- HermelineNiveau 2
Bonjour à tous.
D'avance navrée pour la longueur du message et le pathos, mais j'ai besoin d'avis extérieurs à ceux de mes proches, et venant de collègues.
J'ai passé le CAPES de lettres "par hasard". Essayer était la condition sine qua non pour que mon directeur de recherches me prenne en thèse ; sachant qu'il avait accepté d'autres doctorants malgré leur échec au concours, j'ai dit oui, me suis présentée au CAPES quasiment les mains dans les poches... et ai été reçue.
Passent mes 3 années de contrat doctoral, pendant lesquelles je donne des cours à l'Université, et suis ainsi titularisée "en blanc".
Je demande une dispo qui m'est accordée, mais mon père tombe malade et je lui consacre mes deux ans de liberté : je sais qu'il va partir et ce n'est pas le moment d'aller me confronter au secondaire pour lequel je n'ai aucune attirance, ni à quoi que ce soit d'autre (j'abandonne le doctorat).
Au printemps dernier le rectorat me rappelle sous les drapeaux : j'ai épuisé toutes mes économies, mon entourage me pousse un peu (a-t-on idée d'avoir décroché un concours et de ne rien en faire ?!), et je finis par me convaincre qu'après tout ce métier pourrait me convenir.
Mon père décède peu avant la rentrée, mon état se dégrade mais rester à se morfondre n'est pas une solution, je rejoins mon établissement...
J'ai assuré les premières semaines de cours dans un état second. Je travaille de 5h du matin jusqu'à ce que mon compagnon m'oblige à aller me coucher. Malgré tous mes efforts pour rationaliser mon travail, impossible, ça frise la combustion spontanée.
Arrêt d'un mois, le collège m'obsède et me dégoûte à la fois. J'alterne les crises de larmes, les heures d'hébétude et les accès de colère. Je n'arrive ni à me reposer ni à prendre de l'avance pour me soulager à la reprise.
J'ai d'abord mis mon état sur le compte exclusif du deuil : malgré un service chargé, j'estime qu'on m'offre d'assez bonnes conditions de travail. C'est l'établissement que j'avais demandé, j'y ai ma propre salle et elle est bien équipée, les collègues et la direction sont accueillants, soudés et investis, les collégiens sont "juste" des collégiens : dissipés pour beaucoup et provocateurs pour certains, mais je n'ai pas peur quand je me retourne pour écrire au tableau. J'ai même eu quelques moments de grâce en discutant avec un ou deux gamins, après un cours...
Mon médecin m'a fait reprendre cette semaine : les vacances étant juste après, ça faisait une "semaine test", une reprise en douceur... J'ai craqué. En classe j'ai baissé les bras et ai "laissé couler" ; c'était ça ou l'explosion.
L'idée de la démission s'impose.
Toutes les tâches me rebutent, soit je ne fais rien soit je travaille frénétiquement pour des résultats ridicules. Je ne sais pas faire ce que doit faire un prof de collège : prévoir une progression, gérer la classe, tenir à jour Pronote, différencier, collaborer avec les autres profs, avec les services sociaux, avec les parents... Je ne suis pas prof du secondaire, même si j'essaie de faire semblant. Et je ne me sens pas capable de le devenir.
J'ai honte mais je me surprends à rêver de travailler à la chaîne : être une machine de 6h à 14h mais être "libre" de 14h01 à 5h59 me semble presque enviable ! :abb:
Je me sens diminuée intellectuellement par les années qui viennent de s'écouler et incapable de prendre une décision, mais si mon travail me torture alors que 1) je n'ai jamais eu la "vocation" et que 2) les conditions d'exercice ne sont pas en cause... cela signifie bien qu'enseigner dans le secondaire n'est pas pour moi, et qu'il faut que je parte, non ?
Bref, la situation est compliquée, mais la question est simple : je ressens le besoin impérieux de fuir mon travail. Que faire ?
Des avis ? Des conseils sur la meilleure manière de procéder ?...
D'avance navrée pour la longueur du message et le pathos, mais j'ai besoin d'avis extérieurs à ceux de mes proches, et venant de collègues.
J'ai passé le CAPES de lettres "par hasard". Essayer était la condition sine qua non pour que mon directeur de recherches me prenne en thèse ; sachant qu'il avait accepté d'autres doctorants malgré leur échec au concours, j'ai dit oui, me suis présentée au CAPES quasiment les mains dans les poches... et ai été reçue.
Passent mes 3 années de contrat doctoral, pendant lesquelles je donne des cours à l'Université, et suis ainsi titularisée "en blanc".
Je demande une dispo qui m'est accordée, mais mon père tombe malade et je lui consacre mes deux ans de liberté : je sais qu'il va partir et ce n'est pas le moment d'aller me confronter au secondaire pour lequel je n'ai aucune attirance, ni à quoi que ce soit d'autre (j'abandonne le doctorat).
Au printemps dernier le rectorat me rappelle sous les drapeaux : j'ai épuisé toutes mes économies, mon entourage me pousse un peu (a-t-on idée d'avoir décroché un concours et de ne rien en faire ?!), et je finis par me convaincre qu'après tout ce métier pourrait me convenir.
Mon père décède peu avant la rentrée, mon état se dégrade mais rester à se morfondre n'est pas une solution, je rejoins mon établissement...
J'ai assuré les premières semaines de cours dans un état second. Je travaille de 5h du matin jusqu'à ce que mon compagnon m'oblige à aller me coucher. Malgré tous mes efforts pour rationaliser mon travail, impossible, ça frise la combustion spontanée.
Arrêt d'un mois, le collège m'obsède et me dégoûte à la fois. J'alterne les crises de larmes, les heures d'hébétude et les accès de colère. Je n'arrive ni à me reposer ni à prendre de l'avance pour me soulager à la reprise.
J'ai d'abord mis mon état sur le compte exclusif du deuil : malgré un service chargé, j'estime qu'on m'offre d'assez bonnes conditions de travail. C'est l'établissement que j'avais demandé, j'y ai ma propre salle et elle est bien équipée, les collègues et la direction sont accueillants, soudés et investis, les collégiens sont "juste" des collégiens : dissipés pour beaucoup et provocateurs pour certains, mais je n'ai pas peur quand je me retourne pour écrire au tableau. J'ai même eu quelques moments de grâce en discutant avec un ou deux gamins, après un cours...
Mon médecin m'a fait reprendre cette semaine : les vacances étant juste après, ça faisait une "semaine test", une reprise en douceur... J'ai craqué. En classe j'ai baissé les bras et ai "laissé couler" ; c'était ça ou l'explosion.
L'idée de la démission s'impose.
Toutes les tâches me rebutent, soit je ne fais rien soit je travaille frénétiquement pour des résultats ridicules. Je ne sais pas faire ce que doit faire un prof de collège : prévoir une progression, gérer la classe, tenir à jour Pronote, différencier, collaborer avec les autres profs, avec les services sociaux, avec les parents... Je ne suis pas prof du secondaire, même si j'essaie de faire semblant. Et je ne me sens pas capable de le devenir.
