Qu'est-ce qui vous pèse le plus dans le métier ?

Un sondage peu joyeux en cette fin de soirée... J'ai interdit le choix multiple, pour vraiment cerner ce qui nous pèse le plus... Parce qu'avant hier, j'ai entendu la nounou faire une blague (qui n'en était pas vraiment une voyez-vous) du style "Ah ces profs, toujours à se plaindre, toujours en grève !". Rien de très neuf... Mais je me suis dit : "bon sang, si seulement elle savait que ce qui me fait le plus mal, ce n'est pas le salaire ou les copies à corriger, mais juste de ne pas pouvoir faire correctement le métier que j'ai toujours rêvé d'exercer !!!".

Le manque de reconnaissance me fait parfois souffrir aussi, mais je deviens de plus en plus cynique par rapport à ça, je laisse dire.

les copies !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Karine B. a écrit:les copies !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

oui !!!

J'ai voté parce que c'est la raison de ma démission : problèmes avec élèves. En vrai, c'est mon incapacité à les gérer.

J'ai voté les problèmes avec les élèves...devoir sans cesse les gérer, dire à Kévin de se retourner, à Kevina de se taire, ça use à la longue et je suis plus passionnée par l'agreg que par ça.

les copies et les copies et les copies...trop nombreuses! Non pas que leur contenu soit inintéressant: j'ai souvent hâte de lire les premières copies car je donne des sujets qui me plaisent , je veux voir comment les élèves les abordent, ce qui a été assimilé , mais je n'en voudrais que 20 au total, pas une de plus! (l'année dernière 4 classes de bac dont 2 à 35 élèves, soit plus de 120 copies -parfois deux copies doubles par élève en série L, je suis en lycée- ) Soit je donne tous les devoirs en même temps et j'ai le vertige en voyant le tas de copies, soit je fais un planning...et je me retrouve avec 40 copies tous les week-ends, c'est pire que le rocher de Sisyphe!

Les problèmes avec les élèves. C'est usant nerveusement.

ysabel a écrit:

Karine B. a écrit:les copies !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

oui !!!

+ 1 !

Sinon, j'ai voté "le sentiment de ne pas avoir les moyens de faire correctement votre travail".

J'aurais bien coché toutes les réponses, et ajouté les 140 copies mensuelles qui vont bientôt me tomber dessus, mais pour l'instant, ce qui me pèse le plus, c'est le manque de reconnaissance... enfin je veux dire le mépris. Je ne demande pas vraiment de reconnaissance, quoi que ce serait chouette, juste qu'on arrête de nous cracher dessus à la moindre occasion.

Je dois quand même avouer pour casser l'ambiance de ce post déprime
1) que les délégués de parents nous ont remerciés pour notre travail au conseil du 3e trimestre
2) qu'après les résultats du bac, la maman d'une élève m'a reconduite en voiture et m'a remerciée "et pas seulement pour la bac, parce que vos cours étaient très intéressants, et ça, c'est important"... bon, ça ne compte pas, elle est prof... mais la fille et la copine (qui venait pourtant de rater son bac et qui n'était pas des plus sérieuse à mon cours mais avait quand même eu 10) ont renchéri

pour moi , ce sont d'abord les problèmes de discipline et le manque de motivation, de travail de plus en plus grand des élèves.

Ensuite, le manque de soutien de l'administration qui est beaucoup trop cool. Je reve d'un lycée très strict comme autrefois ! Au coin avec le bonnet d'âne

Ensuite le salaire qui n'est pas élevé du tout!

Autres: un rythme trop disparate, avec des semaines hyper-chargées d'un côté et de longues vacances de l'autre... c'est bête, mais je rêve d'un rythme régulier...
rien qu'une semaine où une grosse journée et plein de petites se mélangent (ou inversement), j'ai du mal...

Bon, les élèves pénibles arrivent juste derrière!

Moi c'est le manque de reconnaissance des parents, des élèves, de l'admin parfois qui me soûle prodigieusement.

C'est vrai aussi que comme Angua, j'ai du mal avec le rythme : des semaines de fou furieux parfois puis deux mois d'oisiveté, j'ai un peu de mal. Je préfèrerais des semaines allégées (fin des cours à 15h grand max pour tout le monde) et des vacances moins longues.

