Théâtraliser ses cours.

Je souhaiterais échanger avec vous autour de cette question. J'ai déjà expérimenté à plusieurs reprises la mise en scène courte de textes ( poésies, extraits romanesques) afin de faciliter la compréhension de mes élèves. Les résultats sont plutôt intéressants dans la mesure où cette pratique conduit à une lecture assez fine des textes que j'avais choisis.
En outre dans le cadre d'un atelier de théâtre que j'anime les mercredis après-midi, nous adaptons et mettons en scène des poèmes sur l'adolescence et l'enfance et j'effectue un constat similaire. La participation est active et les propositions judicieuses.
J'aimerais savoir si vous avez déjà expérimenté la théâtralisation des cours de grammaire, de langue en fait, sur les classes grammaticales par exemple, sur les conjugaisons. ou tout autre point du programme.


Merci pour vos réponses.

Je fais un cours de théâtre-grammaire sur les expansions du nom. Selon le chapitre traité, je réalise quatre pioches :
- noms de personnages
- adjectifs
- groupe prépo
- subordonnées relatives
Dans un premier temps, je ne donne pas les termes techniques aux élèves. Je leur dis juste qu'il va leur falloir compléter le groupe nominal pour donner des informations supplémentaires.

Un élève se lance : "Je suis..."
Si un camarade pense pouvoir compléter le GN, il vient se placer à côté du premier : les deux reprennent la phrase ainsi formée.
On continue. La place occupée par les élèves est importante : "Je suis le grand et valeureux Jean Valjean qui vola du pain" et non "Je suis le grand qui vola du pain Jean Valjean"... On peut ainsi parler de la structure de la phrase.

Dans un deuxième temps, je demande aux élèves de former quatre groupes. Puis j'identifie ces groupes : adjectifs...

C’est pas Nuyts qui propose une grammaire de ce style, la grammaire structurante ?

Lors des stages d'enseignement en français, j'ai joué un passage d'une pièce de Obaldia (Deux femmes pour un fantôme) que je trouve très drôle afin de leur faire saisir le caractère comique du propos qu'ils n'arrivaient pas à voir (dans la pièce la comédienne est seule sur scène et parle à une poupée) mais bon, ça ne les a pas trop convaincu. Par contre, bizarrement, ça a fait stopper net les ricanements. Comme si la théâtralisation venait rompre un malaise élèves/professeur et remettre un peu d'authenticité. J'ai plutôt aimé.

J'aimerais beaucoup expérimenter ce genre de choses dans mes expériences futures. Mais en philosophie, je ne vois pas trop comment faire. Il faudrait demander aux élèves de jouer un dialogue de Platon, éventuellement.

J'ai aussi deux élèves qui avaient joué une scène de L'île aux esclaves de Marivaux.
Introduire du jeu dans les séances, je suis pour en tout cas, ça donne un côté beaucoup plus dynamique et moins "coincé".

Encore merci à tous...
Pour sûr je suis de ton avis Paul Dedalus, cela amène plus de relâchement au sein de la classe et de spontanéïté aussi. Le fait de mettre en scène les quelques poèmes que j'ai proposés à mes élèves de collège ( Prévert la chasse à l'enfant, Elle avait pris ce pli, et plus simplement des extraits romanesques ) les a amenés à lire avec plus de précision, mais aussi à lire pour construire du sens et satisfaire une interprétation qu'il faut concrètement réalisée et qui est dans le texte.
Accélération du rythme que réclame la prosodie et qui permet alors de comprendre le jeu des nuances des oppositions, nécessité réclamée par certains élèves ,pour ne pas perdre la dynamique du jeu, d'insérer des répliques offrant par là un travail plus approfondi sur le personnage. Et quand c'est Hugo qui parle, creuser sa biographie, humer l'air du temps en fonction de la date du poème, devient une balade passionnante.
Je pense que tu pourrais comme certains profs d'histoire le pratiquent déjà,  envisager le dialogue dont tu parles.

Merci Ajupuet tu m'ouvres des perspectives concernant les élèves plutôt -dys ou souffrant de troupes mémoriels. je vais creuser la question.

Enfin Canelle21, j'ai saisi ta démarche qui me paraît excellente dans la mesure où tu crées des groupes, des familles d'élèves représentants les expansions des GN, que leur positionnement dans la phrase qui est dite oralement amène à une réflexion sur la syntaxe. Ils sont physiquement les représentants de ces classes grammaticales;, ils les incarnent et ce n'est pas rien!!! Ton idée de pioche je l'envisage pour ma future leçon sur les classes grammaticales.

Alors encore merci à tous.