Le Neo-défi lecture 2019 - Ici, on papote !

Babarette a écrit:

Malaga a écrit:Pour le défi 10: un livre d'un auteur qui n'écrit pas dans sa langue maternelle, j'ai lu le fameux Persepolis de Marjane Satrapi.

Cette bande dessinée  raconte l'enfance, l'adolescence et l'entrée dans le monde adulte de Marjane. Elle vit en Iran, à Téhéran, quand débute la guerre contre l'Irak. Elle passe ensuite plusieurs années à Vienne, envoyée par ses parents pour faire ses études. Elle revient enfin à Téhéran où elle termine ses études.

Mon avis : j'avais vu l'adaptation de la BD en film et je l'avais beaucoup aimé. Mais j'ai beaucoup apprécié me replonger dans l'histoire de Marjane. Ce roman graphique mêle à la fois l'histoire de l'Iran, la vie quotidienne à Téhéran, notamment pour les femmes, et le passage à l'âge adulte (avec tout ce que cela comporte de compliqué) d'une jeune femme qui n'a pas la langue dans sa poche. Une bande dessinée excellente.

Lire, de la même dessinatrice, Broderies, une oeuvre où elle parle de sexualité avec les femmes de sa famille, de manière très libre.

merci pour le conseil

31. Un livre écrit par un auteur d’un pays nordique : Herbjørg Wassmo  Le livre de Dina 1
Je n'ai sans doute pas lu assez attentivement ce qui avait été écrit ici à propos de ce livre (j'y reviendrai), moi je n'ai pas été éblouie, et je n'ai pas envie de lire la suite.

39. Un livre qui a par la suite été adapté en comédie musicale :  G-B Shaw Pygmalion
Je n'ai jamais vu My fair lady, je partais donc sans idée préconçue (je connaissais juste l'argument) ; j'ai beaucoup aimé, ça ne se réduit pas au couple attendu, les personnages secondaires sont tous parfaits, et la fin tout à fait étonnante.
Maintenant, je me demande ce qu'il en reste dans la comédie musicale , je crois que je vais céder à la curiosité.

7. Un livre dont l'histoire n'est pas racontée dans l'ordre chronologique : J'attraperai ta mort, d'Hervé Commère.

J’ai bien l’impression qu’il s’agit là du premier roman, publié du moins, d’Hervé Commère. Et… c’est une petite déception je dois dire. Il aurait fallu commencer par celui-là certainement. Sûre que l’écriture s’est améliorée ensuite, alors je subis un petit retour en arrière sur la qualité stylistique je crois.
Les livres d’Hervé Commère me donnent l’impression de se caractériser par des histoires très construites. Ici, on commence avec Paul Serinen qui nous raconte lui-même son histoire. Quelques allers-retours dans le temps compliquent un peu la chose sans que j’ai trouvé de réel intérêt à ce procédé, mais j’ai peut-être raté là quelque chose. La parole sera transmise à d’autres personnages, narrateurs à leur tour, venant augmenter le récit d’autres voix. Cent cinquante pages environ, vite lues, qui ne laisseront pas un souvenir impérissable mais qui présagent de bonnes choses pour la suite. Et pour avoir déjà lu Des ronds dans l’eau et Imagine le reste, je sais qu’en effet ceux-ci sont meilleurs et valent vraiment la peine d’être lu.
C’est chouette car j’ai deux autres romans d’Hervé Commère qui m’attendent…
Au suivant !

Malaga a écrit:Pour le défi 10: un livre d'un auteur qui n'écrit pas dans sa langue maternelle, j'ai lu le fameux Persepolis de Marjane Satrapi.

Cette bande dessinée  raconte l'enfance, l'adolescence et l'entrée dans le monde adulte de Marjane. Elle vit en Iran, à Téhéran, quand débute la guerre contre l'Irak. Elle passe ensuite plusieurs années à Vienne, envoyée par ses parents pour faire ses études. Elle revient enfin à Téhéran où elle termine ses études.

