Suicide d'une CPE du lycée Jean Moulin de Béziers [avril 2019]

egomet a écrit:Je ne crois pas que ce soit calculé, au sens où les types du rectorat chercheraient seulement à se couvrir. Je crois qu'en mettant en place des "dispositifs d'écoute" ils espéraient sincèrement que les choses allaient s'améliorer.

J'aimerais croire cela. Mais je n'y arrive plus, loin s'en faut. :|

Pardon mais quand je lis ça:

En octobre 2018, France Bleu a écrit:Signe de ce malaise ambiant, le nombre d’arrêts maladie quotidiens est en moyenne de 30 % d’après leurs dires, voire 50 % comme par exemple en cuisine.

https://www.francebleu.fr/infos/education/un-nombre-de-suicides-anormalement-important-au-lycee-jean-moulin-de-beziers-1539864698

j'ai beaucoup de mal à croire à la stupidité sincère dans leur « gestion » et leurs dispositifs d'écoute.

Ça y est ça commence sérieusement chez nous.
On a plusieurs suicides de médecins ces derniers mois et ceux chez les flics sont aussi en forte augmentation.
Il n'y avait pas de raison qu'on ne soit pas les prochains, les mêmes causes produisant partout les mêmes effets.

Ergo a écrit:Pardon mais quand je lis ça:

En octobre 2018, France Bleu a écrit:Signe de ce malaise ambiant, le nombre d’arrêts maladie quotidiens est en moyenne de 30 % d’après leurs dires, voire 50 % comme par exemple en cuisine.

https://www.francebleu.fr/infos/education/un-nombre-de-suicides-anormalement-important-au-lycee-jean-moulin-de-beziers-1539864698

j'ai beaucoup de mal à croire à la stupidité sincère dans leur « gestion » et leurs dispositifs d'écoute.

Les dispositifs d'écoute sont juste là pour protéger la hiérarchie et prévenir les futures plaintes. Ainsi elle ne pourra pas dire "on n'a rien fait". Remettre en question le management ne fera pas partie du programme des cellules d'écoute. Et c'est aussi une façon insidieuse de dire aux enseignants "c'est votre faute, mais on veut bien vous aider". L'ancien DASEN de la Haute-Garonne en a fait les frais après l'affaire Gallieni quand il a voulu instaurer des stages d'accompagnement à l'équipe enseignante. Il a été débarqué parce que c'était médiatisé, cela faisait trop "tâche", sinon , il serait resté

Zagara a écrit:Ça y est ça commence sérieusement chez nous.
On a plusieurs suicides de médecins ces derniers mois et ceux chez les flics sont aussi en forte augmentation.
Il n'y avait pas de raison qu'on ne soit pas les prochains, les mêmes causes produisant partout les mêmes effets.

Ah, ce sacerdoce, ces métiers qui ont du sens, ces merveilleux métiers de contact avec le public...

Je suis peinée par cette mort de trop, une fois encore.

Notre ministre a-t-il réagit d'ailleurs au suicide de la CPE ? Ah non pas encore, cela n'a pas d$u être assez médiatisé; il était plus urgent de faire valoir l'enseignement pro juste après l'incendie de la cathédrale ND

C'est une stratégie très classique du management toxique de faire passer les effets psychosociaux générés par ses structures et méthodes pour des inadaptations individuelles au réel.

Ça permet de transformer les victimes d'une machine fondée sur le flux tendu, la surcharge de travail et la chicote, en victime d'elle-même, personne fragile à protéger et reconstruire. En creux, ça fait passer les messages : "ça va très bien pour les gens qui n'ont pas besoin de psy" et "l'institution se soucie de ses personnels ressources".

gauvain31 a écrit:
Les dispositifs d'écoute sont juste là pour protéger la hiérarchie et prévenir les futures plaintes. Ainsi elle ne pourra pas dire "on n'a rien fait". Remettre en question le management ne fera pas partie du programme des cellules d'écoute. Et c'est aussi une façon insidieuse de dire aux enseignants "c'est votre faute, mais on veut bien vous aider". L'ancien DASEN de la Haute-Garonne en a fait les frais après l'affaire Gallieni quand il a voulu instaurer des stages d'accompagnement à l'équipe enseignante. Il a été débarqué parce que c'était médiatisé, cela faisait trop "tâche", sinon , il serait resté

Ok.
Il n'a pas été assez médiatisé pour eux, cet établissement, depuis le suicide de Lise Bonnafous ? Une collègue s'est foutu le feu dans la cour du bahut. J'ai quand même le souvenir que ça avait un peu franchi la barre de la presse locale.