J'ai honte mais je me surprends à rêver de travailler à la chaîne : être une machine de 6h à 14h mais être "libre" de 14h01 à 5h59 me semble presque enviable ! :abb:
Je me sens diminuée intellectuellement par les années qui viennent de s'écouler et incapable de prendre une décision, mais si mon travail me torture alors que 1) je n'ai jamais eu la "vocation" et que 2) les conditions d'exercice ne sont pas en cause... cela signifie bien qu'enseigner dans le secondaire n'est pas pour moi, et qu'il faut que je parte, non ?
Bref, la situation est compliquée, mais la question est simple : je ressens le besoin impérieux de fuir mon travail. Que faire ?
Des avis ? Des conseils sur la meilleure manière de procéder ?...
- Reine MargotDemi-dieu
Si tu es sûre que le secondaire n'est pas pour toi, autant préparer ta reconversion. Savoir que tu as cet objectif peut déjà pas mal aider à supporter le quotidien de l'enseignement. Il faut aussi être consciente que quand on a commencé à être en arrêt on a tendance à l'être de plus en plus, ce qui aide aussi à prendre du recul et à travailler son projet.
En dehors de ton médecin traitant, es-tu suivie (pour les questions du deuil, de déprime, etc)?
Courage à toi en tout cas.
En dehors de ton médecin traitant, es-tu suivie (pour les questions du deuil, de déprime, etc)?
Courage à toi en tout cas.
_________________
Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- DimkaVénérable
Salut,
Y a d'autres métiers, entre prof et l'usine, qui pourraient sûrement te convenir, et certains sont dans la fonction publique, et accessibles par concours ou détachement, où il est donc judicieux de ne pas demissionner.
Est-ce que si tu te dis que tu vas lâcher le métier de prof (pas de condamnation à 42 ans, donc) mais que tu dois assurer le job quelques temps, ça rendrait les choses plus supportables ? T'aurais pas d'enjeux professionnels et ce temps serait un temps de projection dans autre chose, un temps pour réfléchir et organiser.
Pour la réflexion, il y a des domaines ou des métiers que tu te verrais faire (en ratissant très large et sans te sentir limitée ou enfermée par ta formation : si tu te rends compte que tu veux être policière, infirmière ou éleveuse de moutons, ne rejette pas d'emblée l'idée) ? Et ensuite (seulement après), demande-toi ce qu'il faut faire et les moyens que tu es prête à mettre en œuvre (reprise d'études, en travaillant, avec un job, autrement, et combien de temps).
Y a d'autres métiers, entre prof et l'usine, qui pourraient sûrement te convenir, et certains sont dans la fonction publique, et accessibles par concours ou détachement, où il est donc judicieux de ne pas demissionner.
Est-ce que si tu te dis que tu vas lâcher le métier de prof (pas de condamnation à 42 ans, donc) mais que tu dois assurer le job quelques temps, ça rendrait les choses plus supportables ? T'aurais pas d'enjeux professionnels et ce temps serait un temps de projection dans autre chose, un temps pour réfléchir et organiser.
Pour la réflexion, il y a des domaines ou des métiers que tu te verrais faire (en ratissant très large et sans te sentir limitée ou enfermée par ta formation : si tu te rends compte que tu veux être policière, infirmière ou éleveuse de moutons, ne rejette pas d'emblée l'idée) ? Et ensuite (seulement après), demande-toi ce qu'il faut faire et les moyens que tu es prête à mettre en œuvre (reprise d'études, en travaillant, avec un job, autrement, et combien de temps).
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- Spoiler:
- ElaïnaDevin
Bonjour Hermeline,
le problème semble être plus profond que "enseignement ou pas". Tu dis que tu as laissé tomber le doctorat aussi au moment de la maladie de ton père. Sans vouloir m'avancer puisque je ne te connais pas en vrai, il me semble que le souci est en effet le deuil, la douleur d'affronter la maladie de ton père puis son décès. Tu aurais été dans n'importe quel autre métier, il me semble que cela aurait été pareil.
As-tu vu un psy ?
Pour le reste de l'année, si tu n'es pas arrêtée, essaie de voir les choses au "moins pire" : ça paye les factures, tes conditions de travail ne sont pas trop pourries, ça reste acceptable le temps de préparer ta reconversion.
Je te souhaite bon courage en tout cas.
le problème semble être plus profond que "enseignement ou pas". Tu dis que tu as laissé tomber le doctorat aussi au moment de la maladie de ton père. Sans vouloir m'avancer puisque je ne te connais pas en vrai, il me semble que le souci est en effet le deuil, la douleur d'affronter la maladie de ton père puis son décès. Tu aurais été dans n'importe quel autre métier, il me semble que cela aurait été pareil.
As-tu vu un psy ?
Pour le reste de l'année, si tu n'es pas arrêtée, essaie de voir les choses au "moins pire" : ça paye les factures, tes conditions de travail ne sont pas trop pourries, ça reste acceptable le temps de préparer ta reconversion.
Je te souhaite bon courage en tout cas.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- Reine MargotDemi-dieu
Je plussoie avec Dimka, il vaut mieux éviter la démission et utiliser au mieux les arrêts éventuels en préparant ta reconversion, afin de ne pas te retrouver sans rien. Etre prof offre encore un statut qui te permet de voir venir en cas de coup dur comme celui-ci.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- AurevillyHabitué du forum
Bonjour Hermeline,
Les vacances arrivent et tu vas pouvoir souffler sans mauvaise conscience, c'est déjà ça. Ce sera sûrement insuffisant cependant. Dans ton message tu ne parles pas de tes projets alternatifs. Où en es-tu par rapport à ton doctorat, etc. Ce n'est pas réellement une question, mon objectif est seulement de t'inciter à y réfléchir, il me semble que c'est la clé de ta situation actuelle. Bon courage, en tout cas.
Les vacances arrivent et tu vas pouvoir souffler sans mauvaise conscience, c'est déjà ça. Ce sera sûrement insuffisant cependant. Dans ton message tu ne parles pas de tes projets alternatifs. Où en es-tu par rapport à ton doctorat, etc. Ce n'est pas réellement une question, mon objectif est seulement de t'inciter à y réfléchir, il me semble que c'est la clé de ta situation actuelle. Bon courage, en tout cas.
- CaroliineNiveau 5
Bonjour Hermeline,
Pour ton père déjà, toutes mes condoléances.
Je me permets d’intervenir, en espérant que cela te sera utile.
Quand on ne va pas bien, une chose est fondamentale : c’est de se dire que nous avons des « choix » à entreprendre et penser en termes de choix , c’est se donner une liberté, une marge de manœuvre pour agir (au lieu de penser par défaut :ce qui nous contraint).
