- Pat BÉrudit
Bonjour,
Cette année j'ai, parmi mes secondes, une élève arrivée d'Afrique il y a 2 ans directement en 4ème, qui parle et comprend mal le français.
Et je suis rudement ennuyée...
Elle a 5 de moyenne générale (et 5 en maths en particulier), et n'a la moyenne qu'en EPS, ce qui peut se comprendre. Elle est gentille, volontaire, mais ne comprend rien à ce qu'on lui demande de faire ; je ne sais pas si elle était scolarisée dans son pays d'origine ni dans quelles conditions.
Qu'est-ce que je peux lui proposer pour ne pas l'enfermer dans une spirale d'échec ? Pour la faire progresser, sans pour autant fausser son dossier scolaire (je ne peux pas l'évaluer sur des notions de 6ème quand même) ? Reformuler les consignes, ça reste très flou... Lui mettre pour chaque type d'exercice un exercice résolu pour qu'elle voie ce qu'on attend d'elle, c'est vraiment beaucoup guider...
Il y a des choses qu'elle sait faire : elle sait calculer un pourcentage, par exemple ; elle a compris les bases sur les racines carrées qu'on a vu dans les premiers cours. Mais... c'est à peu près tout. Tout ce qui demande de maîtriser du vocabulaire usuel ou spécifique, elle ne peut pas y arriver (statistiques, traduire un problème par une fonction, mais aussi les mots images, antécédents, résoudre...). Je pense que même sans l'obstacle de la langue, elle aurait un niveau faible, mais je ne sais pas si c'est dû uniquement à des lacunes (liée à une scolarisation peut-être chaotique et à sa son-compréhension de la langue) ou à ses capacités.
Est-ce qu'il y en a parmi vous qui ont eu des classes de primo-arrivants en lycée (si ça existe) ? Comment faites-vous ?
On a proposé à notre cde de ne lui faire faire que maths-français-anglais cette année, en lui donnant des exercices de remise à niveau progressive, et qu'elle redouble ensuite sa seconde ou se réoriente, mais il n'a pas voulu... (on est dans le privé, je précise, donc j'ai déjà eu des cde qui acceptaient des arrangements internes avec l'accord des familles sans rien formaliser)
Cette année j'ai, parmi mes secondes, une élève arrivée d'Afrique il y a 2 ans directement en 4ème, qui parle et comprend mal le français.
Et je suis rudement ennuyée...
Elle a 5 de moyenne générale (et 5 en maths en particulier), et n'a la moyenne qu'en EPS, ce qui peut se comprendre. Elle est gentille, volontaire, mais ne comprend rien à ce qu'on lui demande de faire ; je ne sais pas si elle était scolarisée dans son pays d'origine ni dans quelles conditions.
Qu'est-ce que je peux lui proposer pour ne pas l'enfermer dans une spirale d'échec ? Pour la faire progresser, sans pour autant fausser son dossier scolaire (je ne peux pas l'évaluer sur des notions de 6ème quand même) ? Reformuler les consignes, ça reste très flou... Lui mettre pour chaque type d'exercice un exercice résolu pour qu'elle voie ce qu'on attend d'elle, c'est vraiment beaucoup guider...
Il y a des choses qu'elle sait faire : elle sait calculer un pourcentage, par exemple ; elle a compris les bases sur les racines carrées qu'on a vu dans les premiers cours. Mais... c'est à peu près tout. Tout ce qui demande de maîtriser du vocabulaire usuel ou spécifique, elle ne peut pas y arriver (statistiques, traduire un problème par une fonction, mais aussi les mots images, antécédents, résoudre...). Je pense que même sans l'obstacle de la langue, elle aurait un niveau faible, mais je ne sais pas si c'est dû uniquement à des lacunes (liée à une scolarisation peut-être chaotique et à sa son-compréhension de la langue) ou à ses capacités.
Est-ce qu'il y en a parmi vous qui ont eu des classes de primo-arrivants en lycée (si ça existe) ? Comment faites-vous ?
