Que deviennent les lettres de plaintes de parents envoyées au rectorat ?

Bonsoir à tous,
Désolée si cette question a déjà été posée mais je n'ai trouvé aucun topic en cherchant sur le forum.
J'ai eu un élève avec qui j'ai été en conflit toute l'année (insolence et irrespect). La mère, au début de l'année, reconnaissait que son fils avait du mal à se comporter correctement en classe. Mais, au fur et à mesure que l'année a avancé et que la situation s'envenimait, le ton est monté et le discours a changé: tout était de ma faute, j'étais le seul prof avec qui "ça ne passait pas" pour Doudou, je n'avais "pas su le prendre".
Le point d'orgue a été cette fin d'année. Doudou lui avait rapporté des propos que j'aurais tenu à son encontre et j'ai eu droit à une attaque en règle où elle m'a expliqué à quel point j'étais incompétente. Sans même vérifier au préalable que lesdits propos étaient avérés.

Bref! Excédée, et lui ayant fait remarqué que j'avais d'autres élèves que son fils, je lui ai dit qu'à l'avenir elle n'aurait qu'à s'adresser à mon CDE. Ce qu'elle s'est empressée de faire. Je n'ai pas su grand-chose de l'entretien qui a eu lieu, si ce n'est qu'il a duré 2 heures, et qu'elle a annoncé à ma chef qu'elle enverrait un lettre au rectorat sur mon compte.

Vu le profil de la maman, aucun doute qu'elle le fasse. Mais je me demande: ces lettres sont-elles gardées? Peuvent-elles avoir des conséquences?
Et d'ailleurs, si le rectorat les garde, peut-on être informé de leur contenu?

je n'ai aucune réponse à t'apporter mais bon courage   

Ce genre de courrier arrive à l'inspection académique. Normalement, il devrait revenir à ton chef d'établissement pour te parvenir ensuite à toi.
Tu as demandé à ton chef d'établissement comment s'était passé l'entretien avec la mère d'élève ?
Je te conseille de te rapprocher d'un syndicat* (même si tu n'es pas syndiquée, tu seras quand même défendue !), éventuellement d'un collègue de ton établissement syndiqué, pour te faire accompagner au cas où.

*Je te conseille le SE-UNSA, parce que c'est mon syndicat, mais il y en a d'autres. Choisis celui qui correspondra à tes opinions et qui te semblera le plus à même de t'aider sérieusement.

Bon courage.

Pour répondre à ta toute dernière question : tu as un droit d'accès aux documents qui te concernent, quels qu'ils soient. Tu peux donc être informée du contenu de cette lettre, une fois que tu penses qu'elle a réellement été envoyée.

Merci pour vos précisions. Pour en avoir parlé avec des collègues à qui quelque chose de semblable était arrivé par le passé, aucune lettre n'est "revenue" dans leurs cas. J'ai juste ouï dire qu'une collègue dans le même cas avait été inspectée "comme de par hasard" l'année suivante.
Je suis déjà syndiquée, par ailleurs, et je les contacterai demain. Mais peut-être des collègues syndicalistes passant par là pourront répondre à mes questions?

Ah merci John, je viens de voir ta réponse. Dans ce cas-là, vaut-il mieux appeler le rectorat ou envoyer une lettre s/c de mon CDE?

A ta place, je contacterais d'abord le rectorat par téléphone (le standard te passera comme ça le service concerné), et s'ils souhaitent avoir une demande écrite de ta part, avant que tu passes consulter la lettre ou avant qu'ils t'en envoient une copie, tu envoies la lettre s/c du cde et tu attends leur réponse.

Mais laisse passer un peu de temps, car il faut que la lettre soit envoyée, qu'elle soit reçue, qu'elle soit reçue, qu'elle soit rangée...

Je crois savoir que les inspections académiques croulent sous des piles de lettres de parents d'élèves, sans pour autant qu'elles finissent dans le dossier des profs.

Très bien, je vais attendre. 2 semaines?
Par ailleurs, ta réponse me confirme donc que les missives des parents sont archivées et gardées. Au cas où?...
Nos IPR en sont donc informés, j'imagine... Quelles sont les réactions (et les actions) du rectorat face à de type de courrier? Contact avec le CDE?

Maria, j'ai plusieurs collègues qui m'ont dit en riant à moitié qu'il y avait sans doute une pile sur eux au rectorat. Donc ce genre de "mésaventure" semble être arrivée à d'autres... Quelqu'un ici aurait-il déjà vécu cette situation?

Courage ! Certains parents sont des braillards (mais n'osent pas écrire finalement). Mais je comprends que tu sois inquiète.

L'année dernière une mère d'élève a envoyé une lettre au rectorat pour se plaindre de moi (et de ma malveillance envers son fils). Le rectorat lui a répondu et a envoyé une copie de cette réponse à mon CDE qui m'en a donné une copie.