Tu évoques avoir passer le Capes « par défaut » :
: Enseigner dans le secondaire a été entrepris suite à deux contraintes. Ce qui n’est pas forcément un problème, si c’était un projet qui « tournait dans ton esprit depuis un certain moment ». Mais cela ne semble pas être ton cas, d’où la difficulté à se raccrocher à certaines envies de départ….. quand ça va mal. Je ne serais pas fataliste non plus, car il se peut aussi que tu découvres certains aspects du métier qui te plaisent…Tu dis :
:Il peut être intéressant de mettre par écrit ((pour toi) et en toute honnêteté avec toi-même, en oubliant toutes les contraintes qui peuvent peser sur toi actuellement )) : ce qui te plais et ce qui te rebutes. Ça te permettra de faire le point (sans penser forcément « démission » mais « autre projet »…)
Enfin tu dis :
: Sache bien que c’est à priori « normal », tu as vécu des épreuves qui font mal au cœur. Dans ce cas ne pas oublier que tout le monde traverse des épreuves : on peut même avoir les deux genoux à terre. Il n’empêche qu’on peut rebondir et aller chercher de nouvelles forces et motivations en soi pour agir. C’est un peu comme si tu devais tout reprendre à zéro, par rapport à toi-même : ré apprécier tes forces, tes sources de motivations, tes faiblesses. Pour pouvoir passer à l’action.
C’est une position très inconfortable, mais qui reste « temporaire » : et ce temps est celui qui te sera nécessaire pour y voir plus clair avec toi même et commencer à agir.
Bon courage.
Pour ton père déjà, toutes mes condoléances.
Je me permets d’intervenir, en espérant que cela te sera utile.
Quand on ne va pas bien, une chose est fondamentale : c’est de se dire que nous avons des « choix » à entreprendre et penser en termes de choix , c’est se donner une liberté, une marge de manœuvre pour agir (au lieu de penser par défaut :ce qui nous contraint).
Tu évoques avoir passer le Capes « par défaut » :
Hermeline a écrit: Essayer était la condition sine qua non pour que mon directeur de recherches me prenne en thèse
Hermeline a écrit: le rectorat me rappelle sous les drapeaux : j'ai épuisé toutes mes économies
: Enseigner dans le secondaire a été entrepris suite à deux contraintes. Ce qui n’est pas forcément un problème, si c’était un projet qui « tournait dans ton esprit depuis un certain moment ». Mais cela ne semble pas être ton cas, d’où la difficulté à se raccrocher à certaines envies de départ….. quand ça va mal. Je ne serais pas fataliste non plus, car il se peut aussi que tu découvres certains aspects du métier qui te plaisent…Tu dis :
Hermeline a écrit: le collège m'obsède et me dégoûte à la fois
:Il peut être intéressant de mettre par écrit ((pour toi) et en toute honnêteté avec toi-même, en oubliant toutes les contraintes qui peuvent peser sur toi actuellement )) : ce qui te plais et ce qui te rebutes. Ça te permettra de faire le point (sans penser forcément « démission » mais « autre projet »…)
Enfin tu dis :
Hermeline a écrit: Je me sens diminuée intellectuellement par les années qui viennent de s'écouler
: Sache bien que c’est à priori « normal », tu as vécu des épreuves qui font mal au cœur. Dans ce cas ne pas oublier que tout le monde traverse des épreuves : on peut même avoir les deux genoux à terre. Il n’empêche qu’on peut rebondir et aller chercher de nouvelles forces et motivations en soi pour agir. C’est un peu comme si tu devais tout reprendre à zéro, par rapport à toi-même : ré apprécier tes forces, tes sources de motivations, tes faiblesses. Pour pouvoir passer à l’action.
C’est une position très inconfortable, mais qui reste « temporaire » : et ce temps est celui qui te sera nécessaire pour y voir plus clair avec toi même et commencer à agir.
Bon courage.
- ErgoDevin
Je ne reviens pas sur ce que les autres ont dit, que je partage.
Pour ça:
Quand tu étais en contrat doctoral, ça t'a plu d'enseigner aux étudiants ?
Quoi qu'il en soit, profite des vacances pour souffler.
Pour ça:
La première année de collège (voire les premières années de collège), c'est bien normal de ne pas pouvoir gérer tout ça en même temps, surtout à cette période de l'année, sans même parler des deux années plus qu'éprouvantes que tu viens d'avoir.Hermeline a écrit:
Je ne sais pas faire ce que doit faire un prof de collège : prévoir une progression, gérer la classe, tenir à jour Pronote, différencier, collaborer avec les autres profs, avec les services sociaux, avec les parents... Je ne suis pas prof du secondaire, même si j'essaie de faire semblant. Et je ne me sens pas capable de le devenir.
Quand tu étais en contrat doctoral, ça t'a plu d'enseigner aux étudiants ?
Quoi qu'il en soit, profite des vacances pour souffler.
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"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- Bobby-CowenFidèle du forum
Hermeline, tout comme Ergo, je suis d'accord avec ce qui a été dit (et ce qu'elle dit).
Tu es passée en plus du monde universitaire au monde du secondaire très brutalement. La différence est de taille... Si, en effet, tu as aimé enseigner à des étudiants, pourquoi ne pas envisager l'agrégation interne ? Le lycée ou les classes préparatoires te correspondraient peut-être...
Et courage surtout ! les vacances sont bientôt là...
Tu es passée en plus du monde universitaire au monde du secondaire très brutalement. La différence est de taille... Si, en effet, tu as aimé enseigner à des étudiants, pourquoi ne pas envisager l'agrégation interne ? Le lycée ou les classes préparatoires te correspondraient peut-être...
Et courage surtout ! les vacances sont bientôt là...
- BabaretteDoyen
Bonjour Hermeline,
Tout d'abord, je tiens à te présenter mes condoléances et à te témoigner ma sympathie.
Pardonne-moi de te le dire, tu travailles trop et tu t'empoisonnes la vie. Bien sûr que pour être professeur, il faut beaucoup travailler, mais il faut aussi vivre et tu dois te reposer. Peut-être que le travail acharné t'aide à ne plus penser au deuil?
Il faut que tu te fasses aider, tu ne peux pas rester ainsi. Ça m'attriste de lire ce type de témoignage, où une personne est dans cet état de détresse. Tu ne peux le surmonter seule, il faut faire appel à un spécialiste.
Je préfère ne pas te conseiller de démissionner tout de suite. Peut-être le problème vient-il avant tout du deuil, et tu ne peux te retrouver subitement sans revenus. Réfléchis bien. Qu'est-ce qui t'intéresse? Il serait dommage que tu ailles travailler à l'usine, où tu ne te plairais pas forcément. Mais je comprends tout à fait ce "fantasme". Un de mes amis, après une mauvaise expérience de l'enseignement, est devenu vendeur de lunettes (et il adore ça), un autre a rêvé de devenir boulanger, même s'il ne l'a pas fait.
Profite de tes vacances, mais vraiment! Lis, dors, glandouille, fais du sport si tu aimes ça, vois des amis, et surtout, prends rendez-vous chez un médecin!
Qu'est-ce qui t'obsède dans l'enseignement? Qu'est-ce qui te dégoûte? Une fois cela posé, tu pourras mieux réfléchir.
