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- *Ombre*Grand sage
Bonjour,
Je souhaite vous soumettre un problème épineux.
Nous avons en 3e un élève présentant un trouble du spectre autistique (diagnostiqué récemment), accompagné d'une AVS. Cet élève se montre régulièrement violent verbalement, voire physiquement, envers les autres élèves. Comme il est malade, on "l'isole" alors en l'envoyant se calmer à l'administration, mais il n'y a pas de réelle sanction.
Cette semaine, ce même élève a frappé une collègue, assez violemment pour qu'elle se retrouve avec un hématome. La collègue est, à juste titre, bouleversée, et redoute de retourner en classe avec cet élève. Or, une fois de plus, sous prétexte que cet enfant est handicapé, aucune réponse n'est apportée par la direction. La collègue - et d'autres collègues avec elle - est très choquée : ce qu'elle entend, c'est qu'on peut la frapper en classe sans qu'il y ait la moindre conséquence.
J'entends bien que la situation est délicate, que cet élève n'est pas totalement responsable de ses actes. Mais à un moment, il faut savoir : il est gérable en dehors d'une structure spécialisée, avec infirmiers et personnels susceptibles d'intervenir en cas de problème, ou pas (OK, mon compagnon, qui bosse en psychiatrie, hurlerait de rire s'il lisait ces lignes) ? On veut bien être compréhensifs, mais on n'est pas là pour se faire taper sur la gueule. Je comprends aussi la collègue directement concernée, et les collègues indignés. Il y a de la peur et de la souffrance, bien légitimes.
J'ai conseillé à la collègue de demander un RV à la Principale et de s'y rendre accompagnée (devinez par qui...) pour chercher ensemble une solution raisonnable. On n'est peut-être pas obligé, pour un élève malade, d'appliquer la règle de convocation systématique du conseil de disc pour violence physique (et encore... Il y a un moment où il faut poser la gravité des faits, même sans accabler l'élève). Mais même pour cet élève, il me paraît indispensable qu'il y ait une gradation des sanctions. Et surtout, il est impensable qu'il n'y ait aucune sanction quand un adulte de l'établissement se fait frapper.
Quelle vous semblerait cette solution raisonnable, humaine pour toutes les personnes concernées ?
Je souhaite vous soumettre un problème épineux.
Nous avons en 3e un élève présentant un trouble du spectre autistique (diagnostiqué récemment), accompagné d'une AVS. Cet élève se montre régulièrement violent verbalement, voire physiquement, envers les autres élèves. Comme il est malade, on "l'isole" alors en l'envoyant se calmer à l'administration, mais il n'y a pas de réelle sanction.
Cette semaine, ce même élève a frappé une collègue, assez violemment pour qu'elle se retrouve avec un hématome. La collègue est, à juste titre, bouleversée, et redoute de retourner en classe avec cet élève. Or, une fois de plus, sous prétexte que cet enfant est handicapé, aucune réponse n'est apportée par la direction. La collègue - et d'autres collègues avec elle - est très choquée : ce qu'elle entend, c'est qu'on peut la frapper en classe sans qu'il y ait la moindre conséquence.
J'entends bien que la situation est délicate, que cet élève n'est pas totalement responsable de ses actes. Mais à un moment, il faut savoir : il est gérable en dehors d'une structure spécialisée, avec infirmiers et personnels susceptibles d'intervenir en cas de problème, ou pas (OK, mon compagnon, qui bosse en psychiatrie, hurlerait de rire s'il lisait ces lignes) ? On veut bien être compréhensifs, mais on n'est pas là pour se faire taper sur la gueule. Je comprends aussi la collègue directement concernée, et les collègues indignés. Il y a de la peur et de la souffrance, bien légitimes.
J'ai conseillé à la collègue de demander un RV à la Principale et de s'y rendre accompagnée (devinez par qui...) pour chercher ensemble une solution raisonnable. On n'est peut-être pas obligé, pour un élève malade, d'appliquer la règle de convocation systématique du conseil de disc pour violence physique (et encore... Il y a un moment où il faut poser la gravité des faits, même sans accabler l'élève). Mais même pour cet élève, il me paraît indispensable qu'il y ait une gradation des sanctions. Et surtout, il est impensable qu'il n'y ait aucune sanction quand un adulte de l'établissement se fait frapper.
Quelle vous semblerait cette solution raisonnable, humaine pour toutes les personnes concernées ?
