- MédéeÉrudit
Bonjour,
Tout est dans le titre ! Par exemple comme Charles et Emma qui ont une vision différente du bonheur dans Madame Bovary.
Je cherche un texte dans le même genre, assez simple à comprendre, pour pouvoir le donner en DS. Je pensais au passage entre Théodore et Félicité dans Un coeur simple, mais j'ai peur qu'ils n'arrivent pas à en tirer beaucoup d'idées (et c'est aussi passer à côté de l'intérêt de l'extrait que de l'étudier comme ça !)
Si quelqu'un a une idée....!
Merci d'avance
Tout est dans le titre ! Par exemple comme Charles et Emma qui ont une vision différente du bonheur dans Madame Bovary.
Je cherche un texte dans le même genre, assez simple à comprendre, pour pouvoir le donner en DS. Je pensais au passage entre Théodore et Félicité dans Un coeur simple, mais j'ai peur qu'ils n'arrivent pas à en tirer beaucoup d'idées (et c'est aussi passer à côté de l'intérêt de l'extrait que de l'étudier comme ça !)
Si quelqu'un a une idée....!
Merci d'avance
- cannelle21Grand Maître
Il y a le récit cadre de la nouvelle La Rempailleuse, de Maupassant.
C'était la fin du dîner d'ouverture de chasse chez le marquis de Bertrans. Onze chasseurs, huit jeunes femmes et le médecin du pays étaient assis autour de la grande table illuminée, couverte de fruits et de fleurs.
On vint à parler d'amour, et une grande discussion s'éleva, l'éternelle discussion, pour savoir si on pouvait aimer vraiment une fois ou plusieurs fois. On cita des exemples de gens n'ayant jamais eu qu'un amour sérieux ; on cita aussi d'autres exemples de gens ayant aimé souvent, avec violence. Les hommes, en général, prétendaient que la passion, comme les maladies, peut frapper plusieurs fois le même être, et le frapper à le tuer si quelque obstacle se dresse devant lui. Bien que cette manière de voir ne fût pas contestable, les femmes, dont l'opinion s'appuyait sur la poésie bien plus que sur l'observation, affirmaient que l'amour, l'amour vrai, le grand amour, ne pouvait tomber qu'une seule fois sur un mortel, qu'il était semblable à la foudre, cet amour, et qu'un coeur touché par lui demeurait ensuite tellement vidé, ravagé, incendié, qu'aucun autre sentiment puissant, même aucun rêve, n'y pouvait germer de nouveau.
Le marquis, ayant aimé beaucoup, combattait vivement cette croyance :
- Je vous dis, moi, qu'on peut aimer plusieurs fois avec toutes ses forces et toute son âme. Vous me citez des gens qui se sont tués par amour, comme preuve de l'impossibilité d'une seconde passion. Je vous répondrai que, s'ils n'avaient pas commis cette bêtise de se suicider, ce qui leur enlevait toute chance de rechute, ils se seraient guéris ; et ils auraient recommencé, et toujours, jusqu'à leur mort naturelle. Il en est des amoureux comme des ivrognes. Qui a bu boira - qui a aimé aimera. C'est une affaire de tempérament, cela.
On prit pour arbritre le docteur, vieux médecin parisien retiré aux champs, et on le pria de donner son avis.
Justement il n'en avait pas :
- Comme l'a dit le marquis, c'est une affaire de tempérament ; quant à moi, j'ai eu connaissance d'une passion qui dura cinquante-cinq ans sans un jour de répit, et qui ne se termina que par la mort.
La marquise battit des mains.
- Est-ce beau cela ! Et quel rêve d'être aimé ainsi ! Quel bonheur de vivre cinquante-cinq ans tout enveloppé de cette affection acharnée et pénétrante ! Comme il a dû être heureux et bénir la vie celui qu'on adora de la sorte !
Le médecin sourit :
- En effet, Madame, vous ne vous trompez pas sur ce ce point, que l'être aimé fut un homme. Vous le connaissez, c'est M. Chouquet, le pharmacien du bourg. Quant à elle, la femme, vous l'avez connue aussi, c'est la vieille rempailleuse de chaises qui venait tous les ans au château. Mais je vais me faire mieux comprendre.
L'enthousiasme des femmes était tombé ; et leur visage dégoûté disait : "Pouah !", comme si l'amour n'eût dû frapper que des êtres fins et distingués, seuls dignes de l'intérêt des gens comme il faut.
C'était la fin du dîner d'ouverture de chasse chez le marquis de Bertrans. Onze chasseurs, huit jeunes femmes et le médecin du pays étaient assis autour de la grande table illuminée, couverte de fruits et de fleurs.
On vint à parler d'amour, et une grande discussion s'éleva, l'éternelle discussion, pour savoir si on pouvait aimer vraiment une fois ou plusieurs fois. On cita des exemples de gens n'ayant jamais eu qu'un amour sérieux ; on cita aussi d'autres exemples de gens ayant aimé souvent, avec violence. Les hommes, en général, prétendaient que la passion, comme les maladies, peut frapper plusieurs fois le même être, et le frapper à le tuer si quelque obstacle se dresse devant lui. Bien que cette manière de voir ne fût pas contestable, les femmes, dont l'opinion s'appuyait sur la poésie bien plus que sur l'observation, affirmaient que l'amour, l'amour vrai, le grand amour, ne pouvait tomber qu'une seule fois sur un mortel, qu'il était semblable à la foudre, cet amour, et qu'un coeur touché par lui demeurait ensuite tellement vidé, ravagé, incendié, qu'aucun autre sentiment puissant, même aucun rêve, n'y pouvait germer de nouveau.
