Qui a travaillé sur "Quand le ciel bas et lourd" de Baudelaire ?

Bonsoir à tous,
Je compte analyser ce poème avec une classe de 3e le jour d'une inspection. J'ai travaillé le texte de mon côté mais j'ai du mal à organiser mes questions pour le faire comprendre aux élèves. Avez-vous des conseils ou une analyse de ce texte adaptée à une classe de 3e ?
De plus je souhaiterais qu'à la fin de séance ils puissent écrire. Puis-je proposer un tableau à mettre en lien avec le poème ? ou procéder à un travail d'écriture d'imitation (plusieurs propositions subordonnées avant la principale) ?...
J'ai beaucoup de questions et très peu de réponses.
N'hésitez pas à me suggérer vos idées.
Merci et bonne soirée.

Bonsoir,
Je pense qu'il faudrait que tu choisisses entre la séance d'analyse du poème et la séance d'écriture, d'autant qu'il y aurait un temps consacré à l'analyse du tableau au préalable, me semble-t-il. En une heure, ça ne tiendrait pas.

Le poème me paraît difficile pour l'instant et l'analyse du tableau, je ne l'ai jamais tentée non plus... La question amenant à l'écriture pourrait être : "Ce tableau, est-il, une bonne illustration du poème de Baudelaire ? Justifiez votre réponse".
Au pire, après l'analyse du texte, je pourrais leur demander de répondre à cette question pour la prochaine séance. La prof d'arts plastiques m'a dit qu'elle avait étudié le tableau avec les classes de 4e l'année dernière...

Je l'ai fait en 1ère. Le texte les a vraiment remués. Je ne tenterais pas en 3ème.

Moi non plus, c'est un poème très "lourd" : c'est un de ceux qui m'ont le plus marquée, alors que j'étais en première.

lisette83 a écrit:Moi non plus, c'est un poème très "lourd" : c'est un de ceux qui m'ont le plus marquée, alors que j'étais en première.

Même chose pour moi.

Je comprends vos réactions mais elles me déstabilisent car je travaille dessus depuis plusieurs jours, je me suis vraiment dit que c'était le bon. Parmi tous les poèmes que j'ai sélectionnés, c'est celui que je préfère. Ce qui est sûr, c'est qu'il provoquera des réactions, si je le conserve, bien évidemment.

Peut-être peux-tu nous indiquer ce que tu envisages comme pistes pour le moment ?

J'ai des choses simples pour une classe de seconde. Tu pourrais tout à fait l'adapter pour une troisième.

D'abord, merci à tous de vos réponses.
Izambard, je t'ai envoyé un message privé.
Henriette, j'envisage d'insister sur la structure syntaxique du poème ce qui me permettra de montrer qu'elle correspond à une dégradation progressive. Je compte aussi expliquer les comparaisons en essayant de leur faire dire que le spleen est à l'origine de cette vision du monde du poète, qu'il existe une correspondance entre le monde extérieur et l'intériorité du poète.
Je redoute l'éparpillement et je ne sais pas encore de quelle façon nous allons travailler : après la lecture, dois-je leur demander de noter quelques remarques sur le poème ? ou bien est-ce que je collecterai des remarques qu'ils feront spontanément sans passer par l'écrit...

Je t'envoie ça dans la journée.

Ce poème demande beaucoup de temps d'explications pour des lycéens déjà, alors pour des collégiens.... Rien que la notion de "spleen" est compliquée.
Le choix du poème faisant déjà débat ici, tu risques de t'exposer à ce qu'il te soit reproché lors de l'inspection.
Je suis en lycée et l'étudie souvent en première générale, beaucoup (trop) d'élèves ont vraiment du mal, je crois qu'il faudrait que je sois sûre de n'avoir que des élèves d'un très bon niveau pour le tenter en collège.
(Mais je comprends ton choix, ce que tu envisages me semble pertinent, et j'adore aussi ce poème, le souci, c'est sa difficulté).

Oui, c'est un poème difficile psychologiquement mais aussi à comprendre pour les lycéens. Alors pour des collégiens et en plus un jour d'inspection... A moins que ton inspection ne soit demain ou après-demain, le plus sage serait peut-être de changer de texte.

Vous me faites peur. L'étude du texte en 3e serait sans doute différente de celle que vous avez menée avec des lycéens... mais je prends en compte vos remarques. Merci.

J'ai travaillé ce poème l'an passé avec une très bonne classe de 3e et cela a été difficile. Je sais que je ne renouvellerai pas cette année avec la classe faible que j'ai.

