Grève mardi 19 mars 2019 ?

La blague de l'époque était : "Un courant d'air dans le bureau de Macron a fait s'envoler le post-it sur lequel était son programme".

Mais bon, ce peu était bien suffisant pour savoir en quoi consisterait sa politique.

Bien sûr. Mais la taille du document indiquait assez le peu de cas qu'il faisait lui-même de l'adhésion à un programme, tout comme le nom de son parti (en marche vers quoi ?). Sa stratégie était de ce point de vue l'inverse de celle de Mélenchon, qui proposait un programme étoffé et mettait l'accent sur son sérieux, la discussion et les vérifications dont il pouvait faire l'objet. Il a perdu. Macron a lui fondé sa campagne sur une fable biographique et quelques mots-clés modernistes. Et il était servi par des media et des experts qui affirmaient que son programme n'était pas celui qu'il était (et, si grossiers soient-ils, ce sont les menteurs qu'il faut accuser, pas leurs victimes). Ses propres choix n'invitent vraiment pas à penser que l'adhésion au programme est déterminante, et les élections de la Ve sont clairement pensées comme celles d'une personne. Macron est le résultat d'une hallucination collective.

Il y avait aussi un site internet présentant le programme et Macron avait déjà été ministre avec des actions comme le CICE.
C'est un peu facile de dire que l'on a voté pour lui au 1er tour sans adhérer à une grande partie du programme.

C'est plutôt l'inverse qui est très difficile à établir. Il faut supposer que les gens s'informent correctement, savent relativiser les informations qu'ils reçoivent, traiter les arguments, recevoir et méditer la contradiction, ne se laissent pas séduire par la communication du candidat (qu'il faut donc supposer inutile), choisissent un programme plus qu'ils n'en rejettent un autre même si le mécanisme de l'élection consiste à éliminer les candidats pour garder le "moins pire".

J'ai l'impression, dites-moi si je me trompe, qu'on ne veut pas dire, en réalité, que les électeurs de Macron ont consciemment choisi son programme tel qu'il était vraiment, mais qu'ils sont entièrement responsables de leur choix, parce qu'ils auraient dû s'informer. Mais je ne vois pas comment évacuer d'un revers de main, dans une démocratie, la responsabilité de tous ceux qui ont maquillé ce programme, voire l'ont fait passé pour ce qu'il n'était pas : media, experts, communicants, Macron lui-même.

Je préfère penser que les électeurs ont voté par adhésion au 1er tour car sinon cela signifie que même les CSP + ne sont plus aptes à chercher des informations, lire, se renseigner.... je trouve que c'est très effrayant.

Oh mais je veux bien croire que les très riches savaient à quoi s'en tenir, pour la plupart. Quant aux autres, je trouve assez vain de les juger. Une démocratie est faite des gens tels qu'ils sont. Certains s'occupent d'essayer de les éclairer, et s'ils sont honnêtes ils essayent en même temps de s'éclairer eux-mêmes et se gardent de se prendre pour des gardiens de la vérité. Ce qui me semble possible et désirable, c'est d'avoir une société où les gens dont la parole est publique représentent toutes les catégories sociales, des points de vue et des compétences variés, soient aussi indépendants que possible et jouissent des conditions qui leur permettent de faire un travail de qualité.

Petite question juridique : une collègue a moi a été verbalisée pour trouble à l'ordre public mardi parce qu'elle se tenait seule et en silence avec une pancarte contre la réforme du lycée. On lui a demandé ses papiers et elle a été prise en photo ; elle n'a pas trop compris pourquoi on lui accordait tant d'importance, mais d'après les policiers elle aurait dû déclarer sa manifestation (alors qu'elle était toute seule ?) en mairie. Est-ce que certains auraient de vrais arguments juridiques à opposer à cette contravention (nombre à partir duquel on estime qu'il y a manifestation, question du trouble ou pas à l'ordre public...) ?

Aucune idée Illiane, désolée.
Quelqu'un a des infos sur d'autres académies ? Ce mail provient du SNES Lyon.

Améthyste, pour plus de visibilité, il vaudrait peut-être mieux ouvrir un autre sujet pour les mouvements du 30 mars.

Sphinx a écrit:Améthyste, pour plus de visibilité, il vaudrait peut-être mieux ouvrir un autre sujet pour les mouvements du 30 mars.

D'accord.

Pour info, dès qu'on manifeste (même seul) dans un lieu public cela doit être déclaré (au moins 3 jours avant en mairie ou préfecture selon les villes).
J'étais au rectorat de Toulouse la semaine dernière, et aujourd'hui je suis de nouveau en grève: les syndicats ont rappelé à la grève pour aujourd'hui sur l'académie pour dénoncer les violences policières. Plusieurs actions sont prévues aujourd'hui, cette fois je n'irai pas à l'action "tendue" de prévu (mais je soutiens ceux qui y vont), par contre j'irai devant le rectorat à 14h30 et à l'AG en fin d'aprèm. J'espère que cette fois, les médias vont un peu parler de nous et de nos revendications (car certains d'entre nous se sont faits gazer, france 3 est arrivé au rectorat après pour faire un reportage sur un contractuel, on leur a raconté ce qui s'était passé, on leur a envoyé les vidéos, et ils en ont juste parlé sur leur site web, aucun mot dans leur reportage à la télé...

J'ai le sentiment que notre bien-aimé sinistre de l’Éducation Nationale n'a pas sourcillé suite à la grève de mardi dernier. Quelle suite alors ?

lesflouesdelen a écrit:Pour info, dès qu'on manifeste (même seul) dans un lieu public cela doit être déclaré (au moins 3 jours avant en mairie ou préfecture selon les villes).

Merci pour l'info !

Oui enfin dans la pratique aucun rapport. Le nombre de manifestations ou mobilisations que j'ai pu faire (ou organiser) sans que ce ne soit déclaré en n'ayant aucun problème avec la police, c'est courant. Ils viennent juste relever l'identité des personnes présentes et basta.

Seifer a écrit:Oui enfin dans la pratique aucun rapport. Le nombre de manifestations ou mobilisations que j'ai pu faire (ou organiser) sans que ce ne soit déclaré en n'ayant aucun problème avec la police, c'est courant. Ils viennent juste relever l'identité des personnes présentes et basta.

Malheureusement pour ma collègue, cette fois ils se sont fait plaisir ...

On reste encore un état de droit, même si ça vacille. A l'heure actuelle, elle gagne au tribunal quoiqu'il arrive.

Pour info après ce qui s'est passé la semaine dernière, nous avons été 8 à être reçus au rectorat de Toulouse aujourd'hui... La rectrice n'était pas là, le secrétaire général d'académie et la directrice de cabinet (ou une de ses adjointes, je n'ai pas très bien compris)... Et ça en est écœurant, ils font suivre notre message à la rectrice qui était en déplacement mais ils ne condamnent pas les violences subies... Par contre ils regrettent que certains aient souffert à cause de ça (pour info 3 jours d'ITT, 2 réactions allergiques avec plaques, 1 étranglement, des bleus, des vêtements arrachés, des brûlure à la gorge, ...). Nous avons demandé des explications (c'est bien la rectrice qui a appelé les forces de l'ordre), et un communiqué de presse avec condamnation des violences et excuses (je pense que nous ne l'obtiendrons pas)