Le Neo-défi lecture 2017 - Ici, on papote !

Tu as déjà dévoré plein de livres. Digère maintenant. C'est ça, ta récompense !

Bon. Je t'aurais offert le plaisir de feuler fort.

Bravo Dimka !

45 (Un récit de fuite) : S'enfuir récit d'un otage de Guy Delisle (BD d'environ 400 pages).

"Membre d'une ONG médicale dans la région du Caucase, Christophe André se fait kidnapper lors de sa première mission humanitaire. Commence pour lui une période de captivité dont il ignore quand elle cessera et même s'il en sortira vivant...
Après l'avoir rencontré de nombreuses fois, Guy Delisle décide de raconter son histoire. Un témoignage poignant, anxiogène et, parfois, saugrenu, où chaque vignette saisit le doute et la longue attente d'un homme dont la vie peut s'interrompre à tout moment."

Intéressant et plutôt prenant malgré les nombreuses pages évidemment répétitives.

Bravo Dimka! Tu gagnes le droit d'émettre ton veto en décembre prochain quand on élaborera le défi 2018. Mais comme tu vas vite, tu peux maintenant te lancer dans le défi 2016, puis il y aura le 2015 qui t'attend!

Pour ma part, je viens de lire pas mal de trucs pas terribles et au milieu de toutes ces lectures dont je n'ai même pas rendu compte sur ce fil, j'ai lu un livre que j'ai adoré : Règne animal de Jean-Baptiste del Amo.
Si je devais en donner les mots-clefs, je dirais : paysans - fresque familiale du XXe siècle - guerre - porcherie industrielle. Bref, rien qui me donnerait envie d'ouvrir ce roman.
Et pourtant conquise par l'enthousiasme de la collègue qui me l'a prêté, tout en me mettant en garde contre certains passages cruels, mort des animaux, saillies, avortements des truies, barbarie des hommes, je me suis lancée et j'ai adoré au point de ralentir la lecture vers al fin du roman pour ne pas le refermer trop vite.

Le roman est construit en quatre parties, tout d'abord la description lente des faits et gestes d'un couple de paysans nommés "le père", "la génitrice" et leur fille Eléonore, de 1898 à 1914. Quotidien marqué par les vicissitudes. Un récit donc de petits riens dont dépend la survie de la famille, récit marqué par des scènes marquantes, le crapaud qui vient se loger sur le cercueil du père au moment où on le descend dans la tombe. Survient le cousin, Marcel dont on pressent le rôle à venir.

La deuxième partie parcourt les années 1914 à 1917 et là encore j'ai été conquise par la manière dont l'auteur rapporte le front. Avec très souvent un "ils" anonyme qui rend compte de l'expérience collective derrière celle de Marcel.

Puis une longue ellipse de 60 ans et les deux dernières parties se passent au début des années 80. L'enfant d'Eléonore est à présent un vieil homme à la tête d'une porcherie industrielle dans laquelle évoluent ses deux fils, leurs femmes et leurs enfants. Petit à petit, on apprend les secrets, les failles des uns et des autres, et on sent que cette porcherie est en sursis.

J'ai adoré la manière d'écrire de Jean-Baptiste del Amo qui m'a parfois fait penser à La Terre de Zola, son vocabulaire aussi précis qu'évocateur, sa prose crue et par moments poétique, son don pour faire émerger des scènes marquantes, son talent pour esquisser certains personnages, ne serait-ce que sur quelques pages, la vieillesse et les pertes de mémoire de "la génitrice", la dépression de la femme de l'un des fils, l'altérité du petit Jérôme, la tension entre la crudité de certains passages et en même temps, les détours de la prose pour faire comprendre au lecteur comment ces personnages en sont venus à être ce qu'ils sont, la fresque familiale sur le siècle et le parallèle entre les hommes et les animaux.

Voilà pour mon enthousiasme des vacances!

J'ai aussi commencé La Voleuse de livres de Markus Zusak que je comptais mettre dans le défi avec le mot "livre" dans le titre mais je me suis rendu compte que l'auteur, malgré son nom aux consonances allemandes, était australien. Je le compterai donc pour un auteur d'Océanie et je lirai Le Livre des nuits de Sylvie Germain.
En tout cas, j'avais déjà lu sans en garder de souvenir particulier La Voleuse de livres et là, je le relis avec le plus grand plaisir. C'est vraiment un roman moderne.

Amaliah a écrit:Mais comme tu vas vite, tu peux maintenant te lancer dans le défi 2016, puis il y aura le 2015 qui t'attend!

Ah oui, tiens, bonne idée. Par contre, je posterai les compte-rendus ici.

Dimka a écrit:

Amaliah a écrit:Mais comme tu vas vite, tu peux maintenant te lancer dans le défi 2016, puis il y aura le 2015 qui t'attend!

Ah oui, tiens, bonne idée. Par contre, je posterai les compte-rendus ici.

Je trouve pas judicieux de poster les comptes rendus de 2016 ici. Il y a un topic dédié qui remontera à chaque mise a jour donc les gens intéressés le verront.