Bien à toi,
Babarette.
Tout d'abord, je tiens à te présenter mes condoléances et à te témoigner ma sympathie.
Pardonne-moi de te le dire, tu travailles trop et tu t'empoisonnes la vie. Bien sûr que pour être professeur, il faut beaucoup travailler, mais il faut aussi vivre et tu dois te reposer. Peut-être que le travail acharné t'aide à ne plus penser au deuil?
Il faut que tu te fasses aider, tu ne peux pas rester ainsi. Ça m'attriste de lire ce type de témoignage, où une personne est dans cet état de détresse. Tu ne peux le surmonter seule, il faut faire appel à un spécialiste.
Je préfère ne pas te conseiller de démissionner tout de suite. Peut-être le problème vient-il avant tout du deuil, et tu ne peux te retrouver subitement sans revenus. Réfléchis bien. Qu'est-ce qui t'intéresse? Il serait dommage que tu ailles travailler à l'usine, où tu ne te plairais pas forcément. Mais je comprends tout à fait ce "fantasme". Un de mes amis, après une mauvaise expérience de l'enseignement, est devenu vendeur de lunettes (et il adore ça), un autre a rêvé de devenir boulanger, même s'il ne l'a pas fait.
Profite de tes vacances, mais vraiment! Lis, dors, glandouille, fais du sport si tu aimes ça, vois des amis, et surtout, prends rendez-vous chez un médecin!
Qu'est-ce qui t'obsède dans l'enseignement? Qu'est-ce qui te dégoûte? Une fois cela posé, tu pourras mieux réfléchir.
Bien à toi,
Babarette.
_________________
“Google peut vous donner 100 000 réponses, un bibliothécaire vous donne la bonne.” Neil Gaiman.
:lecteur:
- DaphnéDemi-dieu
De toute façon, à l'usine, on n'embauche plus... donc c'est niet.Babarette a écrit:Bonjour Hermeline,
Tout d'abord, je tiens à te présenter mes condoléances et à te témoigner ma sympathie.
Pardonne-moi de te le dire, tu travailles trop et tu t'empoisonnes la vie. Bien sûr que pour être professeur, il faut beaucoup travailler, mais il faut aussi vivre et tu dois te reposer. Peut-être que le travail acharné t'aide à ne plus penser au deuil?
Il faut que tu te fasses aider, tu ne peux pas rester ainsi. Ça m'attriste de lire ce type de témoignage, où une personne est dans cet état de détresse. Tu ne peux le surmonter seule, il faut faire appel à un spécialiste.
Je préfère ne pas te conseiller de démissionner tout de suite. Peut-être le problème vient-il avant tout du deuil, et tu ne peux te retrouver subitement sans revenus. Réfléchis bien. Qu'est-ce qui t'intéresse? Il serait dommage que tu ailles travailler à l'usine, où tu ne te plairais pas forcément. Mais je comprends tout à fait ce "fantasme". Un de mes amis, après une mauvaise expérience de l'enseignement, est devenu vendeur de lunettes (et il adore ça), un autre a rêvé de devenir boulanger, même s'il ne l'a pas fait.
Profite de tes vacances, mais vraiment! Lis, dors, glandouille, fais du sport si tu aimes ça, vois des amis, et surtout, prends rendez-vous chez un médecin!
Qu'est-ce qui t'obsède dans l'enseignement? Qu'est-ce qui te dégoûte? Une fois cela posé, tu pourras mieux réfléchir.
Bien à toi,
Babarette.
Il faut éventuellement envisager d'autres concours FP peut-être.
- AjupouetFidèle du forum
Hermeline,
Toutes mes condoléances...
Ce qui m'ennuie dans ton message, ce n'est pas que tu veuilles changer de boulot. Après tout, tout le monde n'est pas fait pour être prof, moi la première, j'ai donc quitté l'EN.
Non. Ce qui me pose vraiment question c'est que je ne vois pas de projet derrière ta démission, et je pense que de te retrouver au chômage sans revenus et sans motivation sera pire que tout.
Ton premier objectif doit être : toi.
Fais-toi aider, fais-toi arrêter si besoin, mais pour te permettre de retrouver de la motivation, de faire des projets, et de savoir où tu vas.
Toutes mes condoléances...
Ce qui m'ennuie dans ton message, ce n'est pas que tu veuilles changer de boulot. Après tout, tout le monde n'est pas fait pour être prof, moi la première, j'ai donc quitté l'EN.
Non. Ce qui me pose vraiment question c'est que je ne vois pas de projet derrière ta démission, et je pense que de te retrouver au chômage sans revenus et sans motivation sera pire que tout.
Ton premier objectif doit être : toi.
Fais-toi aider, fais-toi arrêter si besoin, mais pour te permettre de retrouver de la motivation, de faire des projets, et de savoir où tu vas.
_________________
Enfants, adolescents, adultes : il n'est jamais trop tard pour restaurer son geste d'écriture.
www.sos-ecriture.com - Facebook
- SibyllineNiveau 5
Je te présente également mes condoléances, Hermeline.
Pour reprendre ce qui a déjà été dit à plusieurs reprises, le plus urgent me semble de prendre soin de toi.
Va voir ton médecin, tu as je pense besoin d'un arrêt assez long, fais-toi aider si tu en ressens l'envie (il se peut aussi que ton généraliste t'envoie chez le psy, c'est ce qui m'était arrivé alors que j'étais en burn-out et dans le déni).
La démission ne me semble pas judicieuse.
Tu as des droits à arrêt maladie, utilise-les pour avoir le temps d'aller un peu mieux et d'y voir plus clair.
Cela te permettra d'envisager sereinement une reconversion.
Plein de courage, nous sommes nombreux à nous être détruits par trop d'engagement, jusqu'à l'irrationnel, dans ce métier.
Pour reprendre ce qui a déjà été dit à plusieurs reprises, le plus urgent me semble de prendre soin de toi.
Va voir ton médecin, tu as je pense besoin d'un arrêt assez long, fais-toi aider si tu en ressens l'envie (il se peut aussi que ton généraliste t'envoie chez le psy, c'est ce qui m'était arrivé alors que j'étais en burn-out et dans le déni).
La démission ne me semble pas judicieuse.
Tu as des droits à arrêt maladie, utilise-les pour avoir le temps d'aller un peu mieux et d'y voir plus clair.
Cela te permettra d'envisager sereinement une reconversion.
Plein de courage, nous sommes nombreux à nous être détruits par trop d'engagement, jusqu'à l'irrationnel, dans ce métier.
_________________
1999-2017 : professeur de mathématiques
Inspectrice des Finances publiques
- newlife2Niveau 1
Bonjour Hermeline,
je crois que les collègues ont déjà très bien parlé et donné des conseils judicieux...
Que dire de plus?
Si ce n'est que ce que je retiens de ce que j'ai lu:
- c'est qu'effectivement tu as fait un non-choix en passant le CAPES.
