- Isis39Enchanteur
Elyas a écrit:Panta Rhei a écrit:J'ai la grande chance d'enseigner dans un collège avec un public mixte &homohétérogène en termes de CSP. Nous envoyons en 2nde GT ou PRO des gamins qui ne peuvent pas être aidés à la maison et qui réussissent très bien par la suite. Encore une fois, la voie professionnelle au lycée doit cesser d'être vue comme une voie de relégation. Je sais bien que c'est plus facile à dire qu'à faire. C'est aussi à nous professeurs de collège de promouvoir le lycée professionnel. C'est également à notre ministère de tout faire pour que ce lycée permette une insertion dans la vie active satisfaisante ou une poursuite d'étude. Mais, sur ce point je laisserai la parole aux collègues concernés.
Comme je disais, on cite les exemples minoritaires pour justifier le système inégalitaire. Après, ce n'est pas à nous de promouvoir le lycée pro, il faut que les choix politiques le promeuvent et lui donnent les moyens pour ce faire. On est loin du compte. Une anecdote (enfin, je l'ai vécu trop souvent dans des bahuts sociologiquement différents) : un élève avant 17 de moyenne veut aller en pro. Hurlements de plusieurs collègues qui disent qu'il doit aller en GT et qu'ils vont lui parler pour le faire changer d'avis car il va rater sa vie.
Je conseille vraiment la lecture de Bernard Lahire (la raison scolaire est facile d'accès).
Tant que les "autorités" considéreront le taux de passage en Seconde GT comme un indicateur de réussite pour un collège, ça ne fonctionnera pas. On nous demande un % minimum de passage. Si on est en dessous, on est mauvais. Peu importe les gamins. On s'en fout, il faut du chiffre...
- LaverdureEmpereur
Elyas a écrit:Panta Rhei a écrit:J'ai la grande chance d'enseigner dans un collège avec un public mixte &homohétérogène en termes de CSP. Nous envoyons en 2nde GT ou PRO des gamins qui ne peuvent pas être aidés à la maison et qui réussissent très bien par la suite. Encore une fois, la voie professionnelle au lycée doit cesser d'être vue comme une voie de relégation. Je sais bien que c'est plus facile à dire qu'à faire. C'est aussi à nous professeurs de collège de promouvoir le lycée professionnel. C'est également à notre ministère de tout faire pour que ce lycée permette une insertion dans la vie active satisfaisante ou une poursuite d'étude. Mais, sur ce point je laisserai la parole aux collègues concernés.
Comme je disais, on cite les exemples minoritaires pour justifier le système inégalitaire. Après, ce n'est pas à nous de promouvoir le lycée pro, il faut que les choix politiques le promeuvent et lui donnent les moyens pour ce faire. On est loin du compte. Une anecdote (enfin, je l'ai vécu trop souvent dans des bahuts sociologiquement différents) : un élève avant 17 de moyenne veut aller en pro. Hurlements de plusieurs collègues qui disent qu'il doit aller en GT et qu'ils vont lui parler pour le faire changer d'avis car il va rater sa vie.
Je conseille vraiment la lecture de Bernard Lahire (la raison scolaire est facile d'accès).
Chose que j'ai vue aussi mais au moment des passages de 2de à 1re : l'élève qui a 17 et qui veut aller en série techno. Encore que cela dépendait du lycée : j'étais stagiaire dans un lycée général, on réagissait en disant "c'est dommage", j'ai été et suis en poste en LGT et LPO, c'était "ça fera un très bon élève de ST... qui tirera la classe vers le haut". La mixité disciplinaire parmi les collègues de l'établissement est une bonne chose je pense.
Après le problème est aussi celui des motivations des choix d'orientation des élèves : entre ceux qui se sont vraiment renseignés (et/ou ont accès facilement à l'information), ceux qui y vont par défaut, ceux qui font comme papa/maman, ceux qui ont vu "Top Chef" ou "une saison au Zoo" à la télévision et qui idéalisent largement le métier, etc. D'où le "passe un bac général d'abord" qui permet aussi d'élargir des horizons : la reproduction sociale se fait dans les classes supérieures comme dans les classes populaires.