- NasopiBon génie
Il n'y a pas de raison qu'il ne soit pas sanctionné. Quand à l'IME mes enfants ont un comportement déviant, leurs éducateurs les sanctionnent toujours, même si c'est lié à leur handicap.
Ça n'empêche pas qu'on peut essayer de comprendre quelles sont les situations qui favorisent ces crises de violence, pour tâcher de les limiter, mais ça, c'est plutôt le rôle des professionnels de santé qui suivent cet élève.
Ça n'empêche pas qu'on peut essayer de comprendre quelles sont les situations qui favorisent ces crises de violence, pour tâcher de les limiter, mais ça, c'est plutôt le rôle des professionnels de santé qui suivent cet élève.
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"Donne-moi la sérénité nécessaire pour accepter telles qu’elles sont les choses qu’on ne peut pas changer, donne-moi le courage de changer celles qui doivent l’être ; donne-moi la sagesse qui permet de discerner les unes et les autres." (Marc-Aurèle)
- *Ombre*Grand sage
Merci de le dire aussi clairement, Nasopi.
Je suis bien d'accord.
La question, c'est quelle sanction.
Bien sûr, ce ne sera pas à nous (enseignants) d'en décider in fine, mais j'ai dans l'idée que le RV se passera mieux si nous y avons un peu réfléchi avant.
Pour un élève lambda, les textes disent que la violence physique envers un adulte entraîne systématiquement un conseil de disc. Nous pouvons :
- appliquer strictement les textes, en gardant à l'esprit que les membres du conseil sont capables de faire la part des choses et de tenir compte de la situation de l'élève ;
- décider d'une sanction intermédiaire eu égard à la situation de cet enfant.
Mais ne pas sanctionner du tout un acte aussi grave, c'est impensable. Ce serait faillir, en fait, envers tout le monde.
Je suis bien d'accord.
La question, c'est quelle sanction.
Bien sûr, ce ne sera pas à nous (enseignants) d'en décider in fine, mais j'ai dans l'idée que le RV se passera mieux si nous y avons un peu réfléchi avant.
Pour un élève lambda, les textes disent que la violence physique envers un adulte entraîne systématiquement un conseil de disc. Nous pouvons :
- appliquer strictement les textes, en gardant à l'esprit que les membres du conseil sont capables de faire la part des choses et de tenir compte de la situation de l'élève ;
- décider d'une sanction intermédiaire eu égard à la situation de cet enfant.
Mais ne pas sanctionner du tout un acte aussi grave, c'est impensable. Ce serait faillir, en fait, envers tout le monde.
- LagomorpheFidèle du forum
*Ombre* a écrit:Bonjour,
Je souhaite vous soumettre un problème épineux.
Nous avons en 3e un élève présentant un trouble du spectre autistique (diagnostiqué récemment), accompagné d'une AVS. Cet élève se montre régulièrement violent verbalement, voire physiquement, envers les autres élèves. Comme il est malade, on "l'isole" alors en l'envoyant se calmer à l'administration, mais il n'y a pas de réelle sanction.
Cette semaine, ce même élève a frappé une collègue, assez violemment pour qu'elle se retrouve avec un hématome. La collègue est, à juste titre, bouleversée, et redoute de retourner en classe avec cet élève. Or, une fois de plus, sous prétexte que cet enfant est handicapé, aucune réponse n'est apportée par la direction. La collègue - et d'autres collègues avec elle - est très choquée : ce qu'elle entend, c'est qu'on peut la frapper en classe sans qu'il y ait la moindre conséquence.
J'entends bien que la situation est délicate, que cet élève n'est pas totalement responsable de ses actes. Mais à un moment, il faut savoir : il est gérable en dehors d'une structure spécialisée, avec infirmiers et personnels susceptibles d'intervenir en cas de problème, ou pas (OK, mon compagnon, qui bosse en psychiatrie, hurlerait de rire s'il lisait ces lignes) ? On veut bien être compréhensifs, mais on n'est pas là pour se faire taper sur la gueule. Je comprends aussi la collègue directement concernée, et les collègues indignés. Il y a de la peur et de la souffrance, bien légitimes.
J'ai conseillé à la collègue de demander un RV à la Principale et de s'y rendre accompagnée (devinez par qui...) pour chercher ensemble une solution raisonnable. On n'est peut-être pas obligé, pour un élève malade, d'appliquer la règle de convocation systématique du conseil de disc pour violence physique (et encore... Il y a un moment où il faut poser la gravité des faits, même sans accabler l'élève). Mais même pour cet élève, il me paraît indispensable qu'il y ait une gradation des sanctions. Et surtout, il est impensable qu'il n'y ait aucune sanction quand un adulte de l'établissement se fait frapper.
