- VerduretteModérateur
Je prends un exemple très simple vu mon niveau de classe.
Laura a 80 billes. Marie en a 64. Combien Laura a t-elle de billes de plus que Marie ?
Vous pouvez être certains qu'un certain nombre d'élèves ayant vu "de plus que" dans l'énoncé va répondre par " 80 + 64"
Lorsqu'on aborde les "problèmes de différence", je fais souvent faire des séries d'énoncés "inverses" du type :
Laura a plus de billes que Marie (est équivalent à ) Marie a moins de billes que Laura.
Combien Laura a t-elle de billes de plus que Marie
(est équivalent à) Combien Marie a t-elle de billes de moins que Laura ?
Et là, les "barres" de la méthode de Singapour qui permettent de montrer qu'on compare les deux nombres, avec la différence bien en évidence, sont bien utiles ... ainsi que l'importance capitale de faire "verbaliser" au lieu de se limiter à écrire une opération.
Au début, on me répond juste un résultat , ou "je fais un calcul" (en général, on prend tous les nombres et on les additionne, tellement l'addition, seule opération vue pendant longtemps, est prévalente dans l'esprit des enfants). Après quelques mois de travail acharné, je commence à entendre "je cherche le tout, donc j'additionne", "c'est un problème de différence, donc je soustrais..." "j'ai plusieurs fois la même chose, donc je multiplie", "je partage/ je répartis , donc je divise" mais pfiou ... c'est dur.
Les difficultés croissantes en résolution de problèmes viennent clairement de l'incapacité à comprendre les énoncés et se "représenter" la situation. Donc c'est directement lié à la lecture-compréhension. Je fais souvent "mimer" lorsque les élèves se cassent les dents sur un problème, et ça marche bien,mais j'ai parfois l'impression de devoir déployer une énergie faramineuse pour un truc hyper simple.
Rien que le terme "acheter" est compliqué, surtout pour ces petits héros de la société de consommation qui passent leur temps à réclamer dans les magasins : acheter, c'est avoir quelque chose de plus ... donc pour leur faire comprendre que ce sont aussi des sous en moins (dépensés), c'est parfois coton ... J'ai dit à certains de mes élèves que j'allais faire le marché avec eux, vu qu'ils partent avec 20 euros, achètent 3 kg de pommes à 2 euros, et reviennent chez eux avec les pommes et 26 euros en prime ! Au moins on fait des problèmes dans la joie et la bonne humeur, et petit à petit ça rentre ...(mais vraiment petit à petit !!)
Laura a 80 billes. Marie en a 64. Combien Laura a t-elle de billes de plus que Marie ?
Vous pouvez être certains qu'un certain nombre d'élèves ayant vu "de plus que" dans l'énoncé va répondre par " 80 + 64"
Lorsqu'on aborde les "problèmes de différence", je fais souvent faire des séries d'énoncés "inverses" du type :
Laura a plus de billes que Marie (est équivalent à ) Marie a moins de billes que Laura.
Combien Laura a t-elle de billes de plus que Marie
(est équivalent à) Combien Marie a t-elle de billes de moins que Laura ?
Et là, les "barres" de la méthode de Singapour qui permettent de montrer qu'on compare les deux nombres, avec la différence bien en évidence, sont bien utiles ... ainsi que l'importance capitale de faire "verbaliser" au lieu de se limiter à écrire une opération.
Au début, on me répond juste un résultat , ou "je fais un calcul" (en général, on prend tous les nombres et on les additionne, tellement l'addition, seule opération vue pendant longtemps, est prévalente dans l'esprit des enfants). Après quelques mois de travail acharné, je commence à entendre "je cherche le tout, donc j'additionne", "c'est un problème de différence, donc je soustrais..." "j'ai plusieurs fois la même chose, donc je multiplie", "je partage/ je répartis , donc je divise" mais pfiou ... c'est dur.
Les difficultés croissantes en résolution de problèmes viennent clairement de l'incapacité à comprendre les énoncés et se "représenter" la situation. Donc c'est directement lié à la lecture-compréhension. Je fais souvent "mimer" lorsque les élèves se cassent les dents sur un problème, et ça marche bien,mais j'ai parfois l'impression de devoir déployer une énergie faramineuse pour un truc hyper simple.
