- Manon35Habitué du forum
Bonjour,
je vous expose la situation : je viens de recevoir un mail de la part de mon proviseur dans lequel il me propose d'enseigner deux heures l'année prochaine en classes prépa scientifiques du lycée où je suis, deux heures qui seraient dans mon service. Je ne connais pas les classes prépa. Je n'ai jamais voulu y mettre les pieds en tant qu'élèves, trop peur!
J'ai donc un millier de questions qui se posent :blague: :
Quel type de cours sous-entendent ces 2h? Du thème / version? Analyse de textes? De quels types de textes?
Quelles sont les épreuves des élèves? En gros, je les prépare à quoi? J'ai l'impression qu'il y a plein de concours et n'y comprends pas grand chose. :choc:
Comment évalue-t-on ces élèves?
Vais-je avoir encore le temps de dormir un peu? Je comptais sur une année enfin plus cool. Je n'enseigne que depuis 3 ans.
J'ai déjà refusé le remplacement d'un congé mat en CPGE littéraire que l'on me proposait pour le début de l'année scolaire à venir... Il faut dire que c'était un temps plein pour 3 mois puis retour au lycée et découverte de mes classes à la Toussaint, après y avoir laissé ma peau.
Des néos pour m'aider? Merci!
je vous expose la situation : je viens de recevoir un mail de la part de mon proviseur dans lequel il me propose d'enseigner deux heures l'année prochaine en classes prépa scientifiques du lycée où je suis, deux heures qui seraient dans mon service. Je ne connais pas les classes prépa. Je n'ai jamais voulu y mettre les pieds en tant qu'élèves, trop peur!
J'ai donc un millier de questions qui se posent :blague: :
Quel type de cours sous-entendent ces 2h? Du thème / version? Analyse de textes? De quels types de textes?
Quelles sont les épreuves des élèves? En gros, je les prépare à quoi? J'ai l'impression qu'il y a plein de concours et n'y comprends pas grand chose. :choc:
Comment évalue-t-on ces élèves?
Vais-je avoir encore le temps de dormir un peu? Je comptais sur une année enfin plus cool. Je n'enseigne que depuis 3 ans.
J'ai déjà refusé le remplacement d'un congé mat en CPGE littéraire que l'on me proposait pour le début de l'année scolaire à venir... Il faut dire que c'était un temps plein pour 3 mois puis retour au lycée et découverte de mes classes à la Toussaint, après y avoir laissé ma peau.
Des néos pour m'aider? Merci!
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2014-2015: 2 2ndes, 1 1ère STMG, 1ère euro, AP 2ndes (année de stage)
2015-2016: 1 2nde, 1 1ES,1 1S, 1 1STMG, Term LELE, TES.
2016-2017 : 2 2ndes, 1 1ES, LELE 1ère, 1 TES et 1 TS.
2017-2018: 2 2ndes, 1 1ES, 1TL, 1TS, 1TSTMG, Term LELE et remplacement mater en Khâgne (jusqu'à la toussaint, normalement).
- DhatturaHabitué du forum
Alors Manon, comment se passent les cours en prépa finalement? C'est un milieu que je ne connais pas et qui m'intrigue/m'intéresse.
Au plaisir de connaître ton expérience et les réponses que tu pourrais apporter aux questions que tu posais toi même ici il y a quelques mois - et qui sont celles que je me pose aujourd'hui... :sourcils:
Au plaisir de connaître ton expérience et les réponses que tu pourrais apporter aux questions que tu posais toi même ici il y a quelques mois - et qui sont celles que je me pose aujourd'hui... :sourcils:
- Manon35Habitué du forum
J'ai finalement fait un remplacement en Khâgnes (2h/ semaine) entre septembre et les vacances de la Toussaint. On a partagé le service de la collègue qui partait en congé mat entre 5 collègues du lycée pour nous faciliter la tâche.
J'ai [nous avons] rendu les armes en octobre quand on nous a demandé de continuer une période de plus, juste avant les vacances. Je ne me voyais pas tout préparer en si peu de temps de nouveaux cours. Maintenant je n'y ai plus qu'un pied en tant que colleuse auprès d'étudiants en ECE.
