- The PaperHabitué du forum
Lecture méthodique => Les élèves retiennent les idées générales mais ne comprennent pas tel mot, telle ligne, tel paragraphe...
Lecture linéaire => Les élèves comprennent tel mot, telle ligne, tel... m'ouais, disons tel paragraphe, mais ne retiennent pas les idées générales.
Je caricature ?
Lecture linéaire => Les élèves comprennent tel mot, telle ligne, tel... m'ouais, disons tel paragraphe, mais ne retiennent pas les idées générales.
Je caricature ?
- IphigénieProphète
oui tout à fait :lol: :lol:
linéaire ne veut pas dire sans vision d'ensemble: au contraire, puisque même on ne peut faire du linéaire sans s'appuyer sur la structure d'ensemble dont il s'agit d'expliciter le sens en montrant comment chaque mot (dans l'idéal) participe à cet ensemble...un mot tout seul dans une lecture microscopique, c'est juste....un mot
De manière plus générale je me demande, à force de lire vos interrogations sur la nature de l'étude linéaire, et s'il est autorisé de parler se style (ben oui, c'est même le but, non? ) comment vous arriviez à faire des commentaires composés sans commencer par le linéaire, justement?
c'est un grand mystère pour moi: comment définir des axes sans avoir d'abord analysé le texte en détail?
linéaire ne veut pas dire sans vision d'ensemble: au contraire, puisque même on ne peut faire du linéaire sans s'appuyer sur la structure d'ensemble dont il s'agit d'expliciter le sens en montrant comment chaque mot (dans l'idéal) participe à cet ensemble...un mot tout seul dans une lecture microscopique, c'est juste....un mot
De manière plus générale je me demande, à force de lire vos interrogations sur la nature de l'étude linéaire, et s'il est autorisé de parler se style (ben oui, c'est même le but, non? ) comment vous arriviez à faire des commentaires composés sans commencer par le linéaire, justement?
c'est un grand mystère pour moi: comment définir des axes sans avoir d'abord analysé le texte en détail?
- PoupoutchModérateur
Ben pour moi, c'est juste complémentaire l'un de l'autre. En gros, c'est la même technique, sauf que certains textes se prêtent mieux à une analyse linéaire et d'autres mieux à un commentaire composé...
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Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- DesolationRowEmpereur
Ce n'est pas possible, et je te soupçonne de le savoir, Iphigénie.
- trompettemarineMonarque
Je suis souvent d'accord avec Iphigénie, et ... ça ne change pas.
Je ne comprends pas ce qui bloque : le mot "explication", le mot "linéaire" ?
Je trouve globalement, sauf pour certains textes qui peuvent mal s'y prêter (et encore), que nous avons beaucoup plus de liberté.
Il ne s'agit pas de lister des procédés et de citer le texte, mais toujours d'interpréter un texte.
Interpréter un texte n'est pas inné, on doit l'apprendre aux élèves, et l'interprétation passe par le sens des mots et par la façon dont ils sont utilisés (grammaire, figures de style). Rechercher un procédé c'est simple finalement ; interpréter, c'est plus difficile : le classement que l'on opérait dans la lecture analytique donnait parfois l'illusion d'une interprétation.
Bien sûr qu'il faut s'appuyer sur les procédés d'écriture : métaphore, comparaison, allitération, etc. On n'est pas obligé de parler d'aposiopèse dès qu'on voit des points de suspension.
Je veux bien partager (plutôt en m.p.) une explication linéaire (très basique) que j'ai faite avec des secondes et en discuter, mais les exemples des accompagnements me paraissent clairs.
Du côté des professeurs, il faut apprendre aux élèves à formuler l'explication des vers pour éviter d'avoir 1) la citation de deux lignes 2) puis une liste de procédés sur ces deux lignes ou une paraphrase de ces deux lignes. La réflexion sur la structure du texte, sur ses mouvements, sur l'avancée de la pensée doit permettre de ne pas tomber dans ces travers : on ne cite que les mots concernés par les procédés et l'objectif reste le dialogue avec le texte grâce à l'interprétation. D'ailleurs, un mauvais texte ne supporte pas l'explication linéaire.
