- henrietteMédiateur
Un article qui donne des éléments d'information.
L’instituteur qui faisait étudier la Bible n’est toujours pas réintégré
https://www.la-croix.com/amp/1201080875
L’instituteur qui faisait étudier la Bible n’est toujours pas réintégré
https://www.la-croix.com/amp/1201080875
"Je viens d’une famille très anticléricale, des instituteurs depuis quatre générations. Dans les années 1960, quand mon grand-père évoquait le baptême de Clovis, pas un seul de ses élèves n’aurait levé la main pour demander “c’est quoi un baptême ?” » Mais Matthieu Faucher a fait le constat, en sondant ses élèves, qu’« au minimum 80 % d’entre eux ignorent ce qu’est un baptême ». Il a alors estimé nécessaire de leur donner des « clés de compréhension de cette culture religieuse qui échappe de plus en plus aux jeunes ».
L’instituteur a donc mis en place, dans sa classe de CM1-CM2, une séance de 10 heures, étendue sur trois semaines, consacrée à l’étude de la Bible. « J’ai présenté une sorte de “best-of ” de l’Ancien et du Nouveau Testament, pour la plupart issu des manuels scolaires. » Une pratique qui n’aurait pas dû poser de problème selon Isabelle Saint Martin, ancienne directrice de L’Institut européen en sciences des religions (IESR) et auteure de Peut-on parler des religions à l’école ? : « Il est licite de lire des extraits bibliques à l’école » affirme la spécialiste.
En juillet 2019, le tribunal administratif de Limoges ordonne l’annulation de sa sanction disciplinaire et sa réintégration à Malicornay. Mais deux mois plus tard, le ministère de l’éducation fait appel et demande un sursis d’exécution. Malgré le rejet de ce sursis par la cour d’appel de Bordeaux, il n’a toujours pas retrouvé sa classe et attend la date de son audience.
- ErnstNiveau 6
.
- ProvenceEnchanteur
Certains élèves ignorent ce qu'est un baptême ou une confession, ne connaissent pas l'histoire d'Adam et Ève, n'ont jamais entendu parler de Jésus. Avant de parler d'ouverture, il faut déjà connaître certaines références culturelles. Ce sont des églises qu'on trouve au milieu des villages, pas des temples shintoïstes. Je le vérifie chaque année en 6e: cet enseignement portant sur la culture biblique est nécessaire si on veut lutter contre l'inculture.Ernst a écrit:Certains manuels scolaires intègrent bien - en Lettres et en Philosophie - des textes bibliques. Certains, dans un souci d'ouverture, intègrent aussi des textes issus d'autres religions ou spiritualités, ce que je trouve louable.
Dix heures sur une année, excessif? Mais pourquoi donc? Lire des textes, travailler le vocabulaire prend du temps. Je n'ai pas quantifié le temps que je passe sur le sujet, mais je dois bien consacrer dix heures, au moins, sur le sujet, avec mes 6e. Idem avec les Fables ou l'Odyssée.En revanche, consacrer une séquence entière à l'étude de la Bible (10h/3 semaines) me paraît, en effet, excessif.
Pas moi. Je ne comprends pas qu'on s'insurge contre un cours à visée littéraire et culturelle.Dans ces proportions, je comprends que certains s'insurgent.
Les références religieuses, dans la littérature patrimoniale, sont judéo-chrétiennes. Je ne vois pas le rapport avec le "monde pluriel" dans lequel nous vivons, quoi que puisse désigner cette expression.En déduire que les jeunes d'aujourd'hui doivent se voir rappeler les notions chrétiennes, cela est bien différent. Nous vivons dans un monde pluriel, y compris dans nos salles de classe, y compris à la campagne (et je connais bien Malicornay, pour le coup).
Ça aurait été totalement incohérent au contraire. Si on étudie des mythes fondateurs, ce n'est pas pour transformer l'étude en panorama des différentes religions: ça n'aurait pas sa place dans un cours de français.Cet enseignant a-t-il conduit la même séquence à propos des autres religions, au moins celles les plus répandues en France ? Cela aurait eu le mérite de la cohérence.