A propos des réponses 1 et 2, un sondage
http://www.vousnousils.fr/page.php?P=data/autour_de_nous/l_actualite_du_jour/le_chiffre_lemot_l/

Le chiffre
35% : c'est le pourcentage de Français qui estiment que le métier d'enseignant est "plutôt valorisé" dans la société actuelle, contre 59% qui le voient "plutôt dévalorisé" (6% ne se prononçant pas), selon un sondage CSA pour le Snuipp. Des chiffres presque identiques à ceux de 2008. (Source AEF)

Les chiffres en détail et l'analyse : http://www.snuipp.fr/spip.php?article6535

Pour moi ce sont aussi les copies et le manque de reconnaissance de la société en général: quand on passe une bonne moitié de son WE à travailler pour s'entendre dire qu'on est des glandeurs toujours en vacances, cela ne me met plus en colère, cela me peine et me pèse sur le coeur.

Pareil que MS!
Et en plus je supporte de moins en moins le décalage entre ce que l'on affiche, ce qu'on annonce au sujet de l'école et la réalité du terrain. Dans les textes, on a l'impression que toutes les difficultés sont prises en compte mais on sait que la réalité est bien différente. Cela me met mal à l'aise , j'ai l'impression de travailler dans un univers schizo.
Par dessus le marché, je trouve qu' on pratique de plus en plus la politique du chiffre .Pour diminuer le taux de redoublement par exemple ( je ne juge pas de l'opportunité du redoublement mais je constate simplement un fait) on demande aux principaux de ne pas faire redoubler plus de tant d'élèves . Dans mes cours d'histoire, j'ai appris que ces méthodes étaient " staliniennes" !

MS a écrit:Pour moi ce sont aussi les copies et le manque de reconnaissance de la société en général: quand on passe une bonne moitié de son WE à travailler pour s'entendre dire qu'on est des glandeurs toujours en vacances, cela ne me met plus en colère, cela me peine et me pèse sur le coeur.

+ moi: même si je rembarre assez vite ce genre de commentaires, ça use et ça finit par peser quand même.

J'ai voté pour la 5 parce qu'en plus, je suis perfectionniste, tout en ayant conscience des obstacles réels du terrain. Je sais que tout ne vient pas de moi, mais j'ai l'illusoire espoir de pouvoir y remédier, et la plupart du temps, c'est un pansement sur une jambe de bois !

J'ai voté 'ne pas avoir les moyens de faire mon travail correctement'.

Ce qui m'use vraiment, c'est d'arriver à 7h40 le matin pour faire des photocopies et... trouver la bête en panne. Faut attendre 7h50 pour l'ouverture de l'asministration, supplier pour avoir le code, se dépêcher et finalement prendre ses élèves en retard...

Avoir envie de leur montrer une dizaine d'oeuvres d'art, mais ne pas être en mesure de faire des copies couleur. Alors on montre de loin, à partir du livre d'origine, ça rime à rien, mais tant pis.

Avoir des classes très faibles de 29 élèves, ramer comme une folle pour leur donner un semblant de niveau et des habitudes de travail, et apprendre en JAnvier, quand on commence tout juste à avancer, qu'on vous colle dans cette classe-là, justement, le Kevin fin excité qui a été viré du collège d'à-côté.

Vouloir leur faire apprendre des leçons de grammaire, des vraies, pour qu'une certaine rigueur s'ancre à tout jamais dans leur esprit, et avoir le lendemain 3 mots de Môman "Kevin/Dylan/Cindy n'a pas pu apprendre la leçon de grammaire, elle est trop longue". Ah, bon. Ben on n'a qu'à faire des coloriages, alors, aujourd'hui.

Dinaaa, tu peux faire des transparents couleur chez des photocopieurs ou imprimeurs pro, tu n'as plus ensuite qu'à trouver un rétroprojecteur...

Carabas a écrit:J'ai voté parce que c'est la raison de ma démission : problèmes avec élèves. En vrai, c'est mon incapacité à les gérer.

Tu as démissionné ?

Pourquoi une seule case ??

J'ai coché " le sentiment e ne pas avoir les moyens............." mais j'aurais aussi aimé cocher " le manque de reconnaisance....." et " les incivilités", enfin tout s'imbrique et tout est lié !!

