- LevincentNiveau 9
Première dissertation (hors-programme) :
Deuxième dissertation (programme : "Le monde") :
Epreuve d'histoire de la philosophie - commentaire de texte :
La recherche de la vérité.
Deuxième dissertation (programme : "Le monde") :
Habiter le monde
Epreuve d'histoire de la philosophie - commentaire de texte :
Des effets de la coutumeMais rien n'a un plus grand effet, à la fois pour accroître et pour diminuer nos passions, pour convertir le plaisir en douleur et la douleur en plaisir, que la coutume et la répétition. La coutume a deux effets originels sur l'esprit : conférer une facilité à exécuter une action ou à concevoir un objet quelconques ; et, par la suite, conférer une tendance ou inclination à le faire ; et à partir d'eux, nous pouvons rendre compte de tous ses autres effets, si extraordinaires soient-ils.
Quand l'âme s'applique à l'exécution d'une action ou à la conception d'un objet quelconques auxquels elle n'est pas accoutumée, il y a une certaine raideur dans les facultés, et une difficulté de l'esprit à se mouvoir dans leur nouvelle direction. Comme cette difficulté excite les esprits, elle est source d'étonnement, de surprise et de toutes les émotions qui proviennent de la nouveauté ; et elle est en elle-même très agréable, comme tout ce qui anime l'esprit à un degré modéré. Mais, bien que la surprise soit agréable en elle-même, pourtant, comme elle suscite l'agitation des esprits, elle amplifie, non seulement nos affections agréables, mais aussi nos affections pénibles, selon le précédent principe, que toute émotion, qui précède ou accompagne une passion, se convertit aisément en cette passion1. Aussi, toute chose, quand elle est nouvelle, nous affecte davantage et nous procure plus de plaisir ou de douleur qu'il ne lui appartient, à strictement parler, naturellement. Qu'elle nous arrive fréquemment, la nouveauté s'épointe ; les passions s'apaisent ; la précipitation des esprits cesse ; et nous envisageons les objets avec une plus grande tranquillité.
Graduellement, la répétition produit une facilité, autre principe très puissant de l'esprit humain et source infaillible de plaisir, tant que la facilité ne dépasse pas un certain degré. Et il est ici remarquable que le plaisir qui naît d'une facilité modérée, n'a pas la même tendance que celui qui naît de la nouveauté, à accroître les affections pénibles aussi bien que les affections agréables. Le plaisir de la facilité ne consiste pas tant dans une fermentation des esprits que dans leur mouvement bien ordonné ; lequel sera parfois assez puissant pour aller jusqu'à convertir la douleur en plaisir, et pour nous donner du goût, avec le temps, pour ce qui, de prime abord, était trop âpre et désagréable.
Mais, d'autre part, de même que la facilité convertit la douleur en plaisir, de même elle convertit souvent le plaisir en douleur, quand elle est trop grande, et elle rend les actions de l'esprit si faibles et si languissantes qu'elles ne sont plus capables de l'intéresser et de la maintenir en éveil. Et certes, rares sont les objets à devenir désagréables par voie de coutume, autres que ceux qu'accompagne naturellement une émotion ou affection détruite par une trop fréquente répétition. On peut considérer les nuages, les cieux, les arbres et les pierres, quelle que soit la fréquence de la répétition, on n'en éprouvera jamais la moindre aversion. Mais, quand le beau sexe, la musique, la bonne chère ou tout ce qui devrait être naturellement agréable, deviennent indifférents, ils produisent aisément l'affection opposée.
Mais la coutume donne, non seulement de la facilité à accomplir une action quelconque, mais également une inclination et tendance à s'y engager, pourvu que cette action ne soit pas entièrement désagréable, et qu'elle ne puisse pas ne jamais être l'objet d'une inclination. Et c'est la raison pour laquelle la coutume accroît toutes les habitudes actives, mais qu'elle réduit les habitude passives, selon la remarque d'un éminent philosophe contemporain2. La facilité soustrait de la force aux habitudes passives en rendant le mouvement des esprits plus faible et plus languissant. Mais, comme, dans les habitudes actives, les esprits s'entretiennent suffisamment d'eux-mêmes, la tendance de l'esprit leur procure quelque nouvelle force et les incline plus vigoureusement à l'action.HUME, Traité de la nature humaine,
Livre II, Troisième partie, Section 51 La formulation exacte de ce principe, dans la section précédente, est : "C'est une propriété remarquable de la nature humaine, que toute émotion, qui accompagne une passion, se convertisse facilement en cette passion, même si, quant à leur nature, elles sont originairement différentes, et même contraires l'une de l'autre." (Traité de la nature humaine, Livre II, Troisième partie, Section 4) - donnée à titre d'information, cette note ne fait pas partie du texte à commenter.
2 Joseph BUTLER (1692-1752).
- User17706Bon génie
Ah, je venais le poster. Merci !
J'espère que tu es satisfait --- mais même si tu ne l'es pas, oubli total et repos avant demain
J'espère que tu es satisfait --- mais même si tu ne l'es pas, oubli total et repos avant demain
- LevincentNiveau 9
J'ai trouvé que c'était un beau sujet, avec pas mal de matière. Je ne me suis pas privé pour l'exploiter autant que je pouvais, après il faudra voir si ça satisfera les correcteurs.
