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- OlympiasProphète
J'enseigne depuis vingt-cinq, et on pourra me raconter tout ce qu'on voudra, la dégradation du niveau est évidente, lorsque je regarde :
- la diversité des catégories sociales lorsque j'étais en prépa pour commencer (il y avait de tout alors qu'aujourd'hui, c'est de plus en plus compliqué pour des élèves de catégories populaires d'y prétendre)
- le niveau de langue des élèves
- le niveau culturel général
- les lectures : inexistantes pour une partie d'entre eux
- l'attitude face au travail : tout ce qui ressemble de près ou de loin à un effort intellectuel pose problème
Apprendre, mémoriser pose problème, lire pose problème, écrire pose problème.
Certains de mes élèves de seconde ne sont même pas capables de faire un exercice de niveau quatrième.
Alors certes, j'ai de l'admiration pour certains métiers d'art, d'artisanat que je trouve extraordinaires, justement parce que je ne saurais jamais faire ça. Je pense qu'il y a diverses manières de réussir sa vie. Mais le prépa-bashing, à l'œuvre depuis des années, à force de papiers sur "le bagne" (c'est connu que c'est une véritable torture la khâgne, c'est trop élitiste...) me débecte profondément. Alors oui, dès qu'un de mes élèves peut y aller et suivre, je l'y pousse. Parce que je ne sais que trop bien tout ce que cela m'a apporté. Que je n'ai pas vécu dans une ambiance où nous marchions sur les autres ! On travaillait à plusieurs.
- la diversité des catégories sociales lorsque j'étais en prépa pour commencer (il y avait de tout alors qu'aujourd'hui, c'est de plus en plus compliqué pour des élèves de catégories populaires d'y prétendre)
- le niveau de langue des élèves
- le niveau culturel général
- les lectures : inexistantes pour une partie d'entre eux
- l'attitude face au travail : tout ce qui ressemble de près ou de loin à un effort intellectuel pose problème
Apprendre, mémoriser pose problème, lire pose problème, écrire pose problème.
Certains de mes élèves de seconde ne sont même pas capables de faire un exercice de niveau quatrième.
Alors certes, j'ai de l'admiration pour certains métiers d'art, d'artisanat que je trouve extraordinaires, justement parce que je ne saurais jamais faire ça. Je pense qu'il y a diverses manières de réussir sa vie. Mais le prépa-bashing, à l'œuvre depuis des années, à force de papiers sur "le bagne" (c'est connu que c'est une véritable torture la khâgne, c'est trop élitiste...) me débecte profondément. Alors oui, dès qu'un de mes élèves peut y aller et suivre, je l'y pousse. Parce que je ne sais que trop bien tout ce que cela m'a apporté. Que je n'ai pas vécu dans une ambiance où nous marchions sur les autres ! On travaillait à plusieurs.
- VerduretteModérateur
Je ne le nierai pas, je le constate même avec désespoir avec ma dernière fille, je vois un écart avec ses sœurs qui ont une dizaine d'années de plus. (et déjà, je me posais la même question à leur sujet, c'est dire !)
Pourtant j'aime lire, je lis beaucoup, je lui ai lu des tas de bouquins quand elle était petite, elle aime le théâtre, la musique (qu'elle pratique), je viens de la traîner visiter le château de la Verrerie au Creusot et après avoir traîné les pieds elle a admiré les cristaux, je lui ai parlé de l'histoire industrielle et elle m'a écouté poliment, mais j'ai néanmoins l'impression que ça rentre par une oreille et que ça sort par l'autre, elle est incroyablement maladroite dans sa façon de s'exprimer, ce qui est une torture pour mes tympans, je ne sais vraiment plus quoi faire à part coller son ordinateur à la poubelle , mais ce serait peut-être un peu extrême... elle s'en sert tout de même un peu pour bosser parfois ...
On ne peut même pas dire qu'elle se gave de co....ries télévisuelles, mais en revanche ça joue en réseau et ça vole bien au ras des pâquerettes Et par ailleurs elle est tout à fait agréable pour une adolescente de 16 ans et demi, ce qui n'a pas l'air d'être toujours le cas, et je ne peux pas être en permanence dans la répression. Je ne peux pas aller m'installer sur une île déserte et la couper totalement de ses pairs, dont on ne peut même pas dire qu'ils sont des wesh wesh de la cité du coin ...
