Lettres-sup : Henri IV vs Le Parc (Lyon) ?

Bonjour,

L'une de mes anciennes élèves veut entrer en prépa littéraire à la rentrée prochaine. C'est une excellente élève de notre petit lycée de province dont la classe de L ne dépasse jamais les 14 élèves. Moyenne générale 1ère et Tle entre 16 et 17,2 (mais la classe est très moyenne : il n'y a guère de concurrence solide). Meilleure élève de la classe dans toutes les matières de la prépa. Niveau C1 en anglais attesté par Cambridge au mois de décembre. 17/20 au bac blanc de philo... ÉAF : TPE : 20, Oral français : 20, écrit français : 18, sciences : 17. C'est une élève très motivée par ce projet. Elle envisageait jusque là de demander en voeu 1 le lycée du Parc à Lyon, qui se situe dans notre région (2 heures de route). Certaines personnes lui ont parlé d'Henri IV et laissé entendre qu'elle pourrait peut-être prétendre à une prépa aussi prestigieuse. La question que je me pose est la suivante : être excellente dans un petit lycée de province ne signifie pas que l'on pourra suivre au milieu des excellents de tous horizons, notamment ceux qui ont baigné dans une ambiance exigent et élitiste depuis toujours, encourager cette jeune fille à postuler à Henri IV ne risque-t-il pas de la mettre en difficulté ? Elle hésite en effet beaucoup. Elle craint de ne pas avoir le niveau, de se retrouver au milieu de gens très différents d'elles, beaucoup plus brillants, de surcroît dans une ville éloignée de chez elle qui n'a jamais vécu ni en ville, ni en internat. Nous n'avons pas l'habitude de ce genre de profil. Les élèves brillants de notre lycée sont toujours issus de S et deviennent ingénieurs. Ayant étudié à la fac, je n'ai aucune idée de la capacité de cette jeune fille à réussir une prépa aussi exigeante qu'Henri IV. Je ne voudrais pas l'envoyer au casse-pipe. Même si elle a peu de chances d'être admise, si elle l'est, elle ne pourra pas se défiler puisque ses autres voeux seront alors annulés... En même temps, une telle opportunité s'envisage... Je ne sais quoi lui conseiller...

De mon point de vue de lyonnaise pas très subjective, le Parc est aussi prestigieux et casse-pipe que Henri IV La pression n'est peut-être pas celle du nom, mais le travail demandé est tout aussi intense, et elle aurait au moins le loisir de """décompresser""" plus aisément en rentrant le week-end dans sa famille, même si ce n'est que pour travailler dans sa chambre.

Merci Rime pour cet avis éclairé. Quel choix difficile... Ne connaissant pas ce milieu de la prépa, je me sens démunie pour conseiller...

Le Lycée du Parc à Lyon est très prestigieux aussi, ça n'a rien d'un "petit lycée de province", même s'il est sans doute un cran au dessous d'Henri IV en terme de notoriété.

C'est difficile en effet...Peut-être lui conseiller un rendez-vous avec le cde?

Caspar Goodwood a écrit:Le Lycée du Parc à Lyon est très prestigieux aussi, ça n'a rien d'un "petit lycée de province", même s'il est sans doute un cran au dessous d'Henri IV en terme de notoriété.

C'est difficile en effet...Peut-être lui conseiller un rendez-vous avec le cde?

Le "petit lycée de province", c'est le nôtre, celui d'où est issue cette jeune fille, pas le Parc, que j'estime très prestigieux ! Un rendez-vous avec quel cde ?

Pardon, j'ai mal lu.

Je pensais au cde de ton établissement.

C'est une idée... Ancien prof de gym et lui-même issu de "petits lycées", saura-t-il la conseiller ?

Le Parc est en effet un cran en dessous en terme de notoriété au niveau international et sûrement passé les bornes du centre de la France, mais dans tout le coin centre/Sud-Est il fait quand même figure de générateur d'élites. La formation y est solide, la réputation est très étendue et l'entrée vraiment sélective. A-t-elle envie d'aller à Paris ? C'est une question qui peut sembler bête, mais tout le monde ne rêve pas de la capitale, quand bien même elle offre un sacré bagage blindage si on y survit.

C'est là tout le problème, Rime : elle n'a pas envie d'aller à Paris. La seule motivation pour y aller, serait d'intégrer Henri IV. Il s'agit d'une jeune fille qui a toujours vécu à la campagne dans un petit collège, puis un petit lycée...