Si le rectorat avait gardé tous les courriers qui sont censés m'avoir été adressés, je pense qu'ils auraient dû déménager depuis longtemps... Je pense que beaucoup de ces courriers sont détruits à réception, sans être transmis. Jamais je n'ai eu le moindre retour, ni administratif ni pédagogique.
Si la question vous préoccupe, demandez à consulter votre dossier administratif (c'est un droit) en vous rapprochant, comme on vous l'a conseillé, d'un syndicat pour les démarches.

Turbulette, les critères qui font que les courriers de parents sont versés ou non aux dossiers des profs varient selon les rectorats. Il me semble avoir vu un post sur ce forum qui en parlait. Une chose est certaine, dans l'immense majorité des cas l'IA ou le rectorat ne font rien d'autre de ces courriers que les empiler. Dans certains cas, ils les font redescendre auprès du cde, qui la plupart du temps n'en fait rien.
Comme rien ne nous garantit d'être informé systématiquement du versement d'une pièce à notre dossier, il est préférable en effet, si cela vous inquiète, d'aller consulter son dossier au rectorat, unique exemplaire légal (l'exemplaire qui existerait dans votre établissement d'exercice est hors cadre légal). Il faut vraiment se faire accompagner d'un représentant syndical de sa section académique, qui pourra vous aider à analyser le contenu du dossier. Mais le plus important, c'est de refuser de vivre dans la peur.

J'ai eu un courrier contre moi au rectorat. Le rectorat a répondu sous couvert de mon inspecteur. Puis les deux lettres ont été transmises au proviseur qui me les a fait lire à la rentrée (la lettre faisait suite aux résultats du bac). Le pro m'a alors expliqué qu'il n'était pas tenu de me tenir au courant. Voilà pour mon expérience.

Pas très agréable comme situation.

Mauvette a écrit:J'ai eu un courrier contre moi au rectorat. Le rectorat a répondu sous couvert de mon inspecteur. Puis les deux lettres ont été transmises au proviseur qui me les a fait lire à la rentrée (la lettre faisait suite aux résultats du bac). Le pro m'a alors expliqué qu'il n'était pas tenu de me tenir au courant. Voilà pour mon expérience.

Question aux plus pros que moi, Gryphe, Daphné, Karine : c'est bien vrai, ça ? Comment est-on censé gérer des gens en leur cachant ce qui les concerne ?

Cripure a écrit:

Mauvette a écrit:J'ai eu un courrier contre moi au rectorat. Le rectorat a répondu sous couvert de mon inspecteur. Puis les deux lettres ont été transmises au proviseur qui me les a fait lire à la rentrée (la lettre faisait suite aux résultats du bac). Le pro m'a alors expliqué qu'il n'était pas tenu de me tenir au courant. Voilà pour mon expérience.

Question aux plus pros que moi, Gryphe, Daphné, Karine : c'est bien vrai, ça ? Comment est-on censé gérer des gens en leur cachant ce qui les concerne ?

En cachant ou en préservant?
Le métier est suffisamment dur avec les contraintes actuelles, si en plus on devait prendre en compte la prose de nos bambins ou des géniteurs...
De plus vu l'état actuel de l'institution, il y aurait une suspicion si toutes les lettres étaient transmises, avec de nombreuses questions, la place de l'inspecteur, les attentes des profs vis à vis de ces lettres, etc.

Pas vu, pas au courant, je continue ma petite vie.

Après, la plupart des parents qui menacent d'écrire au rectorat ne le font pas surtout s'ils voient que ça ne touche pas le prof du moins en apparence. J'en ai eu une comme ça cette année, qui m'a littéralement agressée en réunion parents-prof pour rien en plus, son fils avait 14 de moyenne et ne posait aucun problème, mais à l'écouter "tout le monde se plaignait de moi" et je devais le remettre en question. J'ai coupé court en lui signifiant la fin de l'entretien, elle est partie outrée en disant qu'elle allait "monter plus haut". Évidemment, pas de suite. J'en avais parlé à la CDE qui avait eu aussi une altercation violente avec elle l'année précédente pour une histoire de vélos. Elle a un peu embêté le stagiaire d'anglais plus tard dans l'année. Bref, une emmerdeuse.

On peut toujours demander à consulter son dossier au rectorat.
Honnêtement certains collègues pensent qu'il est chargé, en fait il n'y a rien dedans, mais là je parle de ma propre expérience avec des adhérents.

Une copine qui travaillait à l'IA m'avait dit qu'ils recevaient des courriers de parents à la pelle, tous plus ou moins illétrés en général, et que tant qu'il n'y avait pas de problème/signalement vraiment grave du type affaire de moeurs c'était direction corbeille, ils n'en peuvent plus.