Se demander toujours pourquoi ce mot et pas un autre, pourquoi cette place et pas une autre, c'est passionnant (et permet de dépasser le simple déballage de "ressentis" (beurk) qui servait parfois -je caricature- de base unique à l'explication); cela permet un dialogue avec l'émotion esthétique ou autre que procure la lecture d'un texte. Parfois, cette émotion n'arrive qu'à la fin de l'explication, et c'est peut-être mieux, l'émotion n'est plus forcément un préalable (même si elle peut l'être).
Ce que je ne comprends pas, c'est que l'explication linéaire est celle qui est demandée aux concours. Pourquoi vous désarçonne-t-elle ?
Elle facilite le questionnement, permet de de ne se raccrocher qu'au texte et pas à une méthode qui serait une panacée.
Partez avec chaque texte à la recherche d'un trésor, ce sont les mots du texte qui vous donnent les indices et qui vous guident.
Je cite à nouveau un texte que j'aime beaucoup : il s'agit des premières lignes d'un roman policier. Remplacez le mot "historien" par "traducteur" pour un professeur de lettres classiques, ou par "lecteur" pour la lecture. Je pense qu'il permet de comprendre l'esprit d'une explication.
Je ne comprends pas ce qui bloque : le mot "explication", le mot "linéaire" ?
Je trouve globalement, sauf pour certains textes qui peuvent mal s'y prêter (et encore), que nous avons beaucoup plus de liberté.
Il ne s'agit pas de lister des procédés et de citer le texte, mais toujours d'interpréter un texte.
Interpréter un texte n'est pas inné, on doit l'apprendre aux élèves, et l'interprétation passe par le sens des mots et par la façon dont ils sont utilisés (grammaire, figures de style). Rechercher un procédé c'est simple finalement ; interpréter, c'est plus difficile : le classement que l'on opérait dans la lecture analytique donnait parfois l'illusion d'une interprétation.
Bien sûr qu'il faut s'appuyer sur les procédés d'écriture : métaphore, comparaison, allitération, etc. On n'est pas obligé de parler d'aposiopèse dès qu'on voit des points de suspension.
Je veux bien partager (plutôt en m.p.) une explication linéaire (très basique) que j'ai faite avec des secondes et en discuter, mais les exemples des accompagnements me paraissent clairs.
Du côté des professeurs, il faut apprendre aux élèves à formuler l'explication des vers pour éviter d'avoir 1) la citation de deux lignes 2) puis une liste de procédés sur ces deux lignes ou une paraphrase de ces deux lignes. La réflexion sur la structure du texte, sur ses mouvements, sur l'avancée de la pensée doit permettre de ne pas tomber dans ces travers : on ne cite que les mots concernés par les procédés et l'objectif reste le dialogue avec le texte grâce à l'interprétation. D'ailleurs, un mauvais texte ne supporte pas l'explication linéaire.
Se demander toujours pourquoi ce mot et pas un autre, pourquoi cette place et pas une autre, c'est passionnant (et permet de dépasser le simple déballage de "ressentis" (beurk) qui servait parfois -je caricature- de base unique à l'explication); cela permet un dialogue avec l'émotion esthétique ou autre que procure la lecture d'un texte. Parfois, cette émotion n'arrive qu'à la fin de l'explication, et c'est peut-être mieux, l'émotion n'est plus forcément un préalable (même si elle peut l'être).
Ce que je ne comprends pas, c'est que l'explication linéaire est celle qui est demandée aux concours. Pourquoi vous désarçonne-t-elle ?
Elle facilite le questionnement, permet de de ne se raccrocher qu'au texte et pas à une méthode qui serait une panacée.