Quelle vous semblerait cette solution raisonnable, humaine pour toutes les personnes concernées ?
Evidemment qu'elle est choquée, on le serait à moins. Dans ce récit je pense plus à ta collègue qu'à l'élève : en se rendant sur son lieu de travail, elle risque d'être physiquement agressée à nouveau, c'est extrêmement grave et intenable sur la durée.
Un syndicat pourrait peut-être répondre à la question suivante (qui pour moi n'est pas une question mais une évidence): ta collègue n'est-elle pas dans une situation de danger imminent en présence de cet élève, situation qui justifierait l'usage du droit de retrait ? La question peut aussi être posée à la principale, pour l'inciter à faire quelque chose.
A force d'obliger les enseignants à accepter tous les élèves quels que soit leurs besoins, mais sans apporter les moyens nécessaires pour faire face à ces besoins, on aboutit à des situations graves et dangereuses. Au bout d'un moment, il faut dire stop. Pour se protéger soi-même, et dans l'intérêt des élèves, tous les autres, qui doivent pouvoir étudier dans une situation calme et non la peur au ventre à cause d'un élève violent.
- XIIINeoprof expérimenté
De véritables VRP à "écoles privées"...
- MauvetteÉrudit
Le conseil de discipline ne semble pas être une mauvaise piste. Il aura pour intérêt de faire venir les parents et peut-être les soignants, de confronter l'élève à son erreur (même s'il n'en est pas entièrement responsable) et à conforter la collègue dans le fait que cette situation est intenable. Maintenant, j'imagine que l'exclusion ne sera pas prononcée et ne serait sans doute pas souhaitable. Mais il faut impérativement marquer le coup, d'autant qu'on parle quand même d'un élève de 3e.
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Je vais bien, ne t'en fais pas
- ipomeeGuide spirituel
Mais je me demande aussi comment on peut exiger d'enseignants qu'ils aient de tels élèves en classe. A moins d'instaurer une prime de risque…
- *Ombre*Grand sage
Je suis d'accord avec toi, Mauvette. C'est aussi une façon de tirer le signal d'alarme. Intégrer, c'est bien beau, mais pas en exposant la sécurité des personnels. Quels moyens sérieux avons-nous pour éviter que cela ne se reproduise ?
Je me mets à la place de la collègue. Moi aussi j'aurais les pétoches de reprendre cet élève. Et me dire qu'il est handicapé me serait une maigre consolation si je devais me faire ratatiner la tête. Tout cela est insupportable.
Je me mets à la place de la collègue. Moi aussi j'aurais les pétoches de reprendre cet élève. Et me dire qu'il est handicapé me serait une maigre consolation si je devais me faire ratatiner la tête. Tout cela est insupportable.
- MauvetteÉrudit
Je parle en connaissance de cause : mon fils est violent avec ses instit, son AVS et ses éducateurs de l'ITEP. Il n'est qu'en CE1 mais il est hors de question de banaliser ce genre d'actes. Tant pour lui que pour les adultes !
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Je vais bien, ne t'en fais pas
- Manu7Expert spécialisé
Chaque personne attiente de TSA est différente donc c'est très difficile de répondre à cette question. Je suppose qu'il y a un PAI, et il serait logique que lors de l'élaboration de ce PAI, les cas de violence et de crise soient prévus. Car c'est plus facile de prévoir à l'avance, qu'à postériori, quelles seront les conséquences en cas de violences. Et surtout comment interagir avec cet élève. Pour certains élèves atteints de TSA, si lors d'un moment de crise ou de tension, on rentre dans un périmètre alors ils peuvent devenir violents.
Dans le cas considéré, si c'est la première fois, il me semble impératif de faire une réunion (pas un CD) avec les différents intervenants pour comprendre ce qu'il s'est passé, pour éventuellement revoir le PAI, pour au moins que cela ne se reproduise pas, pour la sanction c'est justement pendant cette réunion que la question pourrait se poser.
Si ce n'est pas la première fois, et qu'il n'y a pas eu de réunion et bien la situation ne doit pas être facile ni pour les uns ni pour les autres.
Dans le cas considéré, si c'est la première fois, il me semble impératif de faire une réunion (pas un CD) avec les différents intervenants pour comprendre ce qu'il s'est passé, pour éventuellement revoir le PAI, pour au moins que cela ne se reproduise pas, pour la sanction c'est justement pendant cette réunion que la question pourrait se poser.