Si elle n'a pas envie d'aller à Paris, autant tenter Lyon en effet, inutile de l'envoyer dans un endroit où elle risque d'être malheureuse. Les "certaines personnes" qui lui ont parlé d'Henri IV n'y connaissent peut-être rien, en dehors de "tu es bonne élève, tu peux aller à Henri IV".

Il me semblait que le parc était meilleur pour les classes prepa scientifiques que pour les littéraires. N'est-ce pas Herriot qui fournit une meilleure préparation ? C'est une vraie question.

Il serait plus juste d'écrire : elle n'a pas spécialement envie d'aller à Paris. Spontanément, elle ne l'aurait pas souhaité.

belote a écrit:Il me semblait que le parc était meilleur pour les classes prepa scientifiques que pour les littéraires. N'est-ce pas Herriot qui fournit une meilleure préparation ? C'est une vraie question.

Il semblerait que les résultats du Parc soient meilleurs en terme d'intégration à normale sup.

Je déconseillerai tout de suite Paris ... Ce n'est pas se fermer une porte que de faire le Parc, loin de là! Mais résister en prépa est une chose, en prépa prestigieuse une autre, en prépa à Paris quand on ne veut pas y vivre, c'est pratiquement impossible. Comme dit Caspar, elle risque d'y être malheureuse, et j'ajouterai qu'elle y sera seule, ce qui est très difficile quand on vient d'un petit établissement..

Edit. Je ne connais pas celle d'Herriot, les élèves ou amis que je connais qui sont passés par le Parc ont généralement ensuite intégré Ulm ou Cachan dans mes souvenirs.

Le Parce, c'est comme HIV, moins le réseautage parisien.

Pourquoi pas une plus petite prépa : les Maristes sont très bien, à taille humaine, pas très chers, et ils intègrent.

HIV :lol:

Ou Champollion si elle aime Grenoble

HIV... Ça fait envie...

La différence entre les CPGE est très simple : les CPGE les mieux classées dans les classements comme le classement de l'Étudiant (lien) ont le privilège d'attirer les candidatures des élèves les plus brillants et peuvent choisir la crème de la crème; les autres CPGE recrutent le reste des étudiants : ceux qui sont brillants, mais préfèrent rester proche de leur domicile, et tout ceux qui sont moins brillants.

La centralisation des candidatures par APB a accentué le phénomène, puisqu'il n'y a aujourd'hui aucun danger à demander les trépas les plus côtées, même si on a peu de chance d'y être accepté, ce qui n'était pas nécessairement le cas avec le système décentralisé auparavant.

Partant de ces prémisses, il serait surprenant que les meilleurs dossiers à l'entrée en prépa ne se transforme pas en meilleure réussite à la sortie. Surprise ! C'est effectivement ce qu'on observe.

Les années de prépa sont des années de travail très intenses, qui peuvent s'avérer passionnantes pour les étudiants qui s'épanouissent dans leur travail, avec ce sentiment gratifiant de découvrir pleinement des domaines intellectuels exigeants. D'autres peuvent être débordés par l'intensité du rythme... qui est décourageant dès lors que l'on subit sans se passionner pour les matières étudiées.

Dans le classement cité en référence, la prépa du Parc est classé 7-ème de France, avec entre 4 et 10 élèves (sur une quarantaine) qui intègrent l'ENS chaque année. Ce sont des résultats exceptionnels. Certes, ils sont loin derrière Henri IV qui font intégrer entre un tiers et la moitié de leur centaine d'étudiants.

Mais il faut bien retenir qu'à priori, les dossiers retenus à Henri IV sont d'un niveau sensiblement supérieurs aux dossiers retenus au Parc. C'est l'élève qui intègre l'ENS (ou une autre école), pas le lycée. Si ton élève est brillante, le choix de la prépa est indifférent : si elle a le niveau pour aller à Henri IV et intégrer, elle intègrera sans doute aussi bien en restant au Parc. Les cours ne sont ni meilleurs, ni pire dans l'un ou l'autre prépa. Ce sont les élèves d'Henri IV qui sont meilleurs en arrivant en prépa, donc qui réussissent mieux à la sortie.

La meilleure question à se poser, c'est surtout de savoir comment cette élève s'organisera : préfèrera-t-elle jouer la carte du prestige maximal ou de la proximité (quoique deux heures de transport rendent la proximité très relative...) ? Autre question à se poser : compte tenu de son caractère, pensez vous qu'elle saura s'intégrer sans trop de difficulté dans un environnement très différent ? Si elle a un caractère ouvert et extravertie, nul doute qu'elle saura s'adapter quelles que soient les circonstances.