Partez avec chaque texte à la recherche d'un trésor, ce sont les mots du texte qui vous donnent les indices et qui vous guident.
Je cite à nouveau un texte que j'aime beaucoup : il s'agit des premières lignes d'un roman policier. Remplacez le mot "historien" par "traducteur" pour un professeur de lettres classiques, ou par "lecteur" pour la lecture. Je pense qu'il permet de comprendre l'esprit d'une explication.
La dame noire, tome 1 a écrit:« Le passé est une île au trésor. Telle est du moins l’illusion qui berce, tout au long de sa fastidieuse existence, ce navigateur voué à l’exploration des débris surnageant sur l’océan de l’oubli, qu’on appelle pompeusement « historien », et qui n’est au fond qu’un rêveur. Car cet érudit austère, aujourd’hui penché sur de lourds in-folio, est-il différent du petit garçon aux yeux étoilés de songe qu’il était autrefois, lorsqu’il creusait au fond du jardin familial dans l’espoir de déterrer quelque coffre plein d’or laissé là par des boucaniers égarés ? Parmi les archives poussiéreuses, dans les jaunissures des vieilles éditions, dans les manuscrits inviolés qu’il feuillette d’une main fébrile, c’est toujours ce même trésor irréel qu’il poursuit, et c’est toujours son enfance perdue qu’il mendie sans le savoir. »
- OxfordNeoprof expérimenté
trompettemarine a écrit:
Ce que je ne comprends pas, c'est que l'explication linéaire est celle qui est demandée aux concours. Pourquoi vous désarçonne-t-elle ?
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Tutti i ghjorna si n'impara.
- IphigénieProphète
On est tout à fait d’accord!!Poupoutch a écrit:Ben pour moi, c'est juste complémentaire l'un de l'autre. En gros, c'est la même technique, sauf que certains textes se prêtent mieux à une analyse linéaire et d'autres mieux à un commentaire composé...
Avec Trompettemarine aussi, bien sûr !
- DesolationRowEmpereur
pour ma part, je n'ai jamais rencontré de texte qui ne se prête à la lecture linéaire, et je n'ai jamais fait depuis le bac le moindre commentaire composé.
- glucheNiveau 10
Arrivée en lycée après quelques années en collège il y a une douzaine d'années, j'avais lu avec grand soin tous les textes officiels qui définissaient la lecture analytique avant de conclure que ça n'était vraiment pas clair! Et j'ai toujours privilégié l'étude linéaire que je trouve moi aussi indispensable pour apprendre à faire un commentaire.
- IphigénieProphète
On peut évidemment toujours voire on doit mais c’est vrai que quelquefois ça va bien aussi en composé : par exemple comme il me vient , un texte comme « « l’esclavage des negres »
- DesolationRowEmpereur
Bah sans doute, mais ça se commente très bien linéairement aussi, hein
- VivivavaNiveau 10
Plusieurs éléments de réponse qui peuvent expliquer pourquoi les collègues ont du mal à savoir ce qui leur est exactement demandé :trompettemarine a écrit:Ce que je ne comprends pas, c'est que l'explication linéaire est celle qui est demandée aux concours. Pourquoi vous désarçonne-t-elle ?
1/ j'ai dit ailleurs que les rapports de jury de concours ne cessent de dire que les candidats ne savent pas faire une explication de texte. Cela ne met pas forcément en confiance ; ici, on n'arrête pas de nous dire que si l'explication de texte prend beaucoup de temps avec les élèves, c'est parce que nous ne savons pas en faire une et que les explications proposées dans les accompagnements ne sont pas ce qui est attendu des élèves ; donc non, apparemment, l'explication de texte est loin de celle demandée aux concours ;
2/ avec tout ça, on ne sait pas vraiment finalement ce qui est attendu. La réponse ici est : organisation selon les mouvements du texte, appuyée dans chaque mouvement sur une paraphrase et une expression analysée. Or, pour certains collègues, dont je suis, le problème est que même l'accès à la paraphrase est difficile, en raison de la difficulté de compréhension littérale du texte, qui se voit beaucoup à plusieurs occasions : difficulté à distinguer des mouvements, à comprendre un raisonnement, à comprendre le sens des phrases.