Je partage ton avis sur Lahire : je recommande aussi
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- MathadorEmpereur
Je ne pense pas que je ferais partie de ces collègues. Ceci étant dit, si le « bac » pro avait un niveau suffisant pour réellement permettre la poursuite d'études dans le système universitaire (comme le prétend l'appellation « baccalauréat » qui fait référence au premier grade universitaire), on se poserait sans doute moins de questions sur ce genre d'orientation.Elyas a écrit:Comme je disais, on cite les exemples minoritaires pour justifier le système inégalitaire. Après, ce n'est pas à nous de promouvoir le lycée pro, il faut que les choix politiques le promeuvent et lui donnent les moyens pour ce faire. On est loin du compte. Une anecdote (enfin, je l'ai vécu trop souvent dans des bahuts sociologiquement différents) : un élève avant 17 de moyenne veut aller en pro. Hurlements de plusieurs collègues qui disent qu'il doit aller en GT et qu'ils vont lui parler pour le faire changer d'avis car il va rater sa vie.
Une telle revalorisation du bac pro est malheureusement incompatible avec le bac pro 3 ans qui a presque supprimé les qualifications professionnelles de niveau V des parcours scolaires.
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- henrietteMédiateur
Exactement ! On se fait régulièrement taper sur les doigts à ce sujet dans mon collège.Isis39 a écrit:Elyas a écrit:Panta Rhei a écrit:J'ai la grande chance d'enseigner dans un collège avec un public mixte &homohétérogène en termes de CSP. Nous envoyons en 2nde GT ou PRO des gamins qui ne peuvent pas être aidés à la maison et qui réussissent très bien par la suite. Encore une fois, la voie professionnelle au lycée doit cesser d'être vue comme une voie de relégation. Je sais bien que c'est plus facile à dire qu'à faire. C'est aussi à nous professeurs de collège de promouvoir le lycée professionnel. C'est également à notre ministère de tout faire pour que ce lycée permette une insertion dans la vie active satisfaisante ou une poursuite d'étude. Mais, sur ce point je laisserai la parole aux collègues concernés.
Comme je disais, on cite les exemples minoritaires pour justifier le système inégalitaire. Après, ce n'est pas à nous de promouvoir le lycée pro, il faut que les choix politiques le promeuvent et lui donnent les moyens pour ce faire. On est loin du compte. Une anecdote (enfin, je l'ai vécu trop souvent dans des bahuts sociologiquement différents) : un élève avant 17 de moyenne veut aller en pro. Hurlements de plusieurs collègues qui disent qu'il doit aller en GT et qu'ils vont lui parler pour le faire changer d'avis car il va rater sa vie.
Je conseille vraiment la lecture de Bernard Lahire (la raison scolaire est facile d'accès).
Tant que les "autorités" considéreront le taux de passage en Seconde GT comme un indicateur de réussite pour un collège, ça ne fonctionnera pas. On nous demande un % minimum de passage. Si on est en dessous, on est mauvais. Peu importe les gamins. On s'en fout, il faut du chiffre...
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- IphigénieProphète
Il faudrait effectivement beaucoup plus de vraies passerelles. Et surtout un système qui arrête de mentir pour satisfaire les statistiques, au lieu d'utiliser les statistiques pour voir comment améliorer les choses...
Mais l'orientation est une question infiniment complexe.
Il faut toujours, je crois profondément, garder à l'esprit qu'on peut se gourer sur un élève: j'en ai vu qui se réveillaient totalement post bac, d'autres sur lesquels je n'aurais pas parié un kopeck en français devenus médecins ou autres ingénieurs.
Quant aux parents, on ne peut pas leur en vouloir d'avoir de l'ambition pour leurs enfants: là où c'est un problème c'est que les notes ne signifient plus grand chose aujourd'hui tant elles sont manipulées (et pas qu'aux examen, dans la vie quotidienne, en conséquence de cette fichue hétérogénéité inter classes et intra classes). Là encore, comment en vouloir aux parents? j'ai connu une gamine en seconde qui ne comprenait pas ses notes de début d'année, en pensant que je la sous-notais: elle m'objectait à chaque devoir qu'elle venait d'un "collège d'excellence". Comment lui dire: ben oui, justement?.. ça a été un rude combat pour qu'elle comprenne que je voulais juste la noter normalement, et qu'elle se mette à faire des efforts. (ce qui ne l'a pas menée pour autant à l'excellence, mais à une acceptable "mediocritas"...: compliqué.)
Le premier qui trouve un système idéal qui fonctionne pour tous au mieux, informe les autres ?
Mais l'orientation est une question infiniment complexe.