Je ne me rappelais plus ce poème. Je viens de le relire. Il me semble très difficile pour des élèves de 3e en classe (peut-être à faire lire à un ou deux très bons élèves). Déjà il est long, et puis il y a beaucoup de mots compliqués, des images pas aisées à saisir. Il faudra avoir vraiment travaillé le sens avant de voir la structure, donc il faut que tu aies prévu assez de séances avant pour cela, cela me semble vraiment difficile. Cependant je ne suis pas prof de lettres.
Perso, je ne mettrais pas en jeu ma séance d'inspection. Je te conseille de le donner à lire tout de même, voire de demander à l'inspecteur ce qu'il en pense. Mais si ta classe n'y arrive pas, il te reprochera le choix de l'objet d'étude, c'est certain.

Encore merci. Je comprends votre scepticisme. Pour l'anecdote, le texte de Baudelaire est proposé dans un manuel de 4e datant de 2016.

D'autre part je viens de découvrir dans le manuel Textes et méthodes 4, Nathan, 1998, un groupement de textes intéressant autour du thème du soleil couchant. Est-ce que l'un d'entre vous dispose du livre du prof et peut m'envoyer la correction des pages 200 à 203 ?

Bonjour,
Je suis un peu étonnée des réactions, c'est un poème que je fais régulièrement en 4e. J'y passe deux heures, car il y a effectivement beaucoup à voir.
Je pars souvent des comparaisons présentes dans les trois premières strophes : je demande aux élèves de trouver l'élément du monde extérieur dont il est question et ce à quoi il est comparé (et de relever l'outil de comparaison).  Ensuite on cherche le point commun à toutes ces comparaisons : l'idée de l'enfermement. Le monde est vu comme un environnement hostile, mais il s'agit bien d'une façon de le voir, c'est Baudelaire par son regard qui transforme le ciel en couvercle, la pluie en barreaux, la terre en cachot...
Avant ou après cette recherche, on peut aussi partir de l'impression générale des élèves sur le texte (souvent : "le poète est déprimé", "c'est un texte plein de tristesse", "tout est négatif"...) et leur demander de justifier cette impression en identifiant les thèmes récurrents (on souligne les champs lexicaux, en fait) : l'idée de mal-être / désespoir, la noirceur, la mort (dans une moindre mesure), la lenteur.
J'explique alors le sens du titre, "Spleen".
Ensuite on s'attelle à l'organisation du texte, en partant d'une question simple : combien comporte-t-il de phrases et comment sont-elles réparties ? On s'interroge donc sur la construction de la première looongue phrase. On repère vite l'anaphore, et ensemble on comprend que ces trois CC de temps font attendre le cœur de la phrase qui ne vient qu'à la 4e strophe. Je leur fais remarquer que cette 4e strophe est différente, on cherche en quoi elle présente un contraste avec les autres (mouvement et bruit soudains).
Enfin je leur demande comment ils comprennent la dernière strophe. On explique en repartant de points précis. Pourquoi ces majuscules à Angoisse et Espoir ? (>> allégories, ces sentiments agissent comme des êtres humains ; le poète, lui, ne fait rien : il subit) Qu'évoque le fait de planter un drapeau ? (territoire conquis) Quel lien peut-on faire avec le verbe "défilent" ? (aspect militaire) >> défaite du poète : il abandonne sa lutte contre le désespoir. Que pensent-ils de la place donnée au mot "vaincu" ? Et du fait que le dernier mot du poème soit "noir" ?

C'est bien sûr une étude de texte très accompagnée, en 4e ils ne peuvent pas la mener seuls, mais cela fonctionne.

Il y a des poèmes infiniment plus difficiles dans le recueil : c'est l'un des plus accessibles et exploitables.

En une heure, on ne peut pas l'étudier sérieusement et proposer une activité d'écriture. C'est souvent le cas à partir de la 4ème car les extraits sont plus complexes et l'analyse plus fouillée.

Un grand merci à vous tous et en particulier à Miss sophie pour avoir partagé l'organisation de sa séance !

Miss Sophie, comment leur as-tu expliqué la 4e strophe ?
Je comprends que la crise éprouvée par le poète est à son paroxysme : le désespoir est à son comble mais le poète tente encore de se révolter...

Est-ce que l'expression "les esprits errants et sans patrie" désignent les poètes maudits ?

Pour ma part, je ne vois pas de révolte du poète : la crise se déchaîne dans une cacophonie soulignée par le rythme et les sonorités du 1er vers de cette strophe, il n'y a pas d'opposition possible.

Pour les esprits errants, j'y lis pour ma part une évocation des âmes maudites qui, même mortes, ne trouvent pas le repos, comme celles de ceux qui n'ont pas eu de funérailles, ou sont morts de mort violente dans la mythologie greco-latine.

Ainsifont a écrit:Miss Sophie, comment leur as-tu expliqué la 4e strophe ?
Je comprends que la crise éprouvée par le poète est à son paroxysme : le désespoir est à son comble mais le poète tente encore de se révolter...

Crise oui, mais pas révolte : le poète est assailli, submergé.