C'est un exercice qui du coup est intéressant (on traite les problèmes de compréhension, si on a des outils pour cela) mais laborieux et décourageant pour les élèves, mis en face de leurs difficultés, en particulier dans les classes technologiques, surtout si on doit faire autant de textes qu'indiqué dans les programmes, d'où l'absence de plaisir évoquée par les collègues en ce début d'année. On ne peut pas travailler la lecture expressive non plus tant que le texte n'est pas compris.
Pour les élèves, il faut apprendre que la compréhension va s'éclaircir petit à petit, donc à être patients, et à ne pas se décourager. Ce qui est loin d'être évident pour nos élèves qui vivent dans l'exigence de rapidité.
L'autre solution est d'expédier l'explication sans vérifier que les élèves ont compris le texte, donc de revenir à ce qui se faisait avant avec les lectures analytiques ; les invitations à faire l'explication en une heure vont dans ce sens.
- KilmenyEmpereur
Vivivava a écrit: les invitations à faire l'explication en une heure vont dans ce sens.
L'explication en une heure : j'attends toujours de voir un petit film nous montrant comment faire ! En une heure, aucun élève ne peut :
- lire le texte
- noter tout ce qu'il y a à noter.
Même en cours magistral, même en ne répondant à aucune question.
C'est non seulement anti-pédagogique mais aussi infaisable, vraiment.
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Un petit clic pour les animaux : http://www.clicanimaux.com/catalog/accueil.php?sites_id=1
- trompettemarineMonarque
Je compte entre trois et quatre heures par texte, selon le texte, maximum deux en fin d'année quand les élèves préparent eux mêmes le texte seuls chez eux avec reprise en cours (Je ne suis donc pas certaine d'atteindre les 24 textes).
Pour les STMG, les inspections restent muettes : ils ont des exercices très différents à préparer, et la question du vocabulaire (en première générale aussi) est un obstacle contre lequel personne ne veut mettre de moyens.
Pour les STMG, les inspections restent muettes : ils ont des exercices très différents à préparer, et la question du vocabulaire (en première générale aussi) est un obstacle contre lequel personne ne veut mettre de moyens.
- KilmenyEmpereur
Oxford a écrit:trompettemarine a écrit:
Ce que je ne comprends pas, c'est que l'explication linéaire est celle qui est demandée aux concours. Pourquoi vous désarçonne-t-elle ?
Justement, on nous dit "Il faut faire une EL en une heure. Ne faites pas comme au concours. On est au lycée".
Mais je ne sais pas faire d'autre EL que celle demandée au concours... et on ne nous dit pas comment faire.
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- trompettemarineMonarque
Tant que le B.O. ne dit pas qu'il faille faire une EL en une heure, tu ne le fais pas.
Comment faire ?
Je ne sais comment t'aider. Voici par exemple ce que j'ai fait à partir du poème suivant (Je suis désolée pour les puristes et les spécialistes qui me corrigeront)
Assieds-toi sur le bord d’une ondante rivière :
Tu la verras fluer d’un perpétuel cours,
Et flots sur flots roulant en mille et mille tours
Décharger par les prés son humide carrière.
Mais tu ne verras rien de cette onde première
Qui naguère coulait ; l’eau change tous les jours,
Tous les jours elle passe, et la nommons toujours
Même fleuve, et même eau, d’une même manière.
Ainsi l’homme varie, et ne sera demain
Telle comme aujourd’hui du pauvre corps humain
La force que le temps abrévie et consomme :
Le nom sans varier nous suit jusqu’au trépas,
Et combien qu’aujourd’hui celui ne sois-je pas
Qui vivais hier passé, toujours même on me nomme.