Rien que le terme "acheter" est compliqué, surtout pour ces petits héros de la société de consommation qui passent leur temps à réclamer dans les magasins : acheter, c'est avoir quelque chose de plus ... donc pour leur faire comprendre que ce sont aussi des sous en moins (dépensés), c'est parfois coton ... J'ai dit à certains de mes élèves que j'allais faire le marché avec eux, vu qu'ils partent avec 20 euros, achètent 3 kg de pommes à 2 euros, et reviennent chez eux avec les pommes et 26 euros en prime ! Au moins on fait des problèmes dans la joie et la bonne humeur, et petit à petit ça rentre ...(mais vraiment petit à petit !!)
- User17706Bon génie
Ou alors ce sont des as de la contraposition. (Mais ils ont un souci avec la négation, en revanche )BrindIf a écrit:Merci de ta réponse, elle fait écho à mes préoccupations du moment.
J'ai donné ça en 2de cette année :
"Si AB²+BC²=AC², alors le triangle ABC est rectangle en B."
"Si le triangle ABC est rectangle en B, alors AB²+BC²=AC²."
Laquelle de ces deux propriétés sert à conclure qu'un triangle est rectangle ?
La moitié ont répondu la seconde phrase. Après 5 minutes de réflexion sur le sujet.
Je n'ai pas le recul suffisant pour dire que c'est une incapacité à raisonner (ou la flemme de le faire). Peut-être un manque de manipulation de phrases complexes ?
On a retravaillé plusieurs propriétés sous la forme de "deal", cette propriété "t'échange" un triangle rectangle si tu lui apportes une égalité, alors que la réciproque fait le contraire. Puis la même image avec des propriétés dont la réciproque est fausse. On verra à l'interro si ça les a juste fait rire sur le coup ou si ça a marqué certains.
- DeliaEsprit éclairé
Les difficultés croissantes en résolution de problèmes viennent clairement de l'incapacité à comprendre les énoncés et se "représenter" la situation. Donc c'est directement lié à la lecture-compréhension.
Oui, mais pas que.
Cela fait des années que Stella Baruk dénonce la rédaction des énoncés : implicite et langue de bois y règnent en maitres.
_________________
Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- Dame JouanneÉrudit
La langue de bois je ne vois pas trop. Mais l'implicite a toujours existé dans les énoncés. Et je rajouterai dans tout texte, article auxquels ils seront confrontés dans leur vie. Donc les élèves sont de moins en moins capable de le comprendre ?Delia a écrit:
Les difficultés croissantes en résolution de problèmes viennent clairement de l'incapacité à comprendre les énoncés et se "représenter" la situation. Donc c'est directement lié à la lecture-compréhension.
Oui, mais pas que.
Cela fait des années que Stella Baruk dénonce la rédaction des énoncés : implicite et langue de bois y règnent en maitres.
Et c'est peut-être tout aussi inquiétant. L'implicite fait quand même référence à des choses que l'élève doit avoir assimilé et compris après plusieurs années d'école. S'il ne les comprends plus, c'est que l'école ne fait plus ou mal cette apprentissage, non?
Question de curiosité : c'est qui Stella Baruk ? (implicitement, tu considères que tout le monde la connait )
- caroletteNeoprof expérimenté
Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Verdurette a écrit:Maintenant la grande question c'est : pourquoi autant de PE persistent dans des méthodes hasardeuses ? Il y a ceux qui arrivent dans une école et qui sont plus ou moins obligés de prendre la méthode des collègues, des jeunes qu'on a formatés à l'ESPE, ceux qui incriminent les parents, la télé, la société, le ministre, les rythmes scolaires, bref tout sauf la méthode ... j'oubliais ceux qui ont une conseillère pédagogique qui leur dit : "La meilleure méthode, dans l'absolu, c'est la méthode globale, l'ennui, c'est qu'elle ne fonctionne pas bien avec les enfants en difficulté". Là, vous comprenez mieux pourquoi l'EN marche sur la tête depuis un bon moment.
Pour le peu que je peux voir l'idée que la vérité se situe forcément au milieu tourne à plein régime : globale et syllabique sont des méthodes extrêmes ; la gentille, la modérée, c'est la mixte. Et puis, syllabique ça fait trop vieille école, n'est-ce pas.
Très bon résumé.
La méthode mixte, c'est celle "qui a du sens", par opposition à la syllabique (ou l'alphabétique) dans laquelle on ne lirait "que des syllabes" et des "phrases sans intérêt"...
- caroletteNeoprof expérimenté
Halybel a écrit:musa a écrit:J'ajoute juste que c'est d'autant plus dommage que c'est encore un âge où les enfants prennent la parole de la maîtresse pour parole d'Evangile. Après, ça se gâte légèrement...