C'est une expérience hyper enrichissante mais dur dur de le faire avec un service en lycée. J'étais vraiment à bout de forces en octobre. Pourtant, tous mes cours avaient été préparés pendant l'été et on l'avait plus ou moins fait collectivement. C'est un boulot énorme de préparation mais j'ai appris énormément aussi. J'ai eu des étudiants très agréables mais que les cours sont épuisants. Deux heures plus qu'intenses. Le plus négatif : j'ai été déçue par le niveau de langue des étudiants et corriger pour mettre des 0 en trad, notamment, même sur des points travaillés en cours, n'était en rien motivant. Heureusement qu'en civi ils se défendaient bien mieux. Je pense aussi que notre lycée est loin d'avoir une classe prépa d'excellence, ça doit être bien différent dans bien d'autres CPGE.
J'ai [nous avons] rendu les armes en octobre quand on nous a demandé de continuer une période de plus, juste avant les vacances. Je ne me voyais pas tout préparer en si peu de temps de nouveaux cours. Maintenant je n'y ai plus qu'un pied en tant que colleuse auprès d'étudiants en ECE.
C'est une expérience hyper enrichissante mais dur dur de le faire avec un service en lycée. J'étais vraiment à bout de forces en octobre. Pourtant, tous mes cours avaient été préparés pendant l'été et on l'avait plus ou moins fait collectivement. C'est un boulot énorme de préparation mais j'ai appris énormément aussi. J'ai eu des étudiants très agréables mais que les cours sont épuisants. Deux heures plus qu'intenses. Le plus négatif : j'ai été déçue par le niveau de langue des étudiants et corriger pour mettre des 0 en trad, notamment, même sur des points travaillés en cours, n'était en rien motivant. Heureusement qu'en civi ils se défendaient bien mieux. Je pense aussi que notre lycée est loin d'avoir une classe prépa d'excellence, ça doit être bien différent dans bien d'autres CPGE.
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2016-2017 : 2 2ndes, 1 1ES, LELE 1ère, 1 TES et 1 TS.
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- ForsterÉrudit
Merci pour ce retour
- klaus2Habitué du forum
il est vrai qu'en terminale on est censé faire atteindre le niveau B2 (LV2) et A1 (LV1), mais en réalité une CPGE doit commencer en LV à C1 et A2, sinon ils n'ont pas le niveau des concours au bout de 2 ans. Un collègue a calculé qu'ils apprennent environ 3000 mots et expressions de la 6è à la term., et qu'il faut en apprendre autant pour réussir des concours difficiles, tels que HEc ou l'ESSEC en LV1.j'ai été déçue par le niveau de langue des étudiants et corriger pour mettre des 0 en trad, notamment, même sur des points travaillés en cours, n'était en rien motivant
Il y a donc un choc pour eux au début de la prépa ; mais si les conseils de classe ont fait leur travail, on ne devrait pas mettre un 0/20 à un élève admis à passer au début de la Khâgne — la traduction était peut-être trop difficile ?
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Eine andere Sprache zu können, ist wie eine zweite Seele zu besitzen.“ – Karl der Große. "Parler une autre langue, c'est comme posséder une seconde âme" (Charlemagne)
- JayKewNiveau 9
Un élève qui a complètement assimilé le programme d’anglais de la 6e à la 3ème a toutes les bases nécessaires pour suivre au lycée, puis en prépa.
Le problème est qu’on voit arriver en prépa (toutes filières confondues) des étudiant.e.s au niveau affligeant en langue. « Affligeant », ce n’est pas une vue de l’esprit, c’est concrètement une absence totale de maîtrise des bases de la langue (bases théoriquement acquises en fin de 5ème) et souvent, aussi, hélas, une connaissançe anarchique du français. Il n’est donc pas étonnant que ces élèves se retrouvent avec des zéros en traduction.
Vous me direz, comment ont-ils été recrutés pour intégrer une prépa? Souvent, ce sont des élèves sérieux, un peu laborieux, qui ont appris et recraché des choses sans comprendre le fonctionnement de la langue, et ont obtenu allègrement des 13, 14 ou 15 à l’epreuve de langue du bac (voire plus).
Un élève à qui j’ai dû apprendre en début d’année les rudiments de la langue en anglais (les pronoms sujets, compléments, adjectifs possessifs, etc.) m’a dit avoir eu 13 au bac et été très surpris de ses premières notes en anglais en prépa. C’est-à-dire qu’il n’avait pas du tout conscience qu’il ignorait le B.A.BA... Pour lui, « ça allait ».