Il faut toujours, je crois profondément, garder à l'esprit qu'on peut se gourer sur un élève: j'en ai vu qui se réveillaient totalement post bac, d'autres sur lesquels je n'aurais pas parié un kopeck en français devenus médecins ou autres ingénieurs.
Quant aux parents, on ne peut pas leur en vouloir d'avoir de l'ambition pour leurs enfants: là où c'est un problème c'est que les notes ne signifient plus grand chose aujourd'hui tant elles sont manipulées (et pas qu'aux examen, dans la vie quotidienne, en conséquence de cette fichue hétérogénéité inter classes et intra classes). Là encore, comment en vouloir aux parents? j'ai connu une gamine en seconde qui ne comprenait pas ses notes de début d'année, en pensant que je la sous-notais: elle m'objectait à chaque devoir qu'elle venait d'un "collège d'excellence". Comment lui dire: ben oui, justement?.. ça a été un rude combat pour qu'elle comprenne que je voulais juste la noter normalement, et qu'elle se mette à faire des efforts. (ce qui ne l'a pas menée pour autant à l'excellence, mais à une acceptable "mediocritas"...: compliqué.)
Le premier qui trouve un système idéal qui fonctionne pour tous au mieux, informe les autres ?
- Elle aimeExpert
Personne ne pose la vraie question : quel robot multifonctions pour les cours de cuisine à l'école ? Equipera-t-on chaque élève d'un thermomix ?
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"Moi, je crois que la grammaire, c’est une voie d’accès à la beauté. Quand on parle, quand on lit ou quand on écrit, on sent bien si on a fait une belle phrase ou si on est en train d’en lire une. On est capable de reconnaître une belle tournure ou un beau style. Mais quand on fait de la grammaire, on a accès à une autre dimension de la beauté de la langue. Faire de la grammaire, c’est la décortiquer, regarder comment elle est faite, la voir toute nue, en quelque sorte. Et c’est là que c’est merveilleux : parce qu’on se dit : « Comme c’est bien fait, qu’est-ce que c’est bien fichu ! », « Comme c’est solide, ingénieux, subtil ! ». Moi, rien que savoir qu’il y a plusieurs natures de mots et qu’on doit les connaître pour en conclure à leurs usages et à leurs compatibilités possibles, ça me transporte."
- zigmag17Guide spirituel
Ca sent la transversalité et le croisement de compétences dans les fils ou je me trompe?
- Elle aimeExpert
Oui. Vous me validez, madame ?
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"Moi, je crois que la grammaire, c’est une voie d’accès à la beauté. Quand on parle, quand on lit ou quand on écrit, on sent bien si on a fait une belle phrase ou si on est en train d’en lire une. On est capable de reconnaître une belle tournure ou un beau style. Mais quand on fait de la grammaire, on a accès à une autre dimension de la beauté de la langue. Faire de la grammaire, c’est la décortiquer, regarder comment elle est faite, la voir toute nue, en quelque sorte. Et c’est là que c’est merveilleux : parce qu’on se dit : « Comme c’est bien fait, qu’est-ce que c’est bien fichu ! », « Comme c’est solide, ingénieux, subtil ! ». Moi, rien que savoir qu’il y a plusieurs natures de mots et qu’on doit les connaître pour en conclure à leurs usages et à leurs compatibilités possibles, ça me transporte."
- zigmag17Guide spirituel
Validée!!!
- egometDoyen
Ce fil me donne envie de partager quelques photos de Thaïlande. C'est une école privée assez exceptionnelle, très tournée vers des pédagogies actives.
Ici, les enfants font une salade de fruits qu'ils mettent dans des cônes. L'activité est très bien organisée. Les étapes sont bien définies, ce qui permet d'utiliser des grands couteaux sans danger. Une bonne occasion d'assimiler des règles de vie. Au passage, pas mal de connaissances sont réactivées: comptage des cônes, vocabulaire...
Les enfants apprennent aussi la patience. Rien ne sera mangé avant que tout ne soit rangé et lavé.
Les professeurs participent au nettoyage avec les élèves. La force de l'exemple et des routines fait que ces opérations se déroulent sans accrocs.
Ici, les enfants font une salade de fruits qu'ils mettent dans des cônes. L'activité est très bien organisée. Les étapes sont bien définies, ce qui permet d'utiliser des grands couteaux sans danger. Une bonne occasion d'assimiler des règles de vie. Au passage, pas mal de connaissances sont réactivées: comptage des cônes, vocabulaire...