Je n'ai pas le souvenir d'avoir eu une jeunesse austère -enfin si , un peu dans ma famille- mais pas au lycée, l'ambiance était studieuse, mais on rigolait quand même, (j'ai gardé des cahiers de dessins humoristiques sur les profs...). Ce qui semble avoir disparu, c'est le plaisir d'apprendre, de comprendre (pas tout évidemment, j'ai vraiment eu de la chance de ne pas tomber sur un sujet d'optique ou d'électricité au bac ...), et je ne comprends pas d'où vient ce désintérêt de tout ce qui est un tant soit peu scolaire, intellectuel... Je dirais la même chose de mes petits élèves, ils sont peu nombreux à être curieux, intéressés ... pour beaucoup l'école semble un pensum et seuls des sujets très futiles les animent. Qu'avons-nous raté ? Qu'ai je raté, moi, en tout cas, je me pose souvent la question.
Pourtant j'aime lire, je lis beaucoup, je lui ai lu des tas de bouquins quand elle était petite, elle aime le théâtre, la musique (qu'elle pratique), je viens de la traîner visiter le château de la Verrerie au Creusot et après avoir traîné les pieds elle a admiré les cristaux, je lui ai parlé de l'histoire industrielle et elle m'a écouté poliment, mais j'ai néanmoins l'impression que ça rentre par une oreille et que ça sort par l'autre, elle est incroyablement maladroite dans sa façon de s'exprimer, ce qui est une torture pour mes tympans, je ne sais vraiment plus quoi faire à part coller son ordinateur à la poubelle , mais ce serait peut-être un peu extrême... elle s'en sert tout de même un peu pour bosser parfois ...
On ne peut même pas dire qu'elle se gave de co....ries télévisuelles, mais en revanche ça joue en réseau et ça vole bien au ras des pâquerettes Et par ailleurs elle est tout à fait agréable pour une adolescente de 16 ans et demi, ce qui n'a pas l'air d'être toujours le cas, et je ne peux pas être en permanence dans la répression. Je ne peux pas aller m'installer sur une île déserte et la couper totalement de ses pairs, dont on ne peut même pas dire qu'ils sont des wesh wesh de la cité du coin ...
Je n'ai pas le souvenir d'avoir eu une jeunesse austère -enfin si , un peu dans ma famille- mais pas au lycée, l'ambiance était studieuse, mais on rigolait quand même, (j'ai gardé des cahiers de dessins humoristiques sur les profs...). Ce qui semble avoir disparu, c'est le plaisir d'apprendre, de comprendre (pas tout évidemment, j'ai vraiment eu de la chance de ne pas tomber sur un sujet d'optique ou d'électricité au bac ...), et je ne comprends pas d'où vient ce désintérêt de tout ce qui est un tant soit peu scolaire, intellectuel... Je dirais la même chose de mes petits élèves, ils sont peu nombreux à être curieux, intéressés ... pour beaucoup l'école semble un pensum et seuls des sujets très futiles les animent. Qu'avons-nous raté ? Qu'ai je raté, moi, en tout cas, je me pose souvent la question.
- OlympiasProphète
J'ajoute : réfléchir, chercher pose problème. Se concentrer, n'en parlons pas.
Tout à fait d'accord avec ton dernier paragraphe.
Tout à fait d'accord avec ton dernier paragraphe.
- AwottNiveau 10
Olympias a écrit:
Alors certes, j'ai de l'admiration pour certains métiers d'art, d'artisanat que je trouve extraordinaires, justement parce que je ne saurais jamais faire ça. Je pense qu'il y a diverses manières de réussir sa vie.
J'ai rencontré quelques maîtres artisans d'art qui étaient des personnes agréables et cultivés. De grands lecteurs, une curiosité à ce sujet assez tardive mais passionnée.
Olympias a écrit:Mais le prépa-bashing, à l'œuvre depuis des années, à force de papiers sur "le bagne" (c'est connu que c'est une véritable torture la khâgne, c'est trop élitiste...) me débecte profondément.
Je n'ai pas l'impression que ce soit du "bashing" bien souvent on souligne qu'il faudra bosser pour réussir ... et pour beaucoup fournir le moindre effort, c'est le bagne.
Que je n'ai pas vécu dans une ambiance où nous marchions sur les autres ! On travaillait à plusieurs.