Concernant l'aspect financier, j'ai toujours sû que je ne gagnerais jamais beaucoup d'argent dans ce métier, je ne suis pas rentrée dans l'EN pour l'argent.
Ma mère était prof donc je savais aussi qu'il y a du travail et des copies, je ne m'en plains pas, mais je n'avais pas prévu la dégradation de métier à ce point, la fin du mouvement national pour les mutations, les réformes à la c................ et tutti quanti

J'ai coché le salaire car il est le signe de la dégradation de notre métier et de notre image.
J'aurais pu mettre "les modes pédagogiques" débiles qui se succèdent et qu'on nous impose au lieu de nous laisser construire notre pratique.

Mais, à la rentrée tout va changer!!!!

Daphné a écrit:Pourquoi une seule case ??

J'ai coché " le sentiment e ne pas avoir les moyens............." mais j'aurais aussi aimé cocher " le manque de reconnaisance....." et " les incivilités", enfin tout s'imbrique et tout est lié !!

Concernant l'aspect financier, j'ai toujours sû que je ne gagnerais jamais beaucoup d'argent dans ce métier, je ne suis pas rentrée dans l'EN pour l'argent.
Ma mère était prof donc je savais aussi qu'il y a du travail et des copies, je ne m'en plains pas, mais je n'avais pas prévu la dégradation de métier à ce point, la fin du mouvement national pour les mutations, les réformes à la c................ et tutti quanti

tout pareil que Daphné! j'aurais voulu cocher plusieurs cases...moi j'ai coché "le manque de reconnaissance" pasque franchement c'est usant d'entendre à longueur de journée "ah! t'es encore en vacances?" "mais oui mais tu es prof, tu travailles pas beaucoup..."
Ma mère était prof aussi, (Daphné )...et quand on en discute, je me rends compte aussi de la lente et inexorable dégradation de nos conditions de travail et de l'EN en général...
pfff! être prof, c'est un sacerdoce!!

J'ai voté pour la 5 et le post de Dinaa dit clairement tout ce que je ressens.
Le salaire, ce que j'aurais à reprocher c'est surtout de ne rien comprendre à mes fiches, et que ça tombe un peu au petit bonheur à la chance. Sinon, par rapport à ce que je gagnais quand je n'étais pas prof, y a pas photo... Et puis je gagne presque autant en début de carrière que mon papa en fin de carrière. La reconnaissance, c'est vrai que parfois ça ferait du bien (surtout quand on a entrepris un projet sur toute l'année, qu'on arrive à le mener à bien, que c'est un vrai succès) mais d'habitude je ne suis pas trop intéressée. Cela dit, je reconnais que cette année, c'est le manque de reconnaissance accompagné de critiques qui m'a fait rejeter tous mes projets. Les copies, la discipline, ça me faisait ch*** au début, maintenant "bon, ben, c'est l'boulot...", même si on ne s'y habitue jamais vraiment.
Non, le plus horripilant pour moi, c'est le manque de moyens. J'ai enseigné toute l'année dans un placard (c'est à peine imagé), l'hiver c'est une glacière, en juin ce fut une fournaise. J'arrivais à peine à y faire asseoir mes 25 élèves, sans aucune possibilité de les déplacer, et bien sûr, pas moyen d'avoir d'autre salle. J'ai fini par balader mes élèves dans les salles des collègues, ou au moins, y avait de la place. J'ai une collègue qui pleure depuis un an pour avoir des rideaux, etc. Quand on avait des problèmes avec le rectorat, on ne pouvait compter que sur nos propres coups de fil, et j'en passe...

Ma mère était prof aussi, (Daphné
)...et quand on en discute, je me rends compte aussi de la lente et
inexorable dégradation de nos conditions de travail et de l'EN en
général...

+1

Encore il y a peu, ma mère, qui était prof aussi, m'a dit : "Eh ben, à mon époque, quand on était prof, on avait tout de suite un poste fixe, finalement, on était des privilégiés !" Quand elle revoit les collègues de son collège (dans lequel elle est restée 20 ans), des collègues qui étaient respectés et n'avaient aucun problème de discipline et qu'ils lui racontent ce qui s'y passe, elle se dit qu'elle a bien fait de prendre sa retraite, qu'elle n'aurait pas supporté. Elle m'a aussi raconté avoir dit il y a peu à un voisin qu'il nous était absolument impossible d'acheter une maison dans le village où habitent mes parents, même plus petite que la leur (ce qui est vrai). Le voisin n'a pas voulu la croire, il a laissé entendre que nous étions trop exigeants ou gérions mal notre budget...