Il va falloir mettre bien des auteurs à l'index si l'aspect religieux effraie tant.Et le cas échéant, cet enseignement ne relèverait-il pas plutôt d'un cours de culture religieuse, ayant sa place dans un établissement confessionnel, non à l'école publique ?
Tu devrais jeter un œil aux manuels de 6e, par exemple le TLD où on en trouve un certain nombre. L'argument est curieux: pourquoi l'enseignant aurait-il dû fournir pareille information?La séquence est présenté comme une "compilation" d'extraits trouvés dans des manuels. Ces extraits ne courent pas les rues non plus... Il ne précise pas dans quels manuels il a pu les trouver !
Un article intéressant sur le sujet:
https://www.atlantico.fr/decryptage/3587512/instituteur-de-malicornay--a-quoi-joue-l-education-nationale--rene-chiche?fbclid=IwAR2pqhJKRHpv78JT5Ay1ry1Di5nk3psgMhnsYn06rzNASnNpDuoZ65XTI5A
- DeliaEsprit éclairé
Ne pas confondre culture religieuse et catéchèse. Le première a sa place dans l'EN, où elle fit son entrée dans les années 90, sous l'impulsion de Régis Debray, la seconde est l'affaire des croyants, toutes confessions confondues.
Sans un minimum de culture religieuse, comment saisir la malice de ces lignes de Candide ?
Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu’il put pendant cette boucherie héroïque.
Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum, chacun dans son camp, il prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes
Je n'ai jamais oublié ce candidat aux EAF qui ignorant ce qu'est un Te Deum n'avait pu décoder le sous entendu !
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- Isis39Enchanteur
Il n'y a pas qu'en français qu'on étudie la bible. On le fait en histoire dans l'étude de la naissance du judaïsme et du christianisme. Couplé avec le français, on dépasse largement les 10h par an.
- F.LemoineÉrudit
Ernst a écrit:
En revanche, consacrer une séquence entière à l'étude de la Bible (10h/3 semaines) me paraît, en effet, excessif. Dans ces proportions, je comprends que certains s'insurgent.
Mais je consacre bien plus de 10 heures à la Bible depuis plus de 25 ans, dans un collège qui fourmille de petits musulmans. Ça n'a jamais posé aucun problème ! Et les élèves adorent ces histoires...
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"La vie est mêlée de traverses. Il est bon de s'y tenir sans cesse préparé." (Molière, Les Fourberies de Scapin).
- lene75Prophète
Avec mes TL je passe facilement 30h sur Socrate, dont une bonne vingtaine sur le seul Criton (à quoi il faut ajouter les allusions ponctuelles dans l'année) car ce sont des textes fondateurs de la philosophie. Passer à peine 1/3 de ce temps sur des textes bibliques, auxquels on retrouve des allusions partout dans la littérature et l'art, me paraît loin d'être excessif. Faut-il rappeler par ailleurs qu'un certain nombre d'épisodes parmi les plus célèbres se retrouvent dans plusieurs religions ?
À l'université, c'est un mouvement contre les textes sexistes qui est en train de se développer.
À force la censure va toucher des pans entiers de la culture, qui ne sera plus accessible qu'aux initiés.
À l'université, c'est un mouvement contre les textes sexistes qui est en train de se développer.
À force la censure va toucher des pans entiers de la culture, qui ne sera plus accessible qu'aux initiés.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- F.LemoineÉrudit
Delia a écrit:
Sans un minimum de culture religieuse, comment saisir la malice de ces lignes de Candide ?
Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu’il put pendant cette boucherie héroïque.
Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum, chacun dans son camp, il prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes
Et que dire du premier chapitre, qui est une réécriture du début de la Genèse ?
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"La vie est mêlée de traverses. Il est bon de s'y tenir sans cesse préparé." (Molière, Les Fourberies de Scapin).
- DesolationRowEmpereur
A l'université, je ne vois guère de mouvement contre les textes sexistes, à vrai dire.