Les enfants apprennent aussi la patience. Rien ne sera mangé avant que tout ne soit rangé et lavé.
Les professeurs participent au nettoyage avec les élèves. La force de l'exemple et des routines fait que ces opérations se déroulent sans accrocs.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- pseudo-intelloSage
Je pense qu'il y a des différences majeures entre ton école et la plupart des écoles françaises, c'est la discipline, le respect du règlement par les élèves, l'empire qu'ils ont sur eux-mêmes.
J'enseigne dans une région très à la traîne, donc ce que j'écris n'est pas représentatif de ce qui se passe partout, mais j'ai des élèves sans filtre, très impulsifs, qui daignent difficilement respecter les consignes, et je les imagine très malattendre l'autorisation pour manger). J'ai effectué cette année des heures en Segpa (avec leur prof officielle), et j'ai vu une équipe pédagogique inquiète pour le jour où ils entreront en 4e et utiliseront des couteaux dans certains cours ; ces élèves ont en effet passé l'année à se lever, s'invectiver, s'insulter et à l'occasion, se mette des mandales, se sauter dessus... bref.
J'enseigne dans une région très à la traîne, donc ce que j'écris n'est pas représentatif de ce qui se passe partout, mais j'ai des élèves sans filtre, très impulsifs, qui daignent difficilement respecter les consignes, et je les imagine très malattendre l'autorisation pour manger). J'ai effectué cette année des heures en Segpa (avec leur prof officielle), et j'ai vu une équipe pédagogique inquiète pour le jour où ils entreront en 4e et utiliseront des couteaux dans certains cours ; ces élèves ont en effet passé l'année à se lever, s'invectiver, s'insulter et à l'occasion, se mette des mandales, se sauter dessus... bref.
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- egometDoyen
pseudo-intello a écrit:Je pense qu'il y a des différences majeures entre ton école et la plupart des écoles françaises, c'est la discipline, le respect du règlement par les élèves, l'empire qu'ils ont sur eux-mêmes.
J'enseigne dans une région très à la traîne, donc ce que j'écris n'est pas représentatif de ce qui se passe partout, mais j'ai des élèves sans filtre, très impulsifs, qui daignent difficilement respecter les consignes, et je les imagine très malattendre l'autorisation pour manger). J'ai effectué cette année des heures en Segpa (avec leur prof officielle), et j'ai vu une équipe pédagogique inquiète pour le jour où ils entreront en 4e et utiliseront des couteaux dans certains cours ; ces élèves ont en effet passé l'année à se lever, s'invectiver, s'insulter et à l'occasion, se mette des mandales, se sauter dessus... bref.
Je n'ai pas dit que c'était reproductible comme ça. J'en parle parce que je pense que c'est une expérience intéressante et peut-être une source d'inspiration.
Cette école très spéciale a été fondée par un millionnaire britannique sur un parc immense. Toute l'architecture est pensée autour d'une certaine pédagogie. Même si l'école fonctionne maintenant sans le soutien de ce businessman (une exigence de celui-ci), elle a des ressources inhabituelles. L'Etat thaïlandais paie les enseignants, et pour le reste, l'école organise des visites et a une boutique.
Je reste prudent face aux pédagogies centrées sur l'élève. Le discours théorique renseigne très mal sur les moyens mis en oeuvre, même lorsque ça fonctionne. Par exemple, cette école affirme ne pas utiliser de punitions et ne pas faire de tests.
Mais il faut aussi savoir qu'elle n'accepte les enfants qu'en maternelle, avant qu'ils n'aient pu prendre de mauvaises habitudes. Puis elle les mène jusqu'à la fin du collège. Elle a des routines très précises. Même si celles-ci ne sont pas excessivement rigides (elles tolèrent les imperfections normales des gestes enfantins et il y a tout ce qu'il faut de jeu libre), elles visent à intégrer les règles dès le début. La pratique quotidienne de la méditation permet de mettre les élèves dans de bonnes dispositions (on est en Asie du Sud-Est).
Pour les tests, c'est vrai qu'ils ne mettent pas de notes, mais ils prennent une demi-heure à la fin de chaque journée pour faire le point avec les élèves sur ce qu'ils ont compris.
De la même façon, les enseignants ont des réunions très régulières pour faire le point et adapter la pédagogie. Ils ont un système des formation interne très précis etc.
