Méthodes pourries en CP : Juin - le bilan, et maintenant ?

V.Marchais a écrit:Trois mois que ma poulette travaille avec assiduité. L'écriture est encore maladroite, mais elle a progressé. Et elle lit presque couramment, même si je continue de lutter pour empêcher que ne s'installe l'habitude de deviner les mots. Je lui donne exprès des textes un peu difficiles, avec beaucoup de vocabulaire, qu'elle ne peut pas deviner, et on explique ensemble. Et elle aime ça, découvrir qu'elle peut tout lire, et apprendre des mots nouveaux.

Ma petite a fait beaucoup d'efforts. Je suis fière de ses résultats.

Félicitations à la jeune Flore.
Une petite remise niveau pour son enseignante ? Ou, plus en sa faveur, davantage de temps pour se relire ?

Pour rendre à César ce qui est à César, bravo au travail du GRIP et à celui, formidable, de Rachel Boutonnet.

Qui est Rachel Boutonnet ?

Soulagement et fierté de maman! Bravo à ta puce!
Dis, je ne peux pas m'empêcher de demander pourquoi il y a un "s'épanouiE" à la deuxième ligne...

celinesud a écrit:Qui est Rachel Boutonnet ?

Une instit épatante.
https://www.fnac.com/SearchResult/ResultList.aspx?SCat=0%211&Search=rachel+boutonnet&sft=1&sa=0
Rencontrée au GRIP. Quelqu'un que j'apprécie beaucoup. Et à qui, en plus, désormais, je dois beaucoup.

Amaliah a écrit:Soulagement et fierté de maman! Bravo à ta puce!
Dis, je ne peux pas m'empêcher de demander pourquoi il y a un "s'épanouiE" à la deuxième ligne...

C'est le verbe s'épanouiller qui se conjugue comme ça. Ça veut dire s'épanouir en mangeant des pasta al dente !

"[elle] a pris confiance en elle et s'est épanouie de jour en jour." ?
Je ne vois que ça.

Les trois premières phrases s'adressent apparemment aux parents, ce qui est bien le moins, et la dernière à l'enfant.
Je ne sais pas pourquoi cela me choque. Sans parler de l'énorme faute de conjugaison...

Bon, je ne vais pas éreinter la collègue pour un e malheureux : c'est le genre de faute que je suis parfaitement capable de faire quand je suis fatiguée.
Mais c'est sûr que, côté méthode de lecture, on pouvait faire mieux. Et franchement, pour mieux la connaître à cette période de l'année, cet instit, je lui trouve plein de qualités. Humainement, elle est très bien. Et je trouve qu'elle se donne beaucoup de mal d'une manière générale pour faire progresser les petits. Bref, un parfait exemple du problème de l'école : une personne très bien, mais formée en dépit du bon sens.

Bravo à ta fille (et à sa maman) V.Marchais !!

Une petite question de détail qui n'a rien à voir avec le sujet mais qui néanmoins m'interpelle : le livret ne semble pas être un LSU, même imprimé? Cela signifie donc que cette usine à gaz qu'on nous a affirmé être obligatoire n'est finalement pas imposée partout ?
(Avec l'impression, il faut compter entre 30 et 45 minutes par LSU, soit entre 12 et 15 heures par classe chaque trimestre)

ycombe a écrit:

Amaliah a écrit:Soulagement et fierté de maman! Bravo à ta puce!
Dis, je ne peux pas m'empêcher de demander pourquoi il y a un "s'épanouiE" à la deuxième ligne...

C'est le verbe s'épanouiller qui se conjugue comme ça. Ça veut dire s'épanouir en mangeant des pasta al dente !

Edit : Ce n'est rien par rapport aux mots de la maîtresse contractuelle de ma fille.

V.Marchais a écrit:

celinesud a écrit:Qui est Rachel Boutonnet ?

Une instit épatante.
https://www.fnac.com/SearchResult/ResultList.aspx?SCat=0%211&Search=rachel+boutonnet&sft=1&sa=0
Rencontrée au GRIP. Quelqu'un que j'apprécie beaucoup. Et à qui, en plus, désormais, je dois beaucoup.

J'avais lu son livre quand j'étais à l'IUFM, ça m'avait marquée. Elle enseigne toujours ? J'avais cru comprendre qu'elle avait eu quelques soucis avec l'inspection.

Oui, elle enseigne toujours.

Elle racontait dans son bouquin qu'elle avait couvert de kraft les manuels de lecture de ses élèves avant une inspection, il me semble. Ça s'est arrangé avec l'inspection ou elle continue contre vents et marées ?