Si ce n'est pas la première fois, et qu'il n'y a pas eu de réunion et bien la situation ne doit pas être facile ni pour les uns ni pour les autres.
- *Ombre*Grand sage
C'est la première fois que cet élève frappe un adulte, mais il a déjà frappé plusieurs fois des camarades.
Les chefs ont tendance à "gérer en interne". En prévention, cela semble une bonne solution. Les collègues connaissent l'élève (je parle à la 3e personne car je ne l'ai pas en classe, personnellement), savent qu'il est explosif et n'hésitent pas à l'envoyer se calmer auprès de l'administration quand ils sentent que c'est tendu. Mais cela ne règle pas la question de la sanction à apporter quand cela n'a pas suffi et qu'il y a des débordements graves (et je précise que pour moi, frapper d'autres élèves est déjà grave).
Les chefs ont tendance à "gérer en interne". En prévention, cela semble une bonne solution. Les collègues connaissent l'élève (je parle à la 3e personne car je ne l'ai pas en classe, personnellement), savent qu'il est explosif et n'hésitent pas à l'envoyer se calmer auprès de l'administration quand ils sentent que c'est tendu. Mais cela ne règle pas la question de la sanction à apporter quand cela n'a pas suffi et qu'il y a des débordements graves (et je précise que pour moi, frapper d'autres élèves est déjà grave).
- Manu7Expert spécialisé
Mais je me demande aussi comment on peut exiger d'enseignants qu'ils aient de tels élèves en classe.
Pourtant c'est le principe de l'école inclusive. Nous voyons de plus en plus arriver dans les collèges des élèves avec des AVS qui présentent des troubles du comportement. Paradoxalement, les profs pro-inclusion se prennent souvent des claques au sens figuré. La bienveillance et l'accueil chaleureux n'est pas toujours la meilleure solution et là on voit que nous ignorons tout. On se retrouve finalement dans la position des familles. En France, nous avons toujours préféré cacher le handicap, seuls les profs qui ont des cas semblables dans leur famille peuvent aider les autres. Mais finalement, si nous avions cotoyé ces différences ou ces handicaps quand nous étions élèves et bien nous serions déjà à moitié formés et cela nous semblerait beaucoup moins anormal. Les formations c'est bien, mais vivre le handicap c'est une autre histoire. Quand je dis vivre le handicap, ce n'est pas devenir handicapé, car on n'a pas le choix. Mais c'est le vivre en face de soi, on peut choisir de fuir ou de rester. Sauf que si on reste, le choix de fuir est toujours présent.
- RogerMartinBon génie
@ Ombre +1000 : les coups entre élèves, ça ne devrait jamais être considéré comme anodin. Tristement, le fait qu'une collègue ait été blessée va peut-être permettre d'améliorer les modalités de prise en charge.
C'est vraiment glauque de devoir faire de l'accueil sans aucun moyen vraiment adapté. On finit par en arriver à l'inverse de ce qui était espéré, parce que le regard des autres élèves sur ce garçon ne doit pas être facile à porter pour lui, et que ce genre d'incident ne fait pas avancer les mentalités autour du handicap.
C'est vraiment glauque de devoir faire de l'accueil sans aucun moyen vraiment adapté. On finit par en arriver à l'inverse de ce qui était espéré, parce que le regard des autres élèves sur ce garçon ne doit pas être facile à porter pour lui, et que ce genre d'incident ne fait pas avancer les mentalités autour du handicap.
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Yo, salut ma bande ! disait toujours le Samouraï.
I User5899.
User 17706 s'est retiré à Helsingør.
Strange how paranoia can link up with reality now and then.
- SphinxProphète
On a eu le cas l'an dernier : un élève qui a frappé d'autres élèves. Il y a eu une réunion avec le personnel soignant puis un conseil de discipline. Il a eu une exclusion définitive avec sursis et il s'est à peu près contenu jusqu'à la fin de l'année (enfin il a de nouveau frappé des élèves, mais c'était "moins grave" alors pas de CD... ) Puis il a récidivé et cette fois il a été exclu pour de bon. Les élèves handicapés en inclusion le sont à condition de suivre les mêmes règles que les autres. Les aménagements de la scolarité c'est une chose mais il ne peut pas y avoir d'aménagement des règles quand ça touche à la sécurité des autres.
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- lisontineHabitué du forum
Et demander une commission éducative ? Ce serait une étape intermédiaire avant un éventuel CD.
