Connaissez-vous cette œuvre : "Michelle doit-on t'en vouloir d'avoir fait un selfie à Auschwitz ?"

Bonjour ,

Je dois dire que tout est dans le titre !
Je me permets de poser ce post pour savoir si certains d'entre vous connaissez cette oeuvre ?

Je la trouve très intéressante pour mes troisièmes, "dénoncer les travers de la société".
Je verrai bien l'étude de cette oeuvre après une séquence sur l'autobiographie.

Je ne sais pas exactement, ceux qui la connaissent, qu'en pensez-vous ?

Merci bien

Tu l'as lu? Ça a un intérêt littéraire? Parce que le titre n'est pas rassurant sur ses qualités littéraires. C'est un peu le problème des œuvres comme prétexte à faire du vivre ensemble plutôt que de la littérature. Mais je connais pas, peut-être que je me trompe..

au12 a écrit:Bonjour ,

Je dois dire que tout est dans le titre !
Je me permets de poser ce post pour savoir si certains d'entre vous connaissez cette oeuvre ?

Si je peux me pemettre de le dire à un collègue de lettre, cette phrase me semble grammaticalement incorrecte.

Effectivement...

Je l'ai lue et ça me semble bien trop léger pour faire l'objet d'une oeuvre en tant qu'oeuvre intégrale!
Quand je l'ai lue, je me suis demandé ce que ça pourrait donner sur scène. Mais mon intérêt s'est arrêté là. Je ne vois pas ce qu'on pourrait en faire en OI.

roxanne a écrit:Tu l'as lu? Ça a un intérêt littéraire? Parce que le titre n'est pas rassurant sur ses qualités littéraires. C'est un peu le problème des œuvres comme prétexte à faire du vivre ensemble plutôt que de la littérature. Mais je connais pas, peut-être que je me trompe..

Oui, tu te trompes. C'est une pièce de Sylvain Levey, et elle est très intéressante. (Au passage, Levey fait partie de cette génération de "jeunes" auteurs-entre guillemets car il doit avoir mon âge- qui produisent d'excellents texte de théâtre, malheureusement trop peu joués).
Ceci étant, je n'ai pas de 3èmes mais d'expérience, elle n'a pas été simple à aborder avec des 1ères spé théâtre, et je ne suis pas certaine qu'elle passe mieux avec des 3èmes. Je pense qu'il faut quand même avoir une bonne culture théâtrale pour en comprendre l'intérêt.

Je te rejoins @Poupoutch. J'ai beaucoup travaillé les textes de Sylvain Levey en tant que comédienne mais je ne saurais pas comment l'aborder en classe. En particulier dans cette pièce où il joue beaucoup avec les codes du théâtre traditionnel (les personnages qui ont chacun leur "double numérique", les nombreuses alternances scènes dialoguées / aparté, de nombreuses ellipses). Je pense que cela pose de réelles questions scénographiques mais avec des 3ème, en étude littéraire, cela me parait compliqué. Il faudrait déjà consolider leur culture théâtrale "de base" avant de se lancer dans des pièces plus aventureuses. Ou alors il faudrait (à mon avis) obligatoirement passer par une étape "mise en voix et en espace" + analyse d'un extrait de mise en scène (je ne sais pas si on peut trouver des captations... C'est souvent le problème des pièces contemporaines récentes et peu jouées).

Oui, pour connaître des textes de cet auteur, je suis d'accord avec ça.
Par contre, sur le site des éditions théâtrales il y a un carnet pédagogique téléchargeable, qui a l'air bien fait.
Canope propose aussi des documents.
C'est à partir de 14 ans, donc c'est peut être jouable...

Je pense que c'est un texte intéressant à travailler en texte complémentaire, lecture cursive ou ouverture, plutôt que d'en faire une étude ou une séquence.
Mais c'est aussi important (là, c'est la prof de théâtre qui parle) de sensibiliser les élèves aux nouvelles écritures théâtrales et aux questionnements qu'elles peuvent engendrer. Par contre, une mise en voix ou en espace sur ce texte, ça nécessite quand même une bonne expérience du travail du plateau.