On a proposé à notre cde de ne lui faire faire que maths-français-anglais cette année, en lui donnant des exercices de remise à niveau progressive, et qu'elle redouble ensuite sa seconde ou se réoriente, mais il n'a pas voulu... (on est dans le privé, je précise, donc j'ai déjà eu des cde qui acceptaient des arrangements internes avec l'accord des familles sans rien formaliser)
- scot69Modérateur
Désolé pour cette question idiote, mais est-ce qu'elle parle anglais?
- Pat BÉrudit
scot69 a écrit:Désolé pour cette question idiote, mais est-ce qu'elle parle anglais?
Je ne pense pas qu'elle le parle bien : elle n'a que 9 de moyenne en anglais... (certes, je ne sais pas sur quoi portaient les évaluations)
Donc on ne peut pas trop s'appuyer là-dessus !
- scot69Modérateur
Sinon, vous pouvez essayer de l'autoriser à avoir avec elle pendant les DS un dictionnaire bilingue: français-sa langue maternelle
- PrezboGrand Maître
scot69 a écrit:Sinon, vous pouvez essayer de l'autoriser à avoir avec elle pendant les DS un dictionnaire bilingue: français-sa langue maternelle
Je suis régulièrement confronté au même problème (encore cette année, par exemple, une élève arrivée en cours de trimestre de Mayotte, mais qui est si j'ai bien compris une immigrés comorienne) sans jamais avoir bien trouvé de solution.
Pour ce qui est de l'idée du dictionnaire, d'une part il faut connaître la langue maternelle de l'élève et trouver un dictionnaire français/cette langue, d'autre part il faut que le vocabulaire spécifiquement mathématique existe dans cette langue. Sans compter que pour un élève déjà perdu face aux consignes, multiplier les ressources peut être un cadeau empoisonné.
Je vais suivre ce fil, mais honnêtement, j'ai l'impression qu'envoyer ce type d'élève au lycée général sans accompagnement est les envoyer dans une impasse : nous n'avons pas réellement de solution d'orientation pour eux, dans un système ou l'écrit a une place prépondérante.
Est-ce que ton élève pourrait bénéficier d'un accompagnement en FLE, en étant sortie du groupe classe quelques heures par semaine ?
- cassiopellaNiveau 9
Je ne suis pas enseignante, je suis de l'autre côté (parents non francophones). La situation est bien étrange. Elle est en France depuis 2 ans. Est-ce que l'élève a étudié au collège pendant 2 ans ou c'est sa première année dans une école française? En général 6-12 mois suffisent pour apprendre le français et ne plus avoir de problème à l'école. Si c'est sa première année, il existe des classes spéciales FLE. Si ce n'est pas possible, c'est plus compliqué. L'idéal est de redoubler l'année, une fois le français appris.
Est-ce que l'élève avait passé les tests de positionnement en maths et d'autres matières dans sa langue maternelle? C'est normalement obligatoire pour les enfants non-francophones. Ces tests déterminent dans quelle classe l'élève ira. Si elle a passé ces tests et a été envoyé en 4ieme/Seconde, cela veut dire qu'elle a le niveau.
PS si vous lui donnez les exercices sans enrobage textuel, elle arrive à les faire? Les exercices "simples" au niveau français : résoudre l'équation, construire un graphique à la main, calculer sans calculatrice, simplifier etc.
Est-ce que l'élève avait passé les tests de positionnement en maths et d'autres matières dans sa langue maternelle? C'est normalement obligatoire pour les enfants non-francophones. Ces tests déterminent dans quelle classe l'élève ira. Si elle a passé ces tests et a été envoyé en 4ieme/Seconde, cela veut dire qu'elle a le niveau.
Étrange... c'est la première fois que votre lycée a un élève non francophone?Pat B a écrit:
On a proposé à notre cde de ne lui faire faire que maths-français-anglais cette année, en lui donnant des exercices de remise à niveau progressive, et qu'elle redouble ensuite sa seconde ou se réoriente, mais il n'a pas voulu... (on est dans le privé, je précise, donc j'ai déjà eu des cde qui acceptaient des arrangements internes avec l'accord des familles sans rien formaliser)
PS si vous lui donnez les exercices sans enrobage textuel, elle arrive à les faire? Les exercices "simples" au niveau français : résoudre l'équation, construire un graphique à la main, calculer sans calculatrice, simplifier etc.