Pierre Dorques, le proviseur adjoint qui « était unanimement apprécié par l’ensemble des enseignants et des élèves », à qui "on" avait proposé de partir voir ailleurs...
Le responsable des agents dans son logement de fonction...

C'est à combien d'articles, alors, puisque manifestement les morts, eux, n'ont aucune importance ?

Ergo a écrit:

gauvain31 a écrit:
Les dispositifs d'écoute sont juste là pour protéger la hiérarchie et prévenir les futures plaintes. Ainsi elle ne pourra pas dire "on n'a rien fait". Remettre en question le management ne fera pas partie du programme des cellules d'écoute. Et c'est aussi une façon insidieuse de dire aux enseignants "c'est votre faute, mais on veut bien vous aider". L'ancien DASEN de la Haute-Garonne en a fait les frais après l'affaire Gallieni quand il a voulu instaurer des stages d'accompagnement à l'équipe enseignante. Il a été débarqué parce que c'était médiatisé, cela faisait trop "tâche", sinon , il serait resté

Ok.
Il n'a pas été assez médiatisé pour eux, cet établissement, depuis le suicide de Lise Bonnafous ? Une collègue s'est foutu le feu dans la cour du bahut.
Pierre Dorques, le proviseur adjoint qui « était unanimement apprécié par l’ensemble des enseignants et des élèves », à qui "on" avait proposé de partir voir ailleurs...
Le responsable des agents dans son logement de fonction...

Il leur faut combien d'articles, alors, puisque manifestement les morts, eux, n'ont aucune importance ?

Hypothèse forte : les rectorats s'en calissent totalement.

Après tout, c'est pas comme si y'avait eu 10 précédents dans plein de services publics et anciens services publics. Le "new public management" est rodé depuis environ 20 ans, est rarement jugé, rarement puni et n'émeut pas tant que ça l'opinion publique. Alors pourquoi prendre des pincettes ?

Il faut avoir conscience que l'autonomie offerte aux établissements permettra de multiplier les "expérimentations" de chefs d'établissement en roue libre qui décident de passer au "management agile" (cancer) ou à d'autres formes de new public management.

Voilà. On est d'accord.
Vivement le tweet de thoughts and prayers.

Ergo a écrit:

gauvain31 a écrit:
Les dispositifs d'écoute sont juste là pour protéger la hiérarchie et prévenir les futures plaintes. Ainsi elle ne pourra pas dire "on n'a rien fait". Remettre en question le management ne fera pas partie du programme des cellules d'écoute. Et c'est aussi une façon insidieuse de dire aux enseignants "c'est votre faute, mais on veut bien vous aider". L'ancien DASEN de la Haute-Garonne en a fait les frais après l'affaire Gallieni quand il a voulu instaurer des stages d'accompagnement à l'équipe enseignante. Il a été débarqué parce que c'était médiatisé, cela faisait trop "tâche", sinon , il serait resté

Ok.
Il n'a pas été assez médiatisé pour eux, cet établissement, depuis le suicide de Lise Bonnafous ? Une collègue s'est foutu le feu dans la cour du bahut. J'ai quand même le souvenir que ça avait un peu franchi la barre de la presse locale.

Pierre Dorques, le proviseur adjoint qui « était unanimement apprécié par l’ensemble des enseignants et des élèves », à qui "on" avait proposé de partir voir ailleurs...
Le responsable des agents dans son logement de fonction...

C'est à combien d'articles, alors, puisque manifestement les morts, eux, n'ont aucune importance ?

Oui ce suicide a été très médiatisé, et le silence de Chatel à l'époque a été assourdissant et a fait polémique. On était dans une autre académie. Celui hélas du jeune collègue de mathématiques au collège Hubertine Auclert de Toulouse beaucoup moins et son suicide avait été mis sur le compte de problème personnels alors que les conditions de travail étaient terribles.

Là ou c'est efficace c'est qu'au lieu d'avoir une institution centrale qui impose une bifurcation managériale, elle responsabilise les cadres de terrain. Son discours c'est : les chefs sont libres et c'est à eux de doser leurs techniques de management. Donc si ça dérape vraiment (par ex. plusieurs suicides dans le même établissements en quelques semaines), le fusible est tout trouvé et le rectorat & MEN en ressortent blancs comme neige. On sort le discours passe-partout "c'est la dérive d'un individu non représentatif de l'institution".

