- VanilleLila32Niveau 2
Bonjour à tous
J'ai beaucoup de mal à comprendre ce commentaire sur la distinction que fait L.W entre les faits positifs et les faits négatifs.
Phrase introductive
Wittgenstein semble distinguer deux types de faits, les faits positifs et les faits négatifs.
Sources, dans le livre
« 2. Ce qui est le cas, le fait, est l'existence d'état de choses. »
« 2.06 L'existence des états de choses et leur non existence est la réalité. (L'existence des états de choses et leur non existence nous les nommons respectivement aussi fait positif et fait négatif.) »
Interprétation intuitive de ces citations
Le fait positif correspondrait à une expression logique type "Pa" ; le fait négatif à une expression comme « ¬Pa ».
Exemple
On pourrait penser que Wittgenstein opère une division réelle entre deux types de faits :
des faits positifs, comme « Le Tractatus est un livre »
des faits négatifs, comme « Le Tractatus n'est pas une banane
Contestation de cette interprétation par L.W (c'est ça que j'ai pas compris)
Cette position n'est cependant pas celle de l'auteur du Tractatus. Wittgenstein refuse que la négation(¬) ait un corrélat dans la réalité. Le signe « ¬ » ne correspond à rien dans le réel. Si c'était le cas, il faudrait admettre que les propositions « Pa » et « ¬¬Pa » ne sont pas équivalentes. La première expression contient en effet deux signes de moins que la seconde. Si ces signes ont un corrélat dans le monde, les deux propositions ne représentent pas la même chose. Cependant pour Wittgenstein les propositions « Pa » et « ¬¬Pa » ont bien le même contenu représentatif.
Il faut comprendre que pour lui « Pa », « ¬Pa », et « ¬¬Pa » renvoient au même état de choses. Il n'y a qu'un seul état de choses, dont ces propositions affirment ou nient la réalisation. « Pa » et « ¬¬Pa » affirment la réalisation de "Pa", « ¬Pa » affirme la non réalisation de « Pa ». La différence entre fait positif et négatif est donc une question de langage, c'est uniquement dans le langage qu'elle s'opère. Il n'y a donc pas à proprement parler de faits négatifs.
J'ai beaucoup de mal à comprendre ce commentaire sur la distinction que fait L.W entre les faits positifs et les faits négatifs.
Phrase introductive
Wittgenstein semble distinguer deux types de faits, les faits positifs et les faits négatifs.
Sources, dans le livre
« 2. Ce qui est le cas, le fait, est l'existence d'état de choses. »
« 2.06 L'existence des états de choses et leur non existence est la réalité. (L'existence des états de choses et leur non existence nous les nommons respectivement aussi fait positif et fait négatif.) »
Interprétation intuitive de ces citations
Le fait positif correspondrait à une expression logique type "Pa" ; le fait négatif à une expression comme « ¬Pa ».
Exemple
On pourrait penser que Wittgenstein opère une division réelle entre deux types de faits :
des faits positifs, comme « Le Tractatus est un livre »
des faits négatifs, comme « Le Tractatus n'est pas une banane
Contestation de cette interprétation par L.W (c'est ça que j'ai pas compris)
Cette position n'est cependant pas celle de l'auteur du Tractatus. Wittgenstein refuse que la négation(¬) ait un corrélat dans la réalité. Le signe « ¬ » ne correspond à rien dans le réel. Si c'était le cas, il faudrait admettre que les propositions « Pa » et « ¬¬Pa » ne sont pas équivalentes. La première expression contient en effet deux signes de moins que la seconde. Si ces signes ont un corrélat dans le monde, les deux propositions ne représentent pas la même chose. Cependant pour Wittgenstein les propositions « Pa » et « ¬¬Pa » ont bien le même contenu représentatif.
Il faut comprendre que pour lui « Pa », « ¬Pa », et « ¬¬Pa » renvoient au même état de choses. Il n'y a qu'un seul état de choses, dont ces propositions affirment ou nient la réalisation. « Pa » et « ¬¬Pa » affirment la réalisation de "Pa", « ¬Pa » affirme la non réalisation de « Pa ». La différence entre fait positif et négatif est donc une question de langage, c'est uniquement dans le langage qu'elle s'opère. Il n'y a donc pas à proprement parler de faits négatifs.
- lene75Prophète
Wittgenstein, ce n'est pas trop ma tasse de thé, alors je ne voudrais pas dire de bêtise.
Ce que je comprends, c'est que, pour Wittgenstein, nous formulons des énoncés qui affirment que certaines choses n'existent pas. On peut appeler ça des faits négatifs au sens où ces énoncés fonctionnent dans notre langage comme des faits négatifs et non au sens où ces faits négatifs auraient une existence réelle qui serait le corrélat de nos énoncés. Il faut se méfier du langage, qui est souvent trompeur.
Ça peut paraître incongru de prendre la peine d'affirmer une telle trivialité, mais c'est une réponse au fait que pour certains auteurs il y a bien une existence réelle des faits négatifs, ou, si on fait un pas de côté, une existence réelle de tous les mondes possibles. Ce genre de théorie, ce n'est pas le trip de Wittgenstein.