J'ai aussi eu des menaces de parents disant qu'ils allaient remonter "à l'académie", ils en ont plein la bouche et pensent te faire peur avec ça, mais honnêtement je n'ai jamais rien vu........ surtout quand tu leur réponds avec un sourire en coin "mais faites, faites"...... et que tu passes tranquillement au parent suivant  :lol:

Cette année, un parent m'a menacée de me "resignaler" à l'inspection académique...   Qu'il fasse, qu'il fasse...

Je pense, Turbulette, que tu t'angoisses pour rien. Tu ne seras pas la seule visée par une lettre défouloir. Le rectorat n'en a vraisemblablement pas grand chose à faire.

Une mère d'élève a envoyé un courrier au médiateur académique et aux maires des 2 villes qui nous envoient des petits.

Le médiateur m'a appelé ainsi que ma CDE pour avoir des infos.
Je lui ai expliqué toutes les démarches qui avaient été entreprises pour cette famille et cet élève et le fait que la maman se moquait du monde.

20 min plus tard, il m'a assuré de tout son soutien et a rappelé la mère pour lui rappeler ses droits mais aussi certains devoirs....

Que lis-je ? Des courriers de parents mis à la poubelle sans qu'y soit apportée de réponse ?! Que nenni ! J'ignore dans quelle académie de telles vilenies se produisent, mais voici comment ça se passe par ici.

Je vais prendre l'exemple (vécu) qui tire le plus haut et descend le plus bas, comme cela vous aurez toute la chaîne, à adapter ensuite en fonction de l'interlocuteur sollicité par les parents. Prenons donc un courrier adressé au Président de la République (si si, vécu, plusieurs fois). La présidence le transmet au Premier ministre pour attribution, qui le transmet au MEN, qui le transmet au recteur qui le transmet à l'IA. À l'IA, la personne chargée de l'affaire transmet au CDE en lui demandant de fournir des éléments de réponse. Le CDE voit donc (ou pas) avec le prof mis en cause et remonte les infos. À l'IA, la personne chargée de l'affaire rédige une réponse à la famille, que signe le DASEN (après avoir, le cas échéant, ajouté sa patte et ses corrections). La réponse est adressée à la famille et la copie remonte la chaîne : rectorat, MEN (Premier ministre et présidence ? Je ne sais pas - je pense qu'ils s'en foutent complètement).

Il faut savoir, d'abord, qu'on ne croule pas sous les réclamations. La plupart des conflits se règlent en général au niveau de l'établissement.

Ensuite, il existe une règle, dans l'administration, selon laquelle nous avons deux mois pour répondre à un courrier. Ce n'est pas une règle prévu par un texte réglementaire. C'est simplement la conjonction d'une règle de procédure (le silence gardé par l'administration pendant deux mois vaut décision de rejet) et du fait que nous sommes un service public. Certaines administrations, dans le cadre de la Charte Marianne, on même réduit ce délai à un mois. C'est pourquoi je suis surpris de lire que des courriers des parents puissent être mis à la corbeille. S'il s'agit de demandes abusives auxquelles on a déjà répondu, OK. Sinon, la mise au panier ne relève pas seulement de la faute, mais aussi de la mauvaise gestion : on ne règle rien par la fuite ni en se plantant la tête dans le sable, autant répondre et régler clairement les problèmes, même s'il faut dire des choses qui fâchent.

Enfin, il ne faut pas croire que les service prendraient a priori le parti des familles. Ce serait même plutôt le contraire. Et ce qui va déterminer la réponse apportée par l'IA, ce sont les éléments que le CDE remontera. En dix ans de pratique, j'ai très rarement vu donner raison aux familles sur des questions de conflit avec des enseignants – peut-être deux ou trois fois – et il s'agissait de situations tellement hors normes que même en tordant la réalité le plus possible, on ne pouvait pas donner raison à l'institution sans nier la réalité des faits. Le reste du temps, càd la plupart du temps, on explique aux familles pourquoi elles ont tort. J'ai vu des IA manier la plume de fort belle manière pour rappeler aimablement mais fermement certaines familles à l'ordre.

Bref, à moins que vous n'ayez vraiment commis une énorme faute, vous ne risquez strictement rien à un courrier des parents au ministre.  

Est-ce qu'il n'y a pas un projet de changement de la règle du silence de deux mois qui vaut rejet ?

La version d'Apices Juris va dans le même sens que mon expérience. Même si, dans la mesure où j'avais eu une inspection dans l'année, les services du rectorat n'ont pas eu à demander à mon CDE, ils se sont directement adressé à l'IPR.
Je suis également persuadée qu'aucune des lettres adressées au rectorat ne finit à la poubelle.