Je ne parlais pas spécialement du cas de ta fille, et effectivement des professeurs "pédagogistes excessifs". Pour avoir une amie PE qui aime justement les méthodes "à l'ancienne", elle tombe souvent sur des enfants qui ne font rien, et auquel il est dur de faire faire quelque chose (d'ailleurs si toi tu n'arrives pas à faire bosser ta fille, tu imagines combien il doit être dur pour la maîtresse), qui sont scotchés aux écrans dès qu'ils rentrent et dont les parents se plaignent de la fréquence des devoirs et des rédactions.
Je veux dire, je pense que c'est un tout malheureusement. On a les méthodes laxistes du MEN mais aussi toute la culture numérique, et même le discours des parents qui changent... L'école n'est plus le lieu sacré du savoir, c'est google...
Dans ma classe de 25 CP cette année, j'ai 6 enfants qui sont dans leur rôle d'élève.
Les autres sifflent, chantonnent, crient des gros mots à tue-tête, se jettent par terre, lancent leurs affaires en l'air à travers la classe, certains parmi eux écoutent peu et chahutent (on n'est même plus dans le bavardage à ce niveau-là), soufflent quand on lance une activité (alors qu'il y a encore 3 ans tout le monde était enthousiaste pour tout), et se permettent même de ranger cahier ou fichier dès qu'ils en ont marre, qu'il faut chercher ou s'appliquer, bref tenir un effort. Dix enfants environ ont une concentration qui n'excède pas quelques minutes, et ne savent pas travailler seuls.
C'est la seconde année que c'est si pénible (et c'est pareil dans les classes de mes collègues, j'ai enquêté pour vérifier que cela ne venait pas de moi ; j'enseigne pourtant en CP-CE1 depuis 13 ans maintenant !).
Dans les conseils d'école, on n'aborde jamais le rôle principal de l'école, qui est à mon sens l'instruction : les parents parlent de la cantine, du périscolaire, du papier toilettes, des sorties scolaires jamais assez nombreuses...
Ils croient aider leur enfant en lui enlevant toutes les grosses, mais aussi les petites pierres du chemin, lui proposant des activités de délestage dès qu'il manifeste un refus ou un énervement, comme on le fait avec un petit de 2 ou 3 ans. Les enfants ne savent donc plus se gérer, gérer leurs émotions, la contrariété, la frustration. Ils sont entièrement soumis à leurs pulsions, c'est infernal.
- YazilikayaNeoprof expérimenté
carolette a écrit:Halybel a écrit:musa a écrit:J'ajoute juste que c'est d'autant plus dommage que c'est encore un âge où les enfants prennent la parole de la maîtresse pour parole d'Evangile. Après, ça se gâte légèrement...
Je ne parlais pas spécialement du cas de ta fille, et effectivement des professeurs "pédagogistes excessifs". Pour avoir une amie PE qui aime justement les méthodes "à l'ancienne", elle tombe souvent sur des enfants qui ne font rien, et auquel il est dur de faire faire quelque chose (d'ailleurs si toi tu n'arrives pas à faire bosser ta fille, tu imagines combien il doit être dur pour la maîtresse), qui sont scotchés aux écrans dès qu'ils rentrent et dont les parents se plaignent de la fréquence des devoirs et des rédactions.
Je veux dire, je pense que c'est un tout malheureusement. On a les méthodes laxistes du MEN mais aussi toute la culture numérique, et même le discours des parents qui changent... L'école n'est plus le lieu sacré du savoir, c'est google...
Dans ma classe de 25 CP cette année, j'ai 6 enfants qui sont dans leur rôle d'élève.
Les autres sifflent, chantonnent, crient des gros mots à tue-tête, se jettent par terre, lancent leurs affaires en l'air à travers la classe, certains parmi eux écoutent peu et chahutent (on n'est même plus dans le bavardage à ce niveau-là), soufflent quand on lance une activité (alors qu'il y a encore 3 ans tout le monde tait enthousiaste pour tout), et se permettent même de ranger cahier ou fichier dès qu'ils en ont marre, qu'il faut chercher ou s'appliquer, bref tenir un effort. Dix enfants environ ont une concentration qui n'excède pas quelques minutes, et ne savent pas travailler seuls.
C'est la seconde année que c'est si pénible (et c'est pareil dans les classes de mes collègues, j'ai enquêté pour me demander si cela ne venait pas de moi ; j'enseigne pourtant en CP-CE1 depuis 13 ans maintenant !).