10h, ça me paraît un petit minimum pour traiter de la culture biblique. Quand je vois les lacunes abyssales de certains étudiants (y compris d'extrêmement brillants) en ce domaine, et le handicap que cela constitue pour suivre un cours d'histoire ou de littérature...
10h, ça me paraît un petit minimum pour traiter de la culture biblique. Quand je vois les lacunes abyssales de certains étudiants (y compris d'extrêmement brillants) en ce domaine, et le handicap que cela constitue pour suivre un cours d'histoire ou de littérature...
- epekeina.tes.ousiasModérateur
DesolationRow a écrit:A l'université, je ne vois guère de mouvement contre les textes sexistes, à vrai dire.
10h, ça me paraît un petit minimum pour traiter de la culture biblique. Quand je vois les lacunes abyssales de certains étudiants (y compris d'extrêmement brillants) en ce domaine, et le handicap que cela constitue pour suivre un cours d'histoire ou de littérature...
Ni contre — ni pour, d'ailleurs…
Et évidemment: 10h, ça n'est pas un “excès” (excès par rapport à quelle norme d'ailleurs?). Bien mauvais procès que celui-là…
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Si tu vales valeo.
- IphigénieProphète
Mais en fait si une majorité ignore les références bibliques il va devenir très difficile d’expliquer qu’on a des références bibliques un peu partout.
C’est fascinant comme les cultures se détruisent d’elles mêmes : après la culture greco latine c’est assez normal qu’on efface la culture judéo-chrétienne chrétienne : allez! Plus que quelques siècles et on oubliera la culture mac Donatienne et les références disneyennes: le monde comme il va, comme disait je ne sais plus qui je ne sais plus quand....
En tout ça moi ce qui me fascine dans cette histoire c’est que le ministère fasse appel d’un jugement du tribunal administratif: pour qu’elle raison? Blasphème envers les décisions d’un recteur?
C’est fascinant comme les cultures se détruisent d’elles mêmes : après la culture greco latine c’est assez normal qu’on efface la culture judéo-chrétienne chrétienne : allez! Plus que quelques siècles et on oubliera la culture mac Donatienne et les références disneyennes: le monde comme il va, comme disait je ne sais plus qui je ne sais plus quand....
En tout ça moi ce qui me fascine dans cette histoire c’est que le ministère fasse appel d’un jugement du tribunal administratif: pour qu’elle raison? Blasphème envers les décisions d’un recteur?
- OudemiaBon génie
Et tant d'autres mots qui sont paraissent si communs !Provence a écrit:Certains élèves ignorent ce qu'est un baptême ou une confession, ne connaissent pas l'histoire d'Adam et Ève, n'ont jamais entendu parler de Jésus. Avant de parler d'ouverture, il faut déjà connaître certaines références culturelles. Ce sont des églises qu'on trouve au milieu des villages, pas des temples shintoïstes. Je le vérifie chaque année en 6e: cet enseignement portant sur la culture biblique est nécessaire si on veut lutter contre l'inculture.Ernst a écrit:Certains manuels scolaires intègrent bien - en Lettres et en Philosophie - des textes bibliques. Certains, dans un souci d'ouverture, intègrent aussi des textes issus d'autres religions ou spiritualités, ce que je trouve louable.
Pour rester dans l'actualité Mardi-gras, par exemple, particulièrement difficile à comprendre quand à tant d'endroits, en plus, on fête carnaval n'importe quand (on m'a parlé d'une ville qui l'avait placé
Provence a écrit:Ça aurait été totalement incohérent au contraire. Si on étudie des mythes fondateurs, ce n'est pas pour transformer l'étude en panorama des différentes religions: ça n'aurait pas sa place dans un cours de français.Ernst a écrit: Cet enseignant a-t-il conduit la même séquence à propos des autres religions, au moins celles les plus répandues en France ? Cela aurait eu le mérite de la cohérence.
Citons l'excellente réplique de Provence supra :
Avec ça, tout est dit.Ce sont des églises qu'on trouve au milieu des villages, pas des temples shintoïstes.