J'ai en classe de 6e cette année un élève avec trouble de l'hyperactivité ++ Il n'a pas d'AVS (les parents montent un dossier), seulement un PAP pour l'instant. Nous avons fait une équipe éducative pour justement adapter certaines règles. Autant il nous parait impossible de sanctionner son manque de travail en classe (il lui est presque impossible d'écrire et parfois de parler, par contre il fait du bruit souvent) car il serait puni en permanence, autant l'administration a été très claire : il sera sanctionné comme les autres élèves en cas de violence (il a tendance à courir tout le temps dans les couloirs, à bousculer, voire à pincer). Les parents nous suivent sans problème.
J'ai en classe de 6e cette année un élève avec trouble de l'hyperactivité ++ Il n'a pas d'AVS (les parents montent un dossier), seulement un PAP pour l'instant. Nous avons fait une équipe éducative pour justement adapter certaines règles. Autant il nous parait impossible de sanctionner son manque de travail en classe (il lui est presque impossible d'écrire et parfois de parler, par contre il fait du bruit souvent) car il serait puni en permanence, autant l'administration a été très claire : il sera sanctionné comme les autres élèves en cas de violence (il a tendance à courir tout le temps dans les couloirs, à bousculer, voire à pincer). Les parents nous suivent sans problème.
- meevadeborahNiveau 8
Sphinx a écrit:On a eu le cas l'an dernier : un élève qui a frappé d'autres élèves. Il y a eu une réunion avec le personnel soignant puis un conseil de discipline. Il a eu une exclusion définitive avec sursis et il s'est à peu près contenu jusqu'à la fin de l'année (enfin il a de nouveau frappé des élèves, mais c'était "moins grave" alors pas de CD... ) Puis il a récidivé et cette fois il a été exclu pour de bon. Les élèves handicapés en inclusion le sont à condition de suivre les mêmes règles que les autres. Les aménagements de la scolarité c'est une chose mais il ne peut pas y avoir d'aménagement des règles quand ça touche à la sécurité des autres.
On a deux élèves qui en ont frappé un troisième. Celui qui a des troubles autistiques est la victime. Et la sanction pour les deux autres est : trois jours d'exclusion... avec sursis ! J'en suis encore estomaquée.
- User17095Érudit
Sur un sujet pareil il ne peut pas y avoir de décision consensuelle (et encore moins systématique), on croise de trop nombreux aspects.
La situation décrite par @lisontine est exemplaire à mon sens : une adaptation raisonnée, pour maintenir des exigences qui peuvent être atteintes, avec tous les acteurs sur la même longueur d'ondes.
Dans le cas cité par @*Ombre* c'est forcément plus compliqué, on a un handicap nettement plus difficile au quotidien, et un personnel blessé.
D'une part, on est sur le handicap, avec un acte violent qui en est la manifestation.
Si tout le monde est d'accord au sein de l'EN sur le handicap physique (par exemple moteur ou sensoriel), et l'acceptation des aménagements à faire, c'est une toute autre histoire pour le handicap psychique.
Pour prendre un exemple un peu caricatural, on aura du mal à remettre en cause l'inclusion d'un élève en fauteuil électrique hyper lourd, même si une fois par inadvertance il roule sur le pied de l'enseignant, et même si celui-ci est blessé : c'est un accident et c'est bien compris et accepté comme tel par tous.
Ici, on peut (je n'ai pas dit on doit) considérer que c'est aussi un accident, une chose malheureuse certes mais qui arrive.
La difficulté, c'est que la perception que l'on en a, les sentiments qu'on ressent - en particulier la peur - ne sont pas du tout les mêmes (et puis certes, le fait qu'une roue et une main ce ne soit pas tout à fait la même chose).
D'autre part, on réfléchit à la Justice, que porte tout règlement intérieur.
La sanction et la punition nécessitent la compréhension de l'auteur pour avoir un sens - c'est bien pour ça qu'en Droit l'auteur d'un crime peut ne pas en être pénalement responsable.
Le conseil de discipline verrait donc son sens diminué par le fait que l'élève ne soit pas en mesure de comprendre ou de contrôler son acte.
D'un autre côté, la Justice remplit une fonction sociale, pour la victime et pour la communauté. On se doit donc d'entendre que quelque chose doit être fait : si le régime normal des sanctions ne peut pas être appliqué faute de sens, cela n'implique pas que rien ne soit fait.