Par ailleurs, il y a fort heureusement des élèves qui ont tout à fait le niveau et qui, d’entrée, ont de bonnes voire de très bonnes notes en prépa.
Le problème, ce n’est pas tant ce que l’on demande en prépa, que le fait que les élèves quittent le secondaire sans connaître leur niveau réel en langues. Entre un élève qui a 16 et un qui a 19 au bac, ce n’est pas qu’une affaire de 3 points, il peut y avoir en réalité un monde de différence.
Or, en prépa, les objectifs sont dictés par les modalités et contenus des épreuves des concours, et on ne peut pas mentir aux élèves. C’est un peu « l’épreuve de vérité », souvent pénible à encaisser pour des élèves qui jusque là avaient mené leur petit bonhomme de chemin, cahin-caha, sans qu’on leur dise véritablement où ils se situaient (et ce, malgré les niveaux de compétences du CECRL, qui ne sont qu’une façade).
1) on fait croire aux élèves qu’ils ont un niveau qu’ils n’ont pas 2) sur le papier, donc, ils reussissent 3) et en attendant, on ne leur propose pas de remédiation, à quelque échelon du système que ce soit (normal, puisqu’ils « réussissent »), et les élèves trimballent leurs difficultés et leurs lacunes souvent dans l’ignorance la plus totale.
Et on a des élèves hébétés en début de prépa. Le choc est rude.
Le problème est qu’on voit arriver en prépa (toutes filières confondues) des étudiant.e.s au niveau affligeant en langue. « Affligeant », ce n’est pas une vue de l’esprit, c’est concrètement une absence totale de maîtrise des bases de la langue (bases théoriquement acquises en fin de 5ème) et souvent, aussi, hélas, une connaissançe anarchique du français. Il n’est donc pas étonnant que ces élèves se retrouvent avec des zéros en traduction.
Vous me direz, comment ont-ils été recrutés pour intégrer une prépa? Souvent, ce sont des élèves sérieux, un peu laborieux, qui ont appris et recraché des choses sans comprendre le fonctionnement de la langue, et ont obtenu allègrement des 13, 14 ou 15 à l’epreuve de langue du bac (voire plus).
Un élève à qui j’ai dû apprendre en début d’année les rudiments de la langue en anglais (les pronoms sujets, compléments, adjectifs possessifs, etc.) m’a dit avoir eu 13 au bac et été très surpris de ses premières notes en anglais en prépa. C’est-à-dire qu’il n’avait pas du tout conscience qu’il ignorait le B.A.BA... Pour lui, « ça allait ».
Par ailleurs, il y a fort heureusement des élèves qui ont tout à fait le niveau et qui, d’entrée, ont de bonnes voire de très bonnes notes en prépa.
Le problème, ce n’est pas tant ce que l’on demande en prépa, que le fait que les élèves quittent le secondaire sans connaître leur niveau réel en langues. Entre un élève qui a 16 et un qui a 19 au bac, ce n’est pas qu’une affaire de 3 points, il peut y avoir en réalité un monde de différence.
Or, en prépa, les objectifs sont dictés par les modalités et contenus des épreuves des concours, et on ne peut pas mentir aux élèves. C’est un peu « l’épreuve de vérité », souvent pénible à encaisser pour des élèves qui jusque là avaient mené leur petit bonhomme de chemin, cahin-caha, sans qu’on leur dise véritablement où ils se situaient (et ce, malgré les niveaux de compétences du CECRL, qui ne sont qu’une façade).
1) on fait croire aux élèves qu’ils ont un niveau qu’ils n’ont pas 2) sur le papier, donc, ils reussissent 3) et en attendant, on ne leur propose pas de remédiation, à quelque échelon du système que ce soit (normal, puisqu’ils « réussissent »), et les élèves trimballent leurs difficultés et leurs lacunes souvent dans l’ignorance la plus totale.
Et on a des élèves hébétés en début de prépa. Le choc est rude.
- klaus2Habitué du forum
On est bien d'accord, Jaykiew. Cela dit, les collègues de terminale ont aussi une responsabilité : dire qu'on prépare au bac est une plaisanterie. Car le niveau bac en LV, c'est une plaisanterie. Et que dire de ces dossiers à la CPGE où l'espagnol est à 14 ou 15/20 de moyenne ? ma collègue d'espagnol de CPGE n'y croit pas et les sabre.