Quoiqu'il en soit, si elle demande le lycée Henri IV et qu'elle y est admise, c'est que la commission estime qu'elle a le niveau requis : nul besoin de faire un complexe d'infériorité par rapport à ses futurs condisciples.

...puisqu'il n'y a aujourd'hui aucun danger à demander les trépas les plus côtées,

Le lapsus est savoureux ....pour HIV comment en serait-il autrement?

Merci Br pour cet avis très éclairé. Je n'avais pas vu les choses sous cet angle-là : la réussite d'un "lycée" n'est effectivement pas nécessairement due au fait que la préparation y est meilleure qu'ailleurs : si les élèves recrutés sont meilleurs à l'entrée, ils ont en effet plus de chance de réussir à la sortie.

La question qui demeure cependant est la suivante : les recruteurs ne connaissent pas tous les lycées d'où viennent tous leurs élèves. Avoir 17 de moyenne générale dans un petit lycée ne signifie pas forcément qu'on serait brillant dans un autre qui compte de plus gros effectifs. Comment la commission peut-elle se positionner par rapport à la disparité des lycées de provenance ?

Et... bravo pour ce merveilleux lapsus trépas/prépa...

Je pense que tout cela dépend du caractère de la jeune fille et de ses objectifs:
On peut tout à fait étudier en première année à Paris et ensuite repartir en province en Khagne, mais certains le vivent mal, considérant qu'ils ont démérité. D'autres vivent si mal leur année à Paris qu'ils peuvent abîmer leur santé.
J'ai vu en Hypokhagne des étudiants se faire un sang d'encre pour une mauvaise note d'interrogation en latin dès octobre, alors qu'ils étaient optionnaires d'HG. Ils venaient en général de classes littéraires et n'avaient jamais eu de mauvaises notes jusqu'au bac. L'angoisse et le perfectionnisme ont parfois eu raison de leur projet. D'autres, moins intransigeants envers eux mêmes ont su tenir la distance en acceptant de ne pas être au top partout, dès le début.

Marguerite, j'ai été élève en prépa Ulm A/L à Henri IV en venant d'un petit lycée de province. J'avais les mêmes moyennes que ton élève.
Je n'ai pas intégré Normale mais je ne regrette pas mes 3 ans de prépa là bas ! Pour les cours, la vie dans le quartier latin, etc.

Par contre, il faut tout de même du caractère et un certain détachement. Il faut être prêt à cotoyer certains élèves un peu prétentieux ( mais il y a plein de gens sympa aussi ), être prêt à avoir -10 au premier thème latin, avoir 6 en dissert de lettres...
Je suis quelqu'un qui aime travailler seule, qui vit très bien loin de sa famille même si je l'adore, je suis assez solitaire. J'avais 3 amies dans la classe seulement mais ça ne m'a jamais dérangée. Certains élèves ne m'ont jamais parlé mais ça m'importait vraiment peu.

Si tu sens ton élève motivée et forte psychologiquement, tu peux lui conseiller de tenter, c'est quand même une expérience !

Merci Pomée pour ce joli témoignage !

Pareil qu'au-dessus, Le Parc est une excellente prépa, une de celles qui fait jeu égal avec les meilleures parisiennes, il y aura du boulot et des moments de découragement au programme !

Si elle craint de quitter le cocon, rester dans la région lui permettra d'avoir le soutien de ses proches et amis de lycée (bon, Lyon-Paris en TGV c'est deux heures mais ça a un prix).



Les prépas parisiennes offrent l'avantage énorme du cadre culturel. C'est bête, mais en hypokhâgne, les étudiants ont un devoir de culture, et la formation individuelle est essentielle : voir des expos, fréquenter des cinémathèques + nombreux musées et bâtiments. Quand on fréquente les classiques français du XIXe, il est plaisant d'arpenter les lieux décrits.

En outre, elle n'a pas à avoir peur du décalage province/Paris, je le sais d'autant plus pour avoir cette même crainte : les élèves de ma prépa qui avaient fait leur lycée à H4 ou autres n'étaient pas les meilleurs, et du reste dans les grandes prépas parisiennes littéraire, le brassage est de mise, nous venions de toutes les régions.

Le Parc.

Les notes, c'est une chose, mais quelles sont ses capacités de travail ? Sa résistance au stress ? Est-elle fragile émotionnellement ? Est-ce une battante ?

En petit lycée de province, à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire... On peut tomber de haut en prépa. Et mieux vaut tomber à deux heures de chez soi que dans la lointaine capitale.