- tannatHabitué du forum
Je me demande si je ne vais pas leur faire lire un recueil de nouvelles de Tesson ou de Houellebcq... Après, Ils sont encore trop jeunes pour qu'on puisse leur faire lire King Kong théorie de Despentes ou Inhumaines de Claudel...
- IzambardFidèle du forum
King Kong théorie se fait en extrait sans problème en revanche. Et ils adorent.
- tannatHabitué du forum
Mais le donnerais-tu à lire en LC ?Izambard a écrit:King Kong théorie se fait en extrait sans problème en revanche. Et ils adorent.
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« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- IzambardFidèle du forum
Écoute, je vais le relire dans son entier. Je te dirai quand je me serai refait une idée plus précise.
- tannatHabitué du forum
Merci Izambard
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« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- IsidoriaDoyen
Je pense donner le 4e mur en cursive.
Dans le genre je trouve que ça colle plutôt bien au parcours. Mais peut-être un jour aurons-nous des précisions!
Dans le genre je trouve que ça colle plutôt bien au parcours. Mais peut-être un jour aurons-nous des précisions!
- IzambardFidèle du forum
Ah oui ? Je n'y aurais pas pensé. Quels liens comotes-tu établir ?
- IsidoriaDoyen
Le parcours est « individu, morale et société », le personnage, Georges, est très engagé, d’abord en France, puis peu à peu il est bouleversé par le Liban.
Moralement, il devient Antigone au fur et à mesure, se laissant aller à oublier sa promesse à sa femme de toujours rentrer. La scène avec sa fille pour la glace lors d’un des retours est dure, car on voit qu’il est pris par son investissement émotionnel pour le Liban au détriment de sa fille. Avec le maronite phalangiste à la fin, il commet l'irréparable, ce qui pourrait aussi être opposé au personnage du metteur en scène grec.
J’y vois donc un individu qui se construit, capable de commettre l’immoral même si au début il se revendique de la morale, et la société libanaise est intéressante à montrer à mes élèves. Il y a aussi le massacre de Chatila, qui montre comment une société se déchire. Pour moi Georges s’oppose à la princesse pour tout ça car elle, au contraire reste fidèle à sa morale.
Ça te paraît pertinent?
Moralement, il devient Antigone au fur et à mesure, se laissant aller à oublier sa promesse à sa femme de toujours rentrer. La scène avec sa fille pour la glace lors d’un des retours est dure, car on voit qu’il est pris par son investissement émotionnel pour le Liban au détriment de sa fille. Avec le maronite phalangiste à la fin, il commet l'irréparable, ce qui pourrait aussi être opposé au personnage du metteur en scène grec.
J’y vois donc un individu qui se construit, capable de commettre l’immoral même si au début il se revendique de la morale, et la société libanaise est intéressante à montrer à mes élèves. Il y a aussi le massacre de Chatila, qui montre comment une société se déchire. Pour moi Georges s’oppose à la princesse pour tout ça car elle, au contraire reste fidèle à sa morale.
Ça te paraît pertinent?
- OrlandaFidèle du forum
Je compte faire lire La Métamorphose de Kafka en cursive. On n’a guère écrit plus glaçant sur le poids de la morale et de la société sur l’individu.
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"Nous vivons à une époque où l'ignorance n'a plus honte d'elle-même". Robert Musil
- sifiÉrudit
Je ne connais pas cette oeuvre Isidoria, mais ton résumé semble correspondre et donne envie de lire le livre, en plus.
Le Hors-Série de la NRP que je suis en train de travailler pour préparer la séquence évoque une affiche qui permettrait de situer les rapports entre les personnages historiques. Cependant, je ne trouve cette affiche nulle part sur le site. Est-ce que quelqu'un a pu la trouver? Ou sinon, envisagez-vous de faire un tableau, ou que sais-je, pour clarifier ces personnages?
Personnellement c'est une époque que je connais un peu (vivent les châteaux de la Loire! ) mais je pense que pour nos élèves, Henri II, Diane de Poitiers, Catherine de Médicis, Marie Stuart, François II etc doivent être un vaste charabia...
Comment comptez-vous vous y prendre pour clarifier tout ça?