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- DhatturaHabitué du forum
Merci Manon pour ta réponse.
J'avoue ne rien connaître au monde des prépas...j'entends toujours parler de khôlles sans vraiment comprendre de quoi il s'agit...
C'est une épreuve orale, c'est ça? Pourquoi est-ce si fatigant pour le professeur?
J'avoue ne rien connaître au monde des prépas...j'entends toujours parler de khôlles sans vraiment comprendre de quoi il s'agit...
C'est une épreuve orale, c'est ça? Pourquoi est-ce si fatigant pour le professeur?
- Lord StevenExpert
klaus2 a écrit:il est vrai qu'en terminale on est censé faire atteindre le niveau B2 (LV2) et A1 (LV1), mais en réalité une CPGE doit commencer en LV à C1 et A2, sinon ils n'ont pas le niveau des concours au bout de 2 ans. Un collègue a calculé qu'ils apprennent environ 3000 mots et expressions de la 6è à la term., et qu'il faut en apprendre autant pour réussir des concours difficiles, tels que HEc ou l'ESSEC en LV1.j'ai été déçue par le niveau de langue des étudiants et corriger pour mettre des 0 en trad, notamment, même sur des points travaillés en cours, n'était en rien motivant
Il y a donc un choc pour eux au début de la prépa ; mais si les conseils de classe ont fait leur travail, on ne devrait pas mettre un 0/20 à un élève admis à passer au début de la Khâgne — la traduction était peut-être trop difficile ?
Euh... A1 et A2 vous êtes sûre????
- JennyMédiateur
Dulcinea del Toboso a écrit:Merci Manon pour ta réponse.
J'avoue ne rien connaître au monde des prépas...j'entends toujours parler de khôlles sans vraiment comprendre de quoi il s'agit...
C'est une épreuve orale, c'est ça? Pourquoi est-ce si fatigant pour le professeur?
Les khôlles sont les oraux blancs.
- MelanieSLBDoyen
Manon35 a écrit:J'ai finalement fait un remplacement en Khâgnes (2h/ semaine) entre septembre et les vacances de la Toussaint. On a partagé le service de la collègue qui partait en congé mat entre 5 collègues du lycée pour nous faciliter la tâche.
J'ai [nous avons] rendu les armes en octobre quand on nous a demandé de continuer une période de plus, juste avant les vacances. Je ne me voyais pas tout préparer en si peu de temps de nouveaux cours. Maintenant je n'y ai plus qu'un pied en tant que colleuse auprès d'étudiants en ECE.
C'est une expérience hyper enrichissante mais dur dur de le faire avec un service en lycée. J'étais vraiment à bout de forces en octobre. Pourtant, tous mes cours avaient été préparés pendant l'été et on l'avait plus ou moins fait collectivement. C'est un boulot énorme de préparation mais j'ai appris énormément aussi. J'ai eu des étudiants très agréables mais que les cours sont épuisants. Deux heures plus qu'intenses. Le plus négatif : j'ai été déçue par le niveau de langue des étudiants et corriger pour mettre des 0 en trad, notamment, même sur des points travaillés en cours, n'était en rien motivant. Heureusement qu'en civi ils se défendaient bien mieux. Je pense aussi que notre lycée est loin d'avoir une classe prépa d'excellence, ça doit être bien différent dans bien d'autres CPGE.
Je crois que c'est le sort de toutes les prépas de proximité(voire plus, cf. Post de JayKew).
JayKew a écrit:Un élève qui a complètement assimilé le programme d’anglais de la 6e à la 3ème a toutes les bases nécessaires pour suivre au lycée, puis en prépa.
Le problème est qu’on voit arriver en prépa (toutes filières confondues) des étudiant.e.s au niveau affligeant en langue. « Affligeant », ce n’est pas une vue de l’esprit, c’est concrètement une absence totale de maîtrise des bases de la langue (bases théoriquement acquises en fin de 5ème) et souvent, aussi, hélas, une connaissançe anarchique du français. Il n’est donc pas étonnant que ces élèves se retrouvent avec des zéros en traduction.