N'oublions pas qu'il s'agit d'un instituteur et d'élèves de CM, qui ont tout à apprendre sur ce qui les entoure, c'est bien d'un enseignement élémentaire qu'il s'agit.
- lene75Prophète
DesolationRow a écrit:A l'université, je ne vois guère de mouvement contre les textes sexistes, à vrai dire.
Il y a des groupuscules, assez actifs sur facebook, qui perturbent des cours et essaient d'en faire interdire (en s'en prenant au prof plus qu'aux textes). À Toulouse, notamment, il me semble, concernant la philo, mais j'ai suivi ça de loin, donc je me trompe peut-être d'université. Il est possible de s'infiltrer dans leurs groupes facebook, mais difficile d'y rester bien longtemps si on participe aux discussions, parce que qui n'est pas d'accord se fait rapidement exclure.
Dans un autre registre mais c'est un peu le même principe, il y a eu une affaire avec un prof de philo accusé d'être sympathisant du RN parce qu'il avait été vu à la manif pour tous dont les étudiants ont réussi à faire annuler le séminaire, la direction de l'université l'ayant officiellement annulé par mesure de précaution à cause du désordre que cela occasionnait dans l'université et des risques de dérapage, mais le résultat est bien que les étudiants agitateurs ont réussi à obtenir l'annulation de son séminaire en raison d'une supposée appartenance politique personnelle dont il ne faisait pas état dans ses cours.
Pour moi tout ça participe d'une seule et même évolution des mentalités : il ne faut choquer personne et tout ce qui pourrait choquer l'un ou l'autre doit être exclu de l'enseignement et de la culture commune.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- OudemiaBon génie
Oui, c'est hallucinant, et tu pourrais bien avoir raisonIphigénie a écrit:Mais en fait si une majorité ignore les références bibliques il va devenir très difficile d’expliquer qu’on a des références bibliques un peu partout.
C’est fascinant comme les cultures se détruisent d’elles mêmes : après la culture greco latine c’est assez normal qu’on efface la culture judéo-chrétienne chrétienne : allez! Plus que quelques siècles et on oubliera la culture mac Donatienne et les références disneyennes: le monde comme il va, comme disait je ne sais plus qui je ne sais plus quand....
En tout ça moi ce qui me fascine dans cette histoire c’est que le ministère fasse appel d’un jugement du tribunal administratif: pour quelle raison? Blasphème envers les décisions d’un recteur?
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Qu'il y ait des groupuscules d'idéologues plus ou moins sectaires, capables de brutalité et de réactions fanatiques, ça n'est tout de même pas tout à fait une grande nouveauté dans les Universités… Et qu'il y en ait d'extrême gauche comme d'extrême droite, ça n'est pas non plus tout nouveau…
Ce qui est plus nouveau, c'est que les actuels moyens de “communication” leur donne la possibilité de crier plus fort leurs sornettes et de menacer de façon plus agressives ceux qui n'écoutent pas leurs billevesées. À part ça, évidemment, le contenu desdites crétineries en question varie infiniment (suivant les lieux, les temps, etc.).
Ce qui est plus nouveau, c'est que les actuels moyens de “communication” leur donne la possibilité de crier plus fort leurs sornettes et de menacer de façon plus agressives ceux qui n'écoutent pas leurs billevesées. À part ça, évidemment, le contenu desdites crétineries en question varie infiniment (suivant les lieux, les temps, etc.).
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Si tu vales valeo.
- SphinxProphète
Faut quand même pas confondre enseigner les valeurs chrétiennes et enseigner les faits culturels chrétiens. Le premier n'est pas notre boulot, le second est simplement une brique nécessaire pour que les élèves comprennent une toute petite fraction des textes et tableaux qu'on va devoir leur faire découvrir pendant tout le reste de leur scolarité. Je ne sais pas mais ça me semble une évidence Et franchement, dix heures sur le sujet, ce n'est tellement rien...