_________________
Moi et l'orthographe, nous ne sommes pas amis. Je corrige les erreurs dès que je les vois. Je m'excuse pour celles que je ne vois pas...
- PrezboGrand Maître
cassiopella a écrit:Je ne suis pas enseignante, je suis de l'autre côté (parents non francophones). La situation est bien étrange. Elle est en France depuis 2 ans. Est-ce que l'élève a étudié au collège pendant 2 ans ou c'est sa première année dans une école française? En général 6-12 mois ssuffisent pour apprendre le français et ne plus avoir de problème à l'école. Si c'est sa première année, il existe des classes spéciales FLE. Si ce n'est pas possible, c'est plus compliqué. L'idéal est de redoubler l'année, une fois le français appris.
Pour avoir vécu le problème plus d'une fois, ce n'est pas si simple et ça dépend beaucoup de facteurs : le niveau scolaire initial de l'élève, le système où il a été scolarisé (ou non) précédemment, le niveau socio-culturel de la famille et sa capacité à assurer un suivi scolaire, la situation sociale...Et la propre réaction de l'élève : certains s'intègrent vite, d'autres s'isolent.
Il y a des élèves qui rattrapent le niveau en français en six mois (du moins suffisamment pour suivre en cours, même s'ils restent souvent handicapé pour les travaux de rédaction un peu complexes), d'autres ne rattrapent pas en plusieurs années.
cassiopella a écrit:
Est-ce que l'élève avait passé les tests de positionnement en maths et d'autres matières dans sa langue maternelle? C'est normalement obligatoire pour les enfants non-francophones. Ces tests déterminent dans quelle classe l'élève ira. Si elle a passé ces tests et a été envoyé en 4ieme/Seconde, cela veut dire qu'elle a le niveau.
Là aussi, c'est un peu optimiste...On a des élèves qui a l'issue des trests de positionnement sont jetés très vite dans des classes pour lesquelles ils n'ont que très théoriquement le niveau, avec un suivi de l'accompagnement aléatoire. D'autant qu'on évite de les mélanger avec des élèves qui ont un écart d'âge trop important, ce qui rend difficile la situation des élèves qui ont plusieurs années de retard.
- cassiopellaNiveau 9
@Prezbo, je suis d'accord avec toi. C'est pour cela que j'ai écrit "en général". S'il n'y a pas d'effort de la part de l'élève et des parents...
Dans le cas présent, il sera utile de savoir si l'élève a passé les tests, si c'est sa première année, que disent les parents et si le lycée sait gérer ce genre de situation. Peut-être ce lycée privé a brulé les étapes. Peut-être tout le contraire, c'est la 3ieme année de l'élève dans le système français. Dans ce cas il y a le problème social et/ou psychologique.
Dans le cas présent, il sera utile de savoir si l'élève a passé les tests, si c'est sa première année, que disent les parents et si le lycée sait gérer ce genre de situation. Peut-être ce lycée privé a brulé les étapes. Peut-être tout le contraire, c'est la 3ieme année de l'élève dans le système français. Dans ce cas il y a le problème social et/ou psychologique.
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Moi et l'orthographe, nous ne sommes pas amis. Je corrige les erreurs dès que je les vois. Je m'excuse pour celles que je ne vois pas...
- MatheodHabitué du forum
Je vais peut être choquant mais clairement : tant pis pour l'élève, ce n'est pas sa faute, mais tant pis pour lui.
L'institution balance des élèves comme ça sans structure adapté. Certes l'enseignant pourrait s'adapter, et réaliser des fiches d'exercices adaptés à la personne (moins de texte, etc.), mais ça prend du temps, et personnellement, je ne perdrais pas ce temps sans rémunération.
De toute façon je pense que le but c'est surtout qu'elle apprenne la langue française au fur et à mesure de son immersion.
L'institution balance des élèves comme ça sans structure adapté. Certes l'enseignant pourrait s'adapter, et réaliser des fiches d'exercices adaptés à la personne (moins de texte, etc.), mais ça prend du temps, et personnellement, je ne perdrais pas ce temps sans rémunération.