Vous me direz, comment ont-ils été recrutés pour intégrer une prépa? Souvent, ce sont des élèves sérieux, un peu laborieux, qui ont appris et recraché des choses sans comprendre le fonctionnement de la langue, et ont obtenu allègrement des 13, 14 ou 15 à l’epreuve de langue du bac (voire plus).
Un élève à qui j’ai dû apprendre en début d’année les rudiments de la langue en anglais (les pronoms sujets, compléments, adjectifs possessifs, etc.) m’a dit avoir eu 13 au bac et été très surpris de ses premières notes en anglais en prépa. C’est-à-dire qu’il n’avait pas du tout conscience qu’il ignorait le B.A.BA... Pour lui, « ça allait ».
Par ailleurs, il y a fort heureusement des élèves qui ont tout à fait le niveau et qui, d’entrée, ont de bonnes voire de très bonnes notes en prépa.
Le problème, ce n’est pas tant ce que l’on demande en prépa, que le fait que les élèves quittent le secondaire sans connaître leur niveau réel en langues. Entre un élève qui a 16 et un qui a 19 au bac, ce n’est pas qu’une affaire de 3 points, il peut y avoir en réalité un monde de différence.
Or, en prépa, les objectifs sont dictés par les modalités et contenus des épreuves des concours, et on ne peut pas mentir aux élèves. C’est un peu « l’épreuve de vérité », souvent pénible à encaisser pour des élèves qui jusque là avaient mené leur petit bonhomme de chemin, cahin-caha, sans qu’on leur dise véritablement où ils se situaient (et ce, malgré les niveaux de compétences du CECRL, qui ne sont qu’une façade).
1) on fait croire aux élèves qu’ils ont un niveau qu’ils n’ont pas 2) sur le papier, donc, ils reussissent 3) et en attendant, on ne leur propose pas de remédiation, à quelque échelon du système que ce soit (normal, puisqu’ils « réussissent »), et les élèves trimballent leurs difficultés et leurs lacunes souvent dans l’ignorance la plus totale.
Et on a des élèves hébétés en début de prépa. Le choc est rude.
Je fais un constat strictement identique: le plus déprimant à mon sens est qu'ils ont très exactement les mêmes lacunes en français.
Dulcinea del Toboso a écrit:Merci Manon pour ta réponse.
J'avoue ne rien connaître au monde des prépas...j'entends toujours parler de khôlles sans vraiment comprendre de quoi il s'agit...
C'est une épreuve orale, c'est ça? Pourquoi est-ce si fatigant pour le professeur?
Imagine 20 minutes d'attention et de correction instantanés, multipliés par 3 ou 6, sans pause. C'est moins fatigant avec l'habitude, cependant.
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La réforme du collège en clair : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] .
Et pour ceux qui voudraient en comprendre quelques fondements idéologiques:
De l’école, Jean-Claude Milner, visionnaire en 1984 (ça ne s'invente pas!) de ce qui nous arrive: "On ne dira pas que les enseignants sont l'appendice inutile d'une institution dangereuse et presque criminelle; on dira seulement qu'ils doivent devenir Autres: animateurs, éducateurs, grands frères, nourrices, etc. La liste est variable. Que, par là, les enseignants cessent d’être ce qu'ils doivent être, c'est encore une fois sortir de la question. On ne dira pas que les enseignants n'ont pas à exister, mais qu'ils ont à exister Autrement. Que cette Autre existence consiste à renoncer à soi-même pour disparaître dans la nuit éducative et s'y frotter, tous corps et tous esprits confondus, avec les partenaires de l'acte éducatif - manutentionnaires, parents, élèves, etc. -, seul un méchant pourrait en prendre ombrage." (page 24)
- klaus2Habitué du forum
Désolé, je voulais dire B2 pour la LV2 en term et C1 en prépa, C1 pour la LV1 en term et C2 en prépa.LordSteven a écrit:klaus2 a écrit:il est vrai qu'en terminale on est censé faire atteindre le niveau B2 (LV2) et A1 (LV1), mais en réalité une CPGE doit commencer en LV à C1 et A2, sinon ils n'ont pas le niveau des concours au bout de 2 ans. Un collègue a calculé qu'ils apprennent environ 3000 mots et expressions de la 6è à la term., et qu'il faut en apprendre autant pour réussir des concours difficiles, tels que HEc ou l'ESSEC en LV1.j'ai été déçue par le niveau de langue des étudiants et corriger pour mettre des 0 en trad, notamment, même sur des points travaillés en cours, n'était en rien motivant
Il y a donc un choc pour eux au début de la prépa ; mais si les conseils de classe ont fait leur travail, on ne devrait pas mettre un 0/20 à un élève admis à passer au début de la Khâgne — la traduction était peut-être trop difficile ?
