Suicides dans l'Éducation Nationale -- une recension depuis 2007

Lettre d'Adieu de notre collègue directrice d'école à Pantin qui a mis fin à ses jours pic.twitter.com/y0jPGTAnaB

— Rémi (@natinremi) September 25, 2019

J'ai lu la lettre de la collègue de Pantin. Je suis abattu, je n'ai pas de mots. C'est terrible.

Lettre terrible.

Fenrir a écrit:Nos dirigeants vont encore essayer de nier que le travail y est pour quelque chose, à gerber.

Ça m'énerve d'avoir raison, mais ça m'énerve... Ils m'énervent.

Ses derniers mots a écrit:Je remercie l'institution de ne pas salir mon nom.

Mais merde quoi... Mais pourquoi, là, là, je respecte la charte, hein pourquoi ?

Je suis dans une colère noire. Il faut qu'ils se rendent de la dureté du quotidien sur le terrain et qu'ils arrêtent de prendre comme excuse l'aspect familial, psychologique...STOP!!!

Merci Remi, Merci Ycombe. J'ai lu et ce témoignage est poignant. Il mériterait d'être diffusé partout, dans tous les journaux. Je ne suis pas Directrice, je suis seulement en fin de carrière et même si je ne suis qu'une enseignante, j'aurai pu moi aussi exploser en vol si je n'avais utilisé des béquilles : mon médecin, mon psy, des médoc... Ce métier devient tellement absurde. ( Mon psy me disait que cela manquait de sens et il fallait en trouver, mais ailleurs) Nous sommes de plus en plus mobilisés par des éléments chronophages. Ainsi depuis l'arrivée des compétences, cela alourdit le travail sans apporter un meilleur éclairage. Récemment j'ai regardé le "bulletin" de ma petite-ajonc en fin de CP et je me suis demandée combien de temps son "instit" avait mis à le remplir. Ce que je sais sans regarder son bulletin et son papa me confirmera, pas de soucis en lecture, écriture , compréhension de consignes simples,etc... par contre en mathématiques, elle a des petits accrocs, il suffit de l'observer, de discuter avec elle. Je pense aussi que mon instit, ma mienne, celle des années 60 était aussi très compétente et a su déceler chez moi et les autres leurs qualités et leurs défauts sans cet arsenal. Les jeunes enseignants me diront que le monde change. Je suis d'accord mais changer pour quoi et pour quoi de mieux. Je constate que mes élèves de 4ème ou du lycée pro sont de moins en moins armés. Les élèves de 3ème que j'ai eu en  4ème ont tous validé leur DNB sauf 1 alors que bon nombre ne savait pas lire ou lisait avec difficulté et pour les mêmes, des difficultés en maths et donc cela rejaillissait sur les autres disciplines. Les évaluations que je donnais il y a dix en ans à mes lycéens sont aux archives de mon PC et quand je dis archives, je n'essaie même pas de les utiliser sous une forme plus accessible. Je ne jette la pierre à personne, nous sommes dans un système qui n'a plus de sens et quand il s'agit de l'administration on se renvoie la balle.
Dernière absurdité dans mon lep: les épreuves de français et maths pour les seconde pro et la mise en oeuvre des remédiations par l'AP. Je suis dans l'agri et sauf les 4/3; il n'y a pas d'AP. Donc du travail en plus et pour rien, puisque la remédiation ne sera pas possible. De plus notre lycée est mal équipé ( connexion internet impossible à certains horaires et jamais les mêmes), je crains le pire.
Elle met aussi le doigt sur le manque de moyens et elle ne pouvait demander plus à son équipe. Elle a été leur paravent. Dramatique. Tout est dramatique dans cette lettre, tellement bien écrite, tellement émouvante. Vraiment je suis triste pour elle, pour ses proches.

Je me sens déchiré entre la tristesse et la colère.

Quand je pense que certains, dans cette hiérarchie, seraient fichus de venir, avec la tête de circonstance, la main sur le cœur et des trémolos dans la voix tenir des grands discours…… Tiens je finis par me demander si leur silence assourdissant ne vaut pas finalement mieux! Mais franchement, il y a des coups de pied au chose qui se perdent (et encore, je reste mesuré)! Il faut vraiment qu'ils n'aient jamais eu aucun drame dans leur vie et qu'ils soient dénués du moindre soupçon de considération pour les personnes, voire étrangers aux sentiments humains pour parler de “drame personnel”! C'est odieux

Je viens de lire la lettre. J'ai terminé les larmes aux yeux. C'est terrible.