Pour moi, athée convaincue fille d'athées convaincus, qui n'ai jamais fichu le pied dans un cours de catéchisme de ma vie, j'estime qu'un élève de primaire n'arrive pas bien préparé à la fin de son cycle 3 s'il ne connaît pas les faits suivants (pas besoin de lire la Bible, hein, des résumés de dix lignes adaptés à l'âge suffisent, et je parle bien d'apprendre ça comme des petits contes, pas d'en faire une exégèse philosophique ou théologique) :
1) La création du monde et de l'homme
2) Adam, Eve et le péché originel
3) Abel et Caïn
4) la tour de Babel
5) le déluge et l'arche de Noé
6) le sacrifice d'Abraham
7) Moïse, l'exode et les tables de la loi
8) David et Goliath
9) le jugement de Salomon
10) la pauvreté de Job
11) Esaü et le plat de lentilles
12) Jonas et la baleine
13) la naissance de Jésus (et l'origine de Noël et de l'Epiphanie) (+ Hérode et le massacre des Innocents, la fuite en Egypte)
14) Jean le Baptiste et l'origine du baptême
15) la Cène
16) la trahison de Judas (l'arrestation, Ponce Pilate...)
17) la Passion
18) la résurrection et l'origine de Pâques
En tout cas c'est extrêmement facile d'arriver à une vingtaine de petits épisodes indispensables.
Au cours de la scolarité secondaire, ça me semble assez indispensable, si on ne veut pas se retrouver complètement paumé face aux textes à étudier ou tout simplement face à certains mots ou expressions de la langue française, d'entendre aussi parler un jour de : Sodome et Gomorrhe, Joseph vendu par ses frères, les trompettes de Jéricho, David et Bethsabée, Esther et Assuérus, Judith et Holopherne, Daniel dans la fosse aux lions, Suzanne et les vieillards, le festin de Balthazar, quelques aventures du Christ (comme la résurrection de Lazare, la pêche miraculeuse, les noces de Cana, la multiplication des pains, la marche sur les eaux, Marie Madeleine, Salomé, l'origine de la Pentecôte, le repas chez Emmaüs), l'histoire des principaux saints comme Pierre ou Paul, ce qu'est un évangéliste et comment on les représente, quelques notions de l'Apocalypse, ce que c'est que le carême, etc.
Et je pense qu'on peut commencer à se dire vaguement cultivé le jour où on sait qui est Tobie (ou qui sont les prophètes), ce que sont les Maccabées, ce qu'est un psaume, ce que dit (en gros) l'Ecclésiaste, ou le Cantique des Cantiques et ce que veulent vraiment dire trinité ou péché originel.
Et puis quelque part là-dedans, quelques notions de liturgie et d'organisation religieuse. J'ai des élèves qui ne savent pas la différence entre une église et une cathédrale (la basilique, elle, se met sur la pizza), qui ne comprennent pas pourquoi l'évêque Mgr Myriel dans Les Misérables est important (et donc ne prennent pas la mesure de son humilité) et ensuite le confondent allègrement avec l'aumônier du Dernier Jour d'un Condamné. Plus loin dans Les Misérables, quel est ce machin dans lequel Valjean cache Cosette, un couvent ? D'autres classes à qui je dois faire tout un laïus pour expliquer le titre des Confessions de Rousseau (qu'ils ne sachent rien de Saint-Augustin, c'est une chose, mais pour eux le mot de confession n'évoque pas grand chose non plus). En cinquième, quand on fait le Moyen-Âge, ne parlons pas des moines ou des ermites...
J'en oublie des tas certainement...
Pour moi, athée convaincue fille d'athées convaincus, qui n'ai jamais fichu le pied dans un cours de catéchisme de ma vie, j'estime qu'un élève de primaire n'arrive pas bien préparé à la fin de son cycle 3 s'il ne connaît pas les faits suivants (pas besoin de lire la Bible, hein, des résumés de dix lignes adaptés à l'âge suffisent, et je parle bien d'apprendre ça comme des petits contes, pas d'en faire une exégèse philosophique ou théologique) :
1) La création du monde et de l'homme
2) Adam, Eve et le péché originel
3) Abel et Caïn
4) la tour de Babel
5) le déluge et l'arche de Noé
6) le sacrifice d'Abraham
7) Moïse, l'exode et les tables de la loi
8) David et Goliath
9) le jugement de Salomon
10) la pauvreté de Job
11) Esaü et le plat de lentilles
12) Jonas et la baleine
13) la naissance de Jésus (et l'origine de Noël et de l'Epiphanie) (+ Hérode et le massacre des Innocents, la fuite en Egypte)
14) Jean le Baptiste et l'origine du baptême
15) la Cène
16) la trahison de Judas (l'arrestation, Ponce Pilate...)