Par ailleurs, la question de la possibilité de l'inclusion de ce gamin peut se poser. Là, ce n'est pas le rôle du conseil de discipline (s'il est exclu il est rescolarisé ailleurs), mais de la réunion d'ESS qui va émettre une préconisation : poursuite dans le circuit ordinaire en ULIS ou pas, ou bien affectation dans un établissement spécifique, type IME ou ITEP.
Bien qu'il soit possible de convoquer une réunion d'ESS à la suite d'un acte qui amène à interroger la poursuite de l'inclusion, il ne faut pas pour autant la considérer comme une instance disciplinaire parallèle, qui jugerait un acte : l'ESS observe l'ensemble de la scolarité.
Enfin, il faut prendre en compte la politique institutionnelle du lieu et du moment. Il y a une indéniable frilosité, justifiée par les articles qui sortent périodiquement à propos de tel ou tel enfant handicapé non scolarisé, qui font scandale et qui suscitent une sympathie globale.
On observe que cette sympathie est très NIMBY, tout le monde est pour la scolarisation des gamins handicapés, sauf que le sien se fait taper - là c'est un tout autre discours.
Avant de penser droit de retrait et exigence d'exclusion, il faut vérifier ce qu'il sera possible d'obtenir si on le demande ; imaginons qu'il y ait eu un article sur un refus de scolarisation dans le collège d'à côté, c'est mal engagé.
Tout ceci étant aligné... Je pense qu'aucune solution pertinente et juste ne peut émerger sans une concertation apaisée. Dégainer du droit de retrait, hurler, ne fera avancer personne.
...bon courage !
La situation décrite par @lisontine est exemplaire à mon sens : une adaptation raisonnée, pour maintenir des exigences qui peuvent être atteintes, avec tous les acteurs sur la même longueur d'ondes.
Dans le cas cité par @*Ombre* c'est forcément plus compliqué, on a un handicap nettement plus difficile au quotidien, et un personnel blessé.
D'une part, on est sur le handicap, avec un acte violent qui en est la manifestation.
Si tout le monde est d'accord au sein de l'EN sur le handicap physique (par exemple moteur ou sensoriel), et l'acceptation des aménagements à faire, c'est une toute autre histoire pour le handicap psychique.
Pour prendre un exemple un peu caricatural, on aura du mal à remettre en cause l'inclusion d'un élève en fauteuil électrique hyper lourd, même si une fois par inadvertance il roule sur le pied de l'enseignant, et même si celui-ci est blessé : c'est un accident et c'est bien compris et accepté comme tel par tous.
Ici, on peut (je n'ai pas dit on doit) considérer que c'est aussi un accident, une chose malheureuse certes mais qui arrive.
La difficulté, c'est que la perception que l'on en a, les sentiments qu'on ressent - en particulier la peur - ne sont pas du tout les mêmes (et puis certes, le fait qu'une roue et une main ce ne soit pas tout à fait la même chose).
D'autre part, on réfléchit à la Justice, que porte tout règlement intérieur.
La sanction et la punition nécessitent la compréhension de l'auteur pour avoir un sens - c'est bien pour ça qu'en Droit l'auteur d'un crime peut ne pas en être pénalement responsable.
Le conseil de discipline verrait donc son sens diminué par le fait que l'élève ne soit pas en mesure de comprendre ou de contrôler son acte.
D'un autre côté, la Justice remplit une fonction sociale, pour la victime et pour la communauté. On se doit donc d'entendre que quelque chose doit être fait : si le régime normal des sanctions ne peut pas être appliqué faute de sens, cela n'implique pas que rien ne soit fait.
Par ailleurs, la question de la possibilité de l'inclusion de ce gamin peut se poser. Là, ce n'est pas le rôle du conseil de discipline (s'il est exclu il est rescolarisé ailleurs), mais de la réunion d'ESS qui va émettre une préconisation : poursuite dans le circuit ordinaire en ULIS ou pas, ou bien affectation dans un établissement spécifique, type IME ou ITEP.
Bien qu'il soit possible de convoquer une réunion d'ESS à la suite d'un acte qui amène à interroger la poursuite de l'inclusion, il ne faut pas pour autant la considérer comme une instance disciplinaire parallèle, qui jugerait un acte : l'ESS observe l'ensemble de la scolarité.
Enfin, il faut prendre en compte la politique institutionnelle du lieu et du moment. Il y a une indéniable frilosité, justifiée par les articles qui sortent périodiquement à propos de tel ou tel enfant handicapé non scolarisé, qui font scandale et qui suscitent une sympathie globale.
On observe que cette sympathie est très NIMBY, tout le monde est pour la scolarisation des gamins handicapés, sauf que le sien se fait taper - là c'est un tout autre discours.