Bon sang quel témoignage ! Quelle absurdité que ces conditions de travail qui n'apportent que souffrance et si peu de satisfaction.
Quelle honte ! :pleurs:

Tragédie individuelle mais surtout collective : une société qui se disloque.

Je ne suis pas directrice mais je vois bien le boulot abattu, dans une petite école il y a moins d'élèves, mais pas de décharge ... et les problèmes sont les mêmes partout, à Pantin, dans une ville provinciale mais sinistrée comme la mienne, et même en campagne. 
Si je déplore son désespoir et sa mort, bien sûr, j'admire le courage de cette femme qui a planifié sa disparition avec sang-froid, pas sous le coup de l'émotion,  peut-être en se disant qu'elle pouvait "faire du bruit", sans  accabler une famille proche (qu'elle n'a pas), et lancé l'alerte, que dis-je, renouvelé l'alerte, en prenant soin d'en exposer les motifs pour qu'on ne vienne pas dire une nième fois que ce sont ses problèmes personnels qui en sont la cause ou même seulement  le déclencheur.
Non, les motifs de son suicide sont on ne peut plus explicites, et si nous ne réagissons pas, nous la trahissons et nous nous tirons une balle dans le pied.

Jean Willot a commencé à ébranler quelque chose, nous lui devons, ainsi qu'à Christine Renon, de réagir enfin.

Bien sûr je n'oublie pas les autres enseignants  qui se sont suicidés, mais ces deux affaires sont symptomatiques de l'abandon des écoles du premier degré à qui on demande de plus en plus sans aide et sans matériel, et qui sont gangrenées par des parents de plus en plus nombreux qu'on ne remet pas à leur place.

L'inspection a dit qu'elle n'avait "rien remarqué", ce qui est, paradoxalement, normal puisque de telles situations intenables sont devenues la norme.  Mais je ne crois pas avoir entendu de réaction ministérielle. Larmes de crocodile + "Nous ne savons pas exactement quelles sont les causes de ce geste, nous cherchons dans l'histoire personnelle de cette malheureuse femme ce qui aurait bien pu motiver son geste (bon sang, elle aurait pas pu faire ça ailleurs que dans l'école, ça nous complique la com, là". Je ne sais pas si cela a été évoqué au journal national (je n'ai pas de TV).

Ils sont bien capables d'aller chercher une T1 qu'ils vont terroriser pour qu'elle prenne le poste vacant. (vu récemment ici même, pas après un suicide mais après le départ en catimini du directeur . Aucun collègue ancien et expérimenté ne voulant reprendre la fonction, on a mis dessus une T1 qui est  évidemment partie en arrêt trois jours après la rentrée.)

Mais j'oubliais, heureusement, on a une RH de proximité maintenant.

Désolée si je vous semble sarcastique, mais c'est ma façon d'exprimer une colère qui a pris le pas sur la tristesse, chez moi. Une colère qui couve depuis longtemps et flambe aujourd'hui.

90 RH de “proximité” pour 88000 enseignants…… dont 45000 directeurs et directrices d'écoles qui continuent à se taper le boulot, mal payés et soumis à des pressions hiérarchiques multiples et répétées…… une injustice évidente

Verdurette a écrit:Bien sûr je n'oublie pas les autres enseignants  qui se sont suicidés, mais ces deux affaires sont symptomatiques de l'abandon des écoles du premier degré à qui on demande de plus en plus sans aide et sans matériel, et qui sont gangrenées par des parents de plus en plus nombreux qu'on ne remet pas à leur place.

Et bien sûr, c'est en réalité toute l'instruction publique qui est gangrenée par cette entreprise de démantèlement. Les enfants qui sont mal éduqués de ce fait ne deviennent pas subitement des élèves modèles en entrant en 6^ème.