Mon avis : j'avais vu l'adaptation de la BD en film et je l'avais beaucoup aimé. Mais j'ai beaucoup apprécié me replonger dans l'histoire de Marjane. Ce roman graphique mêle à la fois l'histoire de l'Iran, la vie quotidienne à Téhéran, notamment pour les femmes, et le passage à l'âge adulte (avec tout ce que cela comporte de compliqué) d'une jeune femme qui n'a pas la langue dans sa poche. Une bande dessinée excellente.

Je l'aime beaucoup et il a son petit succès avec les élèves. J'ai au fond de ma classe une petite bibliothèque, dans laquelle j'autorise les élèves à piocher quand ils ont fini un contrôle en avance. J'aime bien orienter leur choix vers Persépolis, en disant : "Prends le gros là, il va te plaire". Jusqu'ici ça a toujours marché, ils et elles me demandent s'ils peuvent le continuer à la maison, et je leur annonce fièrement qu'ils n'ont plus qu'à aller au CDI pour l'emprunter! (niveau collège)

Oudemia a écrit:31. Un livre écrit par un auteur d’un pays nordique : Herbjørg Wassmo  Le livre de Dina 1
Je n'ai sans doute pas lu assez attentivement ce qui avait été écrit ici à propos de ce livre (j'y reviendrai), moi je n'ai pas été éblouie, et je n'ai pas envie de lire la suite.

Moi non plus, je n'avais pas été séduite par cette histoire, que j'ai trouvée pesante et fort longue.

De mon côté, j'ai profité d'une nuit d'insomnie pour finir Les Revenants, de Laura Kaschichke. C'est une belle surprise. Je n'irais pas jusqu'à dire que la langue est belle (bon, je le lis en traduction) mais il y a une atmosphère fascinante, l'histoire est bien menée et le regard sur la société américaine est aigu et sans concessions. Une lecture bien agréable. Je remercie les Néo qui m'ont fait découvrir cet auteur. Je place ce roman dans le défi "livres qui commencent par une mort".

J'ai toujours le Zorn au pied de mon lit, mais j'ai mis la main sur L'Île des esclaves. Je n'ai jamais lu ce Marivaux, auteur que j'affectionne beaucoup, et je suis curieuse de découvrir cette oeuvre que l'on a vu fleurir de toutes parts à la faveur des nouveaux programmes. Comme c'est très court, je vais la lire avant de me lancer dans Zorn.

Pour le défi n°8 (auteur haïtien), j'ai lu Gouverneurs de la rosée de Jacques Roumain dans la belle édition Zulma.

Je n'avais jamais lu d'auteur haïtien. Il m'a fallu quelques pages pour me fondre dans l'univers et le décor, et me familiariser avec la langue qui est finalement belle, imagée, truculente (heureusement que l'éditeur propose un glossaire en fin de volume!). Pour résumer grossièrement, il s'agit d'une sorte de Roméo et Juliette haïtiens en milieu rural. L'amour filial et charnel, le retour du fils prodigue, la misère des paysans qui finissent par s'allier pour lutter contre la sècheresse et le mauvais sort, les sublimes descriptions de la nature sont ce que je retiendrai de ce roman.

Cette lecture m'a conduite à faire des recherches sur l'auteur, touche à tout engagé qui a beaucoup œuvré pour promouvoir la culture de son pays et lutter contre les oppressions que subissent les plus pauvres. Il fut le fondateur du parti communiste haïtien et mourut à 37 ans.


J'ai commencé Continuer de Mauvignier mais je ne sais s'il pourra correspondre à un des défis de cette année.

@Valor : Le livre de Mauvignier convient peut-être pour le défi du désert et j'espère que tu écriras un commentaire.
Je suis contente que tu aies apprécié la vigueur de la langue haïtienne, ce livre doit être dans ma Liste à Lire depuis 30 ans