Les quelques enseignants qui l'utilisent peuvent invoquer la liberté pédagogique, les recommandations de Gilles de Robien (depuis 2005/2007) et aujourd'hui surfer sur les écrits de Nicolas Dehaene.  Mais cette liberté pédagogique est nettement moins grande en élémentaire, la pression de la circonscription est vraiment bien plus forte que celle des IPR qui sont à la fois plus loin et moins souvent présents. Les méthodes à l'ancienne ou le refus du numérique, par exemple, peuvent valoir quelques soucis.

En inspection, en 2008, j'avais étayé mes choix pédagogiques -controversés- en parlant du livre de Bentolila "Le verbe contre la barbarie", on m'a rétorqué : " Et bien MOI je n'aime pas Monsieur Bentolila".  Vous apprécierez la richesse de l'argumentation.  J'ai été littéralement laminée par cette inspection et j'ai mis des années à m'en remettre (je sais, c'est parfaitement idiot pour une personne censée être adulte, mais c'est mon côté "sensible à l'injustice". )

Je serais curieuse de savoir si et comment nos CPC, IEN, profs d'ESPE vont retourner leurs vestes si notre actuel ministre arrive à renverser la vapeur pédagogique. Les imaginer devoir "fonctionner" avec obéissance et loyauté en reniant les mantras dont ils nous ont saturés a un côté jouissif, mais cela arrivera t-il réellement ?  

Et j'aimerais bien aussi savoir ce que devient  Rachel Boutonnet dont j'avais apprécié les deux livres, le Journal et aussi "Comment et pourquoi j'enseigne le b-a ba". (Heureusement que j'avais couvert ses livres en kraft lors de l'inspection évoquée plus haut ... )

Verdurette a écrit:

En inspection, en 2008, j'avais étayé mes choix pédagogiques -controversés- en parlant du livre de Bentolila "Le verbe contre la barbarie", on m'a rétorqué : " Et bien MOI je n'aime pas Monsieur Bentolila".  Vous apprécierez la richesse de l'argumentation.  J'ai été littéralement laminée par cette inspection et j'ai mis des années à m'en remettre (je sais, c'est parfaitement idiot pour une personne censée être adulte, mais c'est mon côté "sensible à l'injustice". )

Je ne connais personne qui soit capable de rester insensible aux reproches de sa hiérarchie. Et si le cas pouvait se trouver, ce ne serait pas nécessairement bon signe, même en cas d'injustice. Ce serait d'abord un signe d'orgueil plus qu'inquiétant. Qui a le jugement assez sûr pour s'opposer au monde entier ou même aux institutions acceptées par la majorité?
Le seul moyen de s'opposer à une injustice institutionnalisée sans y perdre sa santé mentale, c'est de se trouver des alliés. C'est de discuter avec suffisamment de gens bienveillants et intelligents, pour tenter de faire la part de ses propres erreurs et des erreurs de ladite institution. Il faut arriver à surmonter sa peur, sa timidité, parfois à risquer sa réputation ou sa carrière pour engager la discussion. Une telle démarche n'a rien d'évident et est éminemment "adulte".
C'est là qu'un livre comme celui de Rachel Boutonnet est extraordinairement utile. Il nous dit: "Tu n'es pas seul à douter." Il m'a été très utile de un moment de détresse.

C'est aussi pour ça que j'ai moi-même écrit un bouquin plus tard. Je n'ai pas la naïveté de croire que ça va changer le monde. On ne corrigera pas nos chefs. Mais ça peut aider ceux qui doutent à mettre des mots sur leur désarroi.

Personnellement, le bouquin qui m'a vraiment réconfortée et confortée dans mon choix de la méthode syllabique est celui de Marc Lebris : "Et vos enfants ne sauront ni lire, ni écrire ..."

Il pratiquait les méthodes imposées par notre hiérarchie, jusqu'au jour où la réflexion d'une maman lui a ouvert les yeux.
Des mamans étaient venues  pour aider à couvrir (pas avec du papier kraft !) les livres de la bibliothèque de l'école.
L'une de ces mamans tombe sur une Méthode Boscher et s'exclame : "C'est avec ce livre que j'a appris à lire  à la maison à mes enfants avant le CP !"
Or, les enfants de cette dame étaient d'excellents élèves qui traversaient les classes de cette école sans aucune difficulté, alors que ce n'était vraiment pas le cas de la majorité des enfants de cette école.

Marc Lebris en a tiré les conclusions qui s'imposaient et convaincu les collègues de son école d'abandonner la méthode mixte ...
Son livre est passionnant et m'a confortée dans mes choix.

Je n'ai pas eu ta malchance, Verdurette , et  je comprends pourquoi tu as mis des années à t'en remettre !

Verdurette a écrit:Je serais curieuse de savoir si et comment nos CPC, IEN, profs d'ESPE vont retourner leurs vestes si notre actuel ministre arrive à renverser la vapeur pédagogique. Les imaginer devoir "fonctionner" avec obéissance et loyauté en reniant les mantras dont ils nous ont saturés a un côté jouissif, mais cela arrivera t-il réellement ?  