Plus personne n’y participe et c’est un topic mort, je ne vais pas balancer cinquante posts dans le vide. Bon, après peu importe, hein…

Chapeau Dimka

Dimka a écrit:

Amaliah a écrit:Mais comme tu vas vite, tu peux maintenant te lancer dans le défi 2016, puis il y aura le 2015 qui t'attend!

Ah oui, tiens, bonne idée. Par contre, je posterai les compte-rendus ici.

Et dans l'ordre évidemment, n'est-ce pas?

Dimka a écrit:

Amaliah a écrit:Mais comme tu vas vite, tu peux maintenant te lancer dans le défi 2016, puis il y aura le 2015 qui t'attend!

Ah oui, tiens, bonne idée. Par contre, je posterai les compte-rendus ici.

Voilà une chouette idée !

Pour le défi 38 (un conte ou une légende) : Tistou les pouces verts de Maurice Druon (1957). Reçu en spécimen au collège, l’occasion de redécouvrir cette brève histoire dont j’avais souvenir qu’elle avait été mon livre de lecture en primaire (ou en ai-je seulement lu des extraits dans le manuel de la classe ?). En tout cas elle m’avait fait une forte impression. J’ai relu avec plaisir ce conte pour enfants où le jeune Tistou lutte contre le malheur à coups de floraisons inopinées. J’ai apprécié que les parents, bien que marchands de canons, ne soient pas des « méchants » : ce sont avant tout des parents aimants. L’œuvre de Druon est pleine de douceur.

Je me souviens l'avoir lu en sixième et que j'avais aimé cette lecture. Je me demande si les enfants d'aujourd'hui y seraient encore sensibles - peut-être quand même.

Aphrodissia a écrit:Je me souviens l'avoir lu en sixième et que j'avais aimé cette lecture. Je me demande si les enfants d'aujourd'hui y seraient encore sensibles - peut-être quand même.

Moi aussi, mais je ne l'ai pas lu pour le collège et j'avais également aimé

Lu après l'avoir reçu pour mes 11 ans, j'avais beaucoup aimé moi aussi. Le livre traîne encore dans une de mes biblis, d'ailleurs

-item : livre ayant reçu un prix en 2016 : Défaite des maîtres et possesseurs, V.Message (Prix Orange 2016). Dans un futur indéterminé, une forme de vie extra-terrestre prend possession de la Terre et de ses habitants. Prenant exemple sur la manière dont les hommes traitent les animaux, ces nouveaux êtres décident de se comporter de la même manière avec les humains. Désormais, il y aura 3 catégories d'hommes: ceux qui travaillent pour les extra-terrestres / ceux que l'on domestique / ceux que l'on mange. Le changement de perspective (le récit est raconté à la première personne, du point de vue d'un extra-terrestre, mais qui pourrait tout aussi bien être un humain), permet de livrer un regard sans concession sur la façon dont l'homme maltraite son univers et ceux qu'ils considèrent comme inférieurs. Et si nous étions un jour à la place de ces inférieurs, les animaux ? Le titre fait référence à Descartes pour qui l'homme était "maître et possesseur" de son environnement.
J'ai beaucoup aimé ce livre, dérangeant et intense, à l'écriture serrée qui évite par une description juste et sans effets inutiles le pathos qui aurait pu plomber les passages les plus durs.

Pour le premier défi de 2016 (un livre avec une saison dans le titre), j’ai lu de Poul Anderson, Tempête d’une nuit d’été. C’est un mélange d’uchronie et de fantasy : en gros, l’auteur imagine un univers parallèle, où les événements rapportés par Shakespeare se seraient réellement produits (avec par exemple Cléopâtre qui entend une horloge ou Hamlet qui entend les canons). L’intrigue se déroule pendant la première révolution anglaise, sur laquelle l’auteur plaque la révolution industrielle, et est centrée sur le prince Rupert du Rhin, son valet et une fille. Il y a une sorte d’hommage à Shakespeare, tant dans les matériaux (la fantasy est issue de la magie de Shakespeare, et des pièces sont souvent citées… avec d’autres références littéraires, par ailleurs) que dans la façon d’écrire (avec un personnage noble et digne et un personnage populaire rigolo, par exemple, ou dans la structure de l’histoire).

Bon, du coup, le livre est assez barré, et en même temps, il peut se lire à plusieurs niveaux (politique, social/écologique (avec la place de l’homme dans le monde), littéraire, sans parler évidemment du simple aspect divertissant), et j’ai plutôt aimé. À côté de ça, ce n’est pas non plus le livre de Poul Anderson que je préfère, je trouve que la fin est un peu trop deus ex machina.