Pour le défi 31, un livre écrit par un auteur d’un pays nordique, je voulais (re)lire les Contes d’Andersen (ma madeleine de Proust), et puis j’ai trouvé un magnifique recueil de contes illustrés par Shiitake Gensodo : Contes merveilleux, aux Editions Le Héron d’Argent. Une partie des contes est d’ailleurs d’Andersen (« La Princesse au petit pois », « L’Intrépide soldat de plomb », « La Petite Fille aux allumettes », « La Petite Sirène » et « La Reine des neiges » - tous deux en version abrégée -, « Poucette », « Les Souliers rouges » et « Les Cygnes sauvages »), ce qui me permet de valider le défi ! Les autres contes sont de Perrault (« La Belle au Bois Dormant » (première partie uniquement), « Le petit Chaperon rouge », « Cendrillon », « Le Chat botté », « Peau d’âne » en abrégé, « La Barbe bleue » et « les Fées »), des frères Grimm (« Blanche-Neige », « Raiponce » et « Hansel et Gretel »), de Leprince de Beaumont (La Belle et la Bête) et de Lewis Carroll (Les Aventures d’Alice au pays des merveilles : ce sont des extraits choisis avec des parties résumées pour raconter toute l’histoire en quelques pages).



Le recueil est grand et beau, les résumés en italique et les anecdotes à la fin de chaque conte sont bien rédigés (par Vanessa Callico), par contre on voit bien que Shiitake n’a pas réalisé les illustrations pour le livre, mais que celles-ci sont issues de ses artbooks, comme c’était le cas pour ses précédents recueils sur les fées. Du coup, une partie d’entre elles ne correspondent pas réellement aux contes et nous n’avons, par exemple, pas de représentation du Chat botté, de Barbe bleue… Cela fait également bizarre de voir les illustrations en noir et blanc, visiblement issues de banques d’images (au début ça « jure » avec les dessins de Shiitake), mais on s’habitue et honnêtement, elles sont bien choisies et la mise en page est très belle. Bref, c’est un bel ouvrage !
Je vous mets en spoiler quelques images, et vous trouverez les autres illustrations dans le lien ci-dessous :

https://www.editions-leherondargent.com/categorie-produit/tableaux/shiitake/

Illustrations de Shiitake:

Pour le défi 47. Un recueil de haïkus, je suis allée farfouiller à la médiathèque et je suis tombée sur Cent haïkus pour la paix. Il s'agit d'un recueil de haïkus écrits par des auteurs venus du monde entier à l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale. En voici deux parmi les plus beaux, à mon goût évidemment :

L'orage éclaté
tant de fleurs tombées
tant de fleurs à naître
Monique Mérabet

Lumière d'automne
cet or-là ne s'amasse pas
me dit le vieil homme
Philippe Quina

nicole 86 a écrit:@Valor  :  Le livre de Mauvignier convient peut-être pour le défi du désert et j'espère que tu écriras un commentaire.
Je suis contente que tu aies apprécié la vigueur de la langue haïtienne, ce livre doit être dans ma Liste à Lire depuis 30 ans    

Merci Nicole! Quand j'aurai terminé ma lecture, je viendrai déposer un petit compte rendu, même si l'ouvrage ne correspond à aucun défi

Je viens de vérifier, j'ai lu Continuer l'année dernière mais pas dans le cadre du défi. Peut-être que tu pourras le mettre dans la catégorie "désert".

Mike Horn est né en juillet, je le lirai comme auteur né le même mois que moi et pas pour le défi désert! Pour le désert, j'ai lu hier Issa, enfant des sables de Pierre-Marie Beaude, un court récit lent et poétique qui se passe dans le Sahara.

Je viens de passer la moitié du défi 2019! J'en suis à 26 défis relevés.

Malaga, j'espère tomber sur ce recueil de haïkus à la médiathèque, j'aime beaucoup ceux que tu cites.

Oh la la ! Quel rythme, Amaliah !

J'ai lu aujourd'hui L'Île des esclaves et je suis bien déçue. Je n'y ai pas retrouvé cet finesse qui faisait dire de Marivaux à Voltaire qu'il pesait les sentiments humains avec des balances en toile d'araignée. La fin bien comme il faut, où chacun retourne à sa place sous prétexte que Dieu a mis chacun là où il est pour l'éprouver me laisse songeuse quant à ce qu'on peut en tirer en classe. Sur le même sujet, Beaumarchais va infiniment plus loin. Je ne m'explique pas le succès de cette pièce, sauf par sa brièveté, ce qui est tout de même un argument désolant.