De toute façon je pense que le but c'est surtout qu'elle apprenne la langue française au fur et à mesure de son immersion.
- Pat BÉrudit
Ça fait 2 ans qu'elle est en France, et si j'ai bien compris, elle a été scolarisée directement en classe de 4ème. On n'a pas de classe primo-arrivant dans le secteur, j'ai l'impression (je sais qu'il y en a de niveau primaire mais pas de niveau collège apparemment). Elle suit quelques cours de français langue étrangère sur le temps de midi le lundi (on en a car on scolarise des élèves étrangers dans le cadre d'un partenariat avec une assoce, et quelques-uns des nôtres parent à l'étranger en échange, pour un bac en 4 ans) ; mais elle a un trop bon niveau déjà par rapport au reste du groupe.
Elle est capable de comprendre à peu près le français à l'oral, suffisamment pour se débrouiller dans la vie de tous les jours, même si elle s'exprime très mal pour le moment. Mais elle ne comprend pas le langage spécifique des mathématiques, et pas trop le français écrit. Je suppose que dans sa famille, on ne parle pas français, ça n'aide pas à avancer... Et elle n'est pas intégrée du tout dans le groupe, trop timide, trop mal à l'aise encore avec la langue peut-être.
Et vraiment, je ne sais pas si elle était scolarisée dans son pays d'origine. Ce qui n'aide pas...
Et j'avoue, dans une classe de 32 élèves avec beaucoup d'élèves en difficulté qui ont besoin de mon aide, je ne trouve pas le temps de la suivre individuellement. J'ai pu voir qu'elle avait à peu près réussi l'interro sur les racines carrées (juste des bases, mais au moins elle a compris !), qu'elle sait calculer un pourcentage, qu'elle ne sait pas résoudre une équation/inéquations et n'a rien compris aux histoires d'intervalles (et encore moins aux médiane et quartiles, mais comment lui en vouloir...? ). Là, j'attaque le calcul littéral où l'obstacle de la langue ne devrait pas jouer, je vais voir ce que ça donne...
J'ai envie de lui donner des exercices complètement différents des autres élèves, juste pour travailler les bases, mais ça me fait le double de travail (quoique pour certains domaines je dois pouvoir trouver des trucs tout faits sur internet) ; et le souci reste que pour les éval, elle ne comprend pas les consignes, le pire étant quand on a un problème concret où elle met un temps fou à lire et comprendre (mal) l'énoncé, et n'a clairement pas le temps de répondre.... Donc je devrais peut-être lui faire des éval avec juste des choses simples, sans fioriture ? Mais le souci est que si je la note sur des notions qui ne correspondent pas au niveau seconde, ses notes ne voudront rien dire...
Sa PP est d'accord avec moi pour dire que l'envoyer au lycée était absurde, et ne sait pas par quel bout prendre le problème. En plus, ses parents comprennent-ils quoi que ce soit à l'orientation ?
Je me demande si je n'avais pas entendu notre ancienne CDE en parler, l'an dernier : elle nous parlait d'une des femmes de ménage, réfugiée politique, qui avait une fille scolarisée au collège, et disait qu'il fallait faire quelque chose pour que cette gamine ne se retrouve pas dans une structure pour handicapé qui ne correspondrait pas à ses capacités, simplement parce qu'elle est handicapée par la barrière de la langue... Mais n'empêche qu'une voie pro aurait été largement préférable !
Edit : et non, ce n'est pas tout à fait la première fois que le lycée accueille des étrangers récemment arrivés : on en a une en TS, en échec apparemment -orientée là parce que, soi-disant, la langue serait moins un obstacle en maths- et j'ai sa soeur en seconde qui ne s'en sort pas trop mal, mais elle est en france depuis déjà 3-4 ans je crois.
Mais ça reste très très rare dans ma région (et surtout dans mon lycée privé!) et pour moi c'est une première...