Je viens de lire, pas pour le défi mais cela peut y entrer (n°36 : un livre dont les héros sont frères ou sœurs ; n°46 : un livre qui évoque une relation parent-enfant), un livre évoqué il y a quelque temps sur neoprofs : Morwenna de Jo Walton (2010).
Une œuvre difficile à présenter ! C'est un roman captivant, que je n’ai pas pu lâcher : il s’agit du journal intime d’une adolescente dont la jumelle est morte un an plus tôt dans un accident qui l’a elle-même laissée handicapée (elle a besoin d’une canne pour marcher). La particularité de la narratrice est qu’elle communique avec des créatures qu’elle appelle « fées » quand elle se promène dans la campagne galloise, et qu’elle s’est enfuie de chez sa mère qui, en plus d’être folle, serait une sorcière. Depuis, Morwenna a été confiée à son père, qu’elle ne connaissait pas jusque là ; il l’envoie dans un pensionnat anglais de jeunes filles où elle se sent exclue, mais heureusement elle a les livres : c’est une passionnée de science-fiction et son journal regorge de commentaires sur ses lectures. Cette passion est d’ailleurs un point commun qui la lie à son père. L’autre thème central du roman est la magie, mais il est traité d’une manière inhabituelle : la magie évoquée est d’abord celle transmise aux ou par les objets auxquels nous sommes liés au quotidien ; quant aux sorts pour infléchir la réalité, l’héroïne les évite et développe toute une réflexion sur le caractère incertain de la magie (on ne sait jamais si les choses sont venues naturellement ou parce qu’on les a souhaitées) et sur l’éthique à suivre (elle répugne à manipuler les gens). Derrière l’écriture très mature et distanciée, en cours de lecture nous pouvons hésiter, nous demander si la croyance au merveilleux de Morwenna est une réaction de défense face au drame qu’elle a vécu ou si elle communique vraiment avec des esprits qui l’ont aidée, avec sa jumelle, à contrer le plan maléfique de leur mère…

Content que ça t'ait plu, j'ai beaucoup aimé ce livre.

Pour le deuxième défi de 2016 (un livre de poèmes), j’ai lu Émaux et camées de Théophile Gautier. En fait, je n’ai pas trouvé ça fascinant. C’est mieux que Jacques Roubaud dans la mesure où tu comprends ce qui est écrit, il y a même à l’occasion une image saisissante ou un poème rigolo, mais rien de transcendant, contrairement à ce qu’affirme Wikipédia (« ses poèmes deviennent alors des bijoux virtuoses à la beauté un peu froide sans perdre toutefois leur charge émotionnelle »). Ou alors je suis émotionnellement incompétent.

Par ailleurs, ça me saoule de lire des trucs où tu dois te taper deux pages de notes pour piger un poème d’une page. Surtout si ce sont des notes à la fin du livre, je déteste les notes qui ne sont pas en bas de page.

Bon. D’un autre côté, je crois que je n’avais jamais lu Théophile Gautier, donc on peut dire que ça comble un peu une lacune culturelle.

Pour le troisième défi de 2016 (un livre écrit à la première personne), j’ai lu de Robert Silverberg, L’Oreille interne. En vrai, j’ai regardé vite fait la première page pour voir si ça correspondait à cette contrainte du défi, et il se trouve que par la suite, le livre n’est pas toujours à la première personne, ça bascule parfois ponctuellement à la troisième personne. Mais on va dire que c’est suffisamment rare pour que ça reste un livre écrit à la première personne.

Ce livre était dans mes livres à lire parce que je l’avais repéré dans Morwenna de Jo Walton.

Bref. Il s’agit de l’histoire d’un type qui se considère comme un raté, bien qu’il soit extrêmement cultivé, et télépathe. Il a notamment une attitude assez ambiguë à l’égard de cette dernière caractéristique qui est alors en train de s’éteindre : il éprouve à la fois du dégoût, il se considère comme un voyeur… mais il est en même temps déstabilisé par la perte progressive de ce don. Le livre est le monologue intérieur de ce personnage (c’est assez rigolo, d’ailleurs, d’être dans la tête de quelqu’un dont l’intérêt est qu’il peut être dans la tête des autres), qui évoque son présent comme des épisodes de son passé − par associations d’idées et sans réelle chronologie −, ses relations avec les autres et la solitude provoquée par son talent, ses considérations littéraires et culturelles.

La fin est un peu bizarre, un peu sèche. Mais sinon, je crois que j’ai bien aimé, c’est un livre qui pose plein de questions.

Sinon, je dois dire que je ne pige pas trop pourquoi il est classé dans la SF. Parce que Robert Silverberg est un « auteur de SF » ?

Dimka a écrit: Content que ça t'ait plu, j'ai beaucoup aimé ce livre.

Oui ! C'était toi qui en avais parlé ici ; merci de l'avoir fait !

Pour l'item 37 (un livre policier) : Sous les vents de Neptune de Fred Vargas. Adamsberg se rend avec des membres de sa brigade au Québec tandis que le poursuit le fantôme du juge. Juge qu'il soupçonne d'être un meurtrier en série et d'avoir presque réussi à faire enfermer son frère pour meurtre dans sa jeunesse. Le roman est donc vraiment centré sur Adamsberg, ce que j'ai apprécié. C'est aussi dans ce tome que l'on découvre Retancourt, collaboratrice aux talents multiples