Le Hors-Série de la NRP que je suis en train de travailler pour préparer la séquence évoque une affiche qui permettrait de situer les rapports entre les personnages historiques. Cependant, je ne trouve cette affiche nulle part sur le site. Est-ce que quelqu'un a pu la trouver? Ou sinon, envisagez-vous de faire un tableau, ou que sais-je, pour clarifier ces personnages?
Personnellement c'est une époque que je connais un peu (vivent les châteaux de la Loire! ) mais je pense que pour nos élèves, Henri II, Diane de Poitiers, Catherine de Médicis, Marie Stuart, François II etc doivent être un vaste charabia...
Comment comptez-vous vous y prendre pour clarifier tout ça?
- VivivavaNiveau 10
Bonjour, je pense moi aussi qu'il faut présenter les personnages pour faire digérer le début du roman; l'affiche du hors-série n'a pas été numérisée, elle était livrée avec la version papier. Je peux en envoyer une photo en MP.sifi a écrit:Je ne connais pas cette oeuvre Isidoria, mais ton résumé semble correspondre et donne envie de lire le livre, en plus.
Le Hors-Série de la NRP que je suis en train de travailler pour préparer par séquence évoque une affiche qui permettrait de situer les rapports entre les personnages historiques. Cependant, je ne trouve cette affiche nulle part sur le site. Est-ce que quelqu'un a pu la trouver? Ou sinon, envisagez-vous de faire un tableau, ou que sais-je, pour clarifier ces personnages?
Personnellement c'est une époque que je connais un peu (vivent les châteaux de la Loire! ) mais je pense que pour nos élèves, Henri II, Diane de Poitiers, Catherine de Médicis, Marie Stuart, François II etc doivent être un vaste charabia...
Comment comptez-vous vous y prendre pour clarifier tout ça?
Il y a aussi ce document fait par un(e) collègue de l'académie de Versailles :
blog.ac-versailles.fr/1erelnerval/public/Personnages_Princesse_de_Cleves.pdf
- NouNiveau 5
Isidoria a écrit:Je pense donner le 4e mur en cursive.
Dans le genre je trouve que ça colle plutôt bien au parcours. Mais peut-être un jour aurons-nous des précisions!
Je pense le proposer aussi !
En réalisant une liste de livres susceptibles d'être proposés en cursive, j'ai très vite remarqué qu'il y avait beaucoup de femmes...
Donc, ça équilibrera un peu Parité oblige !
Aussi, je pensais à : Boule de Suif de Maupassant, Bartleby le Scribe de Melville, peut-être Lolita mais au moins 500 pages. Je ne suis pas encore familière de ce programme et du rythme à avoir...
Pour l'intitulé du parcours, je pense qu'il faut l'ouvrir au maximum, développer tous les sens possibles. C'est ce que suggère un peu le pseudo-sujet de dissertation du sujet 0 proposé il y a quelques jours
- sifiÉrudit
Merci pour le document, Vivivava, c'est utile, je vais voir si je peux le customiser un peu avec des portraits.
- lilichengEsprit éclairé
Je l'ai Sifi ! je peux essayer de te scanner ça si tu veux !
- lilichengEsprit éclairé
C'est du A3, j'ai scanné avec mon téléphone donc bon niveau qualité...
Édit :Excusez-moi d'avoir voulu rendre service...
Édit :Excusez-moi d'avoir voulu rendre service...
- VivivavaNiveau 10
J'ai fait pareil mais en couleur et ne l'enverrai qu'en MP pour respecter le principe de l'abonnement à la revue.
- sifiÉrudit
Merci beaucoup!!
Je suis abonnée à la NRP donc ça ne pose pas de problème en principe. Vivivava je t'envoie un MP.
Sinon, pour le parcours, je pensais à 2 GT "complémentaires": un premier en introduction sur le roman au XVIIème, avec un extrait de roman pastoral, un extrait de roman héroïque et un de roman historique (donc l'Astrée, le Grand Cyrus et Clélie), puis un GT sur les femmes et la morale dans le roman. Je pensais au lai du Chèvrefeuille pour le MA, la lettre II de Laclos pour le XVIIIème, et Mme Bovary pour le XIXème. A voir ce que je fais vraiment en étude linéaire.