Bon, au moins, je relève le défi en lien avec l'esclavage.

Je passe enfin à Zorn, qui m'attend depuis longtemps, sans doute pour le défi "auteur dont l'initiale rapporte 10 points au scrabble".

Tu es dure avec Marivaux. Entre 1725 et 1780 (en gros je crois), il y a l'esprit des Lumières qui a soufflé sur le siècle.
Bien sûr que Beaumarchais va plus loin, mais la réflexion de Marivaux sur l'expérience du renversement ne me semble pas inféconde. Il faut bien des prémisses à toute révolution.

Je suis d'accord avec toi, Ombre, je n'aime pas trop Marivaux. J'ai tendance à le trouver très ennuyeux. J'appréciais beaucoup à 16-18 ans, aujourd'hui, cet auteur a tendance à me laisser de marbre. J'attends de la littérature qu'elle soit plus bouleversante.

Pour le défi 41 (un roman de cape et d'épée), j'ai trouvé Le Sphinx rouge d'Alexandre Dumas. Apparemment c'est un inédit en roman (publié en feuilleton dans les années 1860). Je l'ai acheté aujourd'hui et je m'y mets dès que j'ai fini ce que je viens de commencer mais qui n'a rien à voir avec le défi.

Bonsoir à tous,
pour le défi n°10 un auteur qui n'écrit pas dans sa langue maternelle, j'ai lu Le dernier ami de Tahar ben Jelloun. Le récit d'une amitié, divisé en deux parties, chaque personnage raconte de son point de vue ces trente années d'amitié partagée, de 15 à 45 ans.
Comme c'est un écrivain que j'aime beaucoup, j'ai aussi validé avec le lui le défi n°20 une pièce de théâtre d'un auteur qui s'est aussi illustré dans d'autres genres en lisant le texte de La fiancée de l'eau. Texte court et poétique. Malika, une jeune fille de la campagne est promise en mariage au" fils du féodal" qui s'est déjà approprié l'eau du village pour irriguer ses terres et considère tous les villageois comme des paysans arriérés. L'élément central de la pièce est l'eau, la jeune fille en est en quelque sorte le reflet. Les personnages féminins subissent la domination masculine tout au long de leur vie et quels que soient leurs choix.

22. Un livre évoquant le franchissement d'une frontière, réelle ou symbolique. Jean-Philippe Jaworski, Les Rois du Monde, II, 2 : les Grands Arrières. Dernier volume paru en poche de la saga des Rois du Monde, une série de fantasy qui se passe chez les Gaulois, au temps du mythique roi biturige Ambigat et de ses neveux Bellovèse et Sacrovèse (apparemment ces personnages existent bien dans la mythologie - d'après Tite-Live - mais l'auteur brode leur histoire). J'aime beaucoup Jaworski alors que je n'ai d'ordinaire pas une grande passion pour les auteurs français de fantasy que j'ai pu lire (Bordage, Pevel, Jubert, Gaborit, Fetjaine, etc) : soit l'intrigue est faiblarde, soit l'écriture est quelconque, soit l'univers est bancal ; chez Jaworski, il y a un vrai style, des intrigues soigneusement construites, une construction d'univers impeccable - pour cette série en particulier, je ne me prétends pas spécialiste des Gaulois, mais j'ai pu lire quelques ouvrages sur la question et pour autant que je puisse le constater le roman est très soigneusement documenté. Je coche le défi "franchissement d'une frontière" parce que, sans vouloir spoiler, on est en pleine guerre et il y a plusieurs frontières qui sont traversées par les personnages, entre Sénons, Éduens, Carnutes, etc., ainsi qu'une frontière magique et symbolique particulièrement difficile à traverser, celle qui limite le royaume magique d'Aballo (une des théories pour l'emplacement d'Avalon).