Edit2 : le plus étrange c'est qu'aux fameux tests de positionnement d'entrée en seconde, elle n'a pas un niveau catastrophique en maths ! (pas dans la colonne tout à gauche en tout cas)
Elle est capable de comprendre à peu près le français à l'oral, suffisamment pour se débrouiller dans la vie de tous les jours, même si elle s'exprime très mal pour le moment. Mais elle ne comprend pas le langage spécifique des mathématiques, et pas trop le français écrit. Je suppose que dans sa famille, on ne parle pas français, ça n'aide pas à avancer... Et elle n'est pas intégrée du tout dans le groupe, trop timide, trop mal à l'aise encore avec la langue peut-être.
Et vraiment, je ne sais pas si elle était scolarisée dans son pays d'origine. Ce qui n'aide pas...
Et j'avoue, dans une classe de 32 élèves avec beaucoup d'élèves en difficulté qui ont besoin de mon aide, je ne trouve pas le temps de la suivre individuellement. J'ai pu voir qu'elle avait à peu près réussi l'interro sur les racines carrées (juste des bases, mais au moins elle a compris !), qu'elle sait calculer un pourcentage, qu'elle ne sait pas résoudre une équation/inéquations et n'a rien compris aux histoires d'intervalles (et encore moins aux médiane et quartiles, mais comment lui en vouloir...? ). Là, j'attaque le calcul littéral où l'obstacle de la langue ne devrait pas jouer, je vais voir ce que ça donne...
J'ai envie de lui donner des exercices complètement différents des autres élèves, juste pour travailler les bases, mais ça me fait le double de travail (quoique pour certains domaines je dois pouvoir trouver des trucs tout faits sur internet) ; et le souci reste que pour les éval, elle ne comprend pas les consignes, le pire étant quand on a un problème concret où elle met un temps fou à lire et comprendre (mal) l'énoncé, et n'a clairement pas le temps de répondre.... Donc je devrais peut-être lui faire des éval avec juste des choses simples, sans fioriture ? Mais le souci est que si je la note sur des notions qui ne correspondent pas au niveau seconde, ses notes ne voudront rien dire...
Sa PP est d'accord avec moi pour dire que l'envoyer au lycée était absurde, et ne sait pas par quel bout prendre le problème. En plus, ses parents comprennent-ils quoi que ce soit à l'orientation ?
Je me demande si je n'avais pas entendu notre ancienne CDE en parler, l'an dernier : elle nous parlait d'une des femmes de ménage, réfugiée politique, qui avait une fille scolarisée au collège, et disait qu'il fallait faire quelque chose pour que cette gamine ne se retrouve pas dans une structure pour handicapé qui ne correspondrait pas à ses capacités, simplement parce qu'elle est handicapée par la barrière de la langue... Mais n'empêche qu'une voie pro aurait été largement préférable !
Edit : et non, ce n'est pas tout à fait la première fois que le lycée accueille des étrangers récemment arrivés : on en a une en TS, en échec apparemment -orientée là parce que, soi-disant, la langue serait moins un obstacle en maths- et j'ai sa soeur en seconde qui ne s'en sort pas trop mal, mais elle est en france depuis déjà 3-4 ans je crois.
Mais ça reste très très rare dans ma région (et surtout dans mon lycée privé!) et pour moi c'est une première...
Edit2 : le plus étrange c'est qu'aux fameux tests de positionnement d'entrée en seconde, elle n'a pas un niveau catastrophique en maths ! (pas dans la colonne tout à gauche en tout cas)
- PrezboGrand Maître
Pat B a écrit:Ça fait 2 ans qu'elle est en France, et si j'ai bien compris, elle a été scolarisée directement en classe de 4ème. On n'a pas de classe primo-arrivant dans le secteur, j'ai l'impression (je sais qu'il y en a de niveau primaire mais pas de niveau collège apparemment). Elle suit quelques cours de français langue étrangère sur le temps de midi le lundi (on en a car on scolarise des élèves étrangers dans le cadre d'un partenariat avec une assoce, et quelques-uns des nôtres parent à l'étranger en échange, pour un bac en 4 ans) ; mais elle a un trop bon niveau déjà par rapport au reste du groupe.