Est-ce que cela vous semble pertinent? Le GT sur les femmes, à placer avant, ou après l'étude de l’œuvre? Ou à répartir avant/ après?
Je suis abonnée à la NRP donc ça ne pose pas de problème en principe. Vivivava je t'envoie un MP.
Sinon, pour le parcours, je pensais à 2 GT "complémentaires": un premier en introduction sur le roman au XVIIème, avec un extrait de roman pastoral, un extrait de roman héroïque et un de roman historique (donc l'Astrée, le Grand Cyrus et Clélie), puis un GT sur les femmes et la morale dans le roman. Je pensais au lai du Chèvrefeuille pour le MA, la lettre II de Laclos pour le XVIIIème, et Mme Bovary pour le XIXème. A voir ce que je fais vraiment en étude linéaire.
Est-ce que cela vous semble pertinent? Le GT sur les femmes, à placer avant, ou après l'étude de l’œuvre? Ou à répartir avant/ après?
- VivivavaNiveau 10
Message envoyé. Je ne réserve pas à des abonnés à la NRP l'image, mais je préfère ne pas la mettre sur le forum parce qu'elle ne doit pas être libre de droits.
Je suis embêtée moi aussi pour le parcours, celui-ci et tous les autres : comment concilier les documents permettant de contextualiser l'œuvre et ceux renvoyant au thème du parcours ?
Dans le parcours, je mettrai comme toi la lettre II, un extrait de roman précieux, le passage où Emma dit "j'ai un amant !" et peut-être un extrait de Thérèse Desqueyroux.
Je pense faire un GT de documents complémentaires qui porteront sur la fortune de l'œuvre : la réception de l'aveu, les adaptations et réécritures.
Je suis embêtée moi aussi pour le parcours, celui-ci et tous les autres : comment concilier les documents permettant de contextualiser l'œuvre et ceux renvoyant au thème du parcours ?
Dans le parcours, je mettrai comme toi la lettre II, un extrait de roman précieux, le passage où Emma dit "j'ai un amant !" et peut-être un extrait de Thérèse Desqueyroux.
Je pense faire un GT de documents complémentaires qui porteront sur la fortune de l'œuvre : la réception de l'aveu, les adaptations et réécritures.
- AphrodissiaMonarque
sifi a écrit:Merci beaucoup!!
Je suis abonnée à la NRP donc ça ne pose pas de problème en principe. Vivivava je t'envoie un MP.
Sinon, pour le parcours, je pensais à 2 GT "complémentaires": un premier en introduction sur le roman au XVIIème, avec un extrait de roman pastoral, un extrait de roman héroïque et un de roman historique (donc l'Astrée, le Grand Cyrus et Clélie), puis un GT sur les femmes et la morale dans le roman. Je pensais au lai du Chèvrefeuille pour le MA, la lettre II de Laclos pour le XVIIIème, et Mme Bovary pour le XIXème. A voir ce que je fais vraiment en étude linéaire.
Est-ce que cela vous semble pertinent? Le GT sur les femmes, à placer avant, ou après l'étude de l’œuvre? Ou à répartir avant/ après?
Pour le MA, tu pourrais utiliser peut-être avec profit le début du lai d'Yonec qui expose assez bien la relation maritale, la relation courtoise, les règles auxquelles une dame doit se tenir et les dangers si elles ne s'y tient pas. J'écris ceci en pensant au titre du parcours mais ce n'est peut-être pas vers cela que tu vas.
- Lai d'Yonec:
- LAI D'YWENEC (YONEC).
Puisque j'ai commencé des Lais, je veux achever mon travail. Les aventures que je sais, je vous les conterai tout d'abord. Mon projet est avant tout de vous faire connoître le Lai d'Ywenec, fils du chevalier Eudemarec, les amours de son père et de sa mère, et sa naissance.