17) la Passion
18) la résurrection et l'origine de Pâques
En tout cas c'est extrêmement facile d'arriver à une vingtaine de petits épisodes indispensables.
Au cours de la scolarité secondaire, ça me semble assez indispensable, si on ne veut pas se retrouver complètement paumé face aux textes à étudier ou tout simplement face à certains mots ou expressions de la langue française, d'entendre aussi parler un jour de : Sodome et Gomorrhe, Joseph vendu par ses frères, les trompettes de Jéricho, David et Bethsabée, Esther et Assuérus, Judith et Holopherne, Daniel dans la fosse aux lions, Suzanne et les vieillards, le festin de Balthazar, quelques aventures du Christ (comme la résurrection de Lazare, la pêche miraculeuse, les noces de Cana, la multiplication des pains, la marche sur les eaux, Marie Madeleine, Salomé, l'origine de la Pentecôte, le repas chez Emmaüs), l'histoire des principaux saints comme Pierre ou Paul, ce qu'est un évangéliste et comment on les représente, quelques notions de l'Apocalypse, ce que c'est que le carême, etc.
Et je pense qu'on peut commencer à se dire vaguement cultivé le jour où on sait qui est Tobie (ou qui sont les prophètes), ce que sont les Maccabées, ce qu'est un psaume, ce que dit (en gros) l'Ecclésiaste, ou le Cantique des Cantiques et ce que veulent vraiment dire trinité ou péché originel.
Et puis quelque part là-dedans, quelques notions de liturgie et d'organisation religieuse. J'ai des élèves qui ne savent pas la différence entre une église et une cathédrale (la basilique, elle, se met sur la pizza), qui ne comprennent pas pourquoi l'évêque Mgr Myriel dans Les Misérables est important (et donc ne prennent pas la mesure de son humilité) et ensuite le confondent allègrement avec l'aumônier du Dernier Jour d'un Condamné. Plus loin dans Les Misérables, quel est ce machin dans lequel Valjean cache Cosette, un couvent ? D'autres classes à qui je dois faire tout un laïus pour expliquer le titre des Confessions de Rousseau (qu'ils ne sachent rien de Saint-Augustin, c'est une chose, mais pour eux le mot de confession n'évoque pas grand chose non plus). En cinquième, quand on fait le Moyen-Âge, ne parlons pas des moines ou des ermites...
J'en oublie des tas certainement...
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- maikreeeesseGrand sage
Sur le fond je suis d'accord même si je n'aurais pas mis les 18 histoires sur le même plan. Le problème c'est qu il faudrait faire la même chose en sciences naturelles (connaître les céréales et leur culture, les oiseaux des villes et des champs, les plantes les champignons... le corps humain, les os, les règles simples d'hygiène, les fonctions vitales...) la géographie avec les rivières les mers les montagnes...les périodes historiques, les contes, les métiers, des récits mythologiques ... sans oublier les tables de multiplication et les règles de grammaire. On y arrivait certainement avant. Maintenant j'ai des élèves qui ont comme leur parent 400 mots de vocabulaire et qui pensent que le contraire de porte c'est fenêtre ! Cela me semble insurmontable.
- SphinxProphète
Je suis bien d'accord, d'ailleurs la seule année où j'avais des 6e je n'y suis pas arrivée non plus. Le souci c'est que les problèmes se décalent d'année en année. On arrive en 6e avec le peu de vocabulaire qu'on devrait déjà avoir dépassé en CE1 et arrivé en terminale on n'en a toujours pas plus, alors la culture générale, hein... Mais enfin, je ne vois pas que ce soit une raison pour jeter des cailloux à un instituteur qui a décidé de passer dix de ses heures de français là-dessus.