Bref, typiquement le genre de choses qui suppose une très grande autonomie de l'école, pour constituer une équipe pédagogique, pour ajuster les méthodes à la réalité du terrain etc. Sans parler du financement. Bref, pendant que la France se querelle pour savoir comment appliquer la dernière réforme, si les options sont conformes à l'égalité républicaine, ou si les instituteurs ont le droit de garder une boîte à sous pour payer une sortie à la piscine, l'Asie avance.
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- ElyasEsprit sacré
Je suis curieux de connaître le nom de la pédagogie pratiquée dans cette école. C'est du Steiner-Waldorf la pédagogie de cette école ou la mise en place des schèmes piagétiens ?
En tout cas, merci à toi, tu as éveillé ma curiosité sur les réflexions pédagogiques asiatiques. Je ne connais que les pédagogies occidentales (même si je ne connais encore mal les pédagogies critiques style Freire qui viennent d'Amérique du Sud). Je connais un peu les pratiques africaines mais pas asiatiques (enfin si, je connais les systèmes scolaires usuels sud-coréens et japonais).
Cependant, dans ton fil, il y a plusieurs points qui sont des sujets de débat tendus en France comme la continuité pédagogique, les réunions fréquentes, le sans notes, le pas de punition et le suivi des élèves très régulier. Tu m'étonnes que ça fonctionne. Des expériences semblables existent en France (et curieusement, ce que tu décris comme pratique ressemble beaucoup au collège Clisthène soit dit en passant ou à d'autres pédagogies - voir ma question ci-dessus).
Mais là, on sort du sujet mais ma curiosité est trop forte.
En tout cas, merci à toi, tu as éveillé ma curiosité sur les réflexions pédagogiques asiatiques. Je ne connais que les pédagogies occidentales (même si je ne connais encore mal les pédagogies critiques style Freire qui viennent d'Amérique du Sud). Je connais un peu les pratiques africaines mais pas asiatiques (enfin si, je connais les systèmes scolaires usuels sud-coréens et japonais).
Cependant, dans ton fil, il y a plusieurs points qui sont des sujets de débat tendus en France comme la continuité pédagogique, les réunions fréquentes, le sans notes, le pas de punition et le suivi des élèves très régulier. Tu m'étonnes que ça fonctionne. Des expériences semblables existent en France (et curieusement, ce que tu décris comme pratique ressemble beaucoup au collège Clisthène soit dit en passant ou à d'autres pédagogies - voir ma question ci-dessus).
Mais là, on sort du sujet mais ma curiosité est trop forte.
- ZeSandmanFidèle du forum
pseudo-intello a écrit:Je pense qu'il y a des différences majeures entre ton école et la plupart des écoles françaises, c'est la discipline, le respect du règlement par les élèves, l'empire qu'ils ont sur eux-mêmes.
J'enseigne dans une région très à la traîne, donc ce que j'écris n'est pas représentatif de ce qui se passe partout, mais j'ai des élèves sans filtre, très impulsifs, qui daignent difficilement respecter les consignes, et je les imagine très malattendre l'autorisation pour manger). J'ai effectué cette année des heures en Segpa (avec leur prof officielle), et j'ai vu une équipe pédagogique inquiète pour le jour où ils entreront en 4e et utiliseront des couteaux dans certains cours ; ces élèves ont en effet passé l'année à se lever, s'invectiver, s'insulter et à l'occasion, se mette des mandales, se sauter dessus... bref.
L'emprise du milieu ?
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- egometDoyen
Elyas a écrit:Je suis curieux de connaître le nom de la pédagogie pratiquée dans cette école. C'est du Steiner-Waldorf la pédagogie de cette école ou la mise en place des schèmes piagétiens ?
En tout cas, merci à toi, tu as éveillé ma curiosité sur les réflexions pédagogiques asiatiques. Je ne connais que les pédagogies occidentales (même si je ne connais encore mal les pédagogies critiques style Freire qui viennent d'Amérique du Sud). Je connais un peu les pratiques africaines mais pas asiatiques (enfin si, je connais les systèmes scolaires usuels sud-coréens et japonais).
Cependant, dans ton fil, il y a plusieurs points qui sont des sujets de débat tendus en France comme la continuité pédagogique, les réunions fréquentes, le sans notes, le pas de punition et le suivi des élèves très régulier. Tu m'étonnes que ça fonctionne. Des expériences semblables existent en France (et curieusement, ce que tu décris comme pratique ressemble beaucoup au collège Clisthène soit dit en passant ou à d'autres pédagogies - voir ma question ci-dessus).