Oui, je pense qu'un extrait, c'est sans doute plus simple (mais il existe des exercices qu'on peut proposer même sans avoir fait beaucoup de théâtre soi même)
Le livret dont j'ai regardé le sommaire, semble aussi  s'intéresser aux particularités de l'écriture.
Et oui aussi pour  l'ouverture au contemporain, ça fait un peu  bouger les représentations du théâtre !

Merci pour l'info Ecusette de Noireuil, j'irai jeter un coup d'oeil au carnet pédagogique par curiosité !

Polgara a écrit:Je te rejoins @Poupoutch. J'ai beaucoup travaillé les textes de Sylvain Levey en tant que comédienne mais je ne saurais pas comment l'aborder en classe. En particulier dans cette pièce où il joue beaucoup avec les codes du théâtre traditionnel (les personnages qui ont chacun leur "double numérique", les nombreuses alternances scènes dialoguées / aparté, de nombreuses ellipses). Je pense que cela pose de réelles questions scénographiques mais avec des 3ème, en étude littéraire, cela me parait compliqué. Il faudrait déjà consolider leur culture théâtrale "de base" avant de se lancer dans des pièces plus aventureuses. Ou alors il faudrait (à mon avis) obligatoirement passer par une étape "mise en voix et en espace" + analyse d'un extrait de mise en scène (je ne sais pas si on peut trouver des captations... C'est souvent le problème des pièces contemporaines récentes et peu jouées).

Je ne connais pas l'oeuvre en question (et je note le nom de Levey) donc je m'abstiendrai de tout commentaire sur celle-ci, mais ce que j'ai mis en gras me paraît un précepte fort sage et trop souvent oublié. Combien de fois ai-je lu le projet d'un professeur de "déconstruire les représentations de la poésie d'élèves de Sixième"... Pour déconstruire, il faudrait déjà qu'on ait construit quelque chose avant. Donner au collège la culture classique qui permettra ensuite, si cela vaut le coup, d'aborder des oeuvres plus modernes, qui jouent sur ses codes, c'est déjà une belle ambition.

Du coup, ça m'a donné envie de le lire ! comme quoi, il faut dépasser les a priori !
Sinon, d'accord pour ce qui est souligné en gras. Lors d'une inspection en 6e, l'IPR m'avait félicitée d'avoir fait de la "vraie poésie" (Hugo, Lamartine..) , qu'il en avait marre de voir des cours de 6e en poésie se limitant à des haïkus.

Tu as de la chance : l'an passé, mes deux collègues de lettres ont été violemment attaquées car trop classiques et l'IPR leur a fait une leçon haïku !

Bonjour Au12,
Ta publication date un peu mais je tiens à t'écrire pour partager avec toi mon avis sur cette œuvre.
Oui, je la trouve intéressante et susceptible d'intéresser nos élèves de troisième, concernés par les problèmes liés aux réseaux sociaux. La lecture de cette pièce pourrait d'ailleurs faire l'objet d'un lien avec l'EMI sur les dangers auxquels s'exposent les jeunes en utilisant ces applications.
Oui, le dramaturge utilise volontairement le langage texto qui peut sembler en effet pauvre ; mais c'est le reflet du langage des jeunes. Ca peut donner lieu à un travail sur la langue et des exercices de réécriture : vocabulaire, syntaxe...
Non, cette œuvre ne me semble pas adaptée à une lecture cursive. La prise de parole des personnages est complexe et très moderne. C'est ce qui fait aussi, je trouve, l'intérêt de cette oeuvre. Seuls face au texte, les élèves passeront sûrement à côté et ne comprendront peut-être pas la pièce.
Moi aussi j'ai l'intention d'étudier cette œuvre intégralement en classe. Donnons à lire des œuvres contemporaines. Oui, nous devons remplir nos têtes blondes de références culturelles et patrimoniales mais les auteurs dignes d'intérêt se cantonnent ils à Moliere, Hugo, Racine, Corneille et Shakespeare ? La littérature vit encore, montrons-le à nos élèves. Donnons leur envie de lire avec des sujets et des œuvres qui parlent d'eux, qui les surprennent.
Aussi, ces prochains jours, je vais monter ma séquence. Si tu souhaites que nous partagions nos idées afin d'enrichir nos propositions pédagogiques, je serais ravie d'échanger avec toi. Au plaisir.