Qui sait si tu n'as pourtant pas des accointances avec l'enseignement (cf la question qui t'a déjà été posée par rapport à l'enseignement dans le supérieur). Peut-être que dans dans d'autres conditions, un autre cadre que le collège, ce serait mieux? Enseigner dans des écoles privées du supérieur? Tout en finissant ton doctorat si c'était envisageable malgré la fin du contrat?
Il va sans doute falloir que tu remettes les choses à plat par rapport à ce métier pour savoir si tu te diriges vers autre chose, de totalement différent ou bien d'analogue.
- c'est aussi et surtout que tu as à surmonter une épreuve difficile... Et qu'avec un établissement agréable ou non, cela reste difficile et c'est bien naturel. Ne te cherche pas des motifs de culpabiliser: oui c'est compliqué de débuter comme prof, et cela même dans un contexte professionnel bienveillant. Alors encore plus dans une période personnelle sombre.
Par rapport à ce que Caroliine a déjà dit, je crois également qu'il serait bon de démêler les tenants et les aboutissants de cette période entre ton CAPES et le décès de ton père... parce que tu t'es retrouvée à faire plusieurs choix décisifs sur différents plans, pour moi tu étais un peu entre le marteau et l'enclume: devoir filial, devoir professionnel... Tu as dû t'oublier pendant un certain temps, non? Même si les raisons étaient tout à fait justifiées. D'où ce sentiment sans doute d'avoir traversé ces années de manière un peu particulière.
Pour moi, ton message sonne comme celui de quelqu'un qui a besoin de prendre le temps de se reconstruire tranquillement.
Et pour ça, oui s'arrêter est indispensable, car ce n'est certainement pas le bon moment pour devoir tout mener de front.
Démissionner pour aller travailler à l'usine, je reconnais bien là le discours d'une perfectionniste qui raisonne en tout ou rien, non?
Tu as suffisamment de compétences pour enseigner ou exercer d'autres métiers. Ne jette pas le bébé avec l'eau du bain, comme les collègues l'ont dit, ce serait risqué au niveau financier et moralement ce ne serait pas évident dans la période où tu es. Pour moi ce serait du sabordage. Peut-être un peu plus tard, une fois qu'effectivement tu auras pu souffler, faire le point...
Personne n'est parfait.
Un prof n'a pas à être parfait.
Préparer des progressions, utiliser Pronote, différencier... même quand on croit être préparé, une fois sur le terrain il faut bien du temps pour s'adapter. Je suis sûre que tu as les ressources pour ça, seulement ce n'est pas le bon moment pour les mettre en oeuvre, parce que ça demande une énergie folle et que tu n'es peut-être pas motivée du tout pour ça au fond de toi. Mais cependant, sache que tu peux être une bonne prof sans y laisser ta santé et sans tout sacrifier.
Prends soin de toi, ne t'oublie pas, prends le temps de te retrouver et fais-toi aider pour retrouver une perspective plus sereine par rapport à ton avenir.
Je te souhaite beaucoup de courage et surtout de l'apaisement.
je crois que les collègues ont déjà très bien parlé et donné des conseils judicieux...
Que dire de plus?
Si ce n'est que ce que je retiens de ce que j'ai lu:
- c'est qu'effectivement tu as fait un non-choix en passant le CAPES.
Qui sait si tu n'as pourtant pas des accointances avec l'enseignement (cf la question qui t'a déjà été posée par rapport à l'enseignement dans le supérieur). Peut-être que dans dans d'autres conditions, un autre cadre que le collège, ce serait mieux? Enseigner dans des écoles privées du supérieur? Tout en finissant ton doctorat si c'était envisageable malgré la fin du contrat?
Il va sans doute falloir que tu remettes les choses à plat par rapport à ce métier pour savoir si tu te diriges vers autre chose, de totalement différent ou bien d'analogue.
- c'est aussi et surtout que tu as à surmonter une épreuve difficile... Et qu'avec un établissement agréable ou non, cela reste difficile et c'est bien naturel. Ne te cherche pas des motifs de culpabiliser: oui c'est compliqué de débuter comme prof, et cela même dans un contexte professionnel bienveillant. Alors encore plus dans une période personnelle sombre.
Par rapport à ce que Caroliine a déjà dit, je crois également qu'il serait bon de démêler les tenants et les aboutissants de cette période entre ton CAPES et le décès de ton père... parce que tu t'es retrouvée à faire plusieurs choix décisifs sur différents plans, pour moi tu étais un peu entre le marteau et l'enclume: devoir filial, devoir professionnel... Tu as dû t'oublier pendant un certain temps, non? Même si les raisons étaient tout à fait justifiées. D'où ce sentiment sans doute d'avoir traversé ces années de manière un peu particulière.
Pour moi, ton message sonne comme celui de quelqu'un qui a besoin de prendre le temps de se reconstruire tranquillement.
Et pour ça, oui s'arrêter est indispensable, car ce n'est certainement pas le bon moment pour devoir tout mener de front.
Démissionner pour aller travailler à l'usine, je reconnais bien là le discours d'une perfectionniste qui raisonne en tout ou rien, non?
Tu as suffisamment de compétences pour enseigner ou exercer d'autres métiers. Ne jette pas le bébé avec l'eau du bain, comme les collègues l'ont dit, ce serait risqué au niveau financier et moralement ce ne serait pas évident dans la période où tu es. Pour moi ce serait du sabordage. Peut-être un peu plus tard, une fois qu'effectivement tu auras pu souffler, faire le point...
Personne n'est parfait.
Un prof n'a pas à être parfait.
Préparer des progressions, utiliser Pronote, différencier... même quand on croit être préparé, une fois sur le terrain il faut bien du temps pour s'adapter. Je suis sûre que tu as les ressources pour ça, seulement ce n'est pas le bon moment pour les mettre en oeuvre, parce que ça demande une énergie folle et que tu n'es peut-être pas motivée du tout pour ça au fond de toi. Mais cependant, sache que tu peux être une bonne prof sans y laisser ta santé et sans tout sacrifier.
Prends soin de toi, ne t'oublie pas, prends le temps de te retrouver et fais-toi aider pour retrouver une perspective plus sereine par rapport à ton avenir.
Je te souhaite beaucoup de courage et surtout de l'apaisement.
_________________
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- HermelineNiveau 2
Merci beaucoup à tous pour vos réponses et pour votre soutien.
Je vois mon médecin traitant cet après-midi ; je n'ai jamais été très encline à la thérapie, mais je crois que je vais lui demander de me diriger vers un psy.
Je n'ai jamais eu de projet professionnel défini : j'ai fait des études de lettres par goût, et avant cela j'ai connu une amère désillusion dans une "école d'art" qui n'était qu'une école d'apprentis publicitaires ; j'aurais aimé vivre de ma passion pour les arts et/ou pour la littérature et leur histoire, mais je n'ai jamais su comment.