Mais là, on sort du sujet mais ma curiosité est trop forte.
D'après ce que j'ai compris, c'est un peu une pédagogie maison. Mais ils parlent beaucoup de children-centered pedagogy et de project-based learning.
Il faut comprendre qu'il y a beaucoup de choses différentes en Asie et qu'ils ont une approche beaucoup plus pragmatique que nous. Le malheur de la France n'est pas tant d'être sous l'influence de constructivistes ou de conservateurs, mais d'être prisonnière de querelles dogmatiques. Par ailleurs, l'Asie est très ambitieuse et n'a pas peur de l'élitisme au bon sens du terme, c'est à dire d'encourager les élèves talentueux.
Pour donner quelques exemples, la Thaïlande a un secteur privé important, financé par des ONG ou des entreprises. Avec une assez jolie variété d'approches.
Le lendemain de ma visite à Lamplaimat, cette école un peu utopique, j'ai visité une école très select, mais beaucoup plus compétitive. Le genre à participer à tous les concours imaginables, surtout en sciences. 10% d'admission à l'examen d'entrée. Des moyens matériels à vous faire pâlir de jalousie (financement royal). Et des résultats qui placent l'école dans les premières du pays (ce qui est également le cas de Lamplaimat).
Singapour a un système beaucoup plus centralisé. Mais les examens sont très sérieux. Sur le plan pédagogique, les programmes sont de grande qualité et disent explicitement que les méthodes constructivistes sont importantes, si elles viennent en complément de l'instruction directe. Il n'y a pas de fausse contradiction comme chez nous. Par ailleurs, j'ai eu il y a deux semaines une réunion très intéressante avec une formatrice singapourienne, sur la question du "mentoring". Désolé, c'était en anglais. Une place très forte est donnée à des mentors dans la formation pédagogique, avec des principes intéressants, comme le fait que les mentors ne doivent pas noter leurs protégés, pour maintenir une relation de confiance.
Les inspections sont distinctes et fonctionnent sur un mode très différent de ce qui se passe en France. Il s'agit d'inspections d'écoles, qui durent plusieurs semaines et sont menées par toute une équipe d'experts. Elles comprennent un grand nombre d'entretiens auprès de toutes les personnes concernées: parents, professeurs, élèves etc. Elles sont espacées de plusieurs années, car il faut du temps pour mettre en oeuvre les recommendations (et aussi parce que le dispositif est lourd). Bref, ils se donnent les moyens de faire ça sérieusement. Rien à voir avec nos inspections à la sauvette, qui tournent autour de leçons fictives et font plus de mal que de bien. Les plans de carrière impliquent des passages obligés. Les mentors et les inspecteurs doivent être des professeurs avec une longue expérience.
Après, il y a beaucoup de problèmes aussi, mais un point commun à toute l'Asie est que l'on attend beaucoup de l'école et qu'on y va avec un grand respect pour les professeurs ("seconds parents" au Cambodge) et la quasi-certitude que l'école permettra un progrès social et économique.
Parmi les choses que l'on peut regretter, c'est le côté très matérialiste des ambitions. L'esprit critique n'est pas forcément leur point fort non plus. Ils en parlent beaucoup, mais en récitant leur leçon un peu bêtement.
Une autre chose, c'est qu'ils n'ont pas peur d'imiter leurs voisins. Le Cambodge a un système éducatif en miettes avec une corruption plus qu'embêtante (rapport aux Khmers rouges, tout ça). Mais il envoie beaucoup de jeunes professeurs se former en Thaïlande ou dans d'autres pays d'Asie. Les pays en développement font un peu leur marché des bonnes pratiques et des bonnes technologies. Et même si cela reste modeste, on est en train de repenser la formation des enseignants, en entraînant des mentors.
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- egometDoyen
ZeSandman a écrit:pseudo-intello a écrit:Je pense qu'il y a des différences majeures entre ton école et la plupart des écoles françaises, c'est la discipline, le respect du règlement par les élèves, l'empire qu'ils ont sur eux-mêmes.