Le marquis, ayant aimé beaucoup, combattait vivement cette croyance :
- Je vous dis, moi, qu'on peut aimer plusieurs fois avec toutes ses forces et toute son âme. Vous me citez des gens qui se sont tués par amour, comme preuve de l'impossibilité d'une seconde passion. Je vous répondrai que, s'ils n'avaient pas commis cette bêtise de se suicider, ce qui leur enlevait toute chance de rechute, ils se seraient guéris ; et ils auraient recommencé, et toujours, jusqu'à leur mort naturelle. Il en est des amoureux comme des ivrognes. Qui a bu boira - qui a aimé aimera. C'est une affaire de tempérament, cela.
On prit pour arbritre le docteur, vieux médecin parisien retiré aux champs, et on le pria de donner son avis.
Justement il n'en avait pas :
- Comme l'a dit le marquis, c'est une affaire de tempérament ; quant à moi, j'ai eu connaissance d'une passion qui dura cinquante-cinq ans sans un jour de répit, et qui ne se termina que par la mort.
La marquise battit des mains.
- Est-ce beau cela ! Et quel rêve d'être aimé ainsi ! Quel bonheur de vivre cinquante-cinq ans tout enveloppé de cette affection acharnée et pénétrante ! Comme il a dû être heureux et bénir la vie celui qu'on adora de la sorte !
Le médecin sourit :
- En effet, Madame, vous ne vous trompez pas sur ce ce point, que l'être aimé fut un homme. Vous le connaissez, c'est M. Chouquet, le pharmacien du bourg. Quant à elle, la femme, vous l'avez connue aussi, c'est la vieille rempailleuse de chaises qui venait tous les ans au château. Mais je vais me faire mieux comprendre.
L'enthousiasme des femmes était tombé ; et leur visage dégoûté disait : "Pouah !", comme si l'amour n'eût dû frapper que des êtres fins et distingués, seuls dignes de l'intérêt des gens comme il faut.
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- PetraPortoNiveau 10
Jane Eyre, Jane Eyre et le missionnaire : pas la même conception, je crois que c'est Saint John Rivers le clergyman.
- toubyExpert
Carmen et Don José ?
- DeliaEsprit éclairé
Jeanne et Julien, dans une Vie.
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- Paul DedalusNeoprof expérimenté
Relation d'amour très particulière dans le roman de Pierre-Jean Jouve intitulé Le monde désert (1927).
Entre désir charnel, ascétisme, homosexualité et hétérosexualité (c'est une relation triangulaire, deux hommes et une femme). La rencontre des points de vue et la conversion douloureuse de l'amour charnel - en passant par la transfiguration par la création artistique jusqu'à une forme d'ascétisme chrétien - constitue le point central du roman qui peut se lire à deux niveaux.
Peut-être un peu complexe pour les élèves. Mais pour le lycée ça peut aller, ça permet d'introduire la distinction entre amour érotique et amour platonique.
En plus il y a vraiment des passages magnifiques.
(Ci-dessus, une photo de l'adaptation en téléfilm par Pierre Beuchot avec les trois personnages principaux, Baladine, Jacques et Luc)
"J'épouse Baladine.
La règle de ma nouvelle vie, l'ascétisme.
Je vais transposer, délivrer le besoin érotique, je vais faire un prodige, m'envoler à partir de là.
Pas de grande vie sans une grande mutilation. Je me refuserai le bonheur ; le garçon qui passe est ma tentation, je suis l'homme tenté, la tentation sera le ferment de ma vie spirituelle. Je tue et j'aime en même temps. Je transporte tout mon cœur dans la spiritualité."
Pierre-Jean Jouve, Le monde désert, Editions Mercure de France, 1960 (p.109)
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«Primus ego in patriam mecum, modo uita supersit. »
Virgile Georgiques.
« Ma science ne peut être qu’une science de pointillés. Je n’ai ni le temps ni les moyens de tracer une ligne continue. »
Marcel Jousse
- MédéeÉrudit
Merci beaucoup pour vos idées !!
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Rentrée 2024 : Poste fixe ! (et 16e établissement )
2021-2024 : TZR en remplacements courts
2020-2021 : T3 - TZR en AFA : 1 collège 6e, 5e + PP 5e
2019-2020 : T2 - TZR en AFA : 2 collèges 6e, 5e, 4e + PP 5e
2018-2019 : T1 - TZR en AFA : 3 collèges 5e, 4e
2017-2018 : Stagiaire en lycée (2nde x2)
- DeliaEsprit éclairé
(Ci-dessus, une photo de l'adaptation en téléfilm par Pierre Beuchot avec les trois personnages principaux, Baladine, Jacques et Luc.)
Qui sont les comédiens ? Le blond moustachu a un petit air familier mais je n'arrive pas à lui donner un nom;
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- miss sophieExpert spécialisé
On dirait Daniel Auteuil, non ?
- DeliaEsprit éclairé
Un petit tour sur glouglou m'a donné le nom : Daniel Olbrychski.
Je savais bien que je l'avais vu quelque part ! Avec un petit air de Thierry Frémont...
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- IphigénieProphète
sur le site Pierre-Jean Jouve:
http://www.pierrejeanjouve.org/Jouve-Cinema-Medias/Jouve-Cinema-Beuchot/Pierre_Beuchot-adaptation_du_Monde_desert.html
Delia a été plus réactive!
http://www.pierrejeanjouve.org/Jouve-Cinema-Medias/Jouve-Cinema-Beuchot/Pierre_Beuchot-adaptation_du_Monde_desert.html
Delia a été plus réactive!
- virgereNeoprof expérimenté
Je crois, de mémoire, qu'il y a ça aussi dans les Lettres de deux jeunes mariées de Balzac
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