Dans les conseils d'école, on n'aborde jamais le rôle principal de l'école, qui est à mon sens l'instruction : les parents parlent de la cantine, du périscolaire, du papier toilettes, des sorties scolaires jamais assez nombreuses...
Ils croient aider leur enfant en lui enlevant toutes les grosses, mais aussi les petites pierres du chemin, lui proposant des activités de délestage dès qu'il manifeste un refus ou un énervement, comme on le fait avec un petit de 2 ou 3 ans. Les enfants ne savent donc plus se gérer, gérer leurs émotions, la contrariété, la frustration. Ils sont entièrement soumis à leurs pulsions, c'est infernal.
Je plussoie tout ce que tu dis. C'est exactement ça.
- BrindIfFidèle du forum
Ça en vaut la peineVerdurette a écrit:Au début, on me répond juste un résultat , ou "je fais un calcul" (en général, on prend tous les nombres et on les additionne, tellement l'addition, seule opération vue pendant longtemps, est prévalente dans l'esprit des enfants). Après quelques mois de travail acharné, je commence à entendre "je cherche le tout, donc j'additionne", "c'est un problème de différence, donc je soustrais..." "j'ai plusieurs fois la même chose, donc je multiplie", "je partage/ je répartis , donc je divise" mais pfiou ... c'est dur.
Je passe beaucoup de temps en 2de sur "plus de" / "moins de" / "au plus" / "au moins". Ce n'est pas du tout aussi évident que ça le semble.
Et cette année, j'ai pour la première fois des élèves (parmi ceux ayant eu une scolarité normale) qui confondent > et <
PauvreYorick a écrit:Ou alors ce sont des as de la contraposition. (Mais ils ont un souci avec la négation, en revanche )BrindIf a écrit:Merci de ta réponse, elle fait écho à mes préoccupations du moment.
J'ai donné ça en 2de cette année :
"Si AB²+BC²=AC², alors le triangle ABC est rectangle en B."
"Si le triangle ABC est rectangle en B, alors AB²+BC²=AC²."
Laquelle de ces deux propriétés sert à conclure qu'un triangle est rectangle ?
La moitié ont répondu la seconde phrase. Après 5 minutes de réflexion sur le sujet.
Je n'ai pas le recul suffisant pour dire que c'est une incapacité à raisonner (ou la flemme de le faire). Peut-être un manque de manipulation de phrases complexes ?
On a retravaillé plusieurs propriétés sous la forme de "deal", cette propriété "t'échange" un triangle rectangle si tu lui apportes une égalité, alors que la réciproque fait le contraire. Puis la même image avec des propriétés dont la réciproque est fausse. On verra à l'interro si ça les a juste fait rire sur le coup ou si ça a marqué certains.
Et avec des contraposées sans négation, tout devient possible [/quote]
- V.MarchaisEmpereur
C'est sûr que ce que vous décrivez, Carolette et Yazi, n'arrange rien.
Mais cela ne justifie pas le fait qu'après tant de preuves de leur infériorité, on utilise à 90 % des méthodes mixtes au CP.
Ni que les élèves n'écrivent quasiment plus (quelques mots sur un fichier au lieu des lignes de leurs aînés, avec des lettres qu'on apprenait à tracer méthodiquement, élément après élément).
Mais cela ne justifie pas le fait qu'après tant de preuves de leur infériorité, on utilise à 90 % des méthodes mixtes au CP.
Ni que les élèves n'écrivent quasiment plus (quelques mots sur un fichier au lieu des lignes de leurs aînés, avec des lettres qu'on apprenait à tracer méthodiquement, élément après élément).
- caroletteNeoprof expérimenté
V.Marchais a écrit:C'est sûr que ce que vous décrivez, Carolette et Yazi, n'arrange rien.
Mais cela ne justifie pas le fait qu'après tant de preuves de leur infériorité, on utilise à 90 % des méthodes mixtes au CP.
Ni que les élèves n'écrivent quasiment plus (quelques mots sur un fichier au lieu des lignes de leurs aînés, avec des lettres qu'on apprenait à tracer méthodiquement, élément après élément).
Mon cas personnel est particulier, parce que je ne suis pas passée par l'IUFM.
Mais mes collègues qui débutaient il y a 13 ans n'avaient absolument pas été formés ni à l'enseignement de la lecture, ni à celui de l'écriture, et encore moins à l'importance du lien entre ces deux activités.