Derrière tout ça il y a le rejet massif de la métaphysique traditionnelle perçue comme discussion sans fin sur le sexe des anges. C'est le fameux « Ce dont on ne peut pas parler, il faut le taire » de Wittgenstein (je ne garantis pas l'exactitude de la citation). On ne risque donc pas de trouver d'ontologie massive chez Wittgenstein, qui irait jusqu'à supposer l'existence du négatif. En revanche ces énoncés négatifs ont bien un sens dans l'usage qu'on en fait. On ne veut pas dire exactement la même chose sur la même réalité quand on l'exprime positivement ou négativement.
Il faut garder en tête que pour Wittgenstein la plupart des problèmes philosophiques sont de faux problèmes liés à l'équivocité du langage. Une fois le langage clarifié, le problème se dissout.
Je pense que c'est le même genre de coupage de cheveux en 4 que la polémique pour savoir si l'énoncé « L'actuel roi de France est chauve » est faux ou s'il est simplement dénué de valeur de vérité, c'est-à-dire ni vrai ni faux. Certains diront que l'énoncé signifie qu'il existe un roi de France et que ce roi est chauve, et donc qu'il est faux dans la mesure où il n'existe pas de roi de France et d'autres diront qu'à partir du moment où l'entité « roi de France » n'existe pas, il n'est pas plus faux de dire que cette entité est chauve que de dire qu'elle n'est pas chauve. Si on définit la vérité comme adéquation avec la réalité, l'actuel roi de France n'est ni chauve ni non chauve. Cet énoncé n'a pas de valeur de vérité.
Je ne connais pas la position de Wittgenstein sur cette question. J'aurais tendance à dire que pour lui ça ferait partie des faux problèmes liés à l'usage du langage, qui permet de parler de choses qui n'existent pas, et donc que l'énoncé serait ni vrai ni faux. Mais je me trompe peut-être.
Ce que je comprends, c'est que, pour Wittgenstein, nous formulons des énoncés qui affirment que certaines choses n'existent pas. On peut appeler ça des faits négatifs au sens où ces énoncés fonctionnent dans notre langage comme des faits négatifs et non au sens où ces faits négatifs auraient une existence réelle qui serait le corrélat de nos énoncés. Il faut se méfier du langage, qui est souvent trompeur.
Ça peut paraître incongru de prendre la peine d'affirmer une telle trivialité, mais c'est une réponse au fait que pour certains auteurs il y a bien une existence réelle des faits négatifs, ou, si on fait un pas de côté, une existence réelle de tous les mondes possibles. Ce genre de théorie, ce n'est pas le trip de Wittgenstein.
Derrière tout ça il y a le rejet massif de la métaphysique traditionnelle perçue comme discussion sans fin sur le sexe des anges. C'est le fameux « Ce dont on ne peut pas parler, il faut le taire » de Wittgenstein (je ne garantis pas l'exactitude de la citation). On ne risque donc pas de trouver d'ontologie massive chez Wittgenstein, qui irait jusqu'à supposer l'existence du négatif. En revanche ces énoncés négatifs ont bien un sens dans l'usage qu'on en fait. On ne veut pas dire exactement la même chose sur la même réalité quand on l'exprime positivement ou négativement.
Il faut garder en tête que pour Wittgenstein la plupart des problèmes philosophiques sont de faux problèmes liés à l'équivocité du langage. Une fois le langage clarifié, le problème se dissout.
Je pense que c'est le même genre de coupage de cheveux en 4 que la polémique pour savoir si l'énoncé « L'actuel roi de France est chauve » est faux ou s'il est simplement dénué de valeur de vérité, c'est-à-dire ni vrai ni faux. Certains diront que l'énoncé signifie qu'il existe un roi de France et que ce roi est chauve, et donc qu'il est faux dans la mesure où il n'existe pas de roi de France et d'autres diront qu'à partir du moment où l'entité « roi de France » n'existe pas, il n'est pas plus faux de dire que cette entité est chauve que de dire qu'elle n'est pas chauve. Si on définit la vérité comme adéquation avec la réalité, l'actuel roi de France n'est ni chauve ni non chauve. Cet énoncé n'a pas de valeur de vérité.
Je ne connais pas la position de Wittgenstein sur cette question. J'aurais tendance à dire que pour lui ça ferait partie des faux problèmes liés à l'usage du langage, qui permet de parler de choses qui n'existent pas, et donc que l'énoncé serait ni vrai ni faux. Mais je me trompe peut-être.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- VanilleLila32Niveau 2
D'abord, merci beaucoup pour cette réponse.
Je comprends bien que Le Tractatus Logico-philosophicus est un ouvrage qu prétend tracer les limites du sens, de séparer ce qui peut être dit et ce qui ne peut pas l'être et à dissiper les confusions inhérentes au langage naturel.
C'est ce projet, cette intention qui m'attire beaucoup intellectuellement et qui me pousse à essayer d'en savoir un peu plus.
Dans la première partie, j'ai encore eu du mal à comprendre où L.W voulait concernant les faits négatifs et les faits positifs, malgré votre explication (au temps pour moi) comme pour le commentaire de Wikipédia.