Elle est capable de comprendre à peu près le français à l'oral, suffisamment pour se débrouiller dans la vie de tous les jours, même si elle s'exprime très mal pour le moment. Mais elle ne comprend pas le langage spécifique des mathématiques, et pas trop le français écrit. Je suppose que dans sa famille, on ne parle pas français, ça n'aide pas à avancer... Et elle n'est pas intégrée du tout dans le groupe, trop timide, trop mal à l'aise encore avec la langue peut-être.
Et vraiment, je ne sais pas si elle était scolarisée dans son pays d'origine. Ce qui n'aide pas...
Ce qui me frappe est que tu sembles avoir eu très peu d'infos sur elle. Ne peux-tu pas contacter le CDE et le PP en demandant clairement s'ils ont rencontré la famille, ce qu'ils savent de son parcours scolaire précédent, quelle est sa langue maternelle ? Cela pourrait t'éclairer sur la situation à défaut de te donner des solutions.
Pat B a écrit:
Et j'avoue, dans une classe de 32 élèves avec beaucoup d'élèves en difficulté qui ont besoin de mon aide, je ne trouve pas le temps de la suivre individuellement. J'ai pu voir qu'elle avait à peu près réussi l'interro sur les racines carrées (juste des bases, mais au moins elle a compris !), qu'elle sait calculer un pourcentage, qu'elle ne sait pas résoudre une équation/inéquations et n'a rien compris aux histoires d'intervalles (et encore moins aux médiane et quartiles, mais comment lui en vouloir...? ). Là, j'attaque le calcul littéral où l'obstacle de la langue ne devrait pas jouer, je vais voir ce que ça donne...
J'ai envie de lui donner des exercices complètement différents des autres élèves, juste pour travailler les bases, mais ça me fait le double de travail (quoique pour certains domaines je dois pouvoir trouver des trucs tout faits sur internet) ; et le souci reste que pour les éval, elle ne comprend pas les consignes, le pire étant quand on a un problème concret où elle met un temps fou à lire et comprendre (mal) l'énoncé, et n'a clairement pas le temps de répondre.... Donc je devrais peut-être lui faire des éval avec juste des choses simples, sans fioriture ? Mais le souci est que si je la note sur des notions qui ne correspondent pas au niveau seconde, ses notes ne voudront rien dire...
Sa PP est d'accord avec moi pour dire que l'envoyer au lycée était absurde, et ne sait pas par quel bout prendre le problème. En plus, ses parents comprennent-ils quoi que ce soit à l'orientation ?
Donner du travail individualisé te demandera beaucoup de travail à toi, sans que tu sois sûr des résultats si tu n'as pas bien diagnostiqué ses difficultés. On peut d'ailleurs, si on veut, s'en tenir à la position de Matheod. Par ailleurs, pour une classe à orientation comme la seconde, cela pose un problème délicat d'égalité aves les autres élèves.
Une idée parmi d'autres : si tu as une forte proportion d'élèves en difficulté, pourquoi ne pas donner à toute la classe des évaluations plus techniques (petites interro ou un exercice en début de DS), avec peu de lecture d'énoncé, pour valoriser tous ceux qui essayent un peu d'y arriver ?
- Pat BÉrudit
Prezbo a écrit:
Une idée parmi d'autres : si tu as une forte proportion d'élèves en difficulté, pourquoi ne pas donner à toute la classe des évaluations plus techniques (petites interro ou un exercice en début de DS), avec peu de lecture d'énoncé, pour valoriser tous ceux qui essayent un peu d'y arriver ?
Ça, je le fais cette année : j'ai décidé de faire un peu moins de gros DS de synthèse, mais en revanche une toute petite interro technique par semaine (ce qui m'a permis de voir précisément ce qu'elle sait ou pas sur les choses techniques) : ça permet à tout le monde de voir s'ils ont compris les bases ou s'ils doivent les retravailler avant le DS de la fin du mois.