J'ai démarré avec ce qu'il y avait à l'école (Abracadalire, affreux), et voyant que ça ne fonctionnait pas alors que l'IEN, les conseillers péda avaient validé la méthode, je suis allée chercher ailleurs pour me former. Tous n'ont pas cette démarche. Et j'ai pleuré quand, arrêtée pour une opération du genou, je suis venue rendre visite à ma classe et ai vu la qualité affreuse de l'écriture au tableau... Et je pleure encore quand je vois comment la jeune PE du CE1 d'à côté écrit...
- DeliaEsprit éclairé
Dame Jouanne a écrit:
Question de curiosité : c'est qui Stella Baruk ? (implicitement, tu considères que tout le monde la connait )
Je la croyais connue : elle a à son actif une quinzaine d'ouvrages sur la question.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Stella_Baruk
_________________
Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- caroletteNeoprof expérimenté
Verdurette a écrit:Je prends un exemple très simple vu mon niveau de classe.
Laura a 80 billes. Marie en a 64. Combien Laura a t-elle de billes de plus que Marie ?
Vous pouvez être certains qu'un certain nombre d'élèves ayant vu "de plus que" dans l'énoncé va répondre par " 80 + 64"
Lorsqu'on aborde les "problèmes de différence", je fais souvent faire des séries d'énoncés "inverses" du type :
Laura a plus de billes que Marie (est équivalent à ) Marie a moins de billes que Laura.
Combien Laura a t-elle de billes de plus que Marie
(est équivalent à) Combien Marie a t-elle de billes de moins que Laura ?
Et là, les "barres" de la méthode de Singapour qui permettent de montrer qu'on compare les deux nombres, avec la différence bien en évidence, sont bien utiles ... ainsi que l'importance capitale de faire "verbaliser" au lieu de se limiter à écrire une opération.
Au début, on me répond juste un résultat , ou "je fais un calcul" (en général, on prend tous les nombres et on les additionne, tellement l'addition, seule opération vue pendant longtemps, est prévalente dans l'esprit des enfants). Après quelques mois de travail acharné, je commence à entendre "je cherche le tout, donc j'additionne", "c'est un problème de différence, donc je soustrais..." "j'ai plusieurs fois la même chose, donc je multiplie", "je partage/ je répartis , donc je divise" mais pfiou ... c'est dur.
Les difficultés croissantes en résolution de problèmes viennent clairement de l'incapacité à comprendre les énoncés et se "représenter" la situation. Donc c'est directement lié à la lecture-compréhension. Je fais souvent "mimer" lorsque les élèves se cassent les dents sur un problème, et ça marche bien,mais j'ai parfois l'impression de devoir déployer une énergie faramineuse pour un truc hyper simple.
Rien que le terme "acheter" est compliqué, surtout pour ces petits héros de la société de consommation qui passent leur temps à réclamer dans les magasins : acheter, c'est avoir quelque chose de plus ... donc pour leur faire comprendre que ce sont aussi des sous en moins (dépensés), c'est parfois coton ... J'ai dit à certains de mes élèves que j'allais faire le marché avec eux, vu qu'ils partent avec 20 euros, achètent 3 kg de pommes à 2 euros, et reviennent chez eux avec les pommes et 26 euros en prime ! Au moins on fait des problèmes dans la joie et la bonne humeur, et petit à petit ça rentre ...(mais vraiment petit à petit !!)
Je dis toujours à mes élèves, et à mes filles, qu'un problème de maths c'est avant tout de la lecture.
Le mime, le dessin, ça aide. Quand ils grandissent, remplacer les grands nombres par des plus petits aide aussi.
- JPhMMDemi-dieu
Elle l'est.
trône dans la salle que je hante.
trône dans la salle que je hante.
_________________
Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- archebocEsprit éclairé
carolette a écrit:Dans les conseils d'école, on n'aborde jamais le rôle principal de l'école, qui est à mon sens l'instruction : les parents parlent de la cantine, du périscolaire, du papier toilettes, des sorties scolaires jamais assez nombreuses...
Dans l'école où je suis parent délégué, cela me choque toujours d'entendre, au dernier conseil d'école, les parents FCPE remercier les enseignants parce que "cette année, les enfants se sont bien amusés". J'ajoute aussitôt "et nous vous remercions parce qu'ils ont appris plein de belles choses".
Mais sinon, ce n'est pas le rôle du conseil d'école de rentrer dans la pédagogie. Du moins est-ce ce que défendent les enseignants, et je leur donne raison : comment dans ces conditions le conseil d'école pourrait-il aborder le rôle principal de l'école ? La seule fois où j'ai abordé la question des méthodes de lecture, je l'ai fait avec moult précautions, et disant qu'on ne pouvait pas empêcher le fait que la question s'étalait dans la presse, et même comme cela, je sais que j'ai choqué.