Sauf qu'en fait, par le jeu des dotations et des évaluations des cadres, ils sont contraints d'adopter des techniques d'optimisation plus ou moins toxiques pour optimiser la productivité de leurs ressources. Ça permet aussi de toujours trouver un "gentil proviseur tout chaton" pour faire pièce au "méchant loup garou mangeur de prof", afin de faire passer l'idée que "le réel est complexe", "ils ne sont pas tous comme ça", bref les ficelles habituelles pour noyer le poisson et faire oublier les structures mises en oeuvre.

Tactique souple.

Zagara a écrit:Hypothèse forte : les rectorats s'en calissent totalement.

Oui, jusqu'à ce qu'il y ait, un jour, une plainte au pénal. Didier Lombard à l'époque de France Télécom a fini par être rattrapé.

Et ça montrera l'exemple aux autres chefs d'établissement qui par leur technique de souplesse redeviendront des chatons

Troisième plus grand Lycée de France ! Le problème est là, il faut scinder cette énorme machine à broyer les humains.

Par rapport à ce suicide lire aussi : http://m.leparisien.fr/amp/faits-divers/un-lycee-de-beziers-frappe-par-un-sixieme-suicide-en-onze-ans-18-04-2019-8056290.php?fbclid=IwAR0FTYobywYJzksA85y1xcXA9hOpjp0kjoWg_Su8AABgpbpfaJrl-8SiN7M et https://www.francebleu.fr/infos/education/un-nombre-de-suicides-anormalement-important-au-lycee-jean-moulin-de-beziers-1539864698?fbclid=IwAR2aEmQ8kyneEHXah_HAW5_vDi9s2xycXOj55H50Ph3DB-GQ5hWyCgIyxq4

gauvain31 a écrit:

Zagara a écrit:Hypothèse forte : les rectorats s'en calissent totalement.

Oui, jusqu'à ce qu'il y ait, un jour, une plainte au pénal. Didier Lombard à l'époque de France Télécom a fini par être rattrapé.

Et ça montrera l'exemple aux autres chefs d'établissement qui par leur technique de souplesse redeviendront des chatons

Totalement d'accord, que l'on nomme enfin des responsables.

LadKlima a écrit:

gauvain31 a écrit:

Zagara a écrit:Hypothèse forte : les rectorats s'en calissent totalement.

Oui, jusqu'à ce qu'il y ait, un jour, une plainte au pénal. Didier Lombard à l'époque de France Télécom a fini par être rattrapé.

Et ça montrera l'exemple aux autres chefs d'établissement qui par leur technique de souplesse redeviendront des chatons

Totalement d'accord, que l'on nomme enfin des responsables.

1/ Le procès n'est pas terminé et le verdict prononcé.

2/ 10 ans après les faits, quel sens aura(it) l'éventuelle peine ?

3/ Une qualification juridique très réduite par rapport aux faits (harcèlement moral).

4/ Longueur de l'éventuelle procédure, difficile recherche des responsabilités si longtemps après les faits, condamnation minime peut-être, pratique dénoncée qui n'a pas disparu dans l'univers professionnel.

Condorcet a écrit:

LadKlima a écrit:

gauvain31 a écrit:

Zagara a écrit:Hypothèse forte : les rectorats s'en calissent totalement.

Oui, jusqu'à ce qu'il y ait, un jour, une plainte au pénal. Didier Lombard à l'époque de France Télécom a fini par être rattrapé.

Et ça montrera l'exemple aux autres chefs d'établissement qui par leur technique de souplesse redeviendront des chatons

Totalement d'accord, que l'on nomme enfin des responsables.

1/ Le procès n'est pas terminé et le verdict prononcé.

2/ 10 ans après les faits, quel sens aura(it) l'éventuelle peine ?

3/ Une qualification juridique très réduite par rapport aux faits (harcèlement moral).

4/ Longueur de l'éventuelle procédure, difficile recherche des responsabilités si longtemps après les faits, condamnation minime peut-être, pratique dénoncée qui n'a pas disparu dans l'univers professionnel.

Certes. Mais sinon ? Ne rien faire ?

Une mort de plus, une mort de trop...

Action et Démocratie CFE-CGC dépose un recours au tribunal administratif de Paris pour que la loi sur la santé soit respectée.

Depuis l’été dernier, deux personnes ont mis fin à leur vie au lycée Jean Moulin à Béziers (six depuis 2008 dans ce même établissement). Pour ce syndicat créée en 2014, l'État ne cesse d'ignorer ses obligations vis-à-vis de son personnel. L'employeur public, comme privé est tenu de faire suivre ses agents. Ce qui ne semble pas le cas à en croire le vice-président national Gérard Lenfant.

https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/un-syndicat-d-enseignants-porte-plainte-contre-l-etat-apres-une-serie-de-suicides-notamment-a-1558974592