Il y avoit jadis en Bretagne un vieil homme fort riche, lequel étoit seigneur de Caerwent. Cette ville, célèbre par les événements malheureux qui s'y sont passés, est bâtie sur les bords de la rivière de Duglas. Notre vieux et riche personnage se maria dans le dessein d'avoir des enfants, auxquels ils transmettroit son immense héritage. La nouvelle épouse issue d'une grande famille, étoit aimable, sage et très-belle. Enfin elle avoit tant de bonnes qualités qu'on n'auroit pu trouver sa pareille depuis son pays jusqu'à Lincoln, et même en Irlande. Les parents commirent une grande faute en sacrifiant ainsi leur fille. Notre vieil homme qui étoit fort jaloux, mit tous ses soins à garder sa jeune femme ; pour cela il l'enferma dans une tour, et lui donna pour la surveiller davantage, moins que pour lui tenir compagnie, une vieille sœur qui étoit veuve depuis long-temps. Il y avoit bien d'autres femmes pour faire le service , mais elles se tenoient dans une autre chambre. La pauvre petite dame ne pouvoit ouvrir la bouche et dire un mot sans le consentement de son antique gardienne.
Plus de sept ans s'écoulèrent sans que le mari eût des enfants, sans que la dame sortît de la tour, et sans voir ses parents ou ses amis. Lorsqu'elle alloit se coucher, aucun chambellan ou domestique n'entroit dans sa chambre pour allumer les flambeaux. La pauvre femme devient si triste de sa position qu'elle passe des journées entières dans les soupirs et dans les larmes. Ne prenant aucun soin de sa personne, elle perd presque toute sa beauté et maudit ses attraits qui ont causé son malheur. Au commencement d'avril, saison où les oiseaux font entendre leurs doux chants, le seigneur s'apprêta de grand matin pour aller à la chasse. Avant de partir il ordonne à la vieille de se lever pour fermer les portes sur lui. Après avoir obéi, la vieille prend son livre de prières et se met à lire. La dame se réveille, et déja des pleurs inondent son visage ; elle est aperçue de la vieille qui n'y fait pas attention. Elle se plaignoit et soupiroit. Dieu ! que je suis malheureuse d'être au monde ! Ma destinée est de vivre dans cette prison, d'où je ne sortirai qu'après ma mort.
Je ne sais ce que peut avoir ce vieux jaloux pour me retenir en esclavage ; quelle folie et quelle sottise de toujours craindre d'être trahi ! Je ne puis aller à l'église ni entendre les offices. Si je pouvois du moins causer avec quelqu'un et me promener, j'oublierois les torts de mon époux dans les moments mêmes où j'en aurois le moins d'envie. Maudits soient mes parents et tous ceux qui m'ont fait contracter une pareille alliance! Le mien est si vigoureusement constitué que je ne puis espérer sa mort. Sans doute qu'à son baptême il fut plongé dans le fleuve d'enfer ; car ses veines pleines de sang, la force de ses muscles, appartiennent à un homme robuste. J'ai souvent entendu raconter que dans les temps anciens, il arrivoit souvent aux affligés d'avoir des aventures qui mettoient un terme à leurs chagrins. Les chevaliers trouvoient des maîtresses charmantes, et les dames n'étoient jamais blâmées pour faire choix d'un amant jeune, beau, vaillant et libéral. D'ailleurs personne, à l'exception d'elles, ne voyoit leurs amants. Je m'abuse peut-être, et peut-être aussi ne vit-on jamais aventure pareille. Ah! Dieu qui a tout pouvoir puisse-t-il combler mon desir !
Après avoir donné un libre cours à ses plaintes, la dame aperçoit près de sa fenêtre l'ombre d'un grand oiseau de proie, et ne peut deviner ce que ce peut être. Il entre dans la chambre en volant, et vient se placer auprès d'elle. Après s'être arrêté un instant, et pendant que la dame l'examinoit, l'oiseau prend la forme d'un jeune et beau chevalier. La dame surprise change de couleur, et se couvre le visage pour la grande frayeur qu'elle ressent. Le chevalier, qui étoit fort courtois, lui parla en ces termes : Madame, daignez vous calmer ; j'ai pris la forme d'un autour, qui est un oiseau bien élevé ; mon discours peut vous paroître peu clair, mais attendez, et vous serez instruite des motifs de ma démarche. Je suis venu en ces lieux pour solliciter la faveur d'être votre ami; depuis long-temps je vous aime et mon cœur vous desire. Je n'ai jamais aimé et n'aimerai jamais d'autre femme que vous ; et je vous l'avouerai, je ne serois point venu en ces lieux, je ne serois pas même sorti de mon pays, si vous ne m'aviez, vous même, fait le plaisir de me demander pour être votre amant.