- caroletteNeoprof expérimenté
archeboc a écrit:carolette a écrit:Dans les conseils d'école, on n'aborde jamais le rôle principal de l'école, qui est à mon sens l'instruction : les parents parlent de la cantine, du périscolaire, du papier toilettes, des sorties scolaires jamais assez nombreuses...
Dans l'école où je suis parent délégué, cela me choque toujours d'entendre, au dernier conseil d'école, les parents FCPE remercier les enseignants parce que "cette année, les enfants se sont bien amusés". J'ajoute aussitôt "et nous vous remercions parce qu'ils ont appris plein de belles choses".
Mais sinon, ce n'est pas le rôle du conseil d'école de rentrer dans la pédagogie. Du moins est-ce ce que défendent les enseignants, et je leur donne raison : comment dans ces conditions le conseil d'école pourrait-il aborder le rôle principal de l'école ? La seule fois où j'ai abordé la question des méthodes de lecture, je l'ai fait avec moult précautions, et disant qu'on ne pouvait pas empêcher le fait que la question s'étalait dans la presse, et même comme cela, je sais que j'ai choqué.
Oui, ce n'est pas le rôle du conseil d'école, mais le sujet n'est même jamais effleuré, même indirectement. Quand on précise qu'une sortie scolaire sans but pédagogique n'a pas d'intérêt, certains sont outrés parce que la classe de M.Machin est sortie deux fois, mais celle de Mme Truc jamais...
Parfois j'ai envie de demander aux parents qui sont là ce qu'ils attendent réellement de l'école pour leurs enfants (et encore, ceux qui sont là sont investis, forcément !), et qu'on discute à partir de ce point de départ de ce qui peut être fait pour favoriser ce but.
- Dame JouanneÉrudit
Effectivement, son travail me dit maintenant quelque chose. Je sais avoir lu ce qui certainement était des extraits de ses ouvrages et avoir trouvé cela intéressant.Delia a écrit:Dame Jouanne a écrit:
Question de curiosité : c'est qui Stella Baruk ? (implicitement, tu considères que tout le monde la connait )
Je la croyais connue : elle a à son actif une quinzaine d'ouvrages sur la question.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Stella_Baruk
Mais néanmoins, concernant l'implicite, il me semble quand même normal de supposer qu'après plusieurs années à l'école, une bonne part de l'implicite des énoncés devrait être intégré et compris par la plupart des élèves. Surtout que ce qui les bloquent souvent, c'est plus un mot de vocabulaire, une tournure de phrase et donc des problèmes de français et de lecture plus que de langage mathématique. Et le problème que si le texte devient un peu long, ils ont du mal à en sortir des informations.
- PabloPEExpert
C'est pourtant simple, le crocodile a très faim, il ouvre grand la bouche pour manger le plus gros... De rienBrindIf a écrit:
Je passe beaucoup de temps en 2de sur "plus de" / "moins de" / "au plus" / "au moins". Ce n'est pas du tout aussi évident que ça le semble.
Et cette année, j'ai pour la première fois des élèves (parmi ceux ayant eu une scolarité normale) qui confondent > et <
_________________
"Et moi qui
me croyais tranquille pour un bout de temps avec mon chat brun."
- RendashBon génie
PabloPE a écrit:C'est pourtant simple, le crocodile a très faim, il ouvre grand la bouche pour manger le plus gros... De rienBrindIf a écrit:
Je passe beaucoup de temps en 2de sur "plus de" / "moins de" / "au plus" / "au moins". Ce n'est pas du tout aussi évident que ça le semble.
Et cette année, j'ai pour la première fois des élèves (parmi ceux ayant eu une scolarité normale) qui confondent > et <
Mais M'dame, ça mange quoi un crocrodile ?
M'dame ! Madaaaaame ! Pourquoi les crocrodiles ils mangent les gros ?
Maaaam ! ça vit où un crocrodile ?
M'daaaame ! Crocodile, ça s'écrit comment ?
Mdaaaame ! Je peux aller aux toilettes ?
_________________
"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- mafalda16Modérateur
Mais madaaame ça s'écrit pas crocrodile ???
_________________
"Si no luchas, al menos ten la decencia de respetar a quienes lo hacen", José Martí.