Avant de penser droit de retrait et exigence d'exclusion, il faut vérifier ce qu'il sera possible d'obtenir si on le demande ; imaginons qu'il y ait eu un article sur un refus de scolarisation dans le collège d'à côté, c'est mal engagé.
Tout ceci étant aligné... Je pense qu'aucune solution pertinente et juste ne peut émerger sans une concertation apaisée. Dégainer du droit de retrait, hurler, ne fera avancer personne.
...bon courage !
- gauvain31Empereur
ipomee a écrit:Mais je me demande aussi comment on peut exiger d'enseignants qu'ils aient de tels élèves en classe. A moins d'instaurer une prime de risque…
+10000 on nous demande d'avoir dans nos classes les élèves qui auraient dû intégrer un ITEP par exemple pour pallier au désengagement de l’État. Ce n'est qu'une des victimes collatérale de cette politique d'abandon qui ne dit pas son nom .
J'ai bossé en ITEP, le risque y était tous les jours, mais on avait la psychiatre, la psychologue, les éducateurs spécialisés juste à côté..... je refuserais de prendre de tels risque dans une classe d'un établissement classique
- LizdarcyFidèle du forum
Je serais bien désemparée et contrariée si j'avais un tel élève. Et je vais peut-être choquer des collègues mais ,non, je ne souhaite absolument pas suivre une formation pour tenter de gérer des cas comme celui-là. L'argument de la formation à ce niveau-là m'horripile.
On nous demande tellement de choses maintenant, en plus d'enseigner notre matière. J'essaie de me concentrer sur ça et déjà, je suis vannée.
On nous demande tellement de choses maintenant, en plus d'enseigner notre matière. J'essaie de me concentrer sur ça et déjà, je suis vannée.
- gauvain31Empereur
Lizdarcy a écrit:Je serais bien désemparée et contrariée si j'avais un tel élève. Et je vais peut-être choquer des collègues mais ,non, je ne souhaite absolument pas suivre une formation pour tenter de gérer des cas comme celui-là. L'argument de la formation à ce niveau-là m'horripile.
On nous demande tellement de choses maintenant, en plus d'enseigner notre matière. J'essaie de me concentrer sur ça et déjà, je suis vannée.
Et tu fais bien , car ce n'est pas ton métier. Sauf à vouloir expression travailler dans des établissements spécialisés et passer le CAPA-SH. A chacun son rôle. On ne passe pas le CAPES ou l'agrégation pour prendre des risques. Ce n'est pas dans le contrat entre la République et nous , enseignants. Le jour où ça le sera , je me convertirai pour devenir policier
- SphinxProphète
pogonophile a écrit:
Pour prendre un exemple un peu caricatural, on aura du mal à remettre en cause l'inclusion d'un élève en fauteuil électrique hyper lourd, même si une fois par inadvertance il roule sur le pied de l'enseignant, et même si celui-ci est blessé : c'est un accident et c'est bien compris et accepté comme tel par tous.
Ici, on peut (je n'ai pas dit on doit) considérer que c'est aussi un accident, une chose malheureuse certes mais qui arrive.
C'est tout de même modérément comparable. Si je me fais rouler dessus par le fauteuil, la prochaine fois je vais faire attention où je gare mes pieds et puis basta. Tout au plus vais-je râler contre les conditions d'inclusion : salles trop petites, voies de dégagement pas adaptées etc.
Si un gamin atteint d'un trouble psychique me frappe, surtout sans signe avant-coureur ou sans "raison" (mais même avec, ça ne change rien), je vais craindre qu'il récidive n'importe quand, et ce n'est pas un risque contrôlable puisque l'élève peut me sauter dessus alors que le fauteuil, difficilement. Il me semble qu'il y a une différence énorme entre un "accident" qui va arriver une fois et un "accident" qui peut se reproduire n'importe quand.
Il n'est pas dit qu'on va en vouloir à l'élève et le conseil de discipline n'est pas là pour dire qu'on lui en veut. Il est là pour poser des limites. Dans un établissement scolaire, le personnel comme les élèves ont le droit de ne pas être mis en danger, et ce droit ne passe pas après le droit à l'inclusion d'un seul élève. Soit il est capable de respecter les règles communes, soit on constate que non et on réoriente sa scolarité en fonction.