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« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- AspasieNiveau 10
Oui, un beau sujet. Merci de l'avoir posté.
- ZagaraGuide spirituel
Quelques idées centrales et auteurs qui viennent à l'esprit, pour éclairer les phytes de Néo ?
- LevincentNiveau 9
Comme auteurs il y a Malebranche, qui a justement écrit La Recherche de la vérité. Mais je ne l'ai pas du tout utilisé. Après, j'ai vraiment la flemme de développer les idées ici après avoir planché 7 heures dessus.
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Leszek Kolakowski
- User17706Bon génie
Levincent a bien raison d'avoir la flemme.
Sur ce sujet, il n'y a pas de mauvaises références. Et il est sûrement un peu tôt pour commencer à en causer, on verra la semaine prochaine quand tout le monde, et les candidats d'abord, sera reposé
Sur ce sujet, il n'y a pas de mauvaises références. Et il est sûrement un peu tôt pour commencer à en causer, on verra la semaine prochaine quand tout le monde, et les candidats d'abord, sera reposé
- LevincentNiveau 9
C'est sûr que des auteurs qui ont recherché la vérité, on peut en trouver quelques uns. Ce n'est pas comme si c'était quasiment tout l'objet de la philosophie.
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Leszek Kolakowski
- User17706Bon génie
Et une deuxième épreuve, une :
Habiter le monde.
- LevincentNiveau 9
On dirait que tu t'es empressé de le poster pour ne pas être pris de vitesse une deuxième fois.
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« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- ZagaraGuide spirituel
Ça ressemble à une dissertation de géographie !PauvreYorick a écrit:Et une deuxième épreuve, une :
Habiter le monde.
- JennyMédiateur
Zagara a écrit:Ça ressemble à une dissertation de géographie !PauvreYorick a écrit:Et une deuxième épreuve, une :
Habiter le monde.
Et au programme de géographie de 6e.
- LevincentNiveau 9
Zagara a écrit:Ça ressemble à une dissertation de géographie !PauvreYorick a écrit:Et une deuxième épreuve, une :
Habiter le monde.
Il faudrait voir quel sujet ils ont eu à l'agrégation de géographie, des fois que les sujets se soient mélangés.
- AspasieNiveau 10
:lol:
En tout cas, c'est un beau sujet, un brin poétique (ça c'est la résonnance heideggerienne, je ne peux pas m'en empêcher )... et donc d'autant plus redoutable ! Mais ma foi, on pouvait difficilement faire davantage "plein centre" dans le programme.
En tout cas, c'est un beau sujet, un brin poétique (ça c'est la résonnance heideggerienne, je ne peux pas m'en empêcher )... et donc d'autant plus redoutable ! Mais ma foi, on pouvait difficilement faire davantage "plein centre" dans le programme.
- User17706Bon génie
Oui, c'est le contraire absolu d'une surprise. Bon, next.
- LeclochardEmpereur
PauvreYorick a écrit:Et une deuxième épreuve, une :
Habiter le monde.
Je suis en train de lire le livre recommandé à l'époque où on a parlé du thème (Le Concept de Monde de Paul Clavier): ce sujet correspond tout simplement au premier sous-titre du premier chapitre (p15 à 35)...
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- User17706Bon génie
Texte : Hume, TNH, II, iii, 5 (la section entière).
- Mari0nNiveau 1
Assez dur ce texte... Et long. J'ai été prise par le temps. Quant aux autres sujets, j'ai été un peu déstabilisée par le fait que "la recherche de la vérité" soit tombé alors que Malebranche était au programme l'an dernier; et par l'orientation très phénoménologique du sujet sur le monde. Mais j'ai fait avec ce que j'avais, advienne que pourra !
- RuthvenGuide spirituel
Leclochard a écrit:PauvreYorick a écrit:Et une deuxième épreuve, une :
Habiter le monde.
Je suis en train de lire le livre recommandé à l'époque où on a parlé du thème (Le Concept de Monde de Paul Clavier): ce sujet correspond tout simplement au premier sous-titre du premier chapitre (p15 à 35)...
C'est aussi le titre du livre de H. S. Afeissa, L'habitant du monde :
http://www.philomag.com/les-livres/notre-selection/lhabitant-du-monde-elements-dune-philosophie-de-lenvironnement-a-partir
- LevincentNiveau 9
Je suis d'accord pour dire que le texte était assez long. J'ai vraiment gratté du papier à toute vitesse pour remplir quasiment autant qu'à la dissertation sur le monde, alors que l'épreuve dure une heure de moins.
