Marseille : les élèves et personnels du collège Versailles confinés après un tir de flèche - Nouvel article p. 2

http://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes/bouches-du-rhone/metropole-aix-marseille/marseille/eleves-personnels-du-college-versailles-confines-apres-tirs-fleches-1142581.html

Ce n'est pas la première flèche qui est récupérée ainsi dans le collège. Trois autres sont déjà "tombées du ciel" depuis la rentrée de septembre. Pour l'heure, il n'y a jamais eu de blessés mais les professeurs commencent à perdre patience. Ils ont demandé plusieurs fois un rendez-vous à l'Inspection Académique. Sans suite. Ce matin, une cellule volante de l'IA s'est déplacée. Elle n'a pas souhaité communiquer.

Les enseignants sont d'autant plus en colère qu'il y a une dizaine de jours, ce sont de gros plombs qui ont été tirés sur les élèves, au moment où ils quittaient le collège pour une sortie scolaire avc leur professeur. Une jeune fille a été blessée à la gorge. S'agit-il du même tireur ? Pourquoi prend-il pour cible le collège ou les élèves?

Le Parisien relaie l'info également, agrémentée d'une intervention lumineuse de notre ministre:

Le Parisien a écrit:
[...]Cet incident intervient alors que la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem était en visite à Marseille. «Il y a eu des flèches découvertes (mais) à notre connaissance, il n'y a pas eu de tir repéré contre des élèves ou des enseignants», a souligné Najat Vallaud-Belkacem.
Dans un entretien à La Provence, elle a par ailleurs annoncé la création de 450 nouveaux postes pour les lycées les plus en difficulté à la rentrée 2017. Interrogée également sur plusieurs incidents graves s'étant déroulés aux abords de plusieurs lycées marseillais, la ministre a salué la «parfaite coordination des services académiques, préfectoraux et l'implication des collectivités pour sécuriser les établissements scolaires». «Nous menons un travail important sur la prévention des violences», a-t-elle aussi assuré.

Docteur OX, peux-tu rajouter [résolu] au titre de ce fil, stp?

fandorine a écrit:
Docteur OX, peux-tu rajouter [résolu] au titre de ce fil, stp?

Rien de résolu pour l'instant si ?
Pourquoi vouloir déjà tourner l'Apache ?

Bonjour, je suis enseignant dans ce collège. Quelques news fraiches.

On est en droit de retrait depuis quatre jours. Il y a quatre flèches qui ont été trouvées. La police a trouvé le propriétaire de l'arc et des flèches mais ce n'est pas le tireur. Il les a vendu à quelqu'un du quartier mais n'a pas encore donné son nom.

Cet incident fait suite à un tir de carabine à plomb sur des élèves et des professeurs d'EPS qui partaient pour la piscine et une hausse exceptionnelle de la violence dans le quartier et dans l'établissement corrélé à une haute importe des effectifs. (un parent qui frappe une élève de 14 ans / une mère qui agresse un professeur / des élèves qui traitent de "***" des surveillantes / un élève de 11 ans qui tente de mettre un coup de tête à une prof d'art / des parents qui se battent pour régler le problème des petits / en moyenne 7 à 8 bagarres par jour / 4 à 5 cas de harcèlement préoccupant).

Nous sommes très en colère. Nous avions alerté la hiérarchie des risques il y a moins d'un mois et avions demandé plus de moyens (principalement, 1 CPE et un APV). On nous avait reçu d'une manière indécente et parlait avec mépris. On nous a promis des policiers dans la rue le temps de l'enquête. Le premier jour ils sont arrivés en retard, le lendemain ils sont restés quinze minutes...

Donc on ne travaille plus. Lundi, on est reçu par le préfet et les chefs de l'inspection. On nous a demandé de faire des doléances précises. Nous avons relevé une douzaine de points défaillants tant sur la sécurité que sur le bâtiment vétuste ou sur la pédagogie.

Notre direction est en froid avec nous, elle ne communique pas ou peu et minimise tout. Les parents ne savaient presque rien. Nous avons donc réuni les parents hier dans une salle sociale à côté du collège. Ils étaient plus de 70, très en colère et ont rejoint notre mouvement de protestation. Ils disent qu'ils bloqueront le collège lundi et nous accompagnerons à l'audience. Ils ont forcé la direction à organisé une réunion d'information.

Mais hier, également, nous avons été violemment agressé verbalement (et limite physiquement) par un individu qui n'est pas très content que notre ramdam ait provoqué plus de patrouilles de polices. Une douille de petit calibre a été retrouvée devant le portail du collège...

La police nous explique qu'à Marseille, les réseaux des quartiers nords sont dans un sale état suite à l'action des policiers et qu'ils se reconstituent dans notre quartier (troisième arrondissement) ce qui provoque de multiples redistributions violentes des cartes, des tensions entre familles et in fine entre élèves.