Euh... A1 et A2 vous êtes sûre????
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Eine andere Sprache zu können, ist wie eine zweite Seele zu besitzen.“ – Karl der Große. "Parler une autre langue, c'est comme posséder une seconde âme" (Charlemagne)
- RogerMartinBon génie
Depuis qu'on utilise le CERCL, le niveau des élèves en LV s'est élevé en flèche.
- klaus2Habitué du forum
...et il suffit de rédiger deux fois 12 lignes pour avoir 16/20 au bac !RogerMartin a écrit:Depuis qu'on utilise le CERCL, le niveau des élèves en LV s'est élevé en flèche.
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Eine andere Sprache zu können, ist wie eine zweite Seele zu besitzen.“ – Karl der Große. "Parler une autre langue, c'est comme posséder une seconde âme" (Charlemagne)
- JayKewNiveau 9
Ce problème se retrouve partout, tous types de prépa confondus, mais peut-être de façon plus aiguë encore dans les prépas dites "de proximité".
Je ne jette pas du tout la pierre aux collègues du secondaire, qui font ce qu'ils peuvent, et souvent bien, face aux injonctions ministérielles et IPR-isantes. J'ai moi-même longtemps été "prof du secondaire", et je connais très bien à la fois les joies et les difficultés de l'enseignement à ce niveau.
Je ne blâme pas non plus les épreuves du bac, qui sont plutôt intéressantes (plus que celles du passé). Mais les grilles d'évaluation me font doucement rire. Pour avoir moins de 10 au bac, selon les critères d'évaluation actuels, il faut vraiment le faire exprès. Et encore, je ne suis pas sûr qu'on y arrive!
J'exagère un peu, mais à peine.
Le programmes sont par ailleurs trop idéologiques ("tout doit venir de l'élève", "pas de grammaire formalisée", "seulement au détour d'un texte, à la demande de l'élève", etc.) Tout ça pourrait - éventuellement - avoir du sens avec des élèves idéaux, autonomes, capables de réfléchir tout seuls sur la langue, d'inférer les règles, etc. Dans la réalité pratique du quotidien, rares sont ceux qui en sont capables. Mais la pression exercée sur les profs du secondaire est énorme pour qu'ils appliquent à la lettre les préceptes, le tout recouvert d'une couche sympathique "d'actionnel".
Résultat: ils débarquent en prépa en ignorant à peu près tout de la grammaire (anglaise comme française) et on doit tout leur apprendre, y compris l'étiquetage basique (qu'est-ce qu'un adjectif? un adverbe? une proposition? etc.) Temps et aspects, c'est un sacré morceau en anglais, mais même en français ils ont du mal avec les notions de réel et d'irréel (et donc confondent allègrement futur et conditionnel; dans la tête de beaucoup, c'est la même chose); le passé simple est devenu tout sauf... simple ("j'envoya", "je m'asseya", et autres joyeusetés).
Parfois, les erreurs d'identification / interprétation dans un texte sont vraiment étonnantes. L'autre jour, en 1ère année d'ECS, dans une "bonne prépa de province": the girl rose and went back to her compartment, a donné chez à peu près 20%-25% des élèves: la fille qui s'appelait / prénommée Rose est retournée à son compartiment. Pour les non-anglophones, rose est le passé de rise ("se lever", "s'élever", etc. selon le contexte).
Outre la non connaissance d'un verbe assez courant (the sun rises in the east, etc.), le non repérage de la présence d'une minuscule au lieu d'une majuscule à rose a de quoi laisser perplexe. Sans parler de l'absurdité du propos: il n'y avait aucune raison pour le narrateur d'évoquer le prénom de la fille à ce moment-là.
Quand, dans une copie, ce genre de contresens s'accumulent et s'ajoutent aux barbarismes et autres erreurs de langue, forcément on parvient à la note de zéro.