Ce poème de Chassignet est un poème baroque. J'ai construit un GT sur ce thème (en le resserrant autour de l'eau : l'eau en mouvement, l'eau comme miroir, etc.) pour dégager certaines des caractéristiques du mouvement baroque. Par la suite, j'espère prendre des thèmes universaux (le carpe diem, l'amour, et demander de rechercher comment ces thèmes sont traités dans la poésie du XVIe, et le classicisme : j'en viendrai alors à leur exposer les caractéristiques principales de ces courants littéraires, faute de pouvoir les étudier à fond).
A la lecture de ce poème, tu peux partir des impressions de lecture, mais tu n'obtiendras pas grand chose tant le texte est complexe à la première lecture pour des élèves.
Après avoir fait (re) découvrir et décrire la forme du sonnet, strophe après strophe, j'ai fait travailler les élèves sur ce qu'ils comprenaient du texte (Les mots et tournures complexes étaient donnés en notes) : je l'ai fait à l'oral en les questionnant, en les corrigeant, en leur demandant de reformuler, de résumer (l'objectif étant bien sûr de montrer au contraire toute la richesse du poème à la fin de l'explication ; l'exercice de reformulation est à manier avec précaution pour ne pas appauvrir le texte).
Poser la question du sujet grammatical de "sera" dans le premier tercet est très intéressant.
Je donne ensuite les premiers éléments de l'introduction sur l'auteur. Les élèves formulent (la présentation du texte et trouvent les mouvements du texte de mon côté je corrige et j'enrichis leurs propos) Déjà quelques questions affleurent sur le véritable sujet du texte. On peut alors dégager un ou plusieurs "enjeux".
Puis quatrain après quatrain, je les guide. En ce début d'année, et pour ce poème, je formule l'interprétation générale. Les élèves, par questionnement oral, ou par écrit, recherchent procédés et citations et j'essaie alors de faire évoluer l'interprétation : comment passe-t-on de l'idée A à l'idée B ?
On peut imaginer ensuite tous les dispositifs qui conviendront à chaque professeur et à chaque classe (comme on le faisiat auparavant)
L'objectif étant que petit à petit, ils deviennent autonomes dans cet exercice : ce qui n'est pas normal, c'est de l'imposer aux premières qui n'y ont pas été préparés en seconde. Chaque texte imposera certainement, par sa nature, une façon de faire différente.
Pour dire la vérité, comme je suis allée très lentement sur les deux premiers quatrains, j'avoue être passée assez vite sur la fin : tant pis (en première, ce serait plus délicat)
Voici comment j'envisage la chose, mais tous les avis sont bons à prendre. Je pense sincèrement qu'il faut se sentir libre avec l'EL.
La difficulté est qu'on nous demande l'EL, plus les questions transversales, plus les lectures cursives, plus la grammaire, plus, plus, plus... (et un programme qui change tous les ans)
EDIT : j'ai enlevé le spoiler
Comment faire ?
Je ne sais comment t'aider. Voici par exemple ce que j'ai fait à partir du poème suivant (Je suis désolée pour les puristes et les spécialistes qui me corrigeront)
Assieds-toi sur le bord d’une ondante rivière :
Tu la verras fluer d’un perpétuel cours,
Et flots sur flots roulant en mille et mille tours
Décharger par les prés son humide carrière.
Mais tu ne verras rien de cette onde première
Qui naguère coulait ; l’eau change tous les jours,
Tous les jours elle passe, et la nommons toujours
Même fleuve, et même eau, d’une même manière.
Ainsi l’homme varie, et ne sera demain
Telle comme aujourd’hui du pauvre corps humain
La force que le temps abrévie et consomme :
Le nom sans varier nous suit jusqu’au trépas,
Et combien qu’aujourd’hui celui ne sois-je pas
Qui vivais hier passé, toujours même on me nomme.
Ce poème de Chassignet est un poème baroque. J'ai construit un GT sur ce thème (en le resserrant autour de l'eau : l'eau en mouvement, l'eau comme miroir, etc.) pour dégager certaines des caractéristiques du mouvement baroque. Par la suite, j'espère prendre des thèmes universaux (le carpe diem, l'amour, et demander de rechercher comment ces thèmes sont traités dans la poésie du XVIe, et le classicisme : j'en viendrai alors à leur exposer les caractéristiques principales de ces courants littéraires, faute de pouvoir les étudier à fond).
A la lecture de ce poème, tu peux partir des impressions de lecture, mais tu n'obtiendras pas grand chose tant le texte est complexe à la première lecture pour des élèves.
Après avoir fait (re) découvrir et décrire la forme du sonnet, strophe après strophe, j'ai fait travailler les élèves sur ce qu'ils comprenaient du texte (Les mots et tournures complexes étaient donnés en notes) : je l'ai fait à l'oral en les questionnant, en les corrigeant, en leur demandant de reformuler, de résumer (l'objectif étant bien sûr de montrer au contraire toute la richesse du poème à la fin de l'explication ; l'exercice de reformulation est à manier avec précaution pour ne pas appauvrir le texte).
Poser la question du sujet grammatical de "sera" dans le premier tercet est très intéressant.
Je donne ensuite les premiers éléments de l'introduction sur l'auteur. Les élèves formulent (la présentation du texte et trouvent les mouvements du texte de mon côté je corrige et j'enrichis leurs propos) Déjà quelques questions affleurent sur le véritable sujet du texte. On peut alors dégager un ou plusieurs "enjeux".
Puis quatrain après quatrain, je les guide. En ce début d'année, et pour ce poème, je formule l'interprétation générale. Les élèves, par questionnement oral, ou par écrit, recherchent procédés et citations et j'essaie alors de faire évoluer l'interprétation : comment passe-t-on de l'idée A à l'idée B ?
On peut imaginer ensuite tous les dispositifs qui conviendront à chaque professeur et à chaque classe (comme on le faisiat auparavant)
L'objectif étant que petit à petit, ils deviennent autonomes dans cet exercice : ce qui n'est pas normal, c'est de l'imposer aux premières qui n'y ont pas été préparés en seconde. Chaque texte imposera certainement, par sa nature, une façon de faire différente.
Pour dire la vérité, comme je suis allée très lentement sur les deux premiers quatrains, j'avoue être passée assez vite sur la fin : tant pis (en première, ce serait plus délicat)
Voici comment j'envisage la chose, mais tous les avis sont bons à prendre. Je pense sincèrement qu'il faut se sentir libre avec l'EL.
La difficulté est qu'on nous demande l'EL, plus les questions transversales, plus les lectures cursives, plus la grammaire, plus, plus, plus... (et un programme qui change tous les ans)
EDIT : j'ai enlevé le spoiler
- KilmenyEmpereur
Merci pour cet exemple Trompette qui confirme ce que je fais. Mais tout cela ne peut pas tenir en une heure. Et c'est cela mon problème, car il nous a été clairement dit de ne pas y passer plus de temps. Je n'arrête pas de penser que si on y passe trop de temps, c'est parce que nous n'avons pas compris ce qu'on attendait d'une EL en première.
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- Fires of PompeiiGuide spirituel
Kilmeny a écrit:Merci pour cet exemple Trompette qui confirme ce que je fais. Mais tout cela ne peut pas tenir en une heure. Et c'est cela mon problème, car il nous a été clairement dit de ne pas y passer plus de temps. Je n'arrête pas de penser que si on y passe trop de temps, c'est parce que nous n'avons pas compris ce qu'on attendait d'une EL en première.
C'est marrant, moi je me dis que si ça ne tient pas en une heure, c'est parce que les gens qui vous disent de le faire en 1h ne connaissent ni ce qu'est une étude linéaire, ni un élève de première.
_________________
Je ne dirai qu'une chose : stulo plyme.
- KilmenyEmpereur
Fires of Pompeii a écrit:Kilmeny a écrit:Merci pour cet exemple Trompette qui confirme ce que je fais. Mais tout cela ne peut pas tenir en une heure. Et c'est cela mon problème, car il nous a été clairement dit de ne pas y passer plus de temps. Je n'arrête pas de penser que si on y passe trop de temps, c'est parce que nous n'avons pas compris ce qu'on attendait d'une EL en première.
C'est marrant, moi je me dis que si ça ne tient pas en une heure, c'est parce que les gens qui vous disent de le faire en 1h ne connaissent ni ce qu'est une étude linéaire, ni un élève de première.
j'aime bien ta façon de voir !
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- trompettemarineMonarque
Kilmeny a écrit:Merci pour cet exemple Trompette qui confirme ce que je fais. Mais tout cela ne peut pas tenir en une heure. Et c'est cela mon problème, car il nous a été clairement dit de ne pas y passer plus de temps. Je n'arrête pas de penser que si on y passe trop de temps, c'est parce que nous n'avons pas compris ce qu'on attendait d'une EL en première.
Non, impossible d'y passer une heure, sinon, c'est du grand n'importe quoi, mais pas une explication. Fais comme si tu n'avais pas entendu ton inspection ou les formateurs qui diraient cela. On peut rester sourd à la c*** institutionnelle ou humaine.
Et puis, en début d'année, il est inévitable de passer du temps. Tu iras plus vite après.
EDIT : je vois que les posts précédents ont bien résumé la chose.
- KilmenyEmpereur
trompettemarine a écrit:Kilmeny a écrit:Merci pour cet exemple Trompette qui confirme ce que je fais. Mais tout cela ne peut pas tenir en une heure. Et c'est cela mon problème, car il nous a été clairement dit de ne pas y passer plus de temps. Je n'arrête pas de penser que si on y passe trop de temps, c'est parce que nous n'avons pas compris ce qu'on attendait d'une EL en première.
Non, impossible d'y passer une heure, sinon, c'est du grand n'importe quoi, mais pas une explication. Fais comme si tu n'avais pas entendu ton inspection ou les formateurs qui diraient cela. On peut rester sourd à la c*** institutionnelle ou humaine.
Et puis, en début d'année, il est inévitable de passer du temps. Tu iras plus vite après.
EDIT : je vois que les posts précédents ont bien résumé la chose.
Je dois être formatée car mon cerveau avait lu C*** en consignes en première lecture...
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- VivivavaNiveau 10
Complètement d'accord. Ce n'est pas parce qu'on cherche à nous déstabiliser avec des injonctions curieuses (que j'ai résumées plus haut) et pour lesquelles on serait bien incapables de nous fournir des exemples, qu'il faut s'y tenir. Je n'arriverai jamais à faire faire une explication en une heure, même en l'ayant fait préparer au préalable à la maison, comme j'essaie de le faire maintenant. Je préfère que mes élèves aient compris les textes, et on y passera le temps qu'il faudra, quitte à avoir moins d'explications. Sinon, je ne vois pas comment l'appropriation demandée aurait lieu. Et pour autant, nous n'aurons pas épuisé les sens du texte (c'est ce que je ressentais en khâgne, le sentiment que l'explication avait vidé le texte). J'en ferai 5 par objet d'étude, et on verra s'il reste du temps à la fin de l'année ; j'en doute fort, car même avant, avec moins de choses à faire, j'arrivais à 20 lectures analytiques en série générale, 13 en série technologique.trompettemarine a écrit:Kilmeny a écrit:Merci pour cet exemple Trompette qui confirme ce que je fais. Mais tout cela ne peut pas tenir en une heure. Et c'est cela mon problème, car il nous a été clairement dit de ne pas y passer plus de temps. Je n'arrête pas de penser que si on y passe trop de temps, c'est parce que nous n'avons pas compris ce qu'on attendait d'une EL en première.
Non, impossible d'y passer une heure, sinon, c'est du grand n'importe quoi, mais pas une explication. Fais comme si tu n'avais pas entendu ton inspection ou les formateurs qui diraient cela.
Et puis, en début d'année, il est inévitable de passer du temps. Tu iras plus vite après.
EDIT : je vois que les posts précédents ont bien résumé la chose.
Le but, à la fin, c'est que les élèves aient le sentiment qu'ils comprennent quelque chose à la littérature, et aient envie de continuer à lire de la littérature.
- asoph17Niveau 4
bonjour, moi j'avoue être perplexe à la lecture de l'exemple donné sur eduscol (le poème de Lamartine) .Il est annoncé des mouvements effectivement , mais l'explication se fait strophe par strophe au final (ou est ce le travail préparatoire qui nous est donné ?) . Il n'y a quasiment pas de procédés (sont ils devenus tabous ?) Comme vous, j'ai essayé de travailler avec mes élèves les mouvements du texte (pas forcément évident dans tous les textes, surtout ceux qui fonctionnent sur un principe de répétition) , ensuite je leur ai dit de commenter en suivant ces mouvements (un peu comme si c'était le plan finalement...même sans dire le mot "plan" !) . Puis je leur demande de commenter chaque mouvement successivement en dégageant l'interprétation avant tout. Et, afin d'éviter la paraphrase, d'appuyer leurs interprétations sur des procédés (sans tomber dans l'écueil du retour à la lecture analytique devenue tabou aussi). Mais là je m'inquiète un peu : au regard de l'exemple d'eduscol, doit on mettre des procédés finalement ? cela peut paraitre absurde, mais je commence à avoir peur de faire fausse route en leur demandant d'appuyer leur propos sur quelques procédés...mais en même temps, pour le commentaire à l'écrit, en 4 H, ils ne vont pas faire que de l'interprétation, va bien falloir analyser le style. je suis un peu perdue là. En plus les élèves ont tellement été formatés au repérage des procédés, tout au moins des figures de style, qu'ils sont tout contents d'en trouver.
_________________
ASoph
- trompettemarineMonarque
Bien sûr qu'il faut les procédés (dans le sens le plus large possible). Je ne mettrais pas la moyenne dans le cas contraire.
Regarde les attendus d'évaluation de l'explication (C'est ainsi que je les comprends)
Dans les programmes tu peux lire par exemple en ce qui concerne poésie :
Pour le roman :
Pour le théâtre :
Pour la littérature "dite" d'idées :
Regarde les attendus d'évaluation de l'explication (C'est ainsi que je les comprends)
BO a écrit:-Bonne compréhension littérale du texte
-Analyse pertinente au service d’une interprétation
-Mobilisation des savoirs linguistiques et littéraires nécessaires à l’analyse du texte
-Références précises au texte étudié
Dans les programmes tu peux lire par exemple en ce qui concerne poésie :
programmes a écrit:- mettre en évidence la quête du sens qui s’y élabore dans l’usage spécifique que le poète fait de la langue, liant profondément ses diverses propriétés : sémantique, sonore, prosodique, visuelle.
-étudier les ressources et les effets de l’écriture
Pour le roman :
programme a écrit:-Caractéristiques stylistiques de l’écriture
Pour le théâtre :
programme a écrit:-Structure et à la progression de l’action,
-Écriture du dialogue et à la nature des tensions qu’il révèle,
-Relations entre les personnages,
-Dramaturgie et aux effets de représentation qu’implique le texte.
Pour la littérature "dite" d'idées :
programme a écrit:Les textes d’idées sont étudiés dans leur développement logique et le mouvement de leur argumentation ; une attention particulière est portée aux nuances qu’ils peuvent receler.
-Mettre en évidence les liens qui se nouent entre les idées, les formes et le contexte culturel, idéologique et social dans lequel elles naissent.
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