- reveNiveau 9
Bonjour
j'aimerais monter une séquence en 3e sur le poids des mots, les mots qui blessent, les mots qui réconfortent, les mots qui encouragent, ... et je sèche un peu sur les textes !
je voulais utiliser notamment le poème d'Hugo tombé au brevet Amérique du Nord
mais ensuite ?
connaissez-vous des textes où sont abordés les idées de paroles prononcées qui ont blessé le personnage ou qui l'ont au contraire encouragé ?
merci d'avance pour vos idées !
j'aimerais monter une séquence en 3e sur le poids des mots, les mots qui blessent, les mots qui réconfortent, les mots qui encouragent, ... et je sèche un peu sur les textes !
je voulais utiliser notamment le poème d'Hugo tombé au brevet Amérique du Nord
mais ensuite ?
connaissez-vous des textes où sont abordés les idées de paroles prononcées qui ont blessé le personnage ou qui l'ont au contraire encouragé ?
merci d'avance pour vos idées !
- yranohHabitué du forum
Je pense aux paroles gelées du Quart Livre, au "C'est bien ça" de la pièce de Sarraute Pour un oui pour un non, au poème d'Hugo "Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites..." (c'est peut-être celui dont tu parles).
- isocèleNiveau 7
Le prologue de Cendrillon de J. Pommerat ?
- zigmag17Guide spirituel
Estr-ce que cela entre dans ta problématique? Je pense à la lettre adressée par Camus à son ancien instituteur, dans laquelle il le remercie de l'avoir encouragé.
Les mots qui blessent: je pense à Poil de Carotte.
Les mots qui blessent: je pense à Poil de Carotte.
- IllianeExpert
On peut éventuellement penser à un extrait d'Enfance lorsque Véra, la belle-mère, dit à Natacha qu'elle a été abandonnée (tiebia podbrossili en russe) : il y a toute une réflexion sur la sonorité rude du mot et l'effet qu'il a eu sur la jeune fille. Il y a également un passage un peu plus gai autour de soleil/solntze (Natacha joue avec ces deux mots), ou cette réflexion autour de la "peau de singe" de la mère - cette dernière n'arrive pas à "guérir" par des mots apaisants les "idées folles" de la petite fille... Enfin, il y a tout un tas de passages intéressants !
- yranohHabitué du forum
Ah, et cet extrait de La Vie est ailleurs :
- Spoiler:
- « Le poète naît »
Et l'âme de son fils ? N'était-ce pas son royaume ? Oh si, si ! Lorsque Jaromil prononça un mot pour la première fois et que ce mot fut maman, elle fut follement heureuse ; elle se disait que l'intelligence de son fils, qui se composait encore d'un seul et unique concept, n'était occupée que d'elle seule, et qu'à l'avenir cette intelligence allait croître, se ramifier et s'enrichir, mais qu'elle en resterait toujours la racine. Agréablement encouragée, elle suivit encore soigneusement toutes les tentatives de son fils pour acquérir l'usage de la parole, et, comme elle savait que la mémoire est fragile et que la vie est longue, elle acheta un agenda relié à couvert grenat et y inscrivit tout ce qui sortait de la bouche de son fils.
Donc, si nous nous aidons de son journal, nous constaterons que le mot maman fut bientôt suivi d'autres mots, et que le mot papa n'apparaît qu'à la septième place après les mots mémé, pépé, toutou, tutu, ouah-ouah et pipi. Après ces mots simples (dans le journal, ils sont toujours accompagnés d'un bref commentaire et d'une date), nous trouvons les premiers essais de phrase. Nous apprenons que, bien avant son deuxième anniversaire, il prononça : maman est gentille. Quelques semaines plus tard, il dit : maman aura panpan. Pour cette remarque, qu'il proféra après que maman eut refusé de lui donner du sirop de framboise avant le déjeuner, il reçut une fessée, après quoi il s'écria en pleurant : je veux une autre maman ! En revanche, une semaine plus tard, il fit à sa mère une grande joie en proclamant : j'ai la plus belle maman. Une autre fois il dit : maman je vais te donner un baiser sucette, par quoi il faut entendre qu'il tira la langue et se mit à lécher tout le visage maternel.
En sautant quelques pages, nous arrivons à une réflexion qui retient notre attention par sa forme rythmique. Son grand-père avait promis à Jaromil de lui donner un petit pain au chocolat, mais ensuite il avait oublié sa promesse et avait mangé le petit pain ; Jaromil se sentit grugé, se mit très en colère et répéta plusieurs fois : le grand-papa est vilain, ila mangé mon petit pain. En un certain sens, cette sentence est à rapprocher de celle déjà citée : maman aura panpan, mais cette fois-ci, on ne lui donna pas la fessée car tout le monde rit, y compris grand-papa, et ensuite on se répétait souvent ces mots en famille avec amusement, ce qui n'échappait évidemment pas au perspicace Jaromil. Celui-ci ne comprit sans doute pas alors la raison de son succès, mais, pour notre part, nous savon fort bien que c'est la rime qui le sauva de la raclée et que c'est de cette façon que lui fut révélé pour la première fois le pouvoir magique de la poésie.
D'autres réflexions rimées figurent dans les pages suivantes du journal, et les commentaires maternels montrent clairement que c'était là une source de joie et de satisfaction pour toute la famille. C'est ainsi, paraît-il, qu'il composa un portrait condensé de la bonne, Annette : la bonne Annette est comme une belette. Ou bien nous lisons un peu plus loin : on va dans les bois, le coeur est en joie. Maman s'imaginait que cette activité poétique était due, outre le talent tout à fait original que possédait Jaromil, à l'influence des poèmes enfantins qu'elle lui lisait en si grande abondance qu'il pouvait aisément croire que le tchèque se compose exclusivement de trochées, mais nous devons rectifier sur ce point l'opinion maternelle : plus important que le talent et que les modèles littéraires était ici le rôle du grand-père, esprit sobre et pratique et ardent ennemi de la poésie, qui inventait à dessein les distiques les plus sots et les apprenait en cachette à son petit-fils.
La Vie est ailleurs, de Milan Kundera, 1969
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