Mais je vais voir avec la PP si on ne peut pas au moins officialiser un tiers-temps (elle met bien trop de temps à lire et à comprendre les consignes) ; j’allégerai les DS pour elle, en enlevant deux ou trois questions qui nécessitent beaucoup de lecture et de compréhension de texte, et je vais en plus lui indiquer un ordre de priorité pour qu'elle se concentre d'abord sur les questions techniques pures. Je me pose la question de remplacer, ponctuellement, un problème de modélisation par un exercice avec les mêmes notions mathématiques mais sans l'enrobage "situation concrète".
Si on avait pu convaincre le CPE de lui alléger son emploi du temps, j'aurais pu lui fournir des fiches techniques auto-corrigées pour bien maîtriser les bases, avec un cours de collège pris sur internet, pour qu'elle se remette à niveau. Tu me diras, je peux lui faire faire, à la place des exercices donnés... Mais le retard va se creuser encore.
Et je suis bien d'accord sur le fait que lui donner d'autres évaluations, dans une classe à orientation, pose souci ; donc si j'adapte, faut que ce soit à la marge (de toute façon, avec ses notes, elle ne peut rien espérer côté orientation)
Et effectivement, j'ai peu d'infos, parce qu'on en a peu. On sait juste qu'elle est arrivée en France il y a 2 ans, directement en 4ème. Peut-être en dispositif ULIS, je ne sais pas... faut que j'aille voir son dossier (si c'est écrit!). Et la PP n'a pas rencontré la famille encore, il me semble, mais elle devait le faire à l'issue du conseil de classe (et au conseil de classe, comment dire... bah on se contente de constater les dégâts, pas de solution proposée à part discuter d'urgence réorientation!).
- Mrs HobieGrand sage
cassiopella a écrit:Je ne suis pas enseignante, je suis de l'autre côté (parents non francophones). La situation est bien étrange. Elle est en France depuis 2 ans. Est-ce que l'élève a étudié au collège pendant 2 ans ou c'est sa première année dans une école française? En général 6-12 mois suffisent pour apprendre le français et ne plus avoir de problème à l'école.
Huum, alors moi j'en étais restée sur 2 ans environ pour rattraper le niveau des autres, particulièrement "facile" en maths où on fournit tout dans le cours quand on s'en tient aux maths pures, sans parler de "l'habillage des exercices" qui concerne le français. Et c'est ce que j'ai effectivement constaté, y compris quand élève et parents motivés, car on en a régulièrement dans mon lycée.cassiopella a écrit:@Prezbo, je suis d'accord avec toi. C'est pour cela que j'ai écrit "en général". S'il n'y a pas d'effort de la part de l'élève et des parents...
- Digression:
- je me souviens particulièrement d'un élève d'origine géorgienne, scolarisé là-bas dans un établissement bilingue d'élite ayant pour vocation d'envoyer aux USA les élèves. Il est arrivé chez nous en fin de seconde sans parler français, mais parfaitement l'anglais. Parents réfugiés politiques, économiste pour le père, la mère j'ai oublié mais aussi très instruite, et ils étaient bien derrière pour la réussite. Il a fait ensuite une seconde complète, je l'ai eu en 1ère ES, il ne s'en sortait pas si mal, mais pour le reste à l'oral il faisait illusion mais à l'écrit ça coinçait, c'était encore un peu juste surtout dans les tournures de phrase. Donc oui, 2 ans environ pour rattraper le niveau de ses camarades. Par la suite il a eu son bac avec mention, après avoir redoublé sa première, et en étant régulièrement absent car convoqué au tribunal pour servir d'interprète (il parle géorgien, russe, anglais et français couramment ...) et derrière un cursus en droit internationale, il a soutenu sa thèse l'année dernière ou il y a 2 ans, et il est attaché parlementaire. Quand je vois ça, je suis fière de notre système
Effectivement comme disait cassiopella, il faut aussi penser aux problèmes sociaux/psychologique : si la situation familiale de cette demoiselle n'est pas sereine, ça occupe sa mémoire de travail qui n'est donc pas disponible pour les apprentissages.
En attendant, essayer de contourner le souci de la langue en restant sur des exercices "maths pures" sans habillage peut pallier un temps ...
_________________
Plus tu pédales moins vite, moins t'avances plus vite.
