[français] Faire le portrait de Nana avec des secondes ??

tout est dans le titre ! Je pensais faire le portrait de Nana avec mes secondes mais je me demande si cela ne va pas les "choquer" ? Est-ce que quelqu'un l'a déjà fait ? Et si oui comment vous y êtes vous pris ?

Merci!

Je me pose la même question.

Quand je dis que c'est une prostituée, déjà les élèves premières rigolent un peu et après je dis "bah quoi? C'est le plus vieux métier du monde, et à Paris il y en avait énormément à cette époque". Il ne faut pas chercher à leur voiler la réalité, surtout quand on parle de romans réalistes ou naturalistes!

Nana qui enserrait Paris entre ses cuisses...bel exemple de métonymie au passage.

J'avoue ne pas avoir en tête la description de Nana, mais pour ma part je viens de finir d'étudier l'extrait de L'Education sentimentale dans lequel Frédéric rejoint Rosanette pendant les journées révolutionnaires de 1848. Ils passent la nuit ensemble (belles ellipses à ce niveau-là ^^), et il a quand même fallu que je leur explique le sens du verbe "troncher"... Je n'ai pas eu de problème : à partir du moment où on n'est pas trop cru et/ou qu'on euphémise je pense que ça peut se faire... Après, ça dépend peut-être des classes...

Je crois que ces questions de pudeur dépendent surtout du prof. Quoi qu'on en pense, les élèves de lycée ne sont pas de jeunes innocents, surtout dans le monde actuel.

J'ai peu d'expérience mais compte tenu de tous les témoignages que j'ai pu avoir, j'ai l'impression que plus on assume de dire les choses (sobrement et en expliquant voire en démystifiant), plus on est respecté.

Après quand on est dans notre posture les questions de pudeur et de limites sont inévitables.

Paul Dedalus a écrit:Je crois que ces questions de pudeur dépendent surtout du prof. Quoi qu'on en pense, les élèves de lycée ne sont pas de jeunes innocents, surtout dans le monde actuel.

J'ai peu d'expérience mais compte tenu de tous les témoignages que j'ai pu avoir, j'ai l'impression que plus on assume de dire les choses (sobrement et en expliquant voire en démystifiant), plus on est respecté.

Après quand on est dans notre posture les questions de pudeur et de limites sont inévitables.

Tout à fait...

Je fais en ce moment un corpus avec le vb "baiser" dans la poésie du XVIe siècle ; c'est très drôle !

Verbe et non pas vb. Merci d'éviter les abréviations comme déjà demandé en mp.
Voir aussi https://www.neoprofs.org/t113204-1001-conseils-pour-bien-poster-sur-neo#4190926, dernier paragraphe.
La modération

j'ai fait Olympia avec eux, ça n'a pas posé de problèmes mais certain(e)s ont fait des réflexions, ils sont quand même assez puérils. Je sais bien qu'ils ne sont pas innocents, mais ils sont gênés quand on leur présente en classe....!

Oui, c'est le côté un peu "hypocrite" de notre société : hyper sexualisée mais dès qu'on en parle dans un contexte scolaire  ou tout simplement social, c'est comme s'ils se sentaient obligés de faire comme si c'était choquant. Il y a le contexte d'exposition qui peut être gênant, en effet.
Parfois la réaction de gêne clairement exprimée c'est même pour "tester" le prof quand on est nouveau, les élèves essaient de voir où on se situe là-dedans. Comment on parvient nous-mêmes à dépasser le rôle de censeur ou "maître de vertu".

Je me souviens que le dernier jour de stage avec les élèves de première j'avais montré des tableaux (Le jardin des délices de Jérôme Bosch par exemple) et un élève m'avait dit "c'est un peu hard ça non?" et ça se voyait qu'il me demandait ça pour voir si j'allais dire que je trouvais ça violent/choquant ou pas.

Et le même sur Les ménines de Velasquez "Pourquoi ils ont une naine à la cour?" Moi "euh...elle servait pour le divertissement, je crois" (d'ailleurs corrigez-moi si j'ai dit une bêtise au passage), Lui "Olala ça ne se fait pas!".

L'approche morale d'une oeuvre est en fait toujours la plus évidente pour eux.

Dans ces cas-là l'approche intellectuelle est d'un grand secours pour dépasser ces jugements qui sont au fond moraux ; ce que l'on a le droit de regarder/d'exposer/dire ou pas. On peut même engager une réflexion autour de ces questions de censure si le contexte s'y prête.


Bref, pour en revenir à Nana, c'est le naturalisme donc je pense que tu peux le faire avec les secondes même s'ils sont un peu puérils et poufferont peut-être.
J'ai déjà fait des textes extrait de ce roman avec un élève de seconde en cours particulier et ça n'a pas posé de problème (mais bon, évidemment l'effet de groupe rend la réception très différente).

Si tu fais l'oeuvre en lecture suivie, tu peux introduire des considérations sociologiques et historiques qui "justifieront" l'aspect peut-être "choquant" (pour eux) de l'oeuvre.

Edit : ah non, tu veux juste faire le portrait...

Paul Dedalus a écrit:

Quand je dis que c'est une prostituée, déjà les élèves premières rigolent un peu et après je dis "bah quoi? C'est le plus vieux métier du monde, et à Paris il y en avait énormément à cette époque". Il ne faut pas chercher à leur voiler la réalité, surtout quand on parle de romans réalistes ou naturalistes!

Mais ce n'est pas un métier ! c'est une forme d'esclavage, et qui dit qu'il ne faut pas abolir l'esclavage parce qu'il est vieux comme l'humanité ?

Intéressant de noter que ce pudibond de Zola voit dans la prostituée, victime d'une hérédité alcoolique, l'agent de corruption de la société; Quoi qu'elle fasse, Nana a toujours tort.

C'est vraiment un vaste débat ça, et encore très actuel pour le coup...

Sinon, je pense que Zola est en fait du côté de Nana, même si - et justement parce que - elle a toujours tort aux yeux du monde. Tu ne crois pas?