A côté de ça, on a encore d'excellents élèves, qui s'expriment très bien en anglais et en français, mais les modalités d'évaluation actuelles ne permettent pas d'identifier (ou difficilement) qui, dans le secondaire, a les bases nécessaires pour affronter les exigences linguistiques d'une prépa. C'était ça, un peu, mon propos.
Je ne jette pas du tout la pierre aux collègues du secondaire, qui font ce qu'ils peuvent, et souvent bien, face aux injonctions ministérielles et IPR-isantes. J'ai moi-même longtemps été "prof du secondaire", et je connais très bien à la fois les joies et les difficultés de l'enseignement à ce niveau.
Je ne blâme pas non plus les épreuves du bac, qui sont plutôt intéressantes (plus que celles du passé). Mais les grilles d'évaluation me font doucement rire. Pour avoir moins de 10 au bac, selon les critères d'évaluation actuels, il faut vraiment le faire exprès. Et encore, je ne suis pas sûr qu'on y arrive!
J'exagère un peu, mais à peine.
Le programmes sont par ailleurs trop idéologiques ("tout doit venir de l'élève", "pas de grammaire formalisée", "seulement au détour d'un texte, à la demande de l'élève", etc.) Tout ça pourrait - éventuellement - avoir du sens avec des élèves idéaux, autonomes, capables de réfléchir tout seuls sur la langue, d'inférer les règles, etc. Dans la réalité pratique du quotidien, rares sont ceux qui en sont capables. Mais la pression exercée sur les profs du secondaire est énorme pour qu'ils appliquent à la lettre les préceptes, le tout recouvert d'une couche sympathique "d'actionnel".
Résultat: ils débarquent en prépa en ignorant à peu près tout de la grammaire (anglaise comme française) et on doit tout leur apprendre, y compris l'étiquetage basique (qu'est-ce qu'un adjectif? un adverbe? une proposition? etc.) Temps et aspects, c'est un sacré morceau en anglais, mais même en français ils ont du mal avec les notions de réel et d'irréel (et donc confondent allègrement futur et conditionnel; dans la tête de beaucoup, c'est la même chose); le passé simple est devenu tout sauf... simple ("j'envoya", "je m'asseya", et autres joyeusetés).
Parfois, les erreurs d'identification / interprétation dans un texte sont vraiment étonnantes. L'autre jour, en 1ère année d'ECS, dans une "bonne prépa de province": the girl rose and went back to her compartment, a donné chez à peu près 20%-25% des élèves: la fille qui s'appelait / prénommée Rose est retournée à son compartiment. Pour les non-anglophones, rose est le passé de rise ("se lever", "s'élever", etc. selon le contexte).
Outre la non connaissance d'un verbe assez courant (the sun rises in the east, etc.), le non repérage de la présence d'une minuscule au lieu d'une majuscule à rose a de quoi laisser perplexe. Sans parler de l'absurdité du propos: il n'y avait aucune raison pour le narrateur d'évoquer le prénom de la fille à ce moment-là.
Quand, dans une copie, ce genre de contresens s'accumulent et s'ajoutent aux barbarismes et autres erreurs de langue, forcément on parvient à la note de zéro.
A côté de ça, on a encore d'excellents élèves, qui s'expriment très bien en anglais et en français, mais les modalités d'évaluation actuelles ne permettent pas d'identifier (ou difficilement) qui, dans le secondaire, a les bases nécessaires pour affronter les exigences linguistiques d'une prépa. C'était ça, un peu, mon propos.
- Manon35Habitué du forum
Oui, et je finis ma semaine par cela, après une heure avec d'adorables STMG de la mort et une classe de 2ndes surexcités. Je pense que si elles étaient placées à un autre moment dans la semaine je ne sentirais pas la même fatigue. Si on me repropose l'année prochaine j'essaierai de mieux combiner mais ce n'est pas toujours simple de trouver un moment libre commun au kholleur et aux étudiants.MelanieSLB a écrit:Dulcinea del Toboso a écrit:Merci Manon pour ta réponse.
J'avoue ne rien connaître au monde des prépas...j'entends toujours parler de khôlles sans vraiment comprendre de quoi il s'agit...
C'est une épreuve orale, c'est ça? Pourquoi est-ce si fatigant pour le professeur?
Imagine 20 minutes d'attention et de correction instantanés, multipliés par 3 ou 6, sans pause. C'est moins fatigant avec l'habitude, cependant.
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