Pour moi le problème soulevé par le texte était double : d'une part la coutume a deux effets (un effet sur les passions, un effet sur le plaisir et la douleur), ce qui pose problème puisqu'on a deux effets distincts pour une seule cause. D'autre part, ces deux effets semblent, tels qu'ils sont exposés en début de texte, contradictoires : la coutume accroît les passions et elle les diminue, elle change le plaisir en douleur et la douleur en plaisir. Ces effets contradictoires devraient s'annihiler en théorie, ce qui n'est pas le cas. Hume remonte donc aux effets originels de la coutume, mais il trouve encore deux effets. Cette dualité de la coutume est résolue en fin de texte lorsque Hume change de perspective et ramène l'effet de la coutume à une loi unique, qui obéit à un seul paramètre : l'activité. La coutume accroît les habitudes actives et diminue les habitudes passives. On a donc une explication rigoureuse et réussie du phénomène de la coutume, mais encore fallait-il bien en décrire tous les moments.
Pour "La recherche de la vérité" et pour tous les sujets en général, c'est un mauvais réflexe de se référer automatiquement aux auteurs qui ont parlé explicitement du sujet. Ça peut aider, certes, mais ce n'est pas comme ça qu'on fera une bonne copie. Il faut définir un problème et des axes qui permettent de le résoudre, ensuite se demander si certains concepts ou certains points de vue peuvent nous aider. Ainsi, "la recherche de la vérité" n'appelait pas explicitement Malebranche, et ce n'était pas une catastrophe de ne pas connaître La Recherche de la vérité. De la même manière, on pouvait très bien traiter la question de l'habitat sans la phénoménologie (avec le concept de cosmopolitisme et de "citoyen du monde", par exemple).
Pour moi le problème soulevé par le texte était double : d'une part la coutume a deux effets (un effet sur les passions, un effet sur le plaisir et la douleur), ce qui pose problème puisqu'on a deux effets distincts pour une seule cause. D'autre part, ces deux effets semblent, tels qu'ils sont exposés en début de texte, contradictoires : la coutume accroît les passions et elle les diminue, elle change le plaisir en douleur et la douleur en plaisir. Ces effets contradictoires devraient s'annihiler en théorie, ce qui n'est pas le cas. Hume remonte donc aux effets originels de la coutume, mais il trouve encore deux effets. Cette dualité de la coutume est résolue en fin de texte lorsque Hume change de perspective et ramène l'effet de la coutume à une loi unique, qui obéit à un seul paramètre : l'activité. La coutume accroît les habitudes actives et diminue les habitudes passives. On a donc une explication rigoureuse et réussie du phénomène de la coutume, mais encore fallait-il bien en décrire tous les moments.
Pour "La recherche de la vérité" et pour tous les sujets en général, c'est un mauvais réflexe de se référer automatiquement aux auteurs qui ont parlé explicitement du sujet. Ça peut aider, certes, mais ce n'est pas comme ça qu'on fera une bonne copie. Il faut définir un problème et des axes qui permettent de le résoudre, ensuite se demander si certains concepts ou certains points de vue peuvent nous aider. Ainsi, "la recherche de la vérité" n'appelait pas explicitement Malebranche, et ce n'était pas une catastrophe de ne pas connaître La Recherche de la vérité. De la même manière, on pouvait très bien traiter la question de l'habitat sans la phénoménologie (avec le concept de cosmopolitisme et de "citoyen du monde", par exemple).
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« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- Mari0nNiveau 1
Je n'ai pas eu la même approche du texte de Hume... Mais je préfère ne pas en parler. Je n'ai pas vraiment terminé la copie, ni commenté suffisamment le dernier paragraphe, mais je pense n'avoir rien fait qui soit éliminatoire. Je ne peux en vouloir qu'à moi-même, car ce texte faisait partie de ceux que je n'avais pas lu, mais j'ai déjà réussi à assurer des notes correctes aux concours blancs dans des circonstances à peu près semblables, donc on verra bien !
Pour ce qui est de la recherche de la vérité, le côté Malebranche m'a paralysée un petit moment, mais j'ai vite passé outre (de toute façon, je ne le connaissait pas assez pour en parler pertinemment).
En ce qui concerne le monde, enfin, je n'ai clairement pas fait une copie toute phéno... Heidegger était réservé à ma troisième partie, mais j'ai là encore manqué de temps pour développer suffisamment :/.
Bref, on verra bien et on révise les oraux au cas où ! C'est enthousiasmant de passer à autre chose, et l'expérience des concours sert au moins à se dire que rien n'est jamais perdu (ouf) ni acquis (hélas !)
Pour ce qui est de la recherche de la vérité, le côté Malebranche m'a paralysée un petit moment, mais j'ai vite passé outre (de toute façon, je ne le connaissait pas assez pour en parler pertinemment).
En ce qui concerne le monde, enfin, je n'ai clairement pas fait une copie toute phéno... Heidegger était réservé à ma troisième partie, mais j'ai là encore manqué de temps pour développer suffisamment :/.
Bref, on verra bien et on révise les oraux au cas où ! C'est enthousiasmant de passer à autre chose, et l'expérience des concours sert au moins à se dire que rien n'est jamais perdu (ouf) ni acquis (hélas !)
- User17706Bon génie
Je serais curieux de voir la traduction donnée.
- LaverdureEmpereur
Tu l'as sûrement déjà vu mais le sujet est ici (excusez-moi de vous demander pardon, je m'éclipse )
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