Nous en avons marre. Notre situation s'améliorait ces dernières années et tout s'est effondré en trois mois. Notre parking est un lieu de trafic et nous fait peur (c'est un terrain vague). Notre collège qui n'est plus aux normes depuis longtemps, attend des travaux depuis 15 ans. Travaux à nouveau repoussés en 2018 (notre collège se trouve dans une impasse enclavée, cernée d'immeubles insalubres d'une part et de l'autoroute d'autre part). Chaque année on nous a augmenté les effectifs (19/ classe il y a 6 ans, 23 aujourd'hui). Nous avons perdu 1/2 poste de CPE et la réforme a lissé nos systèmes pédagogiques particuliers qu'on avait mis en place pour les élèves en difficulté ce qui provoque des classes d'une trop grande hétérogénéité. Nous n'avons plus de place. On a transformé la salle de réunion et le bureau de la principale en salle de classe. Notre nouvelle principale est une bureaucrate qui n'aime pas le "répressif" et semble être du genre à "ne pas vouloir faire de vagues", on ne se sent pas soutenus.

Concernant la violence, nous ne sommes pas isolés. Nos collègues alentours constatent cette même hausse de la violence et de l'irrespect. Moi qui suis un optimiste, j'accuse le coup. Il y a de nombreux signes évident d'une dégradation rapide et un état qui nous répond soit qu'on exagère, soit qu'ils ont plus de sous, soit que c'est le feux partout et qu'on en est à tenir le couvercle au dessus de la marmite bouillante.

On verra la suite. Notre ministre nous a vu et a juré qu'elle viendrait au collège (lol).

Sharku84...


Que dire ? C'est hallucinant.

Bon courage dans votre lutte.

Oui, bon courage. Tenez-nous au courant de votre lutte.

Oui, c'était en effet important de nous donner des nouvelles qui ne passent par par un filtre. En espérant que vous soyez écoutés enfin...

Bon courage...
Pour avoir travaillé longtemps dans le même arrondissement, je sais que vous n'exagérez pas la situation...
J'espère que vous serez entendus.

Bon courage à vous !

Bon courage, et vous avez raison de vous faire entendre, publiquement, aussi largement que possible.

Oui, il faut médiatiser le plus possible et associer les parents, autant que vous le pouvez...

http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/12/02/a-marseille-sept-a-huit-etablissements-scolaires-necessitent-qu-on-y-recrute-des-vigiles_5042634_3224.html

« Sept à huit établissements scolaires nécessitent qu’on y recrute des vigiles », estime Gilles Auteroche, secrétaire académique du SNPDEN-UNSA.

« Chaque matin, ma hantise c’est : quel drame va arriver aujourd’hui ? », témoigne un proviseur. Et selon lui, « une partie des collègues en arrivent à penser que tout peut leur arriver ».

Suite des tristes aventures au collège Versailles.

Nous avons été en droit de retrait jeudi et vendredi dernier car non seulement les forces de polices ne sont pas présentes suffisamment mais nous avons retrouvé trois douilles de petit calibre posées devant le collège (et une lancée dans le collège). Des collègues ont été agressé verbalement et menacés par un poivrot.

Lundi s'est tenu une grande réunion réunissant le conseil départemental, le préfet de police, la chef de police du secteur, les instances académiques. Nous avons préparé la réunion toute la journée. Ce même jour une autre balle a été retrouvée. Les journalistes et les syndicats se sont joints à l'affaire.

L'audience a durée 2h30. Sur notre quinzaine de revendications (pédagogique et sécuritaire), nous n'avons presque rien eu. L'enquête sur l'as de l'arc qui a tiré serait presque terminée mais pas de communication en attendant. La police sera présente 15 minutes à 8h - 12h - 13h30 - 16h30 pendant un laps de temps. Tout ce qui porte sur la sécurité du bâtiment est reportée aux travaux de reconstruction du collège prévus en 2018.

Mais le discours de l'institution est que la recomposition des réseaux de drogues suite à la destruction de ceux de la castellane affecte notre quartier et nos élèves. Des CM2 et des sixièmes ont été recrutés par les trafiquants. Notre ram dam et la présence renforcée de la police a provoqué les menaces dont nous sommes victimes et il sera bon "de laisser se calmer la situation".

J'ai appris ensuite en off, que certains élèves de nos classes sont impliqués et que le collège les a dénoncé. Cette dénonciation a été pris comme un acte de guerre par le trafiquant en chef et les flèches et les balles seraient donc des avertissements. Autant dire qu'en sachant cela, on passe d'un con qui tire à l'arc comme un pied à une situation de menace de criminels sur un collège et que j'ai vite perdu mon enthousiasme naturel.

Aujourd'hui, on a repris les cours. Pendant qu'on essayait de rassurer les élèves, on a eu une alerte confinement à 10h30. C'est une sonnerie utilisée en cas d'alerte chimique ou terroriste. Autant dire que j'ai du maintenir la classe sans céder à la panique et en rassurant. Une valise suspecte a été déposée devant le collège. Les démineurs sont intervenus, elle n'était pas dangereuse. Le collège a été évacué et les cours annulés. En salle des profs, certains craquent et pleurent. L'inspection arrive avec des psy pour une cellule de soutien pour les profs et les élèves (elle restera présente trois jours). Le DASEN adjoint nous "rassure" puis part en cacahouète.