J'enseigne dans une région très à la traîne, donc ce que j'écris n'est pas représentatif de ce qui se passe partout, mais j'ai des élèves sans filtre, très impulsifs, qui daignent difficilement respecter les consignes, et je les imagine très malattendre l'autorisation pour manger). J'ai effectué cette année des heures en Segpa (avec leur prof officielle), et j'ai vu une équipe pédagogique inquiète pour le jour où ils entreront en 4e et utiliseront des couteaux dans certains cours ; ces élèves ont en effet passé l'année à se lever, s'invectiver, s'insulter et à l'occasion, se mette des mandales, se sauter dessus... bref.
L'emprise du milieu ?
Au bout d'un moment, les résultats se confondent. Les Asiatiques apprennent très tôt à respecter les anciens et les réflexes sont bien ancrés. Au Cambodge, même les jeunes professeurs ont tendance à s'incliner devant moi, parce que je suis formateur. Sans être déplaisant, c'est un peu excessif. Ils ont du mal à oublier leurs habitudes d'étudiants. Ca ne veut pas dire que les enfants obéissent en tout, mais en gros, si un professeur sait ce qu'il veut, il l'obtient.
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- ElyasEsprit sacré
Les deux exemples d'école que tu me cites ne me font pas rêver. En revanche, ta conversation avec la formatrice singapourienne si (et je partage sa remarque sur le tissage entre pédagogie directe et constructiviste) Pour le mentoring, cela ne sera jamais accepté en France (je vois très bien ce que c'est). La culture et l'histoire professionnelles du professorat français n'y sont pas enclines, surtout que cela demanderait une révision du statut et une augmentation conséquente des salaires et de la formation. En tout cas, c'est toujours intéressant de lire des témoignages des pratiques d'autres continents (là, je découvre des pratiques brésiliennes et des pratiques africaines).
- DhaiphiGrand sage
egomet a écrit:Je n'ai pas dit que c'était reproductible comme ça.
Mais il faut aussi savoir qu'elle n'accepte les enfants qu'en maternelle, avant qu'ils n'aient pu prendre de mauvaises habitudes. Elle a des routines très précises. Même si celles-ci ne sont pas excessivement rigides , elles visent à intégrer les règles dès le début.
egomet a écrit: Par ailleurs, l'Asie est très ambitieuse et n'a pas peur de l'élitisme au bon sens du terme, c'est à dire d'encourager les élèves talentueux.
l'on attend beaucoup de l'école et qu'on y va avec un grand respect pour les professeurs ("seconds parents" au Cambodge) et la quasi-certitude que l'école permettra un progrès social et économique.
egomet a écrit: les jeunes professeurs ont tendance à s'incliner devant moi, parce que je suis formateur.
A mes yeux, la pédagogie est de peu d'importance. L'essentiel est ce que j'ai laissé des interventions d'Egomet.Elyas a écrit:Je suis curieux de connaître le nom de la pédagogie pratiquée dans cette école.
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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- ZeSandmanFidèle du forum
egomet a écrit:ZeSandman a écrit:pseudo-intello a écrit:Je pense qu'il y a des différences majeures entre ton école et la plupart des écoles françaises, c'est la discipline, le respect du règlement par les élèves, l'empire qu'ils ont sur eux-mêmes.
J'enseigne dans une région très à la traîne, donc ce que j'écris n'est pas représentatif de ce qui se passe partout, mais j'ai des élèves sans filtre, très impulsifs, qui daignent difficilement respecter les consignes, et je les imagine très malattendre l'autorisation pour manger). J'ai effectué cette année des heures en Segpa (avec leur prof officielle), et j'ai vu une équipe pédagogique inquiète pour le jour où ils entreront en 4e et utiliseront des couteaux dans certains cours ; ces élèves ont en effet passé l'année à se lever, s'invectiver, s'insulter et à l'occasion, se mette des mandales, se sauter dessus... bref.
L'emprise du milieu ?
Au bout d'un moment, les résultats se confondent. Les Asiatiques apprennent très tôt à respecter les anciens et les réflexes sont bien ancrés. Au Cambodge, même les jeunes professeurs ont tendance à s'incliner devant moi, parce que je suis formateur. Sans être déplaisant, c'est un peu excessif. Ils ont du mal à oublier leurs habitudes d'étudiants. Ca ne veut pas dire que les enfants obéissent en tout, mais en gros, si un professeur sait ce qu'il veut, il l'obtient.
Nan mais c'était une blague parce que pseudo-intello à dit empire au lieu d'emprise du coup jeu de mot empire du milieu tout ça... décalage... journaliste officiel... à la fin en#$*e un mouton !