- V.MarchaisEmpereur
Un petit miracle - et un grand merci à Rikki :
https://www.neoprofs.org/t113706p25-petits-albums-en-sons-simples-vive-la-lecture#4241913
https://www.neoprofs.org/t113706p25-petits-albums-en-sons-simples-vive-la-lecture#4241913
- BrindIfFidèle du forum
PabloPE a écrit:C'est pourtant simple, le crocodile a très faim, il ouvre grand la bouche pour manger le plus gros... De rienBrindIf a écrit: [...] des élèves (parmi ceux ayant eu une scolarité normale) qui confondent > et <
Nan mais le grand côté du côté le plus grand, le petit côté du côté le plus petit, ça ne pourrait pas suffire ?
- Spoiler:
- Je l'avoue, j'ai dessiné un crocodile au tableau
Rendash a écrit:
Mais M'dame, ça mange quoi un crocrodile ?
M'dame ! Madaaaaame ! Pourquoi les crocrodiles ils mangent les gros ?
Maaaam ! ça vit où un crocrodile ?
M'daaaame ! Crocodile, ça s'écrit comment ?
Mdaaaame ! Je peux aller aux toilettes ?
Tu oublies celui qui dira "Monsieur !" dans le tas, il y en a toujours un
Et celui qui redemandera l'explication 5 minutes après.
Et celui qui voudra savoir pourquoi on parle de crocodile.
- capucine42Érudit
Mon expérience en tant que maman est la suivante: l'année dernière la maîtresse a refusé vertement de me répondre sur la question des apprentissages en PS en me disant que les programmes étaient trouvables sur le net. C'était son domaine, elle le protégeait jalousement.carolette a écrit:archeboc a écrit:carolette a écrit:Dans les conseils d'école, on n'aborde jamais le rôle principal de l'école, qui est à mon sens l'instruction : les parents parlent de la cantine, du périscolaire, du papier toilettes, des sorties scolaires jamais assez nombreuses...
Dans l'école où je suis parent délégué, cela me choque toujours d'entendre, au dernier conseil d'école, les parents FCPE remercier les enseignants parce que "cette année, les enfants se sont bien amusés". J'ajoute aussitôt "et nous vous remercions parce qu'ils ont appris plein de belles choses".
Mais sinon, ce n'est pas le rôle du conseil d'école de rentrer dans la pédagogie. Du moins est-ce ce que défendent les enseignants, et je leur donne raison : comment dans ces conditions le conseil d'école pourrait-il aborder le rôle principal de l'école ? La seule fois où j'ai abordé la question des méthodes de lecture, je l'ai fait avec moult précautions, et disant qu'on ne pouvait pas empêcher le fait que la question s'étalait dans la presse, et même comme cela, je sais que j'ai choqué.
Oui, ce n'est pas le rôle du conseil d'école, mais le sujet n'est même jamais effleuré, même indirectement. Quand on précise qu'une sortie scolaire sans but pédagogique n'a pas d'intérêt, certains sont outrés parce que la classe de M.Machin est sortie deux fois, mais celle de Mme Truc jamais...
Parfois j'ai envie de demander aux parents qui sont là ce qu'ils attendent réellement de l'école pour leurs enfants (et encore, ceux qui sont là sont investis, forcément !), et qu'on discute à partir de ce point de départ de ce qui peut être fait pour favoriser ce but.
Cette année, mon mari est allé à la réunion de présentation, la maîtresse n'a parlé que de sorties et de découverte du monde. A la fin il lui a posé des questions précises qu'elle n'avait pas abordées, elle lui a répondu. C'est une jeune PE agréable qui est soucieuse de bien faire.
Dans l'autre classe de MS, même chose mais personne n'a osé poser de questions sur les apprentissages scolaires, cependant je sais qu'une quinzaine de parents en demande se sont renseignés par leurs propres moyens et que les programmes de MS trouvés sur eduscol ont circulé par mail.
Donc je ne suis pas d'accord avec l'idée selon laquelle les parents ne seraient majoritairement pas intéressés par le domaine scolaire. En revanche ils ont cette tendance à faire confiance encore en l'institution, pourtant la plupart des PE que je connais et qui sont très impliqués disent que le débat sur les méthodes de lecture est un faux débat, que la syllabique pure amène un déficit de compréhension...Et n'ont jamais lu Dehaene ni eu de formation sur l'apprentissage de la lecture ou de la graphie... Je ne m'explique pas cette légèreté.
- NitaEmpereur
Ce n'est pas d la légèreté. C'est de l'endoctrinement, et probablement aussi le désir de ne pas se faire constamment pourrir par les CPC et autres IEN.