À l'université, enseigner à des étudiants m'a plu dans la mesure où je pouvais esquiver tout ce qui relevait de la gestion de groupe : je ne manquais pas de leur rappeler qu'ils étaient adultes, et qu'ils étaient là de leur propre chef. L'avant et l'après cours étaient également réduits à la portion congrue : j'apprenais l'intitulé de mon cours 2-3 jours avant la reprise, j'étudiais soigneusement la question et transmettais mes connaissances "en frontal", je rentrais les notes de partiels dans les délais, et c'était tout. Ça se passait plutôt bien, mais la pédagogie était une préoccupation assez secondaire.
J'ai adoré être étudiante en lettres ; faire des recherches, puis exposer mes observations à l'oral ou à l'écrit, en classe puis à l'occasion de quelques colloques ou journées d'étude, l'exercice me passionnait.
En revanche, même en m'engageant en doctorat, je n'ai jamais rêvé de rejoindre le monde universitaire : le parasitage de la recherche et de la transmission de connaissances pures par les tâches politico-administratives me semblait tout gâcher, et vu le peu de places offertes dans ma discipline, je ne me suis pas imaginée y faire carrière.
En somme, donner des conférences me plaît. C'est bien, et ensuite ?...
D'un autre côté j'ai donné des cours particuliers toutes mes années de licence et de master, et trouver le bon discours et le bon cheminement pour chaque élève était très motivant.
Là non plus aucun "sav" à assurer, ni gestion de groupe, ni casquette d'animatrice/éducatrice, ni collaboration inter-professionnelle (même avec les parents c'était toujours très superficiel).
C'est le souvenir de ces expériences qui m'a fait penser qu'enseigner dans le secondaire pourrait, tout compte fait, me convenir... Et je m'aperçois que les quelques moments agréables que j'ai connus au collège y faisaient écho : avoir un dialogue privilégié avec un élève, lui démontrer, à lui personnellement, qu'il n'est pas "nul" et que je peux l'aider s'il veut bien me suivre, cela me plaît.
Mais ce n'est pas à vous que j'apprendrai qu'enseigner dans le secondaire n'a rien à voir avec des cours particuliers.
Prof dans le secondaire, c'est un métier-iceberg... transmettre des connaissances n'est que la partie émergée, et la masse de travail insoupçonnable qui est en-dessous de la ligne de flottaison m'effraie et m'écrase.
J'imagine qu'il existe un voire plusieurs métiers où je pourrais être à ma place, mais je me sens perdue, inutile et désarmée. Être fonctionnaire ne me convient pas tant que ça : j'ai eu beaucoup de chance de n'avoir pas été transplantée à l'autre bout du territoire et d'être près de ma famille actuellement...
[quote:"newlife2"]Démissionner pour aller travailler à l'usine, je reconnais bien là le discours d'une perfectionniste qui raisonne en tout ou rien, non? [/quote]
Eh bien, il faut croire que c'est un de mes grands défauts, mes proches me l'ont toujours dit, et si ça se perçoit par forum interposé... Décidément, je n'irai pas chez le psy pour rien
Je vois mon médecin traitant cet après-midi ; je n'ai jamais été très encline à la thérapie, mais je crois que je vais lui demander de me diriger vers un psy.
Je n'ai jamais eu de projet professionnel défini : j'ai fait des études de lettres par goût, et avant cela j'ai connu une amère désillusion dans une "école d'art" qui n'était qu'une école d'apprentis publicitaires ; j'aurais aimé vivre de ma passion pour les arts et/ou pour la littérature et leur histoire, mais je n'ai jamais su comment.
À l'université, enseigner à des étudiants m'a plu dans la mesure où je pouvais esquiver tout ce qui relevait de la gestion de groupe : je ne manquais pas de leur rappeler qu'ils étaient adultes, et qu'ils étaient là de leur propre chef. L'avant et l'après cours étaient également réduits à la portion congrue : j'apprenais l'intitulé de mon cours 2-3 jours avant la reprise, j'étudiais soigneusement la question et transmettais mes connaissances "en frontal", je rentrais les notes de partiels dans les délais, et c'était tout. Ça se passait plutôt bien, mais la pédagogie était une préoccupation assez secondaire.
J'ai adoré être étudiante en lettres ; faire des recherches, puis exposer mes observations à l'oral ou à l'écrit, en classe puis à l'occasion de quelques colloques ou journées d'étude, l'exercice me passionnait.
En revanche, même en m'engageant en doctorat, je n'ai jamais rêvé de rejoindre le monde universitaire : le parasitage de la recherche et de la transmission de connaissances pures par les tâches politico-administratives me semblait tout gâcher, et vu le peu de places offertes dans ma discipline, je ne me suis pas imaginée y faire carrière.
En somme, donner des conférences me plaît. C'est bien, et ensuite ?...
D'un autre côté j'ai donné des cours particuliers toutes mes années de licence et de master, et trouver le bon discours et le bon cheminement pour chaque élève était très motivant.
Là non plus aucun "sav" à assurer, ni gestion de groupe, ni casquette d'animatrice/éducatrice, ni collaboration inter-professionnelle (même avec les parents c'était toujours très superficiel).
C'est le souvenir de ces expériences qui m'a fait penser qu'enseigner dans le secondaire pourrait, tout compte fait, me convenir... Et je m'aperçois que les quelques moments agréables que j'ai connus au collège y faisaient écho : avoir un dialogue privilégié avec un élève, lui démontrer, à lui personnellement, qu'il n'est pas "nul" et que je peux l'aider s'il veut bien me suivre, cela me plaît.
Mais ce n'est pas à vous que j'apprendrai qu'enseigner dans le secondaire n'a rien à voir avec des cours particuliers.
Prof dans le secondaire, c'est un métier-iceberg... transmettre des connaissances n'est que la partie émergée, et la masse de travail insoupçonnable qui est en-dessous de la ligne de flottaison m'effraie et m'écrase.
J'imagine qu'il existe un voire plusieurs métiers où je pourrais être à ma place, mais je me sens perdue, inutile et désarmée. Être fonctionnaire ne me convient pas tant que ça : j'ai eu beaucoup de chance de n'avoir pas été transplantée à l'autre bout du territoire et d'être près de ma famille actuellement...
[quote:"newlife2"]Démissionner pour aller travailler à l'usine, je reconnais bien là le discours d'une perfectionniste qui raisonne en tout ou rien, non? [/quote]
Eh bien, il faut croire que c'est un de mes grands défauts, mes proches me l'ont toujours dit, et si ça se perçoit par forum interposé... Décidément, je n'irai pas chez le psy pour rien
- Laure BNiveau 3
Bonsoir,
Tu n'es pas la seule à être dans le tout ou rien : j'ai laissé tomber ce mois de septembre l'EN, mon poste fixe confortable (français dans un collège tranquille) et je me reconvertis pour être electricienne. Je voulais fuir l'administration et les relations humaines. Ça faisait longtemps que je me disais que j'étais privilégiée, mais au fond, sans me l'avouer, je me sentais prisonnière. J'étais une bonne candidate pour un psychologue, sans comprendre que mon ma nervosité permanente, mes accès de stress et autres étaient liés à mon travail.