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- maikreeeesseGrand sage
10 h en élémentaire c'est rien ou c'est toujours mieux que 10 h passées dans un projet fumeux que se sentent obligés de me présenter mes stagiaires chaque année avec je dois dire un certain talent inventif et sans cesse renouveler.
- PuckVénérable
En français en 6e et en latin en 5e, je me bats avec les mots autel / louer / culte, et tout le vocabulaire usuel de la religion, quelle qu’elle soit. Le pieux Enée ! Quel gâchis... Les élèves deviennent complètement extérieurs au monde qui les entoure. Je ne comprends pas qu’on puisse remettre en question quelqu’un qui fait son job, à savoir donner quelques clés.
Quel élève peut lire désormais Polyeucte ?
Quel élève peut lire désormais Polyeucte ?
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"Ce que nous avons fait, aucune bête au monde ne l'aurait fait.
Mais nous nous en sommes sortis. Et nous voici confrontés à l'ingratitude de la nation. Pourtant, c'était pas ma guerre. C'était pas ma guerre, oh non !"Cripure
- DeliaEsprit éclairé
Supprimé pour cause de fausse manœuvre.
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- henrietteMédiateur
Heu, Delia, je crois que tu as dû faire une fausse manipulation.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- RendashBon génie
Ernst a écrit:
En revanche, consacrer une séquence entière à l'étude de la Bible (10h/3 semaines) me paraît, en effet, excessif. Dans ces proportions, je comprends que certains s'insurgent. Défendre l'idée que l'Europe détient un substrat fort de nature chrétienne est une chose. En déduire que les jeunes d'aujourd'hui doivent se voir rappeler les notions chrétiennes, cela est bien différent. Nous vivons dans un monde pluriel, y compris dans nos salles de classe, y compris à la campagne (et je connais bien Malicornay, pour le coup).
Cet enseignant a-t-il conduit la même séquence à propos des autres religions, au moins celles les plus répandues en France ? Cela aurait eu le mérite de la cohérence. Et le cas échéant, cet enseignement ne relèverait-il pas plutôt d'un cours de culture religieuse, ayant sa place dans un établissement confessionnel, non à l'école publique ?
La séquence est présenté comme une "compilation" d'extraits trouvés dans des manuels. Ces extraits ne courent pas les rues non plus... Il ne précise pas dans quels manuels il a pu les trouver !
N'importe quoi.
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- DesolationRowEmpereur
Judicieuse synthèse !
- PoupoutchModérateur
+1 AVEC Rendash.Rendash a écrit:Ernst a écrit:
En revanche, consacrer une séquence entière à l'étude de la Bible (10h/3 semaines) me paraît, en effet, excessif. Dans ces proportions, je comprends que certains s'insurgent. Défendre l'idée que l'Europe détient un substrat fort de nature chrétienne est une chose. En déduire que les jeunes d'aujourd'hui doivent se voir rappeler les notions chrétiennes, cela est bien différent. Nous vivons dans un monde pluriel, y compris dans nos salles de classe, y compris à la campagne (et je connais bien Malicornay, pour le coup).
Cet enseignant a-t-il conduit la même séquence à propos des autres religions, au moins celles les plus répandues en France ? Cela aurait eu le mérite de la cohérence. Et le cas échéant, cet enseignement ne relèverait-il pas plutôt d'un cours de culture religieuse, ayant sa place dans un établissement confessionnel, non à l'école publique ?
La séquence est présenté comme une "compilation" d'extraits trouvés dans des manuels. Ces extraits ne courent pas les rues non plus... Il ne précise pas dans quels manuels il a pu les trouver !
N'importe quoi.
On en trouve dans quasiment tous les manuels de 6ème, par exemple. J'ai même eu un cours spécialement dédié à ces textes à l'ESPE...
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Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Il faut dire que, vu que c'est au programme, ça n'est pas totalement étonnant…
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Si tu vales valeo.
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