Les PE sont bien plus "fliqués" que les PLC, et par des gens qui sont souvent incroyablement (et, je l'espère, inconsciemment) violents dans leur approche.
Les PE sont bien plus "fliqués" que les PLC, et par des gens qui sont souvent incroyablement (et, je l'espère, inconsciemment) violents dans leur approche.
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A clean house is a sign of a broken computer.
- VerduretteModérateur
Pour moi, malheureusement c'est aussi la même chose ...Yazilikaya a écrit:carolette a écrit:
Dans ma classe de 25 CP cette année, j'ai 6 enfants qui sont dans leur rôle d'élève.
Les autres sifflent, chantonnent, crient des gros mots à tue-tête, se jettent par terre, lancent leurs affaires en l'air à travers la classe, certains parmi eux écoutent peu et chahutent (on n'est même plus dans le bavardage à ce niveau-là), soufflent quand on lance une activité (alors qu'il y a encore 3 ans tout le monde tait enthousiaste pour tout), et se permettent même de ranger cahier ou fichier dès qu'ils en ont marre, qu'il faut chercher ou s'appliquer, bref tenir un effort. Dix enfants environ ont une concentration qui n'excède pas quelques minutes, et ne savent pas travailler seuls.
C'est la seconde année que c'est si pénible (et c'est pareil dans les classes de mes collègues, j'ai enquêté pour me demander si cela ne venait pas de moi ; j'enseigne pourtant en CP-CE1 depuis 13 ans maintenant !).
Dans les conseils d'école, on n'aborde jamais le rôle principal de l'école, qui est à mon sens l'instruction : les parents parlent de la cantine, du périscolaire, du papier toilettes, des sorties scolaires jamais assez nombreuses...
Ils croient aider leur enfant en lui enlevant toutes les grosses, mais aussi les petites pierres du chemin, lui proposant des activités de délestage dès qu'il manifeste un refus ou un énervement, comme on le fait avec un petit de 2 ou 3 ans. Les enfants ne savent donc plus se gérer, gérer leurs émotions, la contrariété, la frustration. Ils sont entièrement soumis à leurs pulsions, c'est infernal.
Je plussoie tout ce que tu dis. C'est exactement ça.
C'est indiscret de vous demander si vous êtes en zone urbaine ou en province/campagne ?
- PabloPEExpert
Ca peut tout simplement aussi être un ras-la-couette général de toutes les intrusions des parents dans la pédagogie... A la réunion de PS de mon fils un père avait demandé quelle était la méthode de lecture employée. L'instit était tellement désarçonnée qu'elle m'a donné la parole
Je crois aussi qu'il m'est arrivé de répondre "j'applique les programmes de 20XX" à ce type de questions. Ce n'est pas pour autant parce que c'est ma "chasse gardée"ni encore moins parce que je ne suis pas "une jeune PE soucieuse de bien faire" mais juste parce que la manière de le demander laisse parfois supposer que on n'applique pas les programmes. Par contre si on me demande ce qu'ils vont apprendre de nouveau cette année je réponds toujours avec plaisir.
Je crois aussi qu'il m'est arrivé de répondre "j'applique les programmes de 20XX" à ce type de questions. Ce n'est pas pour autant parce que c'est ma "chasse gardée"ni encore moins parce que je ne suis pas "une jeune PE soucieuse de bien faire" mais juste parce que la manière de le demander laisse parfois supposer que on n'applique pas les programmes. Par contre si on me demande ce qu'ils vont apprendre de nouveau cette année je réponds toujours avec plaisir.
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"Et moi qui
me croyais tranquille pour un bout de temps avec mon chat brun."
- capucine42Érudit
Si poser des questions sur les apprentissages est une intrusion dans la pédagogie comme tu le dis et si ne poser des questions essentiellement sur les sorties scolaires signifie prendre l'école pour un centre de loisirs comme cela a été suggéré à juste titre plus haut, si s'inquiéter, à juste titre aussi, des méthodes de lecture, constitue une remise en question jugée intolérable des PE qui subissent un endoctrinement que je ne nie pas cependant ....quelle est donc la bonne posture de parents à avoir selon vous?
Il ne me viendrait pas à l'idée lors de la réunion parents/équipe pédagogique de dire: "J'applique le programme 2017, allez voir ce qu'il en est."
Il ne me viendrait pas à l'idée lors de la réunion parents/équipe pédagogique de dire: "J'applique le programme 2017, allez voir ce qu'il en est."
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