Je suis convaincu qu'un haut niveau d'exigence favorise la coopération, c'est lorsqu'on vivote dans quelques choses d'un peu léger, lorsque les gains se font à la marge, que l'on cherche à marcher sur son voisin.
- boris vassilievGrand sage
Lorsque je fais lire des copies (du bac ou pas) à mon père, titulaire du certificat d'études et d'un CAP électricien du début des années 1960, la remarque est toujours la même : ce n'est pas du français ! Et la conclusion : à quoi bon financer des scolarités de plus en plus longues pour un tel gâchis, et à quoi bon enseigner des trucs compliqués alors que les élèves savent à peine comprendre et écrire dans leur langue.
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On a beau dire, y'a pas seulement que de la pomme, y'a autre chose : ça serait pas des fois de la betterave, hein ? Si, y'en a aussi... (Jean Lefebvre / Lino Ventura, Les Tontons flingueurs, 1963, Michel Audiard évidemment, à propos du... "bizarre").
- VerduretteModérateur
Les témoignages de mes amies de lycée qui ont fait maths-sup-bio au Lycée La Fontaine à Paris (en 1980) ou celui du fils d'un ami, bien plus récemment, à Daniélou, (vers 1995) montrent une rivalité sauvage.... (le gamin a eu un accident peu après la rentrée avec une mauvaise fracture et une hospitalisation, on ne lui a pas fait de cadeau pour rattraper les cours).
- SulfolobusÉrudit
C'était il y a plus de 20 ans.
On est nombreux à ne pas avoir connu la moindre rivalité en prépa.
On est nombreux à ne pas avoir connu la moindre rivalité en prépa.
- nouvelle78Niveau 8
boris vassiliev a écrit:Lorsque je fais lire des copies (du bac ou pas) à mon père, titulaire du certificat d'études et d'un CAP électricien du début des années 1960, la remarque est toujours la même : ce n'est pas du français ! Et la conclusion : à quoi bon financer des scolarités de plus en plus longues pour un tel gâchis, et à quoi bon enseigner des trucs compliqués alors que les élèves savent à peine comprendre et écrire dans leur langue.
ma grand mère qui n'a pas dépassé le "certif" comme elle disait, avait une magnifique écriture très lisible (parfois je n'arrive même pas à lire certains de mes élèves!) et ne faisait absolument aucune faute d'orthographe... l'école primaire remplissait son rôle de poser les bases... Ma fille, pourtant 1ère de sa classe, va entrer en 6ème et son orthographe est loin d'être irréprochable (et ça m'énerve d'ailleurs!)
- archebocEsprit éclairé
nouvelle78 a écrit:boris vassiliev a écrit:Lorsque je fais lire des copies (du bac ou pas) à mon père, titulaire du certificat d'études et d'un CAP électricien du début des années 1960, la remarque est toujours la même : ce n'est pas du français ! Et la conclusion : à quoi bon financer des scolarités de plus en plus longues pour un tel gâchis, et à quoi bon enseigner des trucs compliqués alors que les élèves savent à peine comprendre et écrire dans leur langue.
ma grand mère qui n'a pas dépassé le "certif" comme elle disait, avait une magnifique écriture très lisible (parfois je n'arrive même pas à lire certains de mes élèves!) et ne faisait absolument aucune faute d'orthographe... l'école primaire remplissait son rôle de poser les bases... Ma fille, pourtant 1ère de sa classe, va entrer en 6ème et son orthographe est loin d'être irréprochable (et ça m'énerve d'ailleurs!)
Une dictée par semaine, avec mes deux globules aînés, en CM1 et CM2. C'était le samedi matin. On a tenu le temps qu'il a fallu, c'est-à-dire un trimestre. L'orthographe a fait des progrès fulgurant. Une seule condition : toutes les règles étaient parfaitement en place. C'était l'application qui manquait d'automatisme.
- Dr RaynalHabitué du forum
Sulfolobus a écrit:
On est nombreux à ne pas avoir connu la moindre rivalité en prépa.
Je confirme. Même il y a plus de 20 ans (hélas).
- La YoyeNiveau 2
Sulfolobus a écrit:
On est nombreux à ne pas avoir connu la moindre rivalité en prépa.
On est aussi nombreux à l'avoir connu, malheureusement...
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« Tout apprentissage est un temps de clôture. »
- R. M. Rilke
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