Alors bien sûr s'il est possible de prendre cette décision en concertation avec la famille et la structure de soin c'est mieux mais encore faut-il que ces parties-là soient capables de l'entendre. On a eu un élève il y a quelques années, autiste, mais sans aucun suivi mis en place. Un jour il a jeté une chaise sur son enseignante et renversé sa table sur le premier AED qui a franchi la porte. Il a été maintenu dans l'établissement à la condition qu'on lui trouve fissa un AVS capable de le maîtriser mais sinon c'était le renvoi.
Et je dis ça en ayant déjà eu plusieurs élèves autistes dont certains plusieurs années d'affilée, avec ou sans AVS et sans problème : je m'adapte, oui. Mais jusqu'à un certain point seulement. Les coups, c'est non.
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"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- User17095Érudit
gauvain31 a écrit:
Et tu fais bien , car ce n'est pas ton métier. Sauf à vouloir expression travailler dans des établissements spécialisés et passer le CAPA-SH. A chacun son rôle. On ne passe pas le CAPES ou l'agrégation pour prendre des risques. Ce n'est pas dans le contrat entre la République et nous , enseignants. Le jour où ça le sera , je me convertirai pour devenir policier
Tu vas un peu vite en besogne il me semble... Certes l'enseignant en milieu ordinaire n'est, par définition, pas un enseignant spécialisé, pour autant les missions ont évolué et citent des notions comme "prendre en compte la diversité des élèves" dans le référentiel de compétences. Le champ du handicap est inclus dans la diversité, la formation des stagiaires et la formation continue sont censés lui donner une place. Dire "ce n'est pas pour ça que j'ai signé" a une limite, tous les métiers connaissent des évolutions.
Cependant, ce champ n'est effectivement pas exhaustif et n'a pas vocation à l'être : inclure tout le monde tout le temps est une dérive effectivement causée par le désengagement de l'Etat sur les structures spécialisées.
- User17095Érudit
Sphinx a écrit:
C'est tout de même modérément comparable. Si je me fais rouler dessus par le fauteuil, la prochaine fois je vais faire attention où je gare mes pieds et puis basta. Tout au plus vais-je râler contre les conditions d'inclusion : salles trop petites, voies de dégagement pas adaptées etc.
Si un gamin atteint d'un trouble psychique me frappe, surtout sans signe avant-coureur ou sans "raison" (mais même avec, ça ne change rien), je vais craindre qu'il récidive n'importe quand, et ce n'est pas un risque contrôlable puisque l'élève peut me sauter dessus alors que le fauteuil, difficilement. Il me semble qu'il y a une différence énorme entre un "accident" qui va arriver une fois et un "accident" qui peut se reproduire n'importe quand.
Il n'est pas dit qu'on va en vouloir à l'élève et le conseil de discipline n'est pas là pour dire qu'on lui en veut. Il est là pour poser des limites. Dans un établissement scolaire, le personnel comme les élèves ont le droit de ne pas être mis en danger, et ce droit ne passe pas après le droit à l'inclusion d'un seul élève. Soit il est capable de respecter les règles communes, soit on constate que non et on réoriente sa scolarité en fonction.
Alors bien sûr s'il est possible de prendre cette décision en concertation avec la famille et la structure de soin c'est mieux mais encore faut-il que ces parties-là soient capables de l'entendre. On a eu un élève il y a quelques années, autiste, mais sans aucun suivi mis en place. Un jour il a jeté une chaise sur son enseignante et renversé sa table sur le premier AED qui a franchi la porte. Il a été maintenu dans l'établissement à la condition qu'on lui trouve fissa un AVS capable de le maîtriser mais sinon c'était le renvoi.
Et je dis ça en ayant déjà eu plusieurs élèves autistes dont certains plusieurs années d'affilée, avec ou sans AVS et sans problème : je m'adapte, oui. Mais jusqu'à un certain point seulement. Les coups, c'est non.
J'ai bien dit que c'était caricatural, et que la comparaison avait des limites hein, je suis bien d'accord.
Et effectivement, refuser de se faire tabasser est plus que raisonnable, la sécurité dans son travail est la première condition non négociable.
J'essaie juste d'élargir la réflexion : il est excessif de considérer qu'un coup donné par un gamin handicapé relève du bête accident tolérable, il est excessif aussi de considérer que le régime normal des sanctions doit s'appliquer systématiquement.
Exiger les conditions de l'inclusion comme vous l'avez fait dans le cas que tu cites est dans l'intérêt de tous : vous n'avez pas exclu de suite.
- JPhMMDemi-dieu
L'intérêt de l'enfant (des enfants, d'ailleurs) est, comme par hasard, passé à la trappe dans ce désengagement.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
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