Si Blanquer s'y prend mal, il risque d'échouer comme Gilles de Robien a échoué sur ce sujet en 2006 :

http://www.lemonde.fr/societe/article/2006/10/31/robien-tente-de-dissiper-la-polemique-sur-les-methodes-d-apprentissage-de-la-lecture_829274_3224.html

J'étais étudiant à l'époque et je m'intéressais beaucoup à l'enseignement. J'étais interloqué de voir un ministre courber l'échine devant un inspecteur.

Sapotille a écrit:Personnellement, le bouquin qui m'a vraiment réconfortée et confortée dans mon choix de la méthode syllabique est celui de Marc Lebris : "Et vos enfants ne sauront ni lire, ni écrire ..."

Il pratiquait les méthodes imposées par notre hiérarchie, jusqu'au jour où la réflexion d'une maman lui a ouvert les yeux.
Des mamans étaient venues  pour aider à couvrir (pas avec du papier kraft !) les livres de la bibliothèque de l'école.
L'une de ces mamans tombe sur une Méthode Boscher et s'exclame : "C'est avec ce livre que j'a appris à lire  à la maison à mes enfants avant le CP !"
Or, les enfants de cette dame étaient d'excellents élèves qui traversaient les classes de cette école sans aucune difficulté, alors que ce n'était vraiment pas le cas de la majorité des enfants de cette école.

Marc Lebris en a tiré les conclusions qui s'imposaient  et convaincu les collègues de son école d'abandonner la méthode mixte ...
Son livre est passionnant et m'a confortée dans mes choix.

Je n'ai pas eu ta malchance, Verdurette , et  je comprends pourquoi tu as mis des années à t'en remettre !

Oui, très utile aussi.
Plus convaincant même que celui de Boutonnet, parce qu'il s'appuie sur son expérience, alors qu'elle a écrit le sien à la sortie de l'IUFM.

C'est la norme. Rue de Grenelle, ce n'est pas le ministre qui impose. D'ailleurs, y a-t-il un ministère où le ministre impose ?
Darcos s'est fait trahir par son administration. Bayrou n'a rien pu faire de transcendant.
Quant au girouettisme des intermédiaires cités, pas de souci à se faire. J'ai déjà relaté ma propre expérience du 180°isme sans le moindre scrupule. Amusant si ce n'était pathétique.

Le livre de Rachel BOUTONNET est il toujours disponible chez les éditeurs? Je viens de vérifier il n'est pas dans le listing de ma médiathèque préférée.
J'ai une petite fille qui entre en CP l'an prochain, elle "commence à lire" et est très curieuse, aime que je lui raconte des histoires.... J'enseigne moi-même en LP et c'est vraiment un jeu de massacre pour nombre de nos têtes classées Dys ( ortho, graph....): problème de lecture sur des mots simples, des phrases simples....  J'arrête le descriptif... Je suis une enfant de la méthode Bocher, mes enfants ont eu une méthode mixte à laquelle je n'ai pas compris grand chose, mais comme ils n'avaient de difficultés je ne m'en suis pas inquiétée. L'enseignement des bases, je trouve, s'est beaucoup dégradé et j'ai quelques craintes pour mes petits-enfants.

https://www.amazon.fr/Journal-institutrice-clandestine-Rachel-Boutonnet/dp/2841146669

ycombe a écrit:C'est le verbe s'épanouiller qui se conjugue comme ça. Ça veut dire s'épanouir en mangeant des pasta al dente !

Je vous remercie d'enrichir mon vocabulaire d'une manière aussi plaisante.  

Celadon a écrit:Les trois premières phrases s'adressent apparemment aux parents et la dernière à l'enfant.
Je ne sais pas pourquoi cela me choque.

J'aimerais bien comprendre également ce qui vous "choque".

Peut-être que les occasions ne manquent pas de dire à l'enfant ce que l'enseignant pense de son travail et que les commentaires sur le bulletins peuvent être réservés aux parents ?
Ce mélange de khalbizbalbiz ne me sied pas. Tout simplement.

Celadon a écrit:Peut-être que les occasions ne manquent pas de dire à l'enfant ce que l'enseignant pense de son travail

Les paroles s'envolent, les écrits restent. Il me semble que c'est bien agréable d'avoir un petit mot pour soi tout seul.

Ce mélange de khalbizbalbiz ne me sied pas.

Pourriez-vous m’éclairer sur ce terme ?

gloubiboulba ?
Ce que je reproche à cette formulation c'est le fait de s'adresser aux parents en mode "il" et à l'enfant en mode "tu". Je sais, ça se pratique bcp en primaire.
Perso, ça m'horripile. Rien n'empêche d'écrire "X a fait un excellent trimestre" et non "Bravo X". Je pinaille, je sais.