je dirais  plutôt rassurants. Les jeunes ont bien compris qu'exercer 42 ou 43 ans ce boulot dénigré, mal payé, dans des conditions souvent difficiles,  avec au bout une future retraite misérable, ben ça vend pas du rêve et il y a plein de jobs qui seront plus intéressants.  Peut-être faudrait-il qu'il n'y ait plus du tout de candidats au concours pour une éventuelle réaction de nos dirigeants, mais ne rêvons pas.

Le principe même du concours sera aboli avant ! Nous ne faisons pas partie des fonctions régaliennes, certains politiques (de droite) le rappellent régulièrement depuis plus de 10 ans.

Le jour où il n'y aura plus de concours, on risque d'aller vers des déserts éducatifs, à l'image des déserts médicaux. Dans ma région , des collèges ou lycées ruraux ne trouvent pas de contractuels depuis la rentrée, la première ville universitaire étant très loin. Je suppose que dans certains coins de banlieue le problème est le même, pour d'autres raisons. Les règles d'affectation des concours permettent au moins une répartition à peu près homogène sur tout le territoire; un système de contractualisation aggraverait les inégalités selon moi, mais Bercy s'en fout, je sais.

Dans mon établissement, une classe de 1re a 10h de cours non assurés par semaine depuis la rentrée, dans les 3 matières à plus fort coefficient. Bac en janvier. 

Remarquez, quand y'aura des déserts éducatifs, on pourra profiter de la détresse des familles en offrant des cours particuliers à plusieurs centaines d'euros l'heure.
Créneau d'avenir.

Je n'ai pas encore prospecté, mais je pense qu'on peut d'ores et déjà trouver des clients pour des cours particuliers de mathématiques avec des prix en hausse de 20 ou 30% par rapport à avant la réforme.

Jenny a écrit:Dans mon établissement, une classe de 1re a 10h de cours non assurés par semaine depuis la rentrée, dans les 3 matières à plus fort coefficient. Bac en janvier. 

Je m'éloigne du sujet : que font les parents ?

Bouboule a écrit:

Jenny a écrit:Dans mon établissement, une classe de 1re a 10h de cours non assurés par semaine depuis la rentrée, dans les 3 matières à plus fort coefficient. Bac en janvier. 

Je m'éloigne du sujet : que font les parents ?

Etablissement REP, beaucoup de familles qui maîtrisent mal le français. Une éducation "nationale" à deux vitesses en somme.

Jenny a écrit:

Bouboule a écrit:

Jenny a écrit:Dans mon établissement, une classe de 1re a 10h de cours non assurés par semaine depuis la rentrée, dans les 3 matières à plus fort coefficient. Bac en janvier. 

Je m'éloigne du sujet : que font les parents ?

Etablissement REP, beaucoup de familles qui maîtrisent mal le français. Une éducation "nationale" à deux vitesses en somme.

Oui, voilà, je m'en doutais un peu.

Pour Bismarck c'était 65 ans pas 60 ans (l'Allemagne/Prusse n'a jamais eu la retraite à 60 ans). Nous geignons mais nous ne faisons rien, nous acceptons tout sans rechigner voire en devançant les desiderata de nos bourreaux ( quand je vois chez moi la foire d'empoigne pour les heures supp, la course aux "projets paillettes", le déni de la réalité...). Arrêtons de faire vivre la bête, ne votons plus, n'exploitons plus nous aussi les autres ( acheter sur Amazon, voyager en low cost, prendre des Uber, aller en airbmachinchose.... les conditions de travail chez Ryanair sont parmi les plus dégueu qui soient, le système airbn entraine l'expropriation de vieux locataires pour faire du pognon, voir l'exemple connu de Barcelone où des gens ayant occupé le même appart 30 ou 40 ans se font jeter comme des malpropres pour permettre à certains de faire des "citybreaks", même sils ont toujours payé leur loyer rubis sur l'ongle!), soyons massivement dans la rue le 5 décembre. Macron a déjà reculé sur les cheminots ( le nouveau système ne appliquera qu'aux nouveaux entrants), sur les soignants, sur les avocats....mais nous on continue à pleurnicher tout en courbant l'échine, culpabilisation et infantilisation sont les 2 mamelles de l'EN et ça fonctionne furieusement bien pour l'instant....