Arrêtons nous un mois d'affilé pour dire stop à ces tortures morales. Combien de collègues vont encore arriver à cet extrême sans que nous nous bougions !?

Ma hantise, travailler aux cotés d'un collègue en arrivant à un tel acte sans avoir perçu l'importance de son désespoir.

Terrible et honteux.
Pensées à ses proches.

Pourquoi 3,14159 a écrit:Arrêtons nous un mois d'affilé pour dire stop à ces tortures morales. Combien de collègues vont encore arriver à cet extrême sans que nous nous bougions !?

Ma hantise, travailler aux cotés d'un collègue en arrivant à un tel acte sans avoir perçu l'importance de son désespoir.

Et même quand les collègues savent qu'il y a un risque, ils font très souvent l'autruche malheureusement...

Lu dans Libé — https://www.liberation.fr/france/2019/09/26/suicide-d-une-directrice-d-ecole-dans-sa-lettre-elle-met-des-mots-sur-notre-quotidien_1753710 — extrait de la déclaration d'un ou une collègue de la directrice de Méhul à Pantin, qui préfère rester anonyme:

«Après la lettre, l’administration a mis en place une soi-disant cellule d’écoute. Les premiers mots étaient pour nous rappeler notre devoir de réserve, de discrétion. En insistant sur le fait que ce courrier était une pièce de justice, qu’il fallait la remettre à la police et ne pas la diffuser. C’est vraiment ça qui compte?»

De quoi être fou de rage!

Ces gens n'ont pas d'âme.

Et pire encore: maintenant, on n'hésite plus! La cellule d'aide psychologique qui intime l'ordre de se taire à tout le monde! Surtout ne pas parler à la presse, ne pas divulguer, surtout pas! Ah bien elle est belle “l'école de la bienveillance”!
Et là maintenant, maintenant que certains témoignent quand même, avec courage, il va faire quoi le recteur de Créteil? réunir un conseil de discipline?

Mais ça s'appelle comment, un tel régime ?

epekeina.tes.ousias a écrit:Lu dans Libé — https://www.liberation.fr/france/2019/09/26/suicide-d-une-directrice-d-ecole-dans-sa-lettre-elle-met-des-mots-sur-notre-quotidien_1753710 — extrait de la déclaration d'un ou une collègue de la directrice de Méhul à Pantin, qui préfère rester anonyme:

«Après la lettre, l’administration a mis en place une soi-disant cellule d’écoute. Les premiers mots étaient pour nous rappeler notre devoir de réserve, de discrétion. En insistant sur le fait que ce courrier était une pièce de justice, qu’il fallait la remettre à la police et ne pas la diffuser. C’est vraiment ça qui compte?»

De quoi être fou de rage!    

Le zhorchartisme quotidien de notre institution me sidérera toujours.

Celadon a écrit:Mais ça s'appelle comment, un tel régime ?

Le caractère stalinien de cette institution n'est plus à démontrer.

C'est ça, la seule réaction de l'Education Nationale ?  Leur priorité?   Demander aux destinataires de la lettre de fermer leur g ... ? 

Toujours pas entendu de réaction du ministre.  ?????

Je regrette que le décès de Jacques Chirac (que je respecte tout à fait par ailleurs, en tant qu'homme d'état, mais dont la mort n'est due qu'à l'âge)  tombe à point nommé pour permettre à nos chers dirigeants de noyer le poisson. 

On parle de jour de deuil national. Soit.

Ne pourrait-on décréter, ensuite, un jour de deuil national dans TOUS les établissements scolaires, pour Christine ?

Verdurette a écrit:C'est ça, la seule réaction de l'Education Nationale ?  Leur priorité?   Demander aux destinataires de la lettre de fermer leur g ... ? 

Toujours pas entendu de réaction du ministre.  ?????

Cela n'a pas été assez médiatisé.... il réagira s'il sent une menace sur son image

Oh, notre ministre a tweeté.

Mes pensées de solidarité et de profonde tristesse pour la directrice de l’école de Pantin et pour la communauté éducative de toute la ville.

Le recteur de Créteil est en lien avec les équipes depuis lundi. J’ai missionné l’Inspection générale qui est sur place ce matin.

— Jean-Michel Blanquer (@jmblanquer) September 26, 2019