Et même que la marmotte, elle met les stylos-plumes dans les jolis rouleaux
Tutylatyrée Ewok aux Doigts Agiles, Celle qui Abrite les Plumes aux Écrits Sagaces, Rapide Chevalier sur son Coursier Mécanique
- Carrie7Niveau 9
Elle a quel âge? Si elle n'a pas de retard, ça semble logique de lui faire déjà redoubler sa seconde, pour lui laisser le temps de progresser en français... et donc, idéalement, de l'aider à bétonner ses connaissances de 4ème-3ème cette année, tout en aménageant son emploi du temps pour qu'elle fasse plus de français. Voir avec la direction s'il reste quelques heures qui traînent pour qu'un prof de français lui fasse du tutorat.
- Pat BÉrudit
Alors, pour donner des nouvelles, voici ce qui a été mis en place, beaucoup trop tardivement (et je ne sais pas si on a un cadre "légal" pour ça) :
- elle n'assistera plus qu'aux cours de français-maths-histoire-géo (peut-être anglais mais je ne suis pas certaine), elle n'est plus évaluée (que par des appréciations, on a toute liberté d'adapter les évaluations comme on veut, pas de notes, on fera juste des appréciations globales sur son niveau "à la louche" et son sérieux)
- les heures libérées seront passées au CDI à travailler son français sur une plate-forme internet que je ne connais pas, et à s'informer sur les filières pro
- on cherche d'urgence un lycée pro qui l'accepterait pour l'an prochain, l'objectif étant une réorientation : la mettre en 2nde générale était une erreur, elle n'a aucune chance d'obtenir un bac général ni même technologique, il lui faut une voie différente.
Problèmes :
- elle ne sait pas vraiment quel métier faire, mais quand on insiste elle voudrait être architecte.... Difficile dans ces conditions de trouver un bac pro qui puisse la tenter
- elle est désormais en décrochage, absente la majorité du temps, totalement démotivée, en souffrance... est-ce dû à ses échecs répétés ou au fait qu'on veuille la réorienter (ce qu'elle doit ressentir comme un échec)... le tout aggravé par le fait qu'elle ne s'est absolument pas intégrée dans la classe (mal dans sa peau car en échec et ne parlant pas la langue, mais peut-être aussi en souffrance de cet exil, on ne sait pas les circonstances de son départ seule avec sa mère, après tout)
Pauvre gosse... Je persiste à penser que si elle avait été orientée du départ en voie pro, ou si dès le début d'année on avait mis en place et allègement d'emploi du temps, elle ne serait pas aussi malheureuse...
- elle n'assistera plus qu'aux cours de français-maths-histoire-géo (peut-être anglais mais je ne suis pas certaine), elle n'est plus évaluée (que par des appréciations, on a toute liberté d'adapter les évaluations comme on veut, pas de notes, on fera juste des appréciations globales sur son niveau "à la louche" et son sérieux)
- les heures libérées seront passées au CDI à travailler son français sur une plate-forme internet que je ne connais pas, et à s'informer sur les filières pro
- on cherche d'urgence un lycée pro qui l'accepterait pour l'an prochain, l'objectif étant une réorientation : la mettre en 2nde générale était une erreur, elle n'a aucune chance d'obtenir un bac général ni même technologique, il lui faut une voie différente.
Problèmes :
- elle ne sait pas vraiment quel métier faire, mais quand on insiste elle voudrait être architecte.... Difficile dans ces conditions de trouver un bac pro qui puisse la tenter
- elle est désormais en décrochage, absente la majorité du temps, totalement démotivée, en souffrance... est-ce dû à ses échecs répétés ou au fait qu'on veuille la réorienter (ce qu'elle doit ressentir comme un échec)... le tout aggravé par le fait qu'elle ne s'est absolument pas intégrée dans la classe (mal dans sa peau car en échec et ne parlant pas la langue, mais peut-être aussi en souffrance de cet exil, on ne sait pas les circonstances de son départ seule avec sa mère, après tout)
Pauvre gosse... Je persiste à penser que si elle avait été orientée du départ en voie pro, ou si dès le début d'année on avait mis en place et allègement d'emploi du temps, elle ne serait pas aussi malheureuse...
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