À présent je ressens une immense liberté, pourtant ce nouveau travail est beaucoup plus dur (et demande énormément de réflexion, bien plus que l'enseignement en collège à mes yeux), très mal payé, et sans vraies vacances (enfin celles que j'ai toujours connues).
Et maintenant je suis très heureuse ! À cinquantaine ans
Ne te pose pas trop de questions, je pense que si tu en as marre, rien ne doit t'obliger à rester.
À bientôt.
Tu n'es pas la seule à être dans le tout ou rien : j'ai laissé tomber ce mois de septembre l'EN, mon poste fixe confortable (français dans un collège tranquille) et je me reconvertis pour être electricienne. Je voulais fuir l'administration et les relations humaines. Ça faisait longtemps que je me disais que j'étais privilégiée, mais au fond, sans me l'avouer, je me sentais prisonnière. J'étais une bonne candidate pour un psychologue, sans comprendre que mon ma nervosité permanente, mes accès de stress et autres étaient liés à mon travail.
À présent je ressens une immense liberté, pourtant ce nouveau travail est beaucoup plus dur (et demande énormément de réflexion, bien plus que l'enseignement en collège à mes yeux), très mal payé, et sans vraies vacances (enfin celles que j'ai toujours connues).
Et maintenant je suis très heureuse ! À cinquantaine ans
Ne te pose pas trop de questions, je pense que si tu en as marre, rien ne doit t'obliger à rester.
À bientôt.
- BabaretteDoyen
Tu pourrais peut-être faire un bilan de compétences Hermeline.
Pourquoi ne pas donner des cours de FLE à des migrants? Tu ne serais pas fonctionnaire, tu n'aurais pas l'aspect "gestion de groupe", tu t'adresses à des adultes...
Mais en attendant, il vaut peut-être mieux voir un médecin qui devrait t'arrêter, puis te soigner. Guérir prendra du temps.
Pourquoi ne pas donner des cours de FLE à des migrants? Tu ne serais pas fonctionnaire, tu n'aurais pas l'aspect "gestion de groupe", tu t'adresses à des adultes...
Mais en attendant, il vaut peut-être mieux voir un médecin qui devrait t'arrêter, puis te soigner. Guérir prendra du temps.
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“Google peut vous donner 100 000 réponses, un bibliothécaire vous donne la bonne.” Neil Gaiman.
:lecteur:
- CaroliineNiveau 5
Hermeline a écrit:Merci beaucoup à tous pour vos réponses et pour votre soutien.
Je vois mon médecin traitant cet après-midi ; je n'ai jamais été très encline à la thérapie, mais je crois que je vais lui demander de me diriger vers un psy.
Je n'ai jamais eu de projet professionnel défini : j'ai fait des études de lettres par goût, et avant cela j'ai connu une amère désillusion dans une "école d'art" qui n'était qu'une école d'apprentis publicitaires ; j'aurais aimé vivre de ma passion pour les arts et/ou pour la littérature et leur histoire, mais je n'ai jamais su comment.
À l'université, enseigner à des étudiants m'a plu dans la mesure où je pouvais esquiver tout ce qui relevait de la gestion de groupe : je ne manquais pas de leur rappeler qu'ils étaient adultes, et qu'ils étaient là de leur propre chef. L'avant et l'après cours étaient également réduits à la portion congrue : j'apprenais l'intitulé de mon cours 2-3 jours avant la reprise, j'étudiais soigneusement la question et transmettais mes connaissances "en frontal", je rentrais les notes de partiels dans les délais, et c'était tout. Ça se passait plutôt bien, mais la pédagogie était une préoccupation assez secondaire.
J'ai adoré être étudiante en lettres ; faire des recherches, puis exposer mes observations à l'oral ou à l'écrit, en classe puis à l'occasion de quelques colloques ou journées d'étude, l'exercice me passionnait.
En revanche, même en m'engageant en doctorat, je n'ai jamais rêvé de rejoindre le monde universitaire : le parasitage de la recherche et de la transmission de connaissances pures par les tâches politico-administratives me semblait tout gâcher, et vu le peu de places offertes dans ma discipline, je ne me suis pas imaginée y faire carrière.
En somme, donner des conférences me plaît. C'est bien, et ensuite ?...
D'un autre côté j'ai donné des cours particuliers toutes mes années de licence et de master, et trouver le bon discours et le bon cheminement pour chaque élève était très motivant.
Là non plus aucun "sav" à assurer, ni gestion de groupe, ni casquette d'animatrice/éducatrice, ni collaboration inter-professionnelle (même avec les parents c'était toujours très superficiel).
C'est le souvenir de ces expériences qui m'a fait penser qu'enseigner dans le secondaire pourrait, tout compte fait, me convenir... Et je m'aperçois que les quelques moments agréables que j'ai connus au collège y faisaient écho : avoir un dialogue privilégié avec un élève, lui démontrer, à lui personnellement, qu'il n'est pas "nul" et que je peux l'aider s'il veut bien me suivre, cela me plaît.
Mais ce n'est pas à vous que j'apprendrai qu'enseigner dans le secondaire n'a rien à voir avec des cours particuliers.
Prof dans le secondaire, c'est un métier-iceberg... transmettre des connaissances n'est que la partie émergée, et la masse de travail insoupçonnable qui est en-dessous de la ligne de flottaison m'effraie et m'écrase.
J'imagine qu'il existe un voire plusieurs métiers où je pourrais être à ma place, mais je me sens perdue, inutile et désarmée. Être fonctionnaire ne me convient pas tant que ça : j'ai eu beaucoup de chance de n'avoir pas été transplantée à l'autre bout du territoire et d'être près de ma famille actuellement...
[quote:"newlife2"]Démissionner pour aller travailler à l'usine, je reconnais bien là le discours d'une perfectionniste qui raisonne en tout ou rien, non?
A titre purement personnel : je trouve ta démarche très honorable. C’est une marque de respect vis-à-vis de soi-même et d’autrui que de se donner le temps de chercher ce qui nous anime profondément et qu’on pourrait réaliser au mieux dans l’épanouissement de tous (cad toi et les personnes qui bénéficieront de ton service). A noter que certaines personnes ne s’embêtent pas avec tout ça : elles font ce qu’elles savent faire le mieux et trouvent des éléments de « réalisation de soi » ailleurs (sport, association…), ce qui marche aussi. Tout est relatif :dans quel cadre veux-tu t’épanouir ?
Si c’est absolument au travail :
1) Tu sais ce qui te passionne, t’anime te fais te sentir « pleinement toi » : c’est très bien. Reste à se donner les moyens d’atteindre ce but.
Si ça n’est pas clair, dans le sens où tu ne vois pas quel métier pourrait te permettre d’atteindre cet objectif de « réalisation de soi » :
1) Définir ce qui te plais (tes proches peuvent aussi te donner des indications, sur les moments où ils t’ont connu plus épanouie….) et partir de là pour établir des correspondances avec les métiers disponibles.