35. Un livre qui commence par une mort. Mark Haddon, The curious incident of the dog in the night-time. Un garçon de 15 ans, fort en sciences mais avec des difficultés de comportement et d'interaction sociale (on comprend qu'il est autiste), enquête sur la mort du chien de la voisine, qui ouvre le livre. J'étais curieuse de ce livre dont on entend parler un peu partout, qui a rencontré un gros succès critique et qui est présenté comme un roman policier atypique avec une écriture très prenante (c'est écrit à la première personne, en imaginant le style qu'aurait cet adolescent autiste). Après lecture, je suis un peu mitigée. D'abord, ce n'est en rien un roman policier : le mystère du chien et l'"enquête" sont assez vite évacués et le roman se centre sur la relation du garçon avec ses parents (ce qui n'est pas un mal, mais bon). Ensuite, il me semble que ce procédé d'écrire du point de vue d'un enfant a ses limites : si ce n'est pour être drôle comme dans le petit Nicolas, ça donne assez vite quelque chose de terriblement peu littéraire (je me suis même demandé si ce n'était pas un roman jeunesse, mais apparemment non, il a été vendu aussi bien comme livre pour adultes que pour ados). Alors, le livre est bien, les thèmes et situations abordés sont poignants, ça permet de marcher un peu dans les chaussures de ces personnes qui fonctionnent différemment, mais il me semble que le roman pâlit quand même énormément de la comparaison avec Des Fleurs pour Algernon, pour prendre un exemple avec un procédé similaire (même si le handicap abordé n'est pas le même). Bref, à mon avis, à lire - mais pas deux fois.

Ça fait plusieurs fois en peu de temps que je lis beaucoup de bien sur Jaworski, ça donne envie.

Tu peux commencer par Janua Vera qui est son premier livre et un recueil de nouvelles pour voir si tu aimes ou pas.

Izambard a écrit:Tu es dure avec Marivaux. Entre 1725 et 1780 (en gros je crois), il y a l'esprit des Lumières qui a soufflé sur le siècle.
Bien sûr que Beaumarchais va plus loin, mais la réflexion de Marivaux sur l'expérience du renversement ne me semble pas inféconde. Il faut bien des prémisses à toute révolution.

Babarette a écrit:Je suis d'accord avec toi, Ombre, je n'aime pas trop Marivaux. J'ai tendance à le trouver très ennuyeux. J'appréciais beaucoup à 16-18 ans, aujourd'hui, cet auteur a tendance à me laisser de marbre. J'attends de la littérature qu'elle soit plus bouleversante.

Pardon, je me suis sans doute mal exprimée : j'aime beaucoup Marivaux (enfin, le Marivaux du Jeu de l'amour, des Fausses Confidences...) et je me faisais une joie d'en lire une pièce à moi inconnue et accessible à des collégiens. Mais je n'y ai pas trouvé ce que j'aime chez cet auteur. Ce n'est clairement pas ce que je ferais étudier en classe : je considère que ce n'est pas révélateur du talent du l'auteur ; quant au thème, même si on peut effectivement saluer des précurseurs, il a été bien mieux traité par d'autres.

Je suis peut-être sévère, mais je vois dans la fortune de cette oeuvre, qui me paraît finalement mineure, le reflet du mal du moment : on veut se donner une caution classique sans imposer aux élèves de lire plus de cent pages (ni le travail qui leur en donnerait les moyens). Et c'est ainsi que des générations entières ont lu Le dernier Jour d'un condamné sans connaître le moins du monde Les Misérables. Selon moi, il y a dans cette état des choses quelque chose de tordu et de symptomatique.

Valor a écrit:Pour le défi n°8 (auteur haïtien), j'ai lu Gouverneurs de la rosée de Jacques Roumain dans la belle édition Zulma.

Je n'avais jamais lu d'auteur haïtien. Il m'a fallu quelques pages pour me fondre dans l'univers et le décor, et me familiariser avec la langue qui est finalement belle, imagée, truculente (heureusement que l'éditeur propose un glossaire en fin de volume!). Pour résumer grossièrement, il s'agit d'une sorte de Roméo et Juliette haïtiens en milieu rural. L'amour filial et charnel, le retour du fils prodigue, la misère des paysans qui finissent par s'allier pour lutter contre la sècheresse et le mauvais sort, les sublimes descriptions de la nature sont ce que je retiendrai de ce roman.