La dame qui avoit repris courage découvrit sa figure, et répondit au chevalier. Seigneur, je consens à vous accepter pour être mon ami; mais au préalable je veux être certaine que vous croyez en Dieu. Le chevalier avoit tout ce qu'il falloit pour captiver une femme; il étoit dans la fleur de l'âge, beau et bien fait. Dame, vous avez parfaitement raison , je ne voudrois pour nulle chose au monde que vous ayez quelque soupçon sur ma foi. Je crois fermement au créateur qui mourut pour nous racheter du péché de notre père Adam, causé par le manger d'une pomme bien amère. Il a été, il est, Usera éternellement la vie et le refuge des pécheurs. Au surplus, si vous conceviez quelque doute, mandez votre chapelain ; dites-lui que très-malade, vous desirez entendre le service établi par Dieu lui-même, pour effacer les fautes des humains. Je prendrai votre figure et vos traits pour recevoir le corps du Seigneur, je réciterai mes prières, et j'ose espérer que vous serez entièrement convaincue de mes sentiments religieux). J'y consens, reprit la dame. En attendant le chevalier lui propose de se coucher sur le même lit. On cause, mais il se garde bien d'embrasser sa belle ou de faire ce que sa position semble pouvoir autoriser.
Revenue dans la chambre, la vieille trouve la dame réveillée, et lui fait observer qu'il est temps de se lever; elle lui propose même de lui apporter ses vêtements. La dame répond qu'elle est fortement indisposée, et que, bien loin de songer à s'habiller, par les douleurs qu'elle éprouve , elle a plutôt besoin des secours du chapelain. Souffrez en paix, madame, lui dit la vieille, votre mari étant allé à la chasse , personne , excepté moi, n'entrera céans. Je laisse à penser quel fut le désespoir de la dame. Pour en venir à ses desirs, elle feint de se trouver mal. La vieille effrayée de ce qu'elle voit, ouvre la porte, et court aussitôt chercherle prêtre. Celui-ci fait diligence, part, arrive et apporte avec lui l'eucharistie qui lui avoit été demandée. Le chevalier qui avoit pris la semblance de la dame, reçoit le pain et le vin du calice ; le chapelain sort, et la vieille court fermer les portes après lui. La dame se repose près du chevalier, et jamais vous n'avez vu un aussi beau couple. Après a voir assez ri, assez joué, et après qu'ils furent convenus de tous leurs faits, le chevalier prit congé pour retourner dans son pays.
La dame le prie avec tendresse de revenir souvent. Belle amie, je vous verrai toutes les fois que vous le desirerez, à toutes les heures du jour si cela peut vous plaire. Mais je vous en conjure, prenez garde à ne commettre aucune indiscretion qui puisse faire connoître notre intelligence. Méfiez vous particulièrement de cette vieille, laquelle vous guettant nuit et jour finira par nous surprendre. Apercevant notre amour, elle en fera pari à votre époux, et si jamais le malheur arrive que nous soyons découverts, je suis forcé de vous avouer que je ne puis m'en défendre et qu'il me faudra mourir. En partant le chevalier laisse son amie dans la plus grande joie; le lendemain elle se lève avec plaisir, et pendant toute la semaine, elle fut d'une gaieté charmante. Pour plaire à son amant, elle soigne davantage sa toilette. Son esprit plus tranquille lui laisse reprendre ses attraits, et bientôt elle a recouvré toute sa beauté. La tour qu'elle habitoit et qui, naguère lui déplaisoit tant, devient pour elle un séjour agréable ; elle le préfère à tout autre, puisqu'elle peut voir son amant aussi souvent qu'elle le desire. Sitôt que son mari est absent, le jour, la nuit elle peut converser avec le cbevalier aussi long-temps qu'elle le desire. Que Dieu prolonge le temps heureux où elle peut jouir du bonheur d'être aimée !