2) Si cette deuxième étape ne te permet pas d’arriver à quelques « métiers – types ». Définir ce qui serait pour toi « rédhibitoire » : on apprend à nous connaitre aussi en sachant ce qui nous déplaît. (car ce qui ne te plais pas, peut plaire aux autres, la démarche en « entonnoir » avance..)
3) Enfin, bien considérer un point car tu évoques dans chaque métier des choses sympas et moins sympas. Il ne faut pas oublier que tous les métiers comportent leur part de désagréments : il faut seulement que cette part soit moindre ou bien que les qualités inhérentes à ce métier surplombent les éléments moins biens. L’idée étant d’être lucide par rapport aux différentes tâches propres à chaque métier et à ce que toi tu veux.
Au final c’est en quelque sorte une démarche d’introspection que je présente, soit on y arrive seul ( e) / avec de la famille, amis ou avec un psy.
Pour te motiver(et si c’est absolument dans le travail que tu souhaites t’épanouir) : imagines que tu trouves « le métier » qui te plais : quelle serait « maintenant » ta réaction, ou encore les émotions que tu ressentirais? (tu te sentirais libérée, heureuse avec un tas d’idées……………. : à toi d’enrichir). Rien que d’y penser on se sent déjà bien et cela motive….. entoure toi de tes proches qui te motiveront en ce sens, qui te donneront de l’espoir, te feront voir tes capacités, ressources…. C’est important.
Encore une fois bon courage.
Ps : je précise que ce sont des simples conseils que j’aurais pu donner à mes amies… à prendre donc pour ce qu’ils sont.
- VerduretteModérateur
Tout d'abord, mes condoléances, tout cela est très dur à vivre et justifie ton état émotionnel.
Tu es en région parisienne, ton cursus actuel ne te permettrait-il pas une équivalence vers l'école du Louvre ? Etre conférencière en musée devrait bien te convenir ..; (ce fut ma première vie professionnelle, d'où l'idée).
Exercer à mi-temps tout en reprenant ces études (avec un but, donc) serait peut-être plus vivable ?
Tu es en région parisienne, ton cursus actuel ne te permettrait-il pas une équivalence vers l'école du Louvre ? Etre conférencière en musée devrait bien te convenir ..; (ce fut ma première vie professionnelle, d'où l'idée).
Exercer à mi-temps tout en reprenant ces études (avec un but, donc) serait peut-être plus vivable ?
- CasparProphète
Babarette a écrit:Tu pourrais peut-être faire un bilan de compétences Hermeline.
Pourquoi ne pas donner des cours de FLE à des migrants? Tu ne serais pas fonctionnaire, tu n'aurais pas l'aspect "gestion de groupe", tu t'adresses à des adultes...
Mais en attendant, il vaut peut-être mieux voir un médecin qui devrait t'arrêter, puis te soigner. Guérir prendra du temps.
Sans formation spécifique (master FLE) je ne sais pas si c'est possible, à part peut-être dans une association.
- DimkaVénérable
En plus, il doit y avoir pas mal de demandes pour peu de postes (tous les fle qui ne veulent pas/plus bosser à l'étranger), non ?
_________________
- Spoiler:
- CasparProphète
En effet, et les postes qui existent ne sont pas forcément de tout repos (niveaux très disparates dans un même groupe). Enseigner le français langue étrangère n'a rien à voir ou presque avec des cours de lettres.
- HermelineNiveau 2
Merci beaucoup à tous pour vos avis et vos encouragements.
Mon médecin m'a arrêtée jusqu'à Noël, avec pour consigne de trouver ma voie et d'amorcer ma reconversion. Reste à me trouver une vocation...
Il semblerait que l'École du Louvre ne reconnaisse pas d'équivalence avec mes diplômes, qui ne concernent que les Lettres, mais l'idée est intéressante je vais creuser, merci Verdurette.
Le FLE requiert effectivement des qualifications spécifiques, et je ne pense pas que cela me plairait.
Merci pour ton exemple Laure B, je te souhaite de réussir dans ta nouvelle voie
Verdurette, tu parlais de mi-temps ; savez-vous s'il est possible de demander un tel aménagement en cours d'année, pour éviter l'arrêt maladie à rallonge ?
Mon médecin m'a arrêtée jusqu'à Noël, avec pour consigne de trouver ma voie et d'amorcer ma reconversion. Reste à me trouver une vocation...
Il semblerait que l'École du Louvre ne reconnaisse pas d'équivalence avec mes diplômes, qui ne concernent que les Lettres, mais l'idée est intéressante je vais creuser, merci Verdurette.
Le FLE requiert effectivement des qualifications spécifiques, et je ne pense pas que cela me plairait.
Merci pour ton exemple Laure B, je te souhaite de réussir dans ta nouvelle voie
Verdurette, tu parlais de mi-temps ; savez-vous s'il est possible de demander un tel aménagement en cours d'année, pour éviter l'arrêt maladie à rallonge ?
- Pauline K.Niveau 1
Bonjour Hermeline.
Je confirme que pour le FLE c'est très différent des lettres. J'ai fait toutes mes études dans l'espoir de faire du FLE mais les conditions de travail sont vraiment difficiles (missions souvent très courtes et abominablement mal payées). Du coup je me retrouve également un peu par accident à faire des lettres dans le secondaire et les langues me manquent horriblement (et avec tout le stress et le boulot et l'angoisse de cette année de stage, j'en ai raté les inscriptions pour la certification FLS...)
Je me suis beaucoup reconnue dans ta situation, même s'il y a des différences. J'ai passé les deux dernières années à m'occuper de ma mère malade et me retrouver devant des collégiens, avec une montagne de gestion administrative à laquelle je ne m'attendais pas est un cauchemar. En plus de tout cela, je suis handicapée et je sens bien que mon corps a du mal à suivre.
J'espère que tu trouveras une solution, c'est toujours terrible quand la vie nous tombe dessus et qu'on a même pas une seconde pour essayer de reprendre son souffle.
Je confirme que pour le FLE c'est très différent des lettres. J'ai fait toutes mes études dans l'espoir de faire du FLE mais les conditions de travail sont vraiment difficiles (missions souvent très courtes et abominablement mal payées). Du coup je me retrouve également un peu par accident à faire des lettres dans le secondaire et les langues me manquent horriblement (et avec tout le stress et le boulot et l'angoisse de cette année de stage, j'en ai raté les inscriptions pour la certification FLS...)
Je me suis beaucoup reconnue dans ta situation, même s'il y a des différences. J'ai passé les deux dernières années à m'occuper de ma mère malade et me retrouver devant des collégiens, avec une montagne de gestion administrative à laquelle je ne m'attendais pas est un cauchemar. En plus de tout cela, je suis handicapée et je sens bien que mon corps a du mal à suivre.
J'espère que tu trouveras une solution, c'est toujours terrible quand la vie nous tombe dessus et qu'on a même pas une seconde pour essayer de reprendre son souffle.
- User4312Niveau 10
Oui, il faut essayer de faire ce qu'on a envie plutot que de se rabattre par defaut sur quelque chose de sur.
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