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Ce sont les rêves qui donnent au monde sa forme.
- egometDoyen
Elyas a écrit:Les deux exemples d'école que tu me cites ne me font pas rêver. En revanche, ta conversation avec la formatrice singapourienne si (et je partage sa remarque sur le tissage entre pédagogie directe et constructiviste) Pour le mentoring, cela ne sera jamais accepté en France (je vois très bien ce que c'est). La culture et l'histoire professionnelles du professorat français n'y sont pas enclines, surtout que cela demanderait une révision du statut et une augmentation conséquente des salaires et de la formation. En tout cas, c'est toujours intéressant de lire des témoignages des pratiques d'autres continents (là, je découvre des pratiques brésiliennes et des pratiques africaines).
Cette conversation était d'autant plus importante pour moi, que je suis précisément en train de mettre en place le premier programme de mentoring dans les écoles publiques du Cambodge. Ca n'a pas bouleversé mes vues, parce que ça rejoint pour l'essentiel le travail que je fais depuis près d'un an. Mais ça me donne des arguments au cas où il faudrait défendre le programme face à la bureaucratie locale. La question des statuts, on est en plein dedans!
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- OrlandaFidèle du forum
Qu’est-ce que le mentoring?
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"Nous vivons à une époque où l'ignorance n'a plus honte d'elle-même". Robert Musil
- pseudo-intelloSage
ZeSandman a écrit:pseudo-intello a écrit:Je pense qu'il y a des différences majeures entre ton école et la plupart des écoles françaises, c'est la discipline, le respect du règlement par les élèves, l'empire qu'ils ont sur eux-mêmes.
J'enseigne dans une région très à la traîne, donc ce que j'écris n'est pas représentatif de ce qui se passe partout, mais j'ai des élèves sans filtre, très impulsifs, qui daignent difficilement respecter les consignes, et je les imagine très malattendre l'autorisation pour manger). J'ai effectué cette année des heures en Segpa (avec leur prof officielle), et j'ai vu une équipe pédagogique inquiète pour le jour où ils entreront en 4e et utiliseront des couteaux dans certains cours ; ces élèves ont en effet passé l'année à se lever, s'invectiver, s'insulter et à l'occasion, se mette des mandales, se sauter dessus... bref.
L'emprise du milieu ?
Que veux-tu dire ? Ma formulation était tout à fait correcte. Précieuse peut-être, mais correcte.
- ipomeeGuide spirituel
C'est un jeu de mot sur l'empire du milieu, qui désigne la Chine.
- ZeSandmanFidèle du forum
pseudo-intello a écrit:ZeSandman a écrit:pseudo-intello a écrit:Je pense qu'il y a des différences majeures entre ton école et la plupart des écoles françaises, c'est la discipline, le respect du règlement par les élèves, l'empire qu'ils ont sur eux-mêmes.
J'enseigne dans une région très à la traîne, donc ce que j'écris n'est pas représentatif de ce qui se passe partout, mais j'ai des élèves sans filtre, très impulsifs, qui daignent difficilement respecter les consignes, et je les imagine très malattendre l'autorisation pour manger). J'ai effectué cette année des heures en Segpa (avec leur prof officielle), et j'ai vu une équipe pédagogique inquiète pour le jour où ils entreront en 4e et utiliseront des couteaux dans certains cours ; ces élèves ont en effet passé l'année à se lever, s'invectiver, s'insulter et à l'occasion, se mette des mandales, se sauter dessus... bref.
L'emprise du milieu ?
Que veux-tu dire ? Ma formulation était tout à fait correcte. Précieuse peut-être, mais correcte.
Au temps pour moi je ne connaissais pas l'expression ; c'est maintenant chose faite.
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Ce sont les rêves qui donnent au monde sa forme.
- pseudo-intelloSage
Tu auras appris quelque chose.
- DhaiphiGrand sage
Il n'empêche, comme le signalait ipomée, que le jeu de mots est amusant.
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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- Olivia Grégoire préconise des cours de cuisine à l'école
- Marianne : un long article sur les cours de récréation.
- Les étudiants préfèrent les cours à l'ancienne >> article du Figaro Etudiant
- Article du HuffingtonPost : La cession du cours de son professeur est-elle une pratique légale?
- L'indispensable article de Ouest-France sur le portable : les enseignants ont des conversations téléphoniques privées durant leurs cours.
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