A la question "que doit-on dire aux élèves pour les rassurer? Y aura-t-il une prise en charge collective prévue?", il part sur le fait que c'est un malheureux hasard et que cette valise a simplement dû être posée là avec les déchets habituels qui encombrent cette rue. Que de toute manière, il faut se dire qu'en Israël ils sont parfaitement habitués à la menace et que le pays est en danger maximum. Le plan vigipirate va être réactivé et qu'il faut admettre une bonne fois pour toute que nous vivons dans une situation dangereuse et relativiser par rapport à d'autres pays."

Sur ce, je suis parti avec d'autres en ne cachant pas mon mépris. Après une réunion entre prof où l'abattement et l'anxiété était incroyable (jusqu'à voir les "leader" habituels ne pas savoir quoi dire et d'autres profs faire des coloriages), je suis parti et je ne reviendrai pas au collège pendant un temps tellement je me sens mal.

Non seulement je me sens en insécurité mais surtout, je me retrouve heurté dans mes valeurs. Je n'accepte pas le discours officiel qui est qu'il faut accepter les trafiquants de drogue, ne pas "trop" les déranger pour éviter les menaces et laisser la police éventuellement les détruire sur du long terme (jusqu'à ce qu'ils se recomposent). "Grâce" à cette criminalité, ces quartiers peuvent survivre et n'explosent pas en émeute urbaine. Ils seraient donc un mal nécessaire.

Voilà, où en est l'autorité de l'état en France.

Je vous passe l'heure de cours immonde que j'ai passé avec des sixièmes dont trois élèves qui m'ont expliqué que les dealers étaient gentils car ils leurs donnaient des billets et qu'ils disent bonjour dans la cité.

Que peut-on faire? A priori, accepter le danger, la drogue, la déliquescence de l'état et simplement enseigner sans déranger ni la police ni les trafiquants.

Saisissez le CHSCT !!!

Peut-être que cette flèche n'est que l'expression, bien maladroite, je l'avoue, d'un élève humilié par un système éducatif qui humilie et qui trie?

C'est hallucinant. Appelons vite les experts du climat scolaire.

Observatoire maya

Pauvres de vous...

Je suis atterrée de lire tout cela...
Je vous plains infiniment.
Que pouvez-vous faire ? Je ne sais que vous dire...
Courage...

Cette révolte quand on lit ça, puis cette impuissance, puis cette nouvelle révolte en voyant les réponses de l'Etat, puis à nouveau cette impuissance. A force d'accumuler la poussière sous le tapis, l'EN est en passe de devenir le ministère le plus lâche qui soit.

Ce qui se passe est absolument scandaleux. Ce qui ne se passe pas (une vraie mise en sécurité) est tout autant scandaleux. Je ne peux que vous souhaiter bon courage... La violence à Marseille augmente partout, malheureusement, et gagne aussi les quartiers sud. Même si ce que nous vivons dans nos établissements respectifs est sans commune mesure avec ce que tu relates ici, la lâcheté et le déni de l'institution et des CDE deviennent de plus en plus difficile à cacher.

J'enseigne aussi dans les quartiers nord de Marseille où j'habite, où je suis née. Je me retrouve totalement dans ce que tu dis Sharku même si dans mon établissement nous n'en sommes pas là ... nous avons aussi eu des tirs de carabines à plomb ... mais bon c'est pas si grave comme ils disent .... il y a pire ailleurs.
Pour ma part, je quitte la région, j'en peux plus, je fuis cette montée d'impuissance qui m'épuise. Je fuis ce contexte pour mes enfants et ma famille. Je fuis ce quartier que j'ai longtemps aimé et qui est complètement abandonné par les politiques, à tous les niveaux. J'en viens à l'abandonner aussi, je baisse les bras. Je n'en suis pas fière, mais j'estime juste avoir droit à mieux.
J'ai toujours apprécié travailler dans ce collège où j'étais moi-même élève. Mais au bout de 11 ans, je sature. Et tu as raison, le plus révoltant c'est le côté pris par les supérieurs, par les politiques. Mieux vaut se taire que se battre pour un droit à mieux. Nous sommes des Don Quichotte qui se battent contre des moulins à vent. Je vois des collègues malades, en arrêt sur arrêt. Pas parce que les élèves les fatiguent (un peu quand même) mais surtout par ce manque de soutien, à cause de toute cette hypocrisie.
J'ai perdu beaucoup de l'optimisme qui faisait mon essence, à cause de ces beaux penseurs qui savent surtout parler pour ne rien dire et surtout ne rien faire avancer.

Je te souhaite, à toi et à tes collègues d'ailleurs, beaucoup de courage. Prends soin de toi.
Amitiés

Et pas un mot , ou alors un petit, juste une minute, dans la Presse, pas d'analyse, pas de dévoilement, rien!!
Je suis atterrée .

Rabelais a écrit:Et pas un mot , ou alors un petit, juste une minute, dans la Presse, pas d'analyse, pas de dévoilement, rien!!
Je suis atterrée .

Mais que font les journalistes? Les politiques? L'Education Nationale? Tu m'étonnes que le peuple ne fasse plus confiance aux élites!!