Le vieux mari remarqua, non sans surprise, le grand changement qui s'étoit opéré dans le caractère et dans la conduite de sa femme. Il soupçonna que ses ordres étoient mal exécutés par sa sœur, c'est pourquoi la prenant un jour à part, il lui demanda la raison pourquoi sa moitié qui naguère étoit si triste, apportoit maintenant le plus grand soin à se bien vêtir. La vieille lui répondit qu'elle l'ignoroit absolument. Il est impossible de pouvoir parler à votre femme, elle ne peut avoir ni amant, ni ami ; j'ai cependant observé comme vous qu'elle aime mieux sa solitude que par le passé. Je vous croie parfaitement, ma sœur, mais il faut agir de ruse pour éclaircir le mystère. Écoutez, le matin lorsque je serai levé et que vous aurez fermé les portes sur moi, vous ferez semblant de sortir et de laisser ma femme toute seule dans son lit. Cachez vous dans quelque coin d'où vous puissiez tout voir, tout entendre, et faites en sorte de découvrir le motif de son contentement. Ils s'arrêtent à ce conseil. Hélas ! quel malheur pour ces amants dont on conjure la perte !
La suite ici
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Hominis mens discendo alitur et cogitando. (Cicéron)
Et puis les steaks ? Ça se rate toujours comme la tragédie. Mais à des degrés différents. (M. Duras)
- OrlandaFidèle du forum
On peut penser aussi aux nouvelles de L’Heptaméron. Il y a de quoi faire! Je vais en faire étudier une dans le parcours je pense.
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"Nous vivons à une époque où l'ignorance n'a plus honte d'elle-même". Robert Musil
- sifiÉrudit
@Aphrodissia merci, c'est effectivement dans l'idée de ce que je recherche. J'ai les Lais dans ma bibliothèque mais il y a fort longtemps que je n'ai plus eu l'occasion de tous les relire! Le Lai du Rossignol pourrait fonctionner aussi, sur la femme qui regarde son amant par la fenêtre, et la réaction du mari.
@lilicheng: merci c'était très gentil!!!
Du coup, comment placez-vous votre parcours? Comme ce sera ma séquence de début d'année, les élèves n'auront pas tout de suite le livre, et il leur faudra aussi le temps de le lire. Il faudra donc que je commence par le GT sur les femmes et la morale. Ce sera aussi l'occasion de revoir les bases du commentaire (linéaire et thématique).
@lilicheng: merci c'était très gentil!!!
Du coup, comment placez-vous votre parcours? Comme ce sera ma séquence de début d'année, les élèves n'auront pas tout de suite le livre, et il leur faudra aussi le temps de le lire. Il faudra donc que je commence par le GT sur les femmes et la morale. Ce sera aussi l'occasion de revoir les bases du commentaire (linéaire et thématique).
- aveliraNiveau 3
Les lais sont des poèmes dans le texte d'origine. Des poèmes narratifs certes, mais des poèmes. Les textes du parcours associé doivent appartenir au même genre littéraire.
- AphrodissiaMonarque
@avelira, des poèmes narratifs entrent bien dans le cadre de l'objet d'étude "le roman et le récit du MA au XXIe siècle", n'est-ce pas? Donc on peut utiliser un extrait de lai.
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Hominis mens discendo alitur et cogitando. (Cicéron)
Et puis les steaks ? Ça se rate toujours comme la tragédie. Mais à des degrés différents. (M. Duras)
- aveliraNiveau 3
@Aphrodissia Oui, effectivement. Pardon, je me remets au travail et je n'avais plus exactement en tête l'intitulé de l'objet d'étude. Merci.
- sifiÉrudit
En revanche, peut-on proposer une ET sur un lai? Cela me semble compliqué, soit c'est une traduction et donc cela n'a pas grand intérêt, soit on part du texte d'origine mais les élèves risquent d'avoir un gros souci de compréhension, non? Comment faites-vous habituellement au lycée, quand vous faites un texte du MA?
- aveliraNiveau 3
@sifi Le programme de grammaire traitant de grammaire "moderne", il s'agit de commenter la traduction. Ce qui ne t'empêche pas de distribuer tout ou partie du texte en ancien français afin qu'ils puissent voir à quoi ressemblait cette langue !
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