Si ça peut vous intéresser, j'ai fait un stage d'écriture avec Sylvain Levey. Voici ce qu'il nous a fait faire en deux heures.

Stage avec Sylvain Levey proposé par La Minoterie dans le cadre des soirées Passeurs d’art.

Descriptif :

Cet atelier est basé sur l’idée de vitesse. Normalement il faut se familiariser avec l’écriture et parvenir à dépasser le sentiment d’imposture. En fait, on va partir de cette idée que tout le monde peut écrire. Attention, nous ne sommes pas tous des écrivains, mais nous sommes tous capables de fulgurance. Il faut parvenir à désacraliser l’acte d’écrire et la peur de la page blanche.
Cet atelier part donc des mots car il s’agit de la matière première.
Il va s’agir de se mettre dans la peau d’un coureur. Un coureur, au moment où il court, ne réfléchit pas. Il ne faut pas commencer à se regarder, se juger. Pour écrire une ligne « bien », il faut en écrire des dizaines. On va donc jouer sur la rapidité et déverser un flot d’écrits... ensuite on pourra trier.

Étape 1 :
Listez tous les mots qui vous passent par la tête. Ne vous arrêtez pas d’écrire. Il n’y a pas de valeur de mots.
Lisez vos mots en étant très fiers.

Étape 2 :
Dans la foulée, regardez autour de vous, le lieu où vous vous trouvez et listez ce que vous voyez. On recherche la rapidité, comme une sorte d’animalité.
Souvent l’écrivain s’inspire de ce qui l’entoure.

Étape 3 :
L’écrivain est celui qui porte un regard sur le monde. Il n’y a pas forcément besoin de beaucoup d’imagination.
Pour cette troisième liste d’échauffement, listez tout ce qui se trouve dans votre cuisine. Aujourd’hui notre point de départ est la cuisine, mais il y a une infinité de possibilités.
Quand on lit ces trois listes, on se rend compte qu’il se passe déjà quelque chose. Il y a du poétique dans le choix des mots.

Étape 4 (pendant 5 minutes) :
Choisissez un mot parmi la liste de la cuisine, quelque chose de très concret, un mot simple qui vous plaît.
Vous allez imaginer que vous allez toucher 50 euros à chaque fois que vous ajouterez un élément. Pour cela, on va réaliser un protocole concret, presque physique qui montre que pour écrire 1H30 de théâtre il faut un an d’écriture.
Allez à la ligne à chaque fois que vous ajoutez un élément. Il faut que ça aille vite ; il ne faut donc pas se prendre la tête et accueillir ce qui peut venir.
On commence ainsi à développer quelque chose, sur un mode ludique. Une histoire commence à naître. Le but du jeu est d’écrire au maximum pendant cinq minutes. Ce n’est pas grave si ce n’est pas fini. N’ayez pas peur d’ennuyer.

Ex : Casserole
Une vieille casserole
Une vieille casserole qui avait appartenu à mon arrière-arrière-arrière grand-mère

Étape 5 :
Nous allons nous demander ce que nous pouvons faire de tout cela. Comment développer un univers à partir de ça ? Ce qui compte c’est la singularité.
Pendant dix minutes, vous allez prendre la vague de ce que vous avez écrit et exploiter une piste. Vous allez donc choisir un passage de ce que vous avez écrit, un passage avec un vrai parti pris, et le développer.
Ce n’est pas grave si on ne comprend pas tout. Il faut le faire gonfler pour savoir où ça va. Il faut également apprendre à faire le deuil car si on développe un bout, on laisse le reste.
Attention à être très concret et à ne pas chercher à faire de la littérature. Les choses brutes peuvent être très jolies. N’hésitez pas à simplifier.


 

J'ai bien suivi jusqu'au 4, mais j'ai du mal à comprendre le 5, Cannelle. Ceci dit c'était certainement beaucoup plus clair lors de l'atelier que retranscrit rapidement ici.
J'avais rencontré Levey lors d'une journée d'ateliers pour mes élèves et je l'avais trouvé très bienveillant. Ce que tu écris me le confirme.