Je recommande chaudement.
La lecture des premières pages est déroutante, puis on se laisse porter par une écriture splendide. On ne peut qu'être ému par ce drame de la misère et certains passages sont d'une grande et merveilleuse sensualité.
Je recommande et je crois même que je vais relire, pour l'enchantement.

@Ombre Ah, d'accord, je n'avais pas comme cela.
Pour Les Misérables, je comprends ta déception. Cela dit, il me parait très difficile, avec les élèves d'aujourd'hui et le peu d'heures de cours, de faire lire autre chose que l'oeuvre abrégée, à moins d'y passer toute l'année.

Le marivaudage n'est plus vraiment ma tasse de thé. J'apprécie, sans plus, mais il faudrait un bon metteur en scène, donnant un grand coup de pied dans la fourmilière, pour que je passe vraiment un bon moment.

Et puis, je suis tombée sur Marivaux à l'écrit du CAPES (en grammaire), alors j'ai envie de dire à Marivaux.

Pour le défi 19 : Mon nom est Rouge de Orhan Pamuk. Une lecture exigeante qui nous entraîne dans le monde fermé des miniaturistes ottomans du seizième siècle et entrelace histoire(s) d'amour, intrigue policière et surtout réflexion sur l'art, la fidélité aux maitres et les représentations du monde. Les narrateurs se succèdent et varient les points de vue dans une construction très aboutie.
Ce livre convient aussi pour les défis 15 (la vue ), 29 (fidélité à la tradition picturale), 35 (commence  par une mort), 36 (rompt le 4ème mur car il comporte de multiples adresses au lecteur), voire 50 (masques). Il est donc possible que je le change de défi.

Dans mes lectures ce livre entre en résonance avec Le Turquetto de Metin Arditi, le Turquetto est juif et s'enfuit de Constantinople pour apprendre la peinture à Venise, une juive sert d'entremetteuse chez Pamuk, alors j'aimerais trouver un livre (pas nécessairement un roman) qui me permette d'en savoir davantage sur la vie des communautés juives dans l'empire ottoman et plus particulièrement à Constantinople. Si vous avez des idées ...

Edit : je viens de trouver un livre qui peut répondre à mes attentes : Istambul la Sépharade de Esther Benbassa même si les juifs étaient en Turquie bien avant 1492. Le nom de l'auteure permet de dérouler d'autres livres, articles, pistes à explorer.

@Sphinx : Merci
@nicole86 : N'hésite pas à poster en section histoire/géo.
C'est tentant aussi.

Valor a écrit:
J'ai commencé Continuer de Mauvignier mais je ne sais s'il pourra correspondre à un des défis de cette année.

Comme j'ai aimé ce roman !!

38. Un livre dont le titre contient une apostrophe : Mémoires d'Isles, Ina Césaire
Une courte pièce de théâtre, écrite par la fille d'Aimé, dans laquelle deux vieilles femmes martiniquaises évoquent leur passé, sur fond de fête de Carnaval.
Ça ne m'a pas particulièrement emballée, même si ce n'est pas désagréable à lire, on se laisse porter assez facilement.
Je pense que, mis en scène, ça peut être intéressant.

42. Un livre d'un auteur sur lequel on a des a priori : Une exécution ordinaire, Marc Dugain
Je l'avais dans ma bibliothèque depuis plusieurs années. Pas lu auparavant car j'avais des préjugés sur ce roman qu'on m'avait offert, notamment parce que je n'aime pas les romans dont la couverture est une image de leur adaptation cinématographique. Voilà pour les raisons, personnelles et peu intéressantes, du classement du défi.

Il s'agit d'une saga familiale russe, centrée sur deux événements, l'un autour de la mort de Staline et l'autre du sous-marin nucléaire russe qui a coulé dans la mer de Barents en 2000. Quelques épisodes m'ont plu, mais je n'ai pas été emballée par le côté "je vais vous montrer la noirceur de la pratique du pouvoir russe", de Staline à Poutine qui sont deux protagonistes. J'ai trouvé les descriptions des personnages peu subtiles, et je n'ai été "prise" que dans les quelques dernières dizaines de pages qui se passent dans le sous-marin.