En effet lorsque vous dîtes
"On peut appeler ça des faits négatifs au sens où ces énoncés fonctionnent dans notre langage comme des faits négatifs et non au sens où ces faits négatifs auraient une existence réelle qui serait le corrélat de nos énoncés. Il faut se méfier du langage, qui est souvent trompeur."
Pour moi, je n'arrive pas à voir, encore, dans cette phrase à quel moment le langage est trompeur, lorsque nous disons : "tel fait n'existe pas" et que nous appellerions cela un fait négatif, c'est à dire un fait que nous pouvons imaginer, mais qui n'a pas de réalité .. ?
En ayant réfléchi, j'en suis arrivée à la conclusion suivante par rapport à cette distinction de L.W sur les faits positifs et les faits négatifs :c'est purement une analyse personnelle, pouvez-vous me dire si cela rejoint votre vision des choses et ce que vous disiez ou pas du tout ?
Wittgenstein considère qu'il y a deux types d'objets (ce qui est théoriquement le plus simple, par opposition aux faits qui sont réellement le plus simple) ;
- les particuliers
- les propriétés et les relations
A mon avis, ce que veut dire Wittgenstein est que ¬ n'est ni un particulier, ni une propriétés ou une relation. Cet élément du langage n'a pas "d'existence", de corrélat dans la réalité, il ne correspond à rien ..
Pourquoi ?
Parce que selon Wittgenstein lorsque deux objets s'ajoutent ils ne s'annulent pas.
Or pour nous dans, dans notre langage naturel ¬ ¬ Pa = Pa
Pour Wittgenstein, cette égalité "¬ ¬ Pa = Pa " ne peut être vérifiée, dans la mesure où un fait comprenant 3 objets "¬ ¬ Pa", ne peut être la même chose qu'un fait comprenant un objet "Pa"
En fait un fait négatif, n'est pas une considération de Wittgenstein, mais une considération du langage naturel qu'il critique ..
Un fait négatif, ne peut s'appeler ainsi, car il ne s'agit pas d'un fait
Ca a le moindre sens ce que je dis ??
Si c'est ça, ça voudrait dire que dans le langage de Wittgenstein, nous ne pourrions jamais parler de ce qui n'existe pas mais que nous pouvons imaginer ...
Je comprends bien que Le Tractatus Logico-philosophicus est un ouvrage qu prétend tracer les limites du sens, de séparer ce qui peut être dit et ce qui ne peut pas l'être et à dissiper les confusions inhérentes au langage naturel.
C'est ce projet, cette intention qui m'attire beaucoup intellectuellement et qui me pousse à essayer d'en savoir un peu plus.
Dans la première partie, j'ai encore eu du mal à comprendre où L.W voulait concernant les faits négatifs et les faits positifs, malgré votre explication (au temps pour moi) comme pour le commentaire de Wikipédia.
En effet lorsque vous dîtes
"On peut appeler ça des faits négatifs au sens où ces énoncés fonctionnent dans notre langage comme des faits négatifs et non au sens où ces faits négatifs auraient une existence réelle qui serait le corrélat de nos énoncés. Il faut se méfier du langage, qui est souvent trompeur."
Pour moi, je n'arrive pas à voir, encore, dans cette phrase à quel moment le langage est trompeur, lorsque nous disons : "tel fait n'existe pas" et que nous appellerions cela un fait négatif, c'est à dire un fait que nous pouvons imaginer, mais qui n'a pas de réalité .. ?
En ayant réfléchi, j'en suis arrivée à la conclusion suivante par rapport à cette distinction de L.W sur les faits positifs et les faits négatifs :c'est purement une analyse personnelle, pouvez-vous me dire si cela rejoint votre vision des choses et ce que vous disiez ou pas du tout ?
Wittgenstein considère qu'il y a deux types d'objets (ce qui est théoriquement le plus simple, par opposition aux faits qui sont réellement le plus simple) ;
- les particuliers
- les propriétés et les relations
A mon avis, ce que veut dire Wittgenstein est que ¬ n'est ni un particulier, ni une propriétés ou une relation. Cet élément du langage n'a pas "d'existence", de corrélat dans la réalité, il ne correspond à rien ..
Pourquoi ?
Parce que selon Wittgenstein lorsque deux objets s'ajoutent ils ne s'annulent pas.
Or pour nous dans, dans notre langage naturel ¬ ¬ Pa = Pa
Pour Wittgenstein, cette égalité "¬ ¬ Pa = Pa " ne peut être vérifiée, dans la mesure où un fait comprenant 3 objets "¬ ¬ Pa", ne peut être la même chose qu'un fait comprenant un objet "Pa"
En fait un fait négatif, n'est pas une considération de Wittgenstein, mais une considération du langage naturel qu'il critique ..
Un fait négatif, ne peut s'appeler ainsi, car il ne s'agit pas d'un fait
Ca a le moindre sens ce que je dis ??
Si c'est ça, ça voudrait dire que dans le langage de Wittgenstein, nous ne pourrions jamais parler de ce qui